Le centenaire de l'institut catholique

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MGR PAUL POUPARD Le centenaire de l'institut catholique L 'Institut catholique de Paris a cent ans. Cet événement, dont la commémoration risque de passer inaperçue du grand public, est cependant une date dans l'histoire, dans l'histoire de l'eglise de France, dans l'histoire de l'université. Une université L'expression «Institut catholique» prête à confusion. Dans l'esprit de certains, l'institut catholique de Paris assurerait un enseignement qui engloberait aussi bien le jardin d'enfants que le secondaire, pour conduire peut-être à la théologie 1 Les questions posées eux responsables de cet Institut manifestent souvent à cet égard une ignorance aussi sympathique que déconcertante dans sa naïveté. Aussi quelques mots sur les origines de l'institut catholique de Paris ne seront-ils sans doute pas inutiles pour mieux situer son activité spécifique. L'Institut catholique de Paris est l'université catholique de Paris (1). La loi du 12 juiuet 1875 HISTOIRE Voici en effet cent ans, le 12 juillet 1875, l'assemblée nationale adoptait l'ensemble du projet de loi relatif à l'établissement en France de la liberté de l'enseignement supérieur. Cette loi mettait fin au (1) Les autres Instituts catholiques de France sont, on le sait, situés à Angers, Lille, Lyon et Toulouse. On trouvera leur physionomie succinctement évoquée dans notre présentation récente de VEnseignement supérieur catholique, dans Enseignement catholique Actualités, n 5, 15 mars 1973, pp.. 5-8. Ils sont, depuis décembre 1973, regroupés dans une Union (U.D.E.S.C.A.) dont la charte a été ratifiée par l'épiscopat français, comme «politique d'enseignement et de recherche». Cf. Nouvelles de l'institut catholique de Paris, octobre 1974, pp. 21-28. 270

monopole universitaire fondé par la loi du 10 mai 1806 et le décret impérial du 17 mars 1808 : monopole qu'avait déjà entamé la loi du 28 juin 1833 (loi Guizot), qui proclama la liberté de l'enseignement primaire, puis la loi du 15 mars 1850 (loi Falloux), qui établit la liberté dans l'enseignement secondaire. Le climat de la discussion de cette loi de 1875, qui se fit en deux temps, décembre 1874 et juin-juillet 1875, et dont le rapporteur était Edouard de Laboulaye, fut, on s'en doute, difficile. Mais il n'est certes pas indifférent de rappeler aujourd'hui que le principe de la liberté de l'enseignement supérieur, acquis par 531 voix contre 134 au scrutin historique du 6 décembre 1874, ne le fut pas, comme on le croit trop souvent, par le vote d'une droite unanime contre une gauche obstinément hostile. Nombre de républicains militants y apportèrent leur suffrage, aux premiers rangs desquels il faut citer l'état-major de «la République des Jules», comme on disait plaisamment : Jules Favre, Jules Ferry, Jules Simon. Par contre, cet article premier acquis, il en fut tout autrement quand il s'agit de la collation des grades. Ce projet fut l'occasion d'un véritable duel entre Jules Ferry et Mgr Dupanloup, évêque d'orléans. Pour ne pas entamer ce principe, un compromis de jurys mixtes avec des professeurs d'etat et des professeurs de facultés libres fut adopté : ces jurys seraient habilités à décerner les titres universitaires à côté des jurys d'etat. Ce fut l'objet de l'amendement adopté le 16 juin 1875, mais cette fois à une faible majorité, par 358 voix contre 321. Il ne faut pas oublier que la France était alors pour ainsi dire coupée en deux camps, les anticléricaux, farouches partisans de l'unique enseignement d'etat, et les monarchistes catholiques, convaincus de posséder la seule vérité. Mais l'assemblée nationale ne reflétait pas numériquement cette opposition, ce qui explique le vote de la loi. L'ensemble du projet Laboulaye fut en effet voté le 12 juillet 1875 par 316 voix contre 266. L'enseignement supérieur libre devait souffrir longtemps des conséquences de ce qu'il faut bien appeler un «succès de parti», le parti monarchiste-clérical, et de cette confusion politico-religieuse. Création des universités catholiques Le principe de la création des universités libres devait en tout cas être très rapidement appliqué à Paris, comme en province, puisque dès le 11 août 1875 dix évêques réunis chez le cardinal Guibert, archevêque de Paris, décidaient l'ouverture d'un ensemble universitaire qui comprendrait dans l'immédiat trois facultés : lettres, sciences et droit, minimum requis pour avoir le titre d'université. On peut s'étonner que le besoin d'une faculté de théologie parût moins urgent... Il est vrai qu'il était sans doute plus facile à l'époque de trouver des professeurs dans les matières profanes que dans les sciences religieuses et qu'il y avait encore six facultés de théologie concordataires datant de 1808 en France. 271

Rome cependant, par la voix de Pie IX, dès décembre 1875, ne dissimula pas ses regrets sur ce point : le bloc des trois facultés apparaissait «un corps sans tête» en l'absence d'une faculté de théologie appelée à lui donner son naturel achèvement (2)... La question de l'emplacement de la future université fut facilement résolue, le cardinal Guibert laissant la disposition du vieux couvent des Carmes, un des lieux sacrés de Paris : c'est en effet là que se fixèrent au xvn* siècle les religieux carmes, désireux d'introduire en France la réforme de sainte Thérèse. C'est là qu'eurent lieu en 1792 les «massacres de Septembre» : la crypte de la chapelle est un reliquaire qui garde les restes des prêtres tombés pour leur foi. Là, pendant plusieurs années, vécut Lacordaire. Là est enterré Frédéric Ozanam, professeur en Sorbonne et fondateur de la Société de Saint-Vincentde-Paul. Dès le 15 novembre 1875, la faculté de droit commençait ses cours avec une centaine d'étudiants. Au registre matricule, à la date du 3 novembre, sous le numéro d'ordre 3, on lit : «Le soussigné Lyautey, Hubert, Louis, Gonzalve, sous-lieutenant d'état-major, né à Nancy, département de la Meurthe, le 17 novembre 1854, demeurant à l'ecole d'applicatiion d'état-major, rue de Grenelle, a pris aujourd'hui la première inscription de droit, pour laquelle il a acquitté la somme de trente jrancs.» Le futur maréchal de France prit la seconde inscription le 14 janvier 1876 et la troisième le 13 avril de cette même année. La faculté des lettres n'ouvrit qu'un mois après et les cours de sciences le 29 décembre. Le prospectus annonçait que «M. Branly, docteur ès sciences, le lundi et le jeudi à 10 h. 30, traitera de l'électricité dynamique et de l'optique». Mais, quand au cours de l'année 1877, fut soulevée la question de l'institution «canonique» de la jeune université, le Saint-Siège mit pour condition la création préalable d'une faculté de théologie. Ce ne fut qu'en novembre 1878 que l'école de théologie qui ne s'intitulait pas encore faculté ouvrit ses cours avec quatre professeurs dont l'un d'eux était le futur Mgr Duchesne, professeur d'histoire ecclésiastique... (3) La loi du 18 mars 1880 Votée à la hâte par une assemblée peu représentative, la loi du 12 juillet 1875 devait voir très vite remises en cause certaines de ses dispositions. (2) «Verum apparatus iste cathoìicus etsi summopere commendandus ac perutilis, se veluti obtruncatum caput exhibere videtur, cum aliunde quaerere sibi cogatur caput, se theologicam Facultatem, a qua esset informandum.» Lettre du cardinal préfet de la Sacrée Congrégation des Etudes aux évêques français, 7 décembre 1875. (3) Cf. P. Poupard, «Monseigneur Duchesne, professeur à l'institut catholique de Paris», dans Monseigneur Duchesne et son temps, Actes du colloque de l'ecole française de Rome, Palais Farnese, 1975, pp. 305-315. 272

Les élections législatives de février-mars 1876 donnèrent à la Chambre une forte majorité républicaine. Dès le 23 mars, un projet de loi visant à l'abolition des «jurys mixtes» est adopté par la Chambre, mais rejeté de justesse par le Sénat, encore monarchiste. Les élections sénatoriales de janvier 1879 ayant achevé la victoire républicaine, Jules Ferry devient ministre de l'instruction publique. Apôtre de la laïcité, il dépose un projet de loi modifiant profondément la loi du 12 juillet 1875, qui sera adopté le 18 mars 1880 : les jurys mixtes sont supprimés et les facultés d'etat retrouvent le monopole de la collation des grades. Par ailleurs, les établissements d'enseignement supérieur libres n'ont plus le droit au titre d'université. La précipitation du vote de la loi de 1875, la méconnaissance du contexte politique, l'absence de prospective, avaient créé une ambiguïté dont les «instituts» ou «facultés catholiques» auront à souffrir de longues années. En ce qui concerne les matières dites «profanes», les instituts catholiques sont désormais tributaires des universités d'etat, à la fois pour les programmes et les grades ; ce n'est qu'en 1968, par la loi d'orientation accordant aux établissements d'enseignement supérieur libres l'autonomie des programmes, qu'une voie s'ouvrira, grâce aux conventions avec l'université d'etat, vers la spécificité des facultés libres. Par ailleurs, contrairement à ce qui avait été espéré en 1873 (4), la loi de 1880 a entraîné des difficultés très grandes, financières et psychologiques, dont le poids continue de se faire sentir encore lourdement aujourd'hui : il est évident que les professeurs d'un institut catholique sont grandement défavorisés, à titres universitaires égaux, par rapport à leurs collègues de l'etat ; il en est de même pour les étudiants, qui ne bénéficient pas, comme dans l'université d'etat, de la gratuité des droits d'inscription (bien qu'il puisse leur être attribué, comme aux étudiants des facultés d'etat et aux mêmes conditions, des bourses d'enseignement supérieur). UNE VITALITE CENTENAIRE Et cependant, depuis cent ans, l'institut catholique de Paris, contre vents et marées, a tenu ferme et manifesté sa vitalité à travers les hommes qui ont œuvré à cette tâche d'eglise. (4) Dans le rapport fait au nom de la commission chargée d'examiner la proposition de loi relative à la liberté de l'enseignement supérieur (Assemblée nationale, année 1873, Impressions, tome XLV, annexe au procès-verbal de la séance du 25 juillet 1873, n 1960) : «La concurrence des établissements libres aura pour effet d'offrir aux professeurs des traitements plus élevés que ceux de l'etat. Il est bon que le gouvernement se prépare à soutenir cette rivalité. Relever la condition de nos savants et leur assurer plus d'aisance et plus de respect ne sera pas un des moindres avantages de la loi que nous vous proposons.» On croit rêver! 273

A Paris, l'impulsion donnée par les différents recteurs, depuis Mgr d'hulst, premier recteur (de 1881 à 1896) jusqu'à Mgr Haubtmann (de 1966 à 1971), sans oublier les grands recteurs que furent le cardinal Baudrillart (de 1907 à 1942) et Mgr Blanchet (de 1946 à 1966), a été déterminante, en fonction du contexte historique de l'époque. Si le corps professoral compte des noms illustres dans les disciplines les plus diverses comme : Edouard Branly, l'abbé Rousselot, le cardinal Gasparri, Jacques Maritain, le Père Teilhard de Chardin, Mgr Duchesne, Albert de Lapparent, le Père Lebreton, le Père Sertillanges, le Père Daniélou, etc., le dévouement obscur et le désintéressement, la qualification scientifique, les qualités pédagogiques, joints à la foi chrétienne d'une multitude d'enseignants furent déterminants pour la formation humaine et chrétienne de plusieurs générations d'hommes qui ont su donner toute leur mesure, dans l'eglise comme dans la Cité. Une priorité : l'intelligence de la foi Dès les origines, Rome avait insisté sur l'importance de la théologie dans une université catholique, sachant que c'était à la fois le cœur et la spécificité de l'institution. Ce choix, cette priorité donnée aux disciplines religieuses sans exclusivité, mis en œuvre en particulier par Mgr Pierre Haubtmann, après le Concile, a permis de dépasser les vaines querelles d'un enseignement concurrentiel et d'affermir une féconde collaboration universitaire complémentaire. «Le critère de ce choix ne doit pas être la commodité mais le service de l'eglise, un service, cela s'entend, proprement universitaire, avec la spécificité et la technicité du travail effectué à ce niveau, et une Eglise qui se veut au monde en position de servante discrète et désintéressée, selon l'idéal de Vatican II. «C'est pourquoi l'institut catholique de Paris tient pour majeure la réflexion théologique et philosophique : de même que le cœur, dans un organisme, bat pour assurer la vie, ainsi la réflexion théologique et philosophique «vivifie» tout l'organisme différencié de l'ensemble des disciplines universitaires. «L'Institut catholique de Paris a cherché à se définir statutairement dans ce sens : sa vocation première est l'enseignement et la recherche dans l'ordre des sciences religieuses et des disciplines connexes ; il institue également des enseignements et des recherches dans les disciplines profanes, en rapport avec la mission de l'eglise» (5). (5) Conférence faite aux Anciens et aux Amis de l'institut catholique de Paris par Mgr Paul Poupard, recteur, le 7 avril 1973, éditée par l'association des Amis de l'institut catholique de Paris, 1975, p. 3. 274

L'INSTITUT CATHOLIQUE EN 1975 L'Eglise se veut présente dans le monde de ce temps, et la vocation primordiale de l'enseignement supérieur catholique est donc d'assurer la qualité et la fécondité d'un dialogue de soi difficile entre la foi et les diverses formes de culture du monde actuel. Telle est la tâche, et donc la justification, d'un institut catholique. Dans cette perspective, qu'est-ce, en 1975, que l'institut catholique de Paris? A des jeunes et à des adultes, aussi bien en période de formation initiale qu'en cours de formation continue, l'institut catholique de Paris offre trois grands ensembles de services : Les sciences religieuses C'est pour mieux répondre aux exigences actuelles de l'enseignement théologique et de la recherche religieuse que la plupart des disciplines ecclésiales de l'institut catholique de Paris se sont regroupées pour former une unité d'enseignement et de recherche de théologie et de sciences religieuses (U.E.R.). Le choix de cette dénomination n'est pas fortuit, et l'institut catholique de Paris prétend fournir dans le cadre diversifié de son U.E.R. un service original qui éveille l'intérêt des milieux universitaires francophones tant par son sérieux que par l'ampleur de ses intérêts et la pluridisciplinarité de certaines de ses approches... Cet ensemble universitaire, absolument unique en France pour les questions religieuses, retient l'attention des autorités publiques qui en constatent l'originalité et le rayonnement culturel bien au-delà de nos frontières. Cette U.E.R. permet actuellement à 1 400 étudiants de trouver à la fois la formation théologique fondamentale nécessaire et, au niveau des 2' et 3* cycles, les spécialisations nées de la recherche actuelle : liturgie, œcuménisme, religions non chrétiennes, pastorale et catéchèse, musique liturgique, etc. Cet effort d'adaptation va dans le sens de la loi d'orientation et de l'organisation actuelle des universités où les étudiants préparent pour un même diplôme des unités de valeur diversifiées, selon leurs préférences et compétences en vue de la mission qu'ils auront à remplir. Une formation tout aussi exigeante et préparant aux mêmes diplômes a été conçue pour ceux qui sont déjà engagés dans la vie professionnelle et familiale : elle se réalise en cours du soir et travaux du week-end. A la fin de l'année universitaire 1974-1975 a été ainsi décernée pour la première fois à des laïcs la licence de théologie. De nombreuses soutenances de thèses manifestent la vitalité de la recherche théologique, qui s'exprime à travers de multiples publications dans diverses revues et collections, en particulier le Point théologique, Théologie historique de Beauchesne, Cogitatio Fidei aux éditions du Cerf. Bientôt le Point philosophique viendra s'ajouter au 275

Point théologique. Et les Nouvelles de l'institut catholique de Paris rendent compte périodiquement des principales manifestations de la vie universitaire, en particulier de diverses commémorations : récemment Jacques Maritain, Maurice Blondel, Thérèse de Lisieux, Thomas d'aquin, l'abbé Migne, les chrétiens et Dieu, et prochainement Soloviev (6). Outre cette U.E.R. de théologie et de sciences religieuses il faut mentionner les facultés de droit canonique et de philosophie, l'institut d'études sociales, l'institut d'études religieuses, la formation permanente du clergé. Une place spéciale doit être réservée au Séminaire universitaire de l'institut catholique de Paris, dit «Séminaire des Carmes», en raison du vieux couvent qui l'abrite ; il occupe les lieux mêmes où les martyrs de septembre 1792 vécurent leurs dernières heures et versèrent leur sang, en témoignage de leur fidélité à l'eglise. Il fait suite à l'ecole des hautes études ecclésiastiques instituée par Mgr Affre, en 1845. L'Eglise de France avait alors un besoin urgent de prêtres cultivés, capables de suivre les progrès scientifiques et de présenter la doctrine chrétienne d'une manière adaptée aux nouvelles exigences de l'esprit. Cette Ecole des Carmes ne recevait donc que des prêtres désignés pour faire des études supérieures tant dans les disciplines profanes que dans les sciences sacrées. L'actuel Séminaire universitaire fondé par le cardinal Verdier poursuit la même vocation : il a toujours pour but de donner à un certain nombre de futurs prêtres non seulement une formation spirituelle soude, mais aussi une culture religieuse approfondie particulièrement adaptée aux difficultés contemporaines. La durée des études y est de six ans. En effet, les étudiants des Carmes préparent normalement les grades de philosophie et de théologie décernés par les facultés de l'institut catholique dont ils suivent les cours. Cette culture religieuse suppose une culture profane, littéraire ou scientifique. Le Séminaire se recrute en effet parmi les jeunes gens qui, manifestant la vocation au ministère presbytéral, ont accompli au moins un cycle d'enseignement supérieur, ou reçu une autre formation qui leur permette de profiter des études philosophiques ou théologiques en faculté. Les disciplines ou branches professionnelles qui se trouvent représentées sont fort diverses. Le monde de la technologie tend à supplanter celui des Lettres. Le secteur des Sciences humaines résiste bien. Les anciens enseignants sont assez nombreux. La communauté du Séminaire est animée par une équipe de prêtres diocésains, dont certains appartiennent à la Compagnie de Saint-Sulpice, autour du Supérieur, le Père Emile Marcus. (6) Nouvelles de l'institut catholique de Paris, revue trimestrielle (Association des Amis de l'institut catholique de Paris, 21, rue d'assas, 75270 Paris, Cédex 06, C.C.P. Paris 279-70-20. 20 F par an). 276

L'effectif des séminaristes oscille autour de 80. Une moitié appartient à la région parisienne, l'autre étant constituée de représentants des divers diocèses français et de quelques étrangers. Parmi les «anciens» des Carmes, quelques-uns sont célèbres : le cardinal Lavigerie et plus près de nous les cardinaux Veuillot, Villot ; de nombreux évêques actuels ont été formés rue d'assas, et d'autres anciens ont d'importantes responsabilités dans l'eglise de France, comme aussi en dehors de France. De récents voyages m'ont permis de le constater, aussi bien en Europe de l'est qu'en Amérique du Nord et en Amérique latine, en Afrique et jusqu'au cœur de l'asie. Cette section religieuse intéresse directement 3 200 étudiants ou auditeurs. Les disciplines profanes Parmi les problèmes les plus aigus de ces dernières années, il faut rappeler la remise en question par certains non seulement du développement mais même de la survie du secteur profane de l'enseignement catholique, et cela en partie à cause de la précarité des ressources financières. La réflexion conduisit à refuser de faire de l'institut catholique de Paris une simple «citadelle théologique», selon le mot de Mgr Haubtmann ; il s'agit d'aider la réflexion chrétienne à pénétrer du ferment évangélique tous les secteurs du monde moderne, et c'est pourquoi le secteur des disciplines profanes conserve aujourd'hui encore à l'institut catholique de Paris sa place traditionnelle, avec les indispensables aménagements qui s'imposent à toutes les universités : décentralisation, modalités différentes pour l'enseignement et pour la validation des connaissances, etc. La faculté des lettres, qui touche présentement 600 étudiants, bénéficie depuis 1972 d'une convention avec l'université de Paris-Sorbonne qui lui accorde l'autonomie pédagogique et permet à ses étudiants d'être examinés en Sorbonne sur des programmes définis par ladite convention. Ces programmes sont négociés et déterminés en tenant compte de l'incidence chrétienne de leur contenu, du domaine de compétence et de la notoriété de ses professeurs. La faculté répond sans mal à cette orientation d'ensemble dans ses départements d'histoire, de lettres classiques et modernes et de langues vivantes étrangères. Assurément il n'existe pas une manière chrétienne d'enseigner l'indispensable technique d'une langue étrangère, mais les questions de civilisation entrent au contraire à l'évidence dans l'optique définie. La pédagogie n'est pas ignorée par le secteur profane. Ce dernier renforce ses liens avec Yinstitut supérieur de pédagogie (I.S.P.), qui relève du secteur religieux, mais il possède lui-même un département chargé de donner une formation de base visant à aider les diver- 277

ses catégories d'enseignants, d'éducateurs et d'éducatrices à acquérir une formation pédagogique théorique et pratique. De son côté, le centre de formation pédagogique pour l'enseignement spécialisé (C.F.P.E.S.), qui réunit environ 70 étudiants, prépare des éducateurs et des éducatrices capables d'assurer la formation des enfants mentalement handicapés. Deux organismes de cette section, l'institut de langue et de culture françaises (I.L.C.F.) et les cours universitaires d'été (C.U.E.), sont destinés aux étudiants étrangers et à ce titre contribuent grandement au rayonnement international de l'institut catholique de Paris. Ce secteur des sciences profanes comporte plus de 4 500 étudiants. Les écoles supérieures professionnelles Faisant partie académiquement de l'institut catholique de Paris, ces écoles professionnelles jouissent d'une totale autonomie administrative et financière. Leur réputation n'est plus à faire. Ainsi, les diverses promotions de l'e.s.s.e.c. rivalisent heureusement avec celles de H.E.C. sur le marché du travail ; les ingénieurs agronomes sortis de 1T.S.A.B. (institut supérieur agricole de Beauvais), les spécialistes électroniciens formés par l'i.s.e.p. (institut supérieur d'électronique de Paris), les chimistes de l'e.s.c.o.m. (école supérieure de chimie organique et minérale), se placent aussi facilement que nos spécialistes en psychologie appliquée, nos bibliothécaires-documentalistes ou nos interprètes-traducteurs. Mais que signifierait pour l'institut catholique un enseignement, d'une haute qualité technique certes, qui ne s'enracinerait pas dans une inspiration chrétienne nettement perceptible? Il faut à tout prix dépasser la simple appartenance morale à l'institut catholique de Paris, qui se réduirait à la figuration dans l'annuaire et à l'acceptation de la présence d'un aumônier, pour viser à la constitution de véritables communautés chrétiennes qui, composées à la fois d'enseignants et d'étudiants, s'efforcent d'animer toute l'école et de donner à la formation professionnelle une dimension humaine et chrétienne authentique : vaste programme que s'efforcent de réaliser nos grandes écoles... Cette section professionnelle regroupe plus de 3 000 étudiants. Le rayonnement international de l'institut catholique de Paris De l'étranger l'on peut mesurer, plus encore qu'en France, le rayonnement international de l'institut catholique de Paris que l'on n'apprécie peut-être pas sur place à sa juste valeur. C'est dans le secteur religieux que la proportion des étudiants étrangers est particulièrement importante : 26 % en faculté de théologie, 37 % en faculté de philosophie, 65 % à l'institut de pastorale catéchétique, 61 % à l'institut de sciences et théologie des religions, 40 % à l'institut d'études sociales, etc. Il va sans dire qu'il est un lieu où ces étudiants étrangers sont 278

plus que majoritaires, c'est bien sûr l'institut de langue et culture françaises qui fonctionne tout spécialement pour eux, comme en juillet les cours universitaires d'été : là ils trouvent les moyens d'apprendre à parler et à écrire notre langue et à pénétrer notre civilisation. Uinstitut de langue et de culture françaises (I.L.C.F.) a accueilli durant l'année universitaire 1974-1975 plus de 2 500 étudiants, issus de 101 pays, pour un séjour de trois, six ou neuf mois. Le nombre des étudiants d'origine africaine et asiatique croît constamment. Les méthodes employées et la formation humaine et chrétienne offerte par les professeurs constituent une originalité qui répond aux préoccupations des plus hauts responsables. Les cours universitaires d'été (C.U.E.) réunissent, pendant la durée du mois de juillet, environ 800 étudiants. La session de 1975 a été la vingt-cinquième du genre. Une soixantaine de nationalités sont représentées chaque année. Ces cours permettent des rencontres et des échanges de haute efficacité non seulement sur le plan des contacts humains, mais aussi de l'intelligence et de l'expérience religieuses : étude de notre langue par les méthodes les plus modernes, conférences diverses ; visites de monuments, excursions, soirées folkloriques, veillées religieuses, alternent durant ces quatre semaines. A l'intention des étudiants étrangers, dans le pavillon de Fréville au fond du jardin des Carmes, a été créé un laboratoire de langues très fréquenté. En 1974-1975, l'institut catholique de Paris a accueilli 4 243 étudiant étrangers appartenant à 85 nations dans les facultés, instituts, écoles ou sessions. A ce rayonnement international «direct», il faut ajouter la présence de l'institut catholique de Paris à l'étranger sous des formes diverses : L'institut supérieur de culture religieuse d'abidjan, fondé par l'institut catholique et «jumelé» avec l'institut supérieur de pastorale catéchétique. Cet institut est au service de toute l'afrique francophone, et ses diplômes sont reconnus par l'institut catholique. Sa direction est maintenant autochtone, mais nous continuons à l'aider par nos professeurs, au moment où l'épiscopat africain le transforme en faculté de théologie. L'institut fur Katechetik und Homiletik de Munich et l'institut supérieur de pastorale catéchétique ont, depuis 1959, des rencontres tous les deux ans. E f une collaboration féconde s'est instaurée entre l'institut supérieur de pastorale catéchétique et des responsables de la catéchèse du Paraguay. D'autres rencontres internationales ont lieu entre étudiants ainsi que des échanges de professeurs, par exemple avec la Pologne. Le centre d'études juridiques reçoit chaque année, pour un mois, l'école de droit de l'université de San Diego, en Californie. Des professeurs assurent régulièrement des enseignements dans des universités étrangères : Etats-Unis, Canada, Amérique latine, Louvain, Espagne, etc. 279

Des sessions sont animées par des responsables de l'institut catholique à tous niveaux : pour des évoques, des prêtres, des religieuses, des laïcs... à travers le monde. LES CELEBRATIONS DU CENTENAIRE Le 10 décembre 1975, à l'unesco, se déroulera une séance commémorative commune aux cinq instituts catholiques français et placée sous le haut patronage du président de la République avec la participation du cardinal Gabriel-Marie Garrone, envoyé personnel du Saint-Père Paul VI, du cardinal Marty, archevêque de Paris, chancelier de l'institut catholique de Paris, et des chanceliers des autres instituts catholiques, de Jean-Pierre Soisson, secrétaire d'etat aux universités, de M. Pierre Emmanuel, de l'académie française, qui parlera de «la culture et l'intelligence chrétienne», en présence des représentants de : l'union des établissements d'enseignement supérieur catholique (U.D.E.S.C.A.) ; la Conférence des recteurs européens (C.R.E.) ; l'association des universités partiellement ou entièrement de langue française (A.U.P.E.L.F.) ; la Fédération internationale des universités catholiques (F.I.U.C.) ; l'association internationale des universités (A.I.U.), dont sont membres nos instituts. D'autres célébrations sont prévues : messes, colloques et manifestations culturelles, des publications d'ouvrages ainsi que le Livre du centenaire et un volume de Mélanges scientifiques (7). Diverses conférences marqueront par ailleurs cette année, dont une du recteur de l'institut catholique de Paris, le 1 er avril 1976, au centre culturel Saint-Louis-des-Français à Rome : «De Vatican I à Vatican II, un siècle d'enseignement supérieur catholique en France». VERS L'AVENIR Comment une Maison comme la nôtre ne serait-elle pas en pleine recherche et en constante adaptation dans ce monde changeant où nous sommes pour y remplir toujours mieux son service d'intelligence de la foi et de rencontre des cultures? Renouant avec une ancienne tradition, la Catho propose dès cette année des cours publics répondant à de nombreuses demandes : (7) Voir ci-après, dans les Propos du mois, le détail de ces diverses manifestations et le sommaire des ouvrages. 280

pédagogie de la transmission de la foi chrétienne (Père François Coudreau) ; la Vierge Marie : question théologique (abbé René Laurentin). Elle entend aussi honorer une triple et insistante requête portant sur trois domaines qui sont autant de points vitaux pour la réflexion chrétienne : foi et vie familiale, foi et vie spirituelle, foi et développement. A un autre plan enfin, l'institut catholique de Paris va redonner vie à l'antique palais abbatial de Saint-Germain-des-Prés, en y implantant, au cœur du quartier Latin, une Maison de la pédagogie et l'institut d'études augustiniennes. Le visage d'un centenaire n'est plus celui du jeune adolescent incertain qu'il a été. Que sera l'institut catholique de Paris demain? Répondre de façon précise à cette question serait sans nul doute, comme le disait saint François de Sales, «enjamber sur la Providence»... Comment être digne de ce passé prestigieux, sinon en construisant l'avenir par des moyens nouveaux pour répondre à la même mission ecclésiale : rendre l'eglise présente au monde de la pensée, de l'enseignement, de la recherche, des milieux professionnels, c'està-dire à la culture de notre temps. Pour ce faire, dans un monde en pleine mutation, il s'agit avant tout de former des hommes et des femmes dont l'intelligence et la foi ne cesseront de croître dans une ouverture totale à leur temps, et qui pourront ainsi faire preuve d'une vraie imagination créatrice dans l'esprit. Jamais peut-être l'avenir de l'institut catholique de Paris n'a été si plein d'espérance car les tâches qui s'offrent à lui sont innombrables et passionnantes, à la mesure des générations montantes qui tiendront la barre de l'an 2000. MGR PAUL POUPARD Recteur de l'institut catholique de Paris 281