De l injonction à l invitation Les défis de l intervention Steven Bélanger Psychologue Coordonnateur clinique Pro-gam Centre d intervention et de recherche en violence conjugale et familiale 1
La nature du défi Problématique taboue Haut niveau d indésirabilité sociale Stigmatisation Induit un sentiment de honte Peur d être pointé du doigt Peur d être jugé, condamné, puni, rejeté Déni, minimisation du problème Problématique judiciarisée Un délit au sens de la loi: un crime Possibilité de casier judiciaire Perte de statut migratoire Menace d expulsion Passible de peine d emprisonnement Perte de liberté Perte d emploi 2
Consultation sous «contrainte légale» (75%) Condition de remise en liberté (prévenu) Mesure de libération conditionnelle (détenu) Condition imposée par la DPJ Consultation sous «pressions de l entourage» Injonction de la conjointe Problématique complexe Combinaison de plusieurs facteurs (sociaux, psychologiques) Plusieurs dynamiques de violence Plusieurs types de violence 3
Situations de crise: détresse psychologique Peine Pertes, séparations, abandons Peurs Menaces de pertes (conjointe, enfants, emploi, ) Conséquences légales (privé de liberté, dossier judiciaire) Remords Face à la souffrance infligée à l autre Colère Envers la conjointe Fausses accusations (vengeance, chantage) Violente Envers le système judiciaire Arrestation Présomption de culpabilité Sentiment d être traité comme un criminel 4
Demande d aide difficile Aveux de faiblesse Aveux de culpabilité Méfiance à l égard des services d aide pour les hommes Perçus comme étant au service de la Justice Peur d être jugés, condamnés, dénoncés Si non judiciarisés, «judiciarisables» Réticences à consulter Réticences à se confier (avouer une faute) Peur d être abusé (à nouveau) Vécu d enfants témoins et/ou victimes de violence parentale Potentiel de risque pour la sécurité des personnes Idéations suicidaires fréquentes Fantaisies homicidaires Positionnement moral du thérapeute Contre-transferts et effets de résonance Aide vs. contrôle 5
Conditions facilitantes Installer un «lien de confiance» Accueil (écoute) Respect (personne, rythme) Prise en compte l expérience subjective de chacun Favorise l ouverture et les confidences («libérer les mots») Établir une «alliance thérapeutique» Climat de collaboration mutuelle Accord sur projet commun (moyens et buts) Principal levier de changement Protéger l «espace thérapeutique» Assurance de loyauté Respect du droit à la confidentialité 6
Séparer le «mandat d aide» du «mandat de contrôle» Distinguer le judiciaire du clinique Ne pas constituer une stratégie «supplémentaire» de contrôle social Pour ne pas «affaiblir» le mandat d aide et les possibilités de changement Éviter la répétition de situation d abus Offrir un service d «aide thérapeutique» (complémentaire) Conserver une certaine objectivité (neutralité) clinique Des services «adaptés» À la problématique Aux particularités individuelles Structurer un environnement clinique «sécuritaire» Estimation de la disposition au changement (motivation) Évaluation de la dynamique de violence Évaluation de la capacité de contrôle pulsionnel Du risque de passage à l acte Respecter le rythme du client Gestion clinique et éthique des situations à hauts risques La levée de la confidentialité est un moyen ultime de protection Possible de «contribuer» à la sécurité des personnes 7
Conclusion Passer d une injonction à une invitation au changement: un défi possible à relever Moyennant certaines conditions Établissement d une relation de confiance On ne peut pas assumer tous les mandats à la fois Au risque d affaiblir les possibilités de changement On peut «contribuer» à la sécurité des personnes Si l on parvient à aider un individu à mettre fin à sa violence En tant que service d aide, le «partenariat thérapeutique» est un prérequis au partenariat intersectoriel On peut vraiment travailler en «complémentarité»que dans la mesure où on peut s acquitter de notre mandat d aide 8