Définition : rappel (différence entre prévision et prospective)



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Transcription:

Luc Boyer ; Novembre 2012 PROSPECTIVE ET MARKETING Définition : rappel (différence entre prévision et prospective) La prospective est une certaine vision de l avenir ; elle se distingue de la prévision par de nombreux points. La prévision se situe dans un horizon relativement connu avec des caractéristiques assez bien appréhendées ; en général, la prévision prolonge des tendances ou les inverse mais pratiquement dans tous les cas, part de notre connaissance du passé, du présent, des informations qu on peut acquérir sur un avenir pas trop lointain pour décrire les caractéristiques d un futur proche avec une marge d erreur ou d incertitude relativement faible. La prévision est pour l essentiel une prolongation de tendances le trend- avec plus ou moins d inflexion. Exemple : le PIB devrait se situer en 2013 entre zéro et un pour cent de croissance, en France. Pour faire une telle prévision, on partira de la croissance du 2 semestre 2012 (aujourd hui pratiquement connu à 0,1 % près) et on évalue les facteurs qui pourraient, à court terme, modifier le taux de croissance actuel. Par exemple, pour qu il y ait plus de croissance en 2013, il faudrait une augmentation sensible des investissements (publiques ou d entreprise), une confiance dans l avenir des citoyens/consommateurs qui entrainerait la croissance, un environnement européen ou mondial porteur autant de conditions qui semblent loin d être réunies. On peut, en conséquence, «prévoir»une croissance très faible ou nulle (voir même une récession, cad par exemple deux trimestres de croissance négative) Sachant, par ailleurs qu en dessous de 1 à 1,5 % de croissance du PIB, le taux de chômage a toutes les chances d augmenter, on peut «prévoir» un chômage en hausse l année prochaine.

La prévision peut se mettre en équation, en formules mathématiques, comme c est le cas pour la prévision des ventes à court ou moyen terme. Il y a fort longtemps, les pétrochimistes mondiaux m avaient demandé de construire un modèle prévisionnel -à 2/3 ans- des ventes des grands polymères plastiques, comme le PVC, le polyéthylène, le polypropylène J ai classiquement utilisé deux approches complémentaires : -Par l amont, en faisant l inventaire du potentiel de production des «steam crackers» et autres colonnes de distillation capables de transformer les monomères en polymères, véritables matières premières de l industrie des plastiques, des peintures et autres produits intermédiaires -Par l aval : il nous faut estimer la demande en produits finis. Par exemple sachant que 5 à 10 % des matières plastiques sont utilisés dans le bâtiment ou les travaux publics, il nous faudra estimer la prévision de construction de logements. Croisant l offre et la demande, nous aurons la possibilité de proposer une estimation (fourchette) qui sera notre meilleure prévision. Ce travail trouve tout son sens dans une vision de court ou moyen terme parce que la part d inconnu reste relativement faible : le calcul des probabilités pouvant apporter une aide précieuse pour appréhender le futur proche (j ai eu l occasion, jeune ingénieur, de suivre - pour le compte d une grande firme nationale la formation délivrée par l Institut de Statistiques, formation excellente, basique dont les effets demeurent longtemps après) Le prolongement de tendances trouve ses limites au fur et à mesure qu on s éloigne du moment présent. Tout se passe comme si un mur se dressait par exemple au-delà de deux ou trois ans et que divers facteurs exogènes ou endogènes à la firme- difficilement prévisibles ou contrôlables, seraient en mesure de venir perturber la réalisation des projets. Prospective et Marketing Cette dimension prospective va s appliquer différemment suivant les groupes de produits ou services qu on étudie :

-quelques mois pour des produits de consommation courante -quelques années pour des produits d investissement (produits bruns ou blancs, par exemple) Prenons, à titre d exemple, un cas extrême : Comme responsable de la Marine nationale, on vous demande de définir les caractéristiques d un porte-avions en vue de sa construction. La durée de vie d un porte avions est évidemment variable mais atteint normalement une cinquantaine d années. Pendant sa vie, cet engin va subir de nombreuses modifications ou adaptations (ex : remplacer la propulsion classique par une propulsion nucléaire) Mais quelles seront les conditions de combat ou d engagement de cette flotte particulière à horizon aussi lointain que ces 50 ans? Nous ne sommes plus dans le domaine de la prévision (le nombre d inconnus dépasse largement le nombre d équations possibles) : nous rentrons dans le champ de la Prospective ou, comme diraient les américains : What if? Quand on ne peut plus prolonger les tendances (aussi vrai en géopolitique que dans les actes de la vie courante) Il se trouve que les pionniers ont été les militaires américains (department of defense ) en matière de prospective appliquée. Certains experts prétendent même que cette discipline a largement favorisé le maintien de la paix dans la période si tendue de la guerre froide. Diverses méthodologies ont été ou sont pratiquées : la plus couramment utilisée est celle des scénarios : un scénario est en quelque sorte une hypothèse, une supposition, la description possible d un avenir. Les responsables vont être appelés à choisir et/ou construire soit un ou des scénarios les plus probables soit ceux qu ils souhaitent voir se réaliser. Le futur n est jamais totalement écrit : il se construit en partie. Suivant le scénario choisi, l action devra être plus ou moins forte pour que le «possible» devienne «probable» On va s efforcer d agir sur les divers acteurs et l environnement tant en ce qui concerne les facteurs déterminants (ceux qui caractérisent le scénario) que les facteurs discriminants (ceux qi le différencie des autres scénarios)

Le problème central est de s efforcer de prendre barre sur l environnement. Pour ce faire, on va s efforcer d agir sur les facteurs externes, sur les parties prenantes. Il y aura lieu de s appuyer au mieux sur les alliés(en ramenant les neutres dans le camp des alliés) et de neutraliser ou d isoler les adversaires irréductibles. Une bonne méthode classique est de dresser une liste de l ensemble de ces parties prenantes et d analyser leur comportement. Nous constatons que nous passons sans vraiment de solution de continuité de la prévision à la prospective mais les méthodes utilisées dans l une ou l autre des disciplines ne seront pas les mêmes. La prévision est modélisable, du domaine de l analyse.la prospective est pour une part du domaine de l imagination voire de l irrationnel (nous sommes dans l inconnu et un Jules Verne sera au moins aussi efficace qu un prix Nobel de mathématiques) Les arts (peinture, musique, poésie ) sont aussi utiles, sinon plus, que les sciences exactes. Aux deux niveaux que nous venons d analyser-prévision et prospective correspondent les deux niveaux du marketing : -un marketing de court terme, opérationnel au service de la vente et plus précisément du commercial, fournissant méthodes, outils, informations pour aider à la réalisation des prévisions de vente, ciblant les clients ou les prospects, revisitant à la marge les attributs du produit ou du service... -un marketing appelé souvent stratégique (c est pour certains, la version «noble» du marketing) qui va s intéresser au moyen ou long terme en s efforçant de déceler les besoins, les motivations, les mouvements en profondeur de la Société en particulier l évolution les comportements du client/consommateur. Cette deuxième approche d identifier, en anticipant, les produits ou services à imaginer pour le futur : la voiture électrique, la maison écologiquement équilibrée, la formation le long de la vie, le service à la personne sont, entre autres, quelques-uns de ces exemples de champ de développement d un marketing stratégique. L analyse de la valeur viendra utilement compléter la réflexion marketing. Notons que des mouvements contestataires plus ou moins issus du courant écologique réfutent ce rôle «noble» du marketing. A leurs yeux, le marketing

n est là que pour aider à imposer aux consommateurs les produits de l entreprise, que ceux-ci correspondent ou non à leurs besoins. Regardons, à l aide d une étude réalisée il y a 3 ou 4 ans et dont nous venons de (re)valider les résultats, les scénarios prospectifs de la communication et du marketing. Description des scenarii Les mutations externes Préambule Il nous a apparu important de dresser un panorama synthétique des grandes tendances en matière de communication et du marketing. Ces tendances ne sont plus des signaux faibles. Elles sont mesurables, observables et déjà bien installées dans notre quotidien. Elles bouleversent le monde du markeying en lui imposant de nouvelles normes, une remise en question de ses connaissances sur le consommateur, de nouveaux outils et de nouveaux usages dont on ne perçoit que très imparfaitement les implications futures. Nous en avons distingué douze qui ont émergé des entretiens que nous avons menés avec nos experts et de notre revue de la littérature. Ces douze tendances sont des tendances consensuelles. Les acteurs interrogés s accordent à dire de façon presque certaine qu elles sont installées sur le marché de façon durable. Les tendances consensuelles Tendance 1 Le crowd sourcing et l innovation ouverte La première tendance est l importance prise par les contenus générés par le consommateur. Que ce soit son activité sur les forums, les billets postés, les évaluations, le consommateur parle, juge l entreprise et participe, de plus en plus, à la co-création des stratégies marketing et des campagnes publicitaires. Le crowd sourcing qui regroupe ces activités est un néologisme inventé par les deux rédacteurs en chef du magazine Wired 1. Le crowd sourcing est une technique d externalisation de la production photographique, des idées, de la créativité mais cette externalisation ne repose pas sur la mobilisation des compétences de professionnels mais de celles de la foule, de millions d internautes 1 C est dans un article de Wired de juin 1996 que Jeff Howe et Mark Robinson ont lancé le concept de crowd sourcing.

anonymes. Il est à différencier de la Wikinomie 2 représentée par les projets open-source ou des initiatives comme celle de Wikipedia qui sont des productions de groupe sans signal marketing ou appel d offre et sans système de rémunération ou de récompense défini. Néanmoins, dans les deux cas, Internet tient lieu d Idéagora ou de place de marché à idées (Tapscott et Williams, 2006). Tendance 2 La mobilité service Les médias mobiles suivent les aspirations des consommateurs. Le succès du baladeur préfigurait ce besoin du consommateur de s évader pendant ses trajets. L écoute de la radio en voiture procédait du même principe. Le mobile est, aujourd hui, le média de la mobilité par excellence. Il est celui de la connexion à l autre mais également grâce aux smartphones de la la navigation sur Internet, de l écoute de la musique, du téléchargement de vidéos en ligne et bientôt de la télévision. Il regroupe déjà selon le dernier Médiamétrie Netratings près de 10 millions de visiteurs uniques avec des sites surreprésentés par rapport à l Internet fixe comme Orange ou Facebook. Au delà du divertissement, il s inscrit dans une recherche de service : mapping, actualités, horaires et état des transports etc Cette notion de service se retrouve dans la géolocalisation, phare du M-commerce de demain (le commerce par le mobile). La publicité s insère dans ces mécaniques de services en prenant différentes formes comme les SMS push ou promotionnels ou les annonces sur les applications. Tendance 3 La croissance exponentielle de ce qui marche : gratuité, service, bêta Internet est l initiateur de nouvelles courbes de cycles de vie. Les croissances de certains acteurs sont exponentielles avec, semble-t-il, une accélération du phénomène. Google a connu une forte croissance relancée par des innovations services majeures. Il a fondé son succès sur : L offre de service et la simplicité notamment en matière publicitaire (le paiement au clic) La gratuité sur le marché de la recherche, de l édition, de la téléphonie (Google voice) Le recours systématique aux tests produits (produits bêta) qui permettent de mesurer l échec (Google Buzz) ou les succès futurs avec précision Gratuité, Service et Bêta se trouvent en grande partie chez Facebook. A contrario, des sociétés majeures de l écosystème numérique peuvent disparaître en quelques mois d où une tendance 2 Tapscott D., & Williams, A. (2006), Wikinomics: How mass collaboration changes everything, New York: portfolio.

certaine à la concentration du marché, sa diversité étant entretenue par l arrivée d acteurs d autres secteurs (téléphonie, constructeurs informatiques) attirés par cet eldorado. Tendance 4 Le mythe de la dématérialisation, la réalité de la dépossession La dématérialisation est un mythe. En effet, le support (DVD, papier) change mais il existe toujours sous forme numérique. Par contre, ce support a une influence directe sur la gestion des flux d information composant l objet numérique. Ce dernier est «partageable», diffusable à l infini et «éco-responsable». Cette numérisation s accompagne d une forte externalisation. Les ressources sont hébergées sur des services distants, des nuages (cloud computing) dont Internet devient la pierre angulaire. L informatique dans les nuages permet de gérer les données de communautés d utilisateurs dépendants d une technologie propriétaire dont ils ne sont pas maîtres. Tendance 5 La délinéarisation, cheval de Troie du ROI (return on investment) Les modèles économiques publicitaires étaient fondés sur la rencontre entre une audience et un programme à un moment donné. Le coût GRP (gross rating point) varie en fonction de l audience. Le Prime, les grands rendez-vous télévisuels, le 7-9 de la radio vont voir peu à peu leur audience s émietter au profit d usages consommateurs délinéarisés grâce au podcast, à la catch-up Tv et des programmes à la demande (VOD) Cette délinérisation aura une influence directe sur les modes d achats de l audience. La valeur temps du média-planning va disparaître. La reconstitution de la répétition et même celle de la couverture seront d autant plus délicates que la multiplication des points de contact avec le consommateur (multicanalité) va rendre difficile l évaluation de l impact publicitaire. Les ratios d efficacité commerciale aideront à la généralisation de publicités ciblées, interactives permettant un basculement automatique sur des mini-sites dédiés promotionnels ou sur le site de l annonceur. Le retour sur investissement sera le maître mot d un média-planning atomisé (définitions différentes de la performance, ratios différents ). Les acteurs de la mesure (Médiamétrie, Nielsen, Kantar) devront sans cesse innover pour suivre le parcours du consommateur sur mobile, sur Internet et à travers les médias traditionnels. Tendance 6 Le marketing est mort, vive le marketing réactionnaire

Cette expression «La mort du marketing» rassemble plus de 1600 occurrences sur Google. Hors, un consensus semble se dessiner qui porte sur l apparition d un nouveau marketing. Quelques observations sont à mettre en avant : L émetteur et le récepteur ne sont plus aussi distincts. Sur le marché des conversations, les relations C to C (de consommateur à consommateur) dominent les relations B to C ou B to B. Le marketing n est pas mort mais il est en profonde mutation. Le consommateur regagne une partie du pouvoir car il dispose d un média (Internet). La persuasion devient plus subtile. Il ne suffit pas de dire que mon produit est le meilleur et de le prouver. Il faut que les consommateurs se fassent ambassadeurs de la marque pour gagner en légitimité auprès de mes cibles La transparence, l authenticité sont des «valeurs marketing» qui reviennent en force La capacité à créer de l attention, le pouvoir de viralité, le jeu sont des éléments incontournables de publicités réussies. Le marketing des réseaux ou du lien implique que les marques sont confrontées à de nouveaux acteurs : les réseaux eux-mêmes mais aussi les blogueurs, les influenceurs, des individus ni réellement consommateurs, ni réellement marketeurs. Toutefois, le nouveau marketing peut, aussi, être qualifié de marketing réactionnaire. Le marketing de l Internet remet au goût du jour les vieilles recettes et tue dans l œuf les nouvelles innovations en matière de discours des marques. Nous donnerons trois illustrations de ce phénomène : Le retour du souci de la performance publicitaire même si le courant du branding (centré sur l image de la marque, sa notoriété) semble relever la tête dans les discours, du moins. La performance est associée à la publicité-réclame, preuve en est le développement des publicités textuelles sur le Net sans aucune créativité. La redécouverte de vieux modèles de persuasion publicitaire comme le modèle AIDA (attention, intérêt, désir, achat) qui date de la fin du XIX ième siècle et dont Google Adwords s est emparé dans son discours commercial. La fin de certaines innovations marketing récentes comme le story telling. Le story telling repose sur l utilisation des mythes en publicité. Ce détournement des grandes histoires de l humanité par les marques est en passe d être remise en cause par la publicité sur le Net. Le mythe s adapte mal aux publicités interactives et aux formats de l Internet. Les tentatives de story telling par les réseaux sociaux (on amène le consommateur à raconter une histoire

personnelle entre lui et la marque) sont bien éloignées du souffle créatif initial du story telling ainsi que de sa portée symbolique et culturelle. Tendance 7 Un monde de l hyperchoix et de sources cachées L hyperchoix se retrouve partout : dans la production de contenus, d offres, d informations, de produits et de services, de sollicitations publicitaires, d e-mails et de vidéos virales. La longue traîne, concept phare du Web 2.0 qui montre que l atomisation est aussi source d enrichissement à la marge justifie en soi cet hyperchoix. Les conséquences sur le consommateur sont peu ou mal définies. Le consommateur dit expert s adapte, peu à peu, en tapant des requêtes de plus en plus précises. Néanmoins, les limites cognitives du consommateur ne peuvent être repoussées. Elle laisse la place à des stratégies de filtrage des informations qui accordent l avantage à la crédibilité de la source. Hors la source est difficilement identifiable (viralité de l information, marque qui parle derrière un consommateur ou un influenceur etc ). Le marché des conversations est saturé. Tendance 8 Le rapport difficile au temps Le temps est-il le temps du consommateur ou du producteur? Qui orchestre le temps sur Internet? Difficile à dire Des produits comme Google Instant illustre cette tendance de la seconde comme étalon d un Internet toujours plus rapide. Les temps de connexion sont pris en compte dans les critères de qualité et d évaluation des performances des sites. Le temps est une ressource limitée qu il faut protéger. Un des axes de développement d une publicité efficace passe par cette prise en compte du temps du consommateur. La lutte contre les spams, le capping (plafond d exposition d une publicité à un même consommateur) montre que le recours à une publicité «qui ne fait pas perdre son temps» au consommateur devient indispensable. Tendance 9 : La fin des tribus marketing, le pouvoir des tribus identitaires Les communautés, le marketing tribal donnent lieu à des stratégies et tactiques innovantes qui ont renouvelé les générations d idées, les tests de concepts, la communication sur bien des points. Les marques font partie de l identité des jeunes consommateurs. Selon une étude menée par le cabinet Edelman Strategy one, 86% des jeunes adultes indiquent leur préférence pour une marque sur Internet. La marque fait partie de l identité des individus et devient le socle de communautés actives et agissantes. Ce critère identitaire côtoie l appartenance ethnique et religieuse. Hors, il apparaît que les groupes purement ethniques ou identitaires sur

Facebook tendent à se développer. Le socle de la communauté n est plus pour certains, la marque, mais sa communauté religieuse, ethnique voire régionale. Tendance 10 Le shopping social, un nouveau testimonial Le pouvoir de recommandation des consommateurs s exprime dans le domaine du shopping social ou commerce social. Les achats, leur localisation, la satisfaction client, le coup de cœur pour un magasin, tout cela peut être partagé via des applications sur mobile comme Foursquare ou des sites comme Dismoioù et diffusées sur sa page Facebook ou son fil Twitter. La monétisation de ces recommandations est possible et permet la croissance de nouveaux acteurs comme les applications sur mobile qui couplent recommandation, réseau social et géolocalisation. Tendance 11 Play again ou la nouvelle créativité numérique L univers du jeu prend une place de plus en plus importante sur le Net tant en terme de design que de mécanique publicitaire. Le jeu comporte, en effet, un aspect divertissement et implication qui manque, parfois, à la publicité d aujourd hui. Enfin, le jeu s adapte aux réseaux sociaux et augmente leur viralité (je joue entre amis, je fais jouer mes amis). Les graphistes des jeux vidéos se voient copiés ou recrutés par des agences en quête d un nouveau style créatif, d une nouvelle créativité numérique. Tendance 12 Chacun veut faire le métier de l autre Google se lance dans la création et le média-planning. Facebook veut se transformer en réseau social, moteur de recherche et boîte mail. Le mobile déclenche toutes les convoitises, des constructeurs informatiques en passant par les Pure Players. Les régies issues des médias traditionnels proposent des packages incluant la création, le média-planning sous forme d opérations 360. Ces glissements stratégiques incessants illustrent les hésitations des grands groupes, des nouveaux entrants et des acteurs installés. Chacun en voulant faire le métier de l autre cherche à anticiper les grandes tendances de demain. Nous conclurons par certains points qui semblent polémiques et n ont pas trouvé d accord ni dans la littérature, ni chez nos experts : La fin ou le renforcement du copyright La spécialisation des moteurs de recherche ou le maintien de leur caractère généraliste La fin de la publicité contextuelle avec la fin des cookies

L évolution du consommateur avec une large palette de possibilités du consommateur résistant à un consommateur raisonnable dans sa consommation en passant par un consommateur se projetant dans une consommation toujours plus ostentatoire et frénétique Les futurs maîtres de l Internet : Google, le réseau social Facebook ou un franc-tireur qui saura prendre des positions dominantes sur un secteur en forte expansion qui pourrait être celui du e-commerce mobile. Enfin, l influence du Web 3.0 sur la publicité est difficile à décrire. Il donnera plus de précisions aux recherches et donc permettra de relancer le secteur des liens commerciaux et de parfaire le référencement naturel. Il est possible de penser que ce Web sémantique amènera d autres usages encore difficilement imaginables. Le flou des modèles d affaires est largement évoqué et pourrait provoquer la mort de certains médias comme la presse ou la télévision. Le flou des modèles d affaires : l exemple de la télévision La mort définitive de la télévision serait rendue possible par trois facteurs (Huet 3, 2006) : La démédiation La dépendance économique des groupes médias La déprofessionnalisation des activités audiovisuelles La démédiation remet en cause le modèle économique des chaînes de télévision. Le métier de ces dernières est d agréger des contenus via une grille de programmation en vue de capter l audience et de la vendre à des prix différents en fonction des moments de la journée (plus cher en Prime, moins cher en DayTime). A ce modèle de rendez-vous appelé aussi modèle de l horloge, se substitue un autre modèle que Huet (2006) nomme «modèle du Juke Box». Le consommateur décide de ce qu il veut voir, quand il veut être exposé et comment. L estimation du prix d un spot en fonction de l audience rassemblée autour d un programme n a plus de sens dans ce modèle. On assiste à l émergence d une économie de réseau dans laquelle la source de valeur va se situer entre le navigateur et le serveur de contenu. Néanmoins, les grandes chaînes de télévision restent des marques. Elles ont un capital relationnel et de confiance fort avec certaines cibles (les seniors notamment). La protection de leur capital marque peut et doit passer par une réaffirmation de leurs positionnements 3 Huet F. (2006), Plus d images, moins de télévision, discussion d un scénario d évolution et de convergence pour l industrie des médias, Colloque international «Mutations des industries de la culture, de l information, de la communication».

respectifs. La dépendance économique des groupes médias est vue comme une possible mise sous tutelle des chaînes télévisées par les opérateurs Télécoms et les groupes informatiques. La remontée des opérateurs sur la couche contenu leur permettrait de maîtriser l ensemble de la chaîne de valeur. Toutefois, les récents accidents industriels de groupes ayant souhaité avoir une maîtrise totale du contenant et du contenu plaident, non pas pour une filière intégrée, mais pour une synergie intelligente entre les fournisseurs de contenus et les supports de contenus. Si le redéploiement stratégique des groupes médias est indispensable, le pouvoir n est pas aux mains des acteurs de l Internet. Certes, la diffusion en streaming leur permet de s affranchir des coûts astronomiques de la bande passante. Néanmoins, leur succès sur ce marché va aussi dépendre de leur capacité à offrir des services aux consommateurs. Cela passe par une personnalisation des offres et pas seulement par une simple exploitation de larges bases de données clients. Le dernier point à souligner est la déprofessionnalisation des activités audiovisuelles. Le consommateur utilise des APIS, est producteur de Mashups, met en ligne ses photos, réalise des vidéos que l on retrouve sur Youtube, produit de la musique Les chaînes pourront tirer partie de cette créativité individuelle et collective en captant ce contenu à l instar de TF1 à travers des sites dédiés ou des blogs. Il reste à découvrir de nouvelles formes d hybridation entre la sphère du marchand et celle du non marchand. L illustration de ces différents modèles et le tâtonnement des acteurs du marché peut se résumer à quelques initiatives illustrant le rapprochement du monde de l Internet et de la télévision : Le modèle du contenu avec Joost, ce contenu étant financé par une publicité interactive et extrêmement personnalisée Le modèle de la délinéarisation avec France Télévision qui se lance sur des contenus podcastés sur le Net Le modèle de la diversification par les usages avec TF1 qui réfléchit à des offres ayant une déclinaison Internet par cibles Le modèle de la convergence absolue téléphone-télévision-ordinateur avec Google TV En un mot, la description des futurs possibles des médias, des acteurs de l Internet, du consommateur représente un véritable défi pour le monde du marketing et de la

communication. Un monde plus que jamais ouvert à des influences différentes, celles des technologies et des acteurs du Net.

Les scénarii liés aux mutations externes sont synthétisés dans les deux tableaux suivants. Le premier tableau récapitule l ensemble des scénarii et la classification suivie. Le deuxième tableau liste les effets de ces scénarii sur les métiers ou groupes de métiers. Cette classification a été réalisée en fonction d un certain nombre de thématiques émergentes de la littérature, de nos entretiens d experts individuels et de nos entretiens de groupes (schéma 1). Ces thématiques sont des thématiques marchés, marketing (c est à dire liées au cosnommateur) et technologiques. Liés au marché Place du numérique Valeurs du numérique Évolution des médias Liés au consommateur Rapport au temps Rapport au numérique Liés à la technologie Évolution des supports Maîtrise des données Schéma 1 : la classification des scénarii externes par grandes thématiques L intégration des différents scénarii aux thématiques est présentée dans le tableau 1 :

Impacts métiers Scénarii principaux Sous-scénarii Liens entre scénarii Liés au marché Place du Complexité des approches Le scénario de la limitation et Scénario : le numérique clients de la croissance atone consommateur Prédominance des résistant approches par segments Eclatement des modèles d achat Fin de la loi Sapin La publicité ATAWAD Le scénario du tout 1. Le pouvoir des Scénario : le Le Smartphone média dominant du marché numérique : des géants de l e-commerce au médiamobile plateformes 2. L intégration des acteurs du e-commerce consommateur ubiquitaire Guerres de l Internet Le scénario de l Internet Marché à terme oligopolistique média unique ou le choc des titans Groupes cohérents

d offres de service Place centrale du média Internet pour l ensemble des communications Emergence des grands éditeurs de sites comme médias de demain Valeurs du Monétisation des Le scénario de la guerre des 1. Le scénario du numérique contenus contenus transmédia social et des Automatisation contenus des contenus scénarisés 2. Le scénario des écrivains de l Internet Nouvelles formes de communication scénarisées et de publicités masquées Couplage de différents Le scénario de la perte de 1. Le scénario de la valeur modèles d affaires valeur ou la crise de la vraie Renforcement du recours gratuité 2. Le scénario de la valeur juste

au copyright Numérisation enrichissante de la presse Nouveaux modes d approche du consommateur 3. Le scénario de la valeur partagée 4. Le scénario de la diffusion digitale 5. Le scénario du recentrage sur le consommateur Evolution des Spécialisation des médias Le scénario des effets de médias par fonction mode, des croissances exponentielles et des chutes abyssales La télévision fonction Le scénario de sociale l enrichissement fonctionnel L affichage fonction et de la délinéarisation totale commerciale La radio fonction sociale et locale La presse fonction de l information immédiate

et de l hypertexte Le cinéma fonction du divertissement Navigation par les usages Publicité vendue par Hubs Fin des sites Internet Le scénario de la convergence : le pouvoir des Hubs Révolution complète des métiers commerciaux Liés à la Evolution des Dématérialisation des Le scénario de l outil miracle Scénario de la technologie supports médias et de l identification unique donnée Big Brothers La «Life Wall» comme outil ludique, de travail et d information Scénario des Jedi de la réalité augmentée Apparition des éditeurs de jeux vidéos dans l univers publicitaire (régies Le scénario des Jedi de la réalité augmentée

publicitaires) Publicité sensorielle et multisens Maîtrise des Avènement du Web 3.0 Le scénario de la donnée Big Scénario : le données Modification de la Brothers et des fusions consommateur recherche d information concentrations ubiquitaire Augmentation du coût de l espace publicitaire Redécouverte des médias traditionnels pour des raisons de coûts Emergence d acteurs issus Le scénario de la sécurisation 1. Le scénario de la Scénario de la du monde de la sécurité des données ou la labellisation éthique donnée Big Brothers informatique comme catastrophe du Fake 2. Le scénario du tout régies publicitaires sécuritaire 3. Le scénario de l Internet à deux vitesses Liés au Rapport au La publicité choisie sous Le scénario «A la recherche 1. Le scénario du temps consommateur temps forme de catalogue du temps perdu» choisi numérique de 2. Le scénario du temps gagné

fournisseurs Rapport au Le caractère paradoxal du Le scénario du 3. Le scénario du numérique consommateur consommateur chef consommateur La difficile gestion du consommateur en terme de communication d orchestre équivoque 4. Le scénario du consommateur stratège 5. Le scénario du L avènement du consommateur marketing ethnique et des ubiquitaire réseaux sociaux fermés 6. Le scénario du consommateur résistant 7. Le scénario du consommateur communautaire Tableau 1 : synthèse des principaux scénarii externes