La vie devant soi - Romain Gary Résumé : Le livre «La vie devant soi» nous raconte l histoire de Momo, un jeune enfant arabe de dix ans «né de travers», comme il le cite dans le livre, et de Madame Rosa, une vieille femme juive qui tient une pension pour les enfants de femmes qui se «défendent». C est une véritable histoire d amour entre ces deux personnages, mais un amour pas comme les autres, un amour comme entre une mère et son fils. Un jour Momo rencontra Nadine, une jeune femme qui lui payait des glaces. Il voyait qu elle était sympathique mais resta toujours fidèle à Madame Rosa. Momo est l enfant préféré de tous ceux que garde Madame Rosa, celui qui y reste le plus longtemps aussi. Il met du bonheur dans sa vie et l aide à monter les six étages qu il faut gravir pour atteindre leur appartement, situé dans un quartier défavorisé où s entremellent trafics de drogues et crimes. Madame Rosa, étant jeune, a connu Auschwitz et les camps de concentration. Elle est restée choquée à vie. Momo, quant à lui, ne connaît pas ses parents et voit bien qu il y a quelque chose qui cloche, car les autres enfants ne sont souvent que de passage et leurs parents viennent leur rendre visite de temps en temps. Mais lui, il ne les a jamais vu et dès qu il essaie d aborder le sujet avec Madame Rosa, il sent qu elle lui cache des choses. Un jour, son père va venir pour tenter de le récupérer. Mais pour Momo, il n y a aucun doute, sa vraie famille, c est Madame Rosa. L arrivée de son père va lui apprendre qu il n a pas dix ans mais quatorze. C est pour lui une grande révélation qui sera même plus importante que la mort de son père qui suivra cet aveu. C est après cet évènement que débutent les crises de Madame Rosa, ses moments d absence. Il peut se passer des heures sans qu elle soit consciente psychologiquement. Comme les voisins sentent que la fin de sa vie approche, ils se font de plus en plus présents à ses côtés. Certains y mettent un peu trop de volonté, comme les frères Zaoum qui lui font faire des exercices parfois trop brusques aux yeux du Docteur Katz qui lui, veut l emmener à l hôpital, en pensant bien faire. Mais comme ce n est pas cela que désire madame Rosa, Momo va influencer le voisinage et la Docteur en leur faisant croire qu elle va partir rejoindre ses proches en Israël. Lorsqu il annonce la nouvelle au gérant de l immeuble, ils vont être obligés d aller se cacher dans le trou juif de Madame Rosa qui se trouve dans leur cave. Pour faire descendre Madame Rosa jusqu au sous-sol, il va lui montrer un portrait de Hitler, caché sous le lit de Madame Rosa et donc lui faire croire qu ils vont venir la chercher pour repartir en Allemagne. Madame Rosa va prendre peur et aussitôt se mettre en route. Pour finir, Momo accompagnera Madame Rosa jusqu à sa mort et même quelques jours qui suivront, malgré l odeur nauséabonde qui s échappait du cadavre. Il va tenter de cacher cette triste vérité en la parfumant et en la maquillant jusqu à ce que des voisins sentirent l odeur infecte de la dépouille. A la fin du livre, on nous fait comprendre que Momo ira vivre chez Nadine, la jeune femme qui voulait déjà l adopter lors de leurs premières rencontres. Etude du personnage : Pour notre étude du personnage, nous avons décidé d approfondir le personnage de Madame Rosa. Nous allons faire ressortir cinq éléments principaux : son apparence, la place de Momo dans sa vie, sa peur de l hôpital, ses crises et ses affinités avec le voisinage. Tout d abord, en rapport avec son apparence, nous avons pu constater qu elle a une grande peur d être mal vue, elle tient à garder une bonne réputation aux yeux des personnes qui l entourent mais 1
aussi de Dieu. Momo la décrit comme une femme grosse et laide. Malgré ça, il l aime quand même. Madame Rosa le considère comme son fils. Il est son préféré parmi tous les enfants de la pension, celui dont elle est le plus proche, malgré leur différente foi. Sans lui, elle n est rien. Elle va même jusqu à mentir pour le préserver, elle lui fait croire qu il a onze ans alors qu il en a déjà quatorze. Elle fait ça car elle a peur qu il l abandonne lorsqu il sera majeur. C est la seule personne qui l aime d un amour réciproque. Il va l accompagner tout au long de sa vie, dans sa mort et même après. Il va lui verser du parfum sur tout son corps et la maquiller pour dissiper l odeur du cadavre mais aussi pour faire comme si elle était toujours vivante. Madame Rosa a peur d avoir un cancer ou de mourir à l hôpital, comme un légume. Elle trouve que son corps a déjà été assez utilisé et elle ne veut pas que la science s en serve. Elle ne veut pas survivre avec des médicaments alors qu elle pourrait déjà être partie. Mais sa plus grande peur est de mourir dans les conditions auxquelles elle aurait échappé à Auschwitz. Elle a connu les camps de concentration mais malgré ça, elle garde un bon souvenir de Monsieur Hitler, elle a même un portrait de lui sous son lit. On peut donc se demander s il n aurait pas été un de ses clients. En tout cas, on sait que cette période chez les Nazis l a marquée à vie. Elle a donc aménagé son petit trou juif dans sa cave, pour aller se réfugier au cas où les allemands reviendraient la chercher. En rapport avec ça, Madame Rosa a des moments de crise, par exemple quand elle prépare sa valise en pensant que les allemands vont venir la chercher. Elle a également des séquelles de sa jeunesse. Parfois, elle se maquille et s habille comme pour aller se défendre. Ses autres crises sont plus longues, elles peuvent durer jusqu à trois jours, elles sont dues à la vieillesse, Madame Rosa ne parle plus, elle n est présente plus que physiquement, inconsciente. Pour finir, Madame Rosa a également des gens qui la soutiennent, comme les frères Zaoum, africains, qui d après leurs traditions vénèrent les anciens. Ils prennent donc soin de Madame Rosa, en lui faisant faire des exercices pour qu elle se réveille de ses moments d absence. Mais ils ne s entendent pas avec le Docteur Katz car lui, voudrait plutôt l envoyer à l hôpital. Momo va réussir à l en dissuader en inventant une histoire, qui dit que Madame Rosa va partir en Israël rejoindre sa famille. Elle a également le soutien de Madame Lola, leur voisine qui est travestie et va se défendre au Bois de Boulogne. Elle les aide financièrement. Vers la fin du livre on se rend compte que seuls Momo et Madame Rosa peuvent se comprendre car Momo ne confie à personne le fait qu ils vont se cacher dans leur cave et que Madame Rosa ne partira en fait jamais rejoindre ses proches. Il le fait croire à tout le monde pour que Madame Rosa puisse avoir une mort tranquille, en quelques sortes. Mais aussi pour que le Docteur Katz ne soit pas au courant et qu il ne puisse pas l emmener à l hôpital. Etude du passage : Voici le passage que nous allons analyser : Je suis quand même redescendu, je me suis assis à côté de Monsieur Yoûssef Kadir mort et je suis resté là un moment même si on ne pouvait plus rien l un pour l autre. Il avait un nez beaucoup plus long que le mien mais les nez s allongent toujours en vivant. J ai cherché dans ses poches pour voir 2
s il n y avait pas un souvenir mais il y avait seulement un paquet de cigarettes, des gauloises bleues. Il y en avait encore une à l intérieur et je l ai fumée assis à côté de lui, parce qu il avait fumé toutes les autres et ça me faisait quelque chose de fumer celle qui en restait. J ai même chialé un peu. Ça me faisait plaisir, comme s il y avait quelqu un à moi que j ai perdu. Ensuite j ai entendu police-secours et je suis remonté bien vite pour ne pas avoir d ennuis. Madame Rosa était encore affolée et ça m a rassuré de la voir dans cet état et pas dans l autre. On avait eu de la veine. Des fois, elle n avait que quelques heures par jour et Monsieur Kadir Yoûssef était tombé au bon moment. J étais encore complètement renversé à l idée que je venais d avoir d un seul coup quatre ans de plus et je ne savais pas quelle tête faire, je me suis même regardé dans la glace. C était l évènement le plus important dans ma vie, qu on appelle une révolution. Je ne savais pas où j en étais, comme toujours losqu on n est plus le même. Je savais que je ne pouvais plus penser comme avant mais pour le moment je préférais ne pas penser du tout. - Oh mon Dieu, dit Madame Rosa, et on a essayé de ne pas parler de ce qui venait d arriver pour ne pas faire de vagues. Je me suis assis sur le tabouret à ses pieds et je lui ai pris la main avec gratitude, après ce qu elle avait fait pour me garder. On était tout ce qu on avait au monde et c était toujours ça de sauvé. Moi je pense que lorsqu on vit avec quelqu un de très moche, on finit par l aimer aussi parce qu il est moche. Moi je pense que les vraies mochetés sont vraiment dans le besoin et c est là qu on a le plus de chance. Maintenant que je me souviens, je me dis que Madame Rosa était beaucoup moins moche que ça, elle avait de beaux yeux bruns comme un chien juif, mais il ne fallait pas penser à elle comme à une femme, car là, évidemment elle ne pouvait pas gagner. Ca t as fait de la peine, Momo? Mais non Madame Rosa, je suis content d avoir quatorze ans. C est mieux comme ça. Et puis, un père qui a été psychiatrique, c est pas du tout ce qu il te faut, parce que des fois c est héréditaire. C est vrai, Madame Rosa, j ai eu du pot. Et puis tu sais, Aïcha faisait un gros chiffre d affaires, et on peut pas vraiment savoir qui est le père, là-dedans. Elle t as eu dans le mouvement, elle s est jamais arrêtée de travailler. Voici notre étude du passage : Pour notre étude du passage du livre «La vie devant soi», nous avons choisi d analyser un moment de l histoire qui nous paraissait important. C est le passage qui nous raconte le ressenti des deux personnages principaux, Momo et Madame Rosa, juste après la visite de Monsieur Kadir Youssêf. Ce monsieur arabe qui est le père de Momo et qui vient le récupérer, après onze ans sans donner signe de vie, car il avait été placé dans un hôpital psychiatrique. Il veut son fils arabe, Mohammed mais Madame Rosa lui présente Moïse comme étant son fils. Monsieur Kadir Youssêf devient complètement fou car Moïse est un nom totalement juif et il avait déposé, onze années auparavant, un enfant arabe. Il va ensuite mourir d une crise cardiaque devant Madame Rosa et Momo. La première chose que nous avons remarqué en analysant ce passage est la confusion qui règne dans la tête de Momo. On le remarque avec à la ligne une «Monsieur Kadir Youssêf» et à la ligne dix «Monsieur Youssêf Kadir». Le fait que Momo ne prénomme pas son père de la même façon dans un court laps de temps nous montre qu il ne sait plus très bien ou il en est mais aussi qu il n attache pas une très grande importance à ce père qui revient après onze ans et qui veut le récupérer. Pour l illustrer, nous avons pu souligner à la ligne six une contradiction, «J ai même chialé un peu» qui s oppose à «ça me faisait plaisir» et cette comparaison «comme s il y avait quelqu un à moi que j ai 3
perdu» vient renforcer l idée que Momo ne considère pas Monsieur Kadir Youssêf comme son vrai père mais juste comme la personne qui l a mis au monde et qui l a ensuite abandonné. Mais d un autre côté, il est content de perdre quelqu un qui est «comme à lui», il est content d avoir une expérience de vie en plus, même si au fond, cette expérience n est pas forcément joyeuse. Mais Momo a toujours vécu avec Madame Rosa, c est elle qui l a élevé, elle est tout pour lui. On le voit bien à la ligne dix-huit et dix-neuf «après tout ce qu elle avait fait pour me garder» et «On était tout ce qu on avait au monde» nous montrent qu elle est la personne qui a la plus grande place dans sa vie. On a aussi «je lui ai pris la main avec gratitude» qui nous montre que Momo est très reconnaissant envers Madame Rosa pour tout ce qu elle a fait pour lui jusqu à aujourd hui. Par contre, avec cette phrase «parce qu il avait fumé toutes les autres et ça me faisait quelque chose de fumer celle qui en restait» et aussi avec le mot «souvenir», on voit que Momo n a pas envie d oublier son père de si tôt, il veut lui faire un dernier hommage. Lorsqu il prononce cette phrase «Il avait un nez beaucoup plus long que le mien mais les nez s allongent toujours en vivant» il nous confirme que c est bien son père, se donne une raison en se disant que «les nez s allongent toujours en vivant». On a également pu constater le fait que l auteur décide de mettre une et une seule cigarette dans le paquet, renforce le fait que Momo ne peut garder qu un seul souvenir de son père. Avec la dernière phrase de ce paragraphe (premier), on voit que Momo a toujours cette peur de la police-secours. Il n hésite pas à abandonner son père pour ne pas avoir d ennuis avec la justice. La confusion dont nous vous parlions est aussi due aux quatres ans de plus que Momo se voit attribuer tout d un coup. Aux lignes onze, douze et treize, on a «J étais complètement renversé à l idée que je venais d avoir d un seul coup quatre ans de plus», «je ne savais pas quelle tête faire» et «Je ne savais pas où j en étais». Ces trois phrases prononcées par Momo nous prouvent que ses pensées sont chamboulées par cet agrandissement soudain. On a encore «Je me suis même regardé dans la glace», «comme lorsqu on est plus le même» et «Je savais que je ne pouvais plus penser comme avant» qui fortifient cette confusion et qui nous montrent que Momo se considère comme un autre, une nouvelle personne. Il parle aussi d une «révolution» mais il ne sait pas vraiment ce que signifie ce mot, il l utilise pour définir «l événement le plus important de sa vie». Momo n est pas un enfant instruit, il utilise souvent des mots à mauvais escient mais arrive toujours à se faire comprendre malgré ce manque de vocabulaire. Nous avons également remarqué l affolement de Madame Rosa avec le «affolée», ligne neuf et le «Oh mon Dieu», ligne seize. Ensuite, dans le dialogue entre Madame Rosa et Momo, aux lignes vingt-quatre à trente, on voit que Madame Rosa est centrée sur Monsieur Kadir Youssêf, elle a peur que Momo soit fâché contre elle à cause qu elle ne lui a pas dit plus tôt que son père était psychiatrique et que sa mère était morte, «ça t as fait de la peine, Momo?», «c est mieux comme ça». Quant à Momo, lui, il ne pense uniquement à ses quatre ans de plus. Il a déjà passé à autre chose, ne pense plus à Monsieur Kadir Youssêf. «Je suis content d avoir quatorze ans», «J ai eu du pot». Avec les deux dernières phrases de Madame Rosa, «Et puis tu sais, Aïcha faisait un gros chiffre d affaires, et on peut pas vraiment savoir qui est le père, là-dedans.» et «Elle t a eu dans le mouvement, elle s est jamais arrêtée de travailler.» on peut faire ressortir le fait qu elle essaie de se justifier sur la raison pour laquelle elle a caché ces choses à Momo durant quatorze ans. Pour clore cette étude de passage, nous allons vous faire part de nos observations concernant les lignes dix-neuf à vingt-trois. Ce que nous avons pu mettre en évidence, grâce aux deux phrases «Moi 4
je pense que lorsqu on vit avec quelqu un de très moche, on finit par l aimer aussi parce qu il est moche.» et «Moi je pense que les vraies mochetés sont vraiment dans le besoin et c est là qu on a le plus de chance.» c est qu au départ on aime pas les gens «moches» car notre premier regard se porte souvent sur le physique mais qu avec l âge, on se rend compte qu il n y a pas uniquement la beauté extérieure qui compte, qu il faut encore plus aimer ces personnes-là car elles en ont besoin. Momo, étant plus jeune, aimait Madame Rosa pour ce qu elle faisait pour lui et maintenant, il l aime également pour sa «mocheté». Avec la suite, «Maintenant que je me souviens, je me dis que Madame Rosa était beaucoup moins moche que ça, elle avait de beaux yeux bruns comme un chien juif, mais il ne fallait pas penser à elle comme une femme, car là, évidemment elle ne pouvait pas gagner» Momo souligne qu avec le temps, il arrive à voir la beauté dans la «mocheté» en quelque sorte, il arrive à oublier la «mocheté» de Madame Rosa en faisant ressortir ses charmes tels que «beaux yeux bruns comme un chien juif». La comparaison «comme un chien juif» est, pour Madame Rosa, un compliment car elle est juive. En conclusion, ces six lignes nous prouvent que leur amour est plus fort que tout et personne, sauf la mort, ne pourra les séparer. Etude du thème : Nous avons choisi d analyser plusieurs thèmes mais le thème principal que nous avons trouvé est l amour entre les deux personnages principaux. Nous avons d abord pu remarquer plusieurs faces de l amour dans ce livre. Tout d abord l amour qui dépasse les lois biologiques, c est-à-dire l amour entre Madame Rosa et Momo, un amour malgré aucun lien de parenté. Pour Madame Rosa, Momo est son fils, comme nous avons pu le souligner dans l étude du personnage. Mais cet amour est également partagé par Momo. Pour lui, Madame Rosa est sa seule et unique famille. C est elle qui l a élevé. Deuxième facette de l amour, c est qu il est aveugle. Malgré leurs différences d âges et de religion, Madame Rosa et Momo s aiment pardessus tout. Troisièmement, l amour est éternel. Momo accompagne Madame Rosa jusqu à sa mort et même après, en l accompagnant encore des semaines durant, sans tenir compte de l odeur désagréable et de la décomposition du corps. Comme thème secondaire, nous avons pu remarquer que dans ce livre, tout le monde est accepté comme il est. Momo est reçu par Madame Rosa même qu il est arabe et elle juive. Ils deviennent très complices malgré leurs différences d âge. Egalement avec Madame Lola, ce n est pas parce qu elle est mi-homme mi-femme que Madame Rosa va la rejeter. Elle l aime comme toute personne normale. Nous avons encore pu souligner les quelques oppositions qui sont présentes dans ce livre : les moments de bonheur s opposent aux moments de tristesse ; la vie, du côté de Momo s oppose à la mort, pour Madame Rosa. Par rapport au titre, nous l avons interprété de cette façon : Mom a la vie devant lui et Madame Rosa, elle a plutôt la mort devant elle. L auteur a quand même choisi de mettre comme titre «La vie devant soi» car ça nous fait penser au bonheur, à l infini S il avait mis comme titre «La mort devant soi», ça aurait tout de suite donné à ce roman un côté plus sombre. 5