Chapitre II : La révélation de Dieu 1 ère section : le Dieu trinitaire 8 : Dieu dans sa révélation 1. Position de la doctrine trinitaire dans la dogmatique. Qui se révèle? Comment? qu est- ce qui est révélé? A chaque fois : Dieu. Trinité (non pas grammaire fondement de trinité mais peut l expliciter pour nous). Dans le christianisme (- >Bible), la réponse à la première question implique celles aux deux autres. Et c est seulement en répondant bien aux deux dernières questions que l on répond vraiment à la première. La réponse est à chaque fois : Dieu. Mais ces trois dimensions sont irréductibles entre elles : Dieu n est pas entièrement dans sa manière de se donner ni dans ce qu il donne. Si donc le concept biblique de la révélation donne Dieu trine et un, alors il faut répondre à la question de ce qu est la révélation en commençant par la trinité. (9) «Quand nous demandons Qui est le Dieu qui se révèle? la Bible nous répond de telle façon que nous sommes contraints de réfléchir au caractère trinitaire de Dieu.» (10) Trinité révélation au sens de Schleiermacher 2. La racine de la doctrine trinitaire [concept biblique de révélation] Dieu est lui- même sa parole. Mais cela n est vrai sans réserve que de la révélation. Prédication et Écriture doivent devenir la parole de Dieu pour l être. (11) «accepter la révélation au nom de la conscience de l homme qui s en ferait le juge, est une négation pure et simple de la révélation.» Pas de critère externe de la révélation. (12) «La révélation est un cercle fermé à l intérieur duquel on ne peut qu être placé, ou plutôt avancer.» Racine de la doctrine trinitaire : Dieu se révèle comme le Seigneur (révélation comme liberté absolue de Dieu).
- Propositions relatives à la trinité identiques à la révélation. Doctrine trinitaire : œuvre de l Église, document où l Église exprime sa compréhension de la trinité. Trinité dans la Bible mais interprétation. La distance qui est celle de la prédication et de la théologie. Dogmatique : réfuter les hérésies (mauvaises interprétations) répéter l Écriture. - Les propositions relatives à la trinité de Dieu sont indirectement identiques à celles relatives à la révélation. Pas de relativité complète du dogme. Preuve de la vérité d un dogme : interprétation pertinente de la Bible. ( purgatoire, sept sacrements mais aussi évolution progressive de révélation ou continuité entre Dieu et l homme dans l expérience religieuse : libéraux). (18) Doctrine de la trinité ( trinité) : interprétation adéquate de la révélation. (21) Primauté de la deuxième personne (révélation révélateur et révélé) de la trinité est la forme la plus originale du témoignage biblique. 1. [développement en trois moments : Fils, Père, Esprit] 1. Car révélation signifie dans la Bible que Dieu se révèle lui- même. Du coup, le moment de cette révélation : «centre historique du concept biblique de révélation». «Objectivement, le fait qu il est voilé est aussi important que le fait qu il se dévoile ; c est historiquement seulement que le dévoilement de Dieu est au centre.» Acte par lequel Dieu se dévoile : se rend présent, concret, objet d expérience etc. Se fait le double de lui- même dans événement de dévoilement mais événement irréductible à marche du monde : ne peut être fait que par Dieu lui- même. (25) «La seigneurie qui se manifeste dans la révélation biblique consiste précisément dans la liberté de Dieu de se distinguer de lui- même, de devenir inégal à lui- même tout en restant lui- même ( )» 2. Il est essentiel à ce qui se révèle d être inaccessible, inconnu à l homme ( mystère de fait qui pourra être connu) Conséquence : (26) «Cela doit signifier notamment que Dieu, même sous la forme qu il prend lorsqu il se révèle [plus haut Barth disait que révélation : Dieu prend forme], est libre de se révéler ou de ne pas se révéler.» Les formes de la révélation et les moyens qu elle prend ne sauraient jamais se substituer au fait que c est Dieu qui se révèle. Sinon
Dieu serait entre nos mains, livré à l homme. Jamais une expérience faite une fois pour toutes. Ce qui est révélation peut devenir aveuglement. (28) Le prophétisme ne cesse de s élever contre la tradition de la révélation et le culte institué. «Dans le Nouveau Testament, nous retrouvons exactement le même phénomène sous une forme plus typique : Dieu se cache tout en se révélant et, au moment même où il prend forme, il demeure libre de devenir ou non manifeste sous cette forme. Cette forme c est l humanitas christi.» Révélation de Dieu existence de l homme Jésus de Nazareth. Jésus révélation pour tous ceux qu il rencontre mais seulement pour quelques uns. 3. Qui la révélation concerne- t- elle? Des hommes concrets. Révélation biblique : événement historique non au sens des sciences historiques mais au sens de «réellement arrivé». (30) «Il nous faudrait renoncer à tout ce que nous avons dit sur le mystère de Dieu dans sa révélation, si nous devrions maintenant considérer un seul des faits de révélation rapportés par la Bible comme susceptible d être saisi et défini par les méthodes de la science historique, c est- à- dire comme perceptible à un observateur neutre. Ce qu un observateur neutre des faits de la révélation peut en percevoir n est que la forme de la révélation, un événement appartenant au domaine humain et susceptible comme tel de toutes les interprétations qui peuvent convenir aux événements de ce genre : ce n est en aucun cas la révélation comme telle.» Que la révélation biblique soit historique signifie qu elle a toujours lieu à des moments déterminés, en des lieux précis, pour certains hommes. rapport général de Dieu aux hommes. (31 sq.) Remarque importante sur les rapports Bible/science historique. Distinction difficile entre «historicité générale» et «historicité particulière». Notion de mythe rejetée fermement. Révélation comprise comme un mythe événement concret et réel mais indépendant de l histoire et du temps. (34) Bible souligne caractère historique de la révélation pour la distinguer d une création de l homme. C est quelque chose qui lui arrive à un moment, indépendamment de lui, une vérité générale.
(36) Esprit : miracle de la participation d hommes concrets à la révélation. L éternité entre dans notre temps. Il faut que la révélation soit l œuvre de Dieu. Troisième sens de la seigneurie de Dieu. (37) «Dieu se révèle comme le seigneur» : triple sens mais contenu unique. (38) «La doctrine trinitaire est une exégèse, un commentaire du document particulier reçu et considéré dans l Église comme le témoignage valable de la révélation.» 3. Le Vestigium Trinitatis (39) Thèse sur la racine de la doctrine trinitaire dans le concept biblique de révélation est polémique : pas d autre origine de cette doctrine. Donc, pas d analogie de la trinité dans telle ou telle réalité créée. (39-40) Barth fait le passage du vestige de la trinité au mythe : la trinité devient, in fine, une interprétation humaine du cosmos. (43) Toutes les théories des vestiges de la trinité peuvent être considérées comme des illustrations intéressantes du Credo, mais elles le présupposent. (44) Vrai vestigium trinitate : la forme prise par la révélation. Au sens ou aucune n est absolument et surtout par elle- même adéquate à ce qui est révélé. (45) vrai sens du VT : montrer l intelligibilité de la révélation aptitude naturelle à la saisir. C est la trinité qui s empare du monde et non le monde qui montre la trinité. (49) Barth fixe une limite : passage de l interprétation à l illustration. Voir traduction. Interprétation : dire la même chose en d autres termes. Illustration : chercher à voir la même chose à partir d ailleurs, pour se la confirmer. Incrédulité. Risque couru par toute interprétation, même par Barth analysant la manifestation de Dieu en trois moments. L objection est toujours possible : (49) «Il est bon de le dire clairement : comme théologie, on ne peut, pas plus ici qu ailleurs, justifier soi- même ce que l on fait.» (50) «La révélation ne serait plus la révélation si l on pouvait s en servir pour démontrer à d autres qu on parle en son nom et à partir d elle.»
(50) «Notre conclusion sera donc la suivante : il y a certes un réel vestigium trinitatis in creatura, une illustration de la révélation, mais ce n est pas à nous de le découvrir, ni de l établir.» C est le forme que Dieu prend dans la révélation. C est Dieu qui illustre lui- même la révélation. Nous n avons qu à l interpréter. 9 : La Trinité de Dieu 1. L Unité dans la triplicité (54) Une seule essence divine. «Il est bon dès ici de faire remarquer que ce que nous appelons aujourd hui la personnalité de Dieu appartient également à son essence unique, qui n est pas multipliée par trois mais doit être au contraire reconnue dans son unicité, du fait de la doctrine trinitaire». Car (voir 55-56) si on dit que Christ ou Esprit Dieu, alors on se met à adorer des êtres qui ne sont pas Dieu : on met en cause le monothéisme. Les personnes de la doctrine trinitaire personnalité au sens d aujourd hui. Une seule personnalité au sens moderne. Le fait que Dieu est «tu» et pas «il» neutre. 2. La triplicité dans l unité Idée de limitation est inséparable du concept d unité numérique. «Mais l unité numérique de Dieu échappe à la règle commune» (57). Que signifie la notion de personne? Impossible de concevoir la vraie distinction entre les personnes, de les regrouper sous un concept commun, car ce serait comprendre exactement la nature de Dieu (58-9). Personne : abréviation utile. A la place, Barth préfère «manières d être». (67) Remarque sur l histoire de la compréhension de la personne en Dieu comme relation. (69-70) : sur les rapports entre nos concepts théologiques et la réalité dont il est question.
3. La trinité «Le sens complet du concept de trinité ne pourra jamais être indiqué que par une opération dialectique : celle qui consiste à unir et à distinguer tout à la fois les deux formules, en elles- mêmes unilatérales et insuffisantes.» (70) (72) liberté de Dieu et son rapport à la révélation. En vertu de sa liberté, Dieu duff notre propriété et il nous reste incompréhensible. (73-74) Analogie. Nos distinctions sur la trinité celles en Dieu mais peuvent nous les faire connaître par analogie. Pas analogie de l être. Analogie qui est donnée par la révélation. 4. Le sens de la doctrine trinitaire La doctrine : une virtualité dans la Bible. Etait- il nécessaire et légitime pour l Église de formuler ce dogme? (77) (77-78) On peut examiner la formulation du dogme trinitaire en simple historien : cela veut dire regarder l Église des premiers siècles de l extérieur, donc s en exclure. Pas de raison spéciale de le faire pour cette Église des premiers siècles. Reconnaissance par Barth de l importance des raisons profanes dans l élaboration des dogmes. (78) Remarque sur les rapports de la théologie à l histoire et à la philosophie de son temps. Au lieu d opposer la philosophie des Pères à l Évangile (parce qu on a soi- même une autre philosophie), il vaut mieux essayer de comprendre ce qu ils ont voulu dire avec la philosophie de leur temps. (79) Ce n est que par une décision de foi, ou par une décision qui voudrait être une décision de foi, que nous pouvons contester que l Église du 4 ème siècle ait été une Église déchue. Légitimité de cette décision : appel à l écriture sainte. En la considérant, ne doit- on pas dire que l Église, à ce moment donné, devait formuler ce dogme? (81-82) Le sujet de la révélation est ce qui reste toujours sujet, jamais objet. Dieu n est pas objectivable. Dieu ne peut devenir un «il» mais seulement nous rencontrer dans le «tu». Autrement dit, l expérience de Dieu est nécessairement celle d une relation, une relation d un sujet à un sujet. Le subordinatianisme nie ce caractère inobjectivable de Dieu. En rejetant Arius, c est cela que l Église a rejeté.
Idem, en rejetant le modalisme, elle a dit qu il n y avait pas de Dieu derrière notre Dieu. (83) En soi, la doctrine de la trinité ne nous révèle pas que Dieu est tel et tel. Seule sa Parole peut le faire. Mais réflexion sur la prédication. Pour Barth, trinité = résultat pertinent de la réflexion. 10 : Dieu le Père 1. Le créateur «C est à la frontière rigoureuse de la croix que la volonté de Dieu devient visible, comme la volonté de nous rendre vivants, de nous bénir, de nous faire grâce.» (87) «Non seulement il est impossible d établir et de discerner la volonté de Dieu le Père à notre égard en nous analysant nous- mêmes ; mais encore et bien davantage, nous ne pouvons méconnaître que toute notre existence, jusqu en ses derniers fondements, est engagée par le vouloir divin dans une crise radicale et que la volonté de Dieu le Père tend à renouveler totalement cette existence.» (88). 2. Le Père éternel 11 : Dieu le Fils 1. Le réconciliateur p. 97-98 : Arguments (y compris tirés de l histoire critique des textes) selon lesquels Jésus est considéré comme Dieu dans les Évangiles. Sur rapport Jésus/Fils de Dieu. Barth refuse la thèse selon laquelle on a d abord connu Jésus comme personnage historique puis comme Fils de Dieu, avec une question qui serait de savoir comment on passe de l un à l autre (100). Renvoi à Schleiermacher, Chris. Glaube, 22. (100-101) ébionisme et docétisme. Le deuxième touche Schleiermacher notamment.
(104-105) réalité du péché constatable dans une anthropologie abstraite. Nous nous connaissons ennemis de Dieu seulement parce que Dieu a établi une relation avec nous. Possibilité pour le pécheur d entendre Dieu : miracle possibilité naturelle (105). 2. Le Fils éternel (117) Ne s attacher qu à ce que le Fils de Dieu est «pour nous» ( ce qu il est en soi, éternellement dans la trinité) - > faire l économie de la foi c est- à- dire de l acte par lequel le Dieu caché se dévoile. Ritschl : docète (117). «Incontestablement, le dogme de la divinité du Christ brise toute tentative d établir un rapport de corrélation entre la révélation divine et la foi humaine. En s enfermant dans le cercle de la psychologie religieuse, en restant prisonnier de l idée que la vérité se présente à l homme sous deux aspects dont il s agirait d établir la synthèse, ou de toute autre théorie de ce genre, on ne parvient jamais à rejoindre l intention profonde du dogme lui- même. Et si tout ce qui demeure insaisissable par ces méthodes devait constituer précisément une métaphysique interdite à la théologie, alors c est le dogme lui- même qu il faudrait proscrire! Toutefois, si nous gardons à l esprit les trois points qui viennent d être soulignés, nous raisonnerons d une manière exactement inverse et nous dirons : la métaphysique vraiment interdite et que les réformateurs eux- mêmes ont toujours refusé de pratiquer, consiste précisément à baser la réflexion théologique sur l idée qu il existe une corrélation entre la révélation de Dieu et la foi de l homme, au lieu de comprendre que cette corrélation n est qu une illusion si elle n est pas fondée en Dieu lui- même et sans cesse garantie par lui.» (117-118)