note La Chine face au défi du gaz : la dimension internationale PROGRAMME SECI



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Transcription:

La Chine face au défi du gaz : la dimension internationale note PROGRAMME SECI Juillet 2013 Note d actualité consécutive au séminaire de Pékin (Juin 2013), dans le cadre du projet SECI (Sécurité Energétique de la Chine et de l Inde) en partenariat avec le CSFRS (Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégiques) Giulia Romano, Asia Centre laquelle une série de questions et de risques émergent. 71 boulevard Raspail 75006 Paris - France Tel : +33 1 75 43 63 20 Fax : +33 1 75 43 63 23 ww.centreasia.eu contact@centreasia.eu siret 484236641.00029 Introduction Les conséquences internationales de la soif croissante de gaz de la Chine Depuis 2007, la Chine est devenue importateur net de gaz naturel. En raison de la croissance rapide de la demande nationale, passée de 24,5 à 130 milliards de mètres cubes de 2000 à 2011, et de l impossibilité pour les ressources nationales de couvrir cette demande ni dans le courtterme ni dans le long-terme, le taux de dépendance du pays de 29% à l heure actuelle ne cessera d augmenter dans les années à venir. Cette situation implique une série de dilemmes pour le gouvernement chinois, placé devant la nécessité de choisir entre le maintien de sa stratégie de remplacement du charbon par le gaz naturel ou l investissement dans l utilisation propre du charbon. Les deux «solutions» sont cependant très couteuses pour la Chine : la première, en raison de ses implications internationales et des prix que la Chine devra payer pour les importations de gaz ; la deuxième, en raison des énormes investissements qu elle nécessiterait. Mais l objectif urgent de réduction de la pollution des villes semble faire apparaître aujourd hui la voie de la «gazéification» comme indispensable. L article se propose d explorer les implications internationales de la recherche de sécurité d approvisionnement en gaz de la Chine, à propos de Les contraintes qui pèsent sur la sécurité énergétique de la Chine sont nombreuses. Tout d abord, en termes de risques de prix, la Chine sera-t-elle capable de conclure des accords d approvisionnement à long-terme avec les pays producteurs et de se joindre à la production de gaz en amont afin de réduire les risques sur la formation des prix? Et qu en est-il de la sécurité des gazoducs? Quels sont les risques géopolitiques auxquels le pays doit faire face, compte tenu qu ils sont multiples et difficiles à calculer? Les difficultés relevant de la sécurité gazière du pays, liées aux réserves de change, aux risques financiers et économiques, aux possibles dommages aux infrastructures, aux risques d attaques terroristes, aux risques de conflits ethniques et religieux, aux luttes pour l eau, la terre ou d autres ressources, sont, ainsi, multiples et de nature différente. Au niveau international, aux risques en termes de sécurité régionale s ajoutent aussi des risques liés à la demande chinoise de gaz. L augmentation de cette dernière est susceptible d entraîner une augmentation des prix mondiaux de l énergie et des coûts croissants pour la gouvernance de l énergie actuelle, qui aura à s adapter à la prépondérance grandissante d acteurs comme la Chine ou l Inde dans le panorama des grands pays importateurs. Par ailleurs, la volonté d augmenter la part du gaz dans la structure de consommation énergétique chinoise

se retrouve face à une série de dilemmes nationaux (le désavantage de prix que le gaz a par rapport au charbon, les prix élevés que le pays paye pour les importations via pipeline et sous forme de GNL, l hétérogénéité dans la distribution des ressources ainsi que dans leur utilisation, etc.) qui seront forcement retransmis au marché international du gaz. Pour réduire ces risques, la nécessité d accroitre la production nationale à travers l exploitation des ressources non-conventionnelles a été indiquée comme l une des solutions les plus importantes à ces dilemmes. Mais l écart entre la production et la demande nationale n en finit pas de se creuser. Dans le même temps et au moyen de la coopération internationale, le pays devra donc travailler au développement de sa production d énergies propres, afin de réduire sa dépendance au gaz et au pétrole étrangers. Enfin, toujours dans l optique de réduction des risques, la Chine devra contribuer à l extension des mécanismes de gouvernance régionale et globale du gaz, le pays désormais étant devenu l un des plus importants acteurs dans les marchés internationaux de cette ressource. I. Chine-Russie : dans l attente d un accord d approvisionnement les regards se tournent vers l Asie Centrale Les discussions concernant la vente de gaz entre la Russie et la Chine ont débuté en 1997. Six ans plus tard, le géant du gaz russe Gazprom fait sa première proposition concrète à la Chine, ce qui aboutira à un mémorandum pour le gaz en 2006. Cependant, après 7 ans de négociations, aucun accord n a été conclu, principalement à cause des divergences sur les prix que la Chine serait prête à payer à la Russie. Au courant du mois d octobre 2012, une décision majeure a été prise du côté russe : celle de changer la direction des exportations de gaz vers l Asie du Nord-est. Jusqu à récemment, l objectif de la Russie était de construire un pipeline dans la région de l Altaï, afin de créer une voie d approvisionnement pour acheminer le gaz auparavant destiné à l Europe vers la Chine (solution que la Chine n a jamais trop appréciée, préférant une voie orientale 1 ). Cependant, afin d accroître ses exportations et de diversifier ses clients l Europe réduisant sa demande de gaz, et surtout dans le cadre de sa nouvelle stratégie de vente en Asie, le président russe Vladimir Poutine a demandé à la compagnie nationale Gazprom d accélérer le rythme de construction du gazoduc «Power of Siberia» qui relie les champs de Chayandagas de la république de Sakha 2 à la ville de Vladivostok, et ainsi créer une voie hybride pour 1 La voie de l Altaï propose d acheminer le gaz de Sibérie occidentale vers le Xinjiang. Ce projet a été proposé lors du mémorandum signé en mars 2006 entre Gazprom et CNPC. A l époque, les deux parties s étaient accordées sur la construction de deux voies d acheminement : une voie occidentale celle de l Altaï et une voie orientale qui devrait passer par la ville de Vladivostok. 2 La république de Sakha, autrement connue comme Yakutia, est une région située dans la zone nord-orientale de la Sibérie. les approvisionnements en gaz naturel de la région le gaz de la Sibérie orientale étant, pour l instant, acheminé sous forme de GNL. A partir de Vladivostok, le gaz est transporté sous forme de gaz liquéfié, mais le prix de cette ressource est plutôt élevé par comparaison aux autres prix du gaz en Asie de l Est. Surtout, ce prix n est pas compétitif au sein du marché chinois. Pour cette raison, la Russie envisage de réaliser un système hybride pipeline-gnl, qui pourrait aider les exportations de gaz vers la Chine. Lors de la dernière rencontre entre les présidents russe et chinois, en mars 2013, Vladimir Poutine a bien souligné le fait que sa priorité était désormais la voie orientale. Cependant, il est clair et Gazprom en est parfaitement conscient - que pour que les chinois acceptent d acheter du gaz, il faut faire des concessions, notamment sur les prix du gaz provenant de la voie orientale. Lors des dernières négociations de décembre 2012, la Chine avait fait une proposition de séries de versements d acomptes sous contrat à la Russie, une formule différente par rapport aux prêts pour le gaz 3. Cette formule offrirait aux deux pays de réduire l écart entre les prix et trouver des opportunités pour la conclusion d un accord. Mais l annonce de l achat par CNPC de 20% des participations d un champ offshore d ENI au Mozambique 4 a été un signal clair vers Gazprom que la Chine était en train d ouvrir tous les fronts donc qu elle ne dépendait pas uniquement de la Russie et était en mesure de choisir ses sources. La stratégie chinoise privilégie de plus en plus l achat de participations dans la production en amont, afin d augmenter le contrôle sur les prix du GNL, qui constitueront vraisemblablement une part de plus en plus lourde de ses importations. En ce qui concerne l Asie Centrale, les importations de gaz en provenance de cette région deviendront de plus en plus importantes pour répondre à la soif grandissante de gaz de la Chine. Les projections de la demande chinoise de gaz sont de 350 milliards de mètres cubes en 2020 et de 550 milliards de mètres cubes en 2030, ce qui créera des écarts avec la production qui devront donc être couverts par les importations de 172,5 milliards de mètres cubes en 2015 et de 238 milliards en 2020. Actuellement, les importations en provenance d Asie Centrale atteignent 100 milliards de mètres cubes, mais une fois les infrastructures complétées (les lignes III, IV et IV de la voie Ouest-Est doivent être terminées dans la période du 12 ème plan quinquennal, c est-à-dire d ici 2015), les importations devraient atteindre 150 milliards de mètres cubes. Si la Chine préfère importer du gaz en provenance de cette région ce qui rend les possibilités d un accord 3 Différemment de l option choisie pour la coopération pétrolière, qui se résume justement dans la formule «prêts pour le pétrole» selon laquelle la Chine a versé un crédit de 25 milliards de dollars pour financer la construction de l oléoduc liant la Sibérie orientale à la région Pacifique à la compagnie russe Rosneft et Transneft en échange de 15 millions de tonnes de pétrole par an pour 20 ans la Chine ici propose le payement d acomptes pour les approvisionnements futurs de gaz. Cette formule serait moins couteuse que celle du prêt en échange de gaz, car il n y a quasiment aucun intérêt à payer par Gazprom. 4 Le 14 mars 2013, ENI et CNPC ont signé un accord pour la cession d une partie des actifs d ENI au Mozambique. Suite à cette vente, CNPC a obtenu une part de 20% des actifs, tandis qu ENI reste encore détentrice de 50% des actifs. La partie restante est détenue par la compagnie nationale des hydrocarbures du Mozambique Empresa Nacional de Hidrocarbonetos de Mocambique (ENH, 10%), Kogas (10%) et Galp Energia (10%). 2

avec la Russie très faibles c est en raison de la formule que CNPC a réussi à établir avec ces producteurs. Le Turkménistan a en effet permis à la Chine de participer à l exploration et à l exploitation de ses champs, faisant entrer CNPC dans la production en amont à travers des participations. Cela a permis au géant énergétique chinois de compenser les pertes occasionnées par l achat de gaz étranger. Mais en dépit de ces développements importants dans l approvisionnement du gaz en Chine, le problème principal reste toujours le cout. Actuellement, les importations de GNL sont assez élevées. Si les prix à la consommation dans le Guangdong, le Fujian et la ville de Shanghai sont relativement bas, les nouvelles importations du Nord de la Chine (provenant donc du front oriental russe) seront, de leur côté, cher payées. Un prix supérieur à 10 US dollars étant estimé comme non supportable pour les consommateurs chinois, il est donc important que les coûts supplémentaires occasionnés par le transport et le stockage du GNL soient compensés. Les approvisionnements en provenance du Mozambique et des Etats-Unis se mettant en place, si le projet de pipeline oriental Chayandagas-Vladivostok est mené à bien, il y a des chances que ce coût supplémentaire se réduise. Mais tout dépend de l aboutissement de l accord Chine- Russie «cygne noir» 6 de l énergie a aussi été posée, raison pour laquelle on pourrait justifier une certaine prudence de la part russe et peut-être aussi du Myanmar. Selon un expert, le concept de «cygne noir» doit plutôt s appliquer au marché mondial de l énergie, qui fait face aujourd hui à de nombreux risques et incertitudes dans plusieurs secteurs. Le gaz russe provenant de la Sibérie orientale, s il est une source idéale d approvisionnement pour la Chine, est aussi assujetti à une compétition élevée avec les autres deux pays de l Asie nord-orientale, le Japon et la Corée du Sud. Par ailleurs, les approvisionnements africains et moyen-orientaux nécessitent encore le développement et la sécurisation des routes maritimes, tandis que la Chine a déjà un besoin urgent de trouver de nouvelles sources. Traduire les sources potentielles en sources effectives demande en fait du temps, temps dont la Chine ne dispose peut-être pas. Voilà donc l importance du gazoduc avec le Myanmar. En même temps, pour réduire ces incertitudes, il est fondamental que le gouvernement chinois et les compagnies énergétiques s appliquent dans le maintien de relations stables et amicales. Ce seront en fait les relations géopolitiques à décider, finalement, les couts et le futur de l approvisionnement de gaz naturel de la Chine. II. Augmenter les approvisionnements en gaz sur plusieurs fronts : le renforcement des liens avec l Afrique et le Moyen-Orient et le rôle du Myanmar Le gaz naturel est l une des questions les plus importantes en Chine. Si la Chine insiste sur le développement de ses capacités de production, elle ne pourra cependant réussir à combler l écart entre la production et la demande nationale au cours des prochaines années 5. L aspect lié à la sécurité d approvisionnement en gaz étranger est donc tout aussi crucial. Selon un expert participant aux tables rondes, cet approvisionnement doit se faire à travers quatre voies principales : la Russie, l Asie Centrale, le Myanmar et l Amérique du Nord. Mais lors des débats, les participants se sont aussi posé la question de savoir quel serait l impact d un développement des approvisionnements de GNL en provenance d Afrique et du Moyen Orient - qui occupent aujourd hui la première et deuxième place dans l approvisionnement pétrolier de la Chine. Sur ce point, les participants ont souligné les différences entre le gaz et le pétrole, notamment la division du marché du gaz en plusieurs marchés régionaux. La priorité de la Chine devrait donc plutôt, selon eux, se tourner vers les ressources en gaz des pays voisins, et l aboutissement des négociations avec la Russie pourrait l aider dans ses stratégies de développement. Mais il est clair que l entrée du gaz africain dans la scène a définitivement changé le paysage des approvisionnements du gaz naturel. D ici 2017, trois pays compteront de façon importante dans les approvisionnements de GNL chinois : le Mozambique, la Tanzanie et l Iraq. Lors des débats, la question de savoir si la Chine était le 5 Voir notre note d actualité sur les contraintes du développement de la production de gaz en Chine III. Le développement d un axe oriental de coopération : L Australie et le GNL Récemment, l Australie a connu un accroissement des investissements chinois dans sa production de gaz naturel. Trois projets d exportation de gaz naturel via GNL à la Chine ont déjà été amorcés d après les experts présents aux tables rondes, l un débutera en 2015, un autre en 2017-2018. Cependant, même si l Australie a pour projet d investir plus de 200 milliards de dollars dans le gaz liquéfié et de défier le Qatar pour le titre de plus grand producteur de GNL, des doutes émergent déjà quant à la possibilité que ces futures ventes gaz naturel soient largement adressées à la Chine. En fait, au delà des autres concurrents sur la scène du gaz naturel (l Asie Centrale, le Myanmar, potentiellement la Russie, et prochainement le Moyen-Orient et l Afrique), il faut aussi prendre en considération le fait que le gaz américain et ses couts de transport sont plus bas que les prix australiens pour le GNL. Le gouvernement australien se retrouve donc 6 L expression utilisée lors de la table ronde et sortie en provocation par rapport au titre de l un des ouvrages d un expert participant à l évènement dérive de la «théorie du cygne noir» développée par Nassim Taleb pour décrire un événement considéré comme inattendu et improbable qui a en revanche des conséquences et impacts importants. Par exemple, le 11 septembre peut être considéré un exemple de «cygne noir», ayant profondément modifié les logiques internationales qui s étaient établies après la Guerre Froide. Dans le secteur énergétique, on retrouve souvent cette expression. Par exemple, la découverte de la fracturation hydraulique pour extraire des sources non conventionnelles d hydrocarbures est aussi considérée comme un «cygne noir» en termes technologiques. Dans ce cas, la montée de la présence chinoise sur les marchés internationaux de l énergie peut être considérée comme un cygne noir, car il pourrait transformer de façon substantielle les logiques actuelles des marchés du gaz et du pétrole. 3

face à des défis en termes de couts des infrastructures, de niveau des salaires mais ce dernier est aussi confiant sur la capacité du marché à résoudre ce problème des couts supplémentaires du gaz australien. Cependant, selon les propos échangés lors des tables rondes, il n est pas encore possible d évaluer les désavantages des exportations australiennes de GNL (et de faire une estimation sur ces possibilités d exportation) par rapport aux exportations américaines, dont on ne connaît pas précisément les dimensions. En ce qui concerne le gaz de schiste, le pays en est encore à un stade précoce de développement. Les réserves sont estimées à 396.000 milliards de pieds cubes (11.213 milliards de mètres cubes) et plusieurs compagnies multinationales (Hess, ConocoPhillips, Statoil, Total ) sont déjà présentes en Australie pour développer la production. Cependant, de lourdes contraintes pèsent sur le développement de cette ressource, qui doit notamment faire face à une série de questions relatives aux communautés locales, aux impacts que l exploration peut avoir sur les très réduites ressources hydriques, à l augmentation des loyers en ville, aux problèmes liés à la fracturation et à la pollution des sols (tout en tenant compte qu il s agit de zones d exploitation agricole). Actuellement, le gouvernement australien et les états fédéraux sont en train de travailler sur un cadre de réglementation harmonisé, concernant des questions spécifiques comme la fracturation, la protection de l eau, etc. qui permettrait de fournir un guide aux régulateurs, une assurance aux communautés concernées et finalement une garantie pour l industrie. Par ailleurs, l expérience australienne dans la production de gaz naturel voudrait tenir lieu de guide à la Chine, à travers le cadre du «Natural Gas technology partnership fund» initié par le gouvernement australien et la NDRC. L expérience acquise dans le GNL et prochainement dans les ressources non conventionnelles pourrait bien se révéler finalement utile à la Chine, ainsi que le soutien en termes politiques, législatif, régulateur, commercial et technique. IV. Une coopération grandissante avec les Etats- Unis La coopération énergétique entre la Chine et les Etats-Unis ne cesse de se développer. Au courant du mois de juin 2013, lors de la rencontre entre Xi Jinping et Barack Obama en Californie, les deux pays ont annoncé l intensification de leurs relations énergétiques, avec un focus spécial sur le gaz naturel. L aire de coopération sur laquelle les efforts se concentreront concerne notamment le gaz de schiste, les Etats-Unis ayant déjà une expérience importante qui ne peut que susciter l intérêt de la Chine. Depuis les années 1970, les Etats-Unis et la Chine ont développé des relations de plus en plus importantes dans le domaine énergétique, en établissant une forme de coopération sous forme de partenariats publics-privés qui s est établie comme une «norme», démontrant que les relations bilatérales pour l énergie ne sont pas autonomes des relations politiques et qu elles rentrent dans le cadre de la politique étrangère américaine. L exemple le plus important est le «Oil and gas Industry Forum» (OGIF), un partenariat public-privé établi en 1995 sur le thème des politiques de l industrie pétrolière, l exploitation offshore, le business pétrochimique s est ensuite enrichi de couches et thématiques différentes d année en année. Il réunit les plus grandes entreprises dans le secteur pétrolier et gazier, ainsi que les leaders gouvernementaux, dans le but, lors de chaque réunion annuelle, de discuter les questions les plus importantes dans les domaines du pétrole et du gaz concernant la production, le commerce et la régulation. Lors du dernier OGIF, qui a eu lieu en septembre 2012, la Chine a proposé une coopération majeure dans le domaine du gaz de schiste. En particulier, le vice-directeur de l administration nationale de l Energie chinoise, Zhang Yuqing, a proposé lors de cette rencontre que la coopération sino-américaine dans le gaz de schiste se développe sur trois points : 1. le renforcement de la coopération sur le gaz de schiste et d autres types d énergie à travers un dialogue politique continu, l expansion du consensus et la prise en compte des préoccupations de deux parties ; 2. le renforcement de la coopération bilatérale sous le cadre de la coopération multilatérale ; 3. la garantie conjointe de la stabilité du marché international du pétrole et de la sécurité énergétique globale. Le gaz de schiste, le nouveau «designer» des relations énergétiques sino-américaines Le focus récent sur le gaz de schiste prend naturellement la suite des accords déjà pris depuis 2009, le 9 ème OGIF s étant concentré sur les ressources non conventionnelles et les deux pays ayant établi, la même année, une Shale Gas Initiative. Etablie dans le plus large cadre des projets de coopération sino-américains sur les énergies propres (dont le US-China Energy Cooperation Program, un autre partenariat public-privé voué à devenir le bras exécutif de la coopération sino-américaine dans le domaine énergétique), son but était de promouvoir une collaboration sur l estimation des potentiels de gaz de schiste, les technologies, ainsi que les investissements, tout en créant des opportunités commerciales pour les entreprises étasuniennes. L initiative a ainsi aidé la Chine dans l estimation de son potentiel de gaz de schiste, ainsi que dans la conduite d études techniques conjointes. En outre, à travers le cadre de l OGIF, elle a promu les investissements des compagnies américaines dans le gaz de schiste en Chine, à travers des études et des ateliers. Par ailleurs, toujours dans le cadre de l exploration des ressources en gaz de schiste, en 2010, le Département d Etat américain a donné naissance au Unconventional Gas Technical Engagement Program (UGTEP appelé précédemment Global Shale Gas Initiative GSGI), ayant pour but d aider les autres pays à développer leurs ressources non-conventionnelles de gaz. Parmi les bénéficiaires était bien sur mentionnée la Chine en première ligne. Depuis, la coopération sino-américaine dans ce domaine n a cessé de se développer, au point que le grand expert de l énergie, Daniel Yergin a affirmé que la révolution du gaz de schiste permettra une atténuation des tensions 4

entre la Chine et les Etats-Unis 7. Il y a quelques années, les relations sino-américaines étaient un jeu à somme nulle, et on s attendait à un moment ou à un autre des divergences d intérêt importantes sur le plan géopolitique. Pour Yergin, actuellement les dynamiques sont passées à une compétition commerciale moins politisée. On peut parler à ce propos d une «nouvelle forme de relations des grandes puissances», basée notamment sur des thématiques fonctionnelles telles que l énergie. La coopération dans le gaz de schiste permettrait non seulement de résoudre l une des questions les plus importantes pour la Chine, mais aussi de construire une confiance stratégique entre les deux géants mondiaux. Cependant, plusieurs analystes chinois ne sont pas de cet avis, se focalisant encore sur la compétition géopolitique. Cette relation a donc plusieurs facettes, d un coté de coopération et de l autre la compétition sur les ressources pétrolières, dominée par une logique réaliste. Quoi qu il en soit, la coopération en termes technologiques est aujourd hui devenue la «colle» qui lie profondément ces deux pays, les énergies propres étant au centre de leurs intérêts et le gaz de schiste portant le rêve chinois d autosuffisance énergétique. Il reste à voir si l expérience américaine peut vraiment être d aide à la Chine V. Quelles leçons la Chine peut vraiment tirer des Etats-Unis? Actuellement, les compagnies chinoises sont intéressées pour acheter des participations dans l exploitation de réserves de gaz de schiste à l étranger, afin d «apprendre l art» et de l appliquer en Chine. Par exemple, au cours du deuxième semestre 2012, Sinopec a acheté des participations de la compagnie américaine Devon, l un des acteurs les plus importants aux Etats-Unis et pionnier dans le développement du gaz de schiste. Par ailleurs, toujours dans une optique d apprentissage, la Chine a invité les compagnies étrangères à participer à l exploration du gaz de schiste sur son territoire, sous forme de jointventures ou à travers le deuxième tour d enchères pour les blocs d exploration. Un exemple illustrant cette volonté de coopération est la joint-venture créée en 2012 par Schlumberger et la compagnie hongkongaise Anton Oilfield Service Company, vouée à l exploration du gaz de schiste sur les champs détenus par Anton 8. pour conduire sa propre «révolution du gaz de schiste». En termes de technologie, les compagnies chinoises ont encore besoin d un transfert important. Cependant, il n y a aujourd hui pas de certitude quant à la possibilité d adapter les technologies développées aux Etats-Unis à la conformation géologique des couches renfermant le gaz de schiste chinois, ainsi qu aux conditions hydriques du pays. Le gouvernement soutient actuellement la coopération étrangère et encourage les entreprises chinoises à importer les technologies de pointe du secteur. Mais il y a justement un risque que les technologies américaines ne soient pas «à la hauteur» des conditions géologiques et naturelles de la Chine, ce qui tient beaucoup au fait que celles-ci se basent essentiellement sur l utilisation de la technique de fracturation hydraulique, sur laquelle pèse une énorme contrainte environnementale en Chine. Un autre aspect important relève des conditions environnant le développement du gaz de schiste. La «révolution du gaz de schiste» américaine s est produite grâce à un marché ouvert, peu de barrières à l entrée, des petites compagnies en concurrence ce qui a poussé au développement et l amélioration des technologies, le soutien du gouvernement notamment des subventions sous forme de baisse de recettes fiscales le soutien financier et des régulations effectives. Le développement du gaz de schiste aux Etats-Unis est donc intimement lié aux mécanismes de marché et la concurrence des petites entreprises, conditions qui pour l instant manquent ou sont à leurs premiers débuts en Chine. Par ailleurs, le pays manque actuellement d un système de réglementations capable de couvrir tous les aspects concernant la production de gaz de schiste, de l exploration à la production, de l exploitation du réseau de gazoducs (et ses insuffisances) à la protection environnementale, etc. Cependant, une fois résolue cette partie réglementaire la NEA est actuellement en train de travailler sur des nouvelles réglementations pour le gaz de schiste, la question la plus importante à affronter est celle de la réforme des prix du gaz, qui demeure centrale. Le contrôle sur les prix de la part du gouvernement n encouragera guère les opérateurs à faire des investissements dans le gaz de schiste. Cela signifie au final que la sécurité gazière de la Chine, d un point de vue international ou de renforcement de la production nationale, reste intimement liée à la réforme des prix du gaz. Cependant, si la Chine réussit entretemps sa propre «révolution du gaz de schiste» tout en retouchant de façon minimale son mécanisme de fixation des prix, il restera à voir si on peut parler de «révolution aux caractéristiques chinoises». Mais les perspectives pour le développement de cette ressource non-conventionnelle ne sont pas encore brillantes et l exemple américain pourrait ne pas être en mesure d apporter les réponses dont la Chine a besoin 7 Brai Odion-Esene, Experts: Increased US Shale Oil & Gas To Ease Rivalry W/ China, mninews, June 12, 2013. https://mninews. marketnews.com/index.php/experts-increased-us-shale-oil-gasease-rivalry-w-china?q=content/experts-increased-us-shale-oilgas-ease-rivalry-w-china (accessed 15th July 2013) 8 Un autre exemple important est l accord signé, toujours en 2012, par Shell et CNPC pour le bloc de Fushun-Yongchuan, qui s est concrétisé sous forme de contrat de partage de production. C est le premier et actuellement le seul contrat de partage de production dans l ensemble des compagnies étrangères présentes en Chine pour l exploitation du gaz de schiste. Conclusions La demande croissante d approvisionnements énergétiques de la Chine couplée à sa stratégie de gazéification à moyen- et long-terme seront à la base d une présence de plus en plus grande du pays dans les marchés internationaux de l énergie, ce qui comporte des risques et défis en termes de prix, de géopolitique et de gouvernance de l énergie. De nouvelles routes de l énergie seront tracées, tandis que de nouveaux acteurs 5

remplaceront ou défieront les pays qui, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ont façonné la gouvernance mondiale de l énergie. Parmi ces pays, la Chine et l Inde tiendront vraisemblablement la place la plus importante. le paysage politique de ces pays. Les pays qui souhaitaient se voir comme les seuls partenaires énergétiques de la Chine doivent comprendre qu elle aime bien «danser avec tout le monde» Concernant le cas chinois, le futur proche verra une place de plus en plus prépondérante du pays sur les marchés Moyen Oriental et de l Afrique orientale, déjà premiers exportateurs de pétrole vers la Chine. Les exportations de gaz de ceux-ci s ajouteront à celles déjà assurées par les régions et pays avoisinants, dont l Asie Centrale et le Myanmar. Mais loin de réussir à couvrir son besoin croissant de gaz, la Chine sera également contrainte de se tourner vers d autres marchés, notamment le marché australien qui est en train de renforcer ses infrastructures pour le transport et le stockage de GNL et le marché nord-américain, étant les nouveaux entrants dans l équation gazière mondiale. En particulier, la révolution du gaz de schiste américaine que la Chine rêve d émuler dans les délais les plus brefs non seulement aura des conséquences importantes dans les équilibres géopolitiques, mais mettra aussi le pays en position de «défiant» par rapport aux pays traditionnellement détenteurs d un «monopole» sur le gaz, notamment la Russie. C est proprement la Russie, la première, qui «souffrira» de ce changement soudain, le gaz produit sur son territoire n étant plus ni attractif pour l Europe ce qui justifie la tournée à l Est du géant eurasiatique ni pour l instant indispensable à la Chine. Toutefois, les derniers développements dans les discussions entre les compagnies gazières des deux pays et les décisions de Vladimir Poutine de pousser vers la construction d une voie orientale offrent des espoirs de concrétisation d un accord d ici la fin de 2013. A moins qu entretemps la «révolution du gaz de schiste chinoise», comme semble être encore présentée par une certain enthousiasme de la presse chinoise, n éclate Une donnée très importante émerge de la stratégie actuelle d approvisionnement gazier de la Chine, et le cas du gaz russe le démontre clairement. Il y a un an, la relation sino-russe du gaz était vue comme «nécessaire». Les deux marchés étant considérés comme complémentaires et la Russie disposant des ressources nécessaires pour satisfaire les besoins en gaz de la Chine, les observateurs ont vite pensé que la Chine serait désormais en position de dépendance envers la Russie. Mais entretemps, les mouvements au Moyen-Orient, en Afrique Orientale, ainsi qu en Amérique du Nord, au Myanmar et en Australie démontrent qu on est loin d une situation de domination d un marché sur l autre. Dans cette longue période de négociations, la Russie pensait pouvoir jouer «fort» avec la Chine, ne lui permettant pas d avoir accès à sa production en amont. La Chine, loin de rester passive face à cette situation, a vite cherché à trouver des partenaires plus «malléables». L Asie Centrale s imposa rapidement comme partenaire alternatif. Par la suite, les accords établis avec des pays qui ne rentrent pas dans les stratégies classiques d approvisionnement régional de gaz, montrent que la Chine est prête à établir des partenariats avec plusieurs pays dans n importe quelle région du monde afin d assurer sa pleine sécurité énergétique, qui comprend ainsi deux aspects stratégiques : la sécurité des approvisionnements, mais aussi un évitement de la dépendance de quelques pays et des changements d humeur dans les relations internationales ainsi que dans 6