TABLEAU SYNTHÉTIQUES DES DIFFERENTES THÈSES SUR LES ECHANGES

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Transcription:

TABLEAU SYNTHÉTIQUES DES DIFFERENTES THÈSES SUR LES ECHANGES 1

POURQUOI ÉCHANGEONS-NOUS? Auteur Thèse Citation ARISTOTE. (330 av. J-C.) La Politique Il est naturel pour l homme de vivre en société, dans une société structurée. Il est par nature sociable (ce qui s oppose à la thèse de Freud pour qui la civilisation est un rempart contre l agressivité naturelle, une nécessité pour ne pas vivre seulement guidés par nos pulsions ) L homme isolé n a pas de réalité, qu il est «dégradé» ou «au-dessus de l humanité» mais pas dans l humanité.. La Cité permet de dépasser nos insuffisances. De plus elle apporte le bonheur : «Née du besoin de vivre, la cité existe pour être heureux». La cité est le lieu où se nouent des amitiés, des relations. Elle exige vertu et respect. La thèse : «l homme est par nature un animal politique» est soutenue par 2 arguments : - l homme est le seul animal qui parle or comme selon Aristote, «la nature ne fait rien en vain», cela a sa raison d être. Mais il ne faut pas confondre la «voix» qui permet d exprimer des affects (douleur, joie ) et la «parole» qui est un discours qui a du sens, qui permet de débattre de la société elle-même. L homme dispose de la parole et il est doté d une caractéristique propre qui est de pouvoir distinguer le Bien du Mal (Le juste de l injuste) «L homme est par nature un animal politique.» «La nature, en effet, selon nous, ne fait rien en vain» «c est le caractère propre à l homme par rapport aux autres animaux, d être le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de l injuste, et des autres notions morales, et c est la communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité». Freud. Malaise dans la civilisation 1929 KANT Idée d une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, 1784, Quatrième proposition La vision de Freud est extrêmement pessimiste. Pour lui, l agressivité fait partie de la nature humaine, elle est originaire, première, instinctive. Il nous donne d ailleurs la liste de ces fonctionnements agressifs : «tenté de satisfaire son besoin d agression aux dépens de son prochain, d exploiter son travail sans dédommagements, de l utiliser sexuellement sans son consentement, de s approprier ses biens, de l humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer» Pour Freud, la civilisation n est pas naturelle, elle est même contre nature. Civiliser un homme revient à le contraindre, à le réprimer (à faire en sorte que son «surmoi» domine son «moi» et son «inconscient». Sociétés et civilisations ne sont pas naturelles mais artificielles. Elles sont une nécessité contre la nature agressive de l homme. Elle est utile. C est tout. Utile à la sauvegarde de l espèce. Mais les «intérêts rationnels» qui la font exister ne sont pas suffisants (sinon pourquoi tant de guerres, de violence )On ne peut donc que réduire l agressivité mais pas l éradiquer, la supprimer totalement. La solution reside dans la «sublimation», c'est-à-dire dans le déplacement de cette pulsion vers des satisfactions supérieures, un idéal et notamment l idéal religieux (ou artistique) : «idéal imposé d aimer son prochain comme soi-même».mais même là, la limite est vite atteinte le chrétien ne voit ou n a pas toujours vu dans le juif, le bouddhiste ou le musulman ce prochain qu il fallait aimer. Kant expose une situation paradoxale de l homme «Inclination à s associer» et un peu plus loin «un grand penchant à se séparer» Le paradoxe est encore rappeler dans la phrase «ses compagnons qu il ne peut souffrir mais dont il ne peut se passer.» Bref nous ne pouvons pas vivre sans les autres, mais nous ne pouvons pas vivre avec eux non plus! Or cette contradiction apparente se révèle pour Kant le moteur même de notre évolution. Nous avons tous deux formes d aspiration au pouvoir : développement de soi et domination des autres. Or pour Kant, cette opposition est justement une chance pour l homme. Les hommes ont besoin d être contraints, gênés, jugés, mis en compétition avec les autres pour se détacher de leur nature molle, improductive et stérile. C est grâce à cette opposition aux autres que nait le dynamisme d un processus de civilisation Les autres en nous «gênant» nous oblige à dépasser nos réflexes de paresse et d oisiveté. Ils sont donc absolument nécessaires à l accomplissement de notre vraie nature, laquelle se situe dans la culture et la perfectibilité de notre statut d être raisonnable et moral. ««L homme veut la concorde mais la nature sait mieux que lui ce qui est bon pour son espèce : elle veut la discorde.» «Sans ces propriétés, certes en ellesmêmes fort peu engageantes, de l insociabilité, d où naît l opposition que chacun doit nécessairement rencontrer à ses prétentions égoïstes, tous les talents resteraient cachés en germe pour l éternité» 2

QU ÉCHANGEONS-NOUS? Montesquieu (1689-1755) De L Esprit des lois Le commerce unit les nations et les individus par l intérêt. En fait le commerce, c'est-à-dire l échange, le négoce induit une dépendance des deux états qui donc n ont pas intérêt à la guerre. (Mais cette position est discutable puisque l intérêt commercial peut être une cause de conflit. Particulièrement aujourd hui ou le conflit armé a été souvent remplacé par la guerre économique.) Par ailleurs, au niveau individuel le constat est plus pessimiste : «on trafique de toutes les actions humaines, et de toutes les vertus morales : les plus petites choses, celles que l'humanité demande, s'y font ou s'y donnent pour de l'argent. La thèse du doux commerce Entre les états : Le commerce unit les nations parce qu il relie celles-ci par des intérêts. Et en les rendant dépendantes, les obligent à entretenir la paix, C est l idée assez répandue au XVIII que le commerce tendrait à éviter la guerre.(ce qui est très ambigu et discutable) Entre les «particuliers», c'est-à-dire les hommes, c est un peu différent. «L esprit de commerce» pousse à rechercher l argent pour lui-même (profit) parce qu il est ce qui permet d obtenir tout ce qu on désire. Tout s échange. (Y compris des hommes). Aucune action n est morale puisqu elle se fait par intérêt Cet esprit de commerce dans la mesure où il est un échange, donne un sentiment de justice. Mais celui-ci s oppose aux vertus morales. C est un sentiment de justice sans moralité!! "Je dirai de l'argent ce qu'on disait de Caligula, qu'il n'y avait jamais eu un si bon esclave et un si méchant maître." Montesquieu - 1689-1755 - Mes pensées "Les politiques grecs ne reconnaissent d'autre force que celle de la vertu. Ceux d'aujourd'hui ne vous parlent que de manufactures, de commerce, de finances, de richesses et de luxe même." Montesquieu - 1689-1755 A. SMITH ( 1723-1790) philosophe et économiste écossais des Lumières. Pour Smith, la division du travail permet d'accroître la productivité. Mais pour Smith cette division du travail trouve son origine dans une tendance naturelle de l homme "Cette division du travail, de laquelle découlent tant d'avantages, ne doit pas être regardée dans son origine comme l'effet d'une sagesse humaine qui ait prévu et qui ait eu pour but cette opulence qui en est le résultat.... La division du travail est le produit d'un penchant naturel à tous les hommes qui les porte à trafiquer, à faire des trocs et des échanges d'une chose pour une autre " Dans Recherches sur la Nature et les Causes de la richesse des nations (1776), affirme que le moteur de la société est l enrichissement et l accumulation des richesses. Chacun doit se préoccuper de sa propre fortune sans se soucier des autres. Pour Smith, en effet, une main invisible guide l intérêt individuel de chacun dans le sens de l intérêt général! Ainsi les actions égoïstes vont entraîner la croissance économique. «Ce n est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c est toujours de leur avantage.» Ainsi, pour augmenter ses profits, le boulanger va donc fabriquer du bon pain qu il ne vendra pas cher. La richesse de la nation est la somme des richesses de ses membres. Donc plus ceux-ci sont riches, plus la nation l est. AUTEURS THESE CITATION 3

MARX La critique de la théorie capitaliste traverse toute l œuvre de Karl Marx, au XIX siècle, et trouve son point d achèvement dans Le Capital. pour lui le capitalisme, c est : l exploitation de la classe ouvrière, notamment à travers une trop grande division des tâches dans les usines destinée à augmenter la productivité carl ouvrier perd la conscience de l unité de son travail, qui n a plus de signification pour lui. Le capital lui-même, n est en définitive que du travail accumulé, du «travail mort», profitant uniquement aux détenteurs des moyens de production. Marx remet en cause les deux fondements du capitalisme classique, : l idée selon laquelle l intérêt de la collectivité se réduit à la somme des intérêts individuels.(s oppose à Smith) le principe de la propriété privée des moyens de production, et la non-intervention de l Etat dans le domaine économique. LEVI-STRAUSS, Les Structures élémentaires de la parenté DURKHEIM, De la division du travail social Schopenhauer (Arthur) Aphorismes sur la sagesse dans la vie Pour lui : échanges matrimoniaux au coeur du système d échange des sociétés archaïques. Les femmes constituent un bien important: L interdit de l inceste fonde une règle d échange et de circulation, de communication et de don. Cette prohibition de l inceste est donc le premier échange fondamental pour la constitution des sociétés humaines. Les relations amicales sont fondées pour Durkheim sur une complémentarité nécessaire. Chacun y trouve son compte. La solidarité qui caractérise les sociétés modernes, découle du même principe : de la différence et de la complémentarité des individus. La division du travail (tous les partages de tâches entre les individus liées à la spécialisation dans une société), rend les rôles sociaux différenciés et complémentaires et favorise les interactions entre des individus autonomes, chacun se sentant à la fois utile aux autres et dépendant d'eux. Schopenhauer a une vision très pessimiste de la condition humaine. Pour lui, la vie «oscille comme un pendule, de droite à gauche, entre la souffrance et l'ennui». Dans cette parabole, Schopenhauer compare les hommes aux porcs épics : Trop prés des hommes, on se blesse, et le jeu social engendre toujours de nouveaux désirs et nous laisse donc toujours frustrés. (y compris dans l amour puisque celui qui voudrait se rapprocher, souffre, et l'autre, indifférent, s ennuie.) Que reste-t-il alors? «La politesse et la belles manières»? Oui. sauf pour celui qui accepte sa solitude et qui «possède beaucoup de calorique propre» (un haut niveau intellectuel). Celui-là trouvera dans son salut dans la philosophie et la contemplation esthétique. Elles seules libèrent des désirs vains et jamais satisfaits Sigmund Freud retrouve chez Schopenhauer sa vision négative de l homme et de sa nécessité à vivre en société. Ce qui rend les hommes sociables est leur incapacité à supporter la solitude et donc, eux-mêmes On ne peut être vraiment soi qu aussi longtemps qu on est seul ; qui n aime donc pas la solitude n aime pas la liberté, car on n est libre qu étant seul. Les amis se prétendent sincères ; or ce sont les ennemis qui le sont La solitude offre à l homme intellectuellement haut placé un double avantage : le premier, d être avec soimême, et le second de n être pas avec les autres 4

DON ET ECHANGES MAUSS Marcel (1872-1950), Essai sur le don, 1923 Pour Mauss, échange et circulation des biens sont le fondement de tout rapport social. En cas de rupture : déclaration de guerre. Les liens doivent circuler ; toutes relations humaines implique une réciprocité (échange ou dons). Normalement on considère que le don n'attend pas de retour. Mais Mauss à une position différente : le don va créer une obligation mutuelle. (Dans le don, si je reçois :je ne connais pas les intentions de celui qui donne et si je donne, je ne connais pas les intentions de celui qui reçoit). Ce don va donc créer un lien privilégié mais invisible entre deux personnes. Le don va créer un devoir, une obligation. On aura le sentiment de devoir quelque chose à l'autre. Et ce qui semble gratuit ne l est pas vraiment! Mauss prend l exemple des Polynésiens, chez qui tout don implique un «contre-don». Je ne paux pas sans cesse recevoir sans donner. Et si don/contre don cesse : conflit.(que ce soit au niveau de l individu ou des etats) Ainsi Marcel Mauss voit dans le don, une forme fondamentale de l échange. Cette forme originaire met en jeu tous les aspects de la vie sociale LES LIMITES DE L ECHANGE ROUSSEAU J.J, Discours sur l origine et les fondements de l inégalité parmi les hommes, (1754) IIème partie Rousseau oppose dans ce texte deux attitudes humaines : Celle du «sauvage», non pas un homme proche de l animal, mais l homme dans un état de nature hypothétique, qui vit déjà en société, mais avant la découverte de l agriculture, de la métallurgie et l invention de la propriété. Celle de l homme sociable, qui n est pas ici l homme affable et naturellement disposé à vivre en société (tel que le décrit Aristote), mais au contraire l homme social qui a été à ce point dénaturé par la société qu il se soucie constamment de l image qu il peut donner de lui dans la vie sociale, de l opinion qu autrui peut avoir de lui. C est ce que Rousseau appelle l amour propre et qu il distingue de l amour de soi. L amour de soi n est autre que l amour de son être, il relève de l instinct naturel de conservation, et se traduit par le souci de préserver son être, de se défendre quand on est attaqué, de» se nourrir quand on a faim etc. L amour propre, c est l amour non de soi mais de l image qu on donne de soi à autrui. Il est aussi à l origine de ce que Rousseau et Marx appellent aliénation. Aforce de vivre occupé par l opinion des autres, on devient étranger (alienus, en latin) à soi même, entièrement dépendant de l opinion des autres. «le sauvage vit en lui-même; l homme sociable toujours hors de lui ne fait vivre que dans l opinion des autres, et c est, pour ainsi dire, de leur seul jugement qu il tire le sentiment de sa propre existence.» 5

VOCABULAIRE Echange : implique une contre partie Don : Potlatch : Don motivé par le désir d affirmer sa supériorité, sa puissance. Le don qui devait être un acte généreux est ici motivé par une attention que l on pourrait condamner d un point de vue moral. (Exemple : Entreprise qui aide financièrement une démarche culturelle est une manière de montrer qu elle est présente). Matérialisme : Doctrine selon laquelle tout dépend de la matière. Cela renvoie au courant de penser de Marx. Il développe une doctrine matérialiste et affirme que ce n est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, mais c est leur existence sociale qui détermine leur conscience. L économie Politique : Science qui étudie les besoins économiques et la façon dont sont produits les objets correspondant à ces besoins. 6