Lherm Demeure dite château

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Transcription:

PATRIMOINE Midi Pyrénées Service connaissance du patrimoine DCAV Région Midi Pyrénées Lherm Demeure dite château Étude archéologique Maurice Scellès, 1989 Mise en page août 2010

L étude de la maison a été effectuée en 1989 à l occasion de travaux de rénovation, en dehors de tout programme de recherche sur l ensemble de la commune. Elle n a été accompagnée d aucun dépouillement bibliographique ou d archives. Les propriétaires nous ont toutefois indiqué que J. Lartigaut ne connaissait aucun document relatif à la maison. L analyse archéologique se devait d être limitée dans le temps ; elle a néanmoins permis, nous semble-t-il, de préciser les deux grandes campagnes de construction et les principaux éléments de structure. DESCRIPTION Situation L édifice se trouve à peu près au centre du village actuel. Son élévation nord borde une petite place rectangulaire qui, au vu des maisons qui l entourent, semble de création ancienne. Extrait du plan cadastral 2010 C02. Son élévation sud donne sur l actuelle place du Monument ; l examen du cadastre ancien indiquerait si celle-ci est antérieure au XIX e siècle. 1

Matériaux et mise en œuvre L ensemble de l édifice est bâti en moellons assez régulièrement assisés, sans chaînes d angle en pierre de taille. Il est possible de distinguer une légère différence dans la qualité de la mise en œuvre des moellons, plus régulière et plus soignée pour le corps de bâtiment nord que pour le corps sud. La pierre de taille est exclusivement réservée aux encadrements extérieurs des baies dont les embrasures intérieures, piédroits et arcs, sont entièrement réalisées en moellons. Description sommaire L édifice est constitué de deux corps de bâtiment bien individualisés. Le corps principal, au nord, comporte un niveau de soubassement, partiellement enterré en raison de la déclivité du terrain, et deux étages. La limite sud du bâtiment est marquée sur les élévations par les angles bien visibles dans les maçonneries. On lui a ajouté à l est un petit bâtiment en appentis dont il ne sera pas tenu compte ici. Le corps sud, plus bas, ne comporte qu un étage ; le niveau de soubassement est accessible de plain-pied du côté sud. Ce corps de bâtiment englobe un escalier en vis dont la partie supérieure émerge avec une tour circulaire qui domine de beaucoup les deux toitures, et à laquelle l édifice doit sans doute son appellation. A. Le corps principal A.l. Les élévations L élévation nord sur la petite place rectangulaire est la façade principale de l édifice. Élévation principale (nord). État en 2006. Cliché G. Séraphin, M. Scellès. Elle présente une composition symétrique selon l axe médian, marqué au rez-de-chaussée par la porte d entrée, dont l encadrement est orné d une mouluration gothique caractéristique du XV e siècle avec des baguettes croisées aux angles et une accolade sur le linteau. De part et d autre subsistent les vestiges de deux arcades dont les piédroits en pierre de taille sont liés à ceux de la porte ; les angles des arcs segmentaires et des piédroits sont abattus par une gorge. Les piédroits extérieurs des arcades, interrompus à mi-hauteur et qui conservent leurs congés, prouvent qu elles étaient partiellement fermées par un muret portant un étal. Les premier et deuxième étages se traduisent en façade par deux couples de deux croisées de pierre ; 2

leurs encadrements sont moulurés, les bases des piédroits présentant des traitements décoratifs variés. Élévation est, fenêtre du 3 e niveau. État en 2006. Cliché G. Séraphin, M. Scellès. L élément dominant de l élévation orientale est, aujourd hui, une large cheminée et son conduit qui ont été accolés au bâtiment. La cheminée elle-même a été installée au rez-de-chaussée à l emplacement d une arcade de boutique dont subsistent à gauche le piédroit et le départ de l arc segmentaire, indiquant que l arcade était semblable à celles de l élévation nord. A droite, prés du sol, une baie étroite, chanfreinée et couverte par un linteau délardé en plein cintre, éclaire le niveau de soubassement. Au-dessus, deux fenêtres à traverse contemporaines de la construction du bâtiment correspondent aux premier et second étages. Outre un jour du niveau de soubassement, donnant actuellement dans le petit bâtiment en appentis accolé à l édifice, l élévation ouest présente deux fenêtres à traverse, superposées au milieu de la façade, qui correspondent aux deux étages. Angle sud-est et tour d escalier. État en 2006. Cliché G. Séraphin, M. Scellès. A.2. Structures et distribution intérieure Le niveau de soubassement est une cave aujourd hui peu éclairée par la seule petite baie de l élévation est. Deux jours de même type sont toutefois conservés sur le côté nord, indiquant que le niveau du sol extérieur était au XV e siècle beaucoup plus bas. Le rez-de-chaussée, comme les deux étages du corps principal, ne forme aujourd hui qu une seule pièce. Toutefois, une rainure et des encoches sur deux poutres seul le plafond de ce niveau pourrait dater de la construction indiquent que des cloisons ont délimité un couloir menant de la porte d entrée à celle ménagée dans le mur postérieur et qui donne encore accès au corps de bâtiment sud. Celle-ci est manifestement le fruit d un remaniement : des traces de reprise sont visibles le long du montant gauche et de la partie supérieure du montant droit, et le linteau à angle vif, présentant une bordure ciselée, n appartient pas à la construction d origine. La liaison parfaite des pierres de taille du montant droit avec le placard voisin prouve qu il y avait néanmoins auparavant à cet endroit une structure que nous n identifions pas mais dont pourraient provenir les pierres à angle arrondi remployées pour la porte. 3

C est certainement dans la partie gauche du mur qu il faut situer la porte d origine. Le montant droit de l embrasure bâti en moellons, est entièrement conservé, ainsi que la plus grande partie du seuil ; à gauche, seul apparaît le bas du second montant. Ces éléments correspondent aux vestiges qui apparaissent de l autre côté, dans la cage d escalier. La partie droite du mur postérieur est occupée par une cheminée dont la menuiserie peut être située au XVII e siècle. Le mur ouest comporte un évier, le mur est une grande cheminée qui a été installée dans une arcade de boutique et fait saillie à l extérieur cf. supra). Au premier étage, le mur nord, correspondant à la façade principale, est ouvert par deux grandes croisées. Leurs embrasures, qui comportent des coussièges, sont couvertes par un arc segmentaire ; piédroits et arcs sont bâtis en moellons. Une grande cheminée occupe la majeure partie du mur est ; le linteau conserve des traces d une peinture noire qui apparaît également sur l enduit de mortier rose qui subsiste sur la hotte. La fenêtre à traverse, placée à droite de la cheminée, conserve son coussiège ; son couvrement, en bois, a été refait récemment. La baie du mur ouest est également une fenêtre à traverse. Seul le mur postérieur, au sud, a été profondément modifié. L enduit a été enlevé dans la partie basse et la maçonnerie présente plusieurs vestiges d ouvertures murées. Au centre subsistent un arc segmentaire en moellons et la partie supérieure d un montant droit. Le montant gauche a été détruit par l installation d une porte, aujourd hui murée, à linteau droit et piédroits bâtis en grandes pierres. Arc et montant sont donc antérieurs à la porte ; ils ont appartenu à une structure fenêtre ou placard? qui avait déjà subi une première transformation en porte, dont témoigne un piédroit placé à l intérieur qui est associé à des pierres qui pourraient être celles d un seuil. 4

Deux piédroits qui apparaissent immédiatement à droite de la porte actuelle donnant sur l escalier en vis, doivent correspondre à la porte d origine : ils sont bâtis en moellons de taille très variable et leurs angles conservent des restes d un enduit de mortier rose peint en noir qui est recouvert par le nouvel enduit qui a été appliqué sur le mur une fois la porte murée. Cette succession des enduits a été vérifiée en plusieurs endroits de la pièce. Cette porte a été condamnée lors de la construction du corps arrière, dont la porte d accès à l escalier se trouve au droit de celle-ci. On a alors aménagé la porte actuelle dont l embrasure est également réalisée en moellons, le tableau ouest comportant un trou barrier. Du côté de l escalier, l encadrement est en pierre de taille, avec des angles arrondis sur le linteau et les piédroits, où les congés sont de simples méplats assurant la transition entre le quart de rond et l angle droit. Le deuxième étage présente des dispositions tout à fait semblables à celles du premier étage : deux grandes croisées au nord, une grande cheminée et une fenêtre à traverse à l est, une fenêtre à traverse à l ouest. On signalera encore, pour le mur ouest, la présence d une cache réservée dans la maçonnerie en moellons avec une poterie d une quinzaine de centimètres de haut (l ouverture se trouve à 1,75 m du sol et à 0,95 m à gauche de la fenêtre). 5

Le mur postérieur conserve, immédiatement à droite de la porte actuelle donnant sur l escalier, les vestiges de ce qui était probablement la porte d origine avec un piédroit et un arc segmentaire bâtis en moellons. B. Le corps arrière B.1. Élévations extérieures La façade sud présente trois fenêtres, deux qui semblent assez récentes pour le deuxième niveau (rez-de-chaussée) et une pour le troisième, et une large porte ouvrant sur le niveau de soubassement, dont les pierres de l arc en anse de panier indiquent un remaniement peu ancien. L angle du bâtiment formé par les élévations est et sud est traité en arrondi. L élévation est présente au premier niveau une baie de boutique, avec un linteau en bois et un muret d étal, qui a probablement pris la place d une ouverture dont subsisterait l arc de décharge en moellons qui apparaît au-dessus. De la même façon, au deuxième niveau, une fenêtre étroite a remplacé une baie dont subsiste à droite le montant en pierres de taille. Seule la petite baie haute, à montants et linteau chanfreinés, qui éclaire l escalier, doit appartenir à l état d origine. La partie haute de la tour d escalier, qui s élève bien au-dessus de la toiture, présente quatre petites baies chanfreinées. A mi-hauteur, un bandeau saillant n existe que sur la moitié sud-est de la tour, entre les fenêtres. Faut-il y voir un bandeau anti-rongeurs destiné à protéger le pigeonnier qu est effectivement la partie supérieure de la tour? 6

B.2. Structures intérieures Le corps arrière ne comporte qu une pièce par étage, si ce n est une petite resserre prise entre la maçonnerie de la cage d escalier et le mur extérieur au premier étage et dans les combles. Au premier étage, tout le mur est conserve un décor peint réalisé sur un enduit de mortier de terre. Il s agit d un décor géométrique constitué de pointes de diamant juxtaposées, traitées en trompe-l œil en noir, ronge et blanc. Le décor subsiste au-dessus de la porte donnant sur l escalier en vis et se poursuit sur un tiers environ du mur sud. Cet enduit peint est apparemment le premier enduit qui a été appliqué sur la maçonnerie. Ajoutons que sur le mur sud, à gauche de la fenêtre actuelle, apparaît un montant à angle arrondi, certainement contemporain du décor peint qui le recouvre : aucune trace véritablement identifiable n apparaissant à l extérieur, c est seulement en poursuivant son dégagement qu il serait possible de déterminer s il correspondait à une niche ou une fenêtre. L escalier en vis fait probablement partie intégrante du corps arrière ; aucune trace de reprise ne permet, nous semble-t-il, d y voir des campagnes de construction différentes. La partie basse de l escalier, entre le niveau de soubassement et le rez-de-chaussée, n est plus aujourd hui utilisable, bien que les marches en soient pour leur plus grande partie conservées. Le départ de l escalier en vis se trouve au niveau de l actuelle baie de boutique de l élévation est : ceci serait un argument supplémentaire pour considérer qu elle a remplacé une porte qui pouvait procurer un accès direct à l escalier en vis à partir de la rue. Lié au départ de l escalier en vis, un petit escalier droit, en partie comblé, descend vers le niveau de soubassement du corps principal ; de la porte qui y donnait accès subsiste l arrière-voussure en moellons. L examen des accès au premier étage permet de préciser les liens entre l escalier et les deux corps de bâtiment. Deux marches plus larges correspondent aux deux portes, indiquant qu elles ont été établies en même temps que l escalier. Si les piédroits et le linteau de la porte du corps principal présentent des angles arrondis (cf. supra), celle du corps arrière comporte un linteau chanfreiné et des piédroits à angle arrondi dont les congés sont des becs. Le fait que piédroit de droite soit pris dans la maçonnerie pourrait indiquer que les pierres de l encadrement de la porte sont ici remployées : elles pourraient provenir de la porte d origine du corps principal. L intérieur du mur de la partie haute de la tour est entièrement tapissé de trous de boulins, et celle-ci a donc été bâtie pour servir de pigeonnier. CONCLUSIONS La question principale posée à l analyse archéologique était d établir la chronologie relative du corps principal, de l escalier et du corps arrière. S il n a pas été possible de se livrer à une analyse détaillée des traces de reprises, des superpositions d enduits, des 7

différentes qualités de mortier... quelques observations permettent néanmoins d établir les étapes principales de la construction. Les élévations est, nord et ouest du corps principal sont très homogènes. En revanche, le mur arrière, sud, conserve les traces nombreuses de portes qui se sont succédé. La technique de construction : piédroits et arcs des embrasures bâtis en moellons, la présence d un enduit peint en noir ou la liaison avec la maçonnerie voisine, permettent de déterminer celles qui appartiennent au premier état de l édifice. Le décalage entre la porte du rez-dechaussée et celles des deux étages prouve qu elles ne pouvaient correspondre à un escalier en vis montant de fond. La distribution d origine de l édifice nous échappe donc ; l accès aux étages de ce corps de bâtiment pouvait tout aussi bien se faire par d autres corps ou à partir d une cour contenant escalier extérieur et galeries de circulation. Une circulation verticale continue, du niveau de soubassement au deuxième étage, est obtenue avec la construction de l actuel escalier en vis. Il est élevé en même temps que le corps arrière. Le style du décor des baies et des cheminées permet de proposer la deuxième moitié du XV e siècle pour la construction du corps principal. A la qualité du décor répond le soin apporté à la mise en œuvre des matériaux. On n a plus le même souci lors de l édification du corps arrière et de l escalier actuel. L absence de tout décor «gothique», et le style de la peinture murale du premier étage qui semble bien être contemporaine de la construction, sont des arguments en faveur d une campagne tardive, qui n est peut-être pas antérieure à la fin du XVI e siècle ou le début du XVII e siècle. Maurice Scellès mars 1990 DOCUMENTATION Bulletin de la Société des Études du Lot, t. LXXXII (1961), p. 130 [mention, description sommaire par J. Lartigaut]. 8

Plans et dessins d élévations extraits du Projet de réhabilitation, 1989 S.A.R.L. d architecture et d urbanisme BELMON