Introduction Ferme tes yeux, un instant. Je dirige ton corps sous la pluie éperdue qui nous enveloppe et nous sépare du monde. Nous n avons pas voulu les guerres, ni la pauvreté, ni la haine oppressante. Nous avons cherché l amour loin des douleurs et les épreuves ont dansé comme ces flammes qui crépitent dans mon ventre. Un jour une vie poussera à leur place, une vie que peut-être tu m offriras. Je tourne la tête vers mes arbres verts. L arc-en-ciel de mon passé est loin. Je suis jeune, trop jeune pour baisser la tête et refuser de me battre. Mais je suis vieille, mûre de mes échecs, de mes volontés, de mes combats. Les erreurs m ont fait grandir : en l acceptant, j accepte de faire un pas vers mon avenir, vers mon bonheur. J ai cherché à comprendre ma vie et ses démons, j ai cherché à fuir à travers la lame sur ma peau et mes courses vers nulle part. Faut-il avouer que mes cicatrices sont des blessures désirées? Ou faut-il insister sur le fait que maintenant, elles ne sont plus que des reflets nacrés qui auront marqué ma mémoire? Mes cheveux ont poussé, mon état d esprit aussi. J ai aimé, j ai appris, j ai cherché. Les réponses sont-elles plus importantes que le chemin qui y mène? Ferme tes yeux, un instant. Je dirige ton corps vers le coucher du soleil. La vie est ce cadeau qui fait que je suis heureuse. La mort peut être plus belle mais si, une fois 9
morte, je ne peux plus sentir tes caresses, ni celles de la pluie, si je ne peux plus danser ni admirer un coucher de soleil, alors je préfère m accrocher à mes jours imparfaits. J ai ce choix, tu as ce choix, parce que c est toi qui crées ton avenir, et lorsque ta mort te délivrera, les dés seront jetés. Tu ne pourras plus rien décider. Ouvre tes yeux à présent, il est temps de créer ton immortalité. Tu es beau et tant que la vie et ses combats t animeront, tu seras d une beauté merveilleuse. 10
1. Pétales de tendresse
Rivages rencontrés Ta mer s écoule à travers mes yeux Et brise le verre de mes acquis Et brise la terre où je naquis Ta mer s écoule à travers mes mains Envole les parchemins aux rivages noirs Les prières, les guerres et ma mémoire Ta mer s écoule à travers mes mots Efface l amertume des épées et cicatrices Les pas tracés et les matins qui se hissent Ta mer s écoule à travers mes sentiments L échéance d un rêve porté à l agonie Les sourires perdus et les mains qui fuient Ta mer s écoule à travers mes veines Pour m offrir la chance de réaliser Ce que courage et volonté m ont accordé : La force des mots et des yeux clos ; L avenir de mes mains pour traduire Des sentiments perdus dans tes flots 13
Sentiments Le soleil brille dans mon cœur Mes lèvres s emplissent de ton odeur Si ma vie bat, c est grâce à ton sourire Légère, la plume amoureuse se mire L amour est plus qu un sentiment C est une vie qui éclôt, merveilleuse C est l eau qui court, libre et heureuse D avoir en son sein nos serments Notre existence n est pas encore bâtie Mais l empire de notre histoire consume Les rêves et les étoiles de nos nuits Dans la voie qu égaye ma plume Je t aime, ô protecteur de mes instants! Toi qui trouves en moi la force d espérer Qui dans l erreur, cherches à m éclairer Tes yeux sont mon refuge rassurant Amoureux, la vie ne peut rien pour nous Sa monotonie aiguise de douloureuses épines Notre force offre à notre histoire plus de rimes Ces perles d éternité sont nos puissants atouts 14
Harmonie Dans tes yeux de terre brûlée Dans tes mains aux perles de nacre La douceur se blottit dans l arc Du ciel amoureux aux plaines dorées La mer enveloppe mon cœur dans tes mains Ses bateaux explorent mes voiles, incertains La nuit dépose ses étoiles au creux de tes bras Eperdu, le vent s éprend de douceur et d émoi A travers les branchages de nos peurs Le chant du cygne charme notre tendresse Elle danse. Ses larmes, dans l air, se meurent Car elle s épanouit sous tes caresses Les cieux se rencontrent, s harmonisent Les aurores noient l encre de la nuit Offrent ainsi mille feux réjouis A nos âmes que le bonheur éblouit 15
Ma colombe Je croyais que le temps effaçait les blessures ; Comme une caresse qui bride la fougue sauvage Je pensais pouvoir avec mon simple regard Dompter la langue de son cœur, pourtant sans voir Que les signes dormaient en moi comme l orage Qui blessait trop souvent ses plumes d azur Je croyais que la pluie sur mon corps coulerait L encre de mon âme dans ses pupilles perdues Et noierait sa peine dans mes rimes déchues Ensemble, nous aurions dessiné des sentinelles Où nous nous retrouverions, loin de la peur Que nos chants effondreraient, tels des murets. Mais la pluie naît de sa voix et de ses prunelles Ma colombe n a bu en moi que la douleur Elle cherchait juste dans mon cœur une place Mais elle n y a pas trouvé de forêt pour ses ailes Croyant que le faucon y régnait en rapace Je ne pensais pas que mon sourire et mon étreinte Serait la clef d une trêve qu elle espérait éternelle Enfin, j ai ouvert mes bras à mon étoile presque éteinte Tout n est qu amour lorsqu une mère est unie à sa fille Rien ne peut détruire ces deux êtres, pas même la nuit S il faut courir à travers l orage pour comprendre S il faut aimer sa colombe pour enfin vivre Je bâtirai nos vies dans le ciel et ferai chanter le soleil Jamais plus je ne laisserai ses yeux pleuvoir sinon de rire Je serai le nid de mon étoile pour qu elle n ait plus mal. 16
Au travers de ses yeux Il est le verre brisé dont l élixir Aux bribes amères délient Quelques perles de terre polie Le miroir d où mon âme se mire Il est l île où s échoue mon encre L espace d un clignement du temps L envol des derniers instants La délicate fureur de l antre Il est la terre où naît l inconnu Douce espérance au creux de sa vie L espace taillé des instants nus D où resplendit le soleil d une nuit Il est l aveu du coffre tremblant, indécis La clé dorée des tristes blessures scellées Une porte secrète qui s ouvre au verre brisé Pour laisser ma lumière assombrir ses pupilles Il est l écorce de ma voix, de mon corps Lorsque se refuse l âme aux sombres trésors Il est, sur ma toile, le mélange des couleurs Ce qui manque pour construire son bonheur 17