APER~U DU CHAMP D'APPLICATION DE LA THI~ORIE DU RISQUE DANS L'ASSURANCE DE CHOSES EN AUTRICHE



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APER~U DU CHAMP D'APPLICATION DE LA THI~ORIE DU RISQUE DANS L'ASSURANCE DE CHOSES EN AUTRICHE L. NEUMANN Vienne I. INTRODUCTION Nous donnerons ci-apr~s un aper~u de quelques domaines d'application de la th6orie du risque dans l'assurance de choses et en particulier dans l'assurance incendie en Autriche. I1 convient cependant de signaler que ce domaine n'a pas encore re~u beaucoup d'applications pratiques en Autriche, mais, ainsi que le montrera la suite de ce travail, rapplication pratique de la thdorie du risque a d6jk conduit ~ quelques r6sultats positifs. Du point de vue de la pratique actuarielle dans l'assurance de choses, il faut distinguer deux probl~mes principaux: a) la d6termination du risque individuel; b) la d6termination du risque collectif. Ces deux probl~mes feront l'objet des deux prochains chapitres de ce travail. Un dernier chapitre mettra en lumi~re les relations de ces probl~mes avec d'autres disciplines et fera ~tat, pour terminer, de quelques perspectives pratiques. II. LA DETERMINATION STATISTIOUE DU RISOUE INDIVIDUEL I) Remarques gdn~rales Dans l'assurance de choses, il faut distinguer trois m~thodes de d6termination du cofit de la couverture du risque individuel: a) estimation empirique du cofit du risque individuel; b) d6termination du cofit ~ l'aide de s6ries d'observations par la comparaison des siuistres et des primes ou des sinistres et des sommes assur~es; c) d6terrnination statistique exacte des primes ~ l'aide de la th~orie individueue du risque. Bien que la m6thode empirique a) soit encore actueuement utilis6e pour la ratification dans l'assurance de choses, il convient de signaler

288 L'ASSURANCE DE CHOSES EN AUTRICHE que les m6thodes b) et c) ont acquis ces derni~res ann6es de plus en plus d'actualit6 (7) *). On a souvent reproch6 ~ la m~thode c) que son application n6cessitait un travail pr6paratoire trop important. Cependant, cette critique est erron~e, d'autant plus qu'un travail pr6paratoire est indispensable quelle que soit la m6thode appliqu~e. La d6terruination exacte du risque individuel ne repr~sente pas un travail excessif, elle n~cessite uniquement un mat6riel statistique ad~quat et pr6par6 de mani~re appropri6e (4), (8). L'examen de ces statistiques montre que pour plusieurs domaines 6tudi6s, certaines valeurs pr6sentent une assez grande stabilit6 (par exemple, la probabilit~ de propagation des sinistres pour un grand nombre d'entreprises agricoles ou la probabilit6 de survenance d'un sinistre dans l'assurance incendie d'immeubles locatifs, etc... ) (4), (5) et (IO). En rdsum6, un risque ne se d6termine pas k partir d'une probabilit6 globale mais ~ partir de deux valeurs, l'une 6rant la probabilit6 de survenance d'un sinistre ql, l'autre ~tant sa probabilit6 de propagation q2 qui caract6rise l'importance que prend le sinistre une fois survenu. Dans l'assurance incendie en particulier, il conviendrait de tenir compte encore de la probabilit6 de contagion % d'un sinistre et de la valeur moyenne g des dommages causes par un incendie. Plusieurs praticiens ont critiqu6 la m6thode c). Pour ceux-ci, si la d6termination des probabilit6s de survenance d'un sinistre est g6n6ralement facile, la d6termination de la probabilit6 de propagation pour un complexe de risques est par contre probl6matique (dans l'assurance incendie industrielle par exemple). Une 6tude plus approfondie de la th6orie individuelle du risque montre que seule la m~thode c) peut donner une image objective d'un risque et non pas l'estimation empirique mentionn6e sous a). Toutefois, la m~thode c) ne doit pas ~tre appliqu6e sans tenir compte des facteurs subjectifs inh6rents k tous risques. A cet 6gard, l'6tablissement de statistiques au moyen de cartes perfor~es et de machines ~lectroniques facilitera encore le d~veloppement de la m6thode c) au d6triment de la m~thode empirique a). *) Les chiffres entre parentheses se rapportent A la notice bibliographique annex6e A la fin du pr6sent travail.

L'ASSURANCE DE CHOSES EN AUTRICHE 289 2) Exemples d'applications pratiques de la thdorie individuelle du risque La partie g6n6rale de ce travail serait incomplete si eue ne mentionnait pas certains r6sultats obtenus par l'6tude statistique du risque individuel qui a perrnis, par exemple, dans l'assurance incendie, l'~tude de la corr61ation entre l'6tendue du risque d'une part et les caract6ristiques de l'objet assur6 d'autre part. Ce probl~me peut ~tre examin6 ~ l'aide de l'exemple suivant: Soit une grande menuiserie assur~e pour une somme de 2 ooo ooo de schillings; consid6rons par ailleurs cinq petites melmiseries ayant ensemble la m~me valeur d'assurance que la grande, soit 400 ooo schillings chacune. IR1 Ra R3 R4 I IlOOm IlOOm Fig. I La figure I repr6sente la grande menuiserie dont l'6quipementmachines (R1 ~ Rs), sans s6paration des risques, est 6gal ~ celui des cinq petites menuiseries distinctes, R 1, R v R 3, R 4 et R v Admettons que pour une petite menuiserie, ql = 1% et q2 = 5o %; la prime de risque serait donc pour eue de 5 /0o, abstraction faite de facteurs secondaires. Pour la grande menuiserie, qx peut ~tre fix6e approximativement 5 fois plus haut, c'est-k-dire h 5%; q2, par contre, est l~g~rement inf6rieure et peut ~tre fix6e ~ 4 %. Toutefois, ces hypotheses ne sont justes que si la grande menuiserie n'a pas son propre service

290 L'ASSURANCE DE CHOSES EN AUTRICHE de lutte contre le feu. Dans ces conditions, les incendies ne pourront pas ~tre maitris6s plus facilement dans la grande menuiserie que dans l'une des petites. Par contre, un foyer d'incendie d'une certaine importance d6truira g~n6ralement enti~rement la grande menuiserie. En r6sum6, alors que la prime de risque pour une petite menuiserie serait en premitre approximation de 50/00, elle serait d'environ 2o /0o pour la grande, donc 4 fois plus 61ev6e. Les observations faites pour de nombreux grands risques ne comportant qu'un seul objet assur6 montrent que l'accroissement de la probabilit6 de survenance d'un sinistre -- m~me si elle n'est pas proportionnelle ~ l'6tendue du risque- est relativement plus fort que la dimunition de la probabilit6 de propagation r6sultant de l'ampleur de l'objet assur6. Dans la th~orie du risque, cette loi a ~t~ nomm6e loi de progression du risque (7). Cette loi a requ de nombreuses applications darts l'6tablissement des tarifs de l'assurance incendie industrielle, soit par l'incorporation de chargements suppl6mentaires, soit par l'octroi de rabais selon les caract61ristiques de l'objet assur6. L'6tude du rapport entre l'~volution des sinistres et l'dtendue du portefeuille assur6 constitue un autre domaine d'application de cette loi. Darts le pass6, lors de l'introduction d'une nouvelle branche d'assurance de choses, l'application de la m6thode empirique a) conduisait ~ des taux de primes 61ev6s. C'est pourquoi, seul un petit nombre de risques relativement mauvais ~taient assur6s. Cette situation, en limitant l'accroissement du portefeuille assur6, ne permettait pas de combattre le ph~nom~ne d'antis61ection. Les observations faites ces derni~res ann~es montrent que l'augmentation du portefeuille assur6 entraine n6cessairement une am61ioration de la compensation des risques et, par cons6quent, des r6sultats financiers. L'introduction d'assurances combin6es (inclusion de risques similaires) a provoqu6 le msme ph6nom~ne. Certaines formes d'assurances combin6es pratiqu~es en Autriche, teue qtle l'assurance de m~nage combin6e, fournissent une bonne illustration de cette constatation. Les considerations ci-dessus montrent que bien des applications int6ressantes peuvent ~tre tir6es de la th6orie individuelle du risque

L'ASSURANCE DE CHOSES EN AUTRICHE 291 qui est fond~e essentiellement sur l'~tude de la correlation existant entre les diff~rentes donn~es statistiques caract~risant la probabilit~ de survenance d'un sinistre et sa probabilit~ de propagation. I1 est comprehensible que la m~thode c) aft 6t~ utilis~e dans l'assurance de choses avant tout pour la tarification de risques se rapportant ~ des portefeuilles ~tendus et homog~nes (par exemple celui de rassurance incendie agricole). Dmas l'assurance incendie agricole autrichienne, la probabilit~ de survenance d'un sinistre osciue entre 2 et 4 /o0 pour l'ensemble du pays. Pour des circonscriptions plus petites, pour les provinces par exemple, cette probabilit6 est en grn~ral un peu infrrieure et se situe entre 2 et 3%0 ou entre 2,5 et 3,2 /0o. Cette relative stabilit6 facilite beaucoup l'rtablissement des calculs. En assurance incendie agricole, la probabilit~ moyenne de propagation d'un sinistre se situe en g~nt~ral entre 20 et 60 /o. Dans ce domaire, certains travaux statistiques ont permis cl'rtablir ces probabilitrs selon le genre de matrriau utilis6 pour la toiture ou l'infrastructure d'un b~ttiment. Ces statistiques indiquent que le risque presents par un batiment k infrastructure de bois est parfois plus du double de celui que prrsente un batiment k infrastructure de pierre. Dans la pratique autrichienne cependant, les diffrrences t31rifaires n'excrdent en g~nrral pas 2o ~t 25 ~o. Des observations analogues ont 6t~ faites en agriculture pour l'assurance de l'dquipement, du baail, des machines, etc... Dans le passr, les lrisques relatifs k ces branches annexes ont 6t6 estimrs plus 61errs que ceux prrsentrs par les batiments eux-m~mes, alors qu'en rralit6 ils sont moins 61evrs. Ces constatations ont entrain6 une notable rrduction des taux de primes pour la couverture de ces risques annexes. I1 enest result6 un abaissement du cofit total de l'assurance agricole combinre. Cette rrduction a erttrain6 une augmentation du portefeuiue assur6 permettant ainsi une meiueure compensation des risques. D'intrressantes applications pratiques de la th~orie individuelle du risque ont 6t6 trouvres darts l'assurance ineendie-chrmageindustrielle. Ces applications se rattachent essentiellement aux travaux du Dr. Merz. Du point de vue throrique, il est 6galement intrressant d'examiner te risque d'inondation.

292 L'ASSURANCE DE CHOSES EN AUTRICHE Pour d~termirter l'~tendue d'une inondation, le crit~re es~ntiel est naturellement le niveau atteint par les eaux. Pour la plupart des cours d'eau, les niveaux critiques ont d~j~t ~t~ enregistr~s. Comme les d~gats des eaux croissent avec le niveau critique d'une mani~re fortement progressive, il est d~s lors possible de les representer par une fonction exponentielle. Admettons que les domrnages occasionrt~s par deux inondations soient approximativernent conrms. Le sinistre I a ~t~ provoqu~ par un niveau de 5 eta occasionrt~ un dornrnage de IOO. Le sinistre 2 r~sulte d'un niveau de 6 eta occasiorm~ un dommage de 50o. Si le niveau critique auquel lie correspond encore aucun dommage est de 3, la relation suivante peut ~tre ~tablie: loo (I + 2~) 500 (1+ 3") d'oh l'on peut d6duire la valeur du param6tre a qui caract6rise le risque d'inondation. Si l'on veut maintenant connaitre le mor~tant du dommage caus6 par un niveau de 4, il suffit d'utiliser la formule suivante: dommage -- moo (I+I a) 200 (1+2 a) (I+ 2a) En Autriche, les Iisques de hautes eaux out pu 6tre 6tudi6s de plus pigs grace h l'existence de plusieurs statistiques de contr61e. Eix admettant UlX taux de d6dommagemertt d6termin6, la dern.i~re inondation de juillet 1954 en haute Autriche aurait caus6 un dommage de 25 miuions de schillings. Si ron veut maintena~t connaitre le dommage caus6 par une autre inondation due k un niveau different, il suffit de r~soudre l'6quation suivante: dommage = 25 ooo ooo (I+4,I2 ~4) I + X~dJ I1 faut pr~ciser encore que le niveau du Danube en juillet 1954 6tait de 9,62, soit 4,I2 au-dessus de la cote d'alerte fixde b. 5-5- Ces constatations out permis de d6terminer la valeur moyenne pr6sum6e des dommages pour ces 60 dernj~res ann~es. Cette moyenne s'61~ve ~ environ 1, 7 millions de schillings par ann6e. Ce r6sultat peut ~tre consid6r~ comme l~g~rement sup6rieur A la r6alit6, vu

L'ASSURANCE DE CHOSES EN ALITRICHE 29~ que certaines mesures de prudence et certains chargements ont ~t~ pris en consideration. III. DETERMINATION DU RISQUE COLLECTIF Si, pour la d~ternfination de la prime n~cessaire pour un risque individuel, les anciennes pratiques ont constitu~ le principal obstacle, l'introduction de la th~orie collective du risque a ~t~ retard~e avm~t tout par un manque de bases statistiques et math6matiques. Au d~but, la th~orie collective du risque dans l'assurance vie sembla simple grace ~ l'introduction d'un module fond~ sur l'hypoth~se d'une r~partition sym~trique du montant des sinistres. Par contre, pour l'assurance de choses, une telle solution parut tout d'abord impossible. Les travaux de Riebesell, Pearson, Serkowsky, Gfirtler etc... ont ouvert la vole k l'application de la th~orie collective du risque dans l'assurance de choses. L'~tude de statistiques portant sur plusieurs d~cennies montre queues influences structureues et conjoncturelles les sinistres sont soumis. Ces probl~mes font l'objet de toute une s~rie de travaux int6ressants touchant tousles secteurs de l'assurance incendie (industrielle, agricole et civile). Dans l'assurance incendie industrielle par exemple, le hombre des sirdstres augmente l~g~rement en p~riode de haute conjoncture et baisse l~g~rement en p~riode de d6pression. Par contre, pour tous les autres secteurs de l'assurance incendie, le nombre des sirdstres augmente fortement en p~riode de depression et, au contraire, baisse en p~riode de haute conjoncture. Ces ~volutions sont dict~es par les rapports existant entre la vmeur de la monnaie et le pouvoir d'achat d'une part et les risques subjectifs et objectifs d'autre part. La determination d'un risque collectif est imparfaite si Yon ne tient pas compte des facteurs ci-dessus. La relation entre l'~volution de la conjoncture et celle des sinistres s'exprime par la loi de ddpendance subjective du risque. Maintes recherches 6conomiques et de statistique des risques ont ~t~ ~ l'origine de l'~nonc6 de cette loi. Sch~matiquement, le risque collectif d'un portefeuille de l'assurance incendie peut ~tre illustr6 par un module de trois pendules fix6s bout ~ bout (voir figure 2). Le premier repr~sente les fluctua-

294 L'ASSURANCE DE CHOSES EN AUTRICttE tions de la probabilit~ de survenance d'un incendie, le second celles de la probabilit~ de propagation et le dernier, celles de la valeur moyenne du dommage occasionn~ par urt incendie. FOHCTIOH DE FREOUENCE DAN$ L'ASSURANCE INCENDIE Minimum Moyenml Maximum (plrlochli de guerre) (lllrlode de d61hltlon) le/.~--ei~"~.. ell Pendule dl hi ~ ~ ~J:'L~'/ i \\ I\\\ // ii \ in Pendule de Ji ~..L.~ ~.b,.~. III ii N N\ -'-!I! \ N ~..~.,. ~.,..~... /=.~- ~,,, moltonno doidommlgell I//!I I \ \\" "- "11 ~ ~....".' "~ "" II!i - o + Ecar~ des dorn-mages pllr rapport il ia valeur moyenne t Fig. II La r6sultante des oscillations conjugudes de ces trois pendules repr6sente le domaine de dispersion des dommages par rapport ~t la valeur moyenne prdsumde. Ce module ddpend encore du point de suspension des pendules qui caractdrise en quelque sorte la situation dconomique pendant la p~riode d'observation. L'action combin~e de ces 4 facteurs (3 pendules et point de suspension) engendre une tr~s forte dispersion asymdtrique des dommages occasionnds par les sinistres. Dans ces conditions, il est logique que la courbe de Gauss ne soit pas utilisable pour illustrer ce phdnom~ne qui peut 8tre reprdsentd approximativement par la fonction de fr~quence de Pearson et RiebeselI: = ti_ axl \ a2l

L'ASSURANCE DE CHOSES EN AUTRICHE 295 La d4termination des param~tres a et m fait pr4cis6ment appel la loi de d6pendance subjective du risque. Cette fonction trouve son application pratique darts le calcul du coflt de la r6assurance en exc6dents de sinistres. Darts cette forme de r6assurance, le r~assureur prend ~ sa charge la partie des sinistres d6passant le plein conserv6 par l'assureur. Si le plein est fix6 ~ la valeur xl, la d6termination du risque ~ la charge du r6assureur est donn6e par l'expression suivante: xl La r6solution pratique de cette int~grale pr6sentant d'assez grandes difficult6s, des m6thodes d'approximation ont 6t6 d6velopp6es; la solution se pr6sente sous forme d'un d6veloppement en s6rie. L'exp6rience a montr6 que malgr6 cette approximation, les primes d'exc~dents de sirdstres pouvaient ~tre calcul~es d'une mani~re satisfaisante aussi bien pour l'assureur que pour ]e r6assureur. La th6orie collective du risque a re~u d'autres applications utiles. Elle a permis, par exemple, de calculer de mani~re appropri6e la r6serve de compensation des risques, le plein dormant lieu ~ une couverture optimale de la r6assurance en exc6dents de sinistres dans l'assurance incendie. De plus, celrtains probl~mes de tr6sorerie peuvent ~tre r6solus k l'aide de la th6orie collective du risque. IV. RELATIONS AVEC D'AUTRES DOMAINES Comme nous l'avons d~j~ indiqu~, il est n~cessaire que les raisonnements utilis6s dans l'assurance de choses ne fassent pas uniquement 6tat de concepts math6matiques mais tiennent ~galement compte d'autres facteurs en rapport direct avec l'~conomie industrielle, le syst~me 6conomique, les ph6nom~nes naturels, etc... Une coop6ration plus 6troite entre la science actuarielle et le domaine ~conomique semble utile. Ceci touche avant tout la science 6conomique dans son ensemble, l'~conomie nationale et industrieue et 6galement divers domaines techniques qui jouent un r61e preponderant dans la pr6vention des sinistres. Ainsi, la technique de la construction, l'~lectrotechnique, la m6canique etc... constituent des domaines d'activit~ qui peuvent, par des mesures de protection, influencer favorablement le taux des sinistres.

296 L'ASSURANCE DE GHOSES EN AUTRICHE I1 est dvident qu'~t l'avenir, les rapports entre l'assurance de choses et la pr@vention des sinistres deviendront toujours plus 6troits par l'interm~diaire des progr@s rdalis6s en mati~re de technologie et d'organisation scientifique du travail. A titre de conclusion, les ddveloppements ci-dessus montrent que l'application de la th~orie mathdmatique dans l'assurance de choses a permis de faire ddj~ d'appr~ciables progr~s dans la tarification de certaines branches. I1 serait souhaitable que thdoriciens et praticiens continuent ~ collaborer en rue d'une meilleure comprdhension des probl~mes que pose la tarification dans un dolnaine qui est loin d'fitre @puis6. La collaboration serait utile surtout dans la recherche de solutions satisfaisantes aussi bien du point de rue technique que commercial. NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE (I) BRUCKMANN, G.:,,Zur Ermittlung der BlitzgefAhrdung", Statistische Vievtel/akvessckvi]t, Heft 3, 1955. (2) HEnENWARTER, F. W.:,,Die Gefahrenbeurteilung in der Industrie- Feuerversicherung", Probleme aus der Feuevversicherung, 1955, Seite lo4-125. (3) KULMBURO, E. :,,Die Tarifierung yon Fabriken und gewerblichen Anlagen, Hinweis auf einige Besonderheiten ftir die Gedanken fiber erforderliche Revisionen", Probleme aus der Feuerversicherung, 1955, Seite I26-I47. (4) LINKO, H.:,,Ober Risiko und Risikopolitik im Feuerversicherungsbetrieb, Probleme aus der Feuerversicherung, Seite 148-173. (5) LINKO, H., Das Risiko in der Feuerversicherung, Doktor-Dissertation, Wien 1954. (6) NEUMANN, L.:,,Der Ertragsquotient in tier Riickversicherung", Mitteilz~ng der kantonal-schweizeriscken Feuerversicherungsanstalten, Bern 1953. (7) NEUMANN, L.:,,Zusammenhang zwischen Wirtschaftsverlauf und Brandschadenverlauf", Sckweizevische VersicherungszeStschri/t, Bern 1954, Heft 4- (8) BIEUMANN, L.:,,Risikotheorie und Feuertiberschaden-Riickversicherung, Vevsiclkerungsrundschau, Heft 6 und 7, 1954. (9) NEUMANN, L. :,,Probleme der Elementar-Katastrophen-Versicherung unter besonderer Beriicksichtigung der Verhiiltnisse in 0sterreich", Probleme aus der Feuerversicherung, 1955, Seite 248-288. (IO) NEUMANN, L.:,,Interessante Ergebnisse der Blitzschlagstatistik"; Versickevungsvundschau, Heft 9, IX, 1956. (I1) ROITINGER, F.: Die Pvtimienkalkulation in der Feuevversickerung, Doktor-Dissertation, Wien 1953- (I2) TOMANEK, K.:,,Die Leistungsergebnisse der BrandverhiitungstAtigkeit in Ober6sterreich seit Kriegsende", Probleme aus der Feuerversickevung, 1955, Seite 2o8-24o.