DOSSIER DE MONUMENT Clés : Période : La durée de la Grande Guerre Lieu : Nouvron Vingré 02290 Belligérants : Allemands et Français Latitude : 49.4242736 Longitude : 3.1832895 Titre : Monument de la Croix brisée et carrière infirmerie de Confrécourt Localisation : Nord Ouest de Soissons Rive gauche de l Aisne La Croix brisée de Confrécourt
Pour accéder au monument de la «Croix Brisée» sur la route D202 obliquer sur la petite route à gauche au niveau de l hameau passer devant l usine avec sa grande cheminée. Pour accéder aux ruines de la ferme de Confrécourt et aux carrières qui abritaient une infirmerie et des cantonnements continuer la petite route sur 250 mètres et tourner à gauche sur le chemin empierré Le plateau de Confrécourt est très plat, dominé par une crête de moins de 10 m de dénivelé, la côte 150, que les Allemands occuperont de septembre 1914 à mars 1917. Au milieu de ce plateau, la croix d un calvaire a été brisée par des obus. C est pourquoi Jean, marquis de Croix, fit ériger par l architecte Deligny et inaugurée le 30 juin 1929 en présence du Général Franchet d Esperey un monument étonnant, la Croix Brisée, monument aux morts du plateau de Confrécourt et symbole du calvaire vécu par les combattants de la 1 re Guerre Mondiale. Elle porte la devise familiale : «la croix est tombée, le Christ est vivant».
Il est à noter la bornes Vauthier qui est un ensemble de sculptures réalisées dans les années 1920 par l artiste Paul Moreau- Vauthier, pour matérialiser la ligne de front telle qu elle était en juillet 1918, lors d'une des dernières offensives alliées. La grande ferme de Confrécourt était une véritable forteresse. Les ruines actuelles le montrent fort bien. Elle fut construite par des moines. Les premiers écrits où elle est mentionnée datent de 893. Sa position en faisait un excellent point d observation de la vallée de l Aisne. Vendredi 11 septembre 1914 au matin. Des tirs d'artillerie se font entendre vers le sud, dans la direction de Villers-Cotterêts. À 2 heures de l'après-midi les soldats allemands entrent dans la ferme. Ils commencent à préparer la ferme pour se défendre en faisant des meurtrières dans les murs. Pourtant au cours de la nuit, les troupes allemandes, curieusement, abandonnent la place et battent en retraite. Les chasseurs alpins français occupent la ferme cette même nuit.
A la fin 1914, le front passe au nord de l'aisne dans le secteur de Vingré Le jour suivant, le 12 septembre, la ferme est victime d'un bombardement de l'artillerie allemande. La ferme tombe en ruines et ne sera plus jamais réinvestie par Allemands. Du 13 au 20 septembre 1914, la première bataille de l'aisne fait rage. La 6 e Armée française s'oppose à la 1 re Armée allemande. Le 20 septembre, les Allemands attaquent massivement afin de prendre Fontenoy et repousser les Français de l'autre côté de l'aisne. La ferme de Confrécourt se trouve entre Vingré et Fontenoy. La défense de la ferme de Confrécourt par les Français est héroïque : 400 hommes résistant à l'attaque de deux régiments allemands. Sans interruption, des morceaux de remparts, de hangars, de toits sont détruits La Croix Brisée vue de la route des carrières
Le front a reculé en 1917 sur la ligne Hindenburg, suite au repli stratégique allemand. A la fin mai 1918, une très puissante attaque allemande créée "la poche de Château-Thierry". Le 3 juin le secteur de Nouvron Vingré est totalement dans les lignes allemandes
Il faudra attendre le 20 août 1918 pour que le secteur soit libéré Les carrières de Confrécourt Autel souterrain des 35éme RI et 298éme RI l escalier donnant directement sur le plateau Combien de Poilus la peur au ventre en montant ces marches, croyants ou non ont chercher protection et espérance devant ce sanctuaire? Combien en redescendant ces même marches, ont rendu grâce?
Les carrières situées à proximité de la ferme en ruine vont être occupées et aménagées par les soldats français. Elles constituent un abri idéal pour les soldats revenant des tranchées toutes proches où la bataille fait rage. Le 16 septembre 1914, le 216ème régiment d'infanterie installe un hôpital qui va accueillir jusqu'à 400 blessés. Ces carrières sont alors surnommées "l'hôpital". A quelques centaines de mètres à l'ouest, d'autres carrières servent d'abri au régiment notamment au régiment des "1er Zouaves" et abritent environ 300 soldats. Les carrières sont progressivement aménagées en plusieurs secteurs : - la zone de l'hôpital, situé à l'est, où des lits et un poste de premiers secours sont installés. - Un dortoir collectif pour les soldats, avec de lits de paille posés à même le sol, dans la zone ouest. - Un entrepôt souterrain pour les vivres et les munitions dans la zone ouest. - Entre ces deux ensembles de carrières, plusieurs appartements d'officiers sont construits le long du front de taille. Ils sont munis de cheminées et équipés de meubles provenant des villages avoisinants. Pour faciliter le transport des pierres nécessaires aux aménagements et des munitions, une portion de voies Decauville fut installée. Elle était équipée de wagonnets basculeurs. Elle est toujours visible en contrebas du chemin des carrières. Le complexe de galeries ressemble aux catacombes romaines. Celles-ci mènent à des salles profondes. Du côté droit, les salles sont employées par les officiers, du côté gauche elles servent d'entrepôt. La chambre des officiers a une large cheminée où ils peuvent se réchauffer. Pour ceux qui reviennent des tranchées les carrières représentent le luxe : un abri sec, de la paille pour dormir, quelques meubles et du feu. Des grandes chambres abritent les hommes de troupe. Ils peuvent s'y reposer, dormir, jouer aux cartes ou écrire des lettres en toute sécurité. Et comme ils ont quelques temps libres, ils ont laissé leur empreinte dans la pierre meuble. Les sculptures et bas-reliefs qu'ils nous ont légués sont désormais célèbres. Ils aménagent en particulier de magnifiques et émouvantes chapelles, où leurs aumôniers célèbrent la messe.
Le père Doncoeur fut l'un d'eux et a souvent dit la messe dans la chapelle du 1er zouave, et béni les hommes du 35e RI et du 298e RI juste avant qu'ils montent en première ligne, par l'escalier qui part juste à droite de l'autel. Dans la carrière du "1er Zouave" se trouve une seconde chapelle souterraine possédant un autel beaucoup plus ornementé. Elle se nomme la chapelle du "père Doncoeur" qui officia ici pendant la guerre.. Paul Doncoeur est un jésuite qui devint aumônier militaire en 1914. il participa aux batailles de la Marne, de l'aisne, de Champagne et de Verdun. Il fut grièvement blessé dans la Somme. Par la suite, il rejoint ses régiments pour les combats de Reims, des Flandres. Sa bravoure et son dévouement pour assurer une sépulture chrétienne aux soldats morts au champ d'honneur, lui vaudront une renommée immense : sept citations, la croix de guerre, la légion d'honneur Cet autel fut sculpté par les 35e et 298e régiments d infanterie en 1914. Il est écrit au dessus une inscription patriotique : "Dieu protège la France". De la sanguine fut utilisée pour colorer les rayons du soleil entrant dans la riche ornementation de cet autel. A droite, un escalier permettait d'accéder directement aux premières lignes.
Le Père Doncoeur fait partie de ces prêtres qui, par leur comportement héroïque pendant la guerre, ont réhabilité le clergé qui avait subi les campagnes de dénigrement et de persécution que l on connaît. Outre sa fonction d aumônier, il avait pris le parti de relever, au mépris de sa vie, les corps de poilus morts sur le champ de bataille pour leur offrir une digne sépulture : "Hier, j'ai été avec un autre prêtre chercher sur le plateau un corps qu'on n'avait pas encore enterré depuis octobre. Il a fallu pour cela nous mettre à plat ventre et ainsi le tirer 100 mètres durant, sans nous lever. C'est une famille qui aura du moins la consolation de retrouver une tombe." (RP Doncoeur). Aujourd hui, pour marcher sur les traces du Père Doncoeur, fondateur du scoutisme français catholique avec le Père Sevin et plus particulièrement de la Route, des unités scoutes viennent organiser dans cette carrière des promesses et des départs routiers. Des prêtres viennent célébrer la messe, là où le Père Doncoeur a béni tant de poilus qui partaient à la mort. Dans ce lieu chargé d histoire, on commémore le souvenir de nos morts, tombés au champ d honneur et le Père Doncoeur devient le lien idéal entre ces hommes qui ont fait preuve d héroïsme et d abnégation et les scouts et routiers à la recherche d un modèle de vie.