Les prévisions saisonnières pour le trimestre octobre-novembre-décembre 2015 Qu'est-ce que la prévision saisonnière? La prévision saisonnière a pour objectif de déterminer le climat moyen sur les trois mois à venir, à l'échelle d'une région comme l Europe de l Ouest. Contrairement aux prévisions à échéance de quelques jours, l information n est pas détaillée ni chiffrée, mais présentée sous forme de prévisions qualitatives qui renseignent sur les grandes tendances (plus chaud ou plus froid, plus sec ou plus humide que la normale). Les climatologues analysent les résultats de modèles numériques comparables à ceux utilisés pour réaliser les prévisions à court terme, mais intégrant la modélisation des océans. Dans certains cas, aucun scénario dominant ne se dégage : faute d éléments probants susceptibles d'influencer le climat des prochains mois, il est impossible de privilégier une hypothèse. Les performances des prévisions saisonnières sont très variables. Elles sont meilleures pour la température que pour les précipitations, et, pour la température, meilleures en hiver qu'en été. La fiabilité de ces prévisions est bien meilleure outre-mer qu en métropole, en particulier pour les précipitations. En savoir plus : notre dossier «la prévision saisonnière» Prévisions pour le trimestre octobre-novembre-décembre 2015 Le phénomène El Niño en cours sur le Pacifique Equatorial est l élément majeur de l état actuel du système climatique planétaire. Il se traduit par des anomalies de température de surface de l océan qui dépassent maintenant +2 C da ns l est du bassin. Il s agit donc d ores et déjà d un événement El Niño d intensité importante. Figure 1: Anomalies de température de surface de l'océan en septembre 2015 en C par rapport à la normale 1993-2013 (source : Mercator Océan) Tous les modèles de prévision saisonnière indiquent qu il va continuer à se renforcer au cours du prochain trimestre. L'évolution prévue suit un schéma temporel classique, avec un maximum d'intensité attendu en fin d'année et pourrait conduire à un événement parmi les
plus puissants observés depuis 1950. En savoir plus sur l événement El Niño en cours avec nos partenaires de Mercator Océan : http://mercator-ocean.fr/actualites-agenda/actualites/actualite-un-evenement-el-ninointense-pour-la-fin-de-l-annee-2015 La circulation atmosphérique est profondément et durablement influencée par ces anomalies de température de l océan Pacifique et les répercussions prévues sont très significatives sur les températures (Figure 2) et les précipitations (Figure 3), en particulier dans les régions tropicales. Figure 2: Probabilité d anomalies de température prévues pour le trimestre prochain (octobre-novembre-décembre) par la moyenne des modèles de l'ensemble EUROSIP (Météo- France, Centre Européen de Prévision Météorologique à Moyen Terme, Met Office, National Centers for Environmental Prediction). Du bleu clair au bleu foncé, les zones où les températures devraient être inférieures à la normale. Du jaune au rouge, celles où elles devraient être supérieures à la normale. En blanc, les zones où aucun scénario chaud ou froid ne prédomine (le scénario normal prédomine ou les 3 scénarios sont équiprobables).
Figure 3: Probabilité d anomalies de précipitation prévues pour le trimestre prochain (octobre-novembre-décembre) par la moyenne des modèles de l'ensemble EUROSIP (Météo- France, Centre Européen de Prévision Météorologique à Moyen Terme, Met Office, National Centers for Environmental Prediction). Du vert clair au vert foncé, les zones où les précipitations devraient être supérieures à la normale. Du marron au beige, celles où elles devraient être inférieures à la normale. En blanc, les zones où aucun scénario sec ou humide ne prédomine (le scénario normal prédomine ou les 3 scénarios sont équiprobables). Sur l Europe et la France métropolitaine : L Europe est une des régions les moins directement impactées par les conséquences du phénomène El Niño. Cependant, compte-tenu de l excellente concordance des différents modèles analysés, un scénario plus chaud que la normale semble être assez probable sur notre continent, sauf sur les îles Britanniques. En effet, ce trimestre devrait connaître probablement un renforcement de la circulation des dépressions sur le proche atlantique, ce qui est réputé favoriser un climat généralement doux et humide en Europe.
Figure 4 : Synthèse pour les températures des prévisions probabilistes issues des modèles de l ensemble EUROSIP. Pour chaque zone géographique délimitée par les pointillés : en bleu : la proportion de simulations correspondant à des températures inférieures à la normale ; en gris : celle des simulations correspondant à des températures proches de la normale ; en rouge : celle des simulations suggérant des températures supérieures à la normale. Pour l'ouest de l'europe, plus particulièrement le long de la façade Atlantique et sur les îles Britanniques, le scénario humide apparaît très probable. Sur les régions méditerranéennes, le trimestre à venir devrait être plus sec que la normale.
Figure 5 : Synthèse pour les précipitations des prévisions probabilistes issues des modèles de l ensemble EUROSIP. Pour chaque zone géographique délimitée par les pointillés : en orange, la proportion de simulations correspondant à des précipitations inférieures à la normale ; en gris celle des simulations correspondant à a des précipitations proches de la normale ; en vert, celle des simulations suggérant des précipitations supérieures à la normale Compte-tenu du fort évènement El Niño en cours et prévu pour les prochains mois, la prévisibilité est accrue dans les régions tropicales. La confiance est donc particulièrement bonne pour les ces régions. Océan Atlantique : Guyane : Un scénario sec et chaud semble très probable. Antilles : Dans le contexte imposé par l évènement El Niño, la fin de saison cyclonique devrait être moins active que la normale et un scénario plus sec et plus chaud que la normale est privilégié. Saint-Pierre et Miquelon : Aucun scénario ne se dégage pour les températures ni pour les précipitations. Océan Indien : Sur le sud-ouest de l'océan Indien, le début de la saison cyclonique devrait être significativement plus fort que la normale.
La Réunion et Mayotte : Les modèles s'accordent sur l'océan Indien sur un trimestre plus chaud et plus humide que la normale. Ce scénario concerne notamment Mayotte et la Réunion. Pour des prévisions saisonnières plus détaillées sur l île de La Réunion, consultez http://www.meteofrance.re/climat/previsions-saisonnieres. Océan Pacifique : Sur le Pacifique sud, le début de la saison cyclonique devrait être significativement plus fort que la normale. Nouvelle-Calédonie : Un scénario plus frais et plus sec que la normale se dessine pour le trimestre à venir. Wallis et Futuna : Le même scénario qu en Nouvelle-Calédonie, plus frais et plus sec que la normale, est privilégié. Polynésie : Dans un contexte d El Niño fort, en cette fin de saison fraîche, les températures seront légèrement plus chaudes que la normale sur l'archipel des Marquises, normales sur les archipels des Tuamotu et des Gambier et plus fraîches ailleurs. Les précipitations seront inférieures à la normale sur tous les archipels, exception faite des Marquises où elles seront proches des normales. Le prochain bulletin sera publié fin octobre 2015. Les prévisions utilisées par Météo-France dans cette analyse sont issues des résultats des modèles de Météo-France (MF), du Centre Européen de Prévision Météorologique à Moyen Terme (CEP), du Met Office britannique (Met Office), du National Centers for Environmental Prediction américain (NCEP), de la Japan Meteorological Agency (JMA) et des résultats des programme multi-modèles Eurosip (composé des modèles de Météo-France, du CEP, du Met Office et du NCEP) et de l'expérience multi-modèles menée en Corée du Sud sous l égide de l OMM (LC-MME)