Giacomo Castranova Sous l'empire de votre milieu La banalité du mâle
Giacomo Castranova, 2018 ISBN numérique : 979-10-262-2268-2 Courriel : contact@librinova.com Internet : www.librinova.com Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Sommaire Préliminaires Peintures de mes premiers émois Écrit culotté Aurais-tu des problèmes avec ta mère? La grande distribution ou le petit commerce amoureux À la rencontre des sites de rencontre Durex lex, sed lex Que tu es lourd! Monter sur son petit bateau France en bas Tu m infectes au plus haut point Sex-toys are us? Le troisième œil Réminiscence des sens La fascination de l Empire Mon tapis d éveil Géographies physiques Envol de nuit Le bestiaire amoureux Mécanique des fluides Durer, durer, durer! Exercices de style Les amours tarifées ne me sont pas chères L amour est dans le près? À poil avec ou sans poils? Sur vos lèvres À Paris je t aime? Ex-communications Musique de chambres L en-pire des magazines féminins
Parfum de femme, maquillage et bronzage La correspondante allemande à l heure d internet Faire l école buissonnière «Entre autres» ou l amour à plusieurs J y pense, donc je suis Le phallustère ou l utopie revisitée Onaniste onirisme En avoir, ou pas La chair m est chère Histoire d eaux Polisson nocturne En avoir, ou pas (bis) Plus dure sera la chute des reins L eusses-tu cru? Bibliothèques roses Je vais conclure (avec vous) : combattre le mal par le mâle
Préliminaires Lectrice, ma semblable, ma sœur, ne t attends pas à trouver dans ce recueil consacré au sexe et à la sensualité des descriptions salaces et crues de l acte sexuel. Non, il sera juste question du Désir, de la façon dont il apparaît, se développe, s amplifie, s étreint et s éteint même. Il s agit d appréhender cet entrain nommé désir qui nous happe dès l adolescence avec l ingénuité qui se manifeste alors ; de procéder à une RGPP, revue générale des petits plaisirs, de coucher sur le papier ce que couchés l on ressent. Moments rares, et ce qui est rare est chair. Sans tourner autour du pot ni des mots, explorer ces instants d accoquinage où le désir se transforme en envie puis en plaisir. Dépeindre ce temps exorbitant du droit commun où l on ne s appartient plus et s interpénètre avec l autre. Notons pour introduire, si j ose dire, le sujet que notre activité sexuelle ne cesse d osciller entre deux extrêmes que sont l oubli et l addiction. Oubli d abord, ces moments fugaces pouvant passer à la trappe au profit de l investissement dans le travail ou d autres divertissements. Et inversement addiction, le sexe pouvant devenir une raison de vivre voire une drogue : en payant trop de sa personne l addiction peut devenir lourde, faute aux endorphines fabriquées par le corps, cette loverdose qui cependant ne provoque pas d overdose. Il n est pas rare ainsi de rencontrer des personnes qui n ont pas fait l amour depuis des années, même jeunes et désirables physiquement et qui s en portent très bien merci. Ce qui n induit pas forcément de frustration contrairement aux idées reçues. Simplement, leur corps et leur esprit ont oublié la sensualité et le plaisir physique, relégués au rang d une
réminiscence qui n a pas la force de les pousser à réessayer. A ces êtres de la caste des intouchables, des souvenirs de type (Marie)Madeleine de Proust suffisent. Inversement, plus on pratique le sexe et plus on en a envie! Ce saut dans l avide à l élastique (de la culotte) provoque tant de sensations fortes qu après avoir fait l amour on veut le refaire, et pourquoi pas avec la Terre entière. Oui, «baiser le Monde» car on se sent tout-puissant. Comme au jeu d échecs quand on prend la reine on pense déjà aux coups suivants. Le désir est là de découvrir d autres comportements au lit, bien différents des attitudes prises en public. De découvrir d autres corps, d autres réactions et façons de faire l amour et de se donner, homme objet de désirs et de plaisirs. C est une découverte qui n est chaque fois ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. Fidèle à la Femme autant qu à l infidélité! L envie est là de faire l amour avec chaque femme pour la connaître intimement, au-delà des conventions sociales et des barricades tant il est vrai que le sexe ne connaît ni classes sociales ni frontières et qu il est un acte transcendant qui nous relie aux autres. Tant il est vrai que le don d orgasme est le plus beau des dons. Les écrits romanesques abondent pour décrire cette passion effrénée de découverte et d aventure(s) qui transforment le latin lover en lapin lover. Le sexe n est donc pas une activité linéaire car il est caractérisé par des surréactions, des effets «boule de neige» ou inversement par un ratatinement et un rabougrissement du désir. Puisqu il sera beaucoup question de courbes (du corps), logarithme ou exponentielle plutôt que droite affine des affinités. En outre, cessons de voir le sexe comme un acte physique et animal. C est au contraire une activité fortement cérébrale qui emprunte des modalités physiques pour s accomplir. La démonstration? Seuls les mammifères supérieurs au cerveau évolué prennent du plaisir en faisant
l amour ; purement mécanique pour les autres, le sexe ne se distingue pas de la procréation. Si le sexe était animal nous serions périodiquement en rut, ce cycle déterminant nos envies et basta. De plus, pour faire l amour il faut du désir et de l envie, vous ne le savez que trop bien, sentiments impalpables qui naissent dans le cerveau et permettent le déblocage de votre carte simiesque. C est l esprit qui est aux commandes, dont l imaginaire amplifie les séismes du corps en magnitude et en durée. Oui, faire l amour est la plus cérébrale des activités physiques : comme écrit Boris Vian dans l Herbe Rouge, «Sexuellement, c'est-à-dire avec mon âme». Ces écrits ne sont donc pas ceux d un abominable homme des neiges mais juste d un Homo Sapiens Sapiens pris dans une agréable boule de neige et amateur à l occasion de hors-pistes. D un esthète-à-tête qui trouve que faire l amour est beau et ne renie pas faire l esthète-à-queue en dehors des sentiers battus. Qui pense, à l instar de Romain Gary que la véritable indécence n est pas celle des corps mais celle de l intolérance. Puisse donc l élégie aux explosions séminalo-sémantiques qui suit ne pas vous donner de l allergie ni vous sembler d une insoutenable légèreté ces lettres.