RAPPORT. evan twomey / ranitomeya summersi. AmAzonie vivante dix ans de découvertes : 1999-2009



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Transcription:

RAPPORT FR 2011 evan twomey / ranitomeya summersi Conservation Biodiversité AmAzonie vivante dix ans de découvertes : 1999-

bienvenue dans la Plus grande forêt tropicale de la PlAnète L abrite la plus grande forêt tropicale et le plus grand bassin versant du monde. 30 millions de personnes y vivent ainsi que des milliers d espèces, telles que le jaguar, le dauphin de rivière, le lamantin, la loutre géante, le capibara, la harpie féroce, l anaconda ou encore le piranha. Les nombreux habitats uniques de cette région importante sont riches de nombreuses espèces encore inconnues, que les scientifiques continuent de découvrir à une cadence surprenante. Entre 1999 et, au moins 1200 nouvelles espèces de plantes et de vertébrés ont été découvertes dans le biome amazonien : 637 plantes, 357 poissons, 216 amphibiens, 55 reptiles, 16 oiseaux et 39 mammifères. à cela s ajoute la découverte de milliers de nouvelles espèces d invertébrés. Ces dernières sont tellement nombreuses qu elles ne figurent pas dans ce rapport. Le paradoxe est qu il n existe pour le moment aucune liste spécifique concernant l embranchement le plus important de la planète. Le nombre de nouvelles espèces présentées ici est donc sans aucun doute sous-estimé.

brent striton / Getty images / WWF-UK

Avant-Propos de Ahmed Djoghlaf Avant-propos de Ahmed Djoghlaf, Secrétaire Exécutif, Convention sur la Diversité Biologique L importance vitale de la forêt nne est bien connue. Forêt tropicale la plus vaste du monde, elle abrite une biodiversité inégalée. Elle est le refuge d une espèce répertoriée sur dix ainsi que d une espèce d oiseaux sur cinq. La forêt nne recèle la plus grande diversité de plantes sur terre : selon l endroit où l on se trouve, on compte entre 150 et 900 arbres par hectare. L abrite également un réseau de communautés amérindiennes variées, et ses ressources naturelles abondantes constituent pour beaucoup un moyen de subsistance, tant au cœur de la région qu à l extérieur de celle ci. Cependant, ce joyau de notre planète n a pas échappé à l insatiable appétit du développement non durable. Au moins 17% de la forêt nne a été détruite, et une plus grande partie encore est sérieusement menacée, puisque la destruction est toujours en cours. Comme l a dit Dan Nepstad, naturaliste respecté spécialiste de l : «L est le canari du coup de grisou». La perte de la forêt tropicale a un impact profond et dévastateur sur la planète parce que ce milieu est riche d une biodiversité très importante. Les 1220 nouvelles espèces évoquées dans ce rapport illustrent non seulement la richesse de la biodiversité de la plus grande forêt tropicale et du plus grand bassin versant du monde, mais aussi tout ce que nous avons toujours à apprendre sur ce biome extraordinaire. De nombreux explorateurs scientifiques se sont aventurés au plus profond des spectaculaires confins inconnus de l Amazone et ont contribué de façon significative à notre connaissance de l. Cependant, des travaux très basiques sur l histoire naturelle de l sont toujours en cours car nous manquons d informations. Nous n avons fait qu effleurer la surface de l et les scientifiques sont confrontés à de nombreuses zones d ombre. Le monde scientifique commence à peine à prendre conscience de ce que les peuples autochtones d savent depuis des siècles : beaucoup de cultures ancestrales peuplant l ont une connaissance approfondie des richesses de la région, et cette connaissance pourrait se révéler essentielle à la réussite des efforts de préservation à venir. Au vu de l augmentation de la pression humaine sur les ressources de la planète, il est vital de mettre en place un système efficace d aires protégées afin de préserver les écosystèmes, les habitats et les espèces. Le programme de travail sur les aires protégées de la Convention sur la Diversité Biologique (CBD) (www.cbd.int/protected) propose un plan de mise en place, de gestion et de gouvernance des aires protégées ainsi que des outils nécessaires à la réussite de ce plan. Il trace le chemin de façon détaillée et identifie des buts précis. Il en résultera des aires protégées qui remplissent leur rôle, ô combien important, de préservation in situ de la biodiversité du monde. Ce programme pose un cadre pour la coopération entre les gouvernements, les donateurs, les ONG et les habitants locaux. Sans une telle coopération, les projets ne peuvent pas être viables sur le long terme. Sur ce dernier point, le secrétariat de la CBD souhaiterait féliciter le WWF pour l aide qu il a apporté au Réseau d Aires Protégées d Amérique Latine (REDPARQUES) en promouvant un dialogue et une vision régionale de l afin de mettre en place le programme de travail sur les aires protégées de la CBD. La nécessité de préserver l ne peut pas être mieux exprimée que par ces mots de Chico Mendes, récolteur de latex et activiste écologiste brésilien : «J ai d abord pensé me battre pour sauver les hévéas. Ensuite, j ai pensé que je me battais pour sauver la forêt tropicale amazonienne. A présent, je comprends que je me bats pour l humanité.» Aujourd hui, alors que le monde plie sous la menace du changement climatique, il est d une importance capitale de garder intactes de grandes étendues de forêt tropicale, non seulement pour les peuples de l, mais aussi pour les individus du monde entier. C est pour cela qu à l occasion de l Année Internationale de la Biodiversité, un changement de priorité doit se mettre en place dans un monde qui cherche à se développer à tout prix, pour commencer de toute urgence à sauvegarder la fonctionnalité et l incroyable biodiversité du biome amazonien. vivante page 4

Préface de Francisco José Ruiz Marmolejo Préface de Francisco José Ruiz Marmolejo, Leader, Initiative Vivante, WWF L est le seul endroit sur terre où se trouve la manifestation d une vie d une pareille exubérance et luxuriance. Ici, le plus grand bassin versant de la planète est une immense source de vie pour la forêt tropicale la plus vaste et la plus diverse du monde. Depuis des millénaires, les peuples indigènes dépendent des services environnementaux et des ressources naturelles de la région, que nous nous efforçons encore à ce jour de mieux cerner, comme le montre ce rapport. La richesse naturelle de l est au delà des mots. Le nombre important de découvertes récentes que nous présentons ici montre que nous avons encore beaucoup à apprendre au sujet de l étendue de cette diversité. Entre 1999 et, plus de 1200 nouvelles espèces de plantes et de vertébrés on été découvertes en. Cela représente une nouvelle découverte tous les trois jours, et ce sans parler des invertébrés. Ce rapport présente les nouvelles espèces de huit pays ainsi que d un territoire ultra marin. Ces fabuleuses découvertes incluent un poisson rouge aveugle surréaliste, une grenouille venimeuse à anneau rose de la taille d une pièce de monnaie, une nouvelle espèce d anaconda longue de 4 mètres, une tarentule terricole à crochets bleus et un perroquet chauve. Ces découvertes renforcent notre appréciation de l immense valeur de l. Malheureusement, la recherche révèle que beaucoup d espèces amazoniennes sont en grave danger, alors que nous les découvrons à peine. à titre d exemple, la découverte de l une des plus petites espèces de porc-épic arboricole au monde a été faite lors d une opération de sauvetage de faune sur le site d un barrage hydroélectrique sur l Amazone. Des hommes peuplent l depuis plus de 11000 ans. Pourtant, c est seulement au cours des 50 dernières années que l homme a causé la destruction d au moins 17% de la forêt tropicale amazonienne. La majorité de la région reste relativement intacte, mais de nombreuses menaces pèsent sur elle. Des modèles inappropriés de développement, une croissance économique régionale rapide, des demandes énergétiques en hausse et une tendance non viable du marché agroalimentaire ont un impact de plus en plus important sur l. De plus, les changements climatiques n arrangent pas la situation. Depuis plus de 40 ans, le WWF contribue à la protection de l. Nous soutenons la mise en place d aires protégées emblématiques, telles que le Parc National du Manù, le Parc n de Guyane, le Parc National de Jaú, la Réserve de Développement Durable de Mamirauá et le Parc National des Montagnes du Tumucumaque. Ces dernières ont été le point de départ de certains des efforts de conservation les plus importants de la région, dont le programme d Aires Protégées de la Région nne. Un autre exemple des efforts du WWF pour la conservation de l est son travail avec les communautés locales pour mettre en place une gestion durable des zones de pêche dans les varzeas brésiliennes. Nous avons aidé les communautés autochtones dans leur combat contre la pollution des terres marécageuses du nord du Pérou liée à l exploitation du pétrole. Nous avons également promu la production certifiée de bois au Pérou, en Bolivie et sur le plateau des Guyanes. Cependant, malgré ces améliorations, la dégradation continue. Pour cette raison, l angle d approche du WWF et de nos partenaires en ce qui concerne la conservation évolue constamment afin de s adapter au nombre grandissant de menaces et de s assurer de la protection de zones encore plus vastes. Aujourd hui, nous nous appuyons sur notre expérience de plus de 40 ans dans le domaine de la conservation pour notre initiative Vivante. Nous soutenons le développement durable à travers tous les pays de l. Nous mettons en place des alliances parmi les populations locales, les autorités régionales et nationales et le secteur privé. Nous souhaitons également nous assurer que les contributions environnementales et culturelles vitales de l, qu elles soient locales, régionales ou globales, deviennent durables et qu elles se fassent de façon juste pour ceux qui habitent cette région. L aide à la conservation de la vie telle que nous la connaissons. La sauvegarde de cette région, de l incroyable diversité de ses espèces et des innombrables services qu elle nous procure à tous est à présent entre nos mains. vivante page 5

Synthèse L est une des régions les plus diversifiées de la planète. L extraordinaire abondance de nouvelles espèces découvertes entre 1999 et en atteste pour le moins. La plupart des découvertes proviennent du réseau des aires protégées instaurées dans la région. Quelques 1 200 nouvelles espèces de plantes et de vertébrés ont été découvertes dans le biome de l durant cette période. C est un nombre supérieur au total conjugué de nouvelles espèces découvertes sur une période similaire d une décennie dans d autres zones à forte diversité biologique y compris Bornéo, le Bassin du Congo et à l est de l Himalaya. Ces nouvelles découvertes illustrent l étendue de l extraordinaire biodiversité présente à la fois dans la forêt tropicale et le bassin versant les plus grands au monde. Ils témoignent aussi de tout ce qu il y a encore à apprendre de cet endroit incroyable. Enfin, ce rapport ne saurait avoir vu le jour sans le professionnalisme de douzaines de scientifiques locaux et internationaux. Ce rapport est un hommage aux fascinantes et uniques espèces qui se rencontrent en : une région qui s étend sur huit pays sud américains et un territoire d Outre Mer et qui abrite 30 millions d habitants. Le rapport attire également l attention sur de nombreux habitats vitaux qui sont soumis à de plus en plus de pressions suite à un développement non durable. L est encore constituée d environ 83% de son habitat original mais une combinaison létale de différentes menaces érode son ensemble. De nombreuses espèces endémiques sont soumises à des vagues d exploitation de ressources. Après des siècles d intrusion humaine réduite, 17% des forêts de l ont déjà été détruites en à peine 50 ans. La raison principale de cette transformation est l expansion rapide des marchés à la fois régionaux et mondiaux de viande, de soja et de biocarburants. Ils sont à l origine de la demande croissante de terres. Des projets à grande échelle de transports et d infrastructures énergétiques, ajoutés à une gestion inexistante, une gouvernance défaillante et l absence d une vision intégrée de développement durable pour l contribuent également à la déforestation et la dégradation des habitats forestiers et d eau douce. Ils augmentent la pression sur les ressources naturelles et les services environnementaux de l, dont dépendent des millions d individus. Les températures élevées et les précipitations en baisse provoquées par les changements climatiques exacerberont ces tendances. L ensemble de ces éléments pourrait conduire à un point de non retour à partir duquel l écosystème de la forêt tropicale s effondre. Les implications en termes de biodiversité, de climat mondial et de moyens de subsistance humains entrainées par une évolution majeure de cet immense écosystème seraient profondes. Les forêts d stockent entre 90 et 140 milliards de tonnes de carbone. En relâcher ne serait-ce qu une partie accélérerait le réchauffement mondial de manière significative. Non seulement 30 millions d individus y habitent mais une espèce connue sur terre sur dix vit en. Ils dépendent tous des ressources et services de l. C est également le cas de millions d autres, en Amérique du Nord et en Europe, qui sont affectés par la vaste sphère d influence climatologique de l. L fournit des ressources et des services naturels vitaux, et offre un moyen de subsistance pour beaucoup en dehors de la région. Mais l avenir de la région dépend d un changement significatif dans le développement actuel des pays de l. Il est vital que l soit gérée de manière durable et dans sa globalité. Le souhait de protéger les fonctionnalités du biome pour le bien commun doit devenir la préoccupation centrale des nations de l. vivante page 6

Une gestion responsable de l est déterminante, à commencer par le rôle que la région joue dans la lutte contre les changements climatiques. C est dans ce sens qu il est de l intérêt à long terme des individus et des sociétés autour du monde de maintenir la forêt amazonienne en bon état écologique afin qu elle puisse continuer à fournir des contributions environnementales et culturelles aux communautés locales, aux pays de la région et au monde dans le cadre d une équité sociale, un développement économique intégré et une responsabilité globale. à travers l Initiative Vivante, le WWF travaille avec des acteurs nationaux et régionaux des neuf pays amazoniens afin de créer des conditions de haut-niveau pour permettre la conservation et le développement durable de l. En tant que partie prenante de l Initiative, le WWF, l UICN, le Traité de Coopération nne, le Secrétariat de la Convention de la Diversité Biologique ainsi que d autres, financent le Réseau d Aires Protégées d Amérique Latine (REDPARQUES) pour l élaboration d une stratégie de conservation pour l. Cette stratégie s appuie sur les politiques de conservation mises en place et autour des complexes d aires protégés de chacun des pays de l. Celle-ci contribuera à répondre aux engagements pris sous la Convention pour la Diversité Biologique des Nations Unies. L dans son entier est «supérieure à la somme de ses parties» : ainsi l élaboration d une vision pour la conservation aidera à maintenir l intégrité et la fonctionnalité de la région ainsi que sa résilience à l égard de nouvelles menaces et en particulier celles des changements climatiques. peter conheim / Bluefang spider Ephebopus cyanognathus vivante page 7

6,7 million de km 2, c est la surface de la région amazonienne Géographie L constitue la plus grande forêt tropicale au monde, et la diversité de ses espèces et de ses habitats est incomparable. Sa complexité et sa taille sont inégalées et son importance est reconnue de tous. Cette région couvre 6,7 million de km2 à travers la Bolivie, le Brésil, la Colombie, l Equateur, la, le, le Pérou, le Suriname et le Venezuela. Elle est principalement recouverte d une forêt tropicale humide dense, mais elle inclut également plusieurs autres types d habitats uniques tels que des forêts de montagne, des forêts de basse terre, des forêts inondées, des prairies, des marécages, des forêts de bambous et de palmiers. Cet écosystème régule les précipitations et approvisionne en eau douce une bonne partie de l Amérique du Sud. Recouvrant une zone deux fois plus grande que les 27 pays de l Union Européenne, la forêt amazonienne est tellement vaste qu elle contribue au bon équilibre du climat mondial. L contient non seulement la moitié de la forêt tropicale restante sur la planète, mais aussi le plus grand bassin versant au monde. Le fleuve Amazone s écoule vers l Est et se déverse dans l océan Atlantique. Ce bassin versant est délimité par le Plateau des Guyanes au nord, le bouclier brésilien au sud et les Andes à l ouest. L Amazone est de loin le plus grand fleuve du monde si l on considère le volume d eau qu il rejette dans l océan. Avec une moyenne d approximativement 219 000 m 3 par seconde, il représente à lui seul 15 à 16% des eaux fluviales rejetées dans l océan. Deux heures d écoulement seulement seraient nécessaires pour satisfaire les besoins annuels en eau des 7,5 millions d habitants de la ville de New York. Ce système fluvial est la ligne de vie de la forêt tropicale et il a joué un rôle important dans le développement local. Plus de 30 millions de personnes peuplent cette région, et plus de 280 langues différentes y sont parlées. Environ 9% de la population amazonienne (soit 2,7 million de personnes) est constituée de plus de 320 groupes amérindiens, dont 60 n ont pratiquement pas de contact avec le monde extérieur ou bien vivent en isolement de façon volontaire. Les identités et les traditions de ces peuples, leurs coutumes, leur style de vie et leurs moyens de subsistance ont été façonnés par leur environnement et ils demeurent profondément dépendants de l, bien qu ils soient de plus en plus partie intégrante des économies nationales et mondiales. biodiversité La richesse inégalée de la biodiversité terrestre et aquatique de l produit parmi les images les plus spectaculaires que la nature peut offrir. L abrite un impressionnant 10% de la biodiversité mondiale, dont une faune et une flore endémique menacée. L héberge la plus grande diversité d oiseaux, de poissons d eau douce et de papillons de la planète. C est le seul refuge au monde pour les espèces menacées telles que la harpie féroce et le dauphin rose. On y trouve également des jaguars, des loutres géantes, des aras Macao, des paresseux à deux doigts, des ouistitis pygmées, des tamarins à selle, empereurs et de Goeldi ainsi que des singes hurleurs. On y rencontre plus d espèces de primates que partout ailleurs dans le monde. La richesse biologique de l est tellement immense qu elle inclue des éléments de 56 des 200 écorégions mondiales et des paysages d importance internationale, dans leur totalité ou seulement en partie. De plus, on y trouve six sites figurant au patrimoine mondial de l humanité et plus de dix zones de répartition d oiseaux endémiques. vivante page 8

Cette région regroupe de plus de 600 types différents d habitats terrestres et d eau douce. Un nombre considérable de plantes et d animaux de la planète vivent en. à ce jour, au moins 40000 espèces de plantes y ont été découvertes, dont 75% sont endémiques à cette région. En, 427 mammifères, 1300 oiseaux, 378 reptiles, plus de 400 amphibiens et au moins 3000 espèces de poisson de cette région avaient fait l objet d une classification scientifique. C est le plus grand nombre d espèces de poissons d eau douce du monde. Il en va très certainement de même pour les invertébrés. 365 espèces appartenant à 68 genres de fourmis ont été trouvées dans environ cinq hectares de forêt tropicale amazonienne. L ampleur de ces habitats et l inaccessibilité de la majorité d entre eux ont fait que beaucoup d espèces n ont pas encore été découvertes par les scientifiques. The Amazone biome Colombie Vénézuela Suriname Guyane Française Océan Atlantique Équateur Pérou Brésil Bolivie Océan Pacifique La plus grande forêt tropicale et plus grand bassin versant du monde, l abrite une espèce répertoriée sur dix. vivante page 9

12000 nouvelles espèces découvertes Le Parc National Montagnes du Tumucumaque au Brésil a une taille équivalente à celle de la Suisse. Il longe le Parc n de Guyane en et procure d importants espaces aux espèces qui ont besoin d un vaste territoire, tels que le jaguar et la harpie féroce.

Kitt Nascimento

1200 Nouvelles Espèces Découvertes L homme peuple l depuis plus de 11,000 ans. Mais le fleuve Amazone n a été navigué pour la première fois qu au XVIe siècle, par le conquistador Don Francisco de Orellana (1511-1546). En quête de vastes forêts de cannelle et de la légendaire cité d or, El Dorado, Orellana partit de Quito, en Equateur, en février 1541. L expédition ne trouva ni cannelle ni or, mais tomba sur le plus grand fleuve du monde en arrivant, le 11 février 1542, à la jonction du Napo et de l Amazone. Orellana baptisa ce fleuve «nouvellement découvert» le Rio de Orellana, nom qui sera abandonné au profit du nom plus familier de fleuve Amazone, en référence au mythique peuple de femmes guerrières, les Amazones. De nombreuses années s écoulèrent avant qu une autre expédition, la première à remonter le fleuve dans son intégralité, ne se déroule. En 1637-38, les premières informations détaillées sur le fleuve, son histoire naturelle et sa population, furent rapportées par le Père Cristobal de Acuña, qui faisait partie de l expédition menée par le général portugais Pedro Teixeira. Il consigna avec une précision étonnante des données sur la longueur et la taille de l Amazone et sur sa topographie. Il fit des descriptions détaillées des zones de forêts inondées rencontrées le long du fleuve, des systèmes de fermage et de cultures des peuples indigènes ainsi que de la faune aquatique. La première exploration scientifique «moderne»de l fut menée par Alexander von Humboldt et Aimé Jacques Goujaud Bonpland, qui prouvèrent que les systèmes fluviaux de l Amazone et de l Orénoque étaient reliés. à la suite de Humboldt vinrent un certain nombre d explorateurs scientifiques et d aventuriers,dont Spix et Martius qui, entre 1817 et 1820, réunirent une importante collection botanique et zoologique de l brésilienne. Henry William Bates, qui passa 11 ans au plus profond de l, amassa la plus grande collection individuelle d insectes jamais faite dans la région, avec près de 15,000 espèces, dont environ 8000 étaient alors inconnues de la science. Fernando Rivadavia La drosera d (Drosera amazonica) est décrite de façon officielle par les scientifiques en. Cette espèce est rouge et jaune et mesure 10 cm. Elle se trouve uniquement dans les savanes de sable blanc, inondée en certaines saisons. vivante page 12

Aires Protégées Rogerio Bertani L agrandissement du réseau des aires protégées de l Amazone et par là même de la protection des habitats importants, des écosystèmes et de la diversité biologique, ont certainement favorisé la découverte de nouvelles espèces par les scientifiques. L une des aires protégées les plus en vue est le Parc National Montagnes du Tumucumaque, créé en 2002. Les limites du Parc ont été choisies de façon stratégique afin de protéger sa biodiversité, et ont été élaborées par le WWF et l IBAMA (Institut Brésilien de l Environnement et des Ressources Naturelles Renouvelables), sous la direction du ministère de l environnement Brésilien. Avec ses 38 800 km2, le Parc est la plus grande zone de forêt tropicale protégée : elle est de la taille de la Suisse. On y trouve des espèces menacées telles que le jaguar et la harpie féroce, animaux qui ont besoin de grandes zones de forêt tropicale pour survivre. Grâce au soutien du programme Amazon Region Protected Areas (ARPA), fin, un total de 25 millions d hectares de nouvelles aires protégées a été créé en brésilienne, doublant ainsi la surface des aires protégée existantes avant la mise en place du programme. Dans la même dynamique, l Etat français a créé le Parc amazonien de Guyane en, représentant le plus grand parc national européen.la désignation du Parc du Tumucumaque a été le premier succès du programme ARPA, assurant ainsi une protection sur le long terme de certaines des caractéristiques biologiques et écologiques les plus importantes dans un système de parcs et de réserves bien géré. Ameerega pepperi d Ucayali et Huallaga au Pérou, décrite officiellement en Cyriocosmus nogueiranetoi du Rio Branco, dans l Etat d Acre. L espèce brun-rouge est officiellement décrite en. En protégeant des portions stratégiques de la forêt amazonienne, le programme ARPA apporte sécurité aux communautés locales qui dépendent de la forêt et protection à une variété incroyable d espèces d oiseaux, de mammifères, de poissons, de reptiles et d amphibiens. Le programme ARPA va surement apporter son soutien à la mise en place et à la gestion efficace de 60 millions d hectares (600000 km2) d aire protégée en brésilienne. Il est possible que le Parc National Yasuni, en Equateur, recèle la plus grande diversité biologique du monde. Le Parc National de Manù, au Pérou, classé au patrimoine mondial de l UNESCO, abrite 850 espèces d oiseau et héberge 10% des espèces de plantes de la planète. Un seul hectare de forêt tropicale à Manù peut abriter plus de 220 espèces d arbres, alors qu on n en compte que 20 dans un hectare de forêt tempérée d Europe et d Amérique du Nord. C est dans de tels parcs que les scientifiques ont pu explorer plus en profondeur la nature sauvage et la magnifique forêt tropicale, et ont pu juger de la véritable ampleur de la biodiversité que l on rencontre en. Ceci a mené, ces dix dernières années, à de nombreuses découvertes d espèces remarquables. Evan Twomey vivante page 13

Des résultats extraordinaires De récentes études ont fourni d extraordinaires résultats, tels que la découverte de passereau, le platyrhynque roux (Cnipodectes superrufus) dans le Parc National de Manù ; de drosera amazonica, une plante carnivore, dans la Parc du Rio Negro Secteur Sud,au Brésil ; d une nouvelle espèce de serpent (Atractus tamessari) dans le Parc National de Kaieteur, au et d une incroyable grenouille venimeuse (Ranitomeya amazonica) dans la Réserve Nationale Allpahuayo Mishana au Pérou. La fréquence des découvertes est tellement phénoménale en qu entre 1999 et, au moins 1222 nouvelles espèces de plantes et de vertébrés ont été mises à jour dans cette région. Ces nouvelles espèces incluent 637 plantes, 257 poissons, 216 amphibiens, 55 reptiles, 16 oiseaux et 39 mammifères en plus des milliers de nouvelles espèces d invertébrés que ce rapport ne saurait couvrir en détail. Beaucoup de ces nouvelles espèces sont très rares ou endémiques, ce qui souligne encore plus l importance des aires protégées pour la conservation des espèces. Mais nous n avons fait qu effleurer la surface de l. Beaucoup d éléments sont encore inconnus des scientifiques. Le monde scientifique commence à peine à prendre conscience de ce que les peuples indigènes savent déjà depuis des siècles : les nombreuses cultures ancestrales qui existent depuis des millénaires en ont une connaissance approfondie des richesses de cette région. Ce savoir se révélera peut être essentiel à la réussite des efforts à venir pour les protéger. Une expédition scientifique traverse des zones non encore étudiées du Brésil En juin, le WWF soutient une expédition scientifique dans la Forêt Nationale d Altamira, une aire protégée de 689012 hectares au cœur de l état brésilien de Pará. Cette partie de l cache des secrets dont même les chercheurs les plus expérimentés ignorent tout. Cette expédition a découvert 11 espèces dans les profondeurs de la forêt tropicale qui n avaient pas fait l objet d une description scientifique : huit espèces de poisson, un genre de crabe probablement nouveau, et deux espèces d oiseau. Les nouvelles espèces de poisson incluent des poissons-chats de la famille des Trichomycteridae, deux espèces de poissons à nageoires rayonnées de la famille des Anostomidés, deux characidés et un poisson à ventouse (Loricariide). Deux espèces d oiseaux mal connues ont été découvertes dans cette zone, dont un grimpereau (Campylorhamphus sp.). On attend cette année la confirmation qu il s agit bien de nouvelles espèces. Le WWF soutient les expéditions scientifiques dans le cadre de son effort de promotion de la création d aires protégées en. L ornithologue brésilien Alexandre Aleixo, du Musée Paraense Emilio Goeldi, tenant un grimpereau. C est une des 11 espèces non encore répertoriée qui fut découverte lors d une expédition scientifique, soutenue par le WWF, dans la Forêt Nationale d Altamira, en. Ces cinq dernières années, nous avons organisé dix expéditions au Brésil, dans le but de récolter des informations et des données scientifiques sur la faune et la flore de la région. Ces informations sont utiles à la création de nouvelles aires protégées où au renforcement de celles déjà existantes. vivante page 14

Philippe J. R. Kok Atractus tamessari (mâle) vivante page 15

637 nouvelles PlAntes L abritait déjà environ 40000 espèces de plantes connues, mais ces dix dernières années, 637 nouvelles espèces ont été découvertes dans la plus grande forêt tropicale du monde. Parmis elles, la Drosera amazonica.

Fernando Rivadavia

Les Plantes Ces dix dernières années, 637 nouvelles espèces ont été découvertes dans la plus grande forêt tropicale du monde. Abritant déjà environ 40,000 espèces de plantes connues, dire que l possède un nombre élevé d espèces de plantes est un doux euphémisme. L ampleur de la diversité de plantes découvertes par les scientifiques dans certaines zones de l est extraordinaire. Par exemple, 473 espèces d arbres et un total de 1000 espèces de plantes vascularisées ont été enregistrés sur un hectare de forêt tropicale de basse altitude en équatorienne, et 3000 espèces ont été découvertes sur 24 hectares en colombienne, dans la région de Chribiquete Araracuara-Cahuinarí. De plus, le niveau de connaissance scientifique en ce qui concerne la diversité dans cette région est très loin d avoir atteint son maximum. Ces dix dernières années, des centaines de nouvelles plantes, d une diversité prodigieuse, ont été enregistrées. Ces plantes appartiennent à un mélange éclectique de familles, comme par exemple des herbacées, des plantes vivaces et des plantes à bulbes, des arbres et des buissons, des vignes, des fougères et des lys. Parmi ce nombre important de nouvelles espèces, on trouve beaucoup de plantes des familles des Annonacées, des chanvres (Apocynacées), des lierres (Araliacées), des palmiers (Arécacées), des Astéracées et des myosotis (Borraginacée). Certaines se sont ajoutées à la famille des Broméliacées, des bruyères (Ericacées), des Burseracées, du câprier (Capparacées), des euphorbes (Euphorbiacées), des lauriers (Lauracées), des Malvacées, des myrtes (Myrtacées connues pour le clou de girofle, la goyave et l eucalyptus). Le nombre de plantes de la famille des Brassicacées, des Cucurbitacées et de la famille des Solanacées a aussi augmenté. Les Solanacées sont célèbres pour des plantes importantes dans l agriculture comme les pommes de terre, le poivre, le tabac et les tomates, mais aussi pour des plantes toxiques comme la belladone. Une expédition a révélé l existence d une nouvelle drosera endémique qui n avait pas encore été décrite, dans les montagnes Pakaraima au sud-est du Mont Roraima, qui se trouve sur les frontières du Venezuela, du et du Brésil. L espèce Drosera solaris fut décrite officiellement en, et localisée seulement dans les marécages d un petit plateau culminant à 2065 m d altitude, juste sous le sommet du Mont Yakontipu, au sein d une petite population isolée dans une clairière au cœur de la forêt montagneuse humide. Le nom «solaris» (du grec «ensoleillé» ou «qui aime le soleil») fut choisi pour illustrer l apparence brillante et éclatante de cette drosera, avec ses pétioles d un jeune-vert lumineux qui contraste avec ses feuilles rouge vif. Ces rosettes bicolores sont uniques parmi toutes les espèces de drosera connues en Amérique du Sud. L arbre à «vermicelles» Parmi les découvertes les plus étranges, on compte un arbre à «vermicelles».officiellement décrit en, Syagrus vermicularis15 est un joli palmier solitaire de taille moyenne, d environ 10 m de haut, avec un tronc vert et lisse recouvert d une fine couche blanchâtre et velouteuse. Il est couronné d un feuillage vert foncé composé de légères feuilles penniformes luisantes formant une canopée voutée pleine de grâce. Cet enchevêtrement de «vermicelles» jaunes vif constitue en fait les nouvelles pousses en fleur du palmier. Après avoir envisagé de lui donner un nom amusant tel que Syagrus ramennoodlensis, le Dr Larry Noblick a opté pour quelque chose d un peu plus sophistiqué : Syagrus vermicularis (signifiant en latin «qui ressemble à un vers»). Cette espèce a été décrite pour la première fois à Maranhão, au Brésil, mais a aussi été vue depuis à Carajás, Pará, à Tocantins, Rondônia et peut-être au Mato Grosso 16. Syagrus vermicularis Larry Noblick vivante page 18

La Drosera d, une découverte en cours Parmi d autres nouvelles découvertes, on compte 78 nouvelles espèces d orchidée. La découverte de la drosera d (Drosera amazonica), décrite de façon officielle par les scientifiques en 17, est particulièrement marquante de par la location inhabituelle et la rareté de cette plante. Cette espèce est rouge et jaune et mesure 10 cm. Elle se trouve uniquement dans les savanes de sable blanc, inondée en certaines saisons. Le sol est très acide et extrêmement pauvre en nutriments. Afin d obtenir un complément, cette espèce attire, capture puis digère des insectes à l aide de tentacules glandulaires dont les extrémités produisent une sécrétion collante au parfum sucré. Après avoir passé 10 ans à chercher cette plante insaisissable, le Dr Fernando Rivadavia a trouvé, en, deux populations importantes espacées d environ 500 m, dans le Parc du Rio Negro Secteur Sud, une aire protégée relativement à l abri de la déforestation. Ces deux populations étaient localisées sur les berges opposées d un affluent de la rivière Cuieiras, qui se déverse dans le Rio Negro, dans l état d Amazonas. «L adjectif satisfait décrit mal l état extatique dans lequel j étais lorsque j ai enfin découvert cette plante que je cherchais depuis 10 ans.» Dr Fernando Rivadavia, découvreur de la drosera d (Drosera amazonica). Drosera amazonica Là, dans des clairières naturelles de la forêt tropicale, constituées de végétation de savane et d habitats humides et sablonneux, cette nouvelle drosera poussait par «milliers». Une autre population de cette espèce fut découverte environ 450 km au nord de cette zone, dans le Parc National de Viruá, dans la partie centrale de l état de Roraima 18. Cette découverte est particulièrement significative car on trouve peu de drosera sur les basses-terres du Brésil. Celles découvertes jusqu à présent poussent dans des habitats côtiers sablonneux. Très peu ont été trouvées à l intérieur des terres, comme la drosera amazonica. Fernando Rivadavia Andreas Fleischmann Drosera amazonica vivante page 19

257 nouvelles espèces de Poissons Il y plus d espèces de poissons d eau douce en que nulle part ailleurs. Le bassin versant le plus important au monde a été, au cours de ces dernières décennies, le lieu des plus remarquables découvertes. Au moins 257 nouvelles espèces de poisson ont été identifiées dans les rivières de l Amazone et de ses affluents. ci-contre : un certain nombre d espèces aux couleurs éclatantes du genre Apistogramma ont été découvertes dans des zones de l au Pérou et en Bolivie, comme le Apistogramma baenschi.