Constance Larsen Le Livre à écrire Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0117634.000.R.P.2012.030.31500 Cet ouvrage a fait l objet d une première publication aux Éditions Publibook en 2012
Retrouvez l auteur sur son site Internet : http://constance-larsen.publibook.com
À mon papa, ma petite sœur et tous ces enfants du silence qui craignent les ombres du passé et l incompréhension populaire de ceux qui en ignorent tout.
Sommaire Préface...13 Première partie...15 La plume en sommeil...17 La famille...23 La forteresse fissurée...31 Le cœur ébréché...35 Le rayon de soleil...39 La déviance...43 Le bouton d amour...45 Pierre...49 L infamie...55 Le père, l enfant...57 La Cigaline...61 Mon meilleur amant...65 Ma passion...71 Papa...75 Deuxième partie...77 La femme androgyne...79 La mante...83 L acte manqué...91 Jolie bouteille...95 L hostie...101 Le papillon...105 L arbre aux voyelles...109 «Ras le bol dans la famille!»...115 De guerre lasse...119 Le paradis...123 Le déni...125 L acceptation...127 Le cercueil blanc...131 Le témoignage...135 Le cauchemar...143 La robe noire...147 11
La vérité...151 La Souffrance...157 L inceste...165 Derrière le masque...169 Mea culpa...173 Le théâtre-vérité...179 L empreinte...183 L amazone...187 Postface...193 12
Préface Ce livre quoique romancé est aussi autobiographique, construit de réalités et de fictions. De vérités, de fables, de confidences et de rêves. Il se veut sincère, authentique et sans tabou. Constance, l auteur, me fait l honneur de me demander de le préfacer J aimerais dire son courage dans ce cheminement, qu elle a démarré alors qu elle était au creux de la vague, en pleine dépression, noyée dans l alcool. Elle a su entendre ce que je, et d autres, lui ont dit. Elle a accepté de se faire aider et s est laissée entourer. Très éprouvée par la mort de sa sœur, ce livre témoigne de ce cheminement et de son affection pour «ses morts». La mort de Marie a déclenché chez Constance le désir de s exprimer. Elle évoque sa sœur tout au long de son récit et parle aussi de Pierre, son mari décédé il y a quelques années, mais encore si présent. J ai eu la joie de rencontrer Marie et voici ma première pensée en voyant cette belle jeune femme : «Elle est lumineuse». Oui, Marie était lumineuse! Elle semblait si gaie, si pleine de vie. Elle était si prometteuse Je l ai vue jouer au théâtre, chez moi, en appartement, elle se sentait bien sur scène. Cet été, elle m a demandé une rencontre sur Paris, en septembre, la date était retenue. Marie s est dédite la veille ou l avant-veille de son décès J espère que le récit de Constance sera entendu en message d espoir : «Il est possible de s en sortir si l on accepte de se faire aider». Une amie psychanalyste. 13
Première partie
La plume en sommeil Trente et un mars 1996, cinq heures du matin, Pierre expirait dans mes bras des suites d une longue maladie. Il avait cinquante-cinq ans et aimait la vie. Je restais de longues heures à ses côtés, seule, statufiée de douleur, dans la longue attente de la froideur de la pierre, la sienne. Je caressais ses longs doigts. Ceux ayant toujours tenu une ineffable cigarette à la volute bleue. Je posais alors mes yeux dans un coin du plafond et sentais une chaleur juste derrière moi, à droite. Il me souriait. Son âme me souriait. À trente-cinq ans, pour la première fois j étais confrontée en direct à la mort. Une mort qui vous glace, bâillonne, mutile et vous renvoie à la vie aux empreintes que les morts laissent sur vous. Les trois nuits suivantes, j étais étouffée par le chagrin. Marie me tenait la main, l effleurant de pressions à chaque flot de larmes. Un toucher chaste, pudique ; elle n aimait pas les «minouchages», disait-elle. Mais elle était là, comme elle l avait été pendant toute la maladie. Ces nuits resteront gravées à jamais dans ma mémoire. Pierre était bon et bienveillant. Malgré une brillante carrière d avocat, le jugement des hommes l a condamné et emporté. Sur son lit de mort, à son dernier souffle, je lui promis de réhabiliter son nom juste à côté du mien. Un jour. Marie, seule, partageait cette promesse dans la famille. * * * 17
«Ma Constance, les plus beaux écrits sont nés d une Souffrance ou d une Passion ; si l envie te prend de t évader, laisse-toi emporter par les mots. Affectueusement, Marie.» Marie, cette petite sœur de huit années ma cadette, me remettait alors Le Livre à écrire après avoir elle-même posé ces quelques mots de sa belle écriture ronde, légèrement penchée, presque enfantine. Elle me demandait d écrire un livre, un livre «à blanc», à inventer. Très jeune, elle avait reçu «le goût des mots et des notes» disait-elle. Elle parlait toujours avec poésie et une pointe d humour. Elle était sensible, joyeuse et proche de la vie ordinaire, des gens. Par ses yeux bleus pigmentés d or, pleins d amour et de compassion, pour la première fois elle évoquait une «Souffrance», avec un S majuscule. La sienne. Je ne l ai pas comprise. Mais, la «Passion», la sienne, je la connaissais déjà. C est sur «les planches scéniques» qu elle exorcisait ses émotions! Par des déguisements et des mises en scène dont elle seule avait le secret, elle démontrait que «jouer pour se soigner» apportait un mieux-être, pour elle et son public. Elle voulait accomplir sa vie et non se contenter de la rêver. «Je l ai commencé ton livre, Marie, au fil des jours, souvent dans la douleur et la tristesse des souvenirs de Pierre.» La nuit, son visage rayonnant de lumière me hantait et m obligeait à me relever, à reprendre ma plume, à me laisser emporter par le crissement régulier de son stylo sur le grain du papier, jusqu à l engourdissement. Avec Chopin en bruit de fond. «Les Nocturnes», que Marie écoutait également pour tenter d apaiser ses propres solitudes mé- 18