Soins à la jeune forêt et aux lisières



Documents pareils
LA SYLVICULTURE D ARBRES «OBJECTIF» OU D ARBRES DE PLACE INTRODUCTION

Règlement type relatif à l abattage d arbres

PLAN GÉNÉRAL D AMÉNAGEMENT FORESTIER SEIGNEURIE DE PERTHUIS RÉSUMÉ NOTE AU LECTEUR

Formulaire d'adhésion PEFC

Débroussailler autour de sa maison : «une obligation»

Quelques données : Domaines & Patrimoine. Accord de partenariat avec le Groupe LAFORET Franchise. Membre de l ASFFOR.

DES FORÊTS POUR LE GRAND TÉTRAS GUIDE DE SYLVICULTURE

Perte de superficies ayant fait l objet de traitements sylvicoles

La Charte. forestière. du Pilat. Un engagement collectif pour une gestion durable de la forêt

Marteloscope Gounamitz 2

Partie 3 Mise au point des solutions d aménagement. Rapport du Groupe de travail sur la diversité forestière et l approvisionnement en bois

Bulletin n 6 LA MALADIE DU ROND


ESTIMATION DE LA TAILLE DES POPULATIONS D ANOURES DE LA FORET DE FONTAINEBLEAU (SEINE ET MARNE)

3 Les premiers résultats des plans d'actions

Bref rappel du contexte et des objectifs

1 - Ne pas interdire le stationnement sur la chaussée. C'est la meilleure solution.

LE MONITORING DE LA BIODIVERSITE EN SUISSE. Hervé LETHIER, EMC2I

FASCICULE DES 10 ESPECES D'ARBRES URBAINS ENIGME V - A LA DECOUVERTE DE LA NATURE

Evaluation du LIDAR et de solutions innovantes pour la chaîne d approvisionnement du bois : les résultats du projet européen FlexWood

Avec quel bois. se chauffer?

OUVERT02 - Maintien de l ouverture par élimination mécanique ou manuelle des rejets ligneux et autres végétaux indésirables Sous-mesure :

Réussir l assemblage des meubles

Diagnostic de la Tranche 1 du programme. de restauration de la Sienne

LA MESURE DES GRANDEURS ET LE CHOIX DES CRITÈRES

Informations techniques sur la culture de l ananas

Jean-Marc Schaffner Ateliers SCHAFFNER. Laure Delaporte ConstruirAcier. Jérémy Trouart Union des Métalliers

Une espèce exotique envahissante: Le Roseau commun. ou Phragmites australis

Ne laissez pas le mauvais temps détruire le fruit de votre travail!

CONCOURS D OUVRIER PROFESSIONNEL SPÉCIALITÉ "AGENCEMENT INTÉRIEUR" CONCOURS EXTERNE ET INTERNE

Observation des modalités et performances d'accès à Internet

Sont assimilées à un établissement, les installations exploitées par un employeur;

La sécurité physique et environnementale

Pour bien comprendre les résultats publiés

Utilisation des médicaments au niveau des soins primaires dans les pays en développement et en transition

1 la loi: la loi du 4 août 1996 relative au bien-être des travailleurs lors de l'exécution de leur travail;

Driving Down Costs* - Stockage grande densité

RÈGLEMENT INTÉRIEUR DE LA SAML ÉDITION DU 1er SEPTEMBRE 2013

L'aire commune contribue directement à l'approvisionnement de dix (10) usines de transformation du bois. Ces usines se décrivent comme suit:

Introduction. I Étude rapide du réseau - Apprentissage. II Application à la reconnaissance des notes.

Découvrir rapidement la création d'une entreprise

Le logement dans tous ses états. Définition : le logement et l'habitat

Lutte contre l étalement urbain

Le compost. Un petit écosystème au jardin

Bonnes Pratiques de Fabrication des médicaments à usage humain et vétérinaire

Association des. Objectifs. convivialité, réunir les habitants autour du jardinage. action sociale, action environnementale,

«Silva Cell Investir dans l infrastructure verte»

Le nouveau Code forestier

Plan de désherbage, plan de gestion différenciée : objectifs et mise en œuvre concrète, quelles sont les actions à mettre en place par les communes?

Brochure technique. Garde-corps. bpa Bureau de prévention des accidents

"La collimation est la première cause de mauvaises images dans les instruments amateurs" Walter Scott Houston

Diagnostic de la stabilité des peuplements à l aide des données de l IFN

PAYSAGE - ÉNERGIE - BIODIVERSITÉ CADRE DE VIE - ENVIRONNEMENT

Bien vivre, dans les limites de notre planète

Chapitre 1 : Introduction aux bases de données

Guide pour la prise en compte de la. biodiversité. dans la gestion forestière. es ml rr

Les compensations écologiques sur la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique

POLITIQUE DE BIOSÉCURITÉ

Trait et ligne. La ligne avance, Elle indique une direction, Elle déroule une histoire, Le haut ou le bas, la gauche et la droite Une évolution.

ET VOUS COMMENT déplacements VOUS DÉPLACEZ-VOUS? FAITES LE TEST TOUS LES JOURS DANS LA COMMUNAUTÉ URBAINE

Aide à l'application Chauffage et production d'eau chaude sanitaire Edition décembre 2007

Nettoyeur en bâtiment/nettoyeuse en bâtiment. Règlement d apprentissage et d examen de fin d apprentissage

Exemple et réflexion sur l utilisation de données satellitaires

Bancs publics. Problématiques traitées : FICHE

Présentation d un télescope, de ses composants et de quelques consignes d utilisation

Bulletin d'information de la Confrérie St Hubert du Grand-Val

ne définition de l arbre.

Le drone en forêt : Rêve ou réalité de performance?

NORME INTERNATIONALE D AUDIT 260 COMMUNICATION DES QUESTIONS SOULEVÉES À L OCCASION DE L AUDIT AUX PERSONNES CONSTITUANT LE GOUVERNEMENT D'ENTREPRISE

Bois Bocage Energie. SCIC Bois Bocage Energie, Laurent NEVOUX, Place de l église, CHANU

CONSEIL DE L'EUROPE COMITÉ DES MINISTRES RECOMMANDATION N R (87) 15 DU COMITÉ DES MINISTRES AUX ÉTATS MEMBRES

L évidence écologique Une station d assainissement où il fait bon se

TABLE DES MATIÈRES. 1- Historique Types de ventilateurs et leurs différents usages... 1

École du Paysage et de l'horticulture

PREFECTURE DE LA LOZERE

Banque de questions : Vérifications extérieures

CHAPITRE VIII : Les circuits avec résistances ohmiques

Enjeux environnementaux prioritaires des forêts de Poitou-Charentes

METEOROLOGIE CAEA 1990

INSTRUCTIONS COMPLÉTES

Nous prøsentons dans ce document notre questionnaire et les røponses telles que nous avons re ues, dans leurs intøgralitøs.

Placettes vers de terre. Protocole Fiche «Description spécifique» Fiche «Observations»

Easy Lock. Mod. DPN13PG Mod. DPN18PG V.2 LIRE LES INSTRUCTIONS ATTENTIVEMENT AVANT UTILISATION ET LES CONSERVER EN CAS DE BESOIN PAGE 2 PAGE 4 PAGE 8

J'Ai TELLEMENT FAiM QUE JE POURRAiS MANGER UN ARBRE!

DÉVELOPPEMENT INFONUAGIQUE - meilleures pratiques

PASSAGE A NIVEAU HO/N

CONFÉRENCE EUROPÉENNE DES MINISTRES DES TRANSPORTS EUROPEAN CONFERENCE OF MINISTERS OF TRANSPORT

LES AIRES PROTÉGÉES MULTICLASSES ET LA CATÉGORIE VI DE L UICN. De nouvelles perspectives de conservation à l échelle régionale

Réunion CAQ-CAPSIS, Prénovel, 10 avril Jean-Philippe Schütz, Roland Brand, Dominique Weber

Rosemont- La Petite-Patrie. Îlots de chaleur urbains. Tout. savoir! ce qu il faut

Correction TP 7 : L organisation de la plante et ses relations avec le milieu

VITICULTURE 2012 V 12 / PACA 02 STRATEGIE D APPLICATION DU CUIVRE EN VITICULTURE

Nourrir les oiseaux en hiver

Nouveau. TRIMAXX, le raccourcisseur qui en fait un MAXX.

Comparaison des performances d'éclairages

Commune d Yvorne LA MUNICIPALITÉ REGLEMENT DU CIMETIERE D YVORNE

Variotec 150/GV. La ferrure. Domaine d'utilisation. Données spécifiques HAWA-Variotec 150/GV. Exemples de construction. Entailles du verre.

La fourmi. Biologie et protection

Styrodur C, un XPS exempt de CFC, HCFC et HFC. De l air, tout simplement. Ecologique, tout simplement.

Systèmes Dynamiques. making workspace work

Transcription:

RÉPUBLIQUE ET CANTON DE NEUCHÂTEL DÉPARTEMENT DE LA GESTION DU TERRITOIRE SERVICE DES FORÊTS Soins à la jeune forêt et aux lisières (Edition janvier 2004) TABLE DES MATIERES page Introduction... 2 1. But des soins à la jeune forêt... 2 2. Tempérament de nos principales essences... 4 3. Critères de qualité, de vitalité et de stabilité; notion de candidat... 6 4. Définition des stades d'évolution de la jeune forêt... 7 5. Soins aux jeunes peuplements... 9 5.1 Soins aux recrûs... 9 5.2 Soins aux fourrés... 12 5.3 Soins aux perchis...16 5.4 Soins aux cellules de rajeunissement dans les forêts étagées...22 6. Enchaînement des activités et responsabilité en vue d'atteindre le but fixé...22 6.1 Données d'ordre...24 7. L'essentiel et le luxe!...25 8. Soins aux lisières...26 9. Définitions...28

2. SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 Introduction Les soins à la jeune forêt regroupent les interventions dans les jeunes peuplements jusqu'à un diamètre à hauteur de poitrine de 20 cm. Durant ces dernières années, la manière de conduire ces interventions a considérablement évolué. Ce fascicule, qui a vu le jour en 1990, en est aujourd'hui à sa quatrième édition. L'esprit sylvicole de la fin des années 1980, qui est à l'origine de ce document, est toujours parfaitement d'actualité; l'introduction de la première version comportait les deux paragraphes suivants: Les connaissances actuelles montrent qu'il ne s'agit pas de nettoyer ou d'embellir le sous-bois, mais plutôt de préserver un maximum d'arbres accompagnants et de ne couper que la végétation concurrente. Pour éviter dorénavant tout quiproquo, nous proposons d'abandonner le terme de "nettoiement" et d'utiliser l'expression plus précise de "soins à la jeune forêt". En 1996, de nombreuses adaptations résultant des observations et des expériences accumulées lors de divers cours de formation sont venues préciser et compléter le texte. L'édition 1999 de ce fascicule s'est enrichie d'un chapitre 8 relatif à la technique des soins aux lisières en vue de leur valorisation écologique. L'année 2003 a vu l'éclosion d'une nouvelle édition du présent fascicule. Celle-ci s'harmonise avec l'esprit et la nomenclature du document "Principes sylviculturaux", chapitre 5 du plan d'aménagement forestier (PAF), adopté par notre canton en 2001. Elle consacre la multifonctionnalité au niveau de chaque unité de gestion et, surtout, intègre les nouvelles connaissances et expériences acquises en matière d'automations biologiques et de soins modérés. Un chapitre 9: "Définitions" est également venu compléter ce manuel. Les termes définis dans ce dernier chapitre sont signalés par la couleur magenta la première fois qu'ils apparaissent dans le texte. Les mesures traditionnelles de soins à la jeune forêt enseignées depuis 1990 - que nous pouvons qualifier de biologiquement optimales - sont désormais complétées, pour chaque stade d'évolution, par des mesures susceptibles de diminuer les coûts. En temps de pénurie des moyens, ces dernières sont particulièrement utiles. Elles sont encadrées d'un trait bleu dans le texte. 1. Buts des soins à la jeune forêt Le but premier des soins à la jeune forêt est de concentrer les forces de la nature sur les individus les plus prometteurs et de les éduquer en utilisant l'effet bénéfique des accompagnants. Les interventions dans les jeunes peuplements sont indispensables pour permettre de canaliser les ressources et les forces productives de la nature (soleil, CO 2, eau, sels minéraux) sur les individus les plus vigoureux et les mieux constitués en vue de garantir la vigueur et la stabilité de nos forêts et de produire, de façon soutenue, du bois de qualité.

SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 3. De toutes les activités pratiquées en sylviculture, les interventions dans les jeunes peuplements sont les plus fondamentales car : - elles engagent l'avenir de la forêt à long terme, - elles se déroulent alors même que s'élaborent chez les arbres les aspects de forme et de qualité. Un autre but important des soins à la jeune forêt est de créer des peuplements diversifiés, hétérogènes, mélangés, riches en structures et microstructures. L'écosystème boisé sera d'autant plus stable, résistant et productif à long terme qu'il sera proche de la nature et complexe. Pour développer des forêts performantes, il n'y a pas d'autre "stratégie" que de ne pas faire partout la même chose. Il s'agit donc d'éviter toute mesure doctrinaire ou uniforme en veillant à laisser suffisamment de place à une sage créativité. Aussi la pratique de soins à la jeune forêt différenciés et discontinus au sein d'un même peuplement est essentielle en vue de préparer des forêts hétérogènes. Toute action sylvicole trop schématique conduit à l'homogénéisation et nuit au principe suivant: "la diversité des espèces passe par la diversité des biotopes et des structures". Une sylviculture multifonctionnelle et polyvalente considère qu'une partie seulement des arbres constituant le peuplement seront dévolus à une production de haute valeur ajoutée; d'autres seront appelés à satisfaire des fonctions différentes (accompagnement, diversité, esthétique, complexité,...). Dans notre canton, la recherche des formes les plus achevées et les plus harmonieuses de multifonctionnalité au niveau de chaque division, par la pratique d'une sylviculture respectueuse de la nature, prime l'accomplissement d'intérêts sectorisés. Forêt hétérogène, mélangée, tout à la fois productrice, accueillante, riche en biodiversité et protectrice.

4. SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 2. Tempérament de nos principales essences Le tableau ci-dessous résume les caractéristiques essentielles de nos principales essences. Essence Exigence en lumière Rapidité de croissance juvénile Forme de croissance Force de concurrence Durée de production Diamètre de la couronne à l'âge adulte Epicéa Essence de mi-ombre Moyenne Forte 120 ans 7 m (mi-lumière en montagne) Sapin Essence d'ombre Lente Forte 120 ans 8 m Pin sylvestre " de lumière Rapide Faible 150 ans 8 m Hêtre " d'ombre Lente ϒ Très forte 150 ans 9 m Alisier blanc " de lumière Moyenne Faible 110 ans 9 m Alisier torminal " de mi-lumière Lente Très faible 90 ans 9 m Tilleul " de mi-ombre Moyenne ϒ Forte 120 ans 10 m Orme " de mi-lumière Moyenne ϒ Moyenne 120 ans 10 m Erable " de mi-lumière Rapide Moyenne 110 ans 10 m Frêne " de mi-lumière Rapide Moyenne/Forte 90 ans 10 m Cerisier " de lumière Rapide Faible 90 ans 10 m Mélèze " de lumière Rapide Faible 150 ans 11 m Douglas " de mi-ombre Très rapide Très forte 110 ans 12 m Chêne " de lumière Lente ϒ Très faible 200 ans 12 m Bouleau Essence associative Très rapide Très faible 80 ans Sorbier des oiseleurs Essence associative Rapide essences Très faible 60 ans Saules Essence associative Très rapide pionnières Très faible 40 ans Tremble Essence associative Très rapide Très faible 40 ans Exigence en lumière : un arbre qui manque de lumière se reconnaît à sa pousse terminale : T = pousse terminale L = pousse latérale T < L Manque de lumière T > L Assez de lumière Plus l'exigence en lumière est élevée, plus la surface de jeune forêt devra être grande. Forme de croissance : croissance en longueur assurée par le bourgeon terminal tendance à former un axe continu pas de problème d'éducation (ép/sa/ér/frê/pin/mé) ϒ croissance en longueur assurée par un bourgeon latéral tendance à former un fût en zigzag et à s'étaler maintenir une densité suffisante en jeunesse (hê/chê/ti/or)

SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 5. Force de concurrence : seules les essences qui présentent la même force de concurrence et la même durée de production peuvent former des mélanges principaux judicieux. Il en va autrement des mélanges subordonnés (peuplement auxiliaire) ou transitoires (peuplement préliminaire). mélanges principaux possibles : Epicéa Sapin. Frêne Erable (à condition de contenir l'élan du frêne qui, à basse et moyenne altitudes, supplante aisément l'érable). Pin sylvestre Mélèze. Le chêne n'est pas sociable et faible de concurrence. En jeunesse il est préférable de l'élever en peuplement principal pur. Toutefois un accompagnement léger d'essences associatives (saules, bouleau, tremble, sorbier des oiseleurs), jouant un rôle de peuplement préliminaire, peut s'avérer favorable. Le hêtre est le plus fort de concurrence; il doit souvent être éliminé pour permettre aux autres essences de se développer. Peuplement auxiliaire = Mélange subordonné Peuplement préliminaire = Mélange transitoire

6. SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 3. Critères de qualité, de vitalité et de stabilité; Notion de candidat Qualité Vitalité Stabilité 1. Arbre : - dominant - vigoureux 2. Couronne : - dense - bien symétrique - sufisamment longue ( 1 / 3 h) 3. Branches : - fines - horizontales - bon élagage naturel - coefficient d'élancement h/d < 80 (en moyenne) 4. Fût : - droit - d'aplomb - traversant - cylindrique - pas de fourche endessous de 8 m - pas de fibre torse - pas de maladie (chancre) - pas de dégât (frayure) 5. Pied : - pas de blessure - pas d'écoulement de résine - bon enracinement Notion de candidat : A. Candidat : arbre bien conformé et en bonne santé (sur lequel il est possible de fonder nos espoirs pour l'avenir). B. Concurrent : arbre gênant le houppier d'un candidat. C. Accompagnant : arbre du peuplement auxiliaire très précieux pour l'éducation des tiges d'élite.

SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 7. 4. Définition des stades d'évolution de la jeune forêt 4.1. Recrû strate arbustive - Le recrû est constitué de jeunes tiges dont les couronnes ne se touchent pas encore; il se situe au niveau de la strate herbacée et arbustive. - Il est menacé par les buissons, les hautes herbes, les plantes qui grimpent et qui s'agrippent. - On compte entre 100 et 5'000 sujets à l'are. - On distingue le recrû naturel du recrû "artificiel" = plantation. - Le stade du recrû prend fin au bout de 10 ans environ, ou dès que les plants se touchent. Ils atteignent alors une hauteur de 1,5 m environ. - Ce stade d'évolution correspond à la phase d'installation des plants, caractérisée essentiellement par le développement des racines. 4.2. Fourré Etage supérieur (dominant) Etage moyen (codominant) Etage inférieur (dominé) - Les jeunes arbres ont dépassé la strate arbustive. - Une concurrence mutuelle des cimes s'instaure. - Le jeu de la concurrence conduit à la formation de 2 ou 3 étages (= hiérarchisation). - On compte entre 50 et 100 sujets à l'are. Il est souvent très difficile de pénétrer dans les fourrés. D'autre part, dès que les tiges dépassent la hauteur des yeux, la vue d'ensemble du peuplement se perd. - Le stade du fourré se termine à 20 ans environ ou dès que les arbres atteignent 5 mètres de hauteur. - Ce stade d'évolution correspond à la phase d'élaboration de la bille de pied; c'est au stade du fourré que se prépare la forme des tiges.

8. SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 4.3. Perchis Peuplement principal Peuplement auxiliaire - Les branches vertes les plus basses sont à hauteur des yeux. - L'étagement engendre un peuplement principal et un peuplement auxiliaire. - On compte environ 40 tiges à l'are. - Le stade du perchis se termine à 30 ans environ ou lorsque le diamètre à hauteur de poitrine (DHP) atteint 20 cm. - Ce stade d'évolution correspond à la phase de formation de la couronne. 4.4. Cellule de jeunes arbres en futaie jardinée ou étagée - Cellule regroupant souvent les 3 stades de développement décrits précédemment. - Fréquemment en forme de cône avec son centre situé au milieu d'une petite trouée. - Perchis au centre dégradant régulièrement jusqu'au recrû en périphérie.

SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 9. 5. Soins aux jeunes peuplements 5.1. Soins aux recrûs Objectifs Les soins effectués au stade du recrû doivent préparer un fourré de qualité et de composition déterminée. Pour qu'un traitement se justifie il faut être en présence d'une surface minimale d'un are, comportant des chances de développement. Les quatre principales mesures à ce stade sont : La protection contre la ronce, la végétation concurrente, contre les rigueurs du climat (chaleur, gel,...) et contre le gibier. L'élimination dosée des tiges malades et des rustres prédominants. Les tiges frayées sont à maintenir là où elles ne gênent pas. Le réglage du mélange. Le recépage. Les soins aux recrûs débutent dès que les plants passent de la strate herbacée à la strate arbustive. A ce stade, un regarnissage est encore possible. Protection contre les "mauvaises herbes" Dans la strate arbustive, les jeunes plants sont menacés de toutes parts : Herbe, fougère aigle, ronce, clématite, chèvrefeuille grimpant, rustres prédominants Règles - Les houppiers de la vieille futaie offrent une protection naturelle contre la "mauvaise herbe". - Les pousses terminales (flèches) doivent être protégées et éduquées. - Des dégâts ou dangers lors des interventions sont à éviter. Exemples : - précautions en cas de pousses non lignifiées. - un dégagement radical entraîne un excès de lumière. - Le "bon moment" pour pratiquer l'arrachage de la ronce est l'automne, avant les gelées, sur sol humide.

10. SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 Interventions - Ne couper que la "mauvaise herbe" qui gêne. Il ne faut pas perdre de vue que la "mauvaise herbe" protège, dans une certaine mesure, contre la chaleur et le gel et qu'elle fournit de la nourriture au gibier. Pour cette raison, il faut dégager les jeunes plants en entonnoirs. Elimination des tiges malades et des rustres prédominants Les rustres prédominants, dont les caractéristiques négatives s'affirment généralement de bonne heure, seront rabattus. Au stade du recrû, on veillera au maintien d'une densité suffisante de bois blancs du type saules, tremble, bouleau, sorbier des oiseleurs, etc. (essences associatives) qui jouent tout d'abord un rôle d'abri et d'ombrage à l'égard des recrûs et sont utiles tant qu'il ne deviennent pas trop encombrants. On se bornera à les émonder partiellement, puis à les couper à la base lorsqu'ils deviennent trop gênants. Ces essences jouent notamment un rôle de souffre-douleur ("paratonnerre") contre les dégâts du gibier. Veiller à maintenir les tiges frayées là où elles ne gênent pas. Réglage du mélange Au stade du recrû, la composition du peuplement se laisse encore facilement modifier. Le réglage du mélange des essences est donc primordial lors des soins aux recrûs. Avant toute intervention, il convient de connaître clairement l'objectif : Genre du mélange : Quelles essences peut-on mélanger? Exemple : épicéa - hêtre - érable Quelles espèces souhaite-t-on retrouver dans le peuplement principal au prochain stade d'évolution? Priorité des essences : A qualité égale, l'essence à favoriser. Règles - La sélection dans les recrûs sera négative; elle tendra plus à conserver les arbres de valeur qu'à les favoriser. Le sylviculteur veillera, lors des soins aux recrûs, à modérer son zèle, c'est-àdire à ne pas en faire trop. Il contrôlera la densité des plants, de manière à permettre une bonne éducation au stade du fourré.

SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 11. Recépage - Au stade du recrû, les tiges d'essences feuillues déformées par le gibier ou maltraitées lors de l'exploitation des bois, peuvent être recépées pour autant que l'on pratique cette mesure dans les règles de l'art. - L'âge le plus favorable pour pratiquer le recépage est le moment où le plant s'est installé, où ses racines se sont développées sans que cela se soit obligatoirement traduit par des pousses aériennes importantes. Pratiquement cet optimum se situe lors de l'arrêt de la végétation, entre la 3 e et la 4 e année. Le diamètre idéal de recépage pour l'érable et le frêne correspond à celui du pouce. Le nombre de rejets, fonction de la circonférence de la section, peut en effet être trop important sur les souches plus grandes. juste faux - Le recépage doit se faire pendant l'arrêt de la végétation, de préférence juste avant la montée de sève, soit fin février - début mars. La section doit se faire au sécateur ou à la serpe bien affûtée, ras terre, car les plus beaux rejets partent du collet et il est nuisible de multiplier leur nombre en pratiquant la section plus haut. - Les tiges recépées rejettent de souche avec vigueur, grâce à la présence d'un enracinement déjà bien développé et rattrapent les autres tiges. - Cette technique est adoptée pour les essences telles que le frêne, les érables, le cerisier, les tilleuls. - Le recépage est uniquement une technique de rattrapage à utiliser avec beaucoup de prudence. Elle devra être réservée aux régénérations ayant subi de gros dégâts répétés (abroutissements) et sur les tiges brisées par exemple par le passage d'engins. Dans le cas où la surface recépée est petite (< 5 ares), il conviendra de protéger les meilleurs rejets à mi-distance contre la dent du gibier. Mesures susceptibles de diminuer les coûts des soins aux recrûs Utiliser des techniques sylvicoles de rajeunissement tirant parti du couvert de l'ancien peuplement, essentiellement en vue de diminuer le nombre de plants dans les rajeunissements naturels. Mettre à profit ce que la nature offre gracieusement d'elle-même. Les vides momentanés ajoutent de la richesse à l'écosystème, il n'est pas forcément utile de les regarnir. Favoriser les mélanges adéquats, capables de se différencier eux-mêmes. Du fait qu'il devient souvent rapidement difficile de pénétrer dans les fourrés, il est important, en vue de soins modérés, que les mesures de réglage du mélange et d'élimination des rustres se fassent à un moment où l'on possède encore la vue d'ensemble du peuplement (stade du recrû début du fourré). Utiliser l'effet bénéfique des essences associatives. Une utilisation contrôlée des bouleaux, tremble, saules, sorbier des oiseleurs, provoque un effet plutôt stimulant et protecteur que concurrent sur les autres ligneux (effet de peuplement préliminaire). Dans les grandes surfaces de recrûs, les soins ne doivent pas forcément couvrir toute la surface. Il peut s'avérer intéressant d'instaurer des parcelles témoin nontraitées en vue de leur observation à long terme. Enrichissement par plantation (et protection) de hauts plants à distance définitive.

12. SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 5.2. Soins aux fourrés Objectifs Les soins pratiqués à ce stade ont pour but d'amener le fourré à un perchis présentant les caractéristiques suivantes : - Mélange d'essences convenant à la station - Arbres d'élite de haute valeur et vigoureux - Grande stabilité - Conservation du peuplement auxiliaire. Les soins aux fourrés commencent dès que la taille moyenne des plants atteint 1,5 mètre. Une concurrence mutuelle s'installe petit à petit. Principes 1. Le stade du fourré connaît une élimination du nombre de tiges et d'essences très forte. 2. Au stade du fourré apparaissent peu à peu les étages du peuplement. Les étages supérieur, moyen et inférieur constituent chacun environ 1 / 3 de la hauteur du peuplement. Etage supérieur Etage moyen Etage inférieur

SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 13. Les opérations culturales peuvent être de quatre types au stade du fourré : Sélection négative Au stade du fourré, les caractères de mauvaise qualité sautent facilement aux yeux. Ces caractères sont : - Malade ou blessé - Tige fortement courbe - Arbre penché - Fourche - Grosses branches - Croissance buissonnante - Rejet de souche - Prédominant (à ne supprimer que progressivement dans les stations à fort enneigement). La sélection négative peut être pratiquée plus tôt que la sélection positive. Elle s'utilise aussi longtemps que les arbres de valeur restent difficiles à déterminer. Une percée à partir de l'étage moyen est encore possible. Dans les jeunes fourrés serrés d'épicéa et de hêtre, les individus de valeur ne sont pas encore reconnaissables. C'est la raison pour laquelle on y pratique la sélection négative. Mesures Abattage ou étêtage des sujets de moindre valeur, uniquement dans l'étage supérieur. Lorsque les branches inférieures d'une tige de futaie recouvrent un massif de valeur, il est utile de pratiquer l'émondage cultural. Prendre garde à la faune, en évitant, dans la mesure du possible, de traiter les fourrés en période de nidification et de mise bas! Intervenir de préférence hors feuilles afin d'avoir une meilleure vue de la diversité et des qualités. Pour une question d'ergonomie, il est préférable de couper les tiges à hauteur de ceinture dans les fourrés. Il est conseillé également de rabattre les branches vertes des pieds coupés qui risquent de rejeter.

14. SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 Sélection positive Au stade du fourré, on distingue déjà, chez certains individus, des caractéristiques de bonne qualité : - Sain et intact - Droit, axe rectiligne sans fourche - Flèche élancée - Fin branchage (en particulier chez le hêtre et le pin) - Vigoureux, mais non prédominant - Port robuste. On commence la sélection positive dès que l'on peut déterminer des individus répondant à ces critères (= "candidats"). A ce moment-là, une percée à partir de l'étage moyen n'est plus guère possible. Chez les essences à croissance rapide telles que frêne et érable, on reconnaît déjà tôt les individus de bonne qualité. C'est pourquoi la sélection positive y débute plus tôt. Dans les fourrés clairs, on ne travaille qu'avec la sélection positive. Hêtre Chêne Les principales formes de ramification chez le hêtre et le chêne: a) Arbre à axe continu, long entre-noeud, dominance apicale élevée. b) Arbre à ramification fastigiée, en bouquet, tendant à former des rustres de forme grossière. c) Arbre fourchu dont l'axe a tendance à se ramifier. Hêtre à axe continu, parfaitement droit et cylindrique. Illustre un des objectifs majeur des soins qui seront apportés au fourré naturel qui s'est développé sous son abri.

SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 15. Mesures Choisir les "candidats" à intervalles réguliers égaux à l'espacement final. Espacements optimaux entre les "candidats" aux stades du fourré et du perchis Essence Nb/ha* Peuplement final Espacement optimal = distance définitive Epicéa 250 7 m Sapin 200 8 m Pin sylvestre 200 8 m Hêtre, alisier blanc, alisier torminal 150 9 m Frêne, érable, orme, tilleul, cerisier 115 10 m Mélèze 100 11 m Douglas 80 12 m Chêne 80 12 m * Nombre d'arbres d'élite à l'hectare dans le peuplement final exemplaire. La répartition des "candidats" en triangle permet d'en placer 15% de plus qu'une répartition en carré. Il est bien évident que les espacements indiqués ci-dessus sont des ordres de grandeur et que les critères de qualité priment toujours sur la répartition. En cas de difficulté à trouver les candidats à la distance définitive optimale, il est préférable de les chercher plutôt plus loin que plus près. Une concession sur la distance entre des "candidats" rapprochés se justifiera d'autant plus que leur qualité et leur capacité à produire des grumes de valeur seront élevées. Dégagement des "candidats" par suppression de leurs concurrents immédiats. Le réglage du mélange des essences est encore possible au stade du fourré. Mesure auxiliaire: la correction des cimes (= taille de formation) au sécateur peut être justifiée dans les fourrés de chêne, cerisier, tilleul, frêne, érable, orme et alisier, lorsque les déformations sont manifestes ou lorsque les "candidats" se trouvent mal répartis. Il est également possible de corriger les cimes fourchues des résineux (après dégâts de becs croisés p. ex.) Les corrections de cime sont très utiles, mais elles doivent être réalisées sans précipitation, c'est-à-dire deux ans après l'apparition des anomalies en cime. Ce délai permet de voir si une fourche ou une tête multiple semble persister et nécessite dès lors son élimination.

16. SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 Mesures susceptibles de diminuer les coûts des soins aux fourrés Ne choisir qu'un nombre minimal de "candidats", égal au peuplement final, c'est-àdire à espacement définitif. On peut même partir du principe de ne favoriser, pour la production de bois de qualité, qu'un nombre d'arbre inférieur au peuplement final optimal (principe de concentration), de manière à conserver aussi des essences importantes du point de vue des autres fonctions de la forêt. Ne pas découper les concurrents, mais les laisser "debout" pour qu'il se fassent mettre à terre par les forces de la nature, éventuellement les dévitaliser par annellation. Utiliser de façon contrôlée les essences associatives en vue: de diminuer le nombre, souvent trop élevé, d'individus à ce stade, de développer une certaine différenciation du peuplement, d'inhiber la végétation terrestre concurrente, de faire office de "souffre-douleur" contre les dégâts du gibier. L'utilisation contrôlée des essences associatives est promise à un bel avenir dans la pratique des soins à la jeune forêt. Le tour de main consiste à trouver la bonne densité de peuplement et la bonne proportion entre les essences. Eviter d'agir sur toute la surface en présence de vastes fourrés. Instaurer des surfaces témoin non-traitées en vue de leur observation à long terme. S'il se trouve suffisamment de prétendants de qualité, judicieusement répartis, une solution peut même être de remettre à la nature le destin du peuplement durant ce stade d'évolution. La seule mesure sera alors d'observer et de contrôler l'aptitude du peuplement à remplir l'objectif. Il peut s'avérer utile d'opter pour quelques actions ponctuelles et ciblées en faveur d'espèces faibles de concurrence qui, souvent, sont des espèces rares et précieuses. 5.3. Soins aux perchis Objectifs L'intervention culturale pratiquée dans les perchis, que l'on nomme éclaircie sélective, consiste, par un prélèvement régulier, à orienter l'accroissement de la forêt sur les arbres de qualité. Ceux-ci poussent alors plus vite et produisent du bois de plus grande valeur. L'éclaircie sélective démarre au stade du perchis, soit vers 20 ans environ, moment où le peuplement principal et le peuplement auxiliaire se distinguent bien l'un de l'autre.

SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 17. Principes 1. Le peuplement principal et le peuplement auxiliaire sont issus d'un combat naturel. Le peuplement principal ne comprend que des arbres de valeur provenant du fourré. Le peuplement auxiliaire se compose d'arbres de qualité inférieure et de croissance moindre. dominant codominant peuplement principal dominé sous-bois peuplement auxiliaire (= accompagnants) 2. L'accroissement est très largement fourni par le peuplement principal. Exemple : Dans les peuplements bien éclaircis, le peuplement principal produit jusqu'à 95% de l'accroissement. Les soins traditionnels aux perchis comportent les mesures suivantes : Sélection positive Lors de l'éclaircie, on ne pratique guère que la sélection positive. Encore faut-il que les soins aux fourrés aient été administrés correctement. Le sylviculteur procédera à la sélection positive en débutant toujours par les tiges les plus hautes du massif (peuplement principal). Les candidats choisis à espacement définitif seront désignés par un ruban (non permanent) de couleur. Un arbre d'élite présente les caractéristiques suivantes : - Adapté à la station - Dominant - Houppier couvrant 1 / 3 de la longueur de la tige - Branches fines, absence de gourmands - Tronc droit et sans tare, écorce fine - Vertical - Bon ancrage dans le sol - Sain et vigoureux - Ne se trouve pas directement en bordure d'un layon.

18. SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 Mesures auxiliaires - Eliminer les arbres malades et ceux qui sont fortement endommagés. - Abattre les "fouets" nuisibles. - Promouvoir le développement d'un peuplement auxiliaire capable d'éduquer les arbres d'élite. Importance du peuplement auxiliaire Un peuplement auxiliaire devrait en fait se trouver dans tout bon peuplement. Les fonctions de peuplement auxiliaire sont les suivantes : - Protection des arbres d'élite : (fonctions sylvicoles) Emballage des fûts (gainage) du peuplement principal, de manière à favoriser l'élagage naturel et à empêcher la formation de gourmands (surtout chez le chê, sa, frê, ér, hê, ti). Ombrage des fûts du peuplement principal prévenant les coups de soleil (surtout nécessaire pour les espèces à écorce fine: hê, ér, ép). "Les arbres d'élite devraient avoir leur houppier au soleil, leur tronc à l'ombre et leurs racines dans l'humidité". Amélioration du climat forestier, diminuant les risques de gélivure et favorisant le développement d'une structure fine du bois propre à fournir des assortiments de haute valeur. Protection des tiges d'élite contre les dégâts d'abattage et de débardage lors d'éclaircies. - Amélioration de la qualité de la station : (fonctions biologiques) Amélioration de l'humus par mélange de fane provenant de diverses espèces, la plupart améliorantes, favorisant l'activité biologique du sol. Amélioration de sol grâce à l'enracinement puissant et intense des arbres du peuplement auxiliaire. Ombrage du sol pour l'empêcher de se dessécher, de s'échauffer, de s'enherber ou de se faire envahir par les mauvaises herbes (ronces), particulièrement dans les vieux peuplements à fermeture légère. Enrichissement écologique. Le peuplement auxiliaire constitue un biotope pouvant héberger une faune variée (oiseaux, insectes, petits mammifères,...); il offre à la fois protection et nourriture. En bref : le rôle du peuplement auxiliaire consiste à "protéger sans concurrencer".

SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 19. Exigences envers le peuplement auxiliaire : Le peuplement auxiliaire doit être constitué d'essences d'ombre ou de miombre; les individus régressifs du peuplement principal (p.ex. chê, pins) ne sont pas appropriés. Les quatre espèces les plus aptes à former le peuplement auxiliaire sont: le charme, le tilleul à petites feuilles, le hêtre et le sapin. L'alisier blanc et le sorbier des oiseleurs peuvent être de bons accompagnants en forêt de montagne. Pour être vraiment efficace, le peuplement auxiliaire doit être en mesure de remplir ses fonctions jusqu'à la récolte du peuplement principal. Le peuplement auxiliaire doit être étagé; la tendance de certains individus à s'immiscer dans les cimes du peuplement principal doit être empêchée. A propos du lierre (selon D. Carbiener, 1995) Le lierre est une liane, c'est-à-dire qu'il n'est pas capable de se dresser de façon autonome et a besoin d'utiliser un arbre comme tuteur (contrairement à une idée répandue, ce n'est pas un parasite, il ne vit donc pas aux dépens de l'arbre tuteur). Son feuillage sombre occupe, autour du tronc et des branches principales du support, un espace que les feuilles de l'arbre n'utilisent pas: il y a partage de l'espace aérien pour l'utilisation de l'énergie solaire (il est très rare que le lierre étouffe l'arbre tuteur; lorsque le tuteur est en pleine croissance (juin), le lierre rentre en phase de repos et perd ses feuilles dont la décomposition rapide libère des éléments minéraux assimilables par les autres arbres de la forêt; lorsque l'arbre support entame sa phase de repos, le lierre entre en floraison (octobre) et utilise des ressources que n'exploite plus l'arbre: il y a partage des ressources minérales dans le temps. Le lierre est une espèce fondamentale pour l'écosystème forestier car il fructifie à une époque (hiver-printemps) où les autres végétaux n'ont plus de fruits et où les besoins, des oiseaux notamment, sont importants. Le lierre, véritable auxiliaire de la biodiversité!

20. SOINS À LA JEUNE FORÊT ET AUX LISIÈRES, VERSION 2004 Elagage de mise en valeur L'élagage de mise en valeur est une intervention artificielle qui complète l'élagage naturel. Il a pour but d'améliorer la qualité du bois (production de bois sans nœud). En vue d'augmenter la valeur des produits, l'élagage est particulièrement important, notamment dans les peuplements d'épicéa, de sapin, douglas, pins, cerisier et chêne. BON : la coupe est faite au ras du bourrelet Règles et précautions MAUVAIS : trop près, d'où problèmes de cicatrisation MAUVAIS : trop loin - N'élaguer que les arbres d'élite à l'espacement définitif. - Ne plus élaguer la zone du tronc où le diamètre dépasse 15 cm. L'élagage se pratique sur des perchis de bonne qualité, présentant peu de risques (neige, vent, pourriture). Il importe de commencer l'élagage tôt (DHP de 10 cm). On évitera de destiner à l'élagage les arbres situés sur les bords des layons de débardage. L'élagage s'effectue de préférence lorsque la cicatrisation des plaies sera la plus rapide, c'est-à-dire: - avant le départ de la végétation au printemps pour les résineux; - fin juillet, début août pour les feuillus. On ne peut assumer la responsabilité d'élaguer en période de végétation qu'à condition de travailler très soigneusement et d'opter pour l'échelle comme seul moyen d'escalade. Diamètre maximal de la branche à élaguer: 3 cm. Elaguer 3 fois dans un intervalle de 5 à 7 ans jusqu'à une hauteur maximale de 12 mètres. Pour prévenir les dégâts de frayure chez les résineux (épicéa, douglas, pins), il est utile de commencer l'élagage dès 1 mètre de hauteur.