Linux et les logiciels libres : une alternative à la domination des systèmes propriétaires?



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Transcription:

Linux et les logiciels libres : une alternative à la domination des systèmes propriétaires? René Begon, chargé de projets au CVFE Février 2006 L avènement de l ordinateur personnel en 1981 a permis la naissance de très grands fabricants de logiciels, comme Microsoft, qui vendent leurs produits comme des biens commerciaux classiques, en vertu du fait qu ils en sont les concepteurs et les propriétaires. Face à cette logique, une autre attitude s est développée : celle du système d exploitation Linux et des logiciels libres, qui repose sur l idée que chacun doit pouvoir adapter librement à ses besoins les programmes informatiques. Petit historique des ces démarches pour le moins contrastées. Rien n est plus facile, et moins coûteux, que de copier un fichier informatique. En principe, tout fichier numérique est reproductible gratuitement à l infini. Il suffit d utiliser un traitement de texte pour le savoir. On connaît aussi la facilité avec laquelle on peut se procurer une (ou une multitude de) copie(s) gratuite(s) d un CD ou d un film grâce à un graveur relié à un PC. Et on sait qu il s agit là de la principale source du piratage informatique. Pourtant, Bill Gates est devenu l un des hommes les plus riches du monde, à la tête d un empire multinational (Microsoft), en fondant son impressionnante réussite industrielle et commerciale sur le fait de vendre des copies de systèmes d exploitation et de logiciels 1 protégés par des licences d utilisation qui interdisent de les copier librement et qui obligent (légalement) tout nouvel utilisateur à acheter une licence pour installer un logiciel sur son PC. Chacun connaît des programmes ainsi protégés qu on trouve dans le commerce : ce sont des produits de sociétés privées, comme Microsoft (Windows XP, Word, Excel, Outlook, Powerpoint, etc.), Macromedia (Dreamweaver, qui sert à faire des pages Web), Adobe (Photoshop, pour traiter des photos), etc. C est ce système des «logiciels propriétaires» qu ambitionne de contester et de concurrencer le mouvement des «logiciels libres» né aux USA dans les années 80 et également associé au nom d un système d exploitation conçu par un étudiant finlandais, Linux. Richard Stallman, le projet GNU et la licence GPL Tout commence en 1984, au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston, à une époque où l informatique était beaucoup plus confidentielle qu aujourd hui et où le commerce des logiciels était beaucoup moins développé. A cette époque, les logiciels circulaient encore assez librement et les spécialistes de la programmation avaient l habitude de les modifier en fonction de leurs besoins et cela parce que le «code source» du logiciel, c est-à-dire la base de sa conception, n était pas encore secret. Dans ce contexte, un informaticien du MIT nommé Richard Stallman, se trouva un jour confronté au remplacement d une ancienne imprimante, dont il possédait le code source, par un nouveau modèle dont il voulut obtenir également le code source, mais auquel on lui refusa 1 Et de les vendre plusieurs fois, dans la mesure où de nouvelles versions viennent régulièrement rendre les précédentes obsolètes. - 1 -

l accès. Ulcéré de voir s installer cette nouvelle conception commerciale, mercantile, de l informatique, Stallman démissionna du MIT et entreprit de développer sa conception de la liberté en matière de création et de circulation des logiciels. C est de là qu est né le mouvement qu on appelle des «logiciels libres» : il peut s agir certes dans certains cas de logiciels gratuits, mais, pour ses promoteurs, ce n est pas l essentiel. Pour pouvoir être appelé «libre», un logiciel doit être fourni avec son code source et tout utilisateur a le droit de le modifier et de l adapter à son usage, pour autant qu il mette également ses modifications (avec leur code source) à la libre disposition des autres utilisateurs. Dans sa croisade en faveur des logiciels libres, Stallman créa le projet GNU, qui signifie «GNU is not Unix», manière de dire que l ingénieur américain militait en faveur de la création d un système d exploitation aussi puissant qu Unix, mais qui serait libre. Et immédiatement, Stallman se mit à développer des logiciels compatibles avec Unix, dont il distribuait les copies, agrémentées du code source, pour un prix très modique. Peu après, il fonda la «Free Software Foundation» (Fondation pour le logiciel libre) qui sera chargée de distribuer les copies des logiciels libres. Ensuite, pour donner une forme juridique à son projet et protéger les logiciels libres contre une appropriation intempestive par quiconque déciderait d en faire un logiciel propriétaire, Stallman invente également la notion de «General public licence» (GPL). A l opposé de la notion de «copyright», qui permet aux propriétaires de logiciels de les «privatiser» et d interdire «à l utilisateur de le copier ou de le modifier sans accord de l éditeur» 2, Stallman, avec sa GPL, introduit la notion inverse de «copyleft» («left» en anglais signifiant gauche et «right», droit) 3 : «Cela signifie que l'utilisateur peut copier, modifier et distribuer une version modifiée du logiciel à condition que celle-ci soit elle aussi soumise au principe du copyleft ( ) La notion de copyleft provoque donc un renversement de la conception classique du droit d'auteur. La GPL est un texte que des concepteurs acceptent d'adopter pour permettre la modification de leurs créations par les utilisateurs. On retrouve la conception du progrès technologique de la culture des hackers protégée juridiquement : un logiciel doit être le résultat d'une œuvre collective, son développement ne peut être aux mains de quelques-uns. ( ) Paradoxalement, une partie du monde de l'informatique revient à une conception de l'art hérité du Moyen Age et tout particulièrement de l'époque de la construction des cathédrales. En effet, ces cathédrales ont été bâties par un ensemble d individus qui contribuaient tous à leur réalisation de manière anonyme. Ce qui comptait alors, c était la beauté de l'œuvre achevée et non la gloire des concepteurs.» 4 2 Voir http://funoc.be/etic/doss003/art005.html 3 «Au copyright est associé le fameux «All right reserved» et au copyleft appartient «all right reversed» («tout droit renversé» au lieu de «tout droit réservé»), voir Guffens (Vincent) et Hilgers (Mathieu), «A propos du logiciel libre», dans La revue nouvelle, n 6-7, juin-juillet 2005, page 26. 4 Voir ci-dessus, note 1. Les «hackers» sont des informaticiens très qualifiés, pionniers de l usage d Internet et qui sont partisans du partage des connaissances et de la coopération entre les chercheurs pour augmenter les connaissances humaines. - 2 -

L univers du logiciel libre repose sur quatre libertés fondamentales : «la liberté d'exécuter le programme, pour tous les usages ; la liberté d'étudier le fonctionnement du programme, et de l'adapter à ses besoins ; la liberté de redistribuer des copies, donc d'aider son voisin ; la liberté d'améliorer le programme et de publier les améliorations pour en faire profiter toute la communauté» 5. Ces caractéristiques permettent de distinguer les logiciels libres d autres logiciels comme les «freewares» (gratuiciels) ou les «sharewares» (partagiciels), qu on trouve sur Internet, mais dont le code source reste secret 6 et qui sont, donc, malgré les apparences, des logiciels propriétaires. Linux, le noyau du système libre Dès la fin des années 80, l idée de Stallman va séduire pas mal d informaticiens et d usagers d Internet : grâce au Web, les logiciels libres vont commencer à rencontrer un certain succès et à être utilisés couramment. Cependant, pour créer un système entièrement alternatif à la logique propriétaire, il manquait une pièce essentielle : le système d exploitation, permettant à toutes les composantes de l ordinateur de fonctionner ensemble et de faire tourner les logiciels. Ce ne sera pas à un tenant du projet GNU que reviendra le mérite d avoir conçu cet élément fondamental, mais à un étudiant en informatique finlandais, Linus Thorvalds, qui, en 1991, à l université d Helsinki, créera le «noyau» (ou, en anglais, «kernel») du système d exploitation libre qu il appellera Linux (contraction de «Linus» et «Unix», le système dont il s est inspiré pour créer son noyau). Désirant au départ réaliser une adaptation simplifiée d Unix, susceptible d être utilisée sur son PC, le jeune hacker, partisan des logiciels libres et usager des forums spécialisés d Internet, va mettre sa réalisation à la disposition de la communauté des internautes, auxquels il va demander leur collaboration pour améliorer son travail. Placé sous licence GPL, Linux sera téléchargeable à partir de 1994 et deviendra la pièce centrale du projet des logiciels libres, qui sera rebaptisé «GNU-Linux». Linux connaîtra un succès croissant, représentant aujourd hui 5 % des systèmes d exploitation domestiques (on dit qu il y a autant d utilisateurs de Linux que de MacOS, le système d exploitation de Macintosh) et servant de système d exploitation pour environ 30 % des serveurs d Internet. Il pénètre également le monde de l entreprise où les possibilités d adaptation qu il offre, grâce à la liberté d accès au code source, rencontrent un intérêt certain. Sans cesse amélioré par les internautes informaticiens, Linux connaît aujourd hui plusieurs versions ou «distributions». Cet étonnant succès n aurait sans doute pas vu le jour s il n avait pu s appuyer sur l existence de la «Toile» : 5 Voir http://funoc.be/etic/doss003/art003.html 6 Voir http://funoc.be/etic/doss003/art004.html - 3 -

«On peut considérer que Linux est véritablement le fruit d'internet puisque c est grâce aux capacités de communication offertes par ce réseau que Linux a pu se développer. En effet, tous ceux qui participent à son développement utilisant Internet pour échanger leurs informations avec d autres, cela permet à des développeurs des quatre coins du monde d'associer leurs efforts pour parvenir à améliorer ce système. Linux est donc le produit d'un développement mondial. Ce système n'est ni américain, ni européen, ni japonais, C'est un système international qui appartient à tout le monde et non à une nation particulière» 7. L «Open Source», un compromis avec la logique commerciale Certains hackers et concepteurs de logiciels considèrent la logique de Richard Stallman et du mouvement des logiciels libres comme excessive et ne rejettent pas d office la logique propriétaire. Ainsi, la société Netscape, créatrice du navigateur Web «Navigator», supplantée du marché des navigateurs par Microsoft qui offrait gratuitement son logiciel Internet Explorer avec le système d exploitation Windows, décida d offrir gratuitement son navigateur sur le Web, avec son code source, en lui donnant le nom de «Firefox». Par la même occasion, Netscape désirait profiter de l aide des développeurs de logiciels libres pour mettre au point une version plus performante de son logiciel initial. Mais, au lieu de laisser gratuitement l usage des améliorations ainsi réalisées, Netscape les intégra dans une nouvelle version de son navigateur, Navigator 6, dont il garda secret le code source et qui resta, ou redevint, donc un logiciel propriétaire. Il n empêche que le succès de Firefox est considérable : lancé en novembre 2004, le logiciel avait déjà été téléchargé par cinquante millions d utilisateurs en juin 2005 8. Firefox a été suivi par un logiciel de courrier électronique, Thunderbird, qui est également occupé à tailler des croupières à Internet Explorer de Microsoft. Cette attitude, qui consiste à utiliser les ressources de développement du monde des logiciels libres pour une version d un logiciel tout en gardant la logique propriétaire pour une autre version, s écarte de la conception prônée par Richard Stallman. Elle préside cependant au projet de l «Open Source», proposé par Bruce Perens et Eric S. Raymond, qui consiste en une certification déterminant la nature (propriétaire ou libre) d un logiciel d une façon plus souple que chez Stallman. Ainsi, désormais, des sociétés comme IBM (grand fabricant américain d ordinateurs et concepteur du PC en 1981) ou Intel (leader mondial du secteur des micro-processeurs) envisagent de donner à certains de leurs logiciels le label Open Source, de façon à profiter du bouillonnement créatif du monde des logiciels libres, tout en continuant à en commercialiser une version propriétaire. Conclusion Malgré une domination objectivement écrasante de la logique propriétaire au sein du marché des logiciels informatiques actuels, notamment à travers des géants comme Microsoft, Adobe, Macromedia, etc., il faut reconnaître que l univers des logiciels libres, grâce au projet GNU- 7 Voir http://funoc.be/etic/doss003/art006.html 8 «Firefox : le cauchemar de l oncle Bill», dans Pepper (supplément gratuit, aujourd hui disparu, au journal Le Soir), 20/06/05, pp.94-95. - 4 -

Linux, a fait mieux que se défendre auprès des utilisateurs privés, mais aussi institutionnels, de l informatique. Si, selon des chiffres de 2005, Windows occupe 95 % du marché des systèmes d exploitation, Linux représente quand même au niveau mondial une part de 3 %. Par contre, alors que Windows est le système d exploitation de 62 % des serveurs d applications, Linux occupe 19 % du marché. Mieux encore, dans le domaine des serveurs Web, c est la solution libre Apache qui domine avec 68 % du marché. Même chose dans le secteur des serveurs de courriels où Sendmail, solution libre, s est emparé de 41 % du marché contre 19 % à Microsoft Exchange. On peut aussi signaler que, si l encyclopédie Microsoft Encarta offre 68.000 entrées, sa concurrente libre Wikipédia en propose plus de 430.000 9. Enfin, on n oubliera pas de noter que Linux est devenu le système informatique de référence d un certain nombre de services publics (en Allemagne notamment). Soulignons aussi le rôle important joué par Internet dans le processus de collaboration planétaire entre développeurs informatiques qui permet aux logiciels libres d atteindre un niveau de qualité et de stabilité qui n a rien à envier, dit-on dans les milieux spécialisés, aux logiciels propriétaires. La qualité des produits libres, leur facilité d accès grâce à Internet et l augmentation constante des compétences en informatique des utilisateurs autorisent à penser que le développement de l alternative proposée par les logiciels libres et ceux de l Open Source n en est qu à ses débuts. Dès lors, les grands fabricants mondiaux de logiciels ont sans doute des raisons de s inquiéter pour l avenir 10 Références «Bienvenue dans le monde libre», dossier d Imagine, n 47, nov. 2004-janv. 2005, pages 10-21. «Etic sur le Web», http://www.funoc.be/etic/doss003/art001.html «Firefox : le cauchemar de l oncle Bill», dans Pepper, 20/06/05, pp.94-95. «Pour les logiciels libres», dossier de La revue nouvelle, n 6-7, juin-juillet 2005, pages 20-66. 9 Article cité. 10 Après cette introduction historique au développement du mouvement des logiciels libres, le lecteur pourra se référer, sur le même site, à deux autres articles, l un comparant plus précisément les logiques à l œuvre au sein des logiciels libres et propriétaires (Voir Logiciels libres et logiciels propriétaires : mise en parallèle de deux logiques antagonistes) et l autre se penchant sur l utilisation des logiciels libres dans le secteur de la réinsertion socio-professionnelle. - 5 -