«VIE ET JOIE À VOUS QUI CHERCHEZ DIEU!» (PSAUME 68,33) JEUDI SAINT VENDREDI SAINT SAMEDI SAINT LE TRIDUUM PASCAL
QU'EST-CE QUE LE TRIDUUM PASCAL? Jeudi, vendredi, samedi saints : Ces trois jours forment ce qu'on appelle le «Triduum pascal». Triduum signifie "trois jours": ce terme évoque les événements qui retracent le passage de Jésus vers son père, sa Pâque. Les chrétiens sont invités à vivre ces trois jours dans leur totale unité. Car l'un ne peut être séparé de l'autre. Cette unité apparaît mieux quand on compte les jours à la manière de la Bible. Le jour biblique commence le soir au coucher du soleil et s achève le lendemain soir. Le premier jour du Triduum, celui de la Passion, commence le jeudi soir et comprend toute la journée du vendredi jusqu à la mise au tombeau. Le deuxième, jour du Tombeau, commence donc vendredi soir et se prolonge jusqu à la vigile pascale, samedi soir. Enfin, le troisième jour, jour de la résurrection, commence dans la nuit du samedi au dimanche et comprend tout le dimanche. Le jeudi soir, les chrétiens célèbrent la Cène, c'est à dire le dernier repas que Jésus a pris avec ses disciples. Ce soir là, il partage le pain et le vin avec eux, instituant ainsi l'eucharistie :"Vous ferez cela en mémoire de moi". Ce même soir, il lave les pieds de ses disciples, signifiant ainsi que les chrétiens doivent vivre dans la charité et le service: "c'est un exemple que je vous donne". Toujours ce soir là, il leur donne un commandement nouveau : "Aimez-vous les uns les autres". En mémoire de ce jour, les chrétiens assistent à la messe. Ils refont le geste du lavement des pieds. Le vendredi, Jésus est jugé par Pilate et condamné au supplice de la croix. Il est flagellé et crucifié entre deux brigands. Ce jour là, les chrétiens assistent à un office pendant lequel ils font mémoire de cette mort en laquelle ils voient le salut du monde. Jésus offre sa vie. Par sa mort, il s'associe aux souffrances des hommes. Ce jour là, les chrétiens observent un temps de jeûne et d'abstinence. C'est un jour de recueillement et de prière. Le samedi saint, il ne se passe rien. C'est le grand silence du tombeau. C'est un jour de deuil, de solitude, de profond recueillement. Il n'y a aucune célébration. Jésus rejoint dans la mort tous les défunts passés, présents et à venir, leur apportant ainsi son salut. Dans l'obscurité luit déjà la lueur de Pâques... Samedi soir, c'est la Vigile pascale...durant laquelle les chrétiens célèbrent la Résurrection du Christ. C'est une grande célébration durant laquelle on lit les textes de la Bible qui retracent l'histoire de l'alliance de Dieu avec les hommes. C'est aussi durant cette nuit que sont célébrés les baptêmes des catéchumènes. Jésus est le premier homme à passer de la mort à la vie. "Ne cherchez pas parmi les morts celui qui est vivant:" la parole de l'ange devant le tombeau vide retentit durant tout le temps pascal (jusqu'à la Pentecôte) Le dimanche de Pâques est la plus grande fête chrétienne. Croire, c'est croire en la Résurrection de Jésus.
MÉDITONS : Jeudi Saint : «Devenez ce que vous recevez» Au soir de la Pâque, Jésus fait un geste étonnant, il lave les pieds de ses disciples. Jean Vanier le fondateur de l Arche dit : «La vision de Dieu c est de descendre, de s humilier, d aller le plus bas possible, de rejoindre les plus pauvres, les plus petits. Le premier geste de Jésus dans le lavement des pieds est d ôter ses vêtements, c est-à-dire de prendre la tenue de l esclave. Les disciples sont incapables de comprendre ce qui se passe. Moi non plus je ne peux pas comprendre. Quel est donc ce Dieu? C est dans la lumière de l Esprit Saint que je peux contempler Jésus serviteur, que je peux entrer dans ses sentiments et mettre en œuvre ce qu il nous demande : «Vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns des autres!». Un encouragement à se mettre au service des autres... Au cœur même de ce rituel de la Pâque juive, Jésus institue l Eucharistie. Comme nous l'enseigne le Concile Vatican II (LG 7), la fraction du pain eucharistique nous fait participer réellement au Corps du Seigneur. Nous devenons les membres de ce corps. Devenir, en Eglise, membres du Corps du Christ, ce n'est pas pour en tirer gloire. L'Evangile nous montre au contraire l'attitude de Jésus qui, se donnant en exemple, s'abaisse à terre. Au cours de ce même repas, Jésus annonce la trahison de Judas. Jésus déclara : «En vérité, en vérité, je vous le dis, l un de vous me livrera!» Les apôtres s inquiètent et disent chacun : «Seigneur, serait-ce moi?» Moi aussi je dis : «Seigneur, serait-ce moi?» Je sais que dans ma grande faiblesse, je suis chaque jour capable de te trahir et j en frémis. Seigneur, prends pitié de moi et donne-moi ta force. Seule ta grâce peut me garder fidèle! Après l annonce de la trahison de Judas, les disciples se regardant les uns les autres ne sachant de qui il parlait. Un de ses disciples, celui que Jésus aimait, se trouvait à table tout contre Jésus ; Simon Pierre lui fait signe et lui dit : «Demande de qui il parle!» Celui-ci se penchant vers la poitrine de Jésus lui dit : «Seigneur qui est-ce?» Jean-Paul II dit : «Il est bon de s entretenir avec lui et penché sur sa poitrine, comme le disciple bien-aimé, d être touché par l amour infini de son cœur. Si, à notre époque le christianisme doit se distinguer avant tout par l art de la prière, comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d amour devant le Christ présent dans le Saint Sacrement. A la fin de la célébration, l'autel est dépouillé et le Saint Sacrement déplacé. «L heure venue, après le chant des psaumes, ils partirent pour le Mont des Oliviers». Jean-Paul II écrit «Bien qu il soit profondément éprouvé, Jésus ne se dérobe pas face à son heure.» Que puis-je dire? Dirai-je : «Père délivre-moi de cette heure? Mais non, c est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci!» Jésus désire que les disciples lui tiennent compagnie et il doit faire, au contraire, l expérience de la solitude et de l abandon. «Ainsi, vous n avez pas eu la force de veiller une heure avec moi? Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation!» L agonie à Gethsémani a été l introduction à l agonie sur la Croix. L heure de la Rédemption du monde. C est très consolant de voir que les apôtres qui avaient vécu trois ans avec Jésus, n ont pas eu la force de veiller une heure avec lui au moment de l épreuve! Aujourd hui, Jésus, tu me demandes la même chose, la même quête, le même besoin : «Veux-tu veiller une heure avec moi? Veux-tu m aider dans la Rédemption du monde? Veux-tu m aider à porter tous nos frères en humanité? Jésus, sans doute que je vais m endormir comme les apôtres. Nous sommes dès lors, invités à tourner notre regard vers la Croix.
Vendredi Saint : «Par la Passion du Christ, Tu as détruit la mort» Le chant d'entrée de l'office du Vendredi Saint place d'emblée la célébration de la Croix du Christ dans la perspective de la Résurrection. La mort tenait l'humanité sous sa loi et nous sommes invités à prier pour que nous connaissions désormais la condition de l'homme nouveau qui appartient au ciel. Ce qui n est pas assumé ne peut pas être sauvé! Jésus a assumé tout de notre condition humaine pour que nous soyons sauvés et que nous puissions vraiment entrer dans la vie divine. Être baptisé, ce n est pas être purifié de souillures extérieures, c est s engager envers Dieu avec une conscience droite. Aujourd hui, Vendredi Saint, sur la Croix, Jésus a donné sa vie : «Je la donne! Je remets mon esprit! Ma vie, nul ne la prend! C est moi qui la donne!» Il a remis l esprit à son Père et s est endormi dans la mort. Manière de dire qu il est vraiment mort! Et les Évangiles l attestent en particulier avec ce signe de la lance qui vient transpercer son cœur. Oui, il est mort! Et c est une réalité que Jésus veut assumer. En attendant la nuit de la Résurrection, c est le silence du tombeau ; c est la nuit du tombeau ; c est le vide de la mort, l absence, le rien point d interrogation! Oui, mais Dieu, notre Dieu est le Dieu de toute éternité, de toute immensité, l alpha et l oméga, le Dieu du cosmos. Il peut visiter toute l histoire et l espace. Il le fait ; Il est descendu du Ciel et profondément vient dans les tombeaux pour aller au plus profond et par la puissance de vie de son Amour, Il vient visiter toute l histoire des hommes depuis Adam jusqu au dernier homme. Car le Christ n est pas mort uniquement pour ceux qui étaient vivants à l époque ; il est mort pour nous et nous accueillons sa vie comme il veut aussi sauver tous les hommes qui l ont précédé. Il n'est pas venu pour juger notre péché mais pour nous sauver par son amour de tous les hommes. Il n'est pas venu nous maudire pour notre désobéissance mais il est venu nous bénir par son obéissance. Il y a forcément le consentement de l homme à un moment ou l autre et pourtant s il n y a pas la puissance de Dieu qui vient rejoindre les hommes dans le tombeau alors rien n est possible! Jésus est vainqueur de la mort. Il n a pas supprimé la mort. Il en est vainqueur! Aux vivants que nous sommes, il propose sa vie. Aux morts qui nous ont précédés, il propose sa vie. Et dans la nuit de ce tombeau, il nous faut à la fois nous émerveiller de ce plan de Salut de Dieu pour tous les hommes et nous émerveiller également de ce que Dieu fait en nous. N attendons pas pour vivre notre Pâque : pendant le Carême, nous avons reconnu notre péché, nos égoïsmes, nos manques de solidarité ; mais ce n est pas simplement de se purifier de souillures que d accepter la venue du Christ, c est vivre comme un chrétien! Quelque part il y a en nous des racines profondes de mort que le Seigneur veut aussi rejoindre car notre être profond a besoin aujourd hui d être visité. Il en a besoin mais il ne le sait peut-être pas Le Seigneur, Lui, sait ce dont j ai besoin. Car si le Salut est proposé à toute l humanité, la Résurrection est proposée à chacun! Il nous faut nous laisser faire ou plutôt Le laisser faire.
Oui, Seigneur, nous affirmons ta victoire et la victoire de ton Amour. Tu veux visiter, Seigneur, les zones les plus obscures de notre être, là où nous n aimons pas aller. Tu veux nous guérir! Tu veux assainir! Tu veux apaiser! Et nous Te le demandons : chasse tout ce qui est germe de mort : la tristesse que je traîne depuis mon enfance de me sentir de trop, de ne pas avoir été désiré, de ne pas avoir été accueilli dans la vie ou de ne pas avoir reçu un nom qui me corresponde. Il y a en moi aussi toutes ces tristesses de deuils inconsolables ; le sentiment que la mort a emporté et a englouti ceux que j aime ; la disparition de tous ces êtres chers qui sont partis et la révolte contre ce Dieu qui n a rien fait. Seigneur, Tu veux rejoindre aussi mon amertume d avoir été méchant et dur de façon inacceptable : ce noyau de dureté en moi, toutes ces défenses que je me suis forgées parce que j ai bien repéré qu aimer c est souffrir et pour ne pas souffrir, je me suis empêché d aimer. Seigneur, tu veux aussi rejoindre cette tristesse de vivre notre époque que je juge trop rapidement dans le déclin, dans la décadence morale, spirituelle et ce jugement injuste que je porte sur le monde, ce monde que Tu me confies, Toi qui a tant aimé le monde! Tu veux rejoindre au plus profond de mon être aussi tout ce qui est honte liée à un péché même pardonné ; mais cette culpabilité dont je n arrive pas à me défaire, toutes ces violences subies dans tous les domaines. Tout ce qui a fait que je suis aujourd hui handicapé pour pouvoir aimer vraiment. Il y a ce souvenir si présent parfois de ces humiliations, le découragement de me sentir inférieur, de ne pas être à la hauteur de ce qu on me demande. Il y a la peur, l angoisse de l avenir, de tout ce qui va m arriver, de tout ce que j imagine qui pourrait m arriver et qui fait que je suis bloqué. Il y a l impression aussi d être esclave, esclave de mon affectivité, enchaîné. et ce qu il y a de plus noir : ce sentiment d être en deçà de mon propre désir, de mon projet, de ne pas penser qu un avenir soit possible. Oui, Seigneur, tout cela c est moi et Toi seul sait car des fois je refuse de le voir. Toi, tu veux aller au cœur de mon être, c est cela la Pâque du Seigneur, Tu veux me rejoindre dans les zones les plus ténébreuses, obscures qui m empêchent d être libre pour aimer. Aussi, Seigneur, nous Te demandons et nous implorons ta miséricorde. Tu me dis : «Je suis là et en ce jour où tu médites sur ma mort ; sache que je viens rejoindre en toi ce qui est mort pour te redonner vie.» Le Seigneur tend la main et vient rejoindre ceux qui sont verrouillés, enfermés et par la puissance de son Amour, Il veut fracasser les verrous. Mais il ne le fait pas de manière fracassante ; il y a un consentement à Lui apporter. Il y a toujours ce
«Veux-tu?», «Veux-tu guérir?» «Veux-tu Me suivre?» Faisons une démarche pour signifier notre consentement. Oui, le Seigneur est là à la porte de mon cœur! Mais Il ne peut rien faire sans ce consentement que je peux Lui apporter! Ce que je peux faire, Seigneur, c est Te donner les clés, Te dire «Oui, je consens! Je veux aimer! Je ne veux pas être simplement purifié de mes fautes, de mes péchés ; je veux Te ressembler de plus en plus et aimer ceux que Tu me confies : mon proche, mon conjoint, mon frère, ma sœur Je veux connaître la joie d aimer, Seigneur! Aussi je Te donne les clés! Ce sont les clés de tous les espaces de mon cœur.» Laissons le Seigneur nous transformer en quelqu un capable d aimer! La célébration du Vendredi saint s achève sans un mot. Le silence du tombeau s étend sur le peuple des fidèles. Il ne prendra fin qu au moment de la célébration de la lumière pascale. Samedi Saint, dans la journée : «Est descendu aux enfers» Le Christ a été crucifié : les évangiles ont attesté qu il a expiré, qu il a remis l Esprit. Le corps a été descendu de la Croix. La grosse pierre a roulé, fermant le tombeau. Et puis, en même temps que la nuit se faisait sur toute la terre, un grand silence a englouti l humanité. Silence sur la terre! Silence des Évangiles! Après le fracas de la Passion abondamment décrite, le silence de la mort! Que se passe-t-il? Un grand silence règne aujourd hui sur la terre! Un grand silence et une grande solitude. Tout est accompli! Alors que le Verbe fait chair a été crucifié, toute parole est désormais vaine! Le silence de Dieu est d abord le silence de celui qui descend aux enfers pour éveiller ceux qui sont morts. C est plus encore le silence de ce Dieu qui vient au plus intime de nous-mêmes pour nous visiter ; le silence de Dieu au cœur de l homme. Nous croyons que Jésus-Christ «est descendu aux enfers». C'est parfois d'une voix hésitante que nous énonçons cet article du Symbole des Apôtres. Comprenons bien : il ne s'agit pas ici de l'enfer, état de souffrance promis aux damnés, mais des enfers, entendus comme étant le séjour des morts. Dans le silence du tombeau, dans le suprême abandon, abandonné de Dieu luimême (Cf. Mt. 27, 46), nous croyons que le Christ a rejoint tous les justes de l'ancienne alliance qui nous précèdent pour sortir de la mort avec lui. En cette journée du Samedi Saint, plongés dans la mort avec le Christ, nous demeurons dans le silence de l'attente En ce samedi, nous te contemplons, Marie, veillant près du Sépulcre, animée d une foi inébranlable dans l attente de la victoire de ton fils sur la mort. Tu es l icône de l Église qui veille près du tombeau de son Époux dans l attente de la célébration de sa Résurrection. Nous nous unissons à toi en attendant que la lumière de Pâque illumine notre foi. Fais-nous entrer dans cette confiance en la promesse de joie profonde et de bonheur immense que Dieu seul peut donner! Ouvre nos yeux, ô Marie, à la présence du Ressuscité vivant au cœur de nos vies!
Veillée pascale : «Voici la nuit où le Christ, brisant les liens de la mort, s'est relevé, victorieux, des enfers» Dans la nuit de Pâques, la liturgie de la lumière montre le Christ se relevant, victorieux, des enfers. «Premier né d'entre les morts» (Col. 1,18), il est le Chemin de la Vie. Désormais, la Croix de Jésus-Christ est le chemin toujours accessible vers la vie. En pleine cohérence avec les célébrations qui ont déployé le thème baptismal pendant ces trois jours, la liturgie propose aux catéchumènes de recevoir enfin le baptême et à tous les fidèles de renouveler les promesses de leur baptême.