Cela lui fut imputé à justice. Lecture de l épître de Saint-Paul aux Romains, chapitre 3, versets 27 à 31 et chapitre 4 versets 1 à 25 :



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Transcription:

Cela lui fut imputé à justice Lecture de l épître de Saint-Paul aux Romains, chapitre 3, versets 27 à 31 et chapitre 4 versets 1 à 25 : Où donc est le sujet de se glorifier? Il est exclu. Par quelle loi? Par la loi des œuvres? Non, mais par la loi de la foi. Car nous pensons que l'homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi. Ou bien Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs? Ne l'est-il pas aussi des païens? Oui, il l'est aussi des païens, puisqu'il y a un seul Dieu, qui justifiera par la foi les circoncis, et par la foi les incirconcis. Anéantissons-nous donc la loi par la foi? Loin de là! Au contraire, nous confirmons la loi. Que dirons-nous donc qu'abraham, notre père, a obtenu selon la chair? Si Abraham a été justifié par les œuvres, il a sujet de se glorifier, mais non devant Dieu. Car que dit l'écriture? Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice. Or, à celui qui fait une œuvre, le salaire est imputé, non comme une grâce, mais comme une chose due ; et à celui qui ne fait point d'œuvre, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice. De même David exprime le bonheur de l'homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres : Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées, Et dont les péchés sont couverts! Heureux l'homme à qui le Seigneur n'impute pas son péché! Ce bonheur n'est-il que pour les circoncis, ou est-il également pour les incirconcis? Car nous disons que la foi fut imputée à justice à Abraham. Comment donc lui fut-elle imputée? Était-ce après, ou avant sa circoncision? Il n'était pas encore circoncis, il était incirconcis. Et il reçut le signe de la circoncision, comme sceau de la justice qu'il avait obtenue par la foi quand il était incirconcis, afin d'être le père de tous les incirconcis qui croient, pour que la justice leur fût aussi imputée, et le père des circoncis, qui ne sont pas seulement circoncis, mais encore qui marchent sur les traces de la foi de notre père Abraham quand il était incirconcis. En effet, ce n'est pas par la loi que l'héritage du monde a été promis à Abraham ou à sa postérité, c'est par la justice de la foi. Car, si les héritiers le sont par la loi, la foi est vaine, et la promesse est anéantie, parce que la loi produit la colère, et que là où il n'y a point de loi il n'y a point non plus de transgression. C'est pourquoi les héritiers le sont par la foi, pour que ce soit par grâce, afin que la promesse soit assurée à toute la postérité, non seulement à celle qui est sous la loi, mais aussi à celle qui a la foi d'abraham, notre père à tous, selon qu'il est écrit : Je t'ai établi père d'un grand nombre de nations. Il est notre père devant celui auquel il a cru, Dieu, qui donne la vie aux morts, et qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient. Espérant contre toute espérance, il crut, en sorte qu'il devint père d'un grand nombre de nations, selon ce qui lui avait été dit : Telle sera ta postérité. Et, sans faiblir dans la foi, il ne considéra point que son corps était déjà usé, puisqu'il avait près de cent ans, et que Sara n'était plus en état d'avoir des enfants. Il ne douta point, par incrédulité, au sujet de la promesse de Dieu; mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu, et ayant la pleine conviction que ce qu'il promet il peut aussi l'accomplir. C'est pourquoi cela lui fut imputé à justice. Mais ce n'est pas à cause de lui seul qu'il est écrit que cela lui fut imputé ; c'est encore à cause de nous, à qui cela sera imputé, à nous qui croyons en celui qui a ressuscité des morts Jésus notre Seigneur, lequel a été livré pour nos offenses, et est ressuscité pour notre justification. 1 Introduction : L Association des Groupes Bibliques Universitaires de France est, à mon avis, une association formidable. Pour quelles raisons? Je pourrais en nommer beaucoup, comme par exemple, le fait que je m y suis fait des très bons amis ; que j y ai rencontré des personnes qui m ont fait progresser dans la foi et qui m ont donné envie de faire de l enseignement de la Bible mon métier ; que j y ai rencontré ma femme ; et aussi qu on y a comme principe qu on ne peut pas interpréter un texte si on ne l a pas d abord observé correctement. Et puis, il y a cette idée très importante qu il faut lire les textes dans leur contexte. C est particulièrement important pour nous ce soir, parce que notre texte commence ainsi. V.27 : «Où donc est le sujet de se glorifier?». Dans notre texte, Paul tire les conséquences de ce qu il a dit auparavant. En fait, c est à tout le début de la lettre que Paul fait référence avec ce «donc». Le but de Paul en écrivant aux Romains est simple : il a un vif désir de leur annoncer l Evangile ; cet Evangile de Dieu qui avait été promis auparavant de la part de Dieu par ses prophètes dans les saintes Écritures, et qui concerne son Fils (né de la postérité de David, selon la chair, déclaré Fils de Dieu avec puissance, selon l'esprit de sainteté, par sa résurrection d'entre les morts), Jésus Christ notre Seigneur ; cet évangile qui est aussi une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec. Car le Grec, c est-à-dire le non-juif, est sous la colère de Dieu parce qu il refuse de recevoir la révélation que Dieu donne de 1 La Bible, version Segond, Romains 3.27-4.25.

lui-même dans la nature. L homme corrompu fait tout ce qu il peut pour supprimer cette connaissance intuitive qu il a du Dieu vivant et vrai et essaie de le remplacer par des idoles, des dieux à sa mesure qu il peut maîtriser. C est pourquoi les Grecs, les non-juifs, ont besoin de salut. Mais les Juifs aussi en ont bien besoin. Car alors que Dieu s est révélé aux Juifs d une manière toute spéciale, en leur donnant une parole écrite, ils n ont pas non plus été capables de respecter sa volonté, et ils se sont aussi rebellés contre lui, soit par le moyen de l irréligion en rejetant ouvertement Dieu comme l illustre la parabole du fils prodigue soit par le moyen de la religion en essayant de gagner l approbation de Dieu par ses propres forces comme essayait de le faire le frère du fils prodigue. La colère de Dieu se révèle ainsi du haut du ciel contre tous les hommes, Juifs et non-juifs, ceux qui avaient sa Loi dans sa Parole et ceux qui l avaient seulement dans leur conscience. Car il n y a personne qui cherche Dieu, personne qui soit juste. L humanité laissée à elle-même est condamnée. Les Juifs comme les non-juifs ont besoin d être sauvés. Et la puissance que Dieu emploie pour sauver des Juifs et des non-juifs, c est l Evangile, la nouvelle joyeuse de ce que Dieu a fait dans l Histoire par Jésus-Christ pour tous ceux qui mettent leur confiance en lui. Et c est là que nous arrivons au v.27 : «Où donc est le sujet de se glorifier?». Dans le texte que nous étudions aujourd hui, Paul veut tirer les conséquences de ce qu il a dit précédemment. Ces conséquences, il les amène sous la forme des trois questions que nous trouvons à la fin du chapitre 3. Il y répond d abord de manière très brève, mais ensuite au chapitre 4, il développe sa pensée. Quelles sont donc les conséquences qu il veut tirer de l Evangile qu il vient de présenter? - Premièrement, c est ce que nous voyons au v.27-28 : «Où donc est le sujet de se glorifier? Il est exclu. Par quelle loi? Par la loi des œuvres? Non, mais par la loi de la foi. Car nous pensons que l'homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi». Puisque nous sommes sauvés par Jésus-Christ et non par nos propres forces, alors ça veut dire que notre salut est un pur don dont nous ne pouvons aucunement nous glorifier. - Deuxièmement, et c est ce que nous voyons au v.29-30 : «Ou bien Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs? Ne l'est-il pas aussi des païens? Oui, il l'est aussi des païens, puisqu'il y a un seul Dieu, qui justifiera par la foi les circoncis, et par la foi les incirconcis». Si nous sommes sauvés par grâce, alors ce salut ne concerne pas seulement les Juifs mais aussi les païens. - Troisièmement, et c est ce que nous voyons au v.31 : «Anéantissons-nous donc la loi par la foi? Loin de là! Au contraire, nous confirmons la loi». Si nous sommes sauvés par grâce, alors non seulement nous n anéantissons pas la loi, mais au contraire nous la confirmons. Car tout l Ancien Testament nous a été donné pour nous faire connaître le salut en Jésus-Christ. Voici le sommaire du chapitre 4, et c est ce que nous allons voir maintenant en regardant comment Paul développe ces trois conséquences qu il a formulées sous la forme de trois questions : (i) où donc est le sujet de se glorifier? (ii) Dieu n est-il pas aussi le Dieu des païens? (iii) Anéantissonsnous donc la Loi par la foi? I. Où donc est le sujet de se glorifier? (v.1-8) C est à cette question que Paul répond dans les v.1-8 : 1. Il n y a pas sujet de se glorifier car Abraham lui-même n avait pas sujet de se glorifier. (v.1-3) Remarquez d abord la question que Paul pose au v.1 : «Que dirons-nous donc qu'abraham, notre père, a obtenu selon la chair?». L exemple qu il prend d Abraham est important. Pourquoi? Parce que, nous dit Paul, c est notre père. Qu est-ce qu il veut dire par là? Clairement, Abraham était le père des Juifs, car c était de lui qu était issue cette nation mais, nous explique la suite du texte, Abraham était aussi le père spirituel des croyants non-juifs, comme l établiront les v.16-17, car il est «notre père à tous». Mais si même Abraham n a pas eu sujet de se glorifier, si même il n a rien pu obtenir selon la chair, c est-à-dire par ses propres forces, en étant livré à lui-même, alors c est que personne ne peut se vanter de quoi que ce soit dans son salut. V.2 : «Si Abraham a été justifié par les œuvres, il a sujet de se glorifier». Il s agit là d un principe que Paul va développer : si nous pouvons être déclarés justes par nos œuvres, alors c est que nous sommes la cause de notre salut et que nous pouvons nous en vanter. Mais Paul explique à la fin du verset qu Abraham ne peut se glorifier de rien devant Dieu. Et pour prouver ce qu il dit, il ouvre simplement sa Bible et regarde ce qui est écrit. V.3 : «Car que dit l'écriture? Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice».

Nous rencontrons ici, pour la première fois dans ce chapitre, la notion d imputation. C est une notion comptable, bancaire même. Imputer, c est mettre au compte de, c est créditer Abraham crut à Dieu, et cela lui fut mis à son compte, à justice, c est-à-dire de manière positive Ainsi ce n est pas par les œuvres qu Abraham a été déclaré juste, mais c est parce qu il a cru à Dieu. C est pourquoi Paul continue son argumentation : 2. Il n y a pas sujet à se glorifier car l homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la Loi. (v.4-8) Paul oppose ici deux principes : soit on est sauvé grâce au bien qu on a fait et au mal qu on n a pas commis, soit on est sauvé malgré le bien qu on n a pas fait et le mal qu on a commis. Le premier principe, c est celui de la justification par la Loi, par les œuvres. C est celui qui dit : «J obéis à Dieu, et donc il me doit quelque chose». V.4 : «Or, à celui qui fait une œuvre, le salaire est imputé, non comme une grâce, mais comme une chose due». On retrouve l idée d imputation. Pour ceux d entre vous qui reçoivent une paye, le mécanisme est le suivant : vous travaillez, et, à la fin du mois, votre salaire est imputé à votre compte bancaire. Ce n est pas un don, ce n est pas une grâce, mais c est une chose due, que vous avez méritée, parce que vous avez fait une œuvre, vous avez travaillé. Le principe de la justification par la Loi, c est exactement ça : «je fais des choses pour Dieu, et donc il me doit quelque chose». Ce principe s oppose au principe de la justification par la foi : «Dieu fait quelque chose pour moi et le met à mon compte». V.5 : «et à celui qui ne fait point d'œuvre, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice». Remarquez la force de ce propos. Dieu est présenté comme «celui qui justifie l impie», c est-à-dire qui déclare juste celui qui vit d une manière indigne de Dieu, qui est pécheur. Comment cela est-il possible? C est parce que Jésus a vécu la vie que nous devrions tous vivre et qu il a souffert la mort que nous devrions tous souffrir. La conséquence, c est qu il paie à notre place la dette que nous avions envers Dieu (il remet notre compte à zéro) et en plus, il crédite notre compte de sa propre justice. Et comment pouvons-nous être au bénéfice de l œuvre du Christ? C est en croyant «en celui qui justifie l'impie», car la foi nous est alors imputée à justice. Ça ne veut pas dire que notre foi soit elle-même méritoire. Ce n est pas notre foi qui nous sauve, car si c était le cas, alors nous aurions encore sujet de nous glorifier, ce que l Apôtre vient de réfuter. La foi est la main qui nous permet de saisir le salut qui est en Christ, c est le lien qui nous unit à lui et qui fait que son compte en banque devient notre compte en banque. La foi, c est ce qui permet d avoir un compte joint avec le Christ, alors qu il est crédité devant Dieu de mérites infinis qui annule nos propres démérites individuels. Et donc, si la justice du Christ nous est imputée, alors sa justice devient notre justice, nous sommes justes aux yeux de Dieu si nous mettons notre foi en Christ. Le processus de l imputation a donc deux faces. D un côté la justice du Christ nous est imputée, mis à notre compte, et de l autre nos péchés ne nous sont plus imputés, ils ne sont plus comptés, ils disparaissent de notre compte. C est pourquoi nous lisons dans les v.6-8 : «De même David exprime le bonheur de l'homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres : Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées, Et dont les péchés sont couverts! Heureux l'homme à qui le Seigneur n'impute pas son péché!». Alors, avez-vous la foi? Êtes-vous uni au Christ par la foi? Avez-vous un compte-joint avec lui? Et si l en est ainsi, «Où donc est le sujet de se glorifier? Il est exclu. Par quelle loi? Par la loi des œuvres? Non, mais par la loi de la foi. Car nous pensons que l'homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi». Nous ne pouvons pas nous vanter, parce que ce n est pas comme un salaire que le salut nous est donné, mais nous pouvons nous enthousiasmer, parce que, alors que nous sommes plus méchants et plus pécheurs devant Dieu que ce que nous aurions jamais pu penser, nous sommes en même temps, par Jésus-Christ, plus aimés et plus acceptés de Dieu que ce que nous n aurions jamais osé espérer. Si le salut ne dépend pas de ce que nous faisons, mais de notre confiance mise en Dieu, ça veut dire que toutes sortes d hommes peuvent y accéder. C est pourquoi nous nous tournons vers notre deuxième question : II. Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs ou est-il aussi celui des païens? (v.9-22) Dans les v.9-22, Paul va montrer qu il n y a qu un seul Dieu, et que Dieu est donc le Dieu aussi bien des Juifs que des païens. Il ne veut pas dire par là que tous les hommes (les Juifs, les Chrétiens, les musulmans, les animistes, les bouddhistes, les athées) adorent en fin de compte le même Dieu, mais il veut dire que l on peut être sauvé par le seul vrai Dieu, que l on soit Juif ou païens, à une seule condition : qu on mette sa foi en Christ. Comment prouve-t-il cela?

1. Dieu est aussi le Dieu des païens, car la circoncision n est pas la cause de l imputation mais le signe et le sceau de la justice obtenue par la foi (v.9-12) V.9-10 : «Ce bonheur n'est-il que pour les circoncis, ou est-il également pour les incirconcis? Car nous disons que la foi fut imputée à justice à Abraham. Comment donc lui fut-elle imputée? Était-ce après, ou avant sa circoncision? Il n'était pas encore circoncis, il était incirconcis». Si le salut est par la grâce, au moyen de la foi, alors pourquoi Dieu a-t-il donné des règles à respecter, et en particulier la circoncision? Est-ce que ça ne veut pas dire que c est en respectant les règles établies par Dieu qu on va être sauvé en recevant le salut comme un salaire, comme une chose due? Paul répond à cette objection en examinant le cas de la circoncision. Est-ce que c est la circoncision qui sauve? Jamais de la vie! Pourquoi? Parce qu au moment où Abraham fut déclarée juste par Dieu, au moment où sa foi lui fut imputée à justice, Abraham avait moins de 86 ans, et ce n est que des années plus tard, à l âge de 99 ans qu Abraham fut circoncis. Et donc qu est-ce que ça veut dire? Ca veut dire qu Abraham a été déclaré juste alors qu il était encore un païen, il a été déclaré juste alors qu il n était pas encore circoncis. Ainsi, la circoncision n était pas la cause de l imputation. Mais alors, pourquoi Dieu a-t-il donné la circoncision à Abraham? Ce n était pas pour lui donner un moyen d être déclaré juste (car il l était déjà), mais pour confirmer ses promesses, pour attester ses promesses. V.11-12 : Et il reçut le signe de la circoncision, comme sceau de la justice qu'il avait obtenue par la foi quand il était incirconcis, afin d'être le père de tous les incirconcis qui croient, pour que la justice leur fût aussi imputée, et le père des circoncis, qui ne sont pas seulement circoncis, mais encore qui marchent sur les traces de la foi de notre père Abraham quand il était incirconcis. La circoncision était le signe et le sceau de la justice qu il avait obtenue par la foi, c était le signe, la confirmation dans sa chair des promesses de Dieu qu il était sauvé par la seule grâce de Dieu. La circoncision n était pas d abord un signe d appartenance ethnique. C était avant tout le signe de la régénération, de la nouvelle naissance, de la foi. La circoncision n a donc jamais sauvé personne, comme le baptême, qui est le correspondant non-sanglant de la circoncision pour la nouvelle alliance, n a jamais sauvé personne. Mais les sacrements, le baptême comme la cène, nous sont donnés pour attester des promesses de Dieu que celui qui croit en Jésus-Christ sera sauvé. Et pour cette raison, Abraham n est pas seulement le père de ceux qui sont circoncis dans la chair, car la circoncision désignait avant tout la réalité de la foi, et donc tous ceux qui croient en Christ sont circoncis en leur cœur. Dieu est donc aussi le Dieu des païens, car la circoncision n était pas la cause de l imputation, mais le signe et le sceau de la justice obtenue par la foi. Et ce n est pas tout! 2. Dieu est aussi le Dieu des païens, car l alliance conclue par Dieu avec Abraham et sa postérité est fondée sur la promesse et non sur l obéissance (v.13-22). v.13 : «En effet, ce n'est pas par la loi que l'héritage du monde a été promis à Abraham ou à sa postérité, c'est par la justice de la foi». La circoncision est devenue plus tard le symbole de la Loi. A partir du moment où la Loi fut donnée par Dieu a son peuple, tous ceux qui étaient circoncis étaient tenu de respecter cette loi. Mais Abraham avait reçu la promesse de l héritage du monde à quel moment? Etait-ce quand il fut circoncis à l âge de 99 ans? Non, c était bien, bien avant. Et donc qu est-ce qu il faut en conclure? C est que «c'est par la justice de la foi» que «l'héritage du monde a été promis à Abraham ou à sa postérité» et non par la Loi. D ailleurs, la Loi ne pouvait pas permettre d hériter des promesses de Dieu. Pourquoi? V.14-15 : «Car, si les héritiers le sont par la loi, la foi est vaine, et la promesse est anéantie, parce que la loi produit la colère, et que là où il n'y a point de loi il n'y a point non plus de transgression». Paul a déjà montré qu on recevait soit la justice de Dieu comme une récompense, comme un salaire, soit comme un cadeau, comme une grâce. Mais Dieu avait fait à Abraham des promesses inconditionnelles. L alliance conclue avec Abraham était fondée sur la promesse de Dieu et non sur l obéissance d Abraham. Et donc, si Dieu avait donné la Loi de Moïse pour que les hommes soient sauvés par elle, ça aurait premièrement voulu dire que Dieu se contredisait et qu il annulait les promesses faites précédemment, et deuxièmement ça aurait voulu dire que l homme ne pouvait plus être sauvé. Pourquoi? «Parce que la loi produit la colère», parce que la Loi nous fait connaître notre péché et fait donc abonder la transgression mais qu elle n est pas capable de nous transformer. «Nul ne sera justifié devant lui par les œuvres de la loi, puisque c'est par la loi que vient la connaissance du péché» (Rom 3.20). V.16-17 :

C'est pourquoi les héritiers le sont par la foi, pour que ce soit par grâce, afin que la promesse soit assurée à toute la postérité, non seulement à celle qui est sous la loi, mais aussi à celle qui a la foi d'abraham, notre père à tous, selon qu'il est écrit : Je t'ai établi père d'un grand nombre de nations. Il est notre père devant celui auquel il a cru, Dieu, qui donne la vie aux morts, et qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient. Ce n est pas par la Loi, mais c est par la foi, afin que ce soit par grâce que nous pouvons hériter des promesses de Dieu. Et donc, nous n avons pas besoin d être Juifs, de nous placer sous la Loi de Moïse pour être héritiers des promesses faites à Abraham. Car nous sommes la descendance d Abraham, nous sommes ses enfants, nous sommes au nombre des nations dont il est le père. Nous qui étions morts dans nos péchés, nous avons été ramené à la vie par la résurrection du Christ et de cette manière Abraham «est notre père devant celui auquel il a cru, Dieu, qui donne la vie aux morts, et qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient». V.18-22 : Espérant contre toute espérance, il crut, en sorte qu'il devint père d'un grand nombre de nations, selon ce qui lui avait été dit : Telle sera ta postérité. Et, sans faiblir dans la foi, il ne considéra point que son corps était déjà usé, puisqu'il avait près de cent ans, et que Sara n'était plus en état d'avoir des enfants. Il ne douta point, par incrédulité, au sujet de la promesse de Dieu; mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu, et ayant la pleine conviction que ce qu'il promet il peut aussi l'accomplir. C'est pourquoi cela lui fut imputé à justice. Abraham espéra contre toute espérance. Et nous aussi. Nous sommes pécheurs et nous méritons de mourir dans notre péché. Mais contre toute espérance, Dieu nous dit qu il a réglé le problème de notre dette, qu il met à notre crédit la justice du Christ. Alors comme Abraham, espérons contre toute espérance. Sans faiblir dans la foi, sans considérer qu il est impossible à l homme d être sauvé, ne doutons pas au sujet de la promesse de Dieu. Ça ne veut pas dire que notre foi est forcément forte si elle est réelle. Car la foi d Abraham n a pas toujours été forte. Mais en donnant gloire à Dieu, en ayant la pleine conviction que ce que Dieu promet, il peut aussi l accomplir, notre foi sera fortifiée. Et si notre foi est réelle, alors notre foi nous sera, à nous aussi, aux enfants d Abraham, imputée à justice. La grande objection à laquelle Paul va donc devoir répondre, c est donc de savoir si on n est pas en train d anéantir la Loi, de faire comme si l Ancien Testament ne servait à rien, et surtout de donner une sorte de licence, de permis de pécher. Le principe de la justification par la foi n est-il pas la porte ouverte à toutes les dérives? N est-ce pas trop facile? C est à cela que Paul doit répondre maintenant. Il va montrer dans la fin du texte qu en croyant en Jésus-Christ nous confirmons la Loi parce que la Loi nous parle du Christ. Et c est seulement plus tard, au chapitre 6, que Paul répondra à l accusation que la doctrine de la justification par la foi est une sorte de permis de pécher. Notre dernière question est donc : III. Anéantissons-nous donc la loi par la foi? (v.23-25) Contre tous ceux qui nous accusent d anéantir la loi, c est-à-dire de la rendre nulle, comme si elle ne servait à rien, parce que nous disons que l homme est justifié par la foi sans les œuvres de la Loi, que répondrons-nous donc? «Anéantissons-nous donc la loi par la foi? Loin de là! Au contraire, nous confirmons la loi!». Et de quelle manière confirmons-nous la Loi? C est ce que nous voyons au v.23-24 : «Mais ce n'est pas à cause de lui seul qu'il est écrit que cela lui fut imputé ; c'est encore à cause de nous». L Ancien Testament témoignait déjà que la justification était par la foi seule, que c était en croyant comme Abraham que l on pouvait être déclaré juste et qu ainsi la foi était imputée à justice. L Ancien Testament a été écrit pour nous. Nous sommes sauvés de la même manière que les croyants de l Ancien Testament. Ils étaient sauvés par la foi, comme nous aussi nous sommes sauvés par la foi. Ils étaient héritiers des promesses faites à Abraham, comme nous aussi nous sommes héritiers des promesses faites à Abraham. La différence, c est qu ils se situaient avant la venue de celui qui était la postérité d Abraham, la véritable postérité d Abraham, Jésus. Parce qu ils ont vécu avant sa venue sur la terre, ils n avaient pas le même degré de connaissance que nous, mais ils étaient sauvés de la même manière, par leur foi en Jésus. Bien sûr, ils ne savaient pas que le Sauveur attendu s appellerait Jésus. Mais ils attendaient de Dieu qu il vienne les délivrer, qu ils viennent les sauver et qu il accomplisse enfin les promesses faites à Abraham. Et c est par Jésus-Christ que tout a été accompli. C est pourquoi, c est aussi à cause de nous que la Loi a été donnée, que l Ancien

Testament a été écrit «à nous qui croyons en celui qui a ressuscité des morts Jésus notre Seigneur, lequel a été livré pour nos offenses, et est ressuscité pour notre justification». Le Dieu qui donne la vie aux morts, qui a fait naître un enfant des vieillards qu étaient Abraham et Sara, et qui a ensuite sauvé Isaac leur fils de la mort, n a pas épargné son propre Fils, Jésus notre Seigneur, mais il l a livré pour nos offenses. Mais parce qu il n avait pas lui-même péché, la mort ne pouvait le retenir. Et il est ressuscité pour notre justification, prouvant par là qu il avait vaincu le péché et la mort, qu il était capable de mettre à notre compte sa justice pour que devant Dieu, nous soyons déclarés justes. Quelles applications? Si nous sommes sauvés par grâce, alors ça doit produire en nous une grande humilité : nous ne sommes pas meilleurs que ceux qui ne sont pas sauvés et la manière dont nous leur parlons doit être emprunte de respect. Et si nous sommes sauvés par grâce, alors le salut est accessible à toutes sortes de personnes : celles qui nous ressemblent et celles qui ne nous ressemblent pas. Et nous pouvons vivre ensemble et nous aimer les uns les autres malgré nos différences. Et si nous sommes sauvés par grâce, ça ne veut pas dire que nous allons faire n importe quoi, que nous pouvons pécher comme si ça n avait pas d importance. Car toute la Bible a été écrite pour nous, pour nous montrer que ce n est pas selon le principe de la Loi j obéis pour que Dieu me doive quelque chose mais selon le principe de l Evangile Dieu fait quelque chose pour moi, donc je lui obéis que nous pouvons vivre.