Comparaison des états financiers d une entreprise et d une banque



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Transcription:

CHAPITRE 1 Comparaison des états financiers d une entreprise et d une banque Ce e comparaison met en évidence des différences, liées aux par cularités des ac vités bancaires. 1.1 DESCRIPTION SUCCINCTE DES ACTIVITÉS BANCAIRES En tant que client, chacun connaît la banque ges onnaire des moyens de paiement, cartes et chèques notamment mais aussi tout virement ou prélèvement sur un compte courant. S y ajoute, la fonc on majeure de distributeur de crédits : pour les par culiers, crédits immobiliers, crédits à la consomma on (notamment automobiles, équipement ménager), et pour les entreprises, crédits à l exporta on ou de ges on de trésorerie à court ou moyen terme. Parmi les ressources figure une spécialité bancaire : les comptes à régimes (fiscaux) spéciaux tels que les PEL (plan épargne logement), les CEL (comptes épargne logement), les CDD (comptes de développement durables), les PER (plan épargne retraite), les PEA (plan d épargne en ac ons). Dans la plupart des cas, ces différents comptes, les dépôts à vue et à terme reçus de la clientèle ne suffisent pas à financer les prêts accordés. Les banques doivent donc se refinancer auprès des marchés. Les émissions d obliga ons et de cer ficats de dépôt négociables u lisent des références de taux variables, pas toujours dans leur monnaie de fonc onnement, alors qu il est préférable pour la clientèle d emprunter auprès des banques à taux fixe. Celles-ci se

18 INTRODUCTION À LA COMPTABILITÉ BANCAIRE servent d instruments financiers dits de «couverture» pour réduire leurs risques. Les banques ont en outre développé des ac vités de marché pour compte propre, parfois dans des propor ons importantes. Que ce e ac vité soit ou non filialisée à l avenir, elle restera dans le bilan consolidé des banques. Mais en cas de pertes sur ces ac vités, les comptes sociaux des filiales perme raient un suivi facilité pour les pouvoirs publics, désireux de ne pas subven onner ces déficits, et pour les inves sseurs et les analystes financiers. 1.2 PRÉSENTATION DES BILANS EN NORMES IFRS D UNE ENTREPRISE ET D UNE BANQUE On rappellera que les normes interna onales sont applicables aux comptes consolidés des groupes cotés, alors que les normes françaises restent applicables aux comptes sociaux. Pour mémoire, la norme IAS 1, «Présenta on des états financiers», ne fournit qu une liste des postes à présenter au minimum pour chaque état, à compléter si nécessaire pour comprendre la situa on financière de l en té. Elle impose également que soient dis ngués les ac fs et passifs courants et non courants. Ce e dernière no on ne correspond pas aux ac vités bancaires. Le Conseil na onal de la comptabilité (CNC), devenu Autorité des normes comptables (ANC), a publié en 2009, avec actualisa on en 2013, trois recommanda ons rela ves au format des états financiers sous référen el comptable interna onal : une pour les entreprises hors banque et assurances, une pour les assurances et une pour les banques ; ce qui témoigne de la nécessité de différencier la présenta on des comptes des entreprises financières. Les recommanda ons de l ANC fournissent également des modèles pour les états complémentaires, qui ont un caractère obligatoire dans leur principe, mais non dans leur forme : Un état du résultat net et des gains et pertes comptabilisés directement en capitaux propres. Cet état reprend le résultat net, qui con nue à être détaillé dans le compte de résultat consolidé et

COMPARAISON DES ÉTATS FINANCIERS D UNE ENTREPRISE ET D UNE BANQUE 19 énumère les gains et pertes comptabilisés directement en capitaux propres, par exemple : les écarts de conversion résultant de la conversion des bilans des en tés consolidées libellés en devises ; la réévalua on des ac fs financiers disponibles à la vente ; la réévalua on des instruments dérivés de couverture de flux de trésorerie et d inves ssement net en devises. Des explica ons sont données sur ces no ons aux 4.2.3, 6.3.4, 8.3.2. Un tableau de varia on des capitaux propres. Un tableau des flux de trésorerie ne e. Par ailleurs, IAS 1 fournit des indica ons sur la manière de composer l annexe, qui fait par e intégrante des états financiers : principes comptables, détails des postes significa fs. Les informa ons rela ves aux instruments financiers, par culièrement importantes pour les banques, sont traitées dans l IFRS 7 ; ce e norme fait l objet de développements au 6.4.2. L entreprise industrielle A et la banque universelle B, dont les états financiers vont servir de support à une comparaison entre les deux secteurs, sont toutes deux des sociétés dont les ac ons sont cotées au CAC 40. Les documents de référence d Air Liquide et de la Société Générale ont été reproduits en tant qu exemples représenta fs. Si on compare les bilans présentés dans les pages qui suivent, quelles sont les principales divergences entre ces bilans? En quoi reflètentelles les spécificités de chacun de ces secteurs d ac vité? Quel est l ordre de présenta on des comptes, par quels postes commencent l ac f et le passif et pourquoi? Quels sont les postes les plus importants pour chacune des entreprises? Quels postes significa fs existent dans un bilan et pas dans l autre? Pour faciliter la lecture de ces états financiers, des défini ons et commentaires sont fournis pour certains postes.

20 INTRODUCTION À LA COMPTABILITÉ BANCAIRE BILAN CONSOLIDÉ DE L ENTREPRISE A (Chiffres arrondis, en Mds ) ACTIF % / TOTAL BILAN (*) Année N-1 Année N Écarts d acquisi on (1) 19 % 4,6 5,1 Autres immobilisa ons incorporelles 3 % 0,6 0,7 Immobilisa ons corporelles 49,3 % 12 12,8 Ac fs non courants 17,2 18,6 Ac fs financiers non courants 2 % 0,4 0,4 Titres mis en équivalence 1 % 0,2 0,2 Impôts différés ac fs (2) 1,5 % 0,3 0,4 Instruments dérivés ac fs non courants (3) ns ns Autres ac fs non courants 1 1,1 TOTAL DES ACTIFS NON COURANTS 18,2 19,7 Stocks et encours 3 % 0,8 0,8 Clients 11,6 % 2,8 2,8 Autres ac fs courants 2 % 0,4 0,4 Impôt courant ac f ns ns Instruments dérivés ac fs courants (3) ns ns Trésorerie et équivalents de trésorerie 7 % 1,5 1,2 TOTAL DES ACTIFS COURANTS 5,9 5,3 TOTAL DES ACTIFS 24,1 25 (*) Moyenne Année N-1-Année N. (1) Les écarts d acquisi on correspondent à l excédent de la valeur d achat des en tés contrôlées sur le montant net de leurs ac fs et passifs ; ce poste doit faire l objet de tests de déprécia on à chaque arrêté comptable. Des explica ons complémentaires figurent au 9.1.2. (2) Dans les normes IAS/IFRS, l impôt afférant à une charge non déduc ble au tre d un exercice et entrant dans l assie e de l impôt de cet exercice, mais qui deviendra déduc ble au cours d un exercice ultérieur, est comptabilisé en «impôt différé ac f», par contrepar e d un compte de produit ; les entreprises doivent s assurer qu il existe des possibilités réelles de récupéra on. (3) Les postes «Instruments dérivés ac fs» courants et non courants enregistrent la valorisa on posi ve des instruments financiers à terme.

COMPARAISON DES ÉTATS FINANCIERS D UNE ENTREPRISE ET D UNE BANQUE 21 PASSIF % / TOTAL BILAN (*) Année N-1 Année N Capital 6,8 % 1,6 1,7 Primes 0,5 % 0,1 ns Réserves 26,8 % 6,6 7 Ac ons propres 0,5 % (0,1) (0,1) Résultat net Part du groupe 6,4 % 1,6 1,6 Capitaux propres du groupe (40 %) 9,8 10,2 Intérêts minoritaires 1 % 0,2 0,2 TOTAL DES CAPITAUX PROPRES 10 10,4 Provisions et avantages au personnel 7,9 % 1,9 2,2 Impôts différés passif (1) 4,7 % 1,2 1,1 Emprunts et de es financières non courantes 24,5 % 5,7 5,8 Autres passifs non courants 1 % 0,2 0,2 Instruments dérivés passifs non courants (2) 0,5 % 0,1 0,1 TOTAL DES PASSIFS NON COURANTS 9,1 9,4 Provisions et avantages au personnel 1 % 0,2 0,2 Fournisseurs 8 % 2 1,9 Autres passifs courants 5 % 1,2 1,3 Impôts à payer 1 % 0,2 0,2 De es financières courantes 4,9 % 1,4 1,5 Instruments dérivés passifs courants (2) ns ns TOTAL DES PASSIFS COURANTS 5 5,1 TOTAL DES PASSIFS ET DES CAPITAUX PROPRES 24,1 25 (*) Moyenne Année N-1-Année N. (1) Dans les normes IAS/IFRS, l impôt afférant à un produit non imposable au tre d un exercice et venant en déduc on de l assie e de l impôt de cet exercice, mais qui deviendra imposable au cours d un exercice ultérieur, est comptabilisé en «impôt différé passif», par contrepar e d un compte de charge. (2) Les postes «Instruments dérivés passifs» courants et non courants enregistrent la valorisa on néga ve des instruments financiers à terme.