Caractérisation des matières résiduelles éliminées provenant du secteur résidentiel de la MRC de Memphrémagog Monique Clément, B.Sc. DGE, Recycologue Document synthèse réalisé par la MRC de Memphrémagog 1. Mise en contexte En 2013, la MRC de Memphrémagog a adopté un nouveau Plan de gestion des matières résiduelles (PGMR), qui prévoit notamment une réduction additionnelle de près de 17 % des déchets enfouis provenant du secteur résidentiel. Afin de mettre en œuvre des actions ciblées pour atteindre cet objectif, la MRC a commandé une étude de caractérisation des matières résiduelles qui visait à : acquérir de l information sur les matières que le gouvernement a banni de l enfouissement, à savoir le papier et le carton (2013), le bois (2014) et les matières organiques (2020); obtenir un portrait plus précis de la MRC en ce domaine par rapport aux données québécoises; obtenir des renseignements sur les principales matières récupérables actuellement acheminées à l enfouissement afin de déterminer quels sont les services de récupération additionnels requis pour atteindre les objectifs du PGMR; évaluer l efficacité des services et programmes en place. 2. Méthodologie La caractérisation consiste à établir la composition des matières contenues dans le bac à déchets provenant des résidences ayant accès à une collecte à trois voies (déchets, matières recyclables, matières compostables), des résidences ayant accès à une collecte à deux voies (déchets, matières recyclables) ainsi que des immeubles multilogements. Afin de mieux comprendre les variations saisonnières, des échantillonnages ont été faits sur deux périodes, soit l une au début de l automne 2013 et l autre à la fin du printemps 2014. Pour chaque période, un échantillon représentatif d un minimum de 300 kg a été analysé dans chacun des neuf camions ciblés. Les déchets ont ensuite été triés en 16 catégories. Pour l échantillonnage réalisé au printemps 2014, les catégories 2 (plastique) et 6 (matières compostables) ont été scindées en plusieurs sous-catégories. 1. Papier/carton (accepté dans le bac de récupération) 2. Plastique (accepté dans le bac de récupération) a. Contenant b. Sac et pellicule 3. Plastique non recyclable (non accepté dans le bac de récupération) 4. Verre (accepté dans le bac de récupération)
5. Métal (accepté dans le bac de récupération) 6. Matière compostable (généralement acceptée dans le bac brun) a. Aliment b. Papier et carton souillé c. Autre compostable 7. Résidu vert (accepté dans le bac brun) 8. Produit des technologies de l information et de la communication (TIC) (produit couvert par la responsabilité élargie des producteurs (REP)) 9. Résidu domestique dangereux (RDD) (couvert par la REP et autre RDD) 10. Encombrant autre qu en bois (généralement accepté dans les écocentres) 11. Résidu de CRD autre qu en bois (généralement accepté dans les écocentres) 12. Bois (généralement accepté dans les écocentres) 13. Textile (accepté dans les friperies ou les cloches de récupération) 14. Autre matière valorisable/recyclable (acceptée dans certains écocentres ou par d autres récupérateurs) 15. Déchet ultime 16. Liquide Les matières qui devraient se retrouver à l enfouissement sont donc celles qui font partie des catégories 3 (plastique non recyclable) et 15 (déchet ultime), toutes les autres pouvant être récupérées, recyclées ou valorisées par le truchement des différents services offerts aux citoyens. 3. Limite de l étude Les échantillons prélevés dans les camions ne représentaient que 3 à 9 % du chargement. La marge d erreur demeure donc importante, malgré le fait qu on se soit assuré d un prélèvement aléatoire et de la représentativité du chargement. De plus, pour l analyse des résultats, les proportions de chacune des catégories de matières ont été extrapolées comme si elles étaient constantes tout au long de l année, ce qui n est évidemment pas le cas, surtout en ce qui concerne les résidus verts. La réalisation de deux échantillonnages, à des périodes différentes de l année, atténue quelque peu l effet de la variation saisonnière.
4. Résultats 4.1 Composition des déchets analysés La composition moyenne de l ensemble des déchets analysés est présentée à la figure 1. Un comparatif avec les moyennes québécoises de 2010 a été réalisé 1. Figure 1 : Composition moyenne des déchets analysés, moyenne des deux périodes d échantillonnage Déchets non valorisables 22,1 % Recyclables 14,5 % Autres valorisables 8,1 % Encombrants et CRD 13,7 % Compostables 39,2 % TIC et RDD 2,3 % L analyse permet de tirer les constats suivants : Les déchets non valorisables représentent 22,1 % des déchets analysés. Cette proportion est nettement supérieure à celle de l ensemble des Québécois (7,5 %). Les matières compostables occupent la plus grande partie des déchets enfouis avec 39,2 %. Cette proportion est toutefois plus faible que la moyenne québécoise qui se situe à 55,6 %. Elles sont constituées à près de la moitié de résidus alimentaires. 1 Éco Entreprises Québec et Recyc-Québec (2014) Caractérisation des matières résiduelles du secteur résidentiel 2010 Rapport synthèse.
Les matières recyclables acceptées au centre de tri représentent 14,5 % des déchets, soit un peu moins que la moyenne québécoise (16,2 %). Le papier/carton, que le gouvernement avait proscrit de l enfouissement dès 2013, représente encore un peu plus de 5 % des déchets. Les plastiques recyclables sont composées principalement de pellicules de plastique. Il semblerait que le citoyen a le réflexe de recycler les contenants rigides, mais pas les sacs et pellicules. Les TIC et les RDD sont très peu présents dans les déchets avec un faible pourcentage de 2,3 %, ce qui est similaire à la moyenne québécoise. Les encombrants et les CRD, incluant le bois, constituent 13,7 %, des déchets alors que la moyenne québécoise se situe à 11,4 %. Les autres matières recyclables ou valorisables composent 8,1 % des déchets comparativement à 6,8 % pour la moyenne québécoise. 4.2 Taux de récupération L étude a également porté sur les taux de récupération atteints pour certaines matières. L évaluation a abordé tant les quantités de matières valorisées que celles éliminées. Cela suppose que la quantité de matières présentes dans les déchets est constante tout au long de l année et que les échantillons analysés sont représentatifs de tous les déchets enfouis. Il faut donc interpréter les taux de récupération comme des tendances plutôt que des taux absolus. Type de matières Taux de récupération (1) MRC (moyenne des données des municipalités ciblées dans l étude) Québec (2010) (2) Matières recyclables 81 % 69 % (moyenne collecte à 2 voies) 17 % Matières 13 % compostables (moyenne collecte à 3 voies) 53 % (moyenne totale) 44 % Encombrants et résidus de CRD 55 % 55 % TIC et RDD 37 % 37 % (1) Le taux de récupération représente la quantité de matières valorisées par rapport à la quantité de matières générées. (2) Éco Entreprises Québec et Recyc-Québec (2014) Caractérisation des matières résiduelles du secteur résidentiel 2010 Rapport synthèse. 5. Constats L étude a permis de dresser certains grands constats, dont ceux-ci : Les programmes de collectes sélectives des municipalités de la MRC fonctionnent généralement bien. Malgré tout, il reste une quantité encore importante de matières recyclables (papier/carton, plastique, verre, métal) dans les déchets.
On note un plus grand volume de plastique recyclable dans les déchets durant la période printanière, principalement attribuable aux contenants et sacs horticoles. Il reste encore beaucoup de matières compostables dans les déchets résidentiels. Ces matières prédominent, et ce, même dans les municipalités offrant une collecte à trois voies. On retrouve passablement moins de résidus alimentaires dans les matières éliminées des municipalités qui ont la collecte à trois voies que celles qui ne l ont pas (13 % par rapport à 21 %). Ainsi, l accès à un service de collecte de matières organiques (bac brun) contribue généralement à une réduction considérable de la quantité de résidus alimentaires présents dans les déchets. Cependant, le citoyen ne semble pas avoir pris l habitude d y valoriser les autres matières compostables (fibres souillées, litière d animaux, cendres). Le citoyen utilise la méthode la plus simple et la plus rapide pour se départir des matières encombrantes et des résidus de CRD. Le fait d accepter ces matières en tout temps dans le cadre de la collecte des déchets réguliers, la mise à disposition de gros contenants (conteneurs) et l absence d un service d écocentre à proximité sont des facteurs qui nuisent à la récupération de ces matières. Le succès des services de récupération des encombrants et des résidus de CRD repose sur la proximité et la fréquence du service. Il y a très peu de TIC et de RDD dans les déchets, ce qui est à l image des données provinciales. L accès à un service permanent de récupération (écocentre, point de dépôts) contribue à augmenter le taux de récupération des TIC et des RDD et conséquemment, à réduire la quantité retrouvée dans les déchets. Les textiles constituent environ 5 % des déchets. Il est possible que le citoyen croie, à tort, que seuls les vêtements réutilisables sont acceptés dans les cloches de récupération de vêtements, alors que même les vêtements et accessoires vestimentaires non réutilisables sont recyclés d autres façons. On remarque une grande cohérence entre la facilité et l accessibilité des services offerts (récupération et collecte des déchets) et ce que l on retrouve dans les matières éliminées. Ainsi, la réduction drastique de la fréquence de collecte encourage les citoyens à se tourner vers les autres services de récupération offerts. À l opposé, la mise à disposition de conteneurs ou la collecte de gros rebuts en tout temps entraîne une plus grande quantité d encombrants et de résidus de construction dans les matières éliminées. 6. Conclusion À la lumière de cette étude, la MRC a maintenant un portrait plus précis de la composition des matières éliminées sur son territoire et des connaissances additionnelles sur les matières que le gouvernement a déjà prévu bannir de l enfouissement. Les constats dressés permettront à la MRC et aux municipalités locales à la fois de mieux comprendre l incidence des programmes et services offerts sur le territoire et de mieux cibler les activités de sensibilisation à réaliser. Enfin, certaines recommandations sont présentées pour le traitement des matières organiques, des matières recyclables, des résidus encombrants, des CRD et du textile.