Le bain des moineaux Le bain des moineaux L'automne est sec et chaud. La veine d'eau fraîche de la rivière attire d'autant plus les oiseaux. Entre les graviers éclatant de blancheur sour le soleil de midi, l'eau, sur le fond moussu, est d'un riche brun mordoré, verdi par le reflet des saules. Le ciel y met de larges plaques d'azur virant au noir, tandis que le soleil pique des étoiles d'or au retroussi des vaguelettes. Tapi dans un creux entre le talus et un buisson, j'étouffe de chaleur ; je n'en apprécie que mieux la fraîche chanson de l'eau, je partage le plaisir des oiseaux qui viennent boire et se baigner.
Couple de friquets Des moineaux friquets, surtout, bonnet marron, collier blanc, tache noire sur la joue. Parmi eux, quelques moineaux domestiques. Ils se laissent tomber des saules, au bord des galets, trempent leur poitrine, s'éclaboussent de battements d'ailes qui soulèvent des gerbes de perles brillantes. Les uns remontent dans le feuillage, d'autres descendent. Soulcies et friquet
Parmi eux, deux oiseaux plus grands et d'un beau jaune : des bruants. Ils ne se baignent pas. Mais voici un bruant zizi au sourcil et à la gorge noirs. Pariade de bruants des roseaux
Sur un îlot de gravier, la bergeronnette des ruisseaux, balançant sa longue queue, marche d'un pas dansant entre les cailloux, sautille de côté et d'autre après un insecte, soulève une feuille mouillée. Elle s'élève en fusée, étalant l'éventail bordé de blanc de sa queue, son ventre jonquille, pique un éphémère et retombe. Bergeronnette des ruisseaux moucheronnant
Les merles d'eau sont chez eux. Posés sur une pierre au milieu du courant, ils étalent leur bavette blanche sur leur ventre replet, une paupière blanche cligne sur leur petit oeil bridé. Merle d'eau et glaçons Et puis ils basculent, disparaissent, reparaissent en laissant glisser l'eau sur l'ardoisé soyeux de leur dos, élèvent un instant leur tête marron au bec retroussé, replongent, reparaissent, replongent. Cincle plongeur
Et voici, le long des saules, une poule d'eau. Prudente, élégante, elle sort du couvert en levant bien haut ses pattes vertes, hochant nerveusement de sa queue noire et blanche. Elle reste très longtemps à piquer de côté et d'autre, puis fait toilette tout à loisir, à moitié cachée par les branches retombantes. Poule d'eau
Poule d'eau et rat d'eau Tout près de la poule d'eau, le merle d'eau plonge et ressort de l'onde. Un autre passe devant elle comme un trait. Les oiseaux continuent à se laisser tomber sur la rive, à s'éclabousser. Pouillot véloce
Couple de serins Le soleil fait briller comme des joyaux les taches colorées de leur plumage : le jaune du croupion des modestes petits serins, la barre d'or de l'aile du verdier et du chardonneret. Verdier chantant Chardonnerets
Voici encore un rouge-gorge, Rouge-gorge sur les branches givrées
Nid de pipit des buissons un pipit spioncelle. Couple de pipits spioncelles en parade nuptiale
Pouillot siffleur chantant Le pouillot véloce chasse dans le branchage. Le troglodyte alarme sous les buissons, on entend le cri doux du mouchet. Troglodyte
Le lendemain, tout aussi beau temps. Je suis aussi bien caché, personne ne me dérange. Pourtant, il y a moins d'oiseaux. Sous les saules, point de poule d'eau, mais un gros chat blanc. Il se glisse, ne trouve rien et s'en va à travers le gravier, sa queue noire en point d'interrogation. Je ne prétends pas que c'est lui qui éloigne les oiseaux. Epervier et moineaux Légende de la gravure «Je passais en vélo le long d'un labour. Un épervier a levé une bande de moineaux. Il a tendu ses pattes (on ne croirait jamais, à les voir repliées dans le plumage, qu'elles puissent être si longues), a saisi l'un d'eux. Sans doute n'avait-il pas faim car, quelques mètres plus loin, il l'a lâché et le moineau a repris son vol sans dommage. J'ai vu l'épervier avec acuité, traité plus évasivement les moineaux et très sommairement le labour.»
Le mâle du moineau domestique parade, la femelle le pique aux fesses D'ailleurs il en vient, les mêmes et quelques autres, une femelle de bruant de roseaux, joliment rayée. Tiens, parmi les serins verdâtres, une bavette noire : un tarin. Les nordiques, les montagnards se sont mis en route pour le Sud, pour la plaine, malgré la chaleur. Je vais faire un tour le long de la rivière mordorée et bleue, je tombe sur une troupe de sizerins, semblables aux tarins mais roux, tachés de cramoisi au front. Eux aussi sont nordiques ou montagnards. Très agités, ils ne tiennent pas en place et trouvent à peine le temps de toucher l'eau. Bientôt dans le brouillard et le givre, le petit cri plaintif et très doux des tarins fera lever les yeux vers les oiseaux suspendus, tête en bas, tête en haut, aux fruits des aulnes. Robert Hainard Un couple de tarins (mâle en bas) Gravures, encres et croquis de Robert Hainard Le Crapaud à lunettes N 210, 14 novembre1969 Rubrique Découverte de la nature Marie Madeleine Defago Paroz/150419