18 Performance collective au rugby : une expérience collective et partagée IRMES, Paris La performance d une équipe de rugby dépend des capacités individuelles des joueurs (force, vitesse, qualités techniques et maîtrise tactique du jeu) et de l efficacité collective, qui se construit avec l expérience. Notre objectif a été d appliquer une méthode de mesure quantitative de cette performance, en collectant les feuilles des 183 matchs ayant engagé 235 joueurs (titulaires) de 2000 à 2015 pour le XV de France. Nous avons schématisé chaque match de la période à partir de l indicateur du nombre de sélections partagées cumulées. Ensuite, nous avons isolé les périodes en fonction des sélectionneurs. Pour Laporte, sur les deux mandats, le nombre de sélections partagées cumulées est d abord assez élevé, avant de fléchir, puis de remonter et d atteindre un pic au moment de la coupe du monde. Pour Lièvremont, le nombre de sélections partagées s établit d abord assez bas, avant d atteindre aussi un pic lors de la Coupe du monde. En revanche, Philippe Saint-André choisit un schéma de nombre de sélections partagées assez important, c est-à-dire qu il conserve le groupe de la précédente coupe du monde, puis maintient globalement ce niveau durant tout son mandat. Evolution du nombre de sélections partagées cumulées du XV de France Nous avons ensuite reconstruit graphiquement, pour chaque sélection en coupe du monde, les liaisons entre les 30 joueurs, le trait les reliant étant plus ou moins épais suivant le nombre de sélections déjà partagées. Les sélections de Laporte en 2003 et 2007 montrent un réseau de relations denses et équilibrées. Tous les joueurs ont déjà beaucoup joué ensemble.
19 Laporte 2003 Laporte 2007 Bernard Laporte a amené par deux fois un groupe très dense et équilibré L équipe emmenée en 2011 par Lièvremont montre un noyau de joueurs très liés entre eux et la présence d autres disposants d une moindre expérience commune. Lièvremont 2011 Marc Lièvremont a sélectionné un groupe très compact avec 3 joueurs en périphérie qui partageaient moins d expérience avec le groupe Le graphique représentant la sélection de Philippe Saint-André est plus clairsemé, avec des liaisons moins denses et un petit noyau central.
20 PSA 2015 Philippe Saint André n a pas sélectionné une équipe de même densité mais un groupe aux liaisons plus clairsemées, avec quelques centralités fortes L analyse du nombre de joueurs ayant déjà été titulaires avec tous les autres, plus de 25, entre 20 et 25, ou moins de 20 d entre eux, confirme le constat des graphes. Nombre de joueurs ayant été titulaires avec chacun des sélectionneurs La densité, soit le nombre de liens constatés divisé par le nombre de liens maximal possible, est importante pour les sélections de Laporte (97), plus faible pour celles de Lièvremont et encore davantage avec Philippe Saint-André. Chaque sélectionneur a un mode de sélection différent, générant des équipes caractéristiques dont les liens sont plus ou moins forts. L analyse des réseaux match par match pourrait mettre en évidence des équivalences structurales d une période à une autre et des créations d associations conduisant à la victoire. Nous pourrions décliner ce schéma au nombre de passes entre joueurs ou au nombre de placages ensemble, voire l appliquer à d autres sports collectifs.
21 Pour le match prévu samedi 19 septembre 2015, nous misons sur un fort noyau de joueurs ayant partagé de nombreuses sélections et la présence de quelques autres moins expérimentés, soit un schéma «Lièvremont». Composition probable pour France / Italie Questions-réponses avec l amphithéâtre Ces outils permettront peut-être de comprendre le système complexe présidant au succès d une équipe de rugby, voire de football ou de football américain, et de l appliquer à des sports engageant des équipes moins nombreuses, comme le basket. La position de Philippe Saint-André est très différente de celles de ces prédécesseurs. Pierre ROCHCONGAR Selon moi, cette analyse reflète la stratégie des entraîneurs, mais elle ignore des facteurs importants comme l âge des joueurs et le risque potentiel de blessures, qui constituent des contraintes et impactent les choix du sélectionneur. Effectivement, notre objectif sera de pondérer notre analyse par l introduction des indicateurs que vous avez évoqués, mais aussi l adversaire et le type de match. Cette remarque est d autant plus pertinente, que la thèse de Guillaume Saulière s oriente vers les expositions aux risques en fonction de la durée, de la quantité et de
22 l intensité des engagements, et bien entendu de l âge et de la performance en fonction de ce dernier. Marguerite DUPECHOT Tenez-vous compte des joueurs ayant l habitude de jouer ensemble dans les équipes du Top 14? Une autre étude en cours s y applique. Nous disposons d un certain nombre de bases, nous permettant d étayer nos études, mais pas de l ensemble des données sur les sélections juniors ou cadets, en club et en équipe nationale, qui n ont pas toujours été archivées.