La politique et stratégie de l eau du PNUE. Photo Credit: Fotohannes/Stillpictures

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La politique et stratégie de l eau du PNUE Photo Credit: Fotohannes/Stillpictures

Table des matieres Avant-propos iii Résumé 1 I. Introduction 3 II. Mandats du PNUE dans le domaine de l eau 6 III. But et objectifs 9 IV. Principes stratégiques 10 A.Principes conceptuels 10 B.Principes opérationnels 12 V. Interface eau douce-côtes 14 VI. Stratégie dans le domaine de l eau douce 16 VII. Principaux volets relatifs à l eau douce 17 A.Evaluation 17 B.Gestion 19 C.Coopération 22 VIII. Opérationnalisation de la stratégie dans le programme de 28 travail du PNUE IX. Suivi de la politique et stratégie de l eau 29 Apéndices 30 Photo: Jim Wark/Stillpictures I Domaines d action programmatique d eau douce` 30 II Domaines thématiques pour les interventions stratégiques 37

Abréviations FEM GEMS GIRE UCC-Eau PNUD PNUE Fonds pour l environnement mondial Système mondial de surveillance continue de l environnement Gestion intégrée des ressources en eau Centre collaborateur du PNUE pour l eau et l environnement Programme des Nations Unies pour le développement Programme des Nations Unies pour l environnement ii

Avant-propos Une gestion équitable et durable des ressources en eau est l un des grands défis mondiaux qu il faudra nécessairement relever pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Un tiers de la population mondiale environ vit dans des pays victimes de stress hydrique, modéré ou élevé. Vu les projections actuelles de la croissance démographique, du développement industriel et de l expansion de l agriculture irriguée au cours des 20 prochaines années, la demande en eau sera telle que la tâche de fournir de l eau pour le bien-être de l humanité deviendra de plus en plus ardue. La satisfaction de la demande en eau sera entravée dans certaines régions par l insuffisance des ressources en eau. Dans d autres régions, l approvisionnement en eau sera compliqué par les changements climatiques, notamment par suite de la fonte des glaciers dans des chaînes montagneuses telles que les Andes et l Himalaya et de l impact de ces phénomènes sur le débit des grands systèmes hydrographiques. Pour relever le défi, une intervention coordonnée est indispensable. Les mesures d incitation actuelles ne sont guère parvenues à générer d importants investissements dans les ressources en eau. De surcroît, la fourniture et la gestion des ressources en eau est souvent au cœur de conflits d intérêt. Les mécanismes institutionnels censés assurer une gestion durable de l eau sont insuffisants. Or, on ne peut plus se permettre aujourd hui de reléguer les ressources en eau à l arrière-plan. C est pour cela que, pour assurer une gestion équitable des ressources en eau, les gouvernements du monde entier ont demandé au Programme des Nations Unies pour l environnement (PNUE) d élaborer une politique de l eau offrant des orientations de politique générale, des mesures d incitation, des mécanismes institutionnels et des dispositifs techniques pour répondre aux besoins en matière d alimentation en eau. iii

La politique de l eau définit les grandes orientations stratégiques de l action du PNUE dans le domaine des eaux douces, tout en prenant en considération les liens cruciaux entre les milieux d eau douce et les milieux d eau salée. La stratégie de l eau met le PNUE en position de fournir les services consultatifs nécessaires pour promouvoir une gestion intégrée des ressources en eau fondée sur une approche écosystémique à tous les échelons (mondial, régional, national). La stratégie met aussi le PNUE en position de fournir une direction ferme et coordonnée, pour atteindre, à l échelle des écosystèmes, les objectifs d une gestion intégrée des ressources en eau. La mise en œuvre de la stratégie exigera de gros investissements dans la constitution de partenariats et la mobilisation de ressources. Je suis convaincu que, dans les années à venir, la politique et la stratégie du PNUE, soutenues par les efforts de nos partenaires au sein des gouvernements, du secteur financier, des organisations non gouvernementales et de la société civile, permettront de jeter les fondements très solides d une gestion et d une mise en valeur durables des ressources en eau. Achim Steiner Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l environnement Secrétaire général adjoint de l Organisation des Nations Unies iv

Résumé 1. Depuis la création du PNUE, l eau tient une place essentielle dans ses programmes. De fait, le Programme des mers régionales a été une de ses premières initiatives phares et demeure aujourd hui un programme constituant une solide pierre angulaire pour le PNUE. Depuis la Conférence des Nations Unies sur l environnement et le développement tenue à Rio de Janeiro en 1992, les questions relatives à la gestion des ressources en eau douce jouent un rôle de plus en plus important sur la scène internationale. Le PNUE a réagi à cela à travers diverses initiatives et activités. Les questions relatives à l eau douce continuent à gagner en importance aux niveaux local, national, sous-régional, régional et mondial comme l ont explicité les Objectifs du Millénaire pour le développement, le Sommet mondial pour le développement durable, la Commission du développement durable et d autres instances. Le PNUE doit continuer à faire évoluer ses programmes en vue de s attaquer à ces questions relatives à l eau douce et a donc élaboré la présente politique et stratégie. 2. La politique et stratégie du PNUE en ce qui concerne l eau douce est exposée dans l annexe au présent rapport. Le PNUE part du principe que la politique de l eau est définie par ses mandats tels qu énoncés par le Conseil d administration du PNUE et l Assemblée générale des Nations Unies et qu elle est orientée en outre par d autres instances et organes internationaux compétents (par exemple Action 21, le Sommet mondial pour le développement durable et la Commission du développement durable). Compte tenu des orientations données par les instances compétentes et des mandats précis émanant du Conseil d administration, la politique et stratégie de l eau du PNUE a pour but général de contribuer sensiblement à la durabilité environnementale dans la gestion des ressources en eau grâce à des approches écosystémiques intégrées, en vue de concourir aux buts et objectifs relatifs à l eau et au développement socio-économique qui ont été convenus au niveau international. Dans le présent document, la stratégie en matière d eau douce est précisée à travers une série de principes destinés à cibler les activités du PNUE en exposant les considérations conceptuelles approches écosystémiques, considérations économiques et sociales rationnelles et lutte contre les risques - et les moyens opérationnels renforcement des capacités, partenariats et participation des parties prenantes dont se servira le PNUE pour mener ses activités relatives à l eau. 1

3. Ainsi qu il est souligné dans les chapitres II et IV de l annexe, les mandats du PNUE relatifs aux océans et aux côtes ainsi que les stratégies connexes découlent du Programme d action mondial relatif à la pollution due aux activités terrestres et des conventions et plans d action pour les mers régionales. Compte tenu de cela, le présent document ne se propose pas d élaborer une stratégie pour les océans et les côtes, mais plutôt de se concentrer tout spécialement sur les questions relatives à l eau douce. Néanmoins, cette politique et stratégie de l eau douce tient compte, tout comme le Programme d action mondial et le Programme des mers régionales, des liens entre l eau douce et les côtes et le PNUE traitera de ces liens tant dans une perspective amont (eau douce) que dans une perspective aval (côtes et océans). 4. Les trois volets clés des activités du PNUE relatives à l eau douce sont considérés comme étant constitués par l évaluation, la gestion et la coopération et sont liés entre eux dans le cadre d une gestion intégrée des ressources eau (GIRE). La GIRE comportant de nombreux éléments, le PNUE, en tenant pleinement compte de l approche pluridimensionnelle et pluri-institutionnelle de la GIRE, concentrera son attention sur l intégration des considérations environnementales dans la GIRE aux niveaux régional, sous-régional, national et local, ainsi que sur la transposition à plus grande échelle de ces considérations aux activités d autres acteurs impliqués dans les stratégies nationales de réduction de la pauvreté et dans la planification du développement durable. 5. La politique et stratégie de l eau du PNUE exposée dans l annexe au présent document restera en vigueur pendant une période de six ans allant de 2007 à 2012 et sera rendue opérationnelle à travers le programme de travail biennal du PNUE. Le Conseil d administration suivra la mise en œuvre de la politique et stratégie par rapport aux réalisations escomptées et aux indicateurs présentés dans l appendice I à la politique et stratégie. Des recommandations concernant le réexamen de la politique et stratégie de l eau seront formulées avant 2012.

I. Introduction 1. En 2000, la Communauté internationale a approuvé un ensemble choisi d objectifs en liaison avec la Déclaration du Millénaire 1. Celle-ci fournit un schéma directeur pour la réduction de la pauvreté et l accélération du développement et a été élaborée plus avant dans le Document final du Sommet mondial de 2005. Un seul des Objectifs du Millénaire pour le développement à savoir l objectif 7 et, plus spécialement, ses cibles 9 et 10 ont trait directement à l eau et à l assainissement. Toutefois, la réalisation de tous les Objectifs du Millénaire pour le développement est subordonnée à la qualité et au volume des disponibilités en eau, car l eau joue un rôle démesuré en raison de l influence qu elle exerce sur des éléments tels que la production et la sécurité alimentaires, l hygiène, l assainissement et la santé ainsi que le maintien des services écosystémiques. 2. Une gestion équitable et durable tant de l eau douce 3 que des eaux côtières et marines constitue un défi majeur pour tous les utilisateurs d eau, en particulier les pauvres. Selon le Rapport sur la mise en valeur des ressources en eau dans le monde (2003), les préoccupations liées à la crise mondiale de l eau sont notamment les suivantes : doublement du nombre de pauvres n ayant pas accès à des services adéquats d approvisionnement en eau et d assainissement; écart grandissant entre riches et pauvres et entre citadins et ruraux en ce qui concerne les services d approvisionnement en eau et d assainissement; coût grandissant des catastrophes liées à l eau; baisse de la qualité des ressources en eau et des écosystèmes hydriques; sousfinancement du secteur de l eau; pressions croissantes sur les ressources en eau; accroissement de la demande d eau et de la pollution aquatique dû à l agriculture et à l industrie; et nécessité de renforcer la gouvernance dans le domaine de l eau. 3. Depuis sa création, le Programme des Nations Unies pour l environnement (PNUE) a œuvré dans le domaine de l évaluation et de la gestion des ressources en eau en favorisant l application d approches 1 Résolution 55/2 de l Assemblée générale des Nations Unies. Résolution 60/1 de l Assemblée générale. 3 Dans la présente politique et stratégie, le terme «eau douce» englobe les eaux superficielles, les eaux souterraines, les zones humides, les eaux salées intérieures (c est-à-dire non côtières) et l interface eau douce-côtes. Photo: K.Thomas/Stillpictures 3

collaboratives de la gestion de ces ressources. Après plus de 30 ans, l eau reste une des grandes priorités du PNUE. 4. De nombreuses instances internationales ont consacré beaucoup de temps et d efforts à la définition de mandats, de buts, d objectifs et de cibles pour la gestion des ressources en eau. Parmi ces instances figurent le Conseil d administration du PNUE; la Conférence des Nations Unies sur l environnement et le développement, qui a abouti à Action 21 4 ; le Sommet du Millénaire; 5 le Sommet mondial pour le développement durable 6 ; et les douzième et treizième sessions de la Commission du développement durable des Nations Unies. Ces instances ont indiqué et, dans le cas du Conseil d administration déterminé quels devraient être les mandats et les responsabilités du PNUE dans le domaine de l eau. 5. La tâche consiste donc maintenant à mettre en œuvre ces mandats plutôt que d en élaborer de nouveaux, c est-à-dire à passer de la planification à l action. 6. Lors de l établissement de la politique et stratégie de l eau, le PNUE a pris en considération le fait que le Conseil d administration/forum ministériel mondial sur l environnement du PNUE a également adopté, à sa vingt-troisième session, le Plan stratégique de Bali pour l appui technologique et le renforcement des capacités 7. L exécution des fonctions assignées au PNUE dans le domaine de l eau, en particulier aux niveaux national et régional, s inscrira dans le cadre d une application cohérente du Plan 4 Rapport de la Conférence des Nations Unies sur l environnement et le développement, Rio de Janeiro, 3-14 juin 1992 (publication des Nations Unies, numéro de vente : F.93.I.8 et rectificatifs), vol. I : Résolutions adoptées par la Conférence, résolution 1, annexe II. 5 Le Sommet du Millénaire s est tenu du 6 au 8 septembre 2000 dans le cadre de l Assemblée du Millénaire (cinquante-cinquième session de l Assemblée générale) sur le thème général «Le rôle des Nations Unies au XXIe siècle» et a consisté en séances plénières et en quatre sessions interactives de tables rondes qui se sont tenues en même temps que les séances plénières. 6 Rapport du Sommet mondial pour le développement durable, Johannesburg (Afrique du Sud), 24 août-4 septembre 2002 (publication des Nations Unies, numéro de vente : F.03. II.A.1 et rectificatif). 7 UNEP/IEG/3/4, annexe. 4

stratégique de Bali à l échelle du PNUE. Dans les activités qu ils mèneront aux niveaux régional et national, le PNUE et ses partenaires s efforceront de se compléter et contribueront à la consolidation des capacités nationales de gestion de l environnement et à la prise en compte de l environnement dans le développement économique et social (c est-à-dire dans les stratégies nationales de réduction de la pauvreté et de développement durable). 7. La politique et stratégie de l eau du PNUE a principalement pour but de faciliter une mise en œuvre coordonnée, efficace et rapide des fonctions qui lui ont été assignées dans le domaine de l eau douce. Dans le contexte du Plan stratégique de Bali, l impératif d exécution est devenu encore plus pressant. 8. Pour satisfaire à l impératif d exécution, le PNUE a élaboré la présente politique et stratégie de l eau selon le schéma suivant : a) Détermination des mandats du PNUE dans le domaine de l eau; b) Définition d un ensemble de principes stratégiques pour cibler les activités du PNUE; c) Détermination des principaux éléments des activités du PNUE relatives à l eau douce; d) Elaboration de mécanismes d opérationnalisation et de suivi des progrès. 5

II. Mandats du PNUE dans le domaine de l eau 9. La politique du PNUE dans le domaine de l eau est définie en partie par son mandat général, tel qu il est énoncé dans les résolutions de l Assemblée générale des Nations Unies, et par sa mission qui consiste à montrer la voie et à encourager la coopération pour protéger l environnement tout en étant une source d inspiration et d information pour les Etats et les populations et un instrument de facilitation leur permettant d améliorer la qualité de leur vie sans toutefois compromettre celle des générations à venir. 10. En 1997, le Conseil d administration a adopté la Déclaration de Nairobi sur le rôle et le mandat du Programme des Nations Unies pour l environnement 8 dans laquelle il a précisé ce mandat en y englobant en particulier les rôles convenus aux chapitres 17 (Océans) et 18 (Eau douce) d Action 21. Photo: Jim Wark/Stillpictures 11. Les décisions prises par le Conseil d administration/forum ministériel mondial sur l environnement à ses dix-huitième, dix-neuvième, vingtième et vingt-deuxième sessions ont défini des programmes prévoyant les activités à mener par le PNUE dans les domaines des récifs coralliens, de la gestion intégrée des zones côtières et des bassins hydrographiques ainsi que de la lutte contre la pollution marine due aux activités terrestres. A sa dix-neuvième session et à sa cinquième session extraordinaire, le Conseil/ Forum a également demandé au PNUE d accorder une priorité élevée à l eau douce et d aider les pays en développement à être mieux à même d effectuer des évaluations concernant l eau douce ainsi que d élaborer et de mettre en œuvre des plans de gestion intégrée des ressources en eau dans le cadre d une coopération régionale. A sa vingt-troisième session, le Conseil/Forum a outre défini les éléments d une politique de l eau, par exemple dans le domaine des eaux souterraines, qui faisaient défaut dans les politiques et stratégies précédentes. Le Conseil d administration a en aussi assigné des mandats 9 dans les domaines du transfert de technologies pour la gestion des ressources en eau et la lutte contre la pollution, de l assainissement urbain et rural, des eaux souterraines et de la promotion de la responsabilité sociale des 6 8 Décision 19/1 du Conseil d administration, annexe. 9 Décisions 10/19, 11/7, 13/19, 21/1, 22/2, 22/6, 22/7 et 23/2 du Conseil d administration.

entreprises, qui ont tous d importantes contributions à apporter en matière de gestion intégrée des ressources en eau. 12. En 2000, la communauté internationale a défini les grandes priorités de développement en fixant les objectifs énoncés dans la Déclaration du Millénaire (Objectifs du Millénaire pour le développement). La réduction de la pauvreté et de la faim, l amélioration de la santé humaine et la réalisation de la durabilité environnementale ont été considérées comme les principales priorités mondiales. 13. En 2002, eu égard à la gravité de la situation dans le domaine de l eau douce dans de nombreuses parties du monde et au fait qu il est indispensable d améliorer la gestion de l eau pour atteindre les objectifs généraux de développement économique, les participants au Sommet mondial pour le développement durable ont adopté un objectif prévoyant l élaboration de plans intégrés de gestion et d utilisation rationnelle des ressources en eau d ici 2005. 14. A sa huitième session extraordinaire, le Conseil d administration/ Forum ministériel mondial sur l environnement a adopté l Initiative de Jeju, dans laquelle il a souligné qu une «gestion intégrée des ressources en eau comportant une approche écosystémique constitue un élément clé pour atteindre les cibles concernant l eau, l assainissement et les établissements humains et pour favoriser la croissance économique et la réalisation des cibles concernant la santé et la réduction de la pauvreté.» 10 Photo: Ron Giling/Stillpictures 15. A sa vingt-troisième session, le Conseil/Forum a adopté le Plan stratégique de Bali pour l appui technologique et le renforcement des capacités en vue d aider à rendre les gouvernements des pays en développement et des pays à économie en transition mieux à même, notamment, d atteindre leurs objectifs environnementaux, de se conformer aux accords internationaux et de mettre en œuvre les objectifs programmatiques fixés par le Conseil d administration ainsi que d autres objectifs de développement convenus au niveau international. Le Plan stratégique de Bali définit les domaines thématiques indicatifs dans le cadre desquels s inscriront les efforts déployés en matière de transfert de technologie et de renforcement des 10 Rapport du Conseil d administration/forum ministériel mondial sur l environnement sur les travaux de sa huitième session extraordinaire (UNEP/ GCSS.VIII/8), annexe II, par. 5. 7

capacités. Parmi ceux qui ont trait à l eau figurent l eau douce, la pollution, les produits chimiques, la gestion des déchets, la conservation des zones humides, la conservation et la gestion durable des ressources naturelles par-delà les frontières, la planification préalable et les interventions pour les éco-urgences, l assainissement, les océans et mers et les zones côtières ainsi que les écosystèmes terrestres et forestiers. 16. A sa treizième session, la Commission du développement durable des Nations Unies a notamment engagé les gouvernements et le système des Nations Unies à accélérer la fourniture aux pays d une aide technique et financière aux fins de l établissement de plans de gestion intégrée des ressources en eau et d utilisations efficaces de l eau arrêtés au niveau national et adaptés aux besoins nationaux. En outre, à sa neuvième session extraordinaire, le Conseil d administration/forum ministériel mondial sur l environnement du PNUE a adopté l Approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques (SAICM) qui préconise notamment de prendre en considération les questions de gestion des produits chimiques dans les politiques relatives à la sécurité sanitaire des aliments, à l eau et à la gestion des écosystèmes marins. 17. Le PNUE s est vu assigner le rôle de chef de file pour les questions environnementales qui ont trait au développement durable des océans et des côtes. Il s acquitte de ce rôle en particulier à travers le Programme d action mondial pour la protection du milieu marin contre la pollution due aux activités terrestres et les programmes pour les mers régionales, qui disposent chacun de leurs propres processus de planification stratégique et d élaboration de plans de travail. Dans le domaine de l eau douce, les orientations générales à suivre par le PNUE ont été définies par les décisions susmentionnées du Conseil d administration et sont en outre régies par les résolutions des diverses instances intergouvernementales mentionnées également ci-dessus. Ces décisions du Conseil d administration/forum ministériel mondial sur l environnement et les autres résolutions en question constituent donc la politique du PNUE dans le domaine de l eau douce. Conformément au mandat assigné dans la décision 23/2 du Conseil d administration/forum ministériel mondial sur l environnement, le présent document expose, dans les chapitres qui suivent, une stratégie pour la mise en œuvre de cette politique. 8

III. But et objectifs 18. Compte tenu des mandats susmentionnés, la politique et stratégie du PNUE dans le domaine de l eau a pour but général de contribuer dans une large mesure à la durabilité environnementale dans la gestion de toutes les ressources en eau, par le biais d approches écosystémiques intégrées, en vue de concourir aux buts et objectifs relatifs à l eau et au développement socio-économique qui ont été convenus au niveau international. 19. Les objectifs de la politique et stratégie du PNUE dans le domaine de l eau, tels qu ils ressortent de ses mandats, sont les suivants : e) Evaluation et sensibilisation améliorées en ce qui concerne les questions relatives à l eau; f) Gestion environnementale améliorée des bassins et des eaux côtières et marines, y compris la détermination des liens avec les processus internationaux en cours; g) Coopération améliorée dans le secteur de l eau. Stress hydrique (ressources en eau douce) Prélèvements (en % du total) Plus de 40% De 10 à 20 % Source: L Avenir de l environnement mondial (GEO) 2000, PNUE, Earthscan, Londres, 1999. De 20 à 10% Moins de 10 % 9

IV. Principes stratégiques 20. Dans la poursuite de la mise en œuvre de ses mandats relatifs à l eau et dans la réalisation du but et des objectifs ci-dessus, le PNUE sera guidé par les principes conceptuels et opérationnels ci-après qui cibleront ses activités. A. Principes conceptuels 1. Promouvoir des approches écosystémiques Photo: R. Bala /Stillpictures 21. Toutes les activités du PNUE dans le domaine de la gestion des ressources en eau se fondent sur des approches écosystémiques. En vertu de ces approches, qui interviennent dans toute la gamme des écosystèmes terrestres et aquatiques, le bassin est envisagé comme un tout dans ses dimensions à la fois amont et aval, y compris notamment les écosystèmes particuliers comme les forêts, les terres, les zones humides, les écosystèmes urbains et les zones côtières. De la même manière, l interface entre les écosystèmes d eau douce et les écosystèmes côtiers doit également être prise en considération dans les plans de gestion de ces deux types de systèmes. Les approches écosystémiques tiennent compte des besoins sociaux, culturels, économiques et environnementaux pour la gestion durable des ressources en eau. Parmi ces besoins figurent la nécessité de préserver la diversité biologique et la santé de l environnement en prenant en considération les flux environnementaux et en tenant compte des fonctions régulatrices des écosystèmes (comme les zones humides) et de leur capacité d assurer la réalimentation en eau ainsi que de leur rôle comme tampons contre les évènements extrêmes et les impacts de l urbanisation. Sur la base de ces considérations écosystémiques, le PNUE veillera à ce que l ensemble du cycle hydrologique de chaque bassin hydrographique (y compris l alimentation en eaux superficielles) de chaque bassin hydrographique soit pris en considération dans les plans d évaluation et de gestion environnementales. 10

2. Contribuer à un développement économique et social rationnel, et notamment à la réduction de la pauvreté, grâce à une évaluation et à une gestion intégrées des ressources en eau et des écosystèmes associés 22. Ainsi qu il est dit dans l Initiative de Jeju, document émanant de la huitième session extraordinaire du Conseil d administration/forum ministériel mondial sur l environnement du PNUE qui a été présenté à la douzième session de la Commission du développement durable, l eau est une ressource vitale pour le développement économique et doit être gérée comme telle. La préservation de la santé des services écosystémiques revêt une importance particulière pour les pauvres, tout comme la prévention de la dégradation due à des pratiques non durables de gestion des ressources naturelles. Il faut procéder à une réorientation pour passer de politiques de l offre à des approches intégrées de la gestion de l offre et de la demande qui tiennent compte de la valeur de l eau pour l irrigation, la boisson, la production d énergie hydroélectrique et les utilisations industrielles tout en protégeant les services écosystémiques. En conséquence, le PNUE encouragera un recours accru à des instruments économiques et sociaux tels que les marchés pour les services environnementaux et les réformes de la fiscalité environnementale favorables aux pauvres en vue de favoriser une utilisation rationnelle et équitable de l eau. Ces instruments devraient permettre de gérer la demande et de créer de nouveaux revenus en vue de l extension des services d eau fournis aux pauvres grâce à une protection des approvisionnements en eau, ce qui se traduira par une amélioration des soins de santé, des économies réalisées et, grâce à une gestion écologiquement rationnelle (y compris la réutilisation), du traitement et de l évacuation des eaux usées. En particulier, la promotion de pratiques de gestion écologiquement rationnelles comportera la mise au point, l adoption et l utilisation d outils (tels que les études d impact et la concertation avec les parties prenantes) aux fins du développement et de la gestion durables d infrastructures hydrauliques telles que les centrales hydroélectriques et les installations d assainissement. Photo: Luftbild Betram/Stillpictures 23. A cet égard, les politiques et les technologies qui réduisent la demande et accroissent les disponibilités (par exemple recyclage, réutilisation et sources de remplacement) seront encouragées dans les contextes urbains et ruraux. On encouragera en outre des politiques favorisant le recours à des techniques de production plus propres et les technologies écologiquement 11

rationnelles favorisant une utilisation efficace de l eau et réduisant la pollution. Lorsqu une privatisation des services d eau est mise en œuvre conformément aux priorités nationales, il faudrait la suivre et l analyser avec soin afin de veiller à ce que les cadres juridique, réglementaire et institutionnel requis soient en place pour protéger les ressources naturelles et faire en sorte que les pauvres ne soient pas encore plus défavorisés. 3. Lutter contre les risques Photo: Jim Wark/Stillpictures 24. Les événements hydrologiques extrêmes comme les inondations et les sécheresses, d autres dangers naturels et anthropiques ainsi que la pollution accidentelle des masses d eau suscitent des risques majeurs pour la croissance et le développement durable. En outre, les changements et la variabilité climatiques peuvent aggraver encore les évènements extrêmes ou nécessiter une planification à long terme dans le cas d effets comme l élévation du niveau de la mer. Ces événements devraient être envisagés dans le contexte d une approche intégrée de la gestion des ressources en eau axée sur l élaboration de mesures de prévention et de planification préalable conjointement à des stratégies d atténuation des risques et de prévention des catastrophes et sur le renforcement de la prévention et de la maîtrise de la pollution due aux eaux usées, aux déchets solides et aux activités industrielles et agricoles. Dans les limites de son mandat, le PNUE contribuera à la mise en œuvre du Cadre d action de Hyogo, 2005-2015 : renforcer la capacité de récupération des pays et des collectivités face aux catastrophes 11, qui a été adopté à la Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes tenue du 18 au 22 janvier 2005 à Kobé, Hyogo (Japon). B. Principes opérationnels 1. Renforcer les capacités nationales et régionales : mise en œuvre du Plan stratégique de Bali 25. Le Plan stratégique de Bali pour l appui technologique et le renforcement des capacités fournit des orientations supplémentaires pour la mise en œuvre de la politique et stratégie du PNUE dans le domaine de l eau, 11 Voir document A/CONF/206/6 et Corr.1, chap. I, résolution 2. 12