HISTORIQUE DE LA SERRURIE D'ART.



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Transcription:

HISTORIQUE DE LA SERRURIE D'ART. Les Plus anciennes serrures. La plus ancienne serrure connue semble bien être cette boite en bois à chevilles de métal retrouvée par les archéologues sur une porte du palais de Khorsabad, près de Ninive. Elle date environ de l'an 700 av. JC. La serrure ne fut vraiment inventée que 800 ans après la guerre de Troie, au siècle de Péricles (vers 500 av. JC) quand un grec imaginatif plaça dans une boite au dessus du verrou qui barrait la porte des chevilles en bois, les balanos : au moment de la fermeture, les balanos tombaient et se trouvés pris dans des trous creusés sur la partie supérieur du verrou. Pour ouvrir il fallait soulever ces chevilles : alors intervenait la première clef ajustée, dont les dents traversant la porte par de petites ouvertures, libéraient le verrou. Les romains perfectionnèrent cette serrure dite laconnienne. Ils inventèrent aussi le verrou à crémaillère, le pessulus, qu'un pignon crénelé de bois ou de fer peut faire avancer ou reculer. A l'époque romaine également, apparaissent la serrure à ressort, les clefs à dents, les cadenas à moraillon, les entraves. Un art de travailler le métal ou l'art du "Fèvre". Après les sombres période des invasions barbares, il faut attendre le XI siècle pour que renaisse en Occident un véritable art de travailler le métal. Les portes des églises et des châteaux sont alors décorées autant que maintenues par le pentures, larges bandes de fer découpées et fixées par des clous décoratifs. Si les serrures de cette époque ont en presque totalité disparues, les clefs, devenues le symbole du droit ou de la puissance, demeurent nombreuses dans les collections privées ou publiques; une impression de force et de robustesse se dégage de ces objets jusqu'à la fin du Moyen Age. Le plus ancien type de serrure connu en France est la serrure à bosse,, ainsi nommée pour la forme de sa boite posée en saillie sur le bois de la porte ou du coffre: telle la serrure qui ferme l'armoire du XII ème siècle conservée dans l'église d'aubazine (Corrèze). Il existe dés cette époque deux sortes de serrures: celles que l'on appelle vertevelle placée sur les portes ou les armoires, et qui est en fait un gros verrou coulissant dans des conduits, les vertevelles, à l'aide d'une poignée en ballotière, et la serrure à moraillon placées sur les coffres, éléments essentiels du mobilier: une tige plate fixée sur le couvercle du coffre est munie d'un anneau, l'aubéron, qui en position fermeture du coffre, pénètre dans une fente de la serrure dite aubéronnière, et est bloquée par le péne actionné par la clef

L'art du "serrurier" Grâce au génie des artisans, les pièces de petites serrurerie devinrent autant que des organes sécurisants de véritables motifs d'ornementation. Les serrures, jusqu'au début du XVI ème siècle, se fixaient sur le bois du coffre ou de la porte au moyen de crampons en forme de U, qui prirent souvent la forme de colonnes. Les clous simples qui pouvaient remplacer ces crampons, étaient à la fin du XV ème siècle décorés de têtes d'angelots ou de figures humaines. Les clefs du XIV et XV ème siècle présentent parfois des anneaux très ouvragés donnant cependant une grande impression de solidité. A partir du XVI ème siècle, un décor commun à tous les artisans. Au milieu du XVIème siècle, conjointement à l'emploi prolongé des thèmes gothiques, le décor évolue. Les compagnons serruriers s'inspirent eux aussi de" ce décor nouveau de dauphins, chimères, entrelacs ou cornes d'abondance. Rois et grands s'ingénient de marquer de leur monogrammes ou de leurs armes portes et fenêtres de leurs demeurent.. Dés cette époque la serrure apparente est souvent reléguée dans l'intérieur des meubles; derrière les bois, elle se simplifie: seules subsistent des plaques repoussées comme entrées de serrure masquant le trou de la clef. Une mention spéciale doit être faite des serrures de coffres, dont la partie invisible est souvent plus décorée que l'extérieur, et dont le canon est profilé en fleur de lys, en cœur, carreau pour recevoir une clef forée. Serrures de coffres et clefs à chimères sont en générale des pièces de maîtrise, chef d'œuvre du compagnon qui désirait passer maître et avoir le droit de tenir boutique. Exubérance du décor et l'art du bronzier ciseleur. En 1618, le roi Louis XIII avait fait installer un atelier dans le jardin des Tuileries où il travaillait avec le serrurier Rossignol. La serrure devint plus encombrante, plus lourde sans d'ailleurs que les gardes intérieures se compliquent. La pêne portait des saillies que la clef accrochait, et des encoches dans lesquelles entrait un ressort. La clef en tournant dégageaitr le ressort qui poussait la pêne. De grands progrès furent réalisés dans la fonte des métaux et l'assemblage des pièces. La fonte malléable remplaça définitivement le fer forgé à la suite des travaux de Réaumur; en 1722 le savant physicien publia "l'art d'adoucir la fonte" ouvrage qui fait encore autorité aujourd'hui. Parallèlement, dans les riches intérieures, et sous l'influence de l'ébéniste Charles André Boulle, le bronze doré au feu apparaît de plus en plus souvent à la fin du XVII ème siècle sur les meubles mais aussi sur les portes et les fenêtres.

Histoire de la serrurerie : L'antiquité connaissait la serrure, si l'on comprend sous ce terme tous les mécanismes si frustres soient ils, pour fermer une porte. A défaut de serrures antiques, totalement disparues avec les vantaux qui les portaient, on a retrouvé dans les fouilles de Pompéi et d'herculanum, nombres de clés en bronze. L'abondance du fer qui se trouvait en gaule explique que les clé Galloromaines, que l'on a retrouvées, aient été exécutée dans ce métal, dans le traitement duquel nos ancêtres étaient forts habiles. Au Moyen age, la fermeture des portes étaient assurés par un loquet à l'intérieur de la pièce, un poucier à l'extérieur de la pièce actionnant ce loquet. Ce dispositif est remplacé, aux environs du XV siècle par la serrure dite "à verrou à vertevelles" constituée par un pène horizontal coulissant, actionné par deux ballotières plates à l'intérieur et à l'extérieur. Ce pène horizontal est immobilisé par un pène vertical fonctionnant à la clef de l'extérieur. On trouve également de cette époque des serrures de coffres. Pour celles-ci on emploie de minces plaques de fer découpées à jours et appliquées sur un fond plat. A l'intérieur de cette ornementation, on avait souvent glissé une feuille de cuir de couleur ou un drap rouge qui rehaussait la découpure. La pièce principale est le moraillon fixé après le couvercle du coffre. Ce moraillon, quand on rabattait le dessus du meuble, venait en tombant s'ajuster exactement dans la façade de la serrure. Ornées de curieuses architectures, enrichies de rosaces, de colonettes, d'arches, de niches, abritant une foule de petits personnages, leurs étonnantes sculptures prises dans la masse, taillée au ciseau et au burin, ces serrures égalent en précieux et en fini les pièces d'orfèvrerie les plus achevées. A partir de la Renaissance, les serrures comportent une boite rectangulaire encloisonnée dans laquelle se trouvent un ou plusieurs pènes actionnés de l'intérieur par une clef, et de l'extérieur par un bouton de coulisse. C'est à cette époque que l'on trouve mention, pour la première fois, de passe-partout. Les comptes des bâtiments du roi nous apprennent qu'en 1547, Henri II fit placer, à la porte de Diane de Poitiers, "trois grosses serrures s'ouvrant avec la clef que le roi porte et qui passe partout". Au XVII ème siècle, on commença à exécuter des serrures dites "Bénardes", c'est à dire qui s'ouvraient à la clef des deux côtés. Les serrures étaient jusqu'alors en fer, quelquefois dorées à la feuille. C'est sous le règne de Louis XIV qu'apparurent les premières serrures en bronze ciselé ou dorées au mercure pour la décoration des riches appartements de Versailles.

C'est à cette époque que l'on trouve les premiers boutons doubles pour actionner les pènes demi tour à la fois de l'extérieur et de l'intérieur. Au XVIII ème siècle de grands artistes tels que CAFFIERI, MEISONIER, DELAFOSSE, FORESTIER, GOUTHIER, s'intéressent à l'art de la serrurerie et de véritables chefs-d'œuvre sont sortis de leurs ateliers dont certains font partie de la collection de la maison BRICARD. SERRURES DE MAITRISE Avant la révolution de 1789, et après 10 années d'apprentissage, l'ouvrier - serrurier devenait compagnon. C'est alors qu'a ces moments perdus, il travaillait à la serrure que serait son chef d'œuvre. Cette pièce, d'une exécution longue et difficile était soumise à l'examen des Jurandes. Une fois la serrure acceptée, le compagnon était reçu maître - serrurier, ce qui lui conférait le privilège de tenir boutique. Le chef d'œuvre témoigne de l'habilité de l'auteur qui a su allier l'art décoratif et la précision mécanique. Ces chefs d'œuvre étaient le plus souvent faits "à l'antique" c'est à dire qu'on reproduisait des serrures qui par leur ornementation rappelaient le XV ème siècle; c'était le plus souvent des serrures de coffres. CLES DE CHAMBELLAN : Le chambellan était l'officier de cour chargé de tout ce qui concernait le service intérieur de la chambre du roi. Il portait pour insigne une clé en bronze doré attachée à un cordon, et portait ostensiblement sur la poitrine. Cette clé était d'ailleurs souvent un passe partout et était décorée des armoiries du pays dont était originaire le bénéficiaire. En 1823, Morisot, vérificateur de bâtiments, donnait la définition suivante : la serrurerie a deux genre de fournitures. L'un comprend tous les ouvrages qui se façonnent dans l'atelier, par le travail de la forge et de la lime, tels que les gros fers, les grilles, les rampes, les balcons L'autre comprend les objets fabriqués, connus sous la dénomination générales de quincaillerie. En fait, dés le XIII siècle, le terme de quincaillerie apparaît dans le livre des métiers d'etienne Boileaux, prévôt de Paris au temps de Louis IX. "Tous marchands vendant quincaillerie comme pots de terre, escuelle, plateaux, vans doivent chacun quatre deniers parisis." Par cette énumération on voit que dés l'origine du métier, le marchand quincaillier ne vendait pas seulement des objets usuels en métal mais tout ce qui était nécessaire à l'usage domestique. Le sens parfois péjoratif de cette appellation doit être démenti, car on sait aujourd'hui que les grands fabricants de serrures du XIX et XX siècle, les Bricard, Vaillant, Fontaine, Fichet sont les vrais successeurs des quincailliers marchand dont la corporation pour avoir été moins prestigieuse que celle des serruriers, n'en était pas moins indispensable à la vie quotidienne des citoyens.

L'histoire des métiers parisiens jusqu'au XVIII siècle est pleine de querelles de préséance, de prérogatives, de procès et au parlement et d'appels au roi pour limiter la concurrence entre les artisans du fer. Ces querelles étaient pour la plupart commencées par les maître serruriers soucieux de protéger leurs privilèges. En 1537, à la demande des gardes du métier, le roi Henri II accorda des lettres patentes aux serruriers, stipulant que les "ferronniers, merciers et marchands faisant et exerçant train et trafic d'ouvrages dépendant et concernant le métier ou manufacture de serrurerie seront sujets à la visite des jurés serruriers". Ces marchands mercier vendaient le fer en barre, le plomb, le cuivre, des objets de coutellerie et de quincaillerie, jusqu'à des cadenas et certaines serrures. Leur statut fut confirmer par le roi Louis XIII en janvier 1613. Le 12 mars 1677, un arrêt du parlement concernait la visite des jurés serruriers chez les artisans qui vendaient des serrures et d'autres objets de quincaillerie. Cet arrêt est ainsi conçu : "la cour a maintenu et gardé aux maîtres serruriers au droit de visiter deux fois l'année les boutiques et maisons des dits marchands merciers, les ouvrages de serrures, gonds, pattes, verrous et fiches qui s'appliquent tant aux portes qu'aux fenêtre des maisons seulement, suivant et conformément à l'arrêt du 26 juin 1638; à la charge par les jurées serruriers d'appeler un garde des dits marchands merciers pour assister avec les dits jurés à ladite visite sans frais. Fait défense aux dits serruriers de visiter les autres ferrures, ni de vendre et débiter aucune marchandises de serrurerie que celles qu'ils auront fabriquées dans leurs maisons et boutiques. A maintes reprises, et encore en 1776, des ordonnances de police furent édictées, pour défendre aux ferrailleurs de réparer de vieilles clés, d'autres articles stipulant même que l'on devait rapporter à la police dans la quinzaine, toutes les clés vieilles ou neuves dépourvues de leur serrure sous peine d'amende " Les enseignes elles mêmes ne renseignaient pas toujours exactement le client intéressé par l'achat d'une pièce de serrurerie. Les maîtres serrurier au dessus de leur atelier suspendaient souvent une clef, ou deux clefs en sautoirs. Mais ils n'avaient certainement pas le monopole de cette "affiche". En 1730, un certain Jean Nolan, marchand quincaillier à Paris, n'hésitait pas à s'intituler : "entrepreneur de ferrure et de serrurerie". En 1746, la communauté des serruriers perdit un procès et dût payer 190 livres d'indemnités à un marchand ferrailleur du nom de Nicolas Magny, chez qui elle avait fait saisir du vieux matériel de clefs, serrures, peinture. En fait, au delà de ces querelles, la réalité quotidienne était autre. Serruriers et quincailliers étaient le plus souvent dépendants les uns des autres que concurrents sur les marchés de la construction. De plus en plus les serruriers trouvèrent leur compte à acheter des serrures toutes faites, et ils en fabriquèrent de moins en moins. Cependant ils restaient astreints à façonner une serrure et une clef lorsqu'ils voulaient présenter leur expérience ou leur chef d'œuvre. pour être admis dans la communauté des maîtres serruriers.

Les causes de l'abandon du fer forgé sont multiples : l'un des premiers agents de destruction est sans doute la sécheresse du style classique: terminée les enroulements des acanthes et des rocailles; le style Louis XV va être taxé de trop "de légèreté et de libertinage" et disparaître de la création artistique en ferronnerie, pour être remplacé par les formes carrés, droites et régulières que les ornemanistes Neufforge, Moreau, Forty entre autres mettent à la mode. Un autre facteur contribue à faire tomber le fer dans l'oubli: c'est l'utilisation progressive de la fonte malléable et l'engouement extraordinaire qu'elle suscita dés la révolution et pendant tout l'empire. Les travaux de Réaumur dès 1722 et ceux de l'académie des sciences pendant le XVIII siècle sur la transformation du fer permirent à la fonte malléable de devenir le matériau privilégié des artisans du métal. Libérée de son surplus d'oxygène, la fonte de fer était devenu plus facile à travailler au ciseau et à la lime. En dépit de la résistance et de nombreux procès intentés par les serruriers, ceux-ci durent céder le pas aux fondeurs qui dés la régence surent exécuter palâtres de serrures, marteaux de porte, plaque décorative, balcons ou appuis de fenêtres en fonte.