LE TOUR DU MONDE DES DANSES URBAINES EN DIX VILLES Conception Cecilia Bengolea, François Chaignaud, Ana Pi COMPAGNIE VLOVAJOB PRU Mardi 16 février 2016 14H30 & 20H au Conservatoire des Arts CONFÉRENCE DANSÉE DÈS 8 ANS
Revue de Presse Toute la culture - Milena Landre - 30 mai 2015 LIBÉRATION - Ève Beauvallet - 29 mai 2015 Le journal de Saône-et-Loire - M. S. - 28 mars 2015 Inferno - Bruno Paternot - 24 mars 2015 LES INROCKUPTIBLES - Fabienne Arvers, Patrick Sourd - mars 2015
Le tour du monde des danses urbaines en dix villes par François Chaignaud Dans le cadre du Nouveau Festival qui propose pour sa 6 ème édition une programmation sur la relation entre l art et le jeu, Le tour du monde des danses urbaines en dix villes est au croisement entre performance interactive et conférence. Ce projet à l initiative de l historien performeur François Chaignaud et de la danseuse argentine Cecilia Bangolea est une invitation à la découverte des danses urbaines aux quatre coins du monde. La danseuse intervenante Ana Pi plonge immédiatement le spectateur dans une ambiance familiale et interactive. Elle évoque durant une heure de conférence dix danses urbaines. Certaines sont connues du public, d autres un peu moins. Ce tour d horizon part de Johannesburg, passe par Los Angeles et finit en Angola. Breakdance, Vogguing, House dance, Krump, Passinho La variété de danses urbaines, sélectionnées par le duo franco-argentin formé par François Chaignaud et Cecilia Bangolea, est expliquée à travers une perspective historique, sociologique et surtout à travers la performance dansée de la très dynamique et ravissante Ana Pi. Chaque mouvement artistique est accompagné de musiques, de vidéos, de paroles et de tenues vestimentaires associées. La danseuse brésilienne Ana Pi initie à ces danses, pratiques culturelles essentielles des grandes métropoles mondiales. La conférence, à visée pédagogique, offre la possibilité aux spectateurs de découvrir le contexte social, culturel, politique et géographique de chaque mouvement ainsi que ses caractéristiques principales. États-Unis, France, Jamaïque, Brésil, Angola Aucun continent ne passe à la trappe. On se sent petit face à cette multitude de danses urbaines, qui apparaissent comme des mouvements artistiques crées pour donner raison à une existence, bouleversée par la violence, les guerres civiles, les conflits sociaux. Ce «live» à la fois instructif et entraînant fait l éloge de ces cultures de la rue, aujourd hui largement institutionnalisées en France et dans le reste du monde grâce aux nouvelles technologies. C est une invitation au voyage, un hommage aux populations à l origine de ses danses. Ana Pi est drôle, énergique, gracieuse, touchante et charismatique. On en veut plus : à l issue de la conférence, la danseuse intervenante nous invite à discuter avec elle, partager des anecdotes personnelles. Le seul point négatif de la conférence elle qu elle se perd par moment dans un aspect trop pédagogique. On est plus que tentés de voir Ana Pi déambuler, danser frénétiquement au milieu des regards intéressés des spectateurs et notamment des enfants présents dans la salle pour un temps un peu plus long. Toute la culture - Milena Landre - 30 mai 2015
Les danses urbaines ruent dans les brancards Rencontre avec la Brésilienne Ana Pi qui défendra, samedi et dimanche au centre Pompidou, ces traditions trop souvent mésestimées. Visage de bébé faon, voix guillerette, corps de puceron perdu dans les replis de son jogging XXL A priori, on avait du mal à projeter la très solaire Ana Pi dans le rôle d une danseuse de krump à la gestuelle agressive. Pourtant, aucune erreur de casting. En attestent les regards bluffés de tous les profanes venus l applaudir il y a quelques jours, dans le cadre du festival June Events (des enfants, des curieux, des grands-mères pas forcément rompus à l esthétique «gangsta»). Depuis 2013, cette danseuse contemporaine brésilienne s est vu confier par le tandem de chorégraphes François Chaignaud et Cécilia Bengolea l interprétation du Tour du monde des danses urbaines en dix villes, une conférence dansée commandée par le Centre de développement chorégraphique (CDC) de Toulouse dans laquelle, entre deux documents YouTube et trois extraits de documentaires, elle explique et illustre avec dextérité les fondamentaux du passinho brésilien, du pantsula sud-africain, du krump made in Los Angeles ou du voguing new-yorkais. Rebonds. Soit des danses urbaines contemporaines que la pop dévore souvent (coucou Beyoncé and co), que les battles internationales mettent parfois à l honneur, mais dont le grand public connaît finalement peu le contexte d émergence et la richesse de vocabulaire. «Il s agit de danses d empowerment, de prise de pouvoir. Des danses inventées par des minorités généralement issues des diasporas africaines et qui tentent de sublimer ainsi leurs réalités sociales.» Dans le café parisien où on la retrouve quelques jours plus tard, Ana Pi développe. Debout, entre les tables, elle mime la différence entre les rebonds du krump «qui vont en avant, alors que les rebonds de la house vont en l air et ceux de la break vont au sol». Elle revient aussi sur sa vie étudiante à Salvador de Bahia, sur la découverte de ces soirées «Tecnobrega» de Belém, qui abritent les sound systems les plus surprenants du monde et où se mixent les influences stylistiques les plus diverses, de la salsa au dubstep. Elle déplore le manque de soutien des politiques culturelles internationales apportées aux danseurs des rues : «Heureusement qu il y a Internet pour se former mais, en dépit du succès remporté sur la Toile [par le passinho par exemple, ndlr], les communautés de danseurs sont vite rattrapées par les réalités locales : pauvreté, impossibilité de travailler à l international Si l on excepte les quelques cas sponsorisés par Red Bull ou Coca.» Pour elle, le projet de cette conférence est né du besoin de combler un manque : «On trouve beaucoup d essais sociologiques et esthétiques sur les musiques urbaines. Sur la danse, il y a une pénurie du discours, et ce à échelle internationale», déplore-t-elle. «Il y a énormément de préjugés : pour beaucoup, il s agit encore de danses presque «de variété», peu légitimes.» Tout l enjeu, pour elle, est donc de prouver le contraire. Dancehall. Un objectif qu elle partage avec François Chaignaud et Cécilia Bengolea, des chorégraphes qu elle a rencontrés en 2012 autour du projet Altered Natives Say Yes to Another Excess-Twerk (après un passage par la formation Ex.e.r.ce de Mathilde Monnier à Montpellier) et qui l ont incitée à enquêter, pratiquer, analyser les témoignages recueillis depuis le fin fond des boîtes new-yorkaises jusqu au royaume du dancehall à Kingston, en Jamaïque. «La découverte de ces danses m a autant nourrie que l apprentissage de certaines techniques plus instituées», s animet-elle. Puisse ce projet pédagogique original s étoffer et circuler à plus grande échelle. Ève Beauvallet - 29 mai 2015
CONFÉRENCE Les villes du monde mènent la danse Le Théâtre Scène Nationale et la MJC de l Héritan se sont associées pour présenter au public, une conférence autour des danses urbaines modernes. Le public n est pas venu très nombreux, mercredi après-midi, pour assister à la conférence dansée d Ana Pi, Tour du monde des danses urbaines en dix villes et c est bien dommage car le sujet s est révélé riche et passionnant. Breakdance, voguing, hip-hop, dubstep, kuduro, passinho, krump tant de noms qui sonnent aux oreilles mais qui ne parlent pas forcément à tout le monde et en tout cas, pas de la même manière. Ces danses, qui trouvent leurs racines soit en Afrique soit du côté des Amériques (Nord, Sud et Caraïbes), ont de multiples points communs. Elles signent toutes une identité particulière de leurs pratiquants et contiennent toutes un sentiment de révolte et parfois même de violence : identité des groupes mis à l écart de leur société du fait de leur couleur de peau, de leur orientation sexuelle ou de leur statut social et, par conséquent, sentiment de révolte et de rejet de cette même société qui les exclut. À travers ces danses, les appartenants à ces groupes se recréent une famille qu ils n ont pas, une mini-société qui les accepte et les reconnaît. D une grande richesse, parfois très technique et souvent époustouflantes, les danses urbaines sont un art à part entière. Au fait, savez-vous que signifie rap? Non? Rythm and Poetry, du rythme et de la poésie M. S. 28/03/2015
BENGOLEA, CHAIGNAUD ET ANA PI : LE TOUR DU MONDE DES DANSES URBAINES Cécilia Bengolea, François Chaignaud et Ana Pi : Le tour du monde des danses urbaines en 10 villes. Pour accueillir le duo Bengolea/Chaignaud, les deux vedettes de la performance française, le Centre Chorégraphique de Montpellier s associe à Montpellier Danse et au CDN Humain trop humain pour deux soirée bien différentes. Un spectacle : Dub Love et une conférence performée autour des danses urbaines. Devant un écran monstrueux diffusant photos et vidéo, la danseuse contemporaine Ana Pi (passée par la formation Ex.er.ce à Montpellier) explique au public l histoire, l esthétique et les connexions entre 10 danses urbaines nées à l aube du XXI e siècle. Du japon au Brésil, de la Jamaïque aux Etats-Unis, on interroge la notion de groupe, d espace, de rythme. Avec son accent brésilien succulent, Ana Pi explique, tout en fraîcheur et simplicité, la question du corps dans l espace public. A chaque danse son costume, les habitus et son évolution. Si les explications sont claires et cohérentes, si la soirée passe très vite et que l on y apprend beaucoup de choses, la conférence tombe dans l écueil du pédagogique : à trop simplifier, on perd totalement la complexité de l homme et du monde. Les conclusions en deviennent tellement angéliques qu on se demande vraiment pourquoi les guerres existent et pourquoi la danse n a pas sauvé les hommes de la barbarie. La notion de groupe n est vue que du côté positif (l union fait la force) mais les contraintes et les scléroses liées au groupe (je dois m intégrer quitte à renier ma personnalité) ne sont pas évoquées. De même, le caractère combatif des danses n est expliqué que du point de vue cathartique (Aristote vampirise encore et toujours la pensée du spectacle vivant) et non comme une préparation potentielle et déguisée à la guerre urbaine. Le vocabulaire violent des danses (les gangs, les battles, les masters) viendrait ainsi purger des passions et non autoriser, perdurer un certain esprit de compétition et du lutte qui ne déplait pas à l industrie capitaliste. De même, le penchant du marchandising envers les modes vestimentaires urbaines est passé sous silence. Heureusement, la conférence est aussi éditée sous forme d un petit livret -financé par le CDC de Toulouse- qui remet un peu les choses en perspectives (il est distribué à la l issue de la conférence). Étonnamment, le duo Bengolea/Chaignaud ne commente jamais l aspect très sexuel de certaines danses qui cantonnent la représentation des corps dans un stéréotype très genré qui promulgue une violence du corps souvent répréhensible, à tout le moins remarquable. Si Ana Pi, conférencière performeuse offre une mise en pratique corporelle du projet, elle est souvent mangée par l écran. La force des images -et leur taille- la broient un peu trop. Cet aspect documentaire de la vidéo annihile aussi le plaisir de l imaginaire, il ramène systématiquement à la réalité, à la véracité. Ces danses restent donc cantonnées dans le champ de l instructif et du réel et le mur d images nous empêche d en faire un enjeu poétique. Mais, ce n est peut-être pas le propos et il nous faudra aller voir la mise en application dans un spectacle pur. A l issue de la conférence, le public sort heureux et près à tester les pas d un Passinho brésilien ou du Kuduro (danse angolaise née des guerres et qui signifie «cul dur», ce qui laisse présager de l intensité et du caractère sportif de cette danse.) Une soirée pédagogique, un peu loin du poétique et du politique dont on est habitué chez le duo Bengolea- Chaignaud mais qui rafraîchit, et c est déjà pas mal. Inferno - Bruno Paternot - 24 mars 2015