C. Leclad. Poèmes intimes 2. Poésie. Editions Persée



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Transcription:

POÈMES INTIMES 2

C. Leclad Poèmes intimes 2 Poésie Editions Persée

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SUR LA PLAGE Une brise, lentement, s est levée sur la mer, Ourlant d une blanche écume quelques rares vaguelettes, Sur le sable mouillé, sans aucune colère, L eau tiède avec douceur nous invite à la fête. Sur la plage dorée plantée de parasols, Des enfants presque nus au corps déjà bronzé, S amusent sans souci, faisant des cabrioles, En riant aux éclats sous le ciel azuré. Alentour, mine de rien, les mamans les surveillent, Qui en lisant un livre, qui fixant l horizon, Tandis que dans l eau claire, plombée par le soleil, Les pères et les plus grands jouent à Poséidon. Sans s en apercevoir ont défilé les heures, Le soleil dans le ciel arrive en bout de course, Maintenant sur la plage quelques rares promeneurs, Après un dur labeur, à leur tour se ressourcent. Une à une, tout là-haut, s allument les étoiles, La lune toute en rondeur épingle son disque d argent, Les pêcheurs sur la mer ont hissé toutes les voiles, La nuit dans sa fraîcheur nous offre un autre temps. 5

UN JOUR ALGER Dans les vieilles demeures de la très blanche Alger, Sous les pinceaux magiques du peintre Delacroix, De fort belles odalisques bien à l abri du froid, Allaient dans des habits aux tissus mordorés. De la palette divine aux multiples couleurs, Sur une toile blanche, guidée par une main, Le peintre a peint d amour, sans un seul geste hautain, Une scène charmante qui me fait battre le cœur. Dans des poses lascives sur des tapis d Orient, Quelques femmes de là-bas recouvertes de voiles, Babillent bien gentiment sous un ciel plein d étoiles, Des potins de la ville d un sourire bienveillant. L art du peintre maîtrisé avec tant de talent, Posant l or et l argent avec dextérité Et le vert et le bleu et le rouge mélangés, A figé la splendeur qui défiera le temps. Et l éclat de ces nuits, d une chaleur endormie, N avait pas son pareil au soleil de ses jours, Quand s égrènent les heures à l ombre de ces tours, Minarets pleins d audace comme une épée brandie. / 6

Tant à l aube d un jour qu au crépuscule d un soir, La ville est une fête qui semblerai un leurre, Mais pour chaque destin qui rit ou parfois pleure, La joie bât la tristesse pour un nouvel espoir. Du haut de la colline jusqu au pied du rivage, La ville blanche qui s étage en paliers successifs, Se montre sans doute rebelle à des hommes rétifs, Mais à tous ceux qui l aiment, elle invite au voyage. Je ferai moi aussi une escale en ton port, Voir de près tes ruelles, tes patios, tes jardins Et je rechercherai ton regard si serein, Pétillant et joyeux que tu m offris alors. 7

TA PEINE, TA JOIE M EMEUVENT Ta peine encore m émeut d un temps pas si lointain, Lorsque ce temps d hier était plein de demains Et que tes peurs muettes, dans ton cœur cristallin, T érigeaient une vie au sort trop incertain. Ta peine encore m émeut après ce temps passé, De tous ces jours d hier maintenant effacés, Lorsque tes peurs muettes, dans ton cœur apeuré, T érigeaient une prison dans laquelle tu pleurais. Ta peine encore m émeut dans les jours d aujourd hui, Quand les heures si dures s égrenaient dans la nuit Et que tes peurs muettes qui ne s étaient enfuies, Erigeaient entre nous une montagne d ennuis. Ta joie toujours m émeut en voyant ton sourire, Lorsque tes yeux pétillent aux meilleurs souvenirs Et que ton cœur aimant naturellement m attire, En te rivant à moi, te fondent dans mon désir. Ta joie toujours m émeut, n en déplaise aux dieux, Lorsque ton regard tendre est quelquefois sérieux Et que ton cœur aimant en n importe quel lieu, En t arrimant à moi ont fait bien des envieux. / 8

Ta joie toujours m émeut, même si tu tournes la tête, Lorsqu au-delà des âmes tout n est pas une fête Et que ton cœur aimant qui jamais ne s arrête, Te faisant ma maîtresse déchaina la tempête. Ta peine encore m émeut, ta joie toujours m émeut, Lorsque chaque lendemain tu vis bien plus qu un peu Et que toutes tes pensées s adressent à nous deux, Affirmant sans détour que nous sommes heureux. 9

VOYAGE IMAGINAIRE J ai rêvé d un voyage en des pays lointains, Par-delà l horizon, au pied d un arc-en-ciel, Où la peur et les pleurs ne sont pas essentiels À la vie de chacun, en des pays lointains. Le temps qui s y écoule ne connait les frimas, Qui aujourd hui me glacent au plus profond du cœur, Nulle méchanceté et plus aucune rigueur Dont ce rêve annoncé ne connait les frimas. Sur l océan immense, à l ombre de la grand voile, Le vaisseau irréel me semble bien présent, Il chevauche les vagues et se moque du temps, Filant comme une flèche à l ombre de la grand voile. Épris de liberté d amour inassouvi, Dans des gerbes d embruns je me lave le corps, Et l esprit libéré des soucis de la mort, Je n ai plus de regret d amour inassouvi. Et chaque jour renaît sous l éclatant soleil, Où la rosée toute fraîche ressemble à des joyaux, L air frais est vivifiant et vogue le bateau, Les étoiles sont éteintes sous l éclatant soleil. / 10

Le voyage se poursuit, mes pensées y naviguent Au gré de l océan sauvage mais amical, De nouveaux paysages sereinement s étalent, Dans mes yeux éblouis mes pensées y naviguent. La fin est arrivée, me revoilà sur terre, Je ne sais si encore endormi je ne rêve, Je m ébroue, je m étire et enfin je me lève, Quelques en avant, me revoilà sur terre. 11

TOUT A ÉTÉ DIT Et le jour lentement en silence rosissait, Déchirant le ciel bleu de longs filaments blancs, Où parfois en rupture du gris s interposait, Au coucher d un soleil bas sur le firmament. Ce kaléidoscope au soir à peine naissant, Lumineux des rayons encore chauds de ce jour, Dans sa beauté primaire en était reposant, Au point que les étoiles retardent leur retour. Cette orée de la nuit qui se trouve en balance, Pour ce que l on appelle : être entre chien et loup, Dans un jour finissant sans aucune souvenance, Fait un lit pour nos rêves qui sont parfois bien fous. C est alors que naissaient au plus profond des cœurs, Des envies d un amour que l on a tant cherché, Que chacun et chacune appelant le bonheur, Tendent les bras vers l autre, l autre leur bien aimé. Sous les étoiles brillantes qui s allument dans le noir, Les corps par deux unis sont en tous points égaux, Les sueurs se confondent, les cris sont un espoir Et l extase qui explose leur est un renouveau. / 12

Satisfaits et repus les amoureux s endorment, À côté l un de l autre, d une douceur infinie, Le calme est revenu et la nuit se transforme En une vasque reposante où tout a été dit. 13

PLUS AUCUNE ENVIE Il a encore neigé tout au long de la nuit Une poudre soyeuse qui s est accumulée, Au petit matin blême, quand les étoiles ont fui, Sur le grand manteau blanc pas un pas n est tracé. Dans la ville endormie les ruelles sont frileuses, Les arbres aux bras levés sont dépourvus de feuilles, Les maisons dans le noir sont encore silencieuses, Mes paupières sont lourdes et personne ne m accueille. Je parcours les rues, frigorifié, atone, Marmonnant en silence une vaine prière, Je vacille, je m arrête, mais qui donc s en étonne? Et les dieux tutélaires ont le cœur comme la pierre. Je hais ce temps d hiver quand l hiver prend son temps, Habillé par ce froid dans un monde qui me glace, Je recherche des bras qui en me soutenant, M offriraient une chaleur qui serait une cuirasse. Le jour glauque, peu à peu, diffuse la lumière pâle D un soleil effacé par la couche des nuages, Accroché tout là-haut tel un lointain fanal, Il n est plus ce brasier qui nous sert de chauffage. / 14

Et malgré cette rigueur je continue ma route, Vers un je ne sais quoi qui s appelle destin, Nul écho en retour pour m enlever un doute : Trouverai-je l âme sœur n aujourd hui ou demain? À celle qui n entend pas de ne vouloir m entendre, Je n ai plus un seul mot pour décrire mes maux, Le temps qui s éternise pour me faire trop attendre, N a pas de solution pour desserrer l étau. Et la nuit à nouveau a obscurci le jour, La neige froide ne s arrête de recouvrir la vie, Un bonhomme tout blanc apparait au détour, C est un être qui comme moi n a plus aucune envie. 15