Sortie de Résidence Compagnie Satellite Vendredi 23 mai 2014 Béziers Villa Antonine - Y a trois filles qui font des trucs bizarres devant les Arènes. Et sur les Allées. A la Villa Antonine aussi C est quoi?. C est joli. Moi je comprends pas pourquoi elles font ça. T as vu la bestiole?. ça sert à rien de faire ça au lycée. Ben moi je trouve pas, ça change. On se demande. J avais envie d exploser les bulles. Moi ça me fout la trouille, la fille. N empêche qu ils ont bien du se marrer dans la cour. ça fait du bien de voir ça. Et lui il filme tout?- ça va être diffusé où?. On est filmé aussi?. Mais t as vu le questionnaire? «Qu est-ce que le merveilleux pour vous». Moi je me souviens pas de mes rêves. c est quoi, «L insolite dans le quotidien?» Préau du LPO Jean Moulin Béziers Phase de création de la Compagnie dans la salle des conférences
C est qui cette fille aux cheveux roux nous dit de la suivre. Qui raconte des qu elle veut laisser des traces de chatout le monde. C est quoi un jardin surréaliste? Arbre- Arbre-fille? Et l œil suspendu aux branches qui c est un faune? - qui sourit et qui histoires à dormir debout, qui dit cun de nous dans l espace de rose? cache un masque? C est l œil caco, cacodyla, zut j arrive jamais à le dire. C est les surréa- non? listes, C est joli la cage suspendue avec la main dedans, dans le cadre bleu. Il y a un buste blanc avec des seins. Sans tête. Avec des ailes de couverture de livre. «Les mains libres». Le géranium rouge, il est pile au bon endroit Qu est-ce qu elle veut nous montrer la fille aux cheveux roux, dans le cadre bleu qui se balance sous le pré- au? Et par-dessus la balustrade, c est quoi ces gosses qui jouent au ballon der- rière la forme, là, devant l arbre. On dirait un animal, à côté. On ne voit pas bien, c est enveloppe de papier transparent. Comme un paquet cadeau ou un objet très fragile? C est quoi ces deux longues jambes qui traversent la cour et qui tanguent sur des talons? Au-dessus des jambes qui vacillent il y a deux petites mains gantées de daim. Deux petites cornes de cerf. Mais on voit pas bien son visage. C est une fille en cocon? Elle fait quoi dans sa bulle?
Il y a un homme qui filme la fille rousse qui s est mise à danser sur un tapis de bubble par terre; ça fait du bruit les bulles. Elle est pieds nus, la fille. Pourquoi elle a trois chaussures? Deux pour al- ler dans la montagne ou dans le désert, une toute rouge avec plein de paillettes. C est une danse, ce qu elle fait? Elle ef- fleure les bulles avec ses orteils puis elle les explose avec ses pieds. Elle les piétine comme une enragée. Parfois elle renverse la tête. Elle se suspend. Et hop, elle nous invite à la suivre. Et on la suit. La fille aux longues jambes est dans l autre cour maintenant. Il y a des gens qui sourient, il y a des gens qui s écartent. Comme une gêne. il y a de plus en plus de gens qui regardent. Parfois on dirait qu elle ne sait plus marcher. Parfois elle marche comme une danseuse de tango. C est assez beau à voir. Soit elle est fatiguée. Soit elle a trop bu. Soit elle y voit rien du tout. La fille aux cheveux roux regarde aussi. En fait on regarde tous. On hésite, car on ne sait pas s il faut la suivre ou s il faut continuer.
On regarde tous en fait. Mais on continue quand même derrière la fille rousse aux cheveux qui volent. Il y a un animal aux yeux innocents sous les arbres. C est un cerf, un daim? Il est pas vivant quand même? A côté de l animal c est la forme de tout à l heure par -dessus la balustrade, la silhouette en jean et en bustier de peau de bête. Pourquoi il y a écrit «Je n ai ja- mais tenu sa tête entre mes mains?» sur l arbre? Qu est-ce qu il vient faire au milieu, Paul Eluard? C était déjà écrit sous le pré- au. Avec le dessin d un autre. Sur un arbre bleu. De toute façon la tête on la voit pas. Il y a comme un masque de plas- tique dessus. Et puis si, on voit la tête. La silhouette s écarte de l arbre avec des mouvements très lents. Avec des cheveux qui brillent au soleil. Blond platine. On dirait Marylin. Marylin, à demi-nue sous son corsage de peau de bête, a failli rester renversée sur le dos du daim aux yeux inno- cents. Puis elle a disparu sous le préau. Elle portait un voile de bulles, qui enveloppait aussi l animal. Et ça faisait comme une longue liane entre eux. Des voix résonnent à présent dans la cour. Elles parlent de rêves, on n entend pas tout. On attrape des phrases, des mots, des rires. Elles parlent longtemps d être «ensemble». Il y a des voix de filles, il y a des voix de garçons, il y a des voix d hommes, il y a des voix de femmes. Mais qu est-ce qu ils font ces gens qui marchent dans l allée les yeux fermés?
Ils ont les yeux fer- més et ils respirent doucement. Où ils vont ceux-là? On les re- garde, on s écarte devant eux. Il y a toujours des voix qui parlent. Ah non, là c est silencieux. Et alors maintenant il y a trois filles toutes seules sur la cour de marbre. Elles marchent? Là elles courent comme des folles. Elles jouent. Pourquoi elles sont parfois seules? A deux? A trois maintenant? Parfois elles font des gestes bizarres. Il y a en a deux qui viennent de se battre comme de petits cerfs en colère, front contre front. Quand elles sont deux, la troisième, elle boude, on dirait. Et puis tout d un coup on s est rendu compte qu il y avait vrai- ment beaucoup de monde. Dans la cour, aux fenêtres, sur les marches du CDI, dans les salles en hauteur. Le temps qu on réalise, les trois filles s étaient envolées, cachées. Où? Des garçons et des filles se sont mis à bouger.
Ils se rassemblent de plus en plus de jambes et ça replus fort. C est dans la cour de marbre. Ils font mouvements, ça part des monte. Le son est de plus en comme une pulsation. Un cœur qui bat? Pourquoi ils marchent en cercle maintenant? C est la musique qui a chan- gé aussi. Ils vont de plus en plus vite. La musique est comme une musique qu on écoute en voyage, en voyageant à pieds. Les garçons et les filles se sont mis à courir. Il y en a qui ne montrent rien. Il y a en qui rient. Ils courent par- tout, là. Et puis un mo- ment d inattention, on tourne la tête. Ils ne sont plus là, ils se sont épar- pillés aux quatre coins de la cour. L animal aux yeux innocents toujours là, on l appelle Young. Rédaction d après les réactions des élèves de 2de présents, sans avoir participé aux ateliers avec M.Benedet, M.Babolat, Mme Catala, leurs élèves et la Compagnie. Françoise Lubac-Quittet