LES RESTAURATIONS NEOGOTHIQUES DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME DE DIJON



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LES RESTAURATIONS NEOGOTHIQUES DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME DE DIJON par Pierre-Antoine JACQUIN Parmi les églises de Dijon, Notre-Dame revêt une importance spéciale. Si les dimensions dans lesquelles elle fut construite dans la première moitié du XIII e siècle n'ont rien d'exceptionnel, son architecture et sa décoration témoignent en revanche d'une recherche particulière. L'harmonie des proportions, la singularité de la façade principale, la qualité de la sculpture et des vitraux révèlent le souci des commanditaires de créer un édifice remarquable. Première paroisse de la ville, l'église était chère aux Dijonnais. Ils y priaient devant une ancienne statue de la Vierge, dite Notre-Dame de l'apport puis de Bon-Espoir. Le vicomte-mayeur nouvellement élu venait y prêter serment sur l'évangile ; la tour nord de la façade occidentale renfermait les chartes de la commune. Le duc de Bourgogne Philippe le Hardi avait choisi Notre-Dame pour recevoir l'horloge du Jacquemart prise en 1382 à Courtrai. L'édifice suscita dès le XVIII e siècle un regain d'intérêt chez les architectes français '. Cette admiration culmina au XIX e siècle, avec l'engouement pour le Moyen Âge. À un moment où le gothique, paré A.A.D. : Archives de l'archevêché de Dijon. A.D.C.O. : Archives départementales de la Côte-d'Or. A.N.-D.D. : Archives de l'église Notre-Dame de Dijon. B.M.D. : Bibliothèque municipale de Dijon. M.A.P. : Médiathèque de l'architecture et du Patrimoine. M.C.A. C. O. : Mémoires de Ici Commission des Antiquités du département de la Côte-d'Or. Les titres des dossiers et documents d'archives, les titres d'ouvrages et les prénoms des personnages cités ont été transcrits tels quels. I. BARIDON (Laurent), «Noire-Dame de Dijon et la tradition rationaliste», Gothiques Le Moyen Age bourguignon et ses relectures modernes et contemporaines, Paris, Histoire au présent, Dijon, Editions universitaires de Dijon, 1992, p. 43, 46. Mémoires de la Commission des Antiquités de la Côte-d'Or, T. XXXIX, 2000-2001, p. 253-280.

254 PIERRE-ANTOINE JACQUIN de toutes les qualités, apparut comme le meilleur style pour construire des églises, Notre-Dame devint un modèle. Cependant, le monument avait subi, depuis sa création, des ajouts et des altérations que les hommes du milieu du XIX e siècle jugèrent insupportables. Us voulurent assurer sa pérennité et retrouver sa forme originelle. C'est pourquoi l'église connut de 1865 à 1884 une restauration complète. De ces travaux, la postérité a surtout retenu la modification de la tour de la croisée et la création de la flèche. Ce n'est que l'aspect le plus visible d'une intervention qui concerna toutes les parties de l'édifice. Il convient d'en préciser l'ampleur, pour déterminer ce que Notre- Dame doit au XIX e siècle. NOTRE-DAME VERS 1850 Les dégradations de l'église au milieu du XIX e siècle affectaient d'abord sa façade occidentale (fig. 1). Les quatre statues placées de chaque côté des trois grandes arcades avaient disparu, ainsi que l'imagerie des trois portails, détruite en janvier 1794 2. Les piliers et les murs du porche présentaient une déviation d'une dizaine de centimètres qui inquiéta les membres du Congrès archéologique de France en 1852 3. Sur les trois frises encadrant les deux galeries d'arcatures, les métopes n'alternaient plus, depuis longtemps, avec les fausses gargouilles. Selon Etienne de Bourbon, ces dernières furent supprimées après que l'une d'elles, représentant l'avarice, eut écrasé un usurier vers 1240. Une seule subsistait à l'angle droit de la frise supérieure, d'autres ornant encore la face arrière des deux tours. Une toiture en légère avancée couronnait cette façade, d'où émergeait à peine la couverture conique des deux tourelles d'angle. Treize échoppes occupaient les espaces entre les contreforts du mur gouttereau nord, du chœur et de l'abside, le long de la rue Notre- Dame, actuelle rue de la Chouette 4. Quant au mur gouttereau sud, 2. B.M.D., ms 1607, BAUDOT (Louis-Bénigne), Notes prises pendant la Révolution dans l'eglise Notre Dame de Dijon d'après les objets mêmes, f. 38 v. 3. PETIT (Victor), «Visite des monuments de Dijon Le 3 Juillet.», Congrès archéologique de France. Séances générales tenues à Dijon, en 1852, par la société française pour la conservation des monuments historiques., Paris, Derache, Didron, Caen, A. Hardel, 1853, p. 58. 4. A.N.-D.D., dossier «Restauration de N. Dame», «Monuments historiques Rapport adressé au Conseil de Fabrique concernant l'eglise Notre-Dame de Dijon.», Eug[ène] Millet, 5 août 1858.

RESTAURATIONS NÉOGOTHIQUES DE NOTRE-DAME 255 DrPARTCMCNT n u COÏT D'OR VILLEotDYON MUSE NOIRL-PAME Fie. 1. - Jean-Baptiste Lassus, relevé de la façade occidentale de Notre-Dame de Dijon en 1855, MH 200703. Cliché Archives Photographiques. Collection Médiathèque de l'architecture et du Patrimoine. C.M.N., Paris.

256 PIERRE-ANTOINE JACQUIN des constructions l'occultaient presque entièrement. À un peu plus de deux mètres à droite du contrefort de la façade occidentale, sur son alignement, se trouvait une demeure ancienne dite maison Malbranche. Contre les troisième et quatrième travées de la nef s'élevait une chapelle nommée successivement de Sainte-Barbe, de Barjon, des Cinq-Plaies et finalement du Sacré-Cœur. Au-dessus de cet édifice fondé en 1432, le duc Philippe le Bon s'était fait aménager un oratoire, démoli en 1805 5. Dans la cinquième travée de la nef s'ouvrait une porte latérale protégée par un porche en charpente. Puis, après le bras sud du transept et accolée à son mur est, s'élevait la sacristie médiévale adventice. Elle s'appuyait contre les murs extérieurs de l'absidiole sud et de la face sud du chœur, avec lequel elle communiquait directement par une porte (fig. 2). En 1845, Pierre- Paul Petit avait agrandi cette sacristie en édifiant une salle néogothique contre sa façade sud 6. Etienne Martellange en 1610 7 et Jean-Baptiste Lassus en 1855 représentèrent Notre-Dame couverte d'une toiture de tuiles nuancées à compartiments en losanges. Eugène Millet notait en 1858 que ces motifs avaient été «malheureusement dérangés 8». Des tuiles recouvraient la galerie extérieure passant devant les fenêtres hautes du chœur. Sur la croisée s'élevait le clocher, ancienne tour lanterne qui n'éclairait pas l'intérieur de l'église, car une voûte la séparait du transept. Cette tour comportait sur chaque face deux grandes fenêtres murées divisées chacune en deux lancettes par un meneau. Un étage la couronnait, percé sur ses quatre côtés de trois lancettes cantonnées de part et d'autre d'une baie aveugle. Ce niveau supportait un toit quadrangulaire en ardoise surmonté d'une petite tourelle octogonale terminée par une flèche. À l'intérieur de la tour se trouvait un beffroi en charpente à quatre étages, «reposant sur les piliers du transept, 5. [GAUDRILLET (Joseph)], Histoire de Notre-Dame de Bon-Espoir, Dont l'image Miraculeuse, qui est dans l'eglise Paroissiale de Nôtre-Daine, est en grande vénération dans la Ville de Dijon de/mis plus de huit siècles., Dijon, Arnauld Jean-Baptiste Auge, 1733, p. 48. A.N.-D.D., dossier «Mémoires 1803-1806», «Mémoire Dès ouvrage faits par moi Dumont a legli/.e notre Damme pour le compt De la fabrique». 6. A.N.-D.D., dossier «Sacristie», liasse «Fabrique de Notre-Dame.» 7. CHABEUF (Henri), «Notre-Dame et Saint-Michel au commencement du dix-septième siècle», M.C.A.C.O., t. 13, 1895-1900, p. 218. 8. Cité note 4.

RESTAURATIONS NÉOGOTHIQUES DE NOTRE-DAME 257 i... Fie 2. - Charles-Élie Le Jolivet, plan de Notre-Dame de Dijon en 1762. Bibliothèque municipale de Dijon, ms. 2103, f. 1. Cliché François Jay. Il est indiqué par erreur «chapelle des fonts» à l'emplacement de la chapelle du Sacré-Cœur. La chapelle Saint-Antoine, accolée au côté sud du porche, a été démolie en 1795.

258 PIERRE-ANTOINE JACQUIN indépendant des maçonneries de la lanterne, [...] et sur lequel [était] posée la sonnerie 9.» Une toiture bombée couvrait les quatre tourelles d'angle. Dans l'église au pavage rehaussé au cours des siècles, les murs étaient revêtus depuis 1684 d'un badigeon clair et les colonnettes d'une nuance rosâtre, teintes renouvelées en 1833 l(). Au bord de la tribune s'élevait un orgue au buffet François I er remanié de 1687 à 1690, avec un positif accroché au-dessus du portail ". Contre le pilier formant l'angle de la nef et du bras nord du transept s'adossait une chaire du XVII e siècle prise après la Révolution à l'église voisine des Jacobins. L'absidiole nord, chapelle dédiée à saint Joseph, s'ornait d'un autel en pierre noire. Il se composait de fragments du tombeau réalisé au XV e siècle pour Pierre de Bauffremont, provenant de Saint- Bénigne l2. Une statue de saint Joseph à l'enfant 13 et un tableau le surmontaient. À sa gauche, la chapelle de la Croix comportait un autel dont la façade en bois sculpté représentait VAdoration des bergers. Au-dessus, une toile, Y Invention de la sainte Croix, dissimulait la fresque du Calvaire l4. Dans l'absidiole sud, dédiée à sainte Anne, se voyaient un autel et un groupe qui figurait sainte Anne éduquant la Vierge 15. À sa droite, contre le mur est, se trouvait la 9. M.A.P., 81/21, carton 32, dossier «1860-1866», chemise «Travaux et divers», «Ville de Dijon. Mémoire sur le Projet de restauration de l'eglise Notre- Dame de Dijon présenté par M 1 l'architecte Millet.», Vernis, 27 janvier 1860. 10. BRESSON (J[oseph]), Histoire de l'église Notre-Dame de Dijon depuis ses origines jusqu'à la fin du XVIII e siècle, Dijon, Union typographique, 1891, p. 256. A.N.-D.D., dossier «Pièces diverses - Correspondance etc.», «Devis Estimatif et conditionnel des ouvrages à faire pour le Badigeonnage de l'intérieur de l'eglise et de la Sacristie de la Paroisse Notre Dame de Dijon», [Jacques] Caumont, 6 juillet 1833. 11. B.M.D., ms 1818, DIETSCH (Joseph), Dijon, Les orgues - les organiers, 1424-1887, 1888, p. 175-180. Je remercie pour son accueil M. Dominique Geniau, organiste de Notre-Dame. 12. Après avoir composé l'autel de la chapelle des fonts, ces fragments ont été scellés dans le mur nord de cette chapelle au début des années 1970. QUARRÉ (Pierre), «Le bas-relief à pleurants de l'église de l'étang-vergy Fragment du tombeau de Pierre de Bauffremont, Chambellan de Philippe le Bon», L'Etang- Vergy, Association des Amis de Vergy, n 8, [1974]. 13. FYOT (Eugène), L'église Notre-Dame de Dijon Monographie descriptive, Dijon, Félix Rey, 1910, p. 182, 208. 14. Ibidem, p. 135, 191. 15. Journal de la Côte-d'Or, 10 Thermidor an 13, p. 499.

RESTAURATIONS NÉOGOTHIQUES DE NOTRE-DAME 259 chapelle de Notre-Dame de Bon-Espoir. Reconstruite en 1803 par le sculpteur Nicolas Bornier dans le goût néoclassique, elle comprenait un autel en pierre polie l6 avec tabernacle au-dessus duquel une niche ornée d'anges et de nuages en plâtre abritait la statue de la Vierge noire l7. À l'extrémité de chacun des bras du transept, devant les lancettes du premier niveau, une tribune en bois offrait des places supplémentaires. Le chœur, fermé par une balustrade de maçonnerie datant de 1690, avait été décoré par Jean Dubois à la fin du XVII e siècle (fig. 3). Les stalles et menuiseries dont il revêtit chaque côté furent vendues à la Révolution et remplacées en 1803 par des stalles acquises à l'hôpital dijonnais du Saint-Esprit l8. Les hautes boiseries qui les surmontaient masquaient les arcatures aveugles du soubassement en les dépassant même. Un plaquage de tables de marbre et de pilastres à chapiteaux ioniques dissimulait les arcatures de l'abside. Au-dessus du maître-autel en porphyre et marbre blanc commandé à Dubois en 1684, s'élevait VAssomption en pierre et en bois réalisée par le même sculpteur en 1694 l9. Les fenêtres basses du chœur étaient murées, tandis que les fenêtres hautes s'ornaient de verrières médiévales. Un vitrail Renaissance représentant l'assomption se voyait dans la lancette centrale du bras sud du transept, tandis que les lancettes du bras nord comportaient les dernières verrières du XIII e siècle. Dans le reste de l'église, du verre blanc remplaçait la plupart des vitraux depuis le XVII e siècle 2(). GENÈSE DE LA RESTAURATION Malgré ses constructions parasites et son mobilier adventice, Notre-Dame suscitait l'enthousiasme et figura sur la liste des Monuments historiques en 1840. La protection de ces bâtiments s'accompagnait d'une politique de grands travaux, de nombreux édifices 16. A.A.D., 2 P 231 / 01 a, lettre d'edmond de Bretenières à M»' Rivet, 2 octobre 1873. 17. REMY (Emile), Comment la Statue miraculeuse de N.-D. de Bon-Espoir de Dijon Echappa au vandalisme révolutionnaire, Dijon, Union typographique, 1892, p. 22. 18. A.N.-D.D., dossier «Mémoires 1803-1806», «Quittance du d. Marchand économe de l'hôpital du 23 floréal an XI. 11 juin 1803». 19. BRESSON (J[oseph]), op. cit. note 10, p. 259-264. 20. BRISELANŒ (Marie-France), Recherches sur le vitrail médiéval à Dijon, mémoire de maîtrise d'histoire de l'art, faculté des Lettres et des Sciences humaines de Dijon, 1969, p. 134-172.

260 PIERRE-ANTOINE JACQUIN Fie 3. - Emile Sagot, intérieur de Notre-Dame de Dijon en 1833. Lithographie parue dans le Voyage pittoresque en Bourgogne, ou description historique et vues des monumens historiques, modernes et du Moyen Age, Dessinés d'après nature par différens Artistes. Première partie, Département de la Côte-d'Or., Dijon, veuve Brugnot, 1833.

RESTAURATIONS NÉOGOTHIQUES DE NOTRE-DAME 261 étant alors rénovés ou même achevés. À leur tour, le curé Amédée de Chalonge (1810-1893) et le conseil de fabrique voulurent restaurer Notre-Dame de Dijon. Ils s'adressèrent à l'architecte Jean-Baptiste Lassus (1807-1857), qui avait prouvé ses compétences dans ses travaux à la Sainte-Chapelle puis à Notre-Dame de Paris 21. À Dijon, il devait construire l'église néogothique Saint-Pierre, commencée en 1853. Visitant Notre-Dame, il admira vivement l'édifice, en dressa le plan et reprit en 1855 la décoration du chœur. Il remplaça la balustrade par une grille de communion, déposa les boiseries et les quatre tableaux de Revel qui les surmontaient, restaura les chapiteaux. Il dessina de nouvelles stalles néogothiques 22, dont une seule fut réalisée 23. Lassus mourut le 15 juillet 1857. À sa place fut nommé le 3 janvier 1858 l'architecte des Monuments historiques Eugène Millet (1819-1879). Cet ancien élève de l'école des Beaux-Arts, d'henri Labrouste et d'eugène Viollet-le-Duc dont il était estimé 24, connaissait «les édifices dus à l'école bourguignonne 25». Il restaura notamment les églises de Châteauneuf et de Paray-le-Monial en Saône-et-Loire, les cathédrales de Châlons, Moulins, Reims et Troyes, le château de Saint-Germain-en-Laye, l'église Notre-Dame de Boulogne-Billancourt 26. Pour Notre-Dame de Dijon, Millet signa un rapport le 5 août 1858 27. Il reprenait d'abord l'historique de l'église paru en 1777 dans la Description historique et topographique du duché de Bourgogne de Claude Courtépée et Edme Béguillet. Puis 21. LENIAUD (Jean-Michel), Jean-Baptiste Lassus (1807-1857) ou le temps retrouvé des cathédrales, Paris, Arts et métiers graphiques, 1980, 296 p. 22. BOUGAUD (Em[ile]), Notice sur la restauration de l'église Notre-Dame de Dijon, Dijon, Darcier-Legendre, 1855, p. 21. 23. A.N.-D.D., dossier «Stalle pour le chœur de Notre-Dame». 24. LENIAUD (Jean-Michel), Les cathédrales au XIX e siècle Étude du service des édifices diocésains, Paris, Caisse nationale des Monuments historiques et des sites, Economica, 1993, p. 750-751. 25. M.A.P., 81/21, carton 32, dossier «1860-1866», chemise «Travaux et divers», «Rapport de la Commission par M. 1 Viollet-le-Duc sur l'eglise Notre- Dame de Dijon (Côte d'or) Séance du 4 Août 1862.» 26. CHABAUD (Marius), «Architectes attachés à la Commission des Monuments historiques et architectes en chef des Monuments historiques», Centenaire du service des Monuments historiques et de la Société française d'archéologie Congrès archéologique de Fiance XCV11 1 ' session tenue à Paris en 1934, Paris, A. Picard, 1936, p. 278. 27. Cité note 4.

262 PIERRE-ANTOINE JACQUIN il présentait ses propres interprétations architecturales. Il estimait que le constructeur de Notre-Dame voulait éclairer le transept par la tour lanterne, mais que le clocher y avait été installé, parce que les tours de la façade s'étaient révélées trop faibles pour supporter les cloches. Millet proposait de revenir au dessein primitif en supprimant la voûte de la croisée du transept, le beffroi et l'étage supérieur de la tour. Il préconisait la destruction de la sacristie médiévale, de la chapelle du Sacré-Cœur et des échoppes accolées à l'église, pour rouvrir les fenêtres basses du chœur et des absidioles. Toutes les parties endommagées de l'édifice seraient restaurées et «la toiture en tuiles entaillées à compartiments 28» rétablie. En 1859, la fabrique communiqua ce projet à la municipalité, en lui demandant de participer aux travaux. Les édiles soumirent ce devis onéreux à l'ingénieur des ponts et chaussées Biaise Adolphe Antoine Vernis. Dans un mémoire du 27 janvier 1860, il proposait de conserver l'ancienne sacristie et de reconstruire plus solidement la tour de la croisée en la bardant de fer. Sa lanterne éclairerait la nef et son étage supérieur, surélevé, abriterait seul les cloches 29. Après deux ans d'attente infructueuse, la fabrique insista auprès du gouvernement pour obtenir sa participation financière aux travaux. La Commission des Monuments historiques demanda un rapport sur la question à Eugène Viollet-le-Duc. Ce dernier déclarait le 4 août 1862 que l'église constituait «peut-être l'édifice le plus remarquable dû à l'école bourguignonne du XIII e siècle.» Elle gagnait à être étudiée et admirée, avec «l'église paroissiale de Cluny et celle de Notre-Dame de Semur 30». Estimant que Millet avait «saisi parfaitement» la pensée de l'architecte initial, il approuvait son projet de rétablissement de la tour lanterne et écartait les propositions de Vernis. Sur le désir de la fabrique, la mairie demanda cependant le 14 novembre 1862 au ministère d'envoyer un inspecteur des Monuments historiques pour examiner encore le clocher 31. Emile Boeswillwald, désigné, confirmait dans un rapport du 21 août 1863 l'opinion de Millet et de Viollet-le-Duc 32. Le 18 juin 1864, le maréchal Jean- 28. A.N.-D.D., dossier «Restauration de N. Dame», «5 août 1858. Devis de M. Millet». 29. Cité note 9. 30. Cité note 25. 31.A.M.D., 1 MI 587, p. 251,437. 32. M.A.P., 81/21, carton 32, dossier «1860-1866», chemise «Travaux et divers», rapport d'emile Boeswillwald au ministre de la Maison de l'empereur et des Beaux-Arts, 21 août 1863.

RESTAURATIONS NÉOGOTHIQUES DE NOTRE-DAME 263 Baptiste Philibert Vaillant (1790-1872), ministre de la Maison de l'empereur et des Beaux-Arts, originaire de Dijon, allouait une première somme de vingt mille francs pour la restauration de l'église. Eugène Millet ne mena pas les travaux : appelé à enseigner à l'école des Beaux-Arts de Paris, il démissionna de ses fonctions de restaurateur de Notre-Dame le 6 juillet 1864 33. Aussi, le 26 juillet, le ministre choisit-il l'architecte parisien Jean Charles Laisné (1819-1891). Ce dernier avait restauré le pont du Gard avec Charles Auguste Questel, Saint-Just de Narbonne avec Viollet-le-Duc, Saint-Maurice de Vienne et Saint-Philibert de Tournus. Nommé architecte diocésain d'auch en 1856, il en répara l'église épiscopale 34. En 1865, il dessina les plans de la nouvelle cathédrale de Gap, inachevée en 1891. En Côte-d'Or, il devait restaurer en 1881 l'église de Saint- Seine-F Abbaye 35. En 1887, il devint architecte de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre 36. Pour Notre-Dame, Laisné reprit le projet établi par Millet. Il lui fallait un confrère dijonnais qui surveillât le chantier en permanence. Le 26 juin 1865, il proposa Edouard Mairet (1838-1906), recommandé par le maire de Dijon et le conseil de fabrique 37. Il eut gain de cause le 10 août. Élève de l'école des Beaux-Arts de sa ville, Mairet y obtint le premier prix d'architecture en 1858 et en 1859. Il travailla ensuite avec Questel au château de Versailles et continua ses études à l'école des Beaux-Arts de Paris en 1861 38. Ce praticien de l'historicisme devait trouver à Notre-Dame une source d'inspiration pour ses créations. Il dessina à Saint-Jean de Dijon un tambour de portes et un confessionnal, qui suscitèrent des éloges en 1868 39. Dans cette église, il donna 33. Ibidem, lettre d'eugène Millet au ministre de la Maison de l'empereur et des Beaux-Arts, 6 juillet 1864. 34. CHABAUD (Marius), op. cit. note 26, p. 273. 35. CHABEUF (Henri), «Histoire d'une église Monographie historique et descriptive de l'église bénédictine de Saint-Seine-1'Abbaye (Côte-d'Or)», M.C.A.C.O.,t. 11, 1885-1888, p. 131. 36. LENIAUD (Jean-Michel), op. cit. note 24, p. 723-724. 37. M.A.P., 81 / 21, carton 32, dossier «1860-1866», chemise «Travaux et divers», lettre de J. Ch. Laisné au ministre de la Maison de l'empereur et des Beaux-Arts, 26 juin 1865. 38. A.D.C.O., 32 T 2 a, chemise «I Affaires générales et collectives», lettre d'e. Mairet au préfet, au président et aux membres du conseil général de la Côted'Or, 15 juin 1863. 39. GUÉRIN (A[ntoine] Bfernard]), «Chronique diocésaine. Vitraux de l'église Saint-Jean.», Chronique religieuse de Dijon, 5 septembre 1868, p. 797. Chronique religieuse de Dijon, 12 septembre 1868, p. 818.

264 PIERRE-ANTOINE JACQU1N également les plans du buffet d'orgue néogothique construit en 1886 40. À Saint-Bénigne, il restaura en néogothique la chapelle de la Vierge 4I, travail terminé en 1870, et décora en 1874 en néoroman la chapelle du Sacré-Cœur 42. Il réalisa les plans du monument aux morts de la guerre de 1870 à Fontaine-lès-Dijon. La chapelle néogothique supportant la statue monumentale de Notre-Dame d'étang à Velars est aussi une de ses créations 43. À cette œuvre commencée en 1877, il participa d'ailleurs financièrement 44. En 1881, Laisné le délégua à la restauration de l'église de Saint-Seine-1'Abbaye. En 1884, il améliora la chapelle de la colonie pénitentiaire de Cîteaux 45. PREMIERS TRAVAUX ET POLÉMIQUES La restauration de Notre-Dame commença le 10 juin 1865. Le long du mur gouttereau nord et de l'abside, l'entrepreneur dijonnais Pierre Faucher reconstruisit certains des arcs-boutants, démolit les échoppes et reprit en sous-œuvre les contreforts 46. Le 4 juillet 1865, une cloison en planches montant du sol aux voûtes sépara le chœur et le transept de la nef et des collatéraux où s'exerçait le culte 47. Pour compenser cette réduction de l'église, le porche fut par la suite réuni 40. DIETSCH (Joseph), op. cit. note 11, p. 222. Cet orgue a été démonté après la transformation de Saint-Jean en théâtre. 41. A.A.D., 2 P 231 / 01 c, «Cathédrale de Dijon. Restauration de la Chapelle de la Vierge. Exposé», approuvé le 18 mai 1867. 42. A.A.D., 2 P 231 / 01 f, f. 240 v.- 241 r. La chapelle du Sacré-Cœur, devenue Guillaume de Volpiano en 1994, ne comporte plus de décors néoromans. 43. JAVELLE (Bernard), FORTHEY [Léon-Claude], Notre-Dame d'étang, Dijon, J. Marchand, [1877], p. III. 44. Chronique religieuse de Dijon, 21 juin 1879, p. 480. 45. GARRAUD (René), Histoire de la vie et des œuvres du R. P. Joseph Rey 1798-1874 chevalier de la Légion d'honneur, officier d'académie fondateur de la société de Saint-Joseph des colonies agricoles d'oullins, Cîteaux et S. Genest- Lerpt, Cîteaux, Typographie de l'école Saint-Joseph, 1891, p. 143-145, 375. La chapelle de Cîteaux, construite de 1860 à 1861, a été détruite pour l'essentiel en 1997. 46. M.A.P., 81/21, carton 32, dossier «1860-1866», chemise «Mémoires de travaux 1865-66», «Travaux exécutés jusqu'au Vingt Décembre 1865. l 6rc et 2 e Situation», p. 1-104. 47. A.N.-D.D., dossier «Restauration de N. Dame», chemise «Demande d'un local provisoire pour l'exercice du culte pendant les travaux de restauration de Notre Dame», «Historique».

RESTAURATIONS NÉOGOTHIQUES DE NOTRE-DAME 265 à la nef, les trois grandes arcades étant fermées par des cloisons 48. À partir du 5 juillet, le percement de la voûte de la croisée du transept permit d'élever un échafaudage afin de dépendre les trois cloches 49. La tour de l'ancienne église Saint-Nicolas sonna les offices dès le 9 juillet 50, ainsi que la cloche d'un petit campanile provisoire édifié à cheval sur la toiture du bras nord du transept de Notre-Dame 51. En août 1865, la flèche surmontant la tour de la croisée ayant été démontée à la scie et à la hache, la destruction de l'étage supérieur commença. Les membres de la Commission des Antiquités du département de la Côte-d'Or se réunirent le 17 août pour condamner le «fanatisme» des architectes qui supprimaient cet étage sous prétexte qu'il «n'accusfait] pas le pur style du XIII e siècle 52». Le 19 août, ils demandaient la conservation de la chapelle des fonts, mais acceptaient la démolition de la chapelle du Sacré-Cœur et de la sacristie médiévale. Ils s'opposaient cependant à l'enlèvement de Y Assomption de Dubois, que certains espéraient transférer au musée des Beaux-Arts 53. Le dernier mot resta aux architectes, qui réparèrent les piliers de la tour. Les ouvriers démontèrent les deux tribunes aux extrémités du transept. Ils déposèrent les tableaux, les autels des chapelles de la Vierge noire, de Sainte-Anne, de Saint-Joseph et de la Croix, le maître-autel et les décorations du chœur, sauf Y Assomption. La suppression du badigeon commença 54. Au début de 1866, les travaux se poursuivirent avec la réparation des contreforts et des arcs-boutants du mur gouttereau sud et de l'abside. Tous les oculi éclairant le triforium furent démolis et reconstruits. Ouverts seulement en 1611 et 1694 55, ils portaient une 48. A.N.-D.D., dossier «Restauration de N. Dame», «Restauration de Notre Dame 26 mars 1866 Règlement de travaux à la charge de la Fabrique.» 49. Cité note 46, p. 105-108. 50. A.N.-D.D., dossier «Restauration de N. Dame», note manuscrite. 51. Cité note 46. p. 144-146. 52. BAUIDOT (Henri), BRUN, CAPMAS, CHAPLUET, FÉRIEL, FOISSET, GUIGNARD, MIGNARD, VALLOT, «Rapport sur les Travaux qui s'exécutent en ce moment à l'église Notre-Dame de Dijon Lu à la Séance de la Commission des Antiquités de la Côte-d'Or, du 17 août 1865.», M.C.A.C.O., t. 7, 1865-1869, p. 29. 53. BAUDOT (Henri), «Délibération». M.C.A.C.O., t. 7, 1865-1869, p. 38. 54. Cité note 46, p. 129-142. 55. B[ORLÉE] (D enise ), «Eglise paroissiale Notre-Dame», JANNET- V ALLÂT (Monique), JOUBERT (Fabienne) (dir.), BOUVARD (Frédéiïque), PÉRICHON (Denis) (coordination générale). Sculpture médiévale en Bourgogne Collection lapidaire du Musée archéologique de Dijon, Dijon, Editions universitaires de Dijon, 2000, p. 213.

266 PIERRE-ANTOINE JACQU1N moulure signalant leur époque. Mais les restaurateurs, dont Violletle-Duc, les crurent du XIII e siècle et les rétablirent sans cet ornement 56. Dans certains cas, les ouvriers rebâtirent tout le mur entourant l'oculus S7. La restauration de la chapelle des fonts s'accomplit après qu'elle eut été vidée de son autel, sa vasque baptismale, ses boiseries et son confessionnal 58. Les pierres nécessaires au chantier, choisies pour leur ressemblance avec celles de l'église, étaient extraites de plusieurs carrières de France et acheminées par chemin de fer 59. Un accident interrompit les travaux. Le 27 juin 1866, les étais du premier arc-boutant du côté sud de la nef se rompirent, projetant une pierre sur un mur peu solide de la maison Malbranche, qui s'effondra. Le boucher Jean-Pierre Duchemin, qui habitait là, fut tué sous les décombres 60. Le maire décida aussitôt la fermeture de Notre- Dame, ce qui obligea les paroissiens à se rendre dans des communautés religieuses du quartier. La statue de la Vierge noire fut transférée dans la chapelle des sœurs de la Charité, rue de la Préfecture, où se célébrèrent les messes basses. Les offices du dimanche eurent lieu chez les sœurs de Sainte-Marthe ; les baptêmes, mariages et obsèques se déroulèrent à la chapelle des frères des Écoles chrétiennes place Saint-Nicolas 61. Laisné vint examiner l'église et la trouva en bon état. Mais la presse locale, hostile au gouvernement, amplifia l'événement pour mettre en cause l'administration impériale. Le journal La Publicité affirma le 28 juin que les travaux menés à Notre-Dame en avaient «sérieusement compromis la solidité» et que le monument était «à jamais perdu pour l'art.» La municipalité républicaine élue en 1865, opposée à l'empire, exagéra également l'accident. Le 18 juillet 1866, 56. CHABEUF (Henri), op. cit. note 7, p. 217. 57. M.A.P., 81 / 21, carton 32, dossier «1860-1866», chemise «Mémoires de travaux 1865-66», «Etat de situation du 20 Décembre 1865 au 1 01 Novembre 1866. 3 e Situation.». p. 87-100. 58. Ibidem, «4 e Situation. 1866.», p. 37-48. 59. «Restauration de l'église Notre-Dame de Dijon. État des travaux.», Chronique religieuse de Dijon et du diocèse, 12 octobre 1867, p. 729-730. 60. L'Union bourguignonne Journal de Dijon. 27 juin 1866. 61. GARRAUD (René), Notice biographique sur M. l'abbé Amédée de Chalonge chanoine honoraire ancien curé de Notre-Dame de Dijon M' 10-1893, Dijon, Union typographique, 1893, p. 6. La chapelle des sœurs de la Charité se trouvait 18 rue de la Prélecture ; celle des sœurs de Sainte-Marthe 56 rue de la Préfecture ; celle des frères des Écoles chrétiennes au 1 de l'actuelle rue de Mulhouse. Les trois ont été détruites.

RESTAURATIONS NÉOGOTHIQUES DE NOTRE-DAME 267 le conseiller Louis-François d'azincourt demandait si l'édifice ainsi fragilisé pourrait être restauré ou s'il faudrait «le reconstruire à peu près en entier 62». Le 2 août 1866, le ministre de la Maison de l'empereur et des Beaux-Arts chargea Boeswillwald et Viollet-le-Duc d'examiner l'église. Dans leur rapport, les architectes concluaient qu'il fallait évidemment «conserver le spécimen le plus complet peut-être de l'école des constructeurs bourguignons au XIII e siècle 6 \» Le monument pourrait être facilement consolidé. Ils estimaient nécessaire que l'assomption de Dubois, qu'ils croyaient en plâtre et jugeaient «d'un goût détestable», fût enlevée du chœur, ce qui provoqua une nouvelle protestation de la Commission des Antiquités du département de la Côte-d'Or 64. À la fin de 1866 et au début de 1867, la chapelle du Sacré-Cœur était démolie et la plupart de ses débris transportés aux décharges publiques. Le porche en charpente de la porte latérale voisine disparut également. Les ouvriers démontèrent la tour de la croisée 65. Puis ils enlevèrent Y Assomption et la mirent dans des caisses qu'ils déposèrent à l'ancienne église Saint-Étienne 66. Ils ôtèrent le badigeon de l'abside et de la nef 67. Entre le 20 janvier et le 1 er octobre 1867, l'entrepreneur Faucher déménagea le mobilier de la sacristie et détruisit sa partie médiévale adossée au côté sud du chœur (is. Elle laissa place à une cour longeant l'église. Seule subsista la sacristie ajoutée en 1845 par Pierre-Paul Petit. Les sculpteurs rétablirent les arcatures des deux absidioles. Dans les bras du transept, dont le mur ouest avait été reconstruit jusqu'à la tablette des fenêtres, ils refirent les bancs en pierre, ainsi que les arcatures aveugles ornant le mur est 69. Ils recréèrent celles du chœur sans égard pour les 62. A.M.D., I MI 588, p. 462-463. 63. M.A.P., 81 / 21, carton 32, dossier «Mémoires de travaux 1867-1868», chemise «CRP travaux & financement 1867-1868», liasse «Refus de la Ville de concourir à la dépense pour plus de 50.000f Correspondance y relative», rapport de Boeswillwald et Viollet-le-Duc au maréchal Vaillant. 64. «Extrait du registre des délibérations de la Commission départementale des antiquités de la Côte-d'Or», Chronique religieuse de Dijon et du diocèse, 15 septembre 1866, p. 664. 65. M.A.P., 81 / 21, carton 32, dossier «1860-1866», chemise «Mémoires de travaux 1865-66», «5 U Situation 1866.», p. 12-15, 52-56. 66. M.C.A.C.O., t. 7, 1865-1869, p. LXVI. 67. Cité note 65, p. 92-93. 68. M. A.P., 81 / 21, carton 32, dossier «Mémoires de travaux 1867-1868», «Notre-Dame de Dijon. 1867-1868. 3 K Cahier.», p. 469-474. 69. «Restauration de l'église Notre-Dame de Dijon. État des travaux.», Chronique religieuse de Dijon et du diocèse, 12 octobre 1867, p. 728.

268 PIERRE-ANTOINE JACQUIN peintures médiévales d'apôtres qui décoraient leurs vestiges 70, ainsi que l'armoire et le lavabo. Puis ils rouvrirent les fenêtres basses murées du chœur et rétablirent l'encadrement de sept de ces fenêtres. Us changèrent plusieurs colonnettes du triforium avec des bases, des chapiteaux et des tailloirs, et reconstruisirent le plafond couronnant cette galerie. Les sculpteurs réparèrent également les encadrements des onze fenêtres hautes du chœur. Dans la tour nord de la façade occidentale, ce qui restait de l'ancien cabinet des archives communales, notamment sa voûte, disparut 71. Le maréchal Vaillant demanda à la mairie de Dijon de participer financièrement aux travaux. Mais le 13 mars 1867, la municipalité proposa une coopération de cinquante mille francs, à condition que le ministre en acceptât le caractère définitif et s'engageât à assumer le reste des frais 72. Le ministère estima que «La question posée dans ces termes ne pouvait être acceptée sans porter atteinte à la dignité du Gouvernement qui n 'a pas à se soumettre aux conditions de la ville [...]. La restauration fut alors continuée aux frais de l'état, qui tenait à honneur de mener à bonne fin une consolidation qui avait été déclarée impossible par des esprits hostiles 73.» Ces crédits se limitèrent cependant aux réparations indispensables. Aussi l'entrepreneur Faucher, qui avait fait des avances en comptant sur le concours de la municipalité, ralentit les travaux en 1868. Il rétablit cependant les arcatures aveugles des absidioles et reconstruisit la tour lanterne jusqu'au dallage du triforium. Les ouvriers remontaient ses colonnettes en novembre 1868 74, avec 70. BOUGAUD (Em[ile]), op. cit. note 22, p. 21. JANNET-VALLAT (Monique), JOUBERT (Fabienne) (dir.), op. cit. note 55, p. 226-227. 71. M.A.P., 81 / 21, carton 32, dossier «Mémoires de travaux 1867-1868», «Notre-Dame de Dijon. 1867-1868. 4 e Cahier.», «Notre-Dame de Dijon. 1867-1868. 5 K et dernier Cahier.», p. 703-800. 72. A.M.D., 1 MI 589, p. 184-185. 73. M.A.R, 81/21, carton 32, dossier «Mémoires de travaux 1867-1868», chemise «CRP travaux & financement 1867-1868», liasse «Refus de la Ville de concourir à la dépense pour plus de 50.000F Correspondance y relative», «Note pour Monsieur le Conseiller d'etat Secrétaire Général.», 12 juillet 1870. 74. Ibidem, «Restauration de l'eglise Notre-Dame de Dijon», J. Ch. Laisné, 7 novembre 1868. 75. M.A.R, 81 / 21, carton 33, dossier «Mémoires de travaux 1869-1871», «Eglise Notre Dame N 2 Exercice 1869.», p. 148-189.

RESTAURATIONS NÉOGOTHIQUES DE NOTRE-DAME 269 d'anciens matériaux et de la pierre neuve 75. Faucher n'accéléra pas son rythme en 1869. À la demande de Laisné, le préfet dut le mettre en demeure le 2 octobre 1869 «d'augmenter [...] de douze tailleurs de pierre de l ère classe, le nombre de ses ouvriers» et d'apporter sur le chantier les échafaudages nécessaires 76. Les travaux reprirent alors plus rapidement. Le 16 juin 1870, Laisné exposait que les ouvrages exécutés comprenaient «la suite de la reconstruction de la lanterne qui a été élevée à la hauteur de la naissance des arêtiers de la voûte, la restauration des chapelles et des galeries des transepts, et enfin, la construction des échafaudages et cintres nécessaires à la réfection des arcs-boutants de la nef 11.» En réédifiant la lanterne, Laisné supprima le meneau de chaque fenêtre et agrandit ces dernières vers le bas. UNE NOUVELLE IMPULSION La guerre de 1870 interrompit le chantier. Éprouvé par l'invasion prussienne et fatigué par son ministère, le curé Amédée de Chalonge démissionna le 2 novembre 1870. Jean-Baptiste-Bernard Ramousset ( 1831-1913) le remplaça le 15 mai 1871. Décidé à rouvrir son église, le nouveau pasteur fit appel au mécénat de ses paroissiens et des Dijonnais 78. Il put avancer cent mille francs, ce qui détermina la reprise des travaux le 4 juillet 1871 79. Les ouvriers reconstruisirent les arcs-boutants de la nef 80, l'architecte Laisné estimant qu'ils présentaient «une base trop grêle et une buttée trop élevée 8I». Le rétablissement de la tour lanterne s'achevait en août 1872 82. Ses 76. Ibidem, arrêté du préfet, 2 octobre 1869. 77. Ibidem, «Restauration de l'eglise Notre-Dame de Dijon. A Son Excellence, Monsieur le Ministre des Lettres, Sciences et Beaux-Arts», J. Ch. Laisné, 16 juin 1870. 78. «Eglise Notre-Dame de Dijon.», Chronique religieuse de Dijon, 15 novembre 1873, p. 810. 79. A.N.-D.D., dossier «Restauration de N. Dame», «Historique de tout ce qui a rapport à la restauration de l'église Notre Dame de Dijon, Et des faits administratifs auxquels ont donné lieu la fermeture de cette même église, du 27 Juin 1866, au 11 Novembre 1873». 80. M.A.P., 81 / 21, carton 33, dossier «Mémoires de travaux 1869-1871», «Année 1871», p. 1-100. 81. M.A.P., 81 / 21, carton 32, dossier «Mémoires de travaux 1867-1868», chemise «CRP travaux & financement 1867-1868», «Rapport sur la Restauration de l'eglise Notre-Dame de Dijon.», J. Ch. Laisné, 20 novembre 1866. 82. Le Bien public, 13 août 1872.

270 PIERRE-ANTOINE JACQUIN quatre tourelles d'angle furent surélevées et couronnées de quatre lanternons de pierre, en poivrière, copiés sur ceux des pignons du transept. Par la même occasion, durant le deuxième semestre de 1872, Laisné ajouta sur les escaliers menant à la tribune deux lanternes ajourées en pierre 83. Purement décoratives, elles s'ornaient de colonnettes et d'arcatures évoquant celles de la façade occidentale. L'architecte suivait une certaine logique, consistant à surmonter les escaliers de l'église de lanternons similaires à ceux des bras du transept. Puis la toiture de la grande nef fut découverte et la charpente retaillée pour retrouver «son ancienne forme 84», plus basse, sans que la couverture de tuiles nuancées à compartiments ne soit rétablie. Les ouvriers ajoutèrent un chéneau de pierre au bord des couvertures, sculptèrent de nouveaux bancs en pierre dans les collatéraux, creusèrent les conduits et les bouches d'un calorifère 85. Un carrelage à motifs géométriques couvrit le sol du chœur 86. Devant la porte latérale sud de l'église fut édifiée une galerie néogothique achevée en 1873, débouchant dans l'impasse Notre-Dame, actuelle impasse de Braisne, et reliée à la sacristie par un couloir perpendiculaire 87. Laisné couronna la tour lanterne d'une haute flèche à quatre pans aux angles saillants. «En cours d'exécution de restauration», écrivit Faucher, «une flèche en charpente a été décidée 88.» L'entrepreneur Philippe Guyot la construisit en chêne et ses ouvriers fixèrent la croix à son extrémité le 12 avril 1873 89. Quatre lucarnes s'ouvraient à sa base et quatre plus petites près de son sommet 90. À la fin 83. M.A.P., 81/21, carton 33, dossier «Mémoires de travaux 1872-1874», «Eglise Notre Dame de Dijon 2 e Semestre de 1872.», p. 50-64. 84. Ibidem, p. 75-107. 85. Ibidem, p. 26-38, 44-49. 86. Ce carrelage a été remplacé en 1930 par un dallage de pierre. M.A.P., 81 / 21, carton 35, dossier «7 e dossier 1928-1945», chemise «Réfection du carrelage du chœur». 87. M.A.P., 81 / 21, carton 32, dossier «Mémoires de travaux 1867-1868», «Eglise Notre-Dame de Dijon Mémoire des Travaux de Peinture Exécutés par Faucher Entrepreneur», p. 7-8. 88. M.A.P., 81 / 21, carton 33, dossier «1875-1879», «Réclamation sur le Règlement du Décompte général des Travaux de Diverses natures exécutés pour la Restauration de l'eglise Notre Dame de Dijon Année 1873. 1 er Semestre Charpente.», 27 août 1876. 89. Chronique religieuse de Dijon, 19 avril 1873, p. 327. 90. Les petites lucarnes ont été supprimées lors de la restauration menée de 1969 à 1970. B.G., «Après quatorze mois de minutieux travaux, la flèche de Notre-Dame va apparaître entièrement restaurée», Le Bien public, 6 novembre 1970.

RESTAURATIONS NÉOGOTHIQUES DE NOTRE-DAME 271 du mois d'août 1873 91, elle fut recouverte d'ardoises d'angers de deux nuances disposées en bandes horizontales alternées. Pendant ce temps, le curé et la fabrique remeublaient l'église ; ils la rouvrirent au culte le 11 novembre 1873. Le lendemain, la statue de la Vierge noire revenait à Notre-Dame. Elle prit place au-dessus du maître-autel provisoire 92, dont la façade s'ornait du bas-relief de l'adoration des bergers. Le peintre verrier parisien Edouard Didron (1836-1902) fut chargé de restaurer les cinq vitraux subsistant du XIII e siècle, placés sous la rosé du bras nord du transept. La fabrique lui ayant commandé des verrières du même style pour les deux absidioles, Didron posa les anciens et les nouveaux vitraux en 1874 93. Les deux chapelles, entièrement recouvertes de peintures murales par Marc Gaïda 94, reçurent chacune un autel d'orfèvrerie émaillée de la maison Poussielgue-Rusand. Celui de l'absidiole sud, dédiée désormais à la Vierge, fut offert en remerciement de la préservation de Dijon en 1870 attribuée à l'intercession de Notre-Dame de Bon- Espoir 9 -\ La statue de la Vierge noire prit place dans la chapelle le 26 mars 1876 %. La fabrique, voulant doter toute l'église de verrières inspirées de celles du XIII e siècle, commanda à Didron «des vitraux légendaires à l'étage inférieur, et des personnages dans les fenêtres hautes 91». Le peintre verrier livra en 1875 et 1876 ceux de l'abside. Les anciennes armatures métalliques des deux grandes rosés des bras du transept ayant subsisté, Didron plaça en 1878 dans celles du nord des vitraux figurant la création du monde. En 1879, il dota celles du sud de verrières représentant le Jugement dernier 98. La fabrique avait demandé à Laisné un projet d'exhaussement des deux tours de la façade occidentale pour y suspendre les cloches. Le 8 juillet 1875, Viollet-le-Duc désapprouvait cette idée devant la 91. Chronique religieuse de Dijon, 30 août 1873, p. 632. 92. «Eglise Notre-Dame de Dijon.», Chronique religieuse de Dijon, 15 novembre 1873, p. 809-813. 93. Le Bien public, \ juillet 1874. 94. L'essentiel de ces peintures a été enlevé lors du nettoyage intérieur de l'église entre 1975 et 1978. 95. THOMAS (Jules), La Confrérie de Notre-Dame de Bon-Espoir, Dijon, Jobard, 1899, p. 113-117. 96. Chronique religieuse de Dijon, 1 er avril 1876, p. 294-296. 97. M.A.P., 81 / 21, carton 34, dossier «1892-1927 8 "= Dossier», chemise «1892-1900», «Rapport de la Commission par M.' Selmersheim Inspecteur G al sur les vitraux de l'eglise Notre-Dame à Dijon (Côte-d'Or)», 10 mai 1896. 98. THOMAS (Jules), Les vitraux de Notre-Dame de Dijon, Dijon, Jobard, 1898, p. 18.

272 PIERRE-ANTOINE JACQU1N Commission des Monuments historiques. Il estimait que «les tours projetées par M. Laisné, bien que réduites à un étage de beffroi, seraient assez lourdes cependant pour occasionner des ruptures dans les points d'appui inférieurs», et que «leur aspect serait mesquin». Il recommandait en outre à l'architecte, lorsqu'il restaurerait le massif occidental, «de conserver tous les fragments de sculpture encore existant et de se borner à remplacer les parties de ces sculptures qui sont entièrement détruites ".» Paradoxalement, Viollet-le- Duc, moins scrupuleux sur d'autres édifices, empêcha la transformation de la façade de Notre-Dame. Le 30 septembre 1876, un ouragan d'une violence exceptionnelle renversa les deux lanternons ouest de la tour lanterne l0(), qui furent reconstruits à l'identique. Les nouveaux couronnements de ces tourelles surélevées offraient trop de prise au vent : le 22 février 1914, une tempête abattit celui du sud-est 1()1. LA RESTAURATION DE LA FAÇADE OCCIDENTALE En été 1877, les ouvriers étayèrent le massif antérieur par des «batteries de contrefiches» établies sur des maçonneries empiétant sur la place Notre-Dame. Pour rendre toutes les parties de la façade solidaires, ils relièrent les colonnettes entre elles par des cloisons en briques. Ils enveloppèrent les sculptures de papier et de plâtre afin de les protéger (fig. 4) l()2. En 1878, les fondations des piliers du porche, mal assises et reposant sur un sol «traversé par un ruisseau l03», furent reprises. Les piles et les murs latéraux, déversés, étaient reconstruits sur des bases nouvelles et un contrefort ajouté à chacun 99. M.A.P., 81/21, carton 33, dossier «1875-1879», «Rapport lu dans la Séance du 8 Juillet 1875 Eglise Notre Dame de Dijon.», E. Viollet-le-Duc. 100. Ibidem, «Eglise Notre Dame de Dijon. A Monsieur le Ministre de l'instruction publique et des Beaux-Arts.», Laisné, 2 octobre 1876. 101. «Chronique paroissiale Chute d'une des petites tourelles de la flèche», Bulletin paroissial de Notre-Dame de Dijon, mars 1914, p. 199. 102. M.A.P., 81 / 21, carton 33, dossier «1875-1879», «Décompte des Travaux de Maçonnerie exécutés par le S' Poillot, Entrepreneur de Maçonnerie, demeurant à Dijon Dans le cours de l'année 1877, pour la Restauration de la façade occidentale de l'eglise Notre-Dame», p. 1-10. 103. M.A.P., 81 / 21, carton 34, dossier «1880-1886 1886-1891», «Restauration de l'eglise Notre Dame de Dijon A Monsieur le Ministre de l'instruction publique des Beaux-Arts et des Cultes», J. Ch. Laisné, 6 février 1886.