Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons Matthieu 6.9-15 En écho à la semaine universelle de prière de l Alliance Évangélique 2015 Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés Si ce n était Jésus-Christ lui-même qui nous l avait enseigné, aurions-nous jamais osé ou même seulement imaginé nous adresser ainsi à Dieu? Mais voilà, le Seigneur l a enseigné, alors nous le faisons. Et nous le faisons donc, non pas de notre propre fait, mais du fait de la Parole de Dieu. Et par conséquent, à juste titre. Mais puisqu il s agit de la Parole de Dieu, ne la prions pas seulement ; écoutons-la aussi Écoutons ce que Dieu nous dit en nous faisant dire ces mots. Essayons de comprendre pourquoi il nous apprend à lui dire ce que jamais nous n aurions osé lui dire de nous-mêmes. Il y a d abord une demande : Pardonne-nous nos offenses ; demande suivie par ce qui semble en être la justification - et c est là le problème : comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. La demande en elle-même ne nous causera pas d état d âme. Demander le pardon de Dieu, voilà qui est dans l ordre des choses. Rien d étonnant à cela, tant il est certain que nous sommes pécheurs envers Dieu et que nous ne pouvons espérer qu en son pardon pour ne pas en subir les conséquences. Ce qui est plus étonnant, c est que cette demande nous donne à entendre en retour l espérance accomplie, la solution à l insoluble problème de notre péché ; l Évangile du salut de Dieu. Mais elle nous le donne à l entendre, ce salut, à cette condition de ne pas seulement réciter, mais d écouter. D écouter, comme dit Jésus à ses disciples, si nous avons des oreilles pour entendre.* Reconnaissons en effet une tendance certaine à utiliser envers le Seigneur notre bouche plutôt que nos oreilles. Il se pourrait même que cela soit envers lui notre principale offense... Demander ceci, affirmer cela avant de l écouter, si même nous l écoutons. Cette attitude n est rien d autre que le péché en soi, le péché d Adam et Eve, convaincus par le malin de n avoir pas besoin d écouter Dieu pour savoir et déclarer ce qui est bien ou mal. C est pourquoi le Seigneur ordonne avant tout, au peuple qu il veut sauver : Écoute, Israël! Mais rien n y fait Oh! Si mon peuple m écoutait, si Israël marchait dans mes voies, je le rassasierais de bienfaits» se lamente l Éternel. Mais seuls comprennent les prophètes saisis par l Esprit Parle, ton serviteur écoute, dit Samuel. Quand à l Église, elle reçoit de Jésus la même recommandation : Vous êtes mes disciples si vous demeurez dans ma parole ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.* Pardonne-nous nos offenses Quelles sontelles, ces offenses? Elles sont, avant tout, nos offenses envers Dieu. Les offenses que nous commettons à chaque fois que nous parlons et agissons en son nom sans l avoir préalablement écouté, comme s il allait de soi que nous soyons capables de lui, capables de déterminer le bien et le mal, capables de dire ce qu il dirait, ce qu il ferait, et même, à longueur de sourdes intercessions, ce qu il devrait faire. Offenser Dieu, c est parler et agir comme si Dieu nous appartenait, comme s il était, non pas notre sauveur, mais notre valet. Il est tellement tentant de glisser de disciple à ayant-droit de Dieu ; d autant que le malin ne se prive pas de 1
nous savonner la pente, de nous susurrer : «Parle, juge, fais ce que tu veux, au nom de Dieu Tu en es capable, tu n as pas besoin de l écouter!» C est pourquoi, lorsque nous prions, seul ou en assemblée, commençons par nous poser sérieusement cette question Avant d ouvrir ma bouche, ai-je ouvert ma Bible? Ai-je écouté Dieu me parler? Et si je l ai fait, ai-je encore quelque chose à lui demander? Ne m a-t-il pas répondu déjà, avant même que je le questionne? Écouter Dieu avant de prier, c est lui confier de faire taire en nous toute autre voix que la sienne. Toute autre voix, à commencer par la voix de notre péché, qui sait si bien se déguiser en prière, multiplier de vaines paroles au lieu d écouter Dieu révéler de quoi nous avons vraiment besoin Et peut-il y avoir meilleure façon d écouter Dieu que de le prier avec sa Parole? Sa Parole qui nous préserve de dire n importe quoi, de livrer notre prière au malin et d être, par le malin, livré au doute, à l inquiétude, à l amertume, parce qu il n y a pas de réponse... Voilà comment vous devez prier, dit le Seigneur, pour entendre ma voix, mon amour, mon salut pour vous Pour faire taire en vous la mort et entendre la vie. Pardonne-nous nos offenses Si nous prions ainsi, pour entendre le Seigneur formuler en nous la juste demande, nous l entendrons en effet nous répondre. Nous répondre par l exaucement, par l Évangile, par le don de notre salut. Nous l entendrons prier lui-même, à la croix Pardonne-les, Père, car ils ne savent pas ce qu ils font.* Sur la croix où il a subi et endossé nos offenses, le Seigneur a répondu à la prière qu il nous a enseignée. Il nous a pardonnés. En se faisant lui-même notre victime afin de nous délivrer de la mort, du salaire de nos offenses. Car pardonner, c est payer pour délivrer l offenseur. L amour ne demande pas réparation ; il offre réparation, à ses frais. Ce que nous demandons avec Jésus-Christ, par sa prière, a donc été pleinement et parfaitement exaucé en Jésus-Christ. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner et nous purifier de toute injustice*, écrit Jean. Oui, tout ce que nous confessons devant lui, tout ce qui dans notre vie n est pas conforme à son amour, tout ce que nous affirmons au lieu de l écouter, tout ce que nous convoitons au lieu de le recevoir, tout cela il l a pardonné sur la croix et nous en a purifiés en nous ressuscitant avec lui. C est pourquoi, si tu confies à Dieu tes offenses de chaque jour, tout ce en quoi, chaque jour, ta vie n est pas à l écoute et à l œuvre de son amour, tu entendras chaque jour à nouveau l annonce de ton pardon et de ton salut en Jésus-Christ crucifié et ressuscité. Te repentir devant Dieu, confier à Jésus-Christ d être ton sauveur, c est l arme absolue que Dieu te donne contre le malin, contre le tueur qui chaque jour travaille à te détourner de sa volonté, à te détourner de ta vie. Car sur la croix, le Seigneur a consenti à subir son complot contre toi, afin de te sauver en ressuscitant, pour toi, de ta mort. Le salaire du péché, c est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c est la vie éternelle en Jésus- Christ notre Seigneur*, proclame l Évangile. Écoute toujours cela avant de parler. Alors tu parleras bien ; tu parleras pour annoncer la grâce du Seigneur, pour vivre et partager sa victoire. La justification qui suit la demande de pardon nous est beaucoup plus embarrassante à prononcer. Et c est peu dire. A condition cependant et là encore de ne pas la réciter seulement, comme pour éviter de l entendre, mais de l écouter attentivement ; à condition de la prononcer en ouvrant nos oreilles. Comment alors ne pas ressentir un profond malaise? 2
Comme si cette parole nous consumait de l intérieur Car ce que nous fait dire comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, n est-ce pas précisément ce que nous ne faisons pas, ou si peu, et si laborieusement? N est-ce pas ce qui fait dire à Paul : Je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je ne veux pas Malheureux que je suis! Qui me délivrera de ce corps de mort?* Osons alors nous le demander : cette prière est-elle pour «faire comme si», pour jouer une comédie religieuse? Pour promettre au Seigneur ce que nous ne pourrons pas tenir? Une prière pour parler au lieu d écouter, pour nous glorifier au lieu de nous repentir? Une seule réponse possible : Bien sûr que non! Sans quoi cette parole ne nous serait pas venue de la bouche du Seigneur. Cependant, qui prétendra pardonner comme Dieu lui-même nous a pardonnés sur la croix? Qui prétendra sans confusion faire aussi bien que Dieu, être à la hauteur de Jésus-Christ? Là encore, une seule réponse possible : Personne! Osons dès lors reconnaître que, si vraiment notre Père nous pardonnait comme nous pardonnons, pas un seul d entre nous n échapperait à la condamnation Mais alors, pourquoi le Seigneur nous a-t-il non seulement demandé, mais commandé de prier ainsi? Une fois encore, il n y a qu une seule réponse possible : c est pour que nous entendions de sa part ce qu en effet nous ne faisons pas, parce que nous ne pouvons pas le faire. Et nous ne pouvons pas le faire parce que pardonner, c est la puissance de Dieu, et même sa toute puissance, la tout puissance qu il a glorieusement manifestée à la croix. Mais la réponse ne s arrête pas à ce constat obligé d impuissance et de culpabilité... Si la prière enseignée par Jésus nous fait dire ce que nous faisons mais en fait ne faisons pas, ce n est pas - Dieu merci! - pour nous faire mentir devant le Père, mais pour révéler et affirmer en nous ce à quoi sa grâce à la fois nous appelle et nous emmène ; c est pour révéler et affirmer jusque dans notre bouche que ce qui nous est impossible, le Seigneur nous en offre la possibilité, par la foi qui est en nous son pardon vainqueur de notre mort ; la foi qui est en nous, déjà, notre libération. C est pourquoi comme nous pardonnons participe bel et bien de la Bonne Nouvelle de Jésus- Christ, quand bien même nous ne le faisons pas ; pas encore Car comme nous pardonnons à la fois affirme et réalise en nous l Évangile, parce que comme nous pardonnons est la parole de Dieu, et la parole de Dieu est puissance de Dieu, elle accomplit ce qu elle dit. Comment l accomplit-elle? En cela premièrement qu elle n est pas et ne peut pas être de notre part une justification, mais seulement une confession. La confession de ce que nous voulons mais ne pouvons pas faire, ou si peu, parce que la mort nous impose la peur, et la peur l affirmation permanente de nousmêmes, parce que vivre, ou plutôt survivre, ce ne peut pas être pardonner, mais s imposer et dominer. Pour nous délivrer de cet enfermement, le Seigneur s en est lui-même fait la victime. Il est venu non pas châtier, mais pardonner la volonté de dominer qui s est emparée de nous et ce faisant, il s y est soumis, il a soumis son amour à notre violence et notre mort. Parce qu il s est livré à nous, nous avons rejeté, humilié et crucifié le Dieu qui pardonne. Mais il n était pas possible que la mort retienne le Seigneur*, car la mort c est l absence d amour, l absence de Dieu. Or la mort de Jésus-Christ signifie la mort investie par Dieu et donc la mort dissoute par son amour ; notre condamnation dissoute par le pardon. Tel est le don, le pardon de Dieu auquel nous pouvons désormais et sans crainte confier l amour dont nous sommes incapables, le par- 3
don que nous ne pouvons pas nous-mêmes accorder Oui, le seul moyen que nous ayons de défendre notre vie contre notre péché, contre la perdition dont la prière de Jésus nous fait entendre et prononcer l évidence, c est de nous repentir devant Dieu, d en appeler à sa miséricorde, de lui dire : «Seigneur, je n arrive pas à aimer, à pardonner, parce que la mort et la peur sont plus fortes que moi ; parce qu elles me possèdent et que je ne puis m en dépêtrer Je ne peux pas me justifier devant toi ; je puis seulement reconnaître que je ne fais pas ce que tu me demandes. Alors viens à mon secours, souviens-toi de moi selon ta bienveillance, viens en moi affirmer ta justice et ton salut, sauve-moi de ce corps de mort!» Et c est bien ce que Jésus nous enseigne à prier, quelques mots après comme nous pardonnons : Délivre-nous du mal. Ce mal n est pas à l extérieur de nous, mais il est en nous, il est l orgueil à cause duquel nous jugeons au lieu de pardonner, à cause duquel nous pourrons au lieu de vivre. Délivre-nous du mal «Nous ne pouvons, Seigneur, nous défaire des tentations, de la convoitise et du jugement auxquels l orgueil nous a soumis ; cependant, nous t en prions, ne nous condamne pas, mais au contraire réjouis-nous par ta prière ; qu elle nous fasse entendre la libération que tu accomplis en nous ; qu elle nous fasse entendre le pardon, le salut de ton amour Qu elle nous fasse entendre que ce n est plus nous qui vivons mais que c est toi, Jésus-Christ, qui vit en nous.* Alors, parce que nous avons ouvert nos oreilles, parce que nous prions en vérité, non plus pour nous justifier mais pour nous confesser ; alors nous entendons dans la prière non plus notre accusation, mais la solution, la délivrance, la grâce de Dieu. L Évangile. Nous entendons ce qui était promis : Quiconque invoque le nom du Seigneur sera sauvé * Comment l entendons-nous? Très simplement, en cela que le Seigneur ne nous enseigne pas à prier : «Puisque nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, pardonne-nous nos offenses», mais : Pardonne nous nos offense, comme nous pardonnons Et nous pouvons lui en être reconnaissants! Car s il nous pardonnait parce que nous pardonnons, cet à dire selon l ordre de la loi, cela signifierait notre condamnation, sans rémission. Mais Jésus nous enseigne à prier selon l Évangile, et l Évangile c est qu avec Jésus nous prions d abord : Pardonne-nous nos offenses Pardonne-nous de ne pas t écouter, de ne pas avant tout te laisser parler en nous, et à cause de cela, de juger et accuser sans cesse notre prochain, parce qu il faut bien s affirmer et se défendre, que nous ne pouvons pas faire autrement, et qu après tout c est bien normal ; normal comme la mort Nos offenses envers Dieu, c est le pardon que nous refusons à notre prochain, parce que l orgueil, la mort et la peur nous ont détournés de son amour et de notre vie. Confessez-moi vos offenses ; confessez-moi le pardon que vous ne pouvez pas et même ne pouvez pas vouloir donner ; confessez-moi tous les jugements que vous avez prononcés, parfois même en vous servant de mon nom ; confessez-moi cela, alors je viendrai à votre secours. Je viendrai en vous pardonner vos offenses, laver votre condamnation, et je serai en vous par mon Esprit la volonté et la force d être mes disciples, la volonté et la force de pardonner à ceux qui vous ont offensés, comme moi maintenant je vous pardonne et vous sauve, non pas parce que vous l avez mérité, mais parce que je vous aime. Mon pardon pour vous sera en vous la possibilité de pardonner au lieu de vous venger. La possibilité de vivre au lieu de tuer. Le pouvoir d être des enfants de Dieu*. Si donc nous écoutons cette prière, cette Parole, au lieu de l ânonner pour éviter de l entendre ; si nous l écoutons en sorte d adresser par elle à Dieu non pas une hypo- 4
crite litanie mais une sincère supplication, alors nous l entendrons non plus comme notre condamnation, mais comme la promesse accomplie de Dieu ; comme l espérance du royaume qui est pour tous ceux qui se confient en Jésus- Christ ; pour tous ceux qui n ont d autre justice et d autre honneur que Jésus-Christ crucifié à cause d eux et ressuscité pour eux. D aucuns cependant - vous-même peut-être? - contesteront cette interprétation, en raison de ce qu ajoute le Seigneur juste après la prière, comme s il voulait en souligner l essentiel : Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes... Ce que demande le Seigneur, protesteront-ils, c est donc bien de mériter le pardon du Père, et pas seulement de constater notre incapacité à pardonner pour nous en repentir devant lui Tu nous enseignes des erreurs! Très bien, répondrais-je Mais alors, que chacun se pose cette question, en conscience : Puis-je me dire capable de mériter le pardon de Dieu? Autrement dit : Y en a-t-il parmi nous un seul qui estime mériter que Jésus-Christ soit mort pour lui sur la croix? En ce qui me concerne, je vous le dis : je ne suis pas celui-là! On pourra certes, et à juste titre, entendre cette parole comme l exhortation à prendre au sérieux l importance et l exigence du pardon, et à consacrer tout notre cœur, toute notre âme, toute notre force et toute notre intelligence* - mais surtout toute notre foi - à nous imposer le pardon contre la tentation permanente de juger, d accuser et de nous venger que le péché ne cesse de nous infliger. Et assurément, le Seigneur compte sur nous et sur nos efforts avec lui, dans l œuvre de son amour. Mais notre question s en trouve-t-elle pour autant résolue? Lequel d entre nous, quelle que soit sa force de caractère, se dirait ne serait-ce qu en lui-même - à la hauteur d une telle exigence? A la hauteur de pardonner, en toute circonstance, et quelle que soit l ampleur du préjudice subi? Et puis, en admettant qu une telle personne existe dans l Église, quelle raison aurait-elle encore de se confesser devant Dieu, de s en remettre à son pardon? Aucune Une telle personne, capable d une telle perfection, d une telle entière sainteté, n aurait plus besoin de pardon ; autrement dit : plus besoin de Jésus-Christ. Voilà donc encore - et par excellence! - une parole qui nécessite d être écoutée avec nos oreilles, c est-à-dire selon l Évangile ; selon, non pas la loi, mais la grâce de Dieu. La grâce qui appelle, non pas à présumer ses capacités et, de là, ses mérites, mais à confesser l orgueil, les jugement, les égoïsmes dont nul ne peut s affranchir, pas plus que de la peur et de la mort Et quiconque persisterait à vouloir écouter cette parole selon la loi, c est-à-dire comme à la fois le moyen et la condition de son salut, la verrait alors fatalement se dresser devant lui, comme une muraille infranchissable, toujours plus élevée que de sa prétention à se hisser jusqu à Dieu. Mais alors Pourquoi Jésus a-t-il ajouté à comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés cette exigence aussi désespérante qu implacable? La réponse est simple : c est pour nous mettre le nez dans notre condamnation et notre mort, au cas où les premiers mots n y suffiraient plus, à force d être récités sans être écoutés. Le Seigneur nous met le nez dans notre péché et notre mort, pour nous amener à prendre vraiment au sérieux la confession de nos offenses à laquelle il nous appelle, non seulement par sa prière mais par sa venue ellemême*. Car, face à l exigence de l amour, y a- t-il pour nous une autre possibilité que de nous en remettre ainsi à Dieu? Y a-t-il une autre clé qui puisse ouvrir à la solution, à une autre solution que son pardon et son salut? A une autre solution que Jésus-Christ? Celui en qui, seule 5
nous pouvons trouver la force de pardonner, la force de vivre au lieu d être condamnés à mort. Que faut-il donc, en somme, entendre par ces mots? Tout d abord, que vivre dans le monde notre foi en Jésus-Christ signifie servir le salut de Dieu, c est-à-dire témoigner et manifester son pardon, le pardon qu il a prononcé sur la croix en Jésus-Christ. Ensuite, que vivre ainsi notre foi et notre salut, cela ne nous est possible que par la puissance de Dieu elle-même, c est-àdire par son Esprit en nous et notre fidélité à son écoute. Ce que le Seigneur donne à entendre à ceux qui ont des oreilles, c est que le suivre, autrement dit vivre, c est avant tout s en remettre totalement à lui ; et que quiconque se veut capable de Dieu au lieu de se confesser devant lui, quiconque parle en son nom au lieu de l écouter, celui-là ne peut que se perdre à nouveau, car Dieu ne peut plus être Jésus-Christ pour lui, ne peut plus être son chemin et sa vie... C est contre ce piège du malin que la prière de Jésus nous met en garde ; contre cette tentation redoutablement maligne de croire que nous ne sommes plus pécheurs, que nous sommes désormais capables de Dieu, au prétexte qu il nous a appelés et sauvés. Vous n êtes pas délivrés du malin, nous rappelle le Seigneur ; mais je suis, moi, à chaque instant, votre délivrance. Entendez bien cela, de sorte de ne pas vous livrer à l orgueil, l orgueil qui accuse et qui tue. Pardonner, c est d abord recevoir le pardon de Dieu ; témoigner son amour, c est d abord recevoir son amour. À chaque instant, et jusqu à son retour. Mais entendre l exhortation du Seigneur, ouvrir nos oreilles à sa prière, c est avant tout entendre la Bonne Nouvelle, la solution que nous offre son amour ; c est entendre avant tout que quiconque se repent devant Dieu reçoit en réponse le salut, le salut qui signifie la force de vivre le salut, le courage et la joie de servir l œuvre de son amour, le don et le pardon victorieux de son amour. C est pourquoi, dit Jésus, ce que vous demanderez en mon nom - c est-à-dire pour le service du salut de Dieu ; tout ce que vous demanderez en mon nom, Dieu vous le donnera.* Il vous a donné la vie, sauvé la vie ; il sera avec vous la possibilité de vivre. La possibilité d aimer, comme vous êtes aimés.* Voilà pourquoi nous nous confions dans la prière du Seigneur. * Matthieu 13.9 ; Deutéronome 6.4 ; Psaume 81.14 ; 1 Samuel 3.9-10 ; Jean 8.31-32 ; Luc 23.34 ; 1 Jean 1.9 ; Romains 6.23 ; 7.20-25 ; Actes 2. 24 ; Galates 2.20 ; Joël 3.5, Actes 2.21 ; Deutéronome 6.5, Luc 10.27 ; Matthieu 9.13 ; Matthieu 3.1-2, 4.17 ; Jean 1.12 ; Jean 14.13, 15.16 ; 1 Jean 4.19 6