Compagnie Catherine Delattres La Place Royale Pierre Corneille Mise en scène Catherine Delattres Création en juin 2006 Tournée 2006 / 2007 Reprise 2007 / 2008 206B Bld Jean Jaurès 76000 Rouen Tel: 02 35 70 63 61 / Fax: 02 35 15 02 59 / Mel: ccdelattres@free.fr
De Rodrigue à Alidor En 1997 fut représenté Le Cid dans les lieux patrimoniaux de Haute- Normandie. C était pour ma Compagnie le début du théâtre en plein air; désormais nous allions raconter, les soirs d été, des histoires épiques ou intimistes, avec pour seul décor le ciel normand et les vieilles pierres. En 2006, à l occasion des retrouvailles et du quadricentenaire, mon prochain spectacle sera une comédie du premier Corneille, La Place Royale. Cette pièce est aussi pour l auteur l ultime déclinaison du thème amoureux qui hanta ses premières œuvres. Alidor, héros narcissique, laisse la place à Rodrigue, premier héros tragique. Mettre en scène La Place Royale c est travailler une fois de plus sur la période bouillonnante et exubérante des premières pièces d avant le triomphe du Cid, c est comprendre comment Rodrigue s est construit à partir de son double frivole que fut Alidor. En 1634 Corneille a 28 ans, il a déjà écrit 5 comédies baroques qui sont toutes construites autour de la méditation du jeune homme sur l amour et la liberté. Les règles n existent pas encore, il écrit librement. Empruntant à son époque hyperboles et métaphores, il construit dans ses coups d essai que sont les comédies, une langue fluide et élégante proche de l évidence, de la conversation. De Mélite (1629) à La Place Royale (1634) les jeunes héros, absolus en parole, dépourvus d expériences amoureuses, cherchent dans la liberté la réalisation de leur propre moi. Ils appartiennent à la même classe sociale et déambule dans les lieux chics de la Capitale. Ils s essaient à l art de plaire, à l art d aimer. A ce jeu, Alidor y perdra son âme. Après La Place Royale Corneille renoncera aux comédies d amour, le héros narcissique cède la place au héros cornélien. Alidor brûle d amour, immobile et seul, dans un quartier chic de Paris tandis que Rodrigue s avance vers l Histoire, sous les yeux de Chimène. La Place Royale ou le dernier combat amoureux, la dernière page d une éducation sentimentale qu il est temps d achever. Catherine Delattres - Octobre 2005
La place Royale ou la place de la Coquetterie Le Paris de la place Royale Créée à la fin du règne d Henri IV vers 1605, la place Royale, et le quartier du Marais dont elle est le centre, constitue dans les années 1630 le quartier à la mode; elle réunit la jeunesse élégante de quelques grandes familles, une société mondaine et volontiers tapageuse. Au cœur du Marais, encadrée de ses pavillons de briques et de pierres, tous semblables, la place Royale, dont Henri IV avait attentivement surveillé la réalisation, est aussi riche en dehors qu en dedans. C est au Marais, ce quartier de salons précieux, érudits et mondains que la plus haute aristocratie du royaume, telle les Guise, les Rohan et les Montmorency, réside en des demeures élevées par Mansart ou Le Vau. Madame de Sévigné, née place Royale en 1626, y ouvre son salon à l Hôtel Carnavalet; Ninon de Lenclos reçoit les libertins rue des Tournelles et les Scarron tiennent boutique de bel esprit dans l actuelle rue de Turenne. (La vie quotidienne au Marais au XVIIe siècle - Jacques Wilhelm) Notre place Royale : un lieu de rencontre - un lieu de frôlements des mots et des corps. - un espace de jeux où se rencontraient les adolescents que furent nos personnages - un jardin public où ils se délassent aujourd hui, éternels étudiants qui n en finissent pas d apprendre. - un lieu protégé, pourtant on pourrait y mourir d amour. - au loin la Ville, la fête peut-être, la solitude certainement. Les costumes Ces jeunes gens sont d aujourd hui même si leur rhétorique est éternelle. Le XXIe siècle est encore bien jeune pour les accueillir, alors leurs silhouettes évoquent plutôt les fantômes du Quartier Latin qui, au siècle dernier, apprenaient les intermittences du cœur sur un banc de jardin public. Pendant ce temps, au café voisin, Sartre et Beauvoir inventaient les amours nécessaires et les amours contingentes. Des nourritures - les films d Eric Rohmer pour le subtil marivaudage et pour l infinie déclinaison du verbe aimer. (Pauline à la plage, Conte d été ) - les films d Arnaud Desplechin pour les portraits de groupe de trentenaires, pour la cérébralité de ses personnages, pour leur goût de l expérimentation et leur refus de grandir. (Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle))
Une histoire de jeunesse Jeunesse d un écrivain Pierre Corneille a 28 ans quand il écrit La Place Royale. Il est déjà l auteur de plusieurs comédies d amour réussies et applaudies. Il est jeune, passionné, amoureux certainement. Comme les jeunes gens de son époque, il se plaît à décrire les intermittences du cœur, à rédiger de pièce en pièce, les chapitres de l art d aimer. Avec La Place Royale, le jeune Corneille met un point final à son autobiographie sentimentale et trouve en Alidor un double magnifique, l amant plus que parfait qui sacrifie son amour au nom de la liberté. Alidor achève son éducation sentimentale dans une solitude orgueilleuse et sans issue. Quelques années plus tard, un autre amoureux, autant héros qu amant, trouvera sa place dans la Cité, face au péril d Etat. Il deviendra Le Cid. Jeunesse des héros Des jeunes gens déambulent, loin des adultes, dans le lieu familier de la place Royale. Comme chaque jour, on parle d amour, on feint d aimer et de ne plus aimer, on triche. Alidor aime Angélique, il est aimé d elle. Nul obstacle à leur mariage : Alidor est fortuné, Angélique est jeune et belle, elle a toutes les vertus. Pourtant avec obstination, pour préserver sa liberté, Alidor va se refuser à l amour d Angélique; il va multiplier offenses, humiliations, ne reculant devant aucun moyen pour perdre et désespérer la femme aimée, y compris son enlèvement, puis son abandon entre les mains d un rival. Angélique, dans un total désespoir, se retire du monde. Alidor reste seul, encore plus amoureux, mais libre de vivre à soi, loin de celle qu il idolâtrait. Jeunesse éternelle Les personnages de La Place Royale ne sont pas d un pays, d une époque, mais d un moment, celui de la jeunesse; ils aiment à parler longuement dans les jardins, dans les cafés, ils ont le même langage. Leur rhétorique amoureuse est arme de séduction, elle peut servir aussi à détruire l autre. Ce sont les tricheurs d aujourd hui, les irrésolus, les immatures. Depuis les années 60, on les rencontre dans notre cinéma. On raconte encore aujourd hui l histoire d Angélique et d Alidor.
Equipe artistique Mise en scène Assistante Scénographie Lumières Costumes Catherine Delattres Maryse Ravera Ludovic Billy Jean-Claude Caillard Corinne Lejeune Avec Delphine Cogniard Angélique Frédéric Cherboeuf Alidor Fabrice Cals Cléandre Mélissa Rayé Phylis Nicolas Dégremont Doraste Laurent Savalle Lysis Ludovic Vilpoux Polymas Questionnaire d amour pour tous les Tircis, Célidée, Lysandre, Alidor d hier et d aujourd hui Doit-on sacrifier sa liberté à l amour? Le renoncement à l amour est-il la suprême liberté? L amour est-il compatible avec le mariage? Est-ce que le temps tue le désir? Que devient la passion quand la beauté s éteint? Dans une vie, y a-t-il un ou plusieurs amours? Etc., etc., etc. Le spectacle a reçu le soutien de la DRAC de Haute-Normandie, du Conseil Régional de Haute-Normandie, du Conseil Général de la Seine-Maritime, du Conseil Général de l Eure et de la Ville de Rouen. Avec la participation artistique du Jeune théâtre National. Avec l aide de l Adami.
Catherine Delattres metteur en scène Comédienne de formation, Catherine Delattres a assuré de nombreuses fonctions pédagogiques: responsable de l Ecole du Théâtre des 2 Rives de Rouen, puis du secteur Théâtre Jeune Public à la Maison de la Culture du Havre et enfin Directrice des Études de l Ecole du Théâtre National de Strasbourg. Parallèlement elle a entamé une collaboration artistique avec Jean- Marie Villégier (Tartuffe de Molière, L Illusion comique, Sophonisbe, Le Menteur de Corneille et en 2003, Les deux trouvailles de Gallus de Victor Hugo). Depuis 1984, elle a réalisé les mises en scène des spectacles suivants: - à la Maison de la Culture du Havre: L enfant d après Jules Vallès. - à l Ecole du Théâtre des 2 Rives: Maison de poupée d Ibsen, Le pain d autrui de Tourgueniev, Soudain l été dernier de Tennessee Williams. - au Théâtre des 2 Rives: L inconnue de Calais d après Paul Léautaud, Les petits potages mécaniques d Olivier Saladin, Le Paradis sur terre de Tennessee Williams. - à l Ecole du Théâtre National de Strasbourg: Correspondances amoureuses, Grand Peur et Misère du IIIème Reich de Brecht, La Galerie du Palais de Corneille. Catherine Delattres a fondé sa propre compagnie en 1990 et a notamment monté: Jodelet ou le Maître Valet de Paul Scarron, Le Paradis sur terre de Tennessee Williams, Le Cid de Corneille, C est beau et Elle est là de Nathalie Sarraute, Les Amoureux et Le véritable Ami de Goldoni, Les Serments indiscrets de Marivaux, Yvonne, princesse de Bourgogne de Gombrowicz, Kiki l Indien de Joël Jouanneau et La Cerisaie de Tchekhov. Depuis 2001, elle a réalisé la mise en scène d opéras comiques et
d oeuvres lyriques en collaboration avec L Atelier Lyrique de Haute- Normandie: Sancho Pança de Philidor, Le Délire de Berton, Le Petit Opéra Thérapeutique d Isabelle Aboulker, Le Déserteur de Monsigny.