STENDHAL Le rouge et le noir (1830)



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Transcription:

STENDHAL Le rouge et le noir (1830) Non so più cosa son, Cosa facio. MOZART, (Figaro). 5 10 Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était loin des regards des hommes, Mme de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la porte d entrée la figure d un jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste fort propre de ratine violette. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d abord l idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d entrée, et qui évidemment n osait pas lever la main jusqu à la sonnette. Mme de Rênal s approcha, distraite un instant de l amer chagrin que lui donnait l arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la voyait pas s avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille : Que voulez-vous ici, mon enfant? 15 Julien se tourna vivement, et frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question. Je viens pour être précepteur, madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu il essuyait de son mieux. 20 25 Mme de Rênal resta interdite ; ils étaient fort près l un de l autre à se regarder. Julien n avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes, qui s étaient arrêtées sur les joues si pâles d abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d une jeune fille ; elle se moquait d elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c était là ce précepteur qu elle s était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants! Quoi, monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin? Ce mot de monsieur étonna si fort Julien qu il réfléchit un instant. Oui, madame, dit-il timidement. Mme de Rênal était si heureuse, qu elle osa dire à Julien : Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants? 30 Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi? N est-ce pas, monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d une voix dont chaque instant augmentait l émotion, vous serez bon pour eux, vous me le promettez? 1

35 40 45 50 S entendre appeler de nouveau monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue était au-dessus de toutes les prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s était dit qu aucune dame comme il faut ne daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal de son côté était complètement trompée par la beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu à l ordinaire parce que pour se rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie elle trouvait l air timide d une jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et l air rébarbatif. Pour l âme si paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa surprise. Elle fut étonnée de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de lui. Entrons, monsieur, lui dit-elle d un air assez embarrassé. De sa vie une sensation purement agréable n avait aussi profondément ému Mme de Rênal, jamais une apparition aussi gracieuse n avait succédé à des craintes plus inquiétantes. Ainsi ses jolis enfants, si soignés par elle, ne tomberaient pas dans les mains d un prêtre sale et grognon. À peine entrée sous le vestibule, elle se retourna vers Julien qui la suivait timidement. Son air étonné, à l aspect d une maison si belle, était une grâce de plus aux yeux de Mme de Rênal. Elle ne pouvait en croire ses yeux, il lui semblait surtout que le précepteur devait avoir un habit noir. Mais est-il vrai, monsieur, lui dit-elle, en s arrêtant encore, et craignant mortellement de se tromper, tant sa croyance la rendait heureuse, vous savez le latin? 55 Ces mots choquèrent l orgueil de Julien et dissipèrent le charme dans lequel il vivait depuis un quart d heure. Oui, madame, lui dit-il, en cherchant à prendre un air froid, je sais le latin aussi bien que M. le curé et même quelquefois il a la bonté de dire mieux que lui. 60 Mme de Rênal trouva que Julien avait l air fort méchant, il s était arrêté à deux pas d elle. Elle s approcha et lui dit à mi-voix : N est-ce pas, les premiers jours, vous ne donnerez pas le fouet à mes enfants, même quand ils ne sauraient pas leurs leçons? 65 Ce ton si doux et presque suppliant d une si belle dame fit tout à coup oublier à Julien ce qu il devait à sa réputation de latiniste. La figure de Mme de Rênal était près de la sienne, il sentit le parfum des vêtements d été d une femme, chose si étonnante pour un pauvre paysan. Julien rougit extrêmement et dit avec un soupir, et d une voix défaillante : Ne craignez rien, madame, je vous obéirai en tout. 70 Ce fut en ce moment seulement, quand son inquiétude pour ses enfants fut tout à fait dissipée que Mme de Rênal fut frappée de l extrême beauté de Julien. La forme presque féminine de ses traits, et son air d embarras, ne semblèrent point ridicules à une femme extrêmement timide elle-même. L air mâle que l on trouve communément nécessaire à la beauté d un homme lui eût fait peur. Quel âge avez-vous, monsieur? dit-elle à Julien. Bientôt dix-neuf ans. 2

75 Mon fils aîné a onze ans, reprit Mme de Rênal tout à fait rassurée, ce sera presque un camarade pour vous, vous lui parlerez raison. Une fois son père a voulu le battre, l enfant a été malade pendant toute une semaine, et cependant c était un bien petit coup. Quelle différence avec moi, pensa Julien. Hier encore, mon père m a battu. Que ces gens riches sont heureux! 80 Mme de Rênal en était déjà à saisir les moindres nuances de ce qui se passait dans l âme du précepteur ; elle prit ce mouvement de tristesse pour de la timidité, et voulut l encourager. Quel est votre nom, monsieur? lui dit-elle, avec un accent et une grâce dont Julien sentit tout le charme, sans pouvoir s en rendre compte. 85 90 95 100 On m appelle Julien Sorel, madame ; je tremble en entrant pour la première fois de ma vie dans une maison étrangère, j ai besoin de votre protection et que vous me pardonniez bien des choses les premiers jours. Je n ai jamais été au collège, j étais trop pauvre ; je n ai jamais parlé à d autres hommes que mon cousin le chirurgien-major, membre de la Légion d honneur, et M. le curé Chélan. Il vous rendra bon témoignage de moi. Mes frères m ont toujours battu, ne les croyez pas s ils vous disent du mal de moi, pardonnez mes fautes, madame, je n aurai jamais mauvaise intention. Julien se rassurait pendant ce long discours, il examinait Mme de Rênal. Tel est l effet de la grâce parfaite, quand elle est naturelle au caractère, et que surtout la personne qu elle décore ne songe pas à avoir de la grâce ; Julien, qui se connaissait fort bien en beauté féminine, eût juré dans cet instant qu elle n avait que vingt ans. Il eut sur-le-champ l idée hardie de lui baiser la main. Bientôt il eut peur de son idée ; un instant après, il se dit : Il y aurait de la lâcheté à moi de ne pas exécuter une action qui peut m être utile, et diminuer le mépris que cette belle dame a probablement pour un pauvre ouvrier à peine arraché à la scie. Peut-être Julien fut-il un peu encouragé par ce mot de joli garçon, que depuis six mois il entendait répéter le dimanche par quelques jeunes filles. Pendant ces débats intérieurs, Mme de Rênal lui adressait deux ou trois mots d instruction sur la façon de débuter avec les enfants. La violence que se faisait Julien le rendit de nouveau fort pâle ; il dit, d un air contraint : Jamais, madame, je ne battrai vos enfants ; je le jure devant Dieu. 105 110 Et en disant ces mots, il osa prendre la main de Mme de Rênal, et la porter à ses lèvres. Elle fut étonnée de ce geste, et par réflexion choquée. Comme il faisait très chaud, son bras était tout à fait nu sous son châle, et le mouvement de Julien, en portant la main à ses lèvres, l avait entièrement découvert. Au bout de quelques instants, elle se gronda elle-même, il lui sembla qu elle n avait pas été assez rapidement indignée. 3

STENDHAL Lexique Le rouge et le noir (1830) chapitre VI ligne 1 la vivacité Le dynamisme/ la rapidité (> vivant/e) la grâce Anmut 5 la ratine tissu de laine épais 8 demander une grâce demander une faveur/ qc. de particulier 10 l amer chagrin la douleur/ la tristesse 11 le précepteur une personne qui donne des cours particuliers (19 e s.) 11 tressaillir être très surpris et faire un léger mouvement 15 la timidité Schüchternheit 19 elle resta interdite elle est étonnée [un peu bloquée] et n ose pas faire quoi que ce soit 21 vêtu habillé 24 se figurer s imaginer 25 gronder schimpfen mit fouetter peitschen 35 des châteaux en Espagne les rêves de jeunesse/ les illusions 36 elle daignerait lui parler elle lui ferait l honneur de lui parler 38 plus qu à l ordinaire plus que d habitude 39 une fontaine Brunnen 41 redouter (be)fürchten l air rébarbatif l air d une personne dure/ méchante 43 elle revint de sa surprise sa surprise prend fin 49 grognon de mauvaise humeur le vestibule Flur/ Gang 55 l orgueil Hochmut dissiper le charme faire disparaître le charme 61 donner le fouet battre avec le fouet 66 d une voix défaillante d une voix qui tremble légèrement 70 son air d embarras qui semble gêné 71 l air mâle masculin/ viril communément nécessaire à den (alle) als notwendiges Kriterium/ Aspekt männlicher Schönheit 80 saisir les moindres die geringsten Nuancen erfassen nuances 88 il vous rendra bon Il vous dira du bien de moi témoignage 94/95 l idée hardie gewagte Idee 96 la lâcheté Feigheit 97/98 à peine arraché à la scie Ici : Julien devient précepteur, il ne travaillera pas à la scierie (Holzsägerei) où il aurait dû travailler normalement 109 elle se gronda elle-même sie machte sich selbst Vorwürfe 110 indigné fâché/ en colère 4

Méthode de travail 1e étape : lecture d un texte littéraire («le rouge et le noir») Avant la lecture Les élèves lisent le texte (à la maison) à l aide de la fiche de vocabulaire. OU Par groupes (on répartit les recherches lexicales à faire) ils remplissent le tableau de vocabulaire. Les élèves font des recherches sur STENDHAL/ la Restauration et présentent la biographie de l auteur dans ses grandes lignes ainsi que l époque de la Restauration (mini-exposés de 7-10 ) afin de mieux comprendre le contexte historique dans lequel se déroule cette histoire. On charge 1 ou 2 élèves de lire (sur wikipédia) le résumé de l ouvrage (on fera appel à eux à la fin de la lecture). Pendant la lecture Lecture cursive de tout le passage (dont on fera le résumé) mais pour l analyse, on se concentre sur quelques extraits. Revoir avec les élèves les questions de base : narrateur/ point de vue/ focalisation. Champ lexical, registre de langue. Dans ce passage, nous avons un narrateur omniscient et une focalisation zéro, mais la description des personnages se fait au travers des regards croisés = Julien Sorel est décrit et perçu au travers du regard de Mme de Rênal, inversement, Julien est introduit dans le texte, tel que Mme de Rênal le voit. Ce procédé littéraire (évoquer la «surprise de l amour» en utilisant le regard du personnage) permet de mettre en lumière les raisons qui amènent ces deux personnages à éprouver une forte attirance l un envers l autre. Il sera indispensable d évoquer (on peut le faire aussi en allemand) l époque de la Restauration car les tensions provoquées par la différence d appartenance sociale (Julien Sorel est un fils de paysans, Mme de Rênal est noble) sont un aspect fondamental de ce texte. Consignes de travail Soulignez dans le texte (de deux couleurs différentes) les moments où Julien voit (et décrit) Mme de Rênal et ceux ou Mme de Rênal observe (et décrit également) Julien. Pourquoi ces deux personnages sont-ils a) surpris b) émus c) troublés lorsqu ils se trouvent face á face pour la première fois? Identifiez dans ce texte les passages où il est question de la condition sociale de Julien. En vous appuyant sur le tableau synoptique, formulez des hypothèses sur la suite probable de cette rencontre particulière. Après la lecture Imaginez ce que Mme de Rênal pourrait écrire dans son journal intime le soir de sa première entrevue avec Julien Sorel. Imaginez ce que Julien Sorel pourrait raconter à sa sœur le soir-même. Si vous deviez transposer cette scène au cinéma, quels plans utiliseriez-vous? Réalisez (en groupes) un story-board en donnant toutes les indications techniques (plan/ cadrage/ montage/ musique). 5