Pascale Leclerc. Relations sexuelles à risque chez les. drogues par injection : données du Réseau SurvUDI

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Transcription:

Relations sexuelles à risque chez les hommes et les femmes qui utilisent des drogues par injection : données du Réseau SurvUDI Pascale Leclerc 28 e rencontre nationale des intervenant(e)s en réduction des méfaits liés à l usage de drogues 6 mai 2014 Hôtel Sandman, Longueuil

L équipe responsable de SurvUDI (1) Chercheurs responsables : Michel Alary Élise Roy Carole Morissette Pascale Leclerc Équipe «centrale» : Coordination : Karine Blouin Analyses statistiques : Caty Blanchette et Éric Demers Analyses de laboratoire : Bouchra Serhir 2

L équipe responsable de SurvUDI (2) Responsables régionaux : Abitibi/Témiscamingue : Danielle Gélinas Estrie : Marie-Andrée Roy Mauricie/Centre du Québec : Andrée Côté Montérégie : Andrée Perreault Montréal : Pascale Leclerc, Carole Morissette et Élise Roy Ottawa : Lynne Leonard et Andrée Germain Outaouais : Julie Lévesque et Marie Hortas Québec : Lina Noël et Nathanaëlle Thériault Saguenay/Lac St-Jean : Marcel Gauthier et Geneviève Pouliot- Gagné 3

Objectif de la présentation Décrire certains aspects de la vie sexuelle des participants à SurvUDI qui les mettent à risque pour les ITSS Relations anales non-protégées Relations sexuelles en échange d argent, de drogues ou d autre chose (travail du sexe) ) 4

Qu est-ce que SurvUDI? Réseau de surveillance épidémiologique gq du VIH, du VHC et des comportements à risque associés chez les personnes UDI Financé par l ASPC et le MSSS Chapeauté par l INSPQ 5

Prince George Edmonton Regina Winnipeg Thunder Bay Sudbury Kingston Réseau SurvUDI : Implanté en 1995 Couvre 8 régions du Québec + ville d Ottawa Réseau canadien I-Track : Implanté en 2003 Le réseau SurvUDI I-Track Abitibi/Témiscamingue Saguenay/ Lac St - Jean Outaouais Mauricie/ Centre du Québec Montréal Québec Estrie 6 Ottawa Montérégie

Qui sont les participants? Critères de recrutement : S être injecté des drogues dans les 6 mois précédents Être âgé de 14 ans ou + Parler le français ou l anglais Être en mesure de fournir un consentement éclairé Participations multiples possibles Au maximum 1 fois par 6 mois 7

Où se fait le recrutement? Principalement dans des centres d accès au matériel stérile d injection sites fixes, unités mobiles, travailleurs de rue (ex. Cactus-Montréal, Point de repères, Spectre de rue, Le Bras, Arrimage Jeunesse) Aussi : centres de réadaptation, prisons, SIDEP, 8

Déroulement d une entrevue Consentement Questionnaire (complété par l intervieweur couvre principalement consommation de drogues, comportements sexuels et dépistage VIH-VHC) Prélèvement d un échantillon de salive (dépistage des anticorps anti-vih et anti-vhc) Création d un code identifiant encrypté (permet le jumelage des différentes visites d un participant) Compensation de $10 Durée : environ 30 minutes 9

Résultats

Données présentées 1 er mars 2004 au 31 mars 2012 5 477 personnes 9 820 entrevues 1 303 femmes (âge moyen : 33,6 ans) 4 174 hommes (âge moyen : 38,2 ans) Si plusieurs s entrevues e : sélection de la dernière e Comportements sexuels au cours des 6 mois précédents 11

Relations sexuelles (6 derniers mois) Relations sexuelles (orales, vaginales ou anales) Femmes Hommes 87% 68% Partenaires seulement 70% 5% Partenaires seulement 3% 59% Partenaires et 14% 4% 12

Relations anales non protégées selon le type de partenaires masculins - Hommes Type de partenaires masculins Relations anales (RA) Réguliers (102 ) 67% Occasionnels (174 ) 51% Clients (147 ) 45% RA non protégées 66% 39% 35% Partenaire régulier : personne avec qui ile participant i ta une relation et un engagement affectif Partenaire occasionnel : personne avec qui le participant a eu des relations sexuelles une fois ou quelques fois seulement, mais avec laquelle il n y a pas d engagement affectif Partenaire client : personne qui a donné au participant de l argent, des drogues ou autre chose en échange de faveurs sexuelles 13

Relations anales non protégées selon le type de partenaires masculins - Femmes Type de partenaires masculins Relations anales (RA) Réguliers (775 ) 36% Occasionnels (350 ) 23% Clients (397 ) 23% RA non protégées 89% 54% 27% Partenaire régulier : personne avec qui ile participant i ta une relation et un engagement affectif Partenaire occasionnel : personne avec qui le participant a eu des relations sexuelles une fois ou quelques fois seulement, mais avec laquelle il n y a pas d engagement affectif Partenaire client : personne qui a donné au participant de l argent, des drogues ou autre chose en échange de faveurs sexuelles 14

Résumé relations anales non protégées é Près de 90% des femmes et 2/3 des hommes sont actifs sexuellement RANP avec partenaires masculins sont rapportées par de nombreux hommes et femmes RANP = marqueur de risque pour la transmission sexuelle du VIH 15

Relations sexuelles avec/sans travail du sexe selon le sexe Type de relations sexuelles Total Aucune relation sexuelle 28% Hommes Femmes 32% 13% Relations sexuelles sans travail du sexe Relations sexuelles avec travail du sexe 61% 63% 56% 11% 5% 31% Travail du sexe : activités sexuelles en échange d argent, de drogues ou d autre chose 16

Taux d incidence dincidencedu du VIH (par 100 p-a) Taux IC 95% (par 100 p-a) Globalement 1,6 1,2-2,0 Actif sexuellement sans travail du sexe 1,0 0,6-1,4 Non actif sexuellement 23 2,3 1332 1,3-3,2 Actif sexuellement avec travail du sexe Intervalle de confiance à 95% 3,0 1,7-4,4 17

Facteurs associés à l incidence du VIH Modèle de Cox multivarié Ratio de IC 95% risque ajusté Injection avec une seringue utilisée par 33 3,3 1955 1,9-5,5 quelqu un d autre Actif sexuellement sans travail du sexe 1,0 Non actif sexuellement 1,8 1,0-3,4 Actif sexuellement avec travail du sexe 2,3 1,1-4,6 18 Modèle ajusté pour le sexe IC 95% : intervalle de confiance à 95%

Caractéristiques des participants qui font du travail du sexe Proportion plus grande d hommes et de femmes qui font le travail du sexe rapportent : Itinérance, détention, coke comme drogue la plus souvent injectée, consommation non-inj. de crack, d amphétamines et d ecstasy, nombre élevé de partenaires de sexe opposé, injection avec des étrangers, injection avec des seringues utilisées par d autres Proportion plus grande d hommes qui font le travail du sexe rapportent : Nombre élevé de partenaires du même sexe, injection dans des lieux publics 19

Caractéristiques des participants non actifs sexuellement Proportion plus grande d hommes et de femmes non actifs sexuellement rapportent : Injection toujours seul 20

Résumé incidence du VIH Le plus fortement associée à l utilisation de seringues utilisées par d autres Aussi associée avec type d activités sexuelles Liée à la transmission sexuelle?? 21

Limites et conclusions

Limites de SurvUDI Personnes qui consomment des drogues par injection qui fréquentent les centres d accès au matériel stérile d injection Relations anales non-protégées é : pas de donnée sur statut sérologique du partenaire, ni sur la position «insertif vs réceptif» Comportements auto-rapportés biais de désirabilité sociale biais de mémoire Ne permet pas d expliquer les phénomènes seulement de les documenter 23

Conclusions (1) La majorité des personnes UDI sont actives sexuellement Plusieurs d entre elles ont des relations anales non protégées Une association préoccupante est notée entre travail du sexe et incidence du VIH 24

Conclusions (2) Injection avec du matériel utilisé par quelqu un un d autre = principale préoccupation pour le VIH et le VHC Transmission sexuelle du VIH est une préoccupation p réelle Chlamydia, gonorrhée, syphilis? Importance de tenir compte de la transmission sexuelle dans les interventions sur les ITSS auprès des personnes UDI 25

Rapports de SurvUDI Rapports annuels du réseau : http://www.inspq.qc.ca Le volet montréalais du Réseau SurvUDI Volume 1 - Données au 30 juin 2007 Volume 2 - Données au 30 juin 2008 Volume 3 - Données au 30 juin 2011 http://www.dsp.santemontreal.qc.ca/publications / i 26