Contribution de l ANEPF Expérimentation PACES «AlterPACES»
Contribution - AlterPACES Table des matières I. INTRODUCTION... 1 II. PASSERELLES ENTRANTES & PASSERELLES SORTANTES... 2 III. ORIENTATION... 5 IV. PÉDAGOGIE... 7 V. CONCLUSION... 9
I. Introduction Depuis 2010, l accès à la filière pharmacie ne se fait plus par un concours dédié à cette filière (première année du premier cycle des études de pharmacie ou PCEP1), mais est remplacée par la première année commune des études de santé (PACES) 1. Cette nouvelle voie d entrée regroupe les étudiants en médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie, et parfois même certaines professions paramédicales 2. Cependant, des expérimentations ont vu le jour dès 2014 3 pour remédier à certaines difficultés engendrées ou non-corrigées par la mise en place de la PACES. Deux ans plus tard, une nouvelle vague d expérimentations est en cours de réflexion, là encore pour trouver des alternatives à la PACES : des AlterPACES. Ce document vise à proposer des solutions pour le cahier des charges des prochaines expérimentations. Et ce, dans l objectif d améliorer les conditions pédagogiques des étudiants, de les sélectionner intelligemment et surtout de renforcer leur choix pour une filière en particulier. 1 Loi n 2009-833 du 7 juillet 2009 portant création d'une première année commune aux études de santé et facilitant la réorientation des étudiants 2 Arrêté du 28 octobre 2009 relatif à la première année commune aux études de santé 3 Arrêté du 20 février 2014 relatif à l'expérimentation de nouvelles modalités d'admission dans les études médicales, odontologiques, pharmaceutiques et maïeutiques 1
II. Passerelles entrantes & passerelles sortantes Il existe actuellement une volonté de diversifier le profil des étudiants qui rejoignent les filières contingentées. Pour permettre cette diversité, il faut donner davantage de poids aux filières entrantes. Rappelons que par ce terme est entendu un accès aux filières contingentées en dehors du concours de la PACES. Pour que cette voie d entrée soit notable et visible, il faut y d attribuer un pourcentage significatif du numerus clausus. La ville de Strasbourg a proposé un modèle en ce sens, où le quart du numerus clausus est attribué à une voie d entrée différente de la PACES telle que nous la connaissons. Figure 1 : expérimentation de la PACES à Strasbourg 4 http://pharmacie.unistra.fr/uploads/media/passerelles_juin2015_plaquette_v2.pdf 2
Une des missions de ces alternatives à la PACES est bien évidemment de réduire le flux d étudiants qui quittent cette formation, en cours ou en fin d année, sans possibilité de progression dans un cursus. Différents moyens sont possibles et complémentaires les uns des autres pour tendre vers cet objectif. Il est primordial de développer les réorientations vers d autres filières (universitaires ou non) pour fluidifier les changements de parcours, très nombreux chez les néo-bacheliers. Ces passerelles sortantes doivent être proposées en cours ou en fin de PACES. Figure 2 : expérimentation PluriPASS à Angers De plus, les ECTS (European Credit Transfer and System) sont rarement capitalisés à l issue de la PACES, la finalité supposée de l année reposant sur le concours. Or, généraliser la capitalisation de ces crédits serait un pas de plus dans la reconnaissance des compétences acquises en cours de PACES et faciliterait la progression dans les parcours non-médicaux. 5 http://www.univ-angers.fr/fr/formation/pluripass/programme.html 3
L ANEPF reste attachée à conserver la possibilité pour un étudiant de rejoindre une filière contingentée à travers deux chances bien distinctes. La voie classique de la PACES et un portail universitaire alternatif plus large. Ce portail alternatif serait accessible dès la première inscription. Néanmoins, un étudiant ayant choisi la PACES et qui aurait échoué une première fois pourrait se réorienter vers la voie alternative. Les expérimentations proposant d organiser les deux chances de la PACES en l espace de trois mois d intervalle, ou de les proposer de manière très précoce dans l année, semblent dangereuses. En plus de ne pas diversifier les profils d étudiants sélectionnés, ces alternatives renforcent le bachotage et favorisent les dérives telles que les années de préparations post-bac et pré-paces. Mises en place par les organismes privés, ces voies de préparation au concours renforcent la sélection sociale dans l accès aux filières de santé et rendent obsolète l objectif principal de ces expérimentations : favoriser la progression sans redoublement. 4
III. Orientation Partant du constat que de trop nombreux étudiants en PACES se retrouvent inscrit dans un cursus par défaut d information et/ou d orientation, il convient de favoriser une orientation active pour les étudiants et de proposer un projet personnel et professionnel de l étudiant (3PE). Il semble important de formaliser ce module pour que les étudiants y participent activement. Cette méthode, notamment proposée par l expérimentation PluriPASS à Angers, permet à l étudiant d approfondir son projet de futur professionnel de santé mais aussi de réfléchir à un projet secondaire en cas de non réussite au concours. Il faut bien évidemment inciter l étudiant à aller rencontrer des professionnels de santé pour qu il puisse conforter son choix mais également à consulter les services universitaires en charge de l orientation et de l insertion professionnelle pour un complément d informations. Depuis la PACES, un constat est partagé par beaucoup de Facultés de Pharmacie : nombreux sont les étudiants qui rejoignent la pharmacie à cause d un choix dit par défaut. Et ce, notamment lorsque le classement dans le numerus clausus de médecine semble inaccessible. L odontologie et la maïeutique sont également concernées. Ces étudiants ont parfois du mal à s'imprégner de leur filière d accueil, compromettant leurs résultats pédagogiques et leurs perspectives professionnelles. En 2013, l ANEPF avait d ailleurs réalisé un sondage auprès des étudiants de deuxième et troisième année de pharmacie, touchés par la réforme de nos études. Une part importante de ce questionnaire a été axée sur l orientation des étudiants vers la filière pharmacie. En deuxième année, 37% des étudiants n avaient pas choisi pharmacie comme premier choix (contre seulement 20% des étudiants de troisième année). Ces résultats sont développés dans la contribution De la PACES au diplôme de formation générale dans les études de Pharmacie 6. 6 Contribution de l ANEPF «De la PACES au diplôme de formation générale dans les études de pharmacie disponible sur www.anepf.org/contributions/ 5
A la suite de ce constat, l ANEPF souhaite renforcer les coefficients attribués aux unités d enseignements spécifiques de pharmacie afin que les étudiants qui réussissent le concours d entrée en DFGSP2 aient acquis les prérequis attendues à la sortie du concours. Une solution parfois mise en place dans certaines villes et qui semble cohérente avec cette logique est la présence obligatoire des étudiants au concours traitant de la spécialité pharmacie, sans quoi ils ne peuvent rejoindre cette filière. Ces modalités doivent être appliquées dans toutes les UFR. 6
IV. Pédagogie A l heure du numérique et lorsque s accumulent les études démontrant l intérêt des pédagogies innovantes dans les enseignements, il semble incohérent d esquiver ces questions qui ont toutes leur place, y compris dans une année de concours. Cette pédagogie serait d autant plus adaptée à ces alternatives à la PACES car cette année est très chargée - tant sur le plan du nombre d étudiants qui y sont inscrits que du nombre d enseignements dispensés. Il existe notamment des modèles pour enseigner des cours à de gros volumes d étudiants 7 8. Aujourd hui un très grand nombre d étudiants dispose d un ordinateur personnel. Quand la possibilité leur est offerte, ils sont nombreux à suivre les cours à distance depuis leur domicile ou un lieu différent de celui de l'amphithéâtre. Dans l objectif de permettre une acquisition des connaissances plus aisée, la mise en place de cours à distance traitants des bases du cours magistral permet à chacun d appréhender les notions à son rythme. Le temps dégagé peut être réinvesti pour des temps d exercice et d enseignements dirigés (ED). La mise en application des connaissances est encore insuffisante et les étudiants n ont que trop peu d opportunités de rentrer en interaction avec l enseignant. Pour aider les étudiants dans cette année difficile, tant sur le plan de l organisation que sur la quantité de connaissances à intégrer, des Tutorats se sont mis en place 9 10. Des étudiants de deuxième ou troisième année proposent des séances d exercices, de révisions, et d'accompagnement pour ces étudiants de première année. Le Tutorat se veut être la seule alternative aux organismes privés, qui par définition ne sont pas accessibles à tous les étudiants du fait de leur coût prohibitif. 7 L enseignement aux grands groupes, Marc Champagne - Université Laval Réseau de valorisation de l'enseignement Pavillon Félix-Antoine-Savard, Sainte-Foy (Québec), CANADA, G1K 7P4 8 Big Learning from Small Screens: Using Mobile Technology in Medical Education ; elearning symposium at AMEE 2016 ; https://mobiletelearning.blogspot.fr 9 Arrêté du 18 mars 1998 relatif à l'organisation et à la validation du tutorat en premier cycle 10 Arrêté du 30 novembre 2009 modifiant l'arrêté du 18 mars 1998 relatif à l'organisation et à la validation du tutorat en premier cycle 7
Le Tutorat doit être reconnu à sa juste valeur par les unités de formation et de recherche (UFR), pour permettre une totale collaboration entre les équipes pédagogiques et les étudiants aidant leurs pairs. Assurer la qualité des tutorats étudiants est indispensable pour lutter contre la sélection sociale en filières de santé. Un des gros axes d amélioration de la PACES est celui de la docimologie. La première année est peu propice à la réflexion et la compréhension des notions, tant les examens proposés encouragent la simple mémorisation de détails des cours à retranscrire. Traditionnellement nommée bachotage, cette méthode n est en rien pédagogique dès lors que les notions sont si tôt apprises, sitôt oubliées, une fois le concours passé. C est pour limiter au maximum cette pratique de «bachotage» que l ANEPF prône une révision du modèle des examens actuels. Tout en restant sur le principe des questions à choix multiples (QCM) justifiés techniquement par le nombre d étudiants, il reste toutefois possible de les mettre au profit d une évaluation plus intelligible. Il faut privilégier une réelle évaluation des compétences, et pas uniquement des connaissances. Cela passe par des QCM avec une difficulté progressive, pour évaluer la réflexion et le raisonnement de l étudiant. La docimologie joue donc une part non négligeable dans le devenir des étudiants. Elle peut permettre de réduire la marche qui se présente aux étudiants entrant en deuxième année, qui elle fait appel à une compréhension des connaissances et non une simple restitution. Cet effet de bachotage peut également être régulé en proposant un contrôle continu intégral aux étudiants. Cette méthode permet de travailler plus régulièrement les cours et ainsi de mieux les retenir et surtout de les comprendre. C est la méthode qui a été mise en place à Angers pour PluriPASS. Il est constaté que la PACES, comme bon nombre d expérimentations, n a pas de moyen d évaluation. Il nous semble pertinent de proposer un moyen d auto-évaluation ou d'évaluation externe annuelle et pluriannuelle pour pouvoir dresser un bilan de chacune de ces expérimentations. Ce n est qu à partir des résultats obtenus que nous pourrons alors proposer des améliorations. 8
V. Conclusion Nous souhaitons à travers cette contribution vous apporter des éléments de réponse quant aux éléments à inclure dans le futur cahier des charges pour les AlterPACES. Nous souhaitons notamment : - Une orientation active de l étudiant ; - Développer les passerelles sortantes, et la reconnaissance des ECTS acquis durant la première année ; - Attribuer une part non négligeable aux passerelles entrantes pour l entrée dans les filières contingentées ; - Une reconnaissance de l aide apportée par les Tutorats et un soutien des équipes pédagogiques ; - Une réelle réflexion sur la docimologie et la possibilité d instaurer un contrôle continu intégral ; - Redonner la valeur et sa spécificité à la filière pharmacie en augmentant le poids des coefficients propres à cette filière ; - L instauration d une pédagogie innovante dans l enseignement. 9