Concours : IFSI (épreuve de culture générale) «Test numéro 6» Demande : Abel Education System Risques liés au ciment : de l'allergie... au cancer? Qu'est- ce qu'un ciment? Depuis leur invention en 1817, les ciments n'ont pas connu d'évolution majeure dans leur mode de fabrication et dans leur composition. Un ciment courant est constitué principalement de clinker. Le clinker est le produit de la combustion à très haute température (entre 1200 C et 1400 C) d'un mélange de calcaire broyé (80%) et d'argile réduit en poudre (20%). Il se présente sous la forme d'une poudre de fins granules. Ces granules sont composés principalement de silicates et d'aluminates de calcium et de petites quantités de chaux libre. Mais on trouve aussi, à titre d'impuretés, des traces de différents métaux, comme le chrome, le nickel et le cobalt. Mélangés avec un liquide, les granules forment une pâte liante. L'ajout de sable permet d'obtenir un mortier et l'ajout de fragments de roche, du béton. Par ailleurs, des additifs et adjuvants à faible dose (inférieure à 5% de la masse du ciment) sont de plus en plus utilisés dans la formulation des bétons, mortiers et coulis, afin de leur conférer des propriétés particulières: accélérateurs de prise, résines époxydiques, matières plastiques anticorrosives, agents bactéricides, soude caustique Irritations et allergies Les principaux risques décrits pour l'homme sont reconnus en maladie professionnelle dans le cadre des tableaux 8 du régime général et 14 du régime agricole. Il s'agit d'atteintes oculaires (conjonctivites, blépharites) et d'atteintes de la peau. Le ciment est ainsi le premier agent causal de dermatites de contact chez les employés de la construction, même si la sous- déclaration est importante, comme pour les dermatoses professionnelles en général. Ces atteintes oculaires ou de la peau proviennent soit d'irritations liées aux propriétés alcalines et abrasives du ciment, soit de réactions allergiques. Les allergènes les plus classiques du ciment sont: le chrome, en particulier sous sa forme hexavalente soluble (chrome VI); le cobalt, le plus souvent en association avec le chrome; enfin,
les résines époxydiques. En outre, les ciments contiennent des particules susceptibles d'atteindre les alvéoles pulmonaires. Le risque respiratoire est bien présent et des augmentations significatives de fréquence de symptômes de bronchite chronique ont été observées dans les cimenteries, surtout en cas de fort empoussièrement. Etiquetage obligatoire La directive européenne 2001/60/CE du 7 août 2001 prévoit que les ciments et préparations de ciments dont la teneur en chrome VI est supérieure à 0,0002% du poids sec total du ciment doivent porter l'indication: "Contient du chrome VI. Peut déclencher une réaction allergique." Sauf si la préparation est déjà classée comme sensibilisante et s'accompagne de la phrase R43: "Peut créer une sensibilisation par contact avec la peau." C'est habituellement le cas en France pour l'étiquetage des ciments, qui comporte en outre le symbole de danger Xi (produit irritant) et les phrases de risque R36, R37 et R38: "Irritant pour les yeux, les voies respiratoires et la peau." Un risque cancérogène? Compte tenu de la présence de chrome VI - responsable de cancers broncho- pulmonaires lors de la fabrication et du conditionnement des chromates et du chromage électrolytique -, la question du risque cancérogène des ciments se doit d'être posée. Le chrome VI est classé dans le groupe 1 (cancérogène certain pour l'homme) du Circ et dans la catégorie 2 de la classification de l'union européenne, ce qui suppose un étiquetage mentionnant les phrases de risque R45 ou R49 (risque de cancer) si la concentration dépasse le seuil de 0,1%. Or, la concentration de chrome VI dans les ciments est variable suivant les études, les méthodes d'analyse utilisées et les réglementations des différents pays. Ainsi, dans les pays scandinaves, la réglementation impose une teneur en chrome VI des ciments qui ne doit pas dépasser 2 mg/kg (2ppm). Dans d'autres pays, des taux plus importants sont rapportés (10 à 35 ppm). Les taux de cobalt sont également variables, de 8,1 mg/g à 14,2 mg/g de ciment. Même si les études épidémiologiques actuelles ne permettent pas de conclure à un excès de risque cancérogène, notamment cutané ou pulmonaire, chez les salariés exposés aux ciments, il convient d'être prudent et d'identifier précisément les composants des ciments ou dé rivés lors de l'évaluation des risques liés à leur utilisation. Des solutions de prévention Des moyens efficaces existent pour assurer une bonne prévention des risques. L'utilisation de procédés générant un empoussièrement faible, avec une protection collective adéquate des salariés lors de l'exposition aux ciments secs, limite le risque respiratoire. Malheureusement, les gants ou crèmes barrières restent souvent le seul moyen de protection lors de situations de travail non automatisables, telles que l'application manuelle de produits cimentés. En revanche, il est possible actuellement d'éviter la présence ou de réduire la
concentration de composants à risque cancérogène, comme le chrome VI. Ainsi, l'ajout de sulfate ferreux, qui per met de réduire le chrome VI en chrome III, beaucoup moins à risque, a été adopté depuis longtemps par plusieurs pays européens, notamment l'allemagne et les pays scandinaves. La France, si elle étudie cette solution, ne l'a pas encore appliquée Question 1 (7 points) Définissez la problématique du texte (3 à 5 lignes) et reformulez les idées principales (15 à 20 lignes maximum). Questions 2 (5 points) De votre point de vue, les salariés du BTP manipulant les ciments sont- ils systématiquement sensibilisés aux risques liés à la manipulation des ciments? (15 à 20 lignes maximum). Question 3 (5 points) Connaissez- vous d autres produits classés cancérogènes et qui sont utilisés couramment dans des situations de travail? (10 à 15 lignes maximum). La qualité de la syntaxe, la richesse du vocabulaire et le respect de l orthographe seront pris en compte (3 points).
Corrigé Question 1 (facile) Problématique Abondamment utilisés dans le BTP, les ciments peuvent être à l'origine d'atteintes respiratoires, oculaires ou cutanées. Ceux- ci contiennent notamment, à des niveaux variables, du chrome VI, une substance allergène et cancérogène. Plusieurs pays européens ont déjà modifié la composition de leurs ciments pour limiter leur concentration en chrome VI. La France, elle, y réfléchit! Résumé Les ciments sont utilisés et manipulés massivement par les salariés du bâtiment. Ces ciments, sous la forme d'une poudre de fins granules, portent trace de différents métaux principalement le chrome VI, le nickel et le cobalt. Les conséquences pour la santé des utilisateurs des ciments sont bien identifiées et certaines reconnues comme maladie professionnelle : - atteintes oculaires (conjonctivites, blépharites) ; - atteintes de la peau (dermatites de contact) ; - atteintes des alvéoles pulmonaires (bronchite chronique). Le chrome VI est classé dans le groupe 1 (cancérogène certain pour l'homme) par le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) et dans la catégorie 2 de la classification de l'union européenne si la concentration dépasse le seuil de 0,1%. D où l importance de connaître précisément les composants des ciments lors de l'évaluation des risques. Or, la concentration de chrome VI dans les ciments est variable suivant les études, les méthodes d'analyse utilisées. Un principe de précaution s impose donc. Des moyens efficaces existent pour assurer une bonne prévention des risques : - protection collective : réduction du niveau d empoussièrement, - protection individuelle : les gants ou crèmes. Mieux encore, il est aussi possible de réduire la présence de chrome VI en ajoutant du sulfate ferreux. L'Allemagne et les pays scandinaves ont recours à cette méthode. La France y réfléchit!
Question 2 (moyen) Il est évident que cet article nous surprend car nous ne n avions pas connaissance des liens entre l utilisation du ciment et ses effets néfastes sur la santé y compris son effet cancérogène. L étiquetage est certes obligatoire (produit irritant Xi et allergogène) mais les salariés du BTP ont tellement l habitude d utiliser les ciments (produit courant) qu ils banalisent, de notre point de vue, ses effets négatifs sur la santé. Il en est de même pour d autres produits d usage courant (javel, White spirit ). Quel est l utilisateur scrupuleux qui lit de manière attentive l étiquetage d un produit, qui est prudent quant à son stockage ou d éventuels mélanges avec d autres substances? Les accidents domestiques sont nombreux. Nous avons pu constater dans des situations courantes que le ciment est mis dans des bétonnières sans masque malgré le nuage de poussière produit. Les gants ne sont pas toujours utilisés Tous les utilisateurs de produits contenant agents chimiques dangereux ne lisent pas l étiquetage. A niveau européen et international, les études épidémiologies ne sont pas harmonisées, les conclusions diffèrent ainsi que les méthodes de prévention. L information des salariés sur l utilisation des produits est obligatoire via la fiche de donnée sécurité mais cette information doit être reprise et répétée par l employeur, le médecin du travail et les méthodes de préventions connues effectivement mises en place. Question 3 (moyen) L Amiante est le produit cancérogène le plus connu dans les milieux professionnels. Le lien entre son utilisation et ses effets négatifs sur la santé est clairement établi (cancers broncho- pulmonaires, mésothéliome). Il s agit d un produit «miracle» très utilisé (isolation thermique et phonique). On le retrouve partout dans les constructions (immeuble, usine, école). Compte tenu de la recrudescence de cancers, il a été interdit depuis 1997 en France. On a même parlé de scandale : on savait mais les pouvoirs publics n ont pas agi en conséquence. Malheureusement, les produits de substitution de l amiante se révèlent être tout aussi dangereux (fibre céramique). Nous avons pu lire aussi que certaines fumées de soudage sont cancérogènes pour la santé. Faut- il craindre tous les produits? A moyen ou long terme, de nouvelles études ne nous apprendront- elles pas les effets cancérogènes de tels ou tels autres produits? Pas de psychose mais il est évident qu une meilleure information s impose en direction de tous les salariés des petites comme des grandes entreprises et qu un meilleur contrôle doit être mis en place (médecine de travail, inspection du travail). * Fin *