Chansons de Tranchées. Par des. Poilus du 137 e SOMMAIRE :



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Transcription:

Chansons de Tranchées Par des Poilus du 137 e 1915 1916 Tiré du livre Le 137 e pendant la Guerre 1914-1918 Par un soldat 1936 IMPRIMERIE MODERNE FONTENAY-LE-COMTE VENDÉE SOMMAIRE : - Faites passer si ça suit - Les cuistots - Le petit Poilu - Tahure - Bretons et Vendéens - Mai de guerre - La messe aux tranchées - Gloire au 137 e - 1 -

Faites passer si ça suit. (Air: Caroline) T'en tais une sale bobine Je connais tes tourments C'est la marche serpentine Qui t' chagrine sûrement. Mais, que veux-tu, vieille branche, Faut bien t'y habituer Puisque c'est pour la France Que tu vas patauger Par dessus les genoux Dans l'eau et la boue La colonne suit pas du tout. REFRAIN Ah! Quelle vie! Ah! Quelle vie A chaqu relèv c'est comme ça On boyaute On poiraute, Car la compagnie ne suit pas Ah! Quelle vie! Ah! Quelle vie Que le capitaine s'écrie La réponse, la réponse La réponse, si ça suit. Réponse encourageante, Faites passer, tout l' monde suit. Alors on recommence La longue marche dans la nuit. A peine fait deux cents mètres Tombe une rafale d'obus Qui blessa à la tête Un de nos brav' poilus ; Vite immédiatement, S'écrie un sergent, Faites-lui fair' un pansement. La tête de compagnie N'étant pas au courant, Sans se soucier, s'enfuit, En criant : en avant. En arrière les autres Plusieurs font du pétard, Les uns réclam' la pose, D'autres gueul' : «J'en ai marre». Moitié abrutie, Ça gueule toute la nuit : Faites passer si ça suit. - 2 -

La marche est terminée, C'est la fin du boyau, Nous voici en tranchée Pour quinze jours au créneau. Après cette longue ballade Le bon poilu se dit : «Demain, je serai malade Et les copains aussi.» Dans chaque gourbi, Malade moi aussi : Faites passer si ça suit. EUGÈNE CORFMAT, Garçon de Café. Les Cuistots C qu'il y a de bien en France Dans chaque régiment C'est les cuisines roulantes Aux cuistots épatants, Qui vous font une popotte Qui n'est pas le graillon Mais seulement qui cocotte A cent mètres environ. Le nom du plat S'appelle rata. REFRAIN Honneur à nos bons cuistots Qui régalent nos poilus. La façon d' faire 1e fricot Est toujours un riche menu. Parfois aux distributions, Comme y en a pas de trop, On voit le brave marmiton Y rajouter un seau d'eau, D'eau, d'eau. Honneur à nos bons cuistots. T'en fais pas, vieux Camille, Si tu n'aimes pas le bouilli, Tu boutf'ras les lentilles, La sauce cailloux aussi. Comm' ça toute la semaine Plein la gueule, mon colon, On s' gonfle la bedaine, Tout ça pour pas un rond. - 3 -

Chaque soldat Chante tout bas : L'autre semaine commence C'est Lundi et Mardi, V'ld le menu qui change : Monsieur l' macaroni. Y a des tubes à pleine bouche ; Mais un poilu s'écrie : «Vite les cordes blanches m'étouffent» Alors chacun s' dit : «L' nom du frichti, L' macaroni» Au milieu de la s'maine, Si le gala était mis, C'est la même rengaine : Encore macaroni! Pour les deux autres journées On servira «faillots» : Faudra se boucher le nez, Pour que ça sente pas trop. Dans les gourbis Quelle harmonie! Mais quand vient le dimanche, Le brave fantassin Node autour d'une grange Armé d'un gros govrdin. Quand s'avance une poulette Vers lui en jacassant : Un bon coup sur la tête, Voilà qu'est épatant : Plein l' gogo, Poule au pot. Quand s' déclanche une attaque Ils sont là, les cuistots, A plat ventre, à quatre pattes. A travers les boyaux. Mais il faut coûte que coûte, Malgré la pluie d'obus, Là-bas porter la soupe A nos vaillants poilus. Chantons en chœur : Honneur! Honneur! Butte de Tahure. EUGÈNE CORFMAT - 4 -

Le Petit Poilu (Air: L'Amarre au Cabestan) Sept jours passés Ce soir, c'est la relève, Départ pour la tranchée Cela n'est pas le rêve ; Vas-y, brave petit pioupiou, Poussière, pluie ou boue, Faut que tu passes partout. REFRAIN Courage, courage, petit trouffion, A toi, oui, nous pensons Quand tonne le canon. Mais aussi, quand tu reviendras Du bonheur, t'en auras, Tout le monde te fêtera. Vite sac au dos, II fait beau clair de lune, Petit loupiot : Il pense à sa brune. Là-bas sur les routes de l'argonne C'est l'hiver, il frissonne ; Partout le canon tonne Dans les boyaux Qui mènent à la tranchée Il y a de l'eau Qui est toute gelée ; II est habitué à la dure Trouv' cela tout nature, L'eau, jusqu'à la ceinture. Prépare-toi, Faut aller en patrouille Dans l' fond du bois. Il s'en va, sans la trouille Comme y a pas à rouspéter, Quel que soit le danger, Faut tout d'même y aller. Voilà l'printemps, Il est toujours en guerre; A chaque instant Il pense à sa chaumière. Au village, sur les peupliers, Les oiseaux doivent chanter, Pour Anne, sa bien aimée. - 5 -

Voilà soudain Le clairon sonne la charge : Le fantassin S'en va plein de courage Niais il s'est fait trouer la peau, Pauvre petit loupiot, Il ne dit plus un mot. Tout près du front Dans un p'tit cimetière Il est au fond D'un grand trou, Sous la terre; Comme croix, une branche de pin. Adieu, petit gamin, Ah! quel triste destin! 2e REFRAIN Honneur à toi, petit troufion A toi, oui nous pensions Quand tonnait le canon. Maintenant, il ne reviendra plus, Le village tout ému, Pleure le petit poilu. Butte de Tahure, le 16 mars 1916 Eugène CORFMAT, breton Tahure (Poésie) C'était un beau village, avant la sombre guerre, Etalant ses maisons, au bord d'une rivière. Les grandes fermes, l`eglise, les cafés, les débits Donnaient un air roquet, à ce petit pays. Mais en mil neuf cent quinze, à la grande offensive, Que les troupes françaises, projetaient décisive, Le village reçut le formidable choc Des deux armées frappant et de taille et d'estoc Tahure, coup sur coup, fut pris, puis fut repris, Le onzième Corps, enfin nous le conquit. Mais les flots de mitraille qui sur lui s'abattirent N'en firent qu'une loque, un glorieux martyr. A peine quatre maisons, avec leurs pans de mur Indiquent au passant, que ce fut là, Tahure; Plus de jardins, de rues, au milieu des décombres - 6 -

Sur lesquels, la mort a fait planer son ombre. En bordure du village, dorment cinq allemands En des lombes alignées, ornées pieusement. Un lieutenant repose avec un volontaire, Selon l'inscription de leur croix funéraire. Pauvre cher village, de Champagne Pouilleuse Comme un vaillant guerrier, ta fin fut glorieuse. Quand après la victoire, la paix refleurira. Tes habitants, j'espère, t'arracheront au trépas. Tu reprendras la vie, dans un élan nouveau. La résurrection sortira du tombeau, Tes maisons, tes jardins, ton église bénie En un clin d'oeil, demain, se verront rebâtie (1) St-Rémy-sur-Bussy, janvier 1916 Un soldat, E. R... (1) La réalité, hélas n'a pas traduit le rêve. Tahure, est à jamais disparu. Bretons et Vendéens (Air: Sous les ponts de Paris) Dans la Champagne Pouilleuse S'avance le onzième Corps. Canons et mitrailleuses Dans la plaine sèment la mort. Et les Prussiens, comme des lapins, Se sauvent devant nos fantassins. Et le soixante quinze â coups sûrs Les repousse jusqu'à Tahure. Refrain Bretons et Vendéens, La Terreur des Prussiens, A travers les obus, grenades et balles, Vous bousculez la belle garde impériale. A Mesnil-les-Hurlus, Ils ne reviendront plus. Entendez-vous la voix des cent vingt longs Dans le fond des vallons? Pour aller â Tahure - 7 -

On rencontre des fortins, Pas beaucoup de verdure Mais beaucoup de Prussiens. Des grands vallons et des ravins Semés de carrés de sapins Et les Boches, dans la débine, Cavalent dans l'ravin de la Courtine. L'on continue sans cesse Cette lutte acharnée, Sur les flancs du Trapèze En tranchées bouleversées, A coup d'grenades, de canonnades, Chaque jour, c'est la sérénade, Et le poilu dans son gourbi Tout seul en lui-même se dit : Grande faucheuse des plaines, Quand donc finiras-tu A tuer ce que l'on aime, De que l'on n'verra plus. Tout cela pour un coin de terre Que voulait ce maudit Kaiser. Mais, tous, Français, soyez en sûrs Que nous conserverons Tahure. Eugène CORFMAT Mai de Guerre (Poésie) On se croirait à Nice ou aux Sables d Olonne Au milieu des sapins, délicates colonnes Qui exhalent à pleins souffles, des parfums résineux Dont l'arôme s'élève de la terre jusqu'aux cieux. Le mois de mai pénètre les hommes et les choses. C est la fin de l'hiver au monde qui s'impose. En nos veines circule un sang de renouveau. Fleurs et plantes s'épanouissent au sortir du tombeau. Après, la sombre vie du secteur de Tahure Tu deviens, Bois du Puits, douce villégiature. Avec tes villas si gracieuses de noms, Nous oublierions presque le fracas du canon. A ne voir plus de boue qui gicle en nos souliers. Au milieu de parterres, de rampes, d'escaliers. - 8 -

Au milieu du silence qui règne en pleine guerre. Le pauvre poilu français ne sent plus sa misère. 4 mai 1916, Bois du Puits. Secteur tranquille de Baconne. Un soldat, E. R... La Messe aux Tranchées Dédiée au Lieutenant Délivré. Au petit jour, par les tranchées Que, dans la nuit, ont «amochées», Comme ils disent, les gros obus, Où s'en vont-ils, tous ces poilus? L'air grave et pensif -- en silence, Leur étrange file s'avance Par l'étroit boyau sinueux, Sous la blanche clarté des cieux. II faut souvent baisser la tète, Car les boches sont sur la crête Qu'on aperçoit, au loin, là-bas. Gare aux balles qu'on n'entend pas! Le soleil succède à la lune, Et les poilus, sans crainte aucune, S'en vont toujours par le boyau, Frôlant, à tout pas, un tombeau. Ici, c'est le pied, là, la tête D'un pauvre troupier qui s'entête A sortir de terre - à venir Dehors achever de pourrir. Des oiseaux de sinistre augure, Attirés par la pourriture, Attendent que l'on soit passé Pour descendre sur le charnier. Et plus tristement s'achemine Le train des poilus dont la mine S'était assombrie un instant, Pensant aux morts qu'ils aimaient tant! Tout à coup, dans un trou de sape, Gueule qui, tour à tour les happe, - 9 -

Ils ont disparu, les poilus! Seigneur, que sont-ils devenus ~ Dans la sape profonde et sombre, Un autel se dresse dans l'ombre. Un officier est à genoux, Et, fidèles au rendez-vous. Voici les poilus, par derrière, Le front penché pour la prière Que dit le prêtre en commençant La Sainte Messe lentement. «Seigneur, du fond de ces tranchées. «Où nos âmes se sont couchées «Dans le péché, comme en un lit. «Nous vous prions, le coeur contrit. «Pour que votre miséricorde «Nous soit propice et nous accorde «Les grâces que nous implorons «Par la Messe, en ses oraisons. «Songez, Seigneur, à la misère «Des pauvres soldats à la guerre, «Loin du clocher de leur pays, «De leurs parents, de leurs amis, «Vivant et dormant sous la terre, «Loin de leur femme ou de leur mère, «De leurs enfants au de leurs sœurs, «Nous voici tous, pauvres pécheurs. «Le prêtre élève le calice. «Nous vous offrons le sacrifice «De ce que nous avons souffert «Par l'eau, par les gaz, par le fer. «Dans notre âme, que tout remue, «Voici que, du passé, reflue «Le souvenir de tous nos morts. «Ils sont heureux : ils sont au port! «Souvenez-vous de ceux qui tombent «Et de ceux qui n'ont pas de tombe «Que mai bientôt pourrait fleurir. «Leurs os achèvent de blanchir, «Dans les ravins et dans les plaines, - 10 -

«Sous les sapins et sous les chênes, «Déchiquetés, brisés, rompus, «D'autres, le sol les a rendus. «Quand les marmites sont tombées «Sur leurs tombes mal abritées. «Faisant sortir des trous béants «Les pauvres cadavres tremblants. «A ceux qui, dans de cimetière, «Peuvent reposer dans leur bière «Sous les petites Croix de bois, «Songez, Seigneur, sur votre croix. «Et pour réchauffer nos poitrines «De l'ardeur des grâces divines «Voici que s'ouvre notre coeur. «Veuillez y descendre, Seigneur. La Messe lentement s'achève. Réalité d une heure - ou rêve? Quand on y songe, on ne sait plus! Où donc a-t-on vu, ces poilus? La Messe ainsi parmi les tombes! N'était-ce pas aux catacombes? Non, c'était hier seulement, Dans votre «abri» mon Lieutenant. Aux tranchées, ce 22 avril 1916. J. LE BAYON -. - 11 -

Gloire au 137e (Air : Le Chant du Départ) Dans les bois de Maissin, Là-bas dans la Belgique, Entendez-vous sonner les clairons Aux cris de : «En avant» D'un élan magnifique, Les voyez-vous : «Vendéens et Bretons» Tenant hautes leurs baïonnettes. Fonçant sur l'ennemi honteux Qui recule en baissant la tête. Ils étaient dix, contre nous deux. REFRAIN Honneur à toi, cent trente septième, Régiment Vendéen et Breton. Oh! Combien notre France vous aime, Des guerriers, vous êtes les champions bis A Chaumont-St-Quentin Quelle moisson de gloire. Les Prussiens vous ne les craigniez pas, Votre beau régiment Eut l'insigne victoire De capturer un drapeau allemand. Ce fut comme du délire, en France, On pavoisa en votre honneur; Du pays vous fûtes l'espérance. Partout retentit un chant vainqueur. A la Marne, jours sanglants De la suprême mêlée, Où la Patrie courait au trépas, Vendéens et Bretons, A la Fère, à Normée, Vous fûtes de vaillants soldats. Devant votre ardeur enflammée Les Boches tremblèrent de frayeur. Par vous, Chalons fut délivrée, Vous fîtes votre entrée en vainqueurs. D'Hébuterne, en la Somme - Meurtrière bataille - Le cent trente sept garde le souvenir. Contre les gâs de l'ouest Et contre leur mitraille Il n'y a pas de Boches qui puissent tenir. - 12 -

Les hommes d'attaque et de nettoyage Remplirent leur rôle en héros; A quinze cents mètres du village Ils poussèrent nos lignes plus haut. En Champagne Pouilleuse A la grande offensive, Le cent trente sept était encore là. Il nous faut son concours Pour la lutte décisive Celle qui finira les combats. Debout, soldats de Fontenay-le-Comte Pour écraser nos ennemis, Il faut enfin régler le compte Avec ces gens de barbarie. Butte de Tahure, Un soldat, E. R... - 13 -