Le système vocalique du français



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Le système vocalique du français Caractéristiques des voyelles françaises La tension articulatoire : Une voyelle est dite «tendue» si son articulation implique une tension particulière des muscles phonateurs. Par la notion de tensio vocalique, on fait aussi référence au fait que les muscles restent en place lors de l émission de la voyelle, qu il n y a pas diphtongaison. L antériorité du point d articulation : Un grand nombre de voyelles sont articulées avec la masse de la langue en avant. Dans ces cas-là l antériorité est très marquée. La labialisation : Les lèvres sont toujours très actives lors de l articulation des voyelles. On considère que le système vocalique du français comporte au maximum seize voyelles et au minimum dix. En effet, selon les locuteurs et le style utilisé, un certain nombre de distinctions peuvent ne pas être réalisées : -deux voyelles sont menacées : l le [ ] postérieur de pâte tend à ne plus être distingué du [a] antérieur de «patte». le [ ] de brun tend, dans certaines régions, à ne plus être distingué du [ ] de «brin». Cette voyelle est, en général, étudiée dans l enseignement du français dans les pays étrangers. -trois autres oppositions, plus fréquentes, continuent à jouer un rôle distinctif. Néanmoins, dans certains contextes, chacune de ces oppositions disparaît au profit d une voyelle intermédiaire

jeune jeûne [ ] [ø] notre nôtre [ ] [o] dès dé [ ] [e] Il existe enfin, une voyelle au statut problématique : le [ ] qui a un statut acoustique instable puisque cette voyelle peut ne pas être prononcée dans certains environnements. Critères articulatoires des voyelles 1. Oralité / nasalité Les voyelles orales se prononcent avec le voile du palais relevé, ce qui ferme le passage nasal. Les voyelles nasales se prononcent avec le voile du palais abaissé, ce qui laisse passer de l'air par la bouche et par le nez. 2. L'arrondissement Pour les voyelles arrondies les lèvres sont arrondies et projetées en avant: [y] [u] [ø] [ ] [ ] [o] [ ] [ ]

Pour les voyelles non arrondies les lèvres son écartées ou dans une position neutre: [i] [e][ ] [a] 3. Fermée / Ouverte Les voyelles fermées: la langue s'élève et il y a un rétrécissement de la cavité buccale [i] [y] [u] [e] [ø] [o] Les voyelles ouvertes: La langue est en repos ou peu élèvée et il y a une aperture dans la cavité buccale [ ] [ ] [ ] [a] [ ] 4. Antérieure / Postérieure Les voyelles antérieures (aigües): le bout de la langue se déplace vers l'avant de la bouche [i] [y] [e] [ø] [ ] [ ] [ ] [a] Les voyelles postérieures (graves): le dos de la langue se masse dans l'arrière de la bouche

[u] [o] [ ] [ ] LE SYSTÈME PHONOLOGIQUE DU FRANÇAIS CLASSIFICATION ARTICULATOIRE DES VOYELLES

VOYELLES ORALES NASALES arrondies [i] [y] [u] VOYELLES [ ] fermées [e] [ø] [o] [ ] [ ] ouvertes [ ] [ ] [ ] [ ] [ ] [a] [ ] (aigües) antérieures (graves) postérieures SIMPLIFICATION PÉDAGOGIQUE DU SYSTÈME VOCALIQUE DU FRANÇAIS TOMÉ, M. (1994) Simplification pédagogique du système vocalique du français Consulté en novembre 2006: http://flenet.rediris.es/tourdetoile/2.htm#enseignement. Communication présentée dans les XVIII Jornadas pedagógicas sobre la enseñanza del francés en España, Universidad Autonoma de Barcelona, Barcelona, 2-4, marzo, 1994. TOMÉ, M. (1995), L' enseignement de la prononciation du français pour des débutants espagnols Consulté en novembre 2006: http://www3.unileon.es/dp/dfm/flenet/phoneticours1.html#tome95 Actas del II Coloquio Internacional de Lingüistica francesa, Universidad de Sevilla, Sevilla, 2-4 noviembre, 1995, pp. 31-35. "on peut dire qu'il y a en français 16 voyelles, dont dix sont des phonèmes essentiels à la compréhension linguistique. Ce sont [i], [y], [u], [ ] et [ ], qui n'ont qu'un seul timbre et cinq autres phonèmes qui peuvent se réaliser selon des variantes phonétiques, caractéristiques

du français standard. Ce sont: E qui peut être [e] ou [ ], EU qui peut être [ø], [ ] ou [ ], O qui peut être [o] ou [ ], A qui peut être [a] ou [ ], /E* / qui peut être [ ] ou [ ]." 1964, p. 18.) ( LEON, P.et M., Introduction à la phonétique corrective, Hachette/Larousse, Paris, En tenant compte de l'évolution du vocalisme (neutralisation de certaines oppositions vocaliques), ainsi que de l'existence d'un système vocalique fondamental ou essentiel du français (P.& M.LEON, 1974) nous proposons de privilégier à des fins pédagogiques les sons (archiphonèmes) suivants: /E/ à la place de l'opposition [ ]-[e] /O/ " " [ ]-[o] /OE/ " " [oe]-[ø] /A/ " " [a]-[ ] /E*/ " " [ ] - [ ] Nous observons ainsi un système vocalique de 7 voyelles orales et 3 voyelles nasales VOYELLES ORALES VOYELLES NASALES [ i ] [ y ] [u] /E/l /OE/ /O/ /E*/ [ ] /A/ [ ] Et nos stratégies pédagogiques pour la correction phonétique se centreront sur les oppositions suivantes: [i] [y] [u]

/E/ /OE/ /O/ /O/ [ ] /A/ [ ] [ ] /E*/ [i] "si", "livre" /E/ "pied", "général" /A/ "va", "base" /O/ "comme", "auto" [u] "mouche", "tout" [y] "sur", "lune" /OE/ "fleur", "peu" /E*/ "cinq", "parfum" [ ] "vent", "flan" [ ] "bon", "monter"

LES SEMI-VOYELLES ou SEMI-CONSONNES Ces sont des phonèmes intermédiaires entre les voyelles et les consonnes. Quand on les prononce, on entend le timbre d'une voyelle auquel s'ajoute le frottement d'une consonne spirante. Leur fréquence d'emploi est liée à la vitesse du débit de la parole, plus celui-ci est rapide, plus il y aura de semi-voyelles. [ j ] [ w ] [ ] [j] "miel", "tuyeau", "fille", "abeille" [w] "oui, roi [ ] "lui", "nuage"

Le système consonantique du français Rappel On a une consonne lorsque le passage de l'air venant des poumons est partiellement ou totalement obstrué. C'est ce qui différencie les consonnes des voyelles. Il existe deux grands types d'articulations consonantiques : soit le passage de l'air est fermé et le son résulte de son ouverture subite; on a alors affaire à des occlusives ; soit le passage se rétrécit mais n'est pas interrompu; on parle dans ce cas de continues, dont les fricatives sont les plus représentatives. La production des sons La majorité des sons du langage sont le fait du passage d'une colonne d'air venant des poumons, qui traverse un ou plusieurs résonateurs de l'appareil phonatoire. Les résonateurs principaux (cf. figure 1.1) sont : le pharynx ; la cavité buccale ; la cavité labiale ; les fosses nasales.

Figure 1.1 La présence ou l'absence d'obstacles sur le parcours de la colonne d'air modifie la nature du son produit. C'est, entre autres, en classant ces obstacles éventuels que la phonétique articulatoire dégage les différentes classes de sons décrites cidessous. Pour un petit nombre de réalisations, l'air ne provient pas des poumons, mais de l'extérieur, par inspiration. Une articulation peut aussi être engendrée par une variation de pression entre l'air interne et l'air externe à la cavité buccale, voire même par une variation de pression purement interne (c'est le cas des clics par exemple). La figure 1.2 présente une vue d'ensemble des organes de la parole.

Figure 1.2 Consonnes et voyelles La distinction entre voyelles et consonnes s'effectue de la manière suivante : si le passage de l'air se fait librement à partir de la glotte, on a affaire à une voyelle ; si le passage de l'air à partir de la glotte est obstrué, complètement ou partiellement, en un ou plusieurs endroits, on a affaire à une consonne. Avant d'aller plus loin, on signalera que le passage des consonnes aux voyelles ne se fait pas de manière abrupte, mais sur un continuum. On distinguera ainsi des articulations intermédiaires, comme les vocoïdes (par exemple les semivoyelles) ou les spirantes. Point d'articulation et mode d'articulation La distinction entre mode d'articulation et point d'articulation est particulièrement importante pour le classement des consonnes. Le mode d'articulation est défini par un certain nombre de facteurs qui modifient la nature du courant d'air expiré :

libre passage, ou mise en vibration, de l'air au niveau de la glotte (sourde ou sonore) ; libre passage, ou non, en un point quelconque (le point d'articulation) des cavités supra-glotiques (voyelle ou consonne) ; passage par une voie unique ou deux voies différentes (orale ou nasale) ; passage, dans le conduit buccal, par une voie médiane ou latérale (la plupart des articulations opposées aux latérales). Le point d'articulation est l'endroit où se trouve, dans la cavité buccale, un obstacle au passage de l'air. De manière générale, on peut dire que le point d'articulation est l'endroit où vient se placer la langue pour obstruer le passage du canal d'air. Le point d'articulation peut se situer aux endroits suivants : les lèvres (articulations labiales ou bilabiales) ; les dents (articulations dentales) ; les lèvres et les dents (articulations labio-dentales) ; les alvéoles (c'est-à-dire les gencives internes des incisives supérieures, articulations alvéolaires) ; le palais (vu sa grande surface, on peut distinguer des articulations pré-palatales, médio-palatales et post-palatales) ; le voile du palais (palais mou, articulations vélaires) ; la luette (articulations dites uvulaires) ; le pharynx (articulations pharyngales) ; la glotte (articulations glottales). Sourdes et sonores Une réalisation est dite sourde lorsque les cordes vocales ne vibrent pas; si celles-ci entrent en vibration, la réalisation sera dite sonore. Les cordes vocales sont des replis musculaires situés au niveau de la glotte.

La vibration des cordes vocales est le résultat d'une obstruction de la glotte (voir la discussion sur les modes d'articulation ci-dessus) : celles-ci vibrent sous la pression de l'air interne qui force un passage entre elles. Orales et nasales Au carrefour du pharynx, le passage de l'air peut s'effectuer dans une ou deux directions, selon la position du voile du palais : si le voile du palais est relevé, l'accès aux fosses nasales est bloqué, et l'air ne peut traverser que la cavité buccale ; si le voile du palais est abaissé, une partie de l'air traversera les fosses nasales (l'autre partie poursuivant son chemin à travers la cavité buccale). Les réalisations du premier type sont dites orales, celles du second type nasales. Pour plus de détails, voir la figure 1.3 ci-dessous. Figure 1.3 : articulations nasales et orales La distinction entre mode d'articulation nasal et oral concerne aussi bien les consonnes que les voyelles.

Description des voyelles La caractéristique majeure des voyelles est le libre passage de l'air à partir des cavités supraglottiques. Le seul traitement que l'air peut dès lors subir est la résonance (c'est-à-dire le renforcement de certaines bandes de fréquences). Le timbre d'une voyelle dépendra de la variation des éléments suivants : le nombre des résonateurs (buccal, labial et nasal) ; la forme du résonateur buccal ; le volume du résonateur buccal. On dénombre trois résonateurs : le résonateur buccal, le résonateur labial et le résonateur nasal. Si le voile du palais est relevé, l'air ne traverse pas le résonateur nasal, mais se répand exclusivement dans le résonateur buccal ; si le voile du palais est abaissé, l'air traverse simultanément les résonateurs buccal et nasal. Si les lèvres sont projetées vers l'avant et arrondies, il se forme un troisième résonateur à la sortie du canal buccal, le résonateur labial ; si, au contraire, les lèvres sont appliquées contre les dents, le résonateur labial ne se forme pas. Figure 4.1 : les résonateurs de l'appareil vocal humain D'après les critères ci-dessus, on oppose :

des voyelles nasales (présence du résonateur nasal) à des voyelles orales (absence du résonateur nasal) ; des voyelles arrondies (présence du résonateur labial) à des voyelles non-arrondies (absence du résonateur labial). La forme du résonateur buccal est déterminée par l'emplacement de la masse de la langue dans la bouche. A partir de là, on envisage trois cas (cf. figure 4.2 ci-dessous) : des voyelles antérieures (la masse du dos de la langue se trouve dans la région pré-palatale), des voyelles postérieures (la masse de la langue se trouve dans la région post-palatale ou vélaire), des voyelles centrales (la masse de la langue se trouve dans la région médio-palatale). Figure 4.2 : voyelles antérieures (a) vs postérieures (b) Le volume du résonateur buccal est le dernier facteur pris en compte dans l'analyse articulatoire du timbre des voyelles. Ce volume dépend directement du degré d'aperture, c'est-à-dire de la distance séparant le point le plus élevé de la langue du palais. On distingue arbitrairement quatre degrés d'aperture, du premier, le plus fermé, au quatrième, le plus ouvert.

Figure 4.3 : rôle de l'aperture Les descriptions d'articulations vocaliques ci-dessous sont classées selon le principe suivant: un premier classement est effectué en fonction du degré d'aperture de la bouche; ensuite, elles sont réparties selon la forme du résonateur buccal ; puis on distingue pour chaque réalisation si les lèvres sont arrondies ou pas. L'étude des voyelles nasales n'est pas envisagée pour l'instant dans ce document. Voyelles fermées antérieures Voyelle fermée (de premier degré d'aperture) antérieure non-arrondie. Voyelle fermée (de premier degré d'aperture) antérieure arrondie. Voyelles fermées postérieures Voyelle fermée (de premier degré d'aperture) postérieure arrondie. Voyelles mi-fermées (2è degré d'aperture) Voyelles mi-fermées antérieures Voyelles mi-fermées centrales Voyelles mifermées postérieures Voyelles mi-fermées antérieures Voyelle mi-fermée (de second degré d'aperture) antérieure nonarrondie.

Voyelle mi-fermée (de second degré d'aperture) antérieure arrondie. Voyelles mi-fermées centrales Voyelle mi-fermée (de second degré d'aperture) centrale non-arrondie. En fait, on pourrait considérer cette réalisation vocalique comme intermédiaire entre le second et le troisème degré d'aperture. Cette articulation est considérée comme neutre du point de vue de l'arrondissement des lèvres (ni arrondies, ni étirées). Voyelles mi-fermées postérieures Voyelle mi-fermée (de second degré d'aperture) postérieure arrondie. Voyelles mi-ouvertes (3è degré d'aperture) Voyelles mi-ouvertes antérieures Voyelles mi-ouvertes centrales Voyelles mi-ouvertes postérieures Voyelles mi-ouvertes antérieures Voyelle mi-ouverte (de troisième degré d'aperture) antérieure nonarrondie. arrondie. Voyelle mi-ouverte (de troisième degré d'aperture) antérieure

Voyelles mi-ouvertes postérieures Voyelle mi-ouverte (de troisième degré d'aperture) postérieure arrondie. Voyelles ouvertes (4è degré d'aperture) Voyelles ouvertes antérieures Voyelles ouvertes centrales Voyelles ouvertes postérieures Voyelles ouvertes antérieures Voyelle ouverte (de quatrième degré d'aperture) antérieure nonarrondie. Voyelles ouvertes postérieures Voyelle ouverte (de quatrième degré d'aperture) postérieure nonarrondie. La notion de semi-voyelle Les voyelles d'aperture maximale ont un très grand champ de réalisation et il est tout à fait possible d'envisager des voyelles encore plus ouverte que [a] par exemple. (De telles voyelles n'auront cependant pas de valeur distinctive face aux voyelles standards de quatrième degré d'aperture.) Par contre, pour les réalisations vocaliques les plus fermées, l'aperture buccale doit respecter une dimension minimale en dessous de laquelle on n'a plus affaire à des voyelles, mais à des consonnes spirantes ou fricatives, selon le degré de la tension musculaire.

D'autre part la réalisation des voyelles les plus fermées exige également une durée articulatoire minimale, en dessous de laquelle on ne perçoit plus une voyelle mais une fricative ou une spirante. On appelle semi-voyelles les sons produits par l'un comme l'autre des phénomènes décrits ci-dessus, bien que ces procédés articulatoires soient assez différents. Description des articulations semi-vocaliques Fricative palatale sonore. Le son produit provient soit de l'articulation très fermée d'une voyelle antérieure non-arrondie de premier degré d'aperture (un [i]), soit d'une même articulation vocalique, normalement fermée, mais dont la réalisation est brève. L'articulation consonantique correspondante est la sifflante palatale (fricative) sonore. Fricative labio-vélaire sonore. Le son produit provient soit de l'articulation très fermée d'une voyelle postérieure arrondie de premier degré d'aperture (un [u]), soit d'une même articulation vocalique, normalement fermée, mais dont la réalisation est brève. Fricative labio-palatale sonore. Le son produit provient soit de l'articulation très fermée d'une voyelle antérieure arrondie de premier degré d'aperture (un [y]), soit d'une même articulation vocalique, normalement fermée, mais dont la réalisation est brève.

Description des consonnes Occlusives Fricatives Spirantes Latérales Vibrantes Occlusives Les consonnes occlusives sont produites par une fermeture complète du chenal respiratoire, et non un simple rétrécissement, ce qui les différencie des continues. L'occlusion se fait en deux temps : arrêt de la colonne d'air par la fermeture soudaine du chenal expiratoire; libération de l'air interne par le relâchement brusque de l'occlusion. Les occlusives orales en détail Occlusives bilabiales Occlusive bilabiale sourde. Les deux lèvres prennent fermement contact l'une contre l'autre (cf. figure 3.1 ci-dessous). A cette occlusive correspond une articulation relachée, qui prend la forme d'une spirante. Figure 3.1 : occlusive bilabiale Occlusive bilabiale sonore. Même articulation que la précédente, mais avec vibration des cordes vocales. L'articulation nasale bilabiale est également très souvent sonore. A cette occlusive correspond une articulation relachée, qui prend la forme d'une spirante.

Occlusives dentales Occlusive dentale ou alvéolaire sourde. La langue prend contact avec le bourrelet formé par les alvéoles (cf. figure 3.2 ci-dessous). A cette occlusive correspond une articulation relachée, qui prend la forme d'une spirante. Figure 3.2 : occlusive dentale ou alvéolaire Occlusive dentale ou alvéolaire sonore. Même articulation que la précédente, mais avec vibration des cordes vocales. L'articulation nasale dentale ou alvéolaire est également très souvent sonore. A cette occlusive correspond une articulation relachée, qui prend la forme d'une spirante. Occlusives vélaires Occlusive vélaire sourde. Alors que la pointe de la langue est appuyée contre la face interne des dents du bas, le dos de celle-ci prend contact avec le palais mou, appelé aussi voile du palais.

Figure 3.5 : occlusive vélaire Occlusive vélaire sonore. Même articulation que la précédente, mais avec vibration des cordes vocales. L'articulation nasale vélaire est également très souvent sonore. Les occlusives nasales en détail Occlusive bilabiale Occlusive bilabiale nasale. La partie buccale de l'articulation est la même que pour l'orale correspondante : les deux lèvres prennent fermement contact l'une contre l'autre (cf. figure 3.7 ci-dessous). Figure 3.7 : occlusive bilabiale nasale Occlusive dentale

Occlusive dentale ou alvéolaire nasale. La partie buccale de l'articulation est la même que pour l'orale correspondante : la langue prend contact avec le bourrelet formé par les alvéoles. Figure 3.9 : occlusive rétroflexe nasale Occlusive palatale Occlusive palatale nasale. La partie buccale de l'articulation est la même que pour l'orale correspondante : la pointe de la langue est dirigée vers le bas et s'appuie contre la face interne des dents inférieures, alors que le dos de la langue prend contact avec le palais dur (cf. figure 3.10 ci-dessous). (Il est important de bien distinguer la palatale de la réalisation d'une dentale + [j].) Figure 3.10 : occlusive palatale nasale Fricatives Les consonnes fricatives sont produites par un resserrement du chenal expiratoire qui ne va pas, contrairement à ce qui se passe pour les occlusives, jusqu'à la fermeture complète. Ce sont essentiellement les lèvres et la langue qui, selon leur position et leur tension musculaire particulière, conditionnent le type de friction réalisée.

On distinguera ci-dessous des articulations fricatives proprement dites d'articulations spirantes qui leur sont apparentées. Lors de la réalisation d'une fricative, le passage de l'air peut se faire de deux manières : la langue assure le passage de l'air expiré par un canal médian, ce sont les fricatives dorsales décrites dans la section des fricatives proprement dites, ci-dessous (cf. côté gauche de la figure 3.13 ci-dessous) ; la langue forme un canal latéral pour le passage de l'air; ces articulations sont décrites dans la section Latérales fricatives ci-dessous (cf. côté droit de la figure 3.13 ci-dessous) ; finalement, il existe des articulations fricatives pour lesquelles la forme de la langue n'a pas d'importance : il s'agit des fricatives labiales et dentales (ce qui est logique puisque le point d'articulation de ces productions ne se situe pas à proprement parler dans la cavité buccale) ; ces articulations sont rangées dans les catégories fricatives proprement dites et spirantes, ci-dessous ; leur caractère particulier est chaque fois signalé. Figure 3.13 : consonnes fricatives dorsales et latérales Les fricatives en détail

Dans cette section sont présentées les fricatives dorsales et les fricatives dont le caractère dorsal ou latéral n'a pas d'importance. Parmi les fricatives décrites ci-dessous, on trouve des articulations désignées comme sifflantes ou comme chuintantes. La production d'une sifflante implique une forte tension linguale: un canal se creuse sur toute la longueur de la langue, et en particulier au point d'articulation, où l'air passe par une petite ouverture ronde. Les chuintantes ressemblent aux sifflantes, mais le canal qui se creuse sur la langue est moins profond, et l'ouverture au point d'articulation est plus ovale. Les lèvres sont souvent arrondies ou projetées vers l'avant lors de la réalisation d'une chuintante (cf. figure 3.14 ci-dessous). Fricatives labiodentales Fricative labiodentale sourde. La lèvre inférieure est rapprochée des dents du haut, et peut parfois les effleurer avec sa partie externe supérieure (cf. figure 3.16 ci-dessous) ou, parfois, avec sa partie interne, ce qui rend le son légèrement chuintant). Vu son point d'articulation, le caractère dorsal ou latéral de cette articulation n'a pas d'importance.

Figure 3.16 : fricative labiodentale Fricative labiodentale sonore. Même articulation que la précédente, mais avec vibration des cordes vocales. Vu son point d'articulation, le caractère dorsal ou latéral de cette articulation n'a pas d'importance. Sifflantes alvéolaires Sifflante alvéolaire (fricative) sourde. Les sifflantes apico-alvéolaires sont produites par le rapprochement de la pointe de la langue vers la région alvéolaire (cf. figure 3.17 ci-dessous). On peut diviser cette variété de sifflantes en trois catégories, selon que le dessus de la langue (anglais), son extrémité (castillan) ou la partie antérieure de son dos (français) entre en jeu ; la qualité du son en est sensiblement altérée, mais il n'existe pas de notation particulière pour marquer ces nuances dans l'alphabet phonétique de l'api. En ce qui concerne la forme de la langue, cette articulation suit les règles générales établies pour les sifflantes. Figure 3.17 : sifflante (fricative) alvéolaire

Sifflante alvéolaire (fricative) sonore. Même articulation que la précédente, mais avec vibration des cordes vocales. A ce détail près, les remarques faites pour la variante sourde s'appliquent à la sonore. Chuintantes alvéolaires Chuintante alvéolaire (fricative) sourde. La langue prend appui contre les alvéoles ; la forme de la langue est telle que décrite pour les chuintantes en général (cf. figure 3.19 ci-dessous). Figure 3.19 : chuintante (fricative) alvéolaire Chuintante alvéolaire (fricative) sonore. Même articulation que la précédente, mais avec vibration des cordes vocales. Fricatives vélaires Latérales On considère généralement les articulations latérale comme des articulations particulières, bien que, physiquement parlant, on puisse les classer parmi les fricatives et les spirantes. On appelle ces articulations latérales car, lors de leur réalisation, le dos de la langue prend contact avec le palais, alors que l'avant de celle-ci s'affaisse pour

laisser s'écouler l'air interne par un canal latéral ou parfois bilatéral (cf. figure 3.25 ci-dessous). À l'inverse, pour les articulations dorsales, la langue prend appui sur les molaires, et l'air s'écoule par un canal médian, sur le dos de la langue.) Figure 3.25 : position de la langue pour les fricatives et les spirantes latérales On distingue donc deux types de latérales: les latérales fricatives, dont l'articulation, requérant une forte tension musculaire, ressemble fortement, à l'exception du point d'appui de la langue, à celle des fricatives ; les latérales non-fricatives, parfois appelées liquides, dont l'articulation est très proche de celle des spirantes. L'emplacement du canal latéral par lequel s'écoule l'air n'a pas d'importance : qu'il soit à gauche, à droite ou même bilatéral, la qualité du son n'est pas altérée. Les latérales en détail Latérale non fricative dentale ou alvéolaire. Pour une dentale, la langue prend contact avec la face interne des dents supérieures; pour une alvéolaire, la

pointe se pose sur le bourrelet gingival. L'air s'écoule sur les côtés de la langue (cf. figure 3.26, reproduite ci-dessous). Figure 3.26 : latérales dentale (à gauche) et alvéolaire (à droite) Vibrantes Les consonnes vibrantes sont le produit d'un ou de plusieurs battements, c'est-àdire de vibrations, sous la pression de l'air interne, d'un des organes de la parole: pointe de la langue, voile du palais ou luette. L'organe concerné prend contact avec un point fixe, opposé, du chenal expiratoire. Il en résulte une ou plusieurs occlusions successives, très rapides, accompagnées de résonances brèves. Les vibrantes sont généralement sonores (nous ne présenterons aucune sourde ci-dessous). On peut répartir les vibrantes en deux classes : les vibrantes à un seul battement, dites vibrantes battues ; les vibrantes à plusieurs battements, dites vibrantes roulées. Les vibrantes en détail Vibrante battue vélaire ou uvulaire. Le dos de la langue sert de point d'appui au voile du palais ou à la luette qui effectue un bref battement (cf. figure 3.31 ci-dessous).

Figure 3.31 : vibrante battue vélaire ou uvulaire