Marrons et châtaignes

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Transcription:

zoom sur... Marrons et châtaignes par * * Société des Sciences Naturelles de Bourgogne 4 rue Gagnereaux, 21000 DIJON - jean.vallade@orange.fr Chacun a pu le constater : le marron du marronnier d Inde ressemble à la châtaigne du châtaignier au point que l ambiguité est entrée dans la terminologie. On parle volontiers de «marrons chauds» et de «marrons glacés» alors que ce sont évidemment des châtaignes qui sont consommées grillées ou confites et recouvertes d un délicieux sirop sucré, puis glacées et séchées au four. La confusion entre marrons (du marronnier) et châtaignes doit être absolument évitée. En effet, les marrons d Inde sont impropres à la consommation par l homme et les animaux du fait de la présence dans l amande de glucosides (aesculine, fraxine), anticoagulants toxiques. Les châtaignes au contraire constituent une source importante de nourriture sous forme séchée ou sous forme de farine. Elles furent dans les siècles passés la nourriture principale dans certaines régions de France (Cévennes, Limousin par exemple). Une curieuse ressemblance Cette ressemblance entre marron et châtaigne, qui porte également sur leurs «enveloppes» munies de piquants, est une curiosité biologique. En effet, l analyse botanique montre que marrons et châtaignes ne sont pas des organes homologues : les marrons sont des graines tandis que les châtaignes sont des fruits. Les marrons sont protégés à l intérieur d un fruit déhiscent, la capsule épineuse, qui s ouvre à maturité en trois valves permettant la libération des graines. Par contre, la bogue épineuse qui enferme les châtaignes avant de se fendre en quatre parties laissant alors apparaître les fruits, est l équivalent de la cupule écailleuse située à la base du gland des chênes. Seule l étude précise de l organisation et de la transformation progressive de la fleur et de ses annexes permet de comprendre la nature morphologique différente des «fruits» des marronniers et des châtaigniers (cf. encart et fiches botaniques). La ressemblance entre marrons d Inde et châtaignes ne résulte en réalité que d une convergence morphologique concernant la forme et la couleur d une graine (marron) et d un fruit (châtaigne). Des variétés de châtaignes appelées «marrons» La clarté botanique étant faite, il reste à expliquer la distinction qui est toujours pratiquée par les producteurs de châtaignes entre «châtaignes» et «marrons». Il existe de nombreuses variétés de châtaigniers et parmi celles-ci, certaines sont appelées «Marrons» (Marron du Var, Marron du Dauphiné, Marron d Olargues, Marron de Nontron etc.). Ces variétés ont été sélectionnées pour les caractéristiques particulières de leurs fruits. Chez les châtaigniers «sauvages», la bogue renferme le plus souvent deux ou trois châtaignes provenant de l existence d un groupe de trois fleurs entourées par une enveloppe commune à l origine de la bogue. Chez les variétés appelées «Marron», une seule fleur sur les trois persiste et formera une seule châtaigne par bogue. Le fruit est alors plus gros, plus 4 Rev. sci. Bourgogne-Nature - 15-2012

arrondi que les châtaignes ordinaires et est désigné depuis plusieurs siècles par le terme de «marron». Mais ces variétés ont une autre particularité qui est prise en compte lors de la sélection de ces «marrons» : la présence d un cloisonnement de l amande. En effet, la graine est enveloppée d un tégument mince, pellicule rougeâtre, astringente, laquelle pénètre plus ou moins profondément dans les replis de l amande et qu il faut retirer avant de consommer la châtaigne. Lorsque les invaginations sont importantes, le retrait de cette pellicule interne entraîne le morcellement de la châtaigne ce qui n est pas compatible avec la confection de «gros marrons glacés». Or, certaines variétés destinées à la confiserie, se caractérisent par un faible développement de ces cloisonnements. La norme française accorde le label de «marrons» à des châtaignes cloisonnées à moins de 12 %. En résumé, parmi les châtaignes, le «marron» est donc issu d une variété cultivée et améliorée de châtaigniers dont les bogues ne contiennent qu un seul fruit et dont l amande comestible est très peu cloisonnée par la pellicule qui entoure la graine. Marronnier Pas d enveloppe externe au fruit. Fruit déhiscent : capsule formée d un péricarpe épineux (paroi du fruit). Graine (amande) : constituée d un tégument coriace, brun, luisant, entourant un embryon pourvu de 2 gros cotylédons charnus amylacés. Châtaignier Bogue épineuse issue de bractées entourant 3 fleurs. Fruit indéhiscent : akène limité par un péricarpe coriace, brun, luisant, surmonté par les restes des stigmates. Graine (amande) : constituée d un tégument fin rougeâtre, astringent, entourant un embryon pourvu de 2 gros cotylédons charnus amylacés. Comparaison des «fruits» du marronnier et du châtaignier indiquant les homologies structurales. La ressemblance entre la graine du marronnier et le fruit du châtaignier n est qu une convergence morphologique. Marrons et châtaignes 5

Fiches botaniques Le Marronnier d Inde Le Marronnier d Inde, Aesculus hippocastanum L., appartient à la famille des Hippocastanaceae (désormais incluse avec les Aceraceae dans la famille des Sapindaceae). Le nom d Aesculus est tiré du nom d un chêne à glands tandis qu hippocastanum évoque le cheval (hippos) et la châtaigne (kastanos), car le marron était réputé soigner certaines maladies pulmonaires affectant les chevaux. Les marrons sont des graines issues du développement d ovules. Cette espèce est originaire du sud-est de l Europe, aire comprise entre le Caucase et les Balkans, où elle pousse naturellement en forêt mixte de feuillus. Introduite à Constantinople en 1557 par la Compagnie des Indes (d où son nom), un exemplaire aurait été offert à Charles de l Ecluse, ambassadeur à Vienne, en 1576, sous la forme d un marron prêt à germer. De l Autriche, le marronnier a diffusé en Europe et a été introduit à Paris en 1612 par le botaniste Bachelier. C est un grand arbre d ornement qui peut mesurer jusqu à 30 mètres de haut, à grandes feuilles opposées, palmées à sept folioles. Les fleurs blanches tachées de rouge, sont rassemblées en une inflorescence pyramidale appelée thyrse. Le gynécée (partie femelle de la fleur) est constitué de trois carpelles formant un ovaire triloculaire (à trois loges), chaque loge étant pourvue de deux ovules. Le fruit issu de la transformation de l ovaire est une capsule hérissée de piquants, s ouvrant en trois valves ne renfermant chacune qu une seule graine, le marron d Inde. Marrons (graines) dans leurs capsules (fruits déhiscents). Autrefois peu sensible aux parasites, le marronnier est depuis quelques décennies victime de plusieurs maladies en extension dans les villes. On citera en particulier la Gracillaire ou mineuse du marronnier, petit papillon (Cameraria ohridella) nouvellement apparu en Europe dont la chenille creuse des galeries dans les feuilles (cf. photos et texte de François Graf, ci-après) provoquant une chute précoce et parfois totale du feuillage et un affaiblissement des arbres. Le marronnier est aussi touché par des champignons pathogènes par exemple Guignardia aesculi (qui cause des taches brunes-rougeâtres bordées de jaune sur le feuillage) et par le chancre bactérien (Pseudomonas syringae). Il semble que ces facteurs pathogènes se développent préférentiellement sur des arbres exposés à la pollution et aux fluctuations climatiques (hivers doux et étés chauds et secs dans nos régions tempérées). Illustration de Pierre Turpin. 6 Rev. sci. Bourgogne-Nature - 15-2012

François Graf La Gracillaire, un papillon parasite du marronnier par François Graf François Graf Feuille de marronnier «minée» par les chenilles de la Gracillaire. Le papillon Cameraria ohridella parasite du marronnier. La Gracillaire du marronnier est ainsi nommée car ses larves sont des chenilles mineuses des feuilles de marronnier. Les imagos (3 mm de long) peuvent être observés à l émergence ou lors de la ponte. Les ailes antérieures (fauve, roux ou orange) sont striées de bandes blanches doublées de noir et sont pourvues postérieurement de longues franges. Les antennes sont aussi longues que le corps. Lors de la ponte, Cameraria ohridella forme des essaims (faisant penser à des moucherons) au-dessus des feuilles. Les chenilles présentent un corps aplati dont les étranglements intersegmentaires sont très marqués et des pièces buccales prognathes ; elles creusent des galeries dans le parenchyme foliaire ce qui entraîne une dessication (brunissement) du feuillage et une défoliation prématurée qui peut être totale. Lors de la mue nymphale, la région antérieure de la chrysalide est située à l extérieur de la feuille et de ce fait l émergence a lieu à l air libre. Il peut y avoir 3 ou 4 générations dans l année. L hivernation a lieu au stade chrysalide. C est une espèce invasive en France depuis l an 2000. B A Les marronniers du boulevard Carnot à Dijon sont à nouveau en fleurs en ce début de printemps 2012 ; toutefois, les individus défoliés et qui avaient refleuri à l automne 2011 (cf. page 3) présentent un feuillage moins dense et des inflorescences plus dispersées (photo A) que leurs voisins, moins atteints par la Gracillaire et les stress thermiques et hydriques de l année 2011 (photo B). Marrons et châtaignes 7

Le Châtaignier Le Châtaignier, Castanea sativa Mill., appartient à la famille des Fagaceae. C est une espèce spontanée autour de la Méditerranée ; il est présent en France à l état naturel en Corse et dans quelques régions des Cévennes, des Maures et des Pyrénées orientales. Actuellement, les châtaigneraies françaises occupent environ 4 % du domaine forestier et se situent, outre les régions indiquées ci-dessus, principalement en Bretagne, Limousin, Auvergne et au sud de l Ardèche. Le Châtaignier est une espèce thermophile qui redoute les sols basiques ou riches en calcaire. Le bois de châtaignier est utilisé en ébénisterie, menuiserie, pour la réalisation de petites charpentes et pour la confection de paniers et de petits objets comme par exemple les castagnettes! C est un arbre de grande taille (25-35 mètres) pourvu de feuilles caduques simples, dentées mesurant jusqu à 25 centimètres de longueur. Sa longévité est importante : le célèbre «châtaignier aux cent chevaux» situé en Sicile sur les pentes de l Etna, a un âge estimé à 2 000 ans! Le tronc d un vieux châtaignier. Il fleurit normalement de juin à juillet. C est un arbre monoïque. Les premiers chatons formés à l aisselle des feuilles sur de jeunes pousses, ne présentent que des fleurs mâles ; les chatons situés en position supérieure portent, dans le bas, des fleurs femelles groupées par trois. Chaque groupe de trois fleurs est enfermé dans une enveloppe commune faite d écailles soudées. Cette enveloppe constitue la future bogue munie de piquants. La fleur femelle proprement dite est constituée d un calice (6 pièces) et d un gynécée formé de 6 carpelles délimitant 6 loges biovulées. Pour chaque fleur, un seul carpelle se développe et produit une châtaigne, fruit sec indéhiscent (akène) lequel ne contient qu une seule graine. Chatons et bogues immatures de châtaignier. Illustration de Pierre Turpin. Châtaignes mûres (fruits) montrant les restes des stigmates floraux. 8 Rev. sci. Bourgogne-Nature - 15-2012

On connaissait depuis longtemps la maladie de l encre due à un champignon (Phytophtora cambivora) et la maladie du chancre (Endothia parasitica) qui ont contribué à la destruction d une partie importante des châtaigneraies françaises. Depuis 2006, un nouveau ravageur a gagné la France en provenance d Italie. Il s agit d une espèce de Cynips (Dryocosmus kuriphilus) qui pond ses oeufs dans les bourgeons et provoque le développement de galles qui empêchent le développement des jeunes rameaux et en conséquence la fructification de l arbre. Ce redoutable ravageur ne cesse de progresser et atteint en 2012 l ouest de la France. Il met en danger une importante partie de la production nationale. Pour l instant on ne peut lui opposer qu une seule arme biologique : l introduction de Torymus sinensis, un hyménoptère prédateur de Dryocosmus kuriphilus. Un châtaignier fourchu. Feu le châtaignier-chêne du Jardin de l Arquebuse à Dijon Le greffage du châtaignier sur le chêne (deux essences appartenant à la même famille des Fagaceae) a la réputation de s effectuer assez facilement 1. Une telle greffe d un Châtaignier (Castanea sativa Mill.) sur un Chêne pédonculé (Quercus robur L. = Q. pedunculata Ehrh.) a été réalisée avec succès en 1835 au Jardin de l Arquebuse. En 1925, soit 90 ans après le greffage, le châtaigner-chêne était encore en vie (bien que dépérissant) dans l arboretum de l Arquebuse 2. La photo prise en 1925 montre que le greffon (châtaignier) est nettement plus développé que le porte-greffe (chêne). Comme l indique P. Genty 2 : «De cette inégalité de tempérament et de croissance entre les deux essences associées est résulté pour le greffon une insuffisance de nutrition qui n a pas été sans nuire à son développement normal. Néanmoins il a fleuri et même fructifié souvent» ce qui est exceptionnel «l association des deux essences restant généralement éphémère et improductive. Seul le châtaignier-chêne de Dijon a jusqu ici fait exception.» Cette «célébrité» dijonnaise a disparu sans doute peu de temps avant de fêter son centenaire. 1 Binon J. 1906. Reconstitution des châtaigneraies par la greffe du châtaignier sur le chêne. Châteauneuf-sur-Loire, imprimerie E. Duneau, 24 p. 2 Genty P. 1925. Guide illustré du visiteur du Jardin botanique de Dijon, Jardin de l Arquebuse. Librairie Mettray et Dugrivel, Dijon, 28 p. Châtaignier-Chêne de l arboretum de l Arquebuse en 1925. Marrons et châtaignes 9