César doit mourir Vittorio TAVIANI Paolo TAVIANI



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Transcription:

2012

Cette compilation de textes a été réalisée par l équipe documentation de LA MAISON DE L IMAGE à Aubenas à l occasion des RENCONTRES DES CINEMAS D EUROPE 2012

César doit mourir Vittorio TAVIANI Paolo TAVIANI PAYS :ITALIE PRODUCTION :2011 DATE DE SORTIE :17 OCTOBRE 2012 GENRE : DRAME DURÉE :76 MIN REALISATEUR : VITTORIO TAVIANI, PAOLO TAVIANI ACTEURS :COSIMO REGA, SALVATORE STRIANO, GIOVANNI ARCURI, ANTONIO FRASCA, JUAN DARIO BONETTI DISTRIBUTEUR :BELLISSIMA FILMS FORMAT DE TOURNAGE : 35 MM RATIO D'IMAGE : 1.85 COULEUR & NOIR ET BLANC Théâtre de la prison de Rebibbia. La représentation de "Jules César" de Shakespeare s achève sous les applaudissements. Les lumières s éteignent sur les acteurs redevenus des détenus. Ils sont escortés et enfermés dans leur cellule. Mais qui sont ces acteurs d un jour? Pour quelle faute ont-ils été condamnés et comment ont-ils vécu cette expérience de création artistique en commun? Inquiétudes, jeu, espérances... Le film suit l élaboration de la pièce, depuis les essais et la découverte du texte, jusqu à la représentation finale. De retour dans sa cellule, "Cassius", prisonnier depuis de nombreuses années, cherche du regard la caméra et nous dit : "Depuis que j ai connu l art, cette cellule est devenue une prison."

Les frères Paolo et Vittorio Taviani avec leur Ours d'or pour le film "Cesare deve morire" à la 62e Berlinale, le 18 février 2012. REUTERS/TOBIAS SCHWARZ Quand les triomphateurs de la 62 e Berlinale ont commencé à faire du cinéma, en 1954, le régime de la RDA venait d'écraser un soulèvement ouvrier. Cinquante-huit ans plus tard, Paolo (80 ans) et Vittorio (82 ans) Taviani ont remporté l'ours d'or, pour Cesare deve morire (César doit mourir), tourné dans une prison romaine, où des détenus ont monté une représentation du Jules César de Shakespeare. Cette brève fiction a emporté la conviction du jury présidé par Mike Leigh.

"Cesare deve morire", de Paolo et Vittorio Taviani (Italie) Déjà récompensés à plusieurs reprises, notamment à Cannes par une Palme d'or en 1977 pour Padre padrone et par un Grand Prix en 1982 pour La Nuit de San Lorenzo, les frères Taviani, fils d'un avocat anti-fasciste et vétérans du cinéma italien (162 ans à eux deux), ont remporté la récompense suprême de la 62 e Berlinale face aux 17 autres films en compétition cette année. Le "César" des frères Taviani, Ours d'or à Berlin

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FILM César doit mourir A plus de 80 ans, les fameux frères Taviani ont créé la surprise avec ce nouveau film, Ours d'or du dernier festival de Berlin. Les auteurs de Padre Padrone (1977) et de La Nuit de San Lorenzo (1982), qui avaient pu donner le sentiment de s'être endormis sur leurs lauriers, ont mis dans ce César doit mourir une étonnante radicalité. Ils l'ont entièrement tourné dans une prison romaine où des détenus préparent puis donnent une représentation théâtrale. Tout est vrai, mais est-ce pour autant un documentaire? Avec un regard à la fois généreux et plein d'autorité, les Taviani taillent dans cette réalité un film en noir et blanc où chaque plan est réfléchi et cadré, superbement. Un exemple. Les deux frères cinéastes montrent le casting, la distribution des rôles. Un prisonnier est choisi pour être un musicien : justement, il sait jouer de l'harmonica et il s'y met! Sur sa musique défilent alors, en gros plan, les visages des autres détenus acteurs, avec mention de leurs peines en bas de l'écran : dixsept ans pour trafic de stupéfiants ; quatorze ans et huit mois pour association mafieuse ; perpétuité pour homicide... Aussi lourds le passé et la sentence, aussi léger l'air d'harmonica. De ce rapprochement, on tirera une émotion, une réflexion, ce qu'on voudra : les Taviani ne font aucun commentaire, n'imposent aucune lecture. Ils préfèrent s'en remettre au pouvoir de la mise en scène : ouvrir sans cesse des perspectives, des pistes que chacun est libre de suivre. ;

La pièce qu'ils ont choisie, le Jules César de Shakespeare, est évidemment chargée de sens : la faute, la responsabilité, le châtiment... Mais, de la «fiction» historique à la réalité de la prison, les correspondances n'ont rien de sentencieux. La durée même du film, étonnamment court, reflète un souci constant de mesure. Plutôt qu'humanistes didactiques, les Taviani se font humbles témoins d'un mystère : des condamnés jouent, toujours enfermés et pourtant portés vers une autre dimension. Celle de l'art, celle de l'imagination. Qu'est-ce qui est en question, finalement, dans cette expérience du jeu? La foi. En un rôle, en un texte, en soi. En quelque chose. Le film en fait simplement le constat. Avec beaucoup de force. Frédéric Strauss http://www.telerama.fr/ <

Une scène du film documentaire italien de Paolo et Vittorio Taviani, "César doit mourir" ("Cesare Deve Morire"). BELLISSIMA FILMS Ses yeux sont remplis d'ombre. Fébrile, chaque geste décomposé en saccades, Brutus se tourne vers ses compagnons, l'un après l'autre, pour qu'on l'aide à mourir. De refus en refus, enfin le glaive s'étend et le transperce de part en part. Il s'affaisse, puis se relève, lorsqu'un autre acteur vient lui tendre la main pour le salut final de Jules César. Le public se relève en même temps que lui, applaudit à tout rompre. 9

Jusqu'ici, la pièce de Shakespeare semblait faire l'objet d'une représentation comme les autres. Un peu brouillonne peut-être, dans l'ardeur sans technique qu'y déploient les acteurs. Un peu trop dépouillée dans ses décors et costumes pour que l'on ne devine pas la modestie des moyens. Mais le dernier salut fait et le public parti, les acteurs quittent la scène escortés - un peu bousculés même - par des gardes, et regagnent chacun leur cellule. Nous sommes à Rebibbia, dans une prison de haute sécurité dont les détenus sont d'anciens mafieux, meurtriers et grands criminels. Beaucoup sont condamnés à la perpétuité. Le film revient quelques semaines plus tôt, à la séance de mise en place de l'atelier. La pièce est proposée, les auditions commencent. La prison se démultiplie en scènes : couloirs et cours, cellules, lieux de vie pénitentiaire, se font espaces de jeu. La tragédie qui s'y construit, unissant le complot au crime, a pour beaucoup d'entre eux des échos d'histoire vraie. En retournant en arrière, on est passé au noir et blanc. Très contrasté, avec des effets de lumière vive qui donnent à chaque visage en gros plan le relief un peu outré d'un portrait Harcourt. Cette image très visiblement travaillée n'est que le premier signe que César doit mourir n'est pas un documentaire comme les autres. En effet, les frères Taviani ont proposé la pièce, participé à son élaboration à chaque étape, collaboré à la lecture. Proposé aux acteurs de traduire chacun leur rôle dans leur dialecte, pour prêter au texte de Shakespeare les couleurs les plus vives d'une Italie multiple et populaire. Aux yeux d'une certaine école du documentaire, le film irait même à contresens du genre. Loin de respecter vis-à-vis du sujet la distance scrupuleuse que l'on est tenté d'attendre, il assume passionnément la conviction que le regard de l'observateur modifie nécessairement l'expérience. Tout en mettant la pièce en scène, les frères Taviani font de leur film une mise en scène seconde, où chaque cadre est pensé comme un choix théâtral : pour accroître la force dramatique de l'étrange réalité qu'il capte. Cette visibilité des procédés serait une forme de maniérisme si elle ne trouvait pas dans le contraste avec l'âpreté de jeu des acteurs un formidable équilibre. Là où la caméra pose, ils bougent trop, parlent trop fort, roulent des yeux comme on n'ose plus le faire. Mais il y a dans cet excès une urgence à dire et à se dire qui lui confère une vérité troublante. D'une répétition à l'autre, les masques se dessinent et les prisonniers se dévoilent jusqu'à ce que l'on retourne enfin à la couleur, à la mort de Brutus, à l'ovation finale. C'est bien la première scène du film qui revient le conclure, mais tout est différent. Si nous ne voyons plus le même spectacle, c'est qu'au fil de l'expérience, notre regard a changé. $!!!" ############################################################################ =

Oscars 2013 : «César doit mourir» des frères Taviani proposé par l'italie «César doit mourir» de Paolo Taviani et Vittorio Taviani Umberto Montiroli / Bellissima Films Le film a remporté l Ours d or du dernier Festival du film de Berlin. «Cesare deve morire» des frères Taviani, lauréat de l'ours d'or à Berlin, a été sélectionné pour représenter l'italie aux Oscars, a annoncé mercredi l'association nationale des industries cinématographiques (Anica). «Nous sommes heureux mais c'est seulement le début d'un beau voyage, il y a beaucoup de route à parcourir,» ont commenté les deux frères avant de s'envoler pour New-York où ils doivent participer à un Festival de cinéma. «Cesare deve morire» («César doit mourir») a remporté en février dernier l'ours d'or récompensant le meilleur film de la 62 ème édition de la Berlinale. 7

Le film de Paolo et Vittorio Taviani, deux fois récompensés à Cannes (Palme d'or 1977 avec «Padre Padrone» et Grand Prix pour «La Nuit de San Lorenzo» en 1982), est une libre adaptation du «Jules César» de Shakespeare, interprété par des détenus du quartier de haute sécurité de la prison de Rebbibia près de Rome. Tourné dans les cellules, les couloirs et les terrasses de la section de haute sécurité, le film mêle des images de la vie quotidienne des prisonniers, les répétitions, leurs doutes quand ils mémorisent leur texte, la trame de la pièce se confondant souvent avec les tensions de leur détention. Fortement marqués par le maître du néo-réalisme Roberto Rossellini, les frères Taviani, fils d'un avocat antifasciste de San Miniato en Toscane, ont toujours pratiqué un cinéma engagé, ancré dans la réalité sociale de leur pays. La 85 ème cérémonie des Oscars aura lieu le 24 février 2013 Par CinéObs avec AFP 26 septembre 2012 http://cinema.nouvelobs.com/

http://www.lepoint.fr/ "Cesare deve morire" des frères Taviani proposé par l'italie aux Oscars Cesare deve morire" des frères Taviani, lauréat de l'ours d'or à Berlin, a été sélectionné pour représenter l'italie aux Oscars, a annoncé mercredi l'association nationale des industries cinématographiques. "Cesare deve morire" des frères Taviani, lauréat de l'ours d'or à Berlin, a été sélectionné pour représenter l'italie aux Oscars, a annoncé mercredi l'association nationale des industries cinématographiques (Anica). "Nous sommes heureux mais c'est seulement le début d'un beau voyage, il y a beaucoup de route à parcourir", ont commenté les deux frères avant de s'envoler pour New-York où ils doivent participer à un Festival de cinéma. "Cesare deve morire" (César doit mourir) a remporté en février dernier l'ours d'or récompensant le meilleur film de la 62e édition de la Berlinale. Le film du duo fraternel deux fois récompensé à Cannes (Palme d'or 1977 avec "Padre Padrone" et Grand Prix pour "La Nuit de San Lorenzo" en 1982") est une libre adaptation du "Jules César" de Shakespeare,

interprété par des détenus du quartier de haute sécurité de la prison de Rebbibia près de Rome. La séance de casting, partie intégrante du film, avec les essais des détenus devant la caméra, est particulièrement émouvante: y défile une humanité sans femmes, condamnée à de lourdes peines pour meurtres, trafic de drogue, infractions multiples aux lois anti-mafia. Tourné dans les cellules, les couloirs et les terrasses de la section de haute sécurité, le film mêle des images de la vie quotidienne des prisonniers, les répétitions, leurs doutes quand ils mémorisent leur texte, la trame de la pièce se confondant souvent avec les tensions de leur détention. Fortement marqués par le maître du néo-réalisme Roberto Rossellini, les frères Taviani, fils d'un avocat antifasciste de San Miniato en Toscane, ont toujours pratiqué un cinéma engagé, ancré dans la réalité sociale de leur pays. La 85e cérémonie des Oscars aura lieu le 24 février 2013. http://www.lepoint.fr/

http://www.lexpress.fr/culture/ Cinéma: Berlin récompense les frères Taviani d'un Ours d'or A la 62e Berlinale, le duo italien remporte un Ours d'or du meilleur réalisateur pour "César doit mourir", adaptation du "Jules César" de Shakespeare jouée par des prisonniers. Les frères Paolo et Vittorio Taviani remportent un Ours d'or à la 62e Berlinale du cinéma, à Berlin. L'inséparable duo italien des frères Taviani, 162 ans au total, a remporté ce samedi soir l'ours d'or de la 62e Berlinale pour "César doit mourir", adaptation libre du "Jules César" de Shakespeare interprétée par des détenus d'un quartier de haute sécurité à Rome.

Paolo et Vittorio Taviani ont toujours travaillé en duo et refusé de distinguer la part de l'un de celle de l'autre. Ils ont remporté cet Ours d'or devant 17 autres films en compétition depuis le 9 février. Le jury, présidé par le cinéaste britannique Mike Leigh, était notamment composé d'acteurs -Jake Gyllenhaal, Charlotte Gainsbourg et Barbara Sukowa- et de réalisateurs -l'iranien Asghar Farhadi, Ours d'or 2011, le Français François Ozon et le Néerlandais Anton Corbijn. "L'Enfer" de Dante leur a donné l'idée L'idée de "Cesare deve morire" ("César doit mourir"), en partie filmé en noir et blanc, est venue aux deux frères alors qu'ils assistaient à une représentation de "L'Enfer" de Dante au coeur de la centrale de Rebibbia à Rome. "J'espère que quand ce film sera montré au public, certains en rentrant chez eux se diront (...) que même des criminels endurcis, condamnés à la perpétuité, sont et restent des hommes", a déclaré Paolo Taviani, 80 ans, en recevant le prix. Les prisonniers ont fait ça avec une grande conviction et c'est à eux que va notre salut "Cela a permis pendant quelques jours (aux prisonniers) de revenir à la vie. Cela n'a duré que quelques jours, mais ils ont fait ça avec une grande conviction et c'est à eux que va notre salut". La séance de casting, partie intégrante du film avec les essais face caméra, fait défiler une humanité sans femmes, condamnée à de lourdes peines pour meurtres, trafic de drogue, contraventions multiples aux lois anti-mafia. Quant au choix de "Jules César", il est lié à une phrase de la pièce, où il est dit de l'assassin de César: "Brutus est un homme d'honneur". "C'est un langage à la sicilienne, qui parle à ces hommes issus de la mafia, de la 'Ndrangheta (la mafia calabraise), de la Camorra (la mafia napolitaine): les complots, les secrets, les trahisons, eux aussi ils connaissent", avait relevé Vittorio Taviani après la projection. Fils d'un avocat anti-fasciste, les frères Taviani sont connus pour leur cinéma engagé dans la réalité sociale de leur pays. "C'était important

que le film soit présenté à un festival où l'on est conscient des problèmes du monde", a commenté Paolo. afp.com/john Macdougall http://www.lexpress.fr/culture/

http://www.rfi.fr/ «César doit mourir» des frères Taviani remporte l'ours d'or de la Berlinale Les réalisateurs italiens Vittorio (g) et Paolo Taviani. REUTERS/Fabrizio Bensch Le film italien «Cesare deve morire» («César doit mourir») a reçu ce samedi soir 18 février, l'ours d'or lors de la cérémonie de clôture de la 62ème édition du festival international du film de Berlin. Le film des frères Paolo et Vittorio Taviani est une adaptation libre du «Jules César» du dramaturge britannique William Shakespeare. Ce n est pas un film qui figurait parmi les favoris qui remporte l Ours d or du festival du film de Berlin. Le jury présidé par le réalisateur britannique Mike Leigh a surpris en récompensant le film des frères Paolo et Vittorio Taviani : César doit mourir. Pour cette oeuvre, les deux octogénaires italiens ont plongé dans la dure réalité d une prison où des condamnés à de lourdes peines montent une pièce de théâtre de Shakespeare. «La trahison et le meurtre figurent dans l œuvre de Shakespeare et renvoient à la réalité des détenus. Bien sûr ils sont coupables mais ils n en sont pas moins des êtres humains», ont expliqué les réalisateurs en recevant le prix. Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut http://www.rfi.fr/

Les liens du sang César doit mourir réalisé par Paolo et Vittorio Taviani

L unanimité du Tabou de Miguel Gomes parmi les festivaliers de la Berlinale en février dernier n a pas rendu justice au film des frères Taviani, qui n a pourtant pas démérité l Ours d or. Évoluant sur le fil ô combien fragile de la fiction théâtrale et du documentaire carcéral, César doit mourir convoque les fantômes shakespeariens au cœur d un quartier de haute sécurité de la centrale de Rebibbia. Longues peines et perpétuités y tiennent le rôle de leur (propre) vie, dans une mise en scène qui joue habilement des contraintes de l espace carcéral. L exercice est plus périlleux qu il n y paraît : prenant un moindre risque, il se serait effacé derrière une captation témoignant sans apprêt du spectacle monté par les détenus de cette centrale de banlieue romaine sous l impulsion d un metteur en scène fabuleux, Fabio Cavalli. Lorgnant vers la fiction de réhabilitation, il aurait pris des airs de success story et rejoint la cohorte de films-guinness où des octogénaires montent des groupes de rock et autres chorales humanitaires. Le pari des frères Taviani tient de la performance d un équilibriste, toujours sur le point de chuter et jamais très loin de toucher les cieux. Découvrant cette troupe de comédiens amateurs constituée de condamnés à perpétuité, ils leur proposent de monter le Jules César de Shakespeare, tragédie antique nourrie des cauchemars et des haines sanglantes du dramaturge britannique, aussi éloignée que singulièrement proche des vies de ces détenus. Les premiers plans du film sur les derniers moments de la pièce donnent raison aux cinéastes : la mort de Brutus, renonçant à sa vie comme un homme qui sait sa faute impardonnable, y est poignante de vraisemblance. Une fois le rideau tombé, c est encadrés de surveillants en uniformes que les comédiens quittent la scène pour rejoindre leurs cellules, tandis que le public sort de la salle sous l oeil des miradors. Le film bascule alors vers un noir et blanc plein de saillies et de clartés, moins subterfuge narratif valant pour un flashback que parti-pris esthétique d une abstraction de l espace de la prison. La mise en scène intègre adroitement le décor carcéral, comme le cadre grandiose d une Rome impériale sclérosée par les conjurations fratricides. Le scénario suit les actes de la pièce dans ce lieu d enfermement où, au fil de répétitions, les profils s aiguisent et les langues s affûtent, trouvant de terribles échos dans les vies chaotiques des comédiens. Les murs de briques bruissent de mille complots, les assassinats se fourbissent à l ombre de tristes cellules, les cours de bitume résonnent des plaintes endeuillées des partisans vaincus de César, et les grillages et barreaux cachent les regards de témoins. Cette déréalisation de l espace carcéral parvient du même coup à piéger le regard dans un dédale de coursives et de murs qui démultiplie les potentialités de cet espace panoptique. Par le truchement de la mise en scène théâtrale, toutes les scènes sont jouées à l intention d un spectateur invisible, matérialisé par la présence de la caméra ou bien celle

d observateurs inopinés, comme ces surveillants qui attendent le dénouement d une scène pour sonner la fin de la promenade. Le montage détourne avec une même habilité les codes du film de prison, quand il élude par exemple ce triste équivalent cinématographique de la photographie judiciaire consistant à présenter face caméra un portrait de chaque détenu assorti du motif et de la durée de sa condamnation, en offrant à chaque protagoniste une scène où se présenter, casting improbable alternant tristesse et colère qui, ailleurs, aurait fini dans les bonus DVD. Alternant répétitions et représentations, régimes documentaire et dramatique, le film évolue avec agilité hors des continuités narratives ou chronologiques. Qu on ne s y trompe pas pourtant, César doit mourir tient plus de la fiction que du documentaire. Il y a bien longtemps que les deux frères italiens, ne reconnaissant pour maître que Rossellini et ayant fait leurs armes aux côtés de Joris Ivens [1], ont pris conscience que leur écriture les portait du côté de la fiction [2]. C est ici la puissance de création de l esprit humain, quelles que soient les conditions dans lesquelles il se trouve entravé, qui fascine les cinéastes. Voilà plus de quarante ans, Giulio, le prisonnier anarchiste de Saint Michel avait un coq (1971), revendiquait envers et contre tout, son droit à la parole dans l isolement de sa cellule. Les prisonniers de Rebibbia prolongent son cri. Leur langue est dialectale, comme l était celle du petit berger sarde de Padre Padrone (1977). Chez ces personnages quasi-mythologiques, la parole est le lieu de l identité en même temps que de l apprentissage du monde. Aussi ne s étonnera-t-on pas qu elle favorise l intrication des temporalités : celle, resserrée et intense, de la tragédie croisant le présent perpétuel de la prison et le passé mythique de la Rome antique. On imagine aisément combien les luttes fratricides et les guerres de clans de cette république décadente revue et corrigée par Shakespeare ont pu rencontrer les propres vies de ces comédiens amateurs au parcours atypique, et nourrir cet entrelacement des temps et des registres du réel et du texte. En 1989, les deux frères avaient croisé Howard Hawks, de passage à Rome. Celui-ci leur avait expliqué : «Vous voulez donner au public quelque chose qu il ne connaît pas, moi je cherche à lui donner ce que je crois qu il aime. Mais nous avons un maître commun : Shakespeare, qui faisait les deux, et qui, comme vous et moi, savait qu un drame doit avoir une fin ouverte, et non une conclusion totale.» Il ne croyait pas si bien dire. [1] Sur le tournage de L Italie n est pas un pays pauvre, en 1960. [2] Au point de tourner à nouveau sous la forme d une fiction, La Nuit de San Lorenzo en 1982, leur premier film documentaire, San Miniato luglio 44.[ 3] Cité dans Gérard Legrand, Paolo et Vittorio Taviani, Paris, Cahiers du cinéma, 1990, Alice Leroy

TURIN + +9+. +2+ +2+ ++ + + + 62e BERLINALE César doit mourir, les frères Taviani remportent l Ours d Or ÉCRIT PAR TURIN Le film documentaire des frères Paolo et Vittorio Taviani Cesare deve morire, consacré à des détenus qui montent Jules César de Shakespeare dans une prison de haute sécurité de la banlieue de Rome, a remporté l Ours d Or de la 62e édition du Festival de Berlin "Nous avons pris la liberté de maltraiter Shakespeare, nous l avons démonté, déstructuré et reconstitué. Mais je pense qu il aurait aimé voir son Jules César mis en scène dans une prison" confiait Paolo Taviani il y a quelques jours, à l'occasion de la conférence de presse de présentation de Cesare deve morire au Festival de Berlin. Tourné dans la prison de haute sécurité de Rebibbia, dans la banlieue de Rome, où un groupe de détenus montent Jules César de Shakespeare, ce docufilm vient de remporter l Ours d Or à la 62 Berlinale. Les acteurs sont des détenus pour des délits de mafia ou de camorra, des uomini d onore - d où le choix de la pièce-, certains d entre eux sont en train de purger des peines à perpétuité, d autres sont à peine sortis de prison. Confrontés à l intensité bouleversante de la tragédie shakespearienne qui éveille des émotions fortes en abordant des thèmes comme l amitié et la trahison, le meurtre et le prix du pouvoir, la vérité et la complexité de la vie, les acteurs/détenus découvrent la force thaumaturgique de l art

mais également tout ce qu ils ont perdu : "Depuis que j ai connu l art, cette cellule est devenue une prison" dira l un d entre eux à la fin du film. Un tournage en dialecte et en noir et blanc C est en assistant au travail de Fabio Cavalli, metteur en scène de théâtre qui travaille depuis des années dans les prisons, que les frères Taviani ont eu l idée du film. Réciter l Enfer de Dante dans leur propre enfer, porter sur scène La tempête ou Jules César de Shakespeare signifie puiser au plus profond des émotions de ces acteurs/détenus qui jouent en dialecte afin de redonner aux mots leur sens caché ; une manière d'intérioriser ces derniers en y mettant toute la douleur et la frustration de leur expérience personnelle. Le film documentaire se caractérise aussi par un choix bien précis concernant l alternance de l utilisation du noir et blanc et de la couleur. "Aujourd hui, la couleur indique l objectivité naturaliste. Pour évoquer la renaissance de l âme de Brutus, nous voulions créer au contraire quelque chose de différent, d'irréaliste. C est pour cela que nous avons opté pour le noir et blanc, avant de retourner à la couleur pour la représentation théâtrale". Cet Ours d Or attribué à César doit mourir vient s ajouter au palmarès des frères Taviani (âgés de 80 et de 82 ans) qui ont déjà été reçu la Palme d or pour Padre Padrone en 1976 et le Grand Prix du Jury pour La Nuit de San Lorenzo en 1982. ÉCRIT PAR TURIN + +9 +. +2 + +2+ + + + + +

ROME "Cesare deve morire" des frères Taviani proposé par l'italie aux Oscars ROME - "Cesare deve morire" des frères Taviani, lauréat de l'ours d'or à Berlin, a été sélectionné pour représenter l'italie aux Oscars, a annoncé mercredi l'association nationale des industries cinématographiques (Anica). Les réalisateurs Vittorio (g) and Paolo Taviani, le 29 février 2012 à Rome afp.com/tiziana Fabi

"Nous sommes heureux mais c'est seulement le début d'un beau voyage, il y a beaucoup de route à parcourir", ont commenté les deux frères avant de s'envoler pour New-York où ils doivent participer à un Festival de cinéma. "Cesare deve morire" (César doit mourir) a remporté en février dernier l'ours d'or récompensant le meilleur film de la 62e édition de la Berlinale. Le film du duo fraternel deux fois récompensé à Cannes (Palme d'or 1977 avec "Padre Padrone" et Grand Prix pour "La Nuit de San Lorenzo" en 1982") est une libre adaptation du "Jules César" de Shakespeare, interprété par des détenus du quartier de haute sécurité de la prison de Rebbibia près de Rome. La séance de casting, partie intégrante du film, avec les essais des détenus devant la caméra, est particulièrement émouvante: y défile une humanité sans femmes, condamnée à de lourdes peines pour meurtres, trafic de drogue, infractions multiples aux lois anti-mafia. Tourné dans les cellules, les couloirs et les terrasses de la section de haute sécurité, le film mêle des images de la vie quotidienne des prisonniers, les répétitions, leurs doutes quand ils mémorisent leur texte, la trame de la pièce se confondant souvent avec les tensions de leur détention. Fortement marqués par le maître du néo-réalisme Roberto Rossellini, les frères Taviani, fils d'un avocat antifasciste de San Miniato en Toscane, ont toujours pratiqué un cinéma engagé, ancré dans la réalité sociale de leur pays. La 85e cérémonie des Oscars aura lieu le 24 février 2013. Par

César doit mourir" des frères Taviani : un élixir de jouvence LE PLUS. Certes, les frères Taviani ne font pas partie des cinéastes les plus attendus. Mais, à 90 ans, leur dernier film confirme une tendance étonnante : sur la scène du cinéma d'auteur, le troisième âge ne s'est jamais si bien porté. Par Vincent Malausa, critique aux "Cahiers du cinéma" et chroniqueur au Plus. Les frères Vittorio et Paolo Taviani, réalisateurs du film "César doit mourir", le 29 février 2012, à Rome (T.FABI/AFP). CRITIQUE CINÉ. Y aurait-il un élixir de jouvence propre au cinéma du troisième âge? Après le fringant centenaire Manoel de Oliveira ("Gebo et l'ombre") et le voyageur du temps Alain Resnais ("Vous n'avez encore rien vu"), les frères Paolo et Vittorio Taviani, respectivement nés en l'an 1929 et 1931, viennent à leur tour porter un coup dur aux défenseurs de la retraite à 60 ans en proposant l'un des films les plus frais et les plus expérimentaux de cette fin d'année.

Deux films en un Ours d'or au dernier Festival de Berlin, "César doit mourir" est la chronique d'une mise en scène de théâtre au cœur d'une prison de la périphérie romaine. En adaptant "Jules César" de Shakespeare avec un casting de prisonniers, les deux frères reprennent une longue tradition, celle du théâtre en prison, qui n'a pas forcément donné, vue à travers le cinéma, que des bons films. On connaît la chanson (l'art comme catharsis, le théâtre classique comme remise en scène du petit théâtre de la vie...), mais la force du film des Taviani est double. Sur le terrain "social", elle fait grâce au spectateur du cliché du "work in progress", prétexte à une approche reportage (façon "Strip-Tease ou émission de Mireille Dumas), pour lui préférer deux films en un plutôt qu'un long documentaire : il y a l'horizon de la pièce, mais aussi celui de sa mise en scène, qui elle-même est réalisée comme une fiction, à partir d'un scénario et de dialogues appris par les prisonniers. Même lorsqu'ils répètent et apprennent la pièce, les acteurs jouent. Le miracle du film se produit dans cette idée assez géniale, qui fait que le cinéma est partout dans le film, à de multiples niveaux, empêchant l'ensemble de se résumer à un simple exercice sociologique pour soirée/débat de cinéma associatif de banlieue ou soirée spéciale de la chaîne "Prison" sur le câble. Esthétiquement superbe Cela a pour effet principal de transformer le décor sinistre de la prison en pur espace de poésie : à plusieurs reprise, lors des scènes-clés de la pièce le meurtre de César et les discours enflammés sur la place publique qui s'ensuivent, l'espace de la prison se transcende en un lieu hors du temps, habité de corps possédés, évoquant le cinéma populaire italien le plus échevelé des années 1960 (on songe à Vittorio Cottafavi et à ses péplums fonctionnant comme de sublimes tragédies grecques ou de bouleversants mélodrames). Sans rien enlever à la puissance réaliste et aux enjeux politiques du projet les acteurs conservant notamment leurs dialectes et s'exprimant avec une authenticité toute néoréaliste, "César doit mourir" fonctionne ainsi comme une épopée en chambre. Le noir et blanc magnifique du film, la musique qui accompagne les scènes avec une tonalité tour à tour