Transcription AccessiMag, numéro spécial. accessibilité et logiciels libres. Intro. Suite du débat. (partie 2, durée 35 minutes, 20 secondes)



Documents pareils
Installation et Réinstallation de Windows XP

Ceci est un Chromebook, ton ordinateur!

Églantine et les Ouinedoziens

NE PAS INSERER DE CD FAIT POUR WINDOWS LORS DE L'INSTALLATION D'INTERNET NE PAS INSERER LE CD D'INSTALLATION DE VOTRE FOURNISSEUR D'ACCES

HYPRA PROGRESSONS ENSEMBLE

INSTALL ATION D UNE D I S T RIBUTION

The Grid 2: Manuel d utilisation

WINDOWS 8. Windows 8 se distingue par la présence de 2 interfaces complémentaires :

Xubuntu Une alternative à Windows et à Ubuntu, (pour ceux qui ne veulent pas d'unity) : installer Xubuntu.

Aperçu rapide de PC BSD 1.2.

Virtualisation de Windows dans Ubuntu Linux

Systèmes d'exploitation virtuels

TRUCS & ASTUCES SYSTEME. 1-Raccourcis Programme sur le Bureau (7)

Dossier de participation INSTALL PARTY «UBUNTU» Le Samedi 7 Juin 2014

Vous allez le voir au cours de ce premier chapitre, 1. Découvrir l ipad

1 sur 5 10/06/14 13:10

Un serveur web, difficile?

Utiliser des logiciels Windows sous Linux Ubuntu

NOUVEAU! MultiSystem vous présente la première clé USB MultiBoot du marché! Le LiveUSB MultiBoot par excellence.

Les dossiers, sous-dossiers, fichiers

Mettre Linux sur une clé USB bootable et virtualisable

l'ordinateur les bases

GEP À LA DÉCOUVERTE DU MONDE PROFESSIONNEL. Troisième Découverte Professionnelle Module 3 heures - Collège

Comment installer Viber et WhatsApp sur son ordinateur!

INSTALLER LA DERNIERE VERSION DE SECURITOO PC

Formation Informatique. Utiliser les périphériques informatiques

Les conseils et les procédures pour utiliser divers programmes francophones avec de l'hébreu

Emporter Windows XP sur une clé USB

Installer Windows 8 depuis une clé USB

Retrouver un mot de passe perdu de Windows

Navigation dans Windows

Middleware eid v2.6 pour Windows

Séquence de découverte de SparkAngels Logiciel d entraide numérique

Contrôle Parental Numericable. Guide d installation et d utilisation

Interface PC Vivago Ultra. Pro. Guide d'utilisation

L informatique pour débutants

Utilisez Toucan portable pour vos sauvegardes

I Pourquoi une messagerie?

Contrôle Parental Numericable. Guide d installation et d utilisation

Manuel de l utilisateur

MIGRER VERS LA DERNIERE VERSION DE L'ANTIVIRUS FIREWALL

KeePass - Mise en œuvre et utilisation

Permis de conduire info

Module SMS pour Microsoft Outlook MD et Outlook MD Express. Guide d'aide. Guide d'aide du module SMS de Rogers Page 1 sur 40 Tous droits réservés

Tutoriel : Clonezilla, pour sauvegarder et restaurer son disque dur

Quel PC pour quels usages? 1) PC de Bureau ou Portable? Les différents types de portables. - Les ultra-portables. - Les portables généralistes

L'informatique libre et gratuite. «Oser Ubuntu»

REPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE

LA SAUVEGARDE DES DONNEES SUR LES ORDINATEURS PERSONNELS

PC Check & Tuning 2010 Optimisez et accélérez rapidement et simplement les performances de votre PC!

DÉMARRER LE PC SUR UNE CLÉ USB OU UN CD

Paramètres d accessibilité des systèmes d exploitation Windows et Mac

Gérer ses fichiers et ses dossiers avec l'explorateur Windows. Février 2013

Tutorial Ophcrack. I) Ophcrack en API. (ou comment utiliser Ophcrack pour recouvrir un mot de passe sous Windows XP et Windows Vista)

Prise en main. Pour lancer 'manuellement' le bureau mobile : sur la racine de la clé F: exécuter

Exportation d'une VM sur un périphérique de stockage de masse USB

À la découverte de l ordinateur

TBI-DIRECT. Bridgit. Pour le partage de votre bureau. Écrit par : TBI Direct.

"! "#$ $ $ ""! %#& """! '& ( ")! )*+

FAQ Trouvez des solutions aux problématiques techniques.

QTEK 9100 QTEK S200 HP 6915

ESPACE MULTIMEDIA DU CANTON DE ROCHESERVIERE

Leçon N 4 Sauvegarde et restauration

Cours / Formation pour débutant en informatique, bureautique, Internet etc... (pour débutants)

2010 Ing. Punzenberger COPA-DATA GmbH. Tous droits réservés.

QUELQUES CONSEILS POUR LA MAINTENANCE DE VOTRE ORDINATEUR

Table des matières ENVIRONNEMENT

Installer une imprimante réseau.

Sauvegarder ses données avec Syncback Windows 98, 2000, Me, NT, XP

InterCall Unified Meeting

[DOSSIER 1 - UN ORDINATEUR, QU EST-CE QUE C EST?] 30 mars 2010

Cahier n o 7. Mon ordinateur. Gestion et Entretien de l ordinateur

La clé USB nomade - La mobilité logicielle

Récupérer la version précédente ou perdue d un document

Cours 420-KEG-LG, Gestion de réseaux et support technique. Atelier 1. Installation de Windows Server 2003 Standard Edition (pour le serveur)

Windows 7 : Explorateur de dossiers Téléchargements Installation de programmes

Linux est-il crédible pour le PC familial? Xavier Passot N7 I76 Pour l AI N7 le 11 mars 2010

Windows 8 : une petite révolution? 9. Démarrer Windows Accéder au Bureau à la connexion 13. Ouvrir ou activer une nouvelle session 13

OSCAR Un outil gratuit libre d images disque

LES TABLETTES : GÉNÉRALITÉS

LECON 2 : PROPRIETES DE L'AFFICHAGE Version aout 2011

COPIER, COUPER, COLLER, SELECTIONNER, ENREGISTRER.

Microsoft Live Messenger

DUPLICATION DES DONNEES. Jeudi 19 avril 2012

Guide de l'utilisateur

Boot Camp Guide d installation et de configuration

Installation et prise en main d UBUNTU

Installation de Windows 2003 Serveur

CAPTURE DES PROFESSIONNELS

Que faire si une vidéo ne s'affiche pas?

Les sauvegardes de l ordinateur

Guide de l utilisateur Mikogo Version Windows

Générique [maintenir Durant 10 secondes puis baisser sous l annonce]

Acer erecovery Management

Upgrade du Huawei U8230 : Android 2.1 et rom custom

Comment utiliser mon compte alumni?

3 L'arborescence Windows

Transcription:

Transcription AccessiMag, numéro spécial accessibilité et logiciels libres (partie 2, durée 35 minutes, 20 secondes) Intro Comme promis nous retrouvons la suite de notre discussion sur l accessibilité et le logiciel libre, en compagnie d Armony Altinier, Jean-Philippe Mengual et Matthieu Faure. Nous nous étions quitté la semaine dernière en se posant la question : quelles sont les solutions d accessibilité aujourd hui, autant sous Windows que sous Linux? Et vous allez voir que finalement nous avons un choix relativement large, et ce, quel que soit le handicap. Suite du débat AM : Quelles sont, aujourd'hui les solutions qui existent? Est-ce qu'on peut faire déjà un distinguo entre les solutions sous Windows et sous Linux? Jean-Philippe, est-ce que vous pouvez nous tracer le panorama des solutions, tant à usage privé que professionnel? JPM : Pour parler des solutions en matière de technologies d'assistance, les outils qui aident les utilisateurs en eux-mêmes, ce que vous utilisez sous VoiceOver, Jaws ou autres logiciels dans le monde des privateurs. Sous Windows, on a un logiciel qui s'appelle NVDA qui est assez connu et qui est un très bon lecteur d'écran aujourd'hui qui est capable de couvrir un vaste panel de besoins tant privés que professionnels. Alors au niveau professionnel il a ses limites, il ne peut pas couvrir l'ensemble des besoins. Mais Jaws non plus en même temps. NVDA aujourd'hui est capable d'aider les utilisateurs à faire des opérations comme du tableau Excel, document Word, de la messagerie, de la navigation Internet et quand on va dans le cadre privé, pour lire du multimédia, des choses comme ça. Skype, par exemple, est accessible avec NVDA, en particulier dans sa dernière version. Ensuite, dans l'univers Windows, on peut pas détailler tous les logiciels libres parce qu'il y en a beaucoup. Lesquels sont accessibles? C est au cas par cas. Les grands logiciels que vous connaissez c'est

essentiellement la messagerie Thunderbird, équivalent d'outlook, et le navigateur Internet Firefox qu'a cité Matthieu tout à l'heure qui sont deux applications accessibles. S'agissant de la bureautique, je serais plus réservé là-dessus. LibreOffice est accessible mais c'est un peu difficile à mettre en place, je dirais. C'est pas à la portée de tout le monde. Open-office.org qui est le projet d'où est parti Libreoffice, est face aux mêmes difficultés, bien que la situation soit en train d'évoluer de manière considérable. Reste une troisième suite bureautique qui est IBM Lotus Symphony, qui elle, pour le coup, ressemble beaucoup à l'outil LibreOffice, à ceci près qu'elle est totalement accessible et qu'elle libre puisqu'ibm a donné son code à la communauté, il y a quelques années de ça, il y a 2 ans je crois. Ça c'était pour l'univers Windows. Après, comme je vous dis, les logiciels libres, il y en a peut-être d'accessibles, mais il faut les connaître. AM : Non bien sûr, c'est déjà pas mal. JMP : Dans l'univers GNU/Linux, on va d'abord évoquer les distributions. On peut considérer aujourd'hui qu'ubuntu offre un niveau d'accessibilité assez optimal, en particulier depuis 2012, une version qui a été publiée en avril 2012 et qui s'appelle donc la 12.4. C et effort d'accessibilité continue au sein de cette distribution. Quand je dis une distribution accessible, ça veut dire quoi? Ça veut dire typiquement que l'utilisateur est capable d'installer le système tout seul, sans avoir de l'aide d'un voyant ni d'assistance. D'autres distributions sont dans ce cas là. Je pense typiquement à Debian, par exemple, qui est une distribution non commerciale et exclusivement communautaire pour le coup. Et cette distribution est aujourd'hui accessible dans sa partie installation si l'utilisateur veut apprendre à utiliser al ligne de commande. Quand on commence à parler d'utilisation des logiciels plus concrets, le traitement de texte etc là il faut être beaucoup plus prudent dans ces domaines-là. Ubuntu remplit le pari. Debian aujourd'hui, malheureusement a un petit peu cédé du terrain sur cette question parce qu'elle intègre des outils qui ont connu de fortes régressions en accessibilité ces dernières années. Ubuntu, ce qu'il faut savoir c'est qu'elle a donné beaucoup d'idées à beaucoup de gens. Et ces gens-là ont développé des distributions qu'on appelle orientées. C'est-à-dire où a été très customisé, très paramétré pour un but précis. Et il existe des distributions qui ont été orientées accessibilité de manière à ce qu'elles soient pour le coup vraiment faciles d'accès, de A à Z et que tout soit pré-mâché, pré-testé et pré-mis-en-place dans une logique d'accessibilité. Et la distribution orientée qui se base sur Ubuntu 12.4 et qui aujourd'hui me paraît se distinguer du reste elle s'appelle GNU/Linux. Et elle offre un très bon niveau d'accessibilité. C'est-àdire que l'utilisateur peut l'installer, il peut ensuite utiliser son bureau dans des conditions normales avec des raccourcis clavier, avec un lecteur d'écran qui s'appelle Orca qui offre toute l'information dont il a besoin pour accéder aux différents éléments de l'écran. AM : Là on est dans un environnement graphique? JPM : On est dans un environnement graphique oui. Orca permet d'accéder à un environnement graphique avec des raccourcis clavier, avec les flèches de direction, avec alt, tab, toutes ces choses

que vous connaissez bien. Ça peut fonctionner dans ce genre d'environnement. Et l'avantage de Linux ou d'ubuntu, à partir de la 12.4, c'est que justement ça fonctionne très très bien, et que l'utilisateur n'aura pas de blocage en matière d'accessibilité. Au niveau logiciel, il pourra utiliser, comme Windows (c'est assez rigolo parce qu'il y a des logiciels inter-systèmes d'exploitation).donc il pourra utiliser Firefox dans de bonnes conditions. Il pourra utiliser aussi Thunderbird pour la messagerie. Et puis, pour le coup, sous Linux, LibreOffice ou Open-office.org, ces deux logiciels sont complètement accessibles. Il pourra les utiliser vraiment sans difficulté sous cet environnement GNU/Linux. Et enfin, il y a des logiciels multimédia pour lire des vidéos, des radios, de la musique, des choses comme ça. Et ça c'est des logiciels dont l'accessibilité peut être variable. J'ai coutume de dire que la tâche est faisable. Après tous les logiciels pour faire la tâche ne marchent pas. Mais elle est faisable. Il existe, pour faire la tâche, par exemple d'écouter de la musique, des logiciels accessibles. Tous ne le sont pas. Et sur les distributions orientées, justement, ceux qui sont par défaut sont accessibles. AM : Et est-ce que vous avez des informations par exemple sur le handicap moteur? Est-ce qu'il y a des avancées? JPM : Oui, il y en a aussi. Là il y a moins de distributions orientées sur ces questions en particulier. Par contre, aujourd'hui, Ubuntu notamment intègre ce qu'il appelle la fonctionnalité Accès Universel qui inclut justement le handicap au sens large. Et quand on parle handicap moteur, par exemple, effectivement le logiciel a développé un certain nombre de ce qu'on appelle des claviers virtuels, c'est-à-dire des outils qui permettent d'écrire à l'aide de la souris pour ceux qui ne sont pas en mesure d'utiliser le clavier. Et ces outils sont inclus dans Ubuntu par défaut. C'est des outils qui permettent donc de faciliter la saisie. Il y a aussi des fonctionnalités pour la personnalisation de l'environnement pour les personnes malentendantes et sourdes. Et revenir au moteur, pendant que j'y pense, on a aussi les solutions pour ceux qui peuvent taper au clavier mais qui ont besoin de quelques aménagements. Le clavier peut s'aménager aussi. Les dispositions du clavier, mais également la façon dont on appuie sur plusieurs touches en même temps, par exemple, et dont elles sont comprises par le système. Tout ça c'est potentiellement personnalisable dans l'interface d'ubuntu. Même sous Linux, mais c'est moins utile dans ce cas précis. Ubuntu suffira largement. AA : Mais je pense que voilà la grande force du libre en fait. Tout est modifiable et personnalisable et adaptable. C'est pour ça qu'il peut y avoir des distributions adaptées. Et effectivement, on peut totalement personnaliser ses raccourcis clavier. Si vous venez d'un autre logiciel, vous avez vos propres habitudes, vous pouvez tout configurer. Et à la question que vous posiez Tanguy en introduction, ne disant : "Est-ce que Linux c'est pas que pour les spécialistes ou les informaticiens?", des distributions comme Ubuntu c'est grand public. C'est vraiment grand public. Et quand il s'agit de personnes en plus, la difficulté qu'on peut avoir quand on change d'environnement, quand a une habitude qu'on a été à l'école qu'on a connu que Windows avec les écrans bleus et que du coup on est perdu (et on peut être perdu quand on change, ça c'est le problème du changement pour tout le monde). Mais l'avantage qu'on a aujourd'hui, et c'est sans doute une grande opportunité, c'est que

les supports se multiplient : tablettes, mobiles, ordinateurs, différents formats tailles, tactile etc du coup les gens commencent à être habitués à voir des choses différentes. Beaucoup de smartphones fonctionnent déjà avec du logiciel libre, dès fois avec des choses exotiques aussi, créés juste pour un opérateur. Donc il n'y a pas de difficulté majeure. On n'est pas obligé de passer par la ligne de commande. C'est ce qui fait souvent très très peur : l'écran noir, on tape des trucs bizarres et il se passe des choses, et ça ça fait peur en général aux utilisateurs Lambda. On peut le faire et c'est une force quand on veut s'y mettre, et c'est pas si compliqué. Mais on peut aussi ne pas le faire du tout. Il y a des distributions, et notamment Ubuntu, c'est celle qui est grand public dont on parlait, qui en plus prend bien en compte l'accessibilité, comme le disait Jean-Philippe, c'est vraiment une distribution grand public. J'ai mise en place sur l'ordinateur de mon papa qui n'y connaissait rien du tout. Et il a eu aucun problème. Parce que de toute façon il avait pas de comparaison. Et je l'ai mise en place pour d'autres personnes et elles n'ont pas plus de problèmes qu'avec d'autres logiciels. C'est vraiment très simple, c'est visuel, c'est agréable à utiliser. Et la liberté c'est vraiment qu'on puisse l'adapter. JPM: Pour corroborer ce que tu dis, je prendrais un exemple qui est celui d'orca. AM : Donc Orca c'est le lecteur d'écran hein? JPM : Voilà. Donc il y a des raccourcis clavier pour lire la barre de titre, pour la fonction "lire tout" etc et ces raccourcis qui ont été faits parce que les développeurs l'ont voulu ainsi, ont été réglés de telle sorte qu'ils soient un peu différents de ce qui se fait dans l'univers Jaws. Un utilisateur qui vient de l'univers Jaws et qui n'a pas envie de réapprendre de nouveaux raccourcis et tout un ensemble de jeux de raccourci, il y a un petit onglet dans les préférences qui s'appelle raccourcis, il pourra redéfinir l'ensemble des raccourcis clavier selon sa convenance. Il pourra retrouver Insert+t pour lire le titre, Insert+pageSuivante pour lire la barre d'états etc soit il apprendra le jeu de raccourcis, soit il refera l'ensemble du jeu de raccourcis de manière à avoir les raccourcis auxquels il est habitué, et du coup vraiment ne plus avoir l'impression qu'il a changé d'interface. AM : Imaginons, vous m'avez convaincu. J'aimerais me lancer demain, installer une distribution. Comment je dois-je procéder? Par quel bout je dois prendre la chose? Est-ce que je dois acheter un ordi vierge? A qui m'adresser etc.? Est-ce que vous pouvez donner quelques conseils pour vraiment se lancer et installer soi-même sa distribution? JPM : Si je prends par exemple une distribution comme Linux, je dirais que la démarche est simple. On peut aller sur le site Internet et on télécharge le CD-Rom, le DVD-Rom, l'image en tout cas qui correspond à la distribution. Ensuite on grave cette image. Et ensuite on démarre sur le CD. Quand on démarre sur le CD, ça c'est une force aussi du libre, comme il n'y a pas d'inscription de licence à l'exécution ça offre beaucoup plus de liberté. Du coup sur le CD on peut tester le système sans même

l'installer sur son disque dur, ce qu'on appelle le live CD. En gros quand vous arrivez sur votre premier écran, vous activez la synthèse vocale si c'est pas déjà fait automatiquement, avec un raccourci clavier qui est CTRL+S. et là, le système vous dit : "choisissez votre langue. Et maintenant est-ce que vous voulez l'installer ou l'essayer?" Et si vous l'essayez, vous allez rien installer du tout. Vous allez avoir d'emblée votre bureau. Vous allez pouvoir un petit peu explorer, faire quelques tests etc et rien de ce que vous allez faire ne va avoir de conséquence sur votre ordinateur. A moins évidemment après que vous écriviez sur le disque dur. Mais ça c'est si vous voulez. Sinon, normalement, vous écrivez de l'information, vous pouvez écrire de petits documents temporaires. Et dès que vous éteignez, hop! Tout va disparaître. Parce que c'était dans la mémoire de travail de l'ordinateur qui est une mémoire volatile. Du coup, vous aurez vraiment un test sans conséquence. Même si par exemple vous effacez tout votre système de sur le CD-ROM, c'est pas grave. Vous éteignez, vous redémarrez et ça repart. Une fois que vous avez testé, si vous avez trouvé que l'environnement vous convient, vous passez à l'installation. L'installation elle est relativement guidée aujourd'hui. Franchement il n'y a plus beaucoup de questions à se poser, à part appuyer sur Suivant pratiquement. Y compris si on a déjà une machine avec Windows. Parce qu'aujourd'hui le système est tout à fait capable de s'installer à côté de Windows. Donc il peut tout à fait faire de la place, s'installer à côté. Et quand vous démarrez votre ordinateur, vous aurez un petit bip qui vous dira : "attention, maintenant fais un choix entre les deux systèmes". Si vous n'appuyez pas il démarrera sous Linux. Et si vous appuyez avec la flèche et que vous faites Entrée, il démarrera sous Windows. Vous pouvez comme ça basculer entre les deux systèmes au démarrage de votre ordinateur. Ce que je recommanderais, en dernière précis, pour sécuriser les choses, d'abord c'est de faire une sauvegarde de ses données sensibles avant ce genre d'opération. Parce que, même si c'est pas trop compliqué, ça reste l'installation d'un système d'exploitation. Et que ça soit Windows, que ça soit Mac ou que ça soit Linux, installer un système d'exploitation c'est pas anodin. Donc il faut quand même un minimum se sécuriser. Et puis, dans la mesure du possible, vous pouvez toujours laisser faire le système, mais il serait intéressant de défragmenter votre disque dur sous Windows, si vous voulez que les deux systèmes continuent de cohabiter. Et enfin, éventuellement, dans le meilleur des cas, si vous êtes un peu à l'aise avec Windows, allez créer vous-mêmes, réduisez la taille de la partition Windows et créez une partition vierge. Si vous ne le faites pas, Linux s'en chargera. Mais c'est vrai que si on le fait à la main, l'avantage c'est que vous gardez vraiment le contrôle et vous sécurisez complètement votre procédure. Je dirais que ça c'est un peu de l'accessoire. Par contre, la défragmentation ça c'est important de le faire. Et les étapes que j'ai décrites tout à l'heure, c'est important de les faire pour être certain d'obtenir quelque chose et pas de mauvaises surprises. Après, quand l'installation se termine, soit ça se fera directement avec le CD-ROM, soit elle téléchargera une partie de ce dont elle a besoin par Internet. Vous redémarrez votre ordinateur, et pis après vous n'aurez plus qu'à utiliser votre environnement Linux ou Windows selon ce que vous aurez choisi au démarrage de la machine. AM : C est convainquant. Il me semble qu il y a quelques fois des journées qui sont organisées pour faire découvrir ça. AA : Le premier samedi du mois.

AM : C est à Paris? AA : A la Cité des Sciences à Paris. Il y en a sans doute un peu partout, donc il faut se renseigner. Le premier samedi du mois à la Cité des Sciences à Paris, c est le Samedi du Libre. Ça permet de tester, d être accompagné. C est fait par Linux, qui organise ça, mais avec d autres associations qui sont là et qui vous permettent de vous aider à essayer ou à installer si vous avez besoin. Certaines distributions, je connais surtout les Ubuntu parties, à chaque nouvelle version d Ubuntu, deux fois par an (Ubuntu sort une nouvelle version deux fois par an), fait une Ubuntu party à Paris, mais d autres villes aussi il me semble, où il y a des tas de manifestations, une tombola, des conférences. Et puis il y a surtout une salle où des tas de bénévoles vous aident à installer la dernière version d Ubuntu. Et puis je vais faire un peu de publicité à l association AccelibreInfo de Jean-Philippe. Si vous êtes aveugle ou malvoyant, il parlait surtout de ce handicap-là, mais son association a pour but vraiment d accompagner les gens, et pas qu en région parisienne puisqu il se déplace. Le mieux c est de prendre contact. Et sinon, je voulais juste revenir sur la liberté. C est bien mais ça peut faire peur. Parce qu on n a pas l habitude dans l informatique d être libre. Du coup on ne se pose pas la question du choix puisqu on n en a pas. On achète un ordinateur, avec la vente liée, on est forcé d avoir du Windows. C est la croix et la bannière pour se faire rembourser parce que c est pas ce qu on voulait, on voulait juste l ordinateur, et c est très compliqué. Donc la plupart des gens ne se posent pas la question. Apple on n e parle pas puisque de toute façon c est totalement lié ensemble. Moi la première fois je me souviens quand je me suis dit : «tiens je vais essayer, je vais me lancer, je vais installer Linux», les puristes maintenant disent gnou/linux. Aller, je vais télécharger Linux. Ah mais non, en fait. Il y a des tas de distributions. Et c est ça la liberté, c est le choix aussi, et ça fait peur. On se dit : «il y a trop choses! Comment je choisis? Qu est-ce que j en sais? J y connais rien! «Le gros avantage c est justement ce fonctionnement de Live-CD ou Live-USB, c est-à-dire ces petits programmes qu on télécharge et qu on copie soit sur un CD ou un DVD ou une clé USB, et qu on peut tester. On peut en tester autant qu on veut sans rien endommager du tout. Donc il n y a même pas de sauvegarde à faire quand vous faites du Live-CD ou Live-USB. Et vous pouvez même l installer en externe, c est-à-dire tester et sauvegarder vos fichiers sur un disque dur externe. Ça vous permet d avoir une espèce de distribution portable. Tant et si bien qu il y a vraiment des tas de concepts qui se sont forgés comme ça avec des clés. Sur le site de Framasoft, c est une association aussi qui promeut le logiciel libre, avec un annuaire francophone du logiciel libre, dans lequel vous retrouvez, dans la rubrique Utilitaires, vous avez une rubrique Accessibilité, vous retrouvez listés, pas tous malheureusement, certains logiciels libres d accessibilité. Vous verrez que ça couvre un panel, on parlé beaucoup de handicap visuel, mais pas seulement. Il y a même un autre projet qui s appelle les Framakey. Ce sont des clés USB justement où vous pouvez démarrer avec Ubuntu et une partie de sauvegarde. Vous avez aussi NVDA dont parlait Jean-Philippe, qui est un lecteur d écran libre, que vous pouvez avoir sur vous en permanence. Comme ça, si vous êtes chez des amis, que vous avez besoin de consulter vos mails en urgence et que vous n avez plus de batterie sur votre smartphone, et qui évidemment n a pas NVDA. Vous n allez pas lui installer ça sur sa machine. Vous avez votre clé USB avec vous et vous pouvez l utiliser partout n importe où. C est souvent un argument qui fait passer les gens de Jaws à NVDA outre le prix. Mais c est aussi ça, cette liberté-là. Et puis, il y a aussi une Framakey dédiée aux troubles «dis» donc dyslexie, dysorthographie, dyscalculie. Donc on voit que le handicap est pris en compte et l accessibilité au sein de différents projets. Je vous invite vraiment à aller voir. Et du coup Tanguy, je vous invite vraiment à essayer, puisque vous disiez que

vous étiez peut-être convaincu. Donc c est que vous ne l êtes pas encore totalement. Alors essayez! Il y a vraiment que ça. Et vous allez vite être convaincu. On peut se redonner rendez-vous, je suis sûre que vous allez adorer. [Sourire] Tanguy J essaierai, c est promis. JPM : J ai un dernier élément à ajouter pour répondre à votre question de l aide qu on peut trouver. Pour ceux qui ne sont pas sur Paris et qui ne veulent pas forcément passer par AcceLibreInfo etc. dans beaucoup de villes de France, il y a ce qu on appelle des groupes d utilisateurs du logiciel libre (les GULL). Ce sont des bénévoles qui sont en associations, mais pas forcément, et qui soit proposent des permanences, soit une liste de diffusion sur Internet auprès de laquelle vous pouvez rencontrer des gens. Et ces gens-là en général ils vous aident à installer le système. Évidemment il n y a pas des spécialistes de l accessibilité. Ça peut arriver mais c est pas la norme. Mais par contre c est des gens qui vous aident à passer à Linux, à faire des installations, à télécharger. Il suffit que vous fassiez un petit peu ce genre de démarche, et vous associez deux ou trois connaissances sur Internet vis-à-vis de l accessibilité. Vous pourriez probablement réussir, sans forcément venir sur Paris à installer du logiciel libre et Linux sur votre système. AA : En termes d aides toujours, le problème c est qu il n y a pas d annuaire à jour. On a un peu de mal à trouver des contacts parfois. Mais on se connaît beaucoup entre nous, on peut trouver facilement des gens qui peuvent vous aider. Donc ne pas hésiter à aller sur liberte0.org. Il y a une liste de discussion. Et là, on vous mettra en contact avec les gens qu il faut, dans votre région. MF : Je vais peut-être prendre le contrepied de ce que disent mes camarades sur l aspect migration. Mais je pense qu il y a un élément qui me semble fondamental qui n a pas été cité. On a parlé de migration. La question, Tanguy, c était comment je fais si je veux migrer vers le libre. Et puis tout de suite, je dirais même instantanément, on s est posé la question de savoir comment je fais pour installer Linux. J vais être clair : on s en fiche! C est pas du tout la question. Ça me semble pas être la bonne réponse à une question tout à fait pertinente. Je m explique. On parle du logiciel libre. Donc ce qui compte c est bien de toucher du doigt ce qu est cette liberté dont on jouit, dont on profite quand on est utilisateur de logiciels libres. On parlait de paramétrage, d adaptation, de capacité à être adapté, paramétré et ainsi de suite, donc tous ces bienfaits-là. Ce qui me semble le plus important c est de se dire : je pars d un existant. OK, très bien. Et comment je vais faire pour migrer vers le libre d une manière générale? De mon expérience dans le monde associatif du logiciel libre, une méthode qui marche particulièrement bien est celle de ce qu on appelle des Briques, où on va changer les briques une par une, et s assurer qu à chaque changement de brique l ensemble du système est stabilisé. Exemple : on a un utilisateur qui est sous Windows et qui utilise l attirail de la totale de chez Microsoft, à commencer par Internet Explorer, Outlook, la suite Word, Office. Ce que vous allez faire c est changer les briques une par une. Vous allez commencer par remplacer Internet Explorer par Firefox, par exemple ; vous assurer que tout est bien toujours là. Ça peut paraître

anodin, ça peut paraître évident, ça peut paraître trivial. Ça ne l est pas. Il va falloir s assurer que tous les signets, les bookmarks, les favoris ont bien été importés. Ça c est assez facile. Mais il va falloir s assurer que toutes les utilisations, tous les usages, et là on se met à la place de l utilisateur, vont pouvoir continuer à être menés à bien une fois qu on a changé de logiciel. Ça met en évidence l importance de procéder brique par brique où on va s intéresser uniquement à un seul point. Ensuite, une fois qu on a changé une brique, on en change une deuxième, une troisième, une quatrième et ainsi de suite. Une fois qu on a changé toutes les applications, qu on se dit : «j ai changé le navigateur, j ai changé de logiciel de mail, j ai changé la bureautique, j ai le logiciel pour écouter mes mp3. J ai fait le tour de ce que je fais comme usage sur l ordinateur». Là, une fois qu on aura fait ça, on pourra se dire : «quelle est la brique qui reste? C est le système d exploitation. Pourquoi pas changer?» Et ce qui me semble important c est de poser cette brique comme étant la toute dernière, l ultime brique. Parce que c est celle qui va impliquer le plus de changements. Et ce qui me fait dire ça, c est que dans un cadre associatif, ça fait quelques années, j ai eu l occasion d assister pas mal de personnes, on était plusieurs dans le cadre de l Association pour le Logiciel Libre, à accompagner les migrations. Et il y a une chose qu on a constatée. C est que quand on lançait les gens directement vers une installation de Linux en disant : «bon ben tu partitionnes ton disque. Tu fais ci, tu fais ça» Live-CD qui fonctionne très bien par ailleurs. Mais quand on fait ça, ce qu on constate c est que les gens, à la première difficulté, j entends une difficulté, une vraie, c est-à-dire j ai besoin de travailler ou de me servir de mon ordi, ils font demi-tour. Et ce demi-tour il est, en tout cas de mon expérience, relativement irréversible. Et ça génère des témoignages du genre : «ah oui, Linux, j ai installé. Ça marchait super bien! Et là, t es toujours dessus? Non non parce qu un jour j étais pressé et donc je suis revenu à Windows. Et là aujourd hui, tu vois, je suis sous Windows.» Donc là, quelque part, en termes de migration, si on fait ça, il semble qu on a raté quelque chose. Parce qu on a voulu aller trop vite. Dans ce cas là j aurais tendance à dire, il faut y aller très très progressivement sur les migrations quand on est milieu particulier d une part. En milieu professionnel ça peut se passer un peu différent. Mais cette notion de remplacer brique par brique me semble tout à fait capitale pour une migration. JPM : Moi je la partage d un point de vue théorique. Le problème c est que d un point de vue pratique, si on raisonne comme ça on va tout de suite dire que le libre ça marche pas parce que LibreOffice ça marche pas sous Windows. Donc on va tout de suite dire : «alors si libreoffice ça marche pas sous Windows, quid de Linux?» Finalement c est dommage parce que LibreOffice marche bien mieux sous Linux que sous Windows. Quand on parle d accessibilité, c est une vraie limite. Effectivement le raisonnement brique par brique est complètement pertinent pour voilà mais le problème c est que dans ce cas précis de l accessibilité et justement le limite qu on peut avoir aujourd hui : LibreOffice n est pas accessible sous Windows. En tout cas il l est, mais c est vraiment compliqué à mettre en place. Les gens qui veulent faire brique par brique ça va vite les gonfler de le faire ; tandis que si on passe sous Linux, justement, on aura accès à LibreOffice. Et la deuxième chose que je voudrais dire, c est aussi pour ça que je défends de plus en plus l idée de passer à Linux, c est qu aujourd hui, il ne faut pas se leurrer, les gens sont encore beaucoup sous environnement qu on connaît depuis 20 ans. Et d ici un an, il y a énormément de choses qui vont bouger. Parce que XP va plus être supporté, parce que Windows 7 n est pas en fin de course, du moins il ne va pas tarder non plus à s arrêter au profit de Windows 8 et de nouveaux environnements. Et de toute façon les gens ont besoin de changer. J ai envie de dire passer à Linux

aujourd hui ça leur fera un changement moins brutal parce que l environnement est beaucoup plus fidèle à ce qu ils ont toujours eu l habitude d avoir. Il y a des environnements aujourd hui qui ont tendance à évoluer dans le même sens que le design Microsoft. C est-à-dire qu on peut toujours se rabattre sur des environnements qui correspondent à nos habitudes parce que les gens qui veulent pas changer d habitudes ils peuvent ne pas les changer. Il y a aujourd hui des environnements Linux qui franchement n impliquent pas beaucoup de changement dans la pratique de l interface graphique au quotidien. Donc je trouve que changer d interface ça sera presque moins coûteux de passer à Linux que de changer d environnement sous l univers PC classique de Microsoft. C est deux nuances que je souhaitais apporter. AM : Parfait. Nous avons différents points de vue. Et c est ce que je souhaitais. Parce qu effectivement, inviter trois libristes ça me faisait un peu peur au sens où je me sentais un peu seul [petit sourire]. Mais on a, même dans la communauté des libristes, des points de vue différents. JPM : Énormément. AM : Oui oui. Et c est tant mieux. Pour terminer, vous m avez donné tous beaucoup d arguments pour le logiciel libre en lien avec l accessibilité. Si vous ne deviez en retenir qu un, lequel me donneriez-vous? Qui veut commencer? Armony? AA : Alors c est quoi la question précisément? AM : Si vous ne deviez retenir qu un argument pour convaincre quelqu un de passer au libre. [Pause assez longue] AA : Et ben il sera libre [Sourires] Mon argument premier c est ça. Ça lui permettra d être réellement libre. Et surtout quand on parle d accessibilité, je pense que c est un argument qui est important. Quand on cherche à utiliser l informatique quand on a un handicap, c est justement pour être plus libre. Libre de faire ses course en autonomie, d avoir des relations sur Internet avec des amis si on ne peut pas sortir facilement, plus libre d étudier. Et donc cette liberté elle est vite entravée quand on utilise un logiciel privateur, pour des tas de raisons, où ce sont des limites qui n ont aucune raison d être, si ce n est juridique, commerciale, mais qui n ont pas de raison technique. Avec du logiciel libre, vous n avez pas ce frein-là. Même si c est parfait, même s il faut s impliquer, vous avez plus de liberté. Donc si vous cherchez dans l outil informatique de la liberté et plus d autonomie que vous n en avez à cause de votre handicap, il faut passer au libre. Et si c est pas assez accessible, il faut s impliquer pour que ça le devienne.

AM : Très bien. Jean-Philippe? JPM : Je suis entièrement d accord avec ce qui a été dit. Je plussoie. Ce que je disais tout à l heure. Imaginez, vous voulez maîtriser votre rythme de mise à jour, vous ne voulez pas passer à une interface radicalement nouvelle, avec le libre vous pouvez. Avec le propriétaire, c est plus compliqué. Windows, vous n allez pas demander à Microsoft de garder la même interface, hein. Si ça change, ça change. Alors qu avec le libre, vous pourrez très mettre un système à jour, typiquement Debian quand on l a mis à jour, comme l interface graphique ne va plus, on est libre de vouloir garder ses anciens repères, on a la possibilité de le faire en allant chercher des outils qui ont, eux aussi, partagé le même sentiment et qui ont souhaité garder la même chose. Ça existe. Donc on maîtrise vraiment son utilisation, on maîtrise son rythme de mise à jour en fonction de son tempérament et en fonction de ce qu on veut faire. La deuxième chose que je dirais moi, c est mon argument à moi pour le libre. C est l univers où l utilisateur est remis au centre. C est totalement démocratique. C est-à-dire c est pas une vie où on vous dit : «voilà, vous avez ça. Écoutez, dans l informatique aujourd hui ça évolue. C est comme ça. On va vous apprendre et vous allez vous y faire.» Non! On fait le maximum pour que ça vous convienne et on vous accompagne. De toute façon l économie du libre dépend de la satisfaction de l utilisateur. L utilisateur est en permanence en mesure d interagir avec les développeurs et avec les gens qui font du libre. Il est du coup en permanence en mesure de peser sur des orientations dans le développement. Il est toujours au centre, parce que finalement c est toujours lui qui à l arrivée décide si le logiciel lui va ou lui va pas. AM : Matthieu? MF : Il y a déjà énormément de choses fort intéressantes qui ont été dites. Je vais essayer de compléter un petit peu tout ça en prenant le point de vue que je vais qualifier de «constructiviste». Armony a parlé de militantisme qui est un mot fort. Moi je dirais quelque chose comme «prends-toi en main!» On a bien compris que quand on est dans le monde du libre, quelque part tout est possible grâce aux quatre libertés qui ont énumérées. On sait qu on a la possibilité de faire des choses. Et à titre personnel, à titre individuel, c est justement ce qui m a amené à créer Tanaguru qui était le logiciel que je cherchais et que je ne trouvais pas. Je me suis dit : «aller, il y a un moment, il y en a marre, on se retrousse les manches, et on s y met» Et le simple fait d avoir fait ce pas là, on se retrouve presque quelque part à passer de l autre côté de la barrière. On est de l autre côté du miroir en quelque sorte. Avant on était simple utilisateur. Et là on se retrouve à faire partie des créateurs. Et ça, autant la liberté c est quelque chose de très appréciable, autant la satisfaction d avoir créé quelque chose pour son besoin d une part, et puis pour le besoin d autres par la suite, ça c est générateur d une très très grande satisfaction et d un certain épanouissement que j ai envie que tout le monde partage tellement je trouve ça agréable en ce qui me concerne. Et j imagine que ça le sera pour d autres. Voilà ce que je pourrais rajouter sur la notion d accessibilité et le logiciel libre.

AM : Autant d arguments très intéressants, très convainquants. Merci à tous les trois d avoir participé à ce magazine. J espère qu on aura d autres occasions de discuter parce que j avais évidemment des milliers de questions. Mais on a déjà passé largement le temps que les auditeurs peuvent accorder. Donc j espère qu on aura l occasion de se retrouver. Merci à vous. JPM : Merci à vous surtout. MF : Merci, avec grand plaisir. [Fond musical] AM : J en profite pour remercier très chaleureusement Matthieu Faure qui nous a prêté sa plateforme technique pour réaliser cet enregistrement. Et puis je voudrais vous préciser que cet épisode, comme le précédent d ailleurs, est placé sous la licence Creative Common avec un droit de distribution à souhaits, à condition, bien sûr, d en préciser la paternité, c est-à-dire : AccessiMag réalisé par Tanguy Lohéac. Je vous remercie et à bientôt. Transcription réalisée par Tanguy Lohéac Ce document est sous Licence Creative Common By NC ND : Paternité, pas d utilisation commerciale, pas de modification.