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Transcription:

CONCOURS NATIONAL DE LA RESISTANCE ET DE LA DEPORTATION 2011-2012

RÉSISTER DANS LES CAMPS NAZIS À TRAVERS LES YEUX D UN ENFANT DE 13 ANS, L EXEMPLE DE THOMAS GEVE.

Démarche poursuivie lors de ce travail. Nous avons décidé d aborder ce thème à travers le parcours de Thomas Geve, jeune enfant juif déporté à l âge de 13 ans car il était à peine plus âgé que nous, ce qui nous a beaucoup touché. De plus, il a été un témoin direct des événements, ces dessins ayant été réalisé juste après le génocide juif et tsigane. Nous avons donc inclus dans notre travail une partie des dessins réalisés par Thomas Geve lors de sa convalescence. Ces documents exceptionnels sont aujourd hui la propriété du musée Yad Vashem à Jérusalem.

SOMMAIRE : I) Un univers concentrationnaire aux réalités très diverses. A) L évolution des différents camps suit le déroulement de la guerre. B) Des camps de concentration aux camps d extermination. C) L organisation des camps. II) La nécessité de résister pour les déportés. A) Survivre et garder son humanité. B) La résistance armée sous toutes ses formes. C) Conserver sa culture et ses pratiques religieuses.

INTRODUCTION : Thomas Geve a trois ans à l arrivée d Hitler au pouvoir en janvier 1933. Son père, chirurgien juif allemand, ne peut plus exercer sa profession et quitte l Allemagne après la nuit de Cristal en novembre 1938 pour rejoindre l Angleterre. Il tente d y faire venir sa femme et son fils unique Thomas. Arrêté en juin 1943 avec sa mère à Berlin, Thomas Geve est déporté à Auschwitz. Il a treize ans. En Janvier 1945, les nazis abandonnent le camp d Auschwitz devant l approche des Soviétiques. Après avoir survécu aux marches de la mort, Thomas Geve connaît alors l enfer des camps de Gross Rosen et de Buchenwald, jusqu à la libération de ce dernier en avril 1945. Avant de partir pour une maison de repos en Suisse, il reste encore quelques semaines à Buchenwald où il réalise 79 petits dessin sur sa vie d enfant déporté. Rien de la barbarie nazie, ni de la solidarité qui naît de la plus extrême misère ne lui échappe.

Parcours de Thomas Geve pendant la Seconde Guerre mondiale. Lieu de résidence de Thomas Geve jusqu en 1943 Camp où est passé Thomas Geve Déportation Transfert vers une maison de repos

30/01/1933 Arrivée au pouvoir d Hitler en Allemagne I) UN UNIVERS CONCENTRATIONNAIRE AUX RÉALITÉS TRÈS DIVERSES. A) L évolution des différents camps suit le déroulement de la guerre. 1935 : Loi de Nuremberg 1 sept. 1939 : Invasion de la Pologne 22/06/1941 Attaque de L URSS par l Allemagne : Opération Barbarossa 20/01/1942 : Conférence de Wannsee Camps de concentration G h e tt o s Massacres de masse par les Einsatzgruppen Phase génocidaire 31/03/1933 : Ouverture du premier camp à Dachau 12/10/1940 : Ouverture du ghetto de Varsovie 08/10/1941 : Ouverture du camps d Auschwitz 01/08-02/1944 : Insurrection du ghetto de Varsovie 27/01/1945 : Découverte du camp d Auschwitz par l Armée Rouge

B) Des camps de concentration aux camps d extermination. Hitler a pris le pouvoir en Allemagne, en 1933. Sous son régime apparaissent des camps de concentration sur le territoire nazi. Le premier étant le camp de Dachau. Avec l arrivée de la Seconde Guerre mondiale en 1939 quand l Allemagne envahit la Pologne, les camps de concentration se multiplient. Hitler à Berlin en 1933.

Les camps de concentration Le système concentrationnaire allemand vise à enfermer tous les ennemis politiques du pouvoir et ceux que l on considérait comme n appartenant pas à la «race Aryenne». Le parti communiste est donc interdit et pourchassé pour être enfermé. Les homosexuels qui empêchent la reproduction de cette race sont enfermés, ainsi que les handicapés considérés comme inférieurs. De plus, les handicapés sont stérilisés pour ne pas souiller la race. Ils sont isolés de la société et emprisonnés entre eux. Le but est de les briser psychologiquement. Arrestation d opposants au régime par les nazis. Opposants au régime arrêtés pour être enfermés dans un camp de concentration.

Les ghettos A partir d octobre 1939, des prisons à «ciel ouvert» sont alors mises en place dans les territoires occupés par l armée allemande. On y trouve des juifs, enfermés sur des critères raciaux, où on les force à travailler. Ils sont victimes de la brutalité des gardes et subissent des privations de nourritures, ce qui a entraîné la famine. Les lieux sont insalubres, se développe alors des épidémies. Il y a des médecins, cependant les prisonniers n ont pas accès aux médicaments. Pour toutes ces raisons, le taux de mortalité dans les ghettos est très fort. Jeune garçon dans le ghetto de Varsovie, probablement en 1942.

Les camps d extermination Suite à la conférence de Wannsee le 20/01/1942 qui met en place la «solution finale» voient le jour des camps d extermination. Ils ont pour but d éradiquer la population juive. Tout ceci se fait d une manière industrielle. On remarque donc que les déportés sont tués seulement quelques heures après leurs arrivées aux camps grâce aux convois. Ils proviennent de toute l Europe. Il ne doit y avoir aucun survivant. En effet, toutes les personnes amenées dans un de ces camps, sont à un moment ou un autre tuées. Cependant, certains condamnés juifs, les Sonderkommando, sont sauvés provisoirement pour effectuer les tâches ante-mortem. Ce sont donc essentiellement des Juifs qui sont envoyés dans ces camps. Déportés Juifs descendant d un train à l arrivée du camp d extermination de Treblinka.

C) L organisation des camps. L organisation des camps de concentration Dès leur arrivée les déportés sont dépouillés de tous leurs biens (vêtements, papiers d identité, argent, bijoux et bagages.) Ils sont ensuite tondus et désinfectés. Puis ils reçoivent leur tatouage ( qu ils doivent connaître par cœur en allemand) et leur triangle de couleur. Ils sont ensuite amenés dans une partie réservée du camp central pour la période de quarantaine, qui vise à achever l uniformisation. Tout ceci dans le but de la déshumanisation. A partir de ce moment chaque détenu est considéré comme un «morceau». Après la quarantaine, les déportés sont envoyés dans la partie centrale du camp. Nous sommes à Auschwitz II Birkenau. L homme qui entre dans la baraque, à droite, est un homme civil. Celui qui ressort n est plus rien. Il a perdu ses couleurs, il a été déshabillé, tondu, désinfecté, revêtu d un uniforme, tatoué.

Les déportés se différencient dans les camps par un signe qui indique leur nationalité (en général une initiale) et par un symbole qui indique les raisons de leur déportation. Cela remplace leur nationalité et le tatouage d un numéro leur nom. Les détenus n ont donc plus de noms, plus d identité. Ce ne sont plus que des numéros : les SS ou les Kapos parlent des déportés en utilisant l expression «das stuck» (le morceau) car dans les camps les matricules et les triangles sont aussi une façon de montrer au détenu qu il n existe plus en tant qu être humain : c est le procédé de la déshumanisation. Ainsi, le prisonnier devient un anonyme. Tableau des déportés et données chiffrées.

Avec la guerre la population des camps s est internationalisée : Les Français, les Polonais, les Soviétiques. Voici quelques exemples de triangles portés par les déportés : Triangle rouge des politiques français. (communistes, résistants...) Triangle porté par les homosexuels. Triangle porté par les tsiganes. Le camp comporte plusieurs services : -la Kommandantur qui s occupe des SS. -la polistische abteinlung (section politique antenne de la gestapo) qui s occupe des dossiers des détenus et qui décide de leur sort de vie, de mort, et de remise en liberté (très rare), et fait des enquêtes sur ordre ou sur sa propre initiative. -le service du travail est chargé de faire les équipes de travail. (kommando) -la direction des camps qui s occupe des détenus et gère leur vie au camp (appel, logement, travail etc..) -le service des finances et de l intendance. -le service de garde du camp. -le (soi-disant) service médical (revier).

La société concentrationnaire Elle se divise en trois strates : les SS, la masse des détenus et certains déportés à qui les nazis délèguent des taches d administration du camp. Parmi ces derniers, on trouve un «doyen du camp» placé sous les ordres du commandant SS du camp, des «policiers» chargés d assurer l ordre et des Kapos qui dirigent les équipes de Kommandos de détenus. De 1933 à 1945, ces postes sont occupés en majorité par des détenus allemands et autrichiens. Hiérarchie des kapos.

L organisation des camps d extermination Dans ce camp, il y avait quatre zones distinctes qui sont : - les zones d habitats SS - les aires de réceptions des convois - les aires d exterminations - les baraques des commandos de travail (les miradors) Le processus d extermination s effectue vite. Les condamnés arrivent par train. Lorsqu ils descendent, des SS font l appel avec des fausses listes d hygiène, des consignes sont posées contre leurs bagages et ils insistent pour que les déportés se souviennent de l emplacement de leur bagages. Directement après, on les déshabille et on coupe leurs cheveux, le temps est très surveillé et si cela dure trop ils sont punis. Leur dentition est également passée au peigne fin dans le cas éventuel ou ils auraient des dents en or, argent ou autres métaux. Mais ces opérations ne sont pas pratiquées sur les enfants. Suite à ce processus, ils sont amenés dans les chambres pour être gazés dans un temps imparti. On tue d abord les femmes, les enfants et les personnes ne pouvant travailler. Puis, l équipe des Sonderkommandos est chargé d extraire et de brûler les corps à l extérieur, ainsi que les corps des juifs décédés durant les convois. Face à tous ces morts, les Sonderkommandos se voient dans l obligation de creuser des fosses pour les brûler. Un peu plus tard, des fours crématoires apparaîtront, dans le but d aller toujours plus vite. Pendant ce temps, une autre équipe s occupe de trier les biens laissés par les victimes : seuls les objets précieux sont conservés. Ce processus amène la disparition d un convoi entier de mille personnes à chaque fois, sans survivant

5 = Lieu d'incinération des corps ( four crématoire ou grils ). 2 = Bâtiment ayant l'apparence d'une gare. Un grand écriteau accueille les déportés. 4 = Chambre à gaz. 3 = Baraque où avait lieu le déshabillage des arrivants. 1 = Voie ferrée où arrivaient les trains de déportés.

II) LA NÉCESSITÉ DE RÉSISTER POUR LES DÉPORTÉS. A ) Survivre et garder son humanité. Se nourrir La question de la nourriture est fondamentale. Certains n hésitent donc pas à voler la ration des autres détenus ou à participer au marché noir du camp. Sinon il faut trouver tout ce qui peut se manger ou qui peut être avalé. La solidarité est donc essentielle, elle passe par un partage plus équitable des rations ou par le vol de nourriture aux cuisines malgré les risques. Trouver un petit supplément de nourriture était une obsession. De minces épluchures de pommes de terre, du chou pourri récupéré dans une poubelle des cuisines, du pain moisi, de la nourriture dure pour animaux, tout cela était un festin.

L aide des non-déportés Dans les usines ou sur les chantiers, les déportés côtoient des travailleurs civils qui peuvent parfois avoir la même nationalité qu eux. Ainsi les requis du STO ou les prisonniers de guerre français partagent leurs vivres avec les déportés ou transmettent de leurs nouvelles à leur famille restée en France. Thomas Geve résume la vie quotidienne d un camp à travers cet abécédaire commençant par la lettre A pour l appel, B comme le Block d habitation, N comme numéro, S comme sport «punitif», Z comme Zaun, clôture. Le «O» pour «Organiser» signifie se débrouiller pour obtenir de la nourriture ou tout objet indispensable.

Se soigner La malnutrition, les mauvais traitements ainsi que le manque d hygiène conduisent à une hausse des maladies et des épidémies. Chaque camp dispose d une infirmerie (Revier) mais les détenus malades sont le plus souvent livrés à eux-mêmes. Si bien que parfois des médecins ou des chirurgiens déportés pratiquent des interventions au fond des baraques sans anesthésie et avec du matériel de récupération détourné. Les maladies du camp.

Sauver des milliers de camarades par la solidarité.

B ) La résistance armée sous toutes ses formes. Saboter Le rôle des camps des concentration dans l effort de guerre allemand poussent les déportés à perturber les activités de production en essayant d en faire le moins possible, de défaire ce qui a été fait ou de mal faire ce qui a été demandé. Pour les déportés c est un moyen de retrouver un peu de fierté alors qu ils sont sans cesse réduit à l obéissance.

Gagner sa liberté En s évadant S évader est une décision individuelle mais qui demande des complicités. Les évadés repris sont exécutés devant leurs camarades en guise d exemple après avoir été torturés. A partir de 1944, la multiplication des Kommandos extérieurs, moins surveillés, et la confusion générale offrent davantage d opportunités pour s évader.

Il s est enfui.

En préparant une révolte Des comités de résistance se sont parfois crées dans des camps parvenant à faire sortir, pièces par pièces, des armes des usines d armement. La confusion générale des derniers mois de la guerre a ainsi permis une insurrection des déportés du camp de Buchenwald le 11 avril 1945. Après avoir fait prisonniers près de 200 SS, les insurgés sont libérés par les troupes américaines.

Conserver les preuves des crimes commis : l exemple de Anise Postel-Vinay Anise Postel-Vinay a été arrêtée pour faits de résistance le 15 août 1942, à l âge de 20 ans. Déportée à Ravensbrück en octobre 1943, elle a été libérée le 23 avril 1945 par la Croix- Rouge suédoise. De juillet 1942 à août 1943, 86 détenues de Ravensbrück, dont une grande majorité de Polonaises, ont été victimes d expériences pseudo-médicales dirigées par le professeur Gebhardt. Dans des conditions atroces, leurs jambes ont été blessées et infectées à l aide de débris divers. En 1945, l assassinat général des 63 survivantes a été empêché par la résistance spontanée et internationale de détenues qui ont réussi à tenir cachées les victimes jusqu à la libération du camp.

Photo prise clandestinement par les Polonaises en septembre 1944. [Au fond, à gauche, la camarade qui faisait le guet pendant la photo] Photo de la jambe d une victime des expériences «médicales» du Pr Gebhardt. Note : L appareil photo a été volé par les déportées polonaises dans les bagages des évacuées de Varsovie lors de leur arrivée massive, sans doute en septembre 1944. Les photographies ont été prises alors que leurs auteurs n avaient aucune certitude sur l état de l appareil et de la pellicule qui se trouvait à l intérieur.

C) Conserver sa culture et ses pratiques religieuses. La résistance culturelle. Dans l ensemble de la Pologne occupée, plusieurs centaines d écoles et de cours clandestins sont organisés à l intérieur des ghettos. Les élèves doivent cacher leurs livres sous leurs vêtements. Les Juifs introduisent clandestinement des livres et des manuscrits dans divers ghettos en vue de les préserver, et ouvrent des bibliothèques clandestines, par exemple celle de Czestochowa. Marchand ambulant vendant de vieux livres hébraïques. Ghetto de Varsovie, Pologne, février 1941.

Les détenus tentent aussi de consacrer leur énergie à des activités «secondaires» comme la tenue de conférences ou de concerts en toute clandestinité. Le 14 juillet 1944, les détenues du Le 14 juillet 1944, les détenues du Kommando de travail d Holleischen interrompent la production au son de La Marseillaise.

La résistance spirituelle dans les ghettos et les camps Les efforts investis dans la résistance spirituelle par les prisonniers pour préserver leur humanité, leur dignité et le sens de la civilisation sont une barrière contre la déshumanisation. La résistance spirituelle se divise en trois formes. Les activités éducatives, la tenue d archives sur la communauté et pour finir l observance religieuse. Les Allemands interdisent dans la plupart des ghettos les offices religieux, c est pour cela que de nombreux Juifs organisent des cérémonies et prient en secret dans les caves, les greniers mais aussi dans des pièces inconnus des SS pendant que d autres montent la garde.

Dans les camps cette résistance religieuse s accompagne de la récupération, la fabrication ou la conservation d objets de culte. Des déportés organisent des cérémonies religieuses clandestines avec la plupart du temps la complicité d autres détenus. Ainsi, certains parviennent à cacher des bibles, ou à porter un crucifix sur eux. Grâce à la résistance des communistes, le culte catholique est encore pratiqué. Notamment à Melk avec le Kommando de Mauthausen. On peut noter qu à force de persévérance et de négociations certains objets de cultes sont introduits dans le camp. Petite croix taillée dans un manche de brosse à dent par une déportée de Ravensbrück.

Thomas Geve photographié en 2005.

Livres : Bibliographie : Thomas Fontaine, Déportations et génocides l impossible oubli, Tallandier, 2009. Yves Durand, Histoire de la Seconde Guerre mondiale, Complexe, 1997. Sites internet : http://afmd44.voila.net/expogeve/expogeve.html http://www.ushmm.org/ http://www.fondationresistance.org/ Film : Frédéric Rossif, Le temps du ghetto, Les films de la Pléiade, 1961.

La musique présente tout au long de ce diaporama a été réalisée par Mordachai Gebirtig et s intitule «Undzer shtetl brennt». Mordecai Gebirtig, né en 1877 à Cracovie, en Pologne, était un chansonnier et poète folklorique yiddish. Il a écrit "Undzer shtetl brent!" en 1936, après un pogrom dans la ville polonaise de Przytyk. Pendant la guerre, cette chanson est devenue populaire dans le ghetto de Cracovie et a incité les jeunes à prendre les armes contre les nazis. Elle fut chantée dans de nombreux ghettos et camps. Gebirtig fut tué en juin 1942 pendant une rafle précédant une déportation dans le ghetto de Cracovie. Aujourd'hui, "Undzer shtetl brent!" reste l'une des chansons commémoratives les plus chantées.

Ce projet vous a été proposé par FROGET Kimberly, THION Océane et TOUREILLE Anaïs, élèves au lycée des Glières d Annemasse 74100. Avec l aide précieuse de notre professeur d histoire M. Merouani.