Mai 2001 Centre de la petite enfance La Trottinette Carottée



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Transcription:

Dossier pédagogique Mai 2001 Centre de la petite enfance La Trottinette Carottée

TABLE DES MATIÈRES Page Une conception bien différente... 3 Pourquoi l enfant fabule?... 4 Le compagnon imaginaire... 4 Les premiers «vrais» mensonges... 5 Interventions à privilégier... 5 Bibliographie... 6 ANNEXE Fiche pratique parents La vérité sur le mensonge CPE La Trottinette Carottée i

U e conception bien différente On exige la vérité de la part de nos enfants, mais pourtant il nous arrive souvent de leur mentir au quotidien. Les histoires de fiction que nous leur racontons, comme le père Noël, la fée des dents ou le bonhomme sept heures, sont des mensonges délibérés. Certains trouvent que l'on abuse de la naïveté enfantine en rendant réels ces personnages imaginaires, mais la majorité des gens trouve que ces «mensonges» sont acceptables puisque leur intention est d'offrir à l'enfant des rêves et des souvenirs merveilleux. L'adulte ment à l'enfant pour différentes raisons, pour camoufler un événement douloureux qui le préserverait ainsi d'un chagrin ou par diplomatie. La vie en société impose des règles et, comme l'enfant dit tout haut ce qu'il pense, on lui dit souvent de se taire. C'est par cette dissimulation que l'enfant va découvrir l'existence du mensonge. Ce qui est troublant pour lui c'est que quelques fois, on le blâme et d'autres fois, on l'approuve quand il ment. Quand elle entend la sonnerie du téléphone, Chloé court pour aller répondre. Elle est arrêtée dans son élan par sa mère qui lui dit : «Si c est tante Louise, dis lui que je ne suis pas là». La petite ne comprend pas : on l a sévèrement punie la veille pour avoir menti et voilà que maintenant, la personne qui lui fait promettre de toujours dire la vérité, lui demande de mentir. Confuse et déchirée, elle décroche le téléphone et dit : «Maman dit qu elle n est pas là.» Le mensonge est très souvent un moyen inconscient de se défendre contre la peur et la honte. On ment pour ne pas blesser, pour ne pas déplaire, pour ne pas susciter de conflits ou pour échapper au jugement de l autre et au rejet. Trop d adultes mentent à leurs enfants, soit pour empêcher de souffrir, soit pour ne pas montrer une facette d eux-mêmes qu ils n acceptent pas. Ils sèment ainsi dans le cœur de l enfant l insécurité, le doute, le manque de confiance. Les adultes et les enfants ont une conception très différente du mensonge. Les jeunes enfants ont une imagination très fertile, ils démontrent souvent une vision déformée des événements. L'enfant doit apprendre à démêler la réalité de l'imaginaire. Cette étape est normale, l'enfant doit la traverser. La conception du mensonge n'est atteinte que vers l'âge de sept ans. Avant cet âge, l'enfant distingue mal la réalité de la fiction. Entre l'âge de 2 ans et 6 ans, l'enfant aura tendance à présenter comme réelles des histoires imaginées sous forme de récits. L'enfant invente des détails qui sont faux à partir d'un fait réel, c'est ce qu'on appelle la fabulation. Thomas, 6 ans, voit peu son père. En classe, il raconte à ses camarades que son père l'emmène partout avec lui, ce qui est faux. Ce comportement, tout à fait normal, traduit d'une immaturité psychique qui confond l'imaginaire (les désirs de Thomas) et le réel. L enfant est à apprendre à démêler la réalité de l imaginaire et pour cela il a besoin de l aide des adultes. Contrairement au mensonge, la fabulation n est pas faite avec l intention consciente de tromper. C est une pensée branchée sur l imaginaire. CPE La Trottinette Carottée 2

P ourquoi l enfant fabule? Parfois l histoire la plus farfelue provient simplement d une mauvaise compréhension des mots eux-mêmes ou de notre maladresse à comprendre un langage encore rudimentaire. La fabulation peut aussi se développer dans le temps, l enfant la reprend chaque fois là où il l avait laissée, comme un roman à épisodes. Un autre type de fabulation se manifeste dans les jeux de «faire semblant» de l enfant : l enfant croit, le temps de la mise en scène, à la réalité de ce qu il fait et de ce qu il dit. Il adore quand l adulte l accompagne dans son jeu. Après avoir vu le chien de son ami, un enfant peut affirmer catégoriquement : «J ai aussi un nouveau chien!». Sachant qu il raconte un mensonge, il serait facile de penser que l enfant est un menteur alors qu il prend tout simplement ses désirs pour des réalités. S il parle de son souhait de façon assez convaincante, il pourrait peut-être devenir réalité ou même rehausser son image de marque auprès des siens. Dans cette situation où l enfant rêve en couleur, il faut porter attention aux sentiments de l enfant plutôt qu aux faits. «Aurais-tu souhaité avoir aussi un petit chien?». En donnant à l enfant l occasion de posséder dans sa tête ce qu il ne peut avoir dans la réalité, le désir d inventer des histoires s estompe très souvent. Par contre, si l enfant persiste à affirmer cette fausseté, il faut calmement répéter les faits et accepter les sentiments qu il éprouve : «Tu n as pas de nouveau petit chien et moi non plus, mais Simon en a un. Tu aurais aimé avoir un petit chien pour jouer avec toi. Parle-moi de celui que tu aimerais avoir.» Il faut détourner l attention de l enfant et faire en sorte qu on lui porte beaucoup d attention sur des sujets autres que les petits chiens. L e compagnon imaginaire D'autres enfants s'inventeront un compagnon imaginaire, comme dans le film Bogus avec Gérard Depardieu, dans lequel le personnage aux pouvoirs fantastiques comble la solitude et les besoins du petit. L'enfant peut se créer un ami imaginaire et rejeter la faute qu'il a commise sur cet ami ; ce dernier l'aide à affronter ses difficultés passagères. Parfois, c'est un ami du même âge que lui, d'autres fois c'est une personne plus âgée qui le protège et sur laquelle il projette une partie de ses expériences et de ses sentiments. Selon les spécialistes, il est naturel pour les enfants de se créer un compagnon imaginaire. Au début, cette situation peut sembler étrange pour le parent, il lui suffira d'entrer dans le jeu, mais sans trop encourager l'enfant, afin d éviter que le personnage imaginaire prenne trop d'ampleur. Cette forme de jeu disparaît d'ellemême avec le temps. Émilie, entre 4 et 6 ans, s était inventé une deuxième maman qu elle avait nommée sa mère en mine. Chaque fois que maman «réelle» lui demandait de faire quelque chose qui ne lui plaisait pas, Émilie répondait que sa mère en mine lui disait de ne pas le faire. CPE La Trottinette Carottée 3

L es premiers «vrais» mensonges I nterventions à privilégier Les premiers «vrais» mensonges apparaissent donc vers l'âge de 7 ans. L'enfant fait maintenant la distinction entrent la fiction et le réel, lorsqu'il ment c'est pour maquiller la réalité. Les mobiles peuvent être bien différents et la meilleure façon d'intervenir consiste à trouver pourquoi l'enfant ment. Il est plus adéquat d'intervenir sur le fait, qui est à l'origine du mensonge, plutôt que sur le résultat (le mensonge). L'enfant ment pour compenser une faible estime de soi ou pour se protéger d'une situation qu'il trouve menaçante pour lui. Il ment aussi pour éviter une sanction, pour fuir ses responsabilités, pour obtenir un gain ou pour camoufler une situation embarrassante. Vers l'âge de 9 ans jusqu'à l'âge de 12 ans, le jeune ressent un besoin d'intimité, ce qui l'amène à être plus secret. Le mensonge a chez lui une fonction essentiellement défensive. Il peut mentir ou dissimuler certaines choses pour s'éviter critiques et remarques. Lorsqu'il s'abstient simplement de dire quelque chose, il ment alors «par omission». Par ses attitudes, l'adulte peut inciter l'enfant aux mensonges. Chez l'enfant, l'image de soi et l'estime personnelle se construisent à partir des propos des adultes. L'enfant qui se fait dire qu'il est menteur finira par le croire et dira de plus en plus de mensonges, car il pense que c'est ce que l'adulte attend de lui. Un adulte trop sévère aurait pour effet de déclencher une attitude mensongère chez l'enfant car ce dernier veut éviter punitions et blâme. Comment réagir à leurs drôles de récits? D abord dédramatiser la situation L objectif de l intervention est d aider l enfant à trouver d autres moyens que le mensonge pour régler ses problèmes. Aider l enfant à revenir doucement dans le réel et essayer de le faire parler de ses émotions, si vous le percevez dans un jeu imaginaire. Rester calme car punir l'enfant engendre souvent d'autres mensonges de sa part. La colère des adultes et les punitions trop sévères pourraient tout simplement amener l'enfant à continuer de mentir par peur. Éviter d étiqueter l enfant de menteur car cela lui donne une mauvaise image de lui. Féliciter l enfant pour son bon comportement en répondant à ses besoins d'attention. Établir pour l enfant la différence entre son comportement et lui-même. Les jeunes enfants croient souvent que les gens bons font de bonnes choses et que les gens mauvais font de mauvaises choses. Donner à l'enfant l'occasion de faire amende honorable pour ses mauvaises actions. (Le faire nettoyer les dégâts, présenter des excuses, offrir de partager ) Une telle démarche enseigne une bonne façon de se comporter et renforce dans son esprit le fait qu il est réellement une bonne personne. Confronter doucement l enfant en lui disant la réalité telle que vous la connaissez. Les enfants ont besoin de la vérité quel que soit leur âge. Lorsqu on leur ment ou qu on les ménage pour les empêcher de souffrir à court terme, on les fait souffrir davantage à long terme. La vérité c est que nous nous protégeons, nous-même, contre la douleur qui nous envahit quand ils ont de la peine et quand ils ont mal. Nous ne leur faisons pas confiance. CPE La Trottinette Carottée 4

BIBLIOGRAPHIE WAGG, Carol, Feuille-ressources, Comment aider les jeunes enfants à dire la vérité, Fédération canadienne des services de garde à l enfance, Ottawa. Quand il faut plus que la tendresse, C.L.S.C. des Coteaux, Chicoutimi. BRICAULT, Denise, L enfant au cœur de nos actions, Guide d interventions éducatives, Plessisville, 1995. BENOÎT, Joe-Ann, Petits & grands, Le magazine Enfants Québec, décembre-janvier 1998. Les images sont tirées du site internet : www.prescolaire.grandmonde.com CPE La Trottinette Carottée 5