Un week-end de «guérison»



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Transcription:

Un week-end de «guérison» Témoignage Une jeune femme de 36 ans fait le récit d une «consultation de psychothérapie systémique» qu elle a suivie en 2007 auprès d un thérapeute, proche du fondateur des Béatitudes qui l a formé à la relation d aide. Je connaissais M. depuis très peu de temps. La première fois qu il m a parlé de R.B. c était à l occasion d un week-end à la campagne entre amis, et seulement la deuxième fois que je le voyais. Compte tenu du contexte social et amical de ce groupe d amis, je me sentais en totale sécurité. M. a tout de suite vu que j étais fragile (j étais en effet sortie de l hôpital psychiatrique trois mois auparavant et j étais encore sous traitement) ; très vite, il m a fait dire que ce n était pas la grande forme, alors qu en fait je ne me sentais pas si mal que ça. Il m a alors aussitôt parlé de «cet ami» qu il fallait que je rencontre : «c est Dieu qui parle au travers de cet homme ; en une journée il t explique toutes les causes et origines de ton mal-être et tu sors guérie : dans ta vie, il y a alors un avant et un après». Je suis intriguée En réalité je n en ai pas besoin, je suis actuellement suivie par une très bonne thérapeute qui me convient parfaitement et avec qui j avance bien. Mais M. m en reparle à d autres occasions, l air à chaque fois de ne pas vouloir insister Finalement la curiosité fait son chemin et, me justifiant par une coupure de deux mois et demi durant l été avec ma thérapeute, je prends rendez-vous avec ce fameux R.B. (exceptionnellement, parce que M. est un ami de R.B., j ai accès à son numéro de téléphone portable personnel, et non pas son numéro de fixe, ce qui me permet de le joindre plus facilement car R.B. est en fait très difficile à joindre ). Je voulais savoir ce qu il allait bien pouvoir me dire, moi qui savais déjà plus ou moins pourquoi j avais pu aller mal. De toute façon, cela ne pouvait pas me faire de mal Rendez-vous est pris un vendredi deux mois plus tard, à 9 heures, dans sa maison familiale près d Arcachon. La «consultation» doit durer toute la journée.

Vendredi matin Je suis reçue par la femme de R.B. de façon très amicale, familiale : les enfants sont là, de tous âges, ils partent à l école, aidés par leur mère à préparer leurs cartables, toute dans son rôle de mère. Une famille nombreuse, une mère, des enfants tout mignons sûrement rien de dangereux ici! La consultation va en fait se dérouler avec R.B. et sa femme Fanette 1. D emblée, R.B. me demande d écrire sur une feuille vierge qu il me tend les prénoms de mes frères et sœurs, de mes parents et de leurs parents respectifs (mes grands-parents, donc). A partir de là, R.B. va se lancer dans de grandes explications sur les relations existantes entre les différents membres de ma famille. Il ne m aura donc, avant de commencer la consultation, posé aucune question sur moi-même, sur la raison qui me poussait à venir le voir, et sur mon état psychologique, (il n aura donc pris aucune précaution à cet égard alors que je suis encore dans un état psychologique fragile et encore sous traitement médicamenteux important). En voyant les prénoms que j ai inscrits sur la feuille, R.B. et Fanette s exclament en chœur : «Hou là là!! en effet!!», «votre cas est particulièrement grave», «on comprend pourquoi vous êtes là!!», etc. ça y est, déjà il sait. Le ton est donné. De mon côté, je suis surprise, mais satisfaite que quelqu un comprenne enfin et admette que je puisse aller mal. Quelqu un qui en plus est là pour m aider à me sortir de là A partir de là, R.B. va parler, parler, parler, sans me laisser en placer une. Il ne me pose aucune question, mais m explique, me raconte mon histoire ; il n a pas besoin de mes explications, de mon point de vue, de mes réponses car «il sait», et d ailleurs, si je l interromps pour manifester ma désapprobation, il m explique pourquoi je me trompe, et pourquoi j ai tort. Il m explique tout d abord que je ne m appelle pas ANNE-Hélène pour rien, car maman s appelle ANNEgnès et ma grand-mère s appelle ChristiANNE : une lignée de «ANNE», donc une transmission de la grand-mère à la petite fille en passant par ma mère. Développements, ensuite, sur la place prédominante, et même de chef de famille autoritaire, prise par la sœur aînée de maman dans la famille : ce n est Les prénoms ont été changés.

pas totalement faux, en fait il se trouve que c est même tout à fait vrai et je commence à perdre ma lucidité et mon discernement A l issue de la matinée, qui se termine tard, 13h30/14h, je n ai quasiment pas parlé ; R.B. a parlé toute la matinée, cité la Bible à tout bout de champ, et la conclusion est ni plus ni moins que je suis une enfant battue et maltraitée! Nous déjeunons ensemble dans le jardin, au soleil, bénédicité et grâces, et R.B. et Fanette me suggèrent de nous tutoyer, je suis en effet une bonne amie d un de leurs bons amis, alors Vendredi après-midi Cette fois, on quitte toute rationalité Je m assois, je n ai plus qu à regarder. Fanette va partir en transe et vivre, sous mes yeux, ce que contient mon subconscient. (Ce serait de la «systémie»?) Fanette «devient» alors une petite fille, terrorisée, qui ne parle pas, et qui est tellement apeurée qu elle va se cacher sous le bureau. R.B. m explique alors, qu elle, Fanette, n est plus là : la petite fille apeurée qui se cache sous le bureau est la personne qui se trouve dans mon subconscient, il ne sait pas de qui il s agit mais va le lui demander. S adressant alors à Fanette, R.B. lui demande comment elle s appelle : Fanette refuse de répondre. R.B. m explique qu elle est trop petite pour parler, cette «petite fille» ici présente a environ deux ans. R.B. lui demande alors si elle s appelle Anne-Hélène? : «non» fait-elle de la tête ; Agnès? «non plus» Christiane? «oui», opine-t-elle alors de la tête. C est donc ma grand-mère maternelle qui serait là sous le bureau, prostrée, apeurée et refusant de parler. «Il va falloir l approcher, l amadouer, comprendre ce qui lui est arrivé pour qu elle soit dans cet état là», me dit R.B. Fanette refuse de répondre aux questions et commence à se lacérer les bras (vraiment) avec les punaises qu elle trouve dans le dernier tiroir du bureau, à sa hauteur. R.B. tente de l en empêcher, car elle se fait vraiment mal, mais elle manifeste une grande force et s oppose violemment à son mari afin qu il ne l empêche pas de se faire mal. Au fur et à mesure que R.B. lui retire les punaises, Fanette en prend d autres dans le tiroir. R.B. est obligé de vider le tiroir et Fanette se recroqueville à nouveau, les bras, cette fois-ci entièrement lacérés

Cet épisode passé, R.B. tente de la calmer afin de la «faire parler». Fanette étant une enfant qui ne parle pas encore, R.B. lui soumet une feuille de papier blanc et lui demande de dessiner : là, elle dessine, maladroitement mais très clairement, un personnage dont elle lacère violemment les bras, comme elle se l est fait, et dont elle griffonne violemment le sexe : «Eh bien voilà, c est évident» me dit R.B., «ta grand-mère s est fait violer lorsqu elle était toute petite». Il tente d en savoir plus : par qui? son père? «non» répond Fanette ; un ami de son père? «non» ; «un prêtre?» demande R.B.? «non» : nous ne saurons pas par qui ma grand-mère se serait fait violer. L important, cependant, est alors de rassurer cette petite fille, qu elle accepte de se laisser approcher et réconforter. Et ceci va encore durer au moins trois heures... Comprenant que Fanette ne veut pas parler aux adultes, auxquels elle confirme à R.B. qu elle ne fait pas confiance, R.B. lui propose alors une poupée qui se trouvait là dans le bureau en décoration (c est une poupée ancienne qui semble avoir de la valeur) : «cette poupée veut te parler, elle t aime, etc.». Mais Fanette lui arrache la robe, tente de lui arracher les cheveux, et R.B. la lui retire car il sait que sa femme y tient beaucoup. R.B. me donne de l eau de Lourdes et me dit de tenter de prendre Fanette dans mes bras et de la laver avec cette eau, ce que je refuse de faire, trop mal à l aise ; R.B. s en charge alors. R.B. lui propose alors un poupon qu il présente comme étant l enfant Jésus : là, elle commence timidement à se laisser approcher, et, maladroitement, accepte la présence du poupon près d elle mais ne le prend pas dans ses bras comme R.B. le lui suggère. Parallèlement à toute cette mise en scène, R.B. m explique ce que je dois comprendre de tout cela : «- Ta grand-mère s est fait violer et a gardé en elle une petite fille «sale», celle qui s est fait violer ; - pour s en débarrasser, elle a donné naissance à ta mère ; - ta mère, qui souhaitait exorciser et exterminer cette «petite fille sale» en elle, t a donné naissance : tu étais son objet de revanche, son défouloir pour exterminer cette petite fille sale. C est ainsi que, toute ton enfance,

elle t a battue, humiliée, frappée, jeté des mauvais sorts 2, etc. Aujourd hui, elle continue encore, mais de façon plus perverse, c est de la violence et de la maltraitance psychologique ; - toi, tu as accepté tout cela, tu as accepté ta mission, ton rôle ; tu l as même tellement accepté que même tu en jouis, et que plus ta mère te bat et te violente, plus tu aimes cela (!!!)» Alors que petit à petit Fanette s apaise et se laisse approcher, R.B. me demande de sceller un pacte avec la petite fille qui est en moi : je ne dois plus aimer souffrir, je ne dois plus aimer être battue par maman. Il m écrit le pacte sur un bout de papier et procède à un petit cérémonial destiné à matérialiser mon engagement (je crois qu il déchire, ou me fait déchirer, un papier sur lequel il avait inscrit quelque chose comme «j aime quand maman me fait souffrir», «plus maman me fait souffrir, plus je suis heureuse»). Là je ne me souviens plus bien, mais cela se termine, au bout de quatre heures au moins de cette mise en scène, sur une «réconciliation» avec la petite fille qu interprète Fanette : celle-ci a accepté de se laisser prendre dans les bras, elle refait confiance aux adultes qui l entourent et comprend qu ils ne lui veulent pas de mal mais simplement la protéger, elle a signé des pactes avec la «grande» Anne-Hélène qui a promis de ne plus jamais laisser un adulte lui faire du mal, qui a promis de la protéger quoiqu il arrive ; elle a compris, donc, qu il ne pourrait plus jamais rien lui arriver. Fanette se «réveille» alors et découvre ses bras lacérés : «que s est-il passé?» interroge-t-elle. R.B. le lui explique et, en effet, cela lui revient. Dans son «rêve» à elle, ce n était pas des punaises, mais des aiguilles à tricoter... Par ailleurs, elle s aperçoit que sa poupée de collection est définitivement abîmée mais n en est pas si désolée, ce n est pas une surprise. Ce soir là, Fanette, qui a été confrontée à un cas «particulièrement lourd», qui a vécu une «systémie» particulièrement éprouvante, nous avoue être crevée, et R.B. me demande si nous pouvons exceptionnellement terminer la séance, à savoir la phase «guérison», «réparation» (il me parle de faire une séance d EMDR 3, par exemple) le lendemain matin. J accepte. Ils me proposent de revenir dîner en famille, puisque je suis seule à l hôtel à 10 mètres de chez eux. J accepte à nouveau. Je tiens à préciser que mes parents ne m ont jamais maltraitée et qu il n y a jamais eu dans la famille une quelconque rumeur de viol. Eye Movement Desensitization and Reprocessing (Mouvement des yeux, désensibilisation et retraitement (de l information)), thérapie utilisée dans le traitement du syndrome de stress post-traumatique..

Vendredi soir Lorsque j arrive une heure plus tard pour le dîner, Fanette m explique qu elle ne va pas bien, qu elle a de la fièvre, et, après avoir préparé le dîner avec les enfants, s excuse en milieu de repas, et monte se coucher. Dîner familial sympathique avec les enfants. Ils sont sept mais seuls les plus jeunes sont là, disons quatre ou cinq enfants, de sept à seize ans. Samedi matin Je reviens le lendemain pour terminer la séance dans la matinée. Fanette est couverte de plaques rouges, sur le visage, sur les bras. «Ne t en fais pas», me dit-elle «cela arrive, j ai l habitude, cela fait partie du métier». Nous reprenons la séance. Je ne m en souviens plus bien, si ce n est que R.B. en est venu à me demander ce que ma mère faisait comme travail. Et c est là que je réponds que maman travaille... à l ADFI! R.B. change alors de ton (quoique je me dis aujourd hui qu il ne change en fait pas vraiment de ton, son ton est depuis le début dur, autoritaire, et sans appel). Mais cette fois-ci il s énerve : l ADFI est une émanation gouvernementale dangereuse, qui cherche à leur nuire, eux les envoyés de Dieu, l ADFI c est le diable, ils sont dangereux, il faut se méfier d eux, etc. R.B. revient sur maman qui devient alors le diable lui-même, qui a vendu son âme au diable et fricote avec le diable : «N y a-t-il pas des moments où votre mère n est pas à la maison? où vous ne savez pas où elle est? où vous ne savez pas ce qu elle fait? Si? Eh bien moi je vous le dis, votre mère fricote avec le diable, elle a des activités parallèles noires, etc. Sous prétexte de lutter contre les sectes, c est elle-même un gourou, ce n est d ailleurs pas étonnant qu elle travaille à l ADFI, et vous êtes son adepte, vous êtes totalement asservie à votre mère, puisqu elle vous manipule et que vous aimez ça, etc., etc.» Ses propos deviennent alors violents : «Votre mère c est le diable ; vous, vous êtes une pute (sic), vous êtes la pute de votre mère, tous vos petits amis depuis que vous avez 16 ans, c est pour votre mère que vous les avez ramenés à la maison, et c était pour votre mère : votre mère est une proxénète et vous une pute, etc.» 9

J en prends encore comme ça pendant trois heures le samedi matin, et comme nous n avons toujours pas entrepris les thérapies guérisseuses (je ne sais pas vraiment de quoi il va s agir), R.B. et sa femme me proposent de déjeuner avec eux et de reprendre l après-midi. Nous déjeunons en famille. En effet, nous sommes samedi : tous les enfants sont là à table avec nous, et, comme à chaque repas, R.B. et Fanette me confient à Dieu à l occasion de leur bénédicité. Samedi après-midi Cette séance consistera juste à faire le point. «Alors», résume R.B. : «Vous coupez totalement toute relation avec votre mère ; votre père également car il a été complice de tout ce que votre mère vous a fait ; et vos frères aussi car ils sont issus de vos parents.» «Il faut recommencer votre construction à zéro puisque vous n avez jamais pu vous construire : vous allez donner votre congé à votre bailleur, et allez habiter dans un foyer que nous allons vous trouver. Vous trouverez là enfin, un père et une mère auprès desquels vous pourrez recommencer votre construction à zéro dans un foyer rempli d amour.» Il m envoie chez un couple dans la banlieue sud de Paris. «Je vais vous donner le nom d un professeur de yoga que vous irez voir toutes les semaines» et il me donne effectivement une adresse à Paris. Enfin, il me donne également le nom d un prêtre à aller voir dorénavant toutes les semaines. Nous en resterons plus ou moins là. Il est 16h, 16h30 : je serai finalement restée près de deux jours. Le départ Je n en peux plus, je souhaite partir et donc, pour cela, payer. Mais R.B. n aborde pas la question, parle de choses et d autres. C est donc moi qui pose la question. Là, R.B. est clairement mal à l aise. Il ne veut pas me dire le prix et s étonne 10

que M. ne me l ait pas donné. Il me demande si j ai de l argent liquide et s étonne, là encore, que M. ne m ait pas prévenue qu il me fallait venir avec du liquide. Je lui explique que je n ai pas de liquide, ce qui le contrarie, et qu en tout état de cause, je refuse de payer en liquide. Il m indique alors que c est plus cher car il lui faut, dans ce cas là, payer la TVA Mon chèque s élève à près de 900 euros. Au moment de partir, R.B. et Fanette, qui avaient été «si chaleureux» pendant deux jours, si attentifs à MON cas, tout entiers en empathie avec moi, me disent, l un «au revoir Marie-Hélène», l autre «au revoir Anne-Sophie» Aujourd hui, maman est décédée. Elle n était pas au courant de cette démarche et je frémis à l idée que je ne l aurais peut-être jamais revue si j avais suivi les prescriptions de R.B. et son épouse. 11