PRESENTATION DES TOILETTES SANS EAU En 2005, 1,3 milliard d individu ne disposent pas d eau potable, soit 20 % de la population mondiale. 1 personne sur 4 n a pas accès à l eau potable. Selon l ONU, 36 000 personnes meurent quotidiennement de par le monde par manque d eau. Ces chiffres sont en augmentation avec l accroissement démographique et l urbanisation accélérée. En France, pour 1,5 L d excréments par personne et par jour, 50 L d eau est utilisée pour les évacuer, soit 1 % de ce que nous rejetons représente 60 % de la pollution produite. L eau est le milieu où la minéralisation de la matière organique est la plus lente (milieu anaérobie : fermentation). De plus lorsque les organismes pathogènes sont directement immergés, ils retrouvent un milieu qui leur est favorable (eau de température moyenne) et prolifèrent. Si on veut que les matières organiques ne polluent plus le cycle de l eau mais enrichissent le cycle du carbone et de l azote, la solution la plus simple est de ne plus utiliser des toilettes à chasse d eau. Il existe différents types de toilettes sans eau du plus simple au plus sophistiqué (à compost, à séparation liquide/solide, à déshydratation des matières fécales, à lombricompostage...). Ces toilettes sont en grand développement dans les pays de l Europe du nord. En Suède, à Tunum, les toilettes classiques à chasse d eau sont remplacées au profit des toilettes sans eau. La plus couramment utilisée est la toilette à compost, plus de 2000 foyers en France et en Belgique en sont équipés (www.habitat-ecologique.org). Voici une présentation de différents modèles de toilettes sèches. Il est également possible de combiner plusieurs modèles (toilettes à compost urinoirs ). Les toilettes à compost : Principe de fonctionnement : La toilette à compost ou toilette à litière biomaîtisée permet un stockage temporaire et sans nuisance des excréments (urines et matières fécales) avant leur évacuation sur une aire de compostage extérieure. Un apport régulier de matières carbonées (sciure, copeaux de bois, feuilles mortes ) doit être effectué au fur et à mesure de l'utilisation de la toilette. Ce structurant carboné permet : - d'éviter les odeurs par l'absorption des urines tout en apportant un confort visuel à l'utilisateur, - d apporter le carbone nécessaire pour fixer l'azote organique sous forme humique, non lessivable (production de compost), - de stabiliser les urines (blocage de l'uréase, enzyme présent dans l'urine qui transforme l'azote organique en azote ammoniacal), - de créer des conditions d humidité et d aération propices à un compostage aérobie. Mise en œuvre : Selon l'espace que l'on possède sous la toilette et l'entretien que l'on veut y apporter, la toilette à compost est constituée d'un réceptacle plus ou moins important, allant d'un simple sceau à 04.66.24.75.16 ou 06.85.21.00.11 1
une cuve d'un à deux mètres cubes, en passant par la poubelle à roulette, la brouette, le bidon de 80 à 100L Selon le volume choisit, la mise en œuvre sera plus ou moins complexe. Il est également possible d'en acheter des préfabriqués. La plus utilisée en France est un simple meuble, avec cuvette anglaise, où est logé un seau. La vidange se fait selon le volume du seau et de l utilisation. Pour une famille de 4 personnes : 1 à 2 fois par semaine pour seau de 15 L en utilisation continue. Photo : Association Toilettes du Monde. Plans disponibles sur www.tdm.asso.fr Réalisations avec des contenants plus grands en sous sol : Photo : Association Toilettes du Monde. Avant la mise en service, une couche de plusieurs centimètres de matières carbonées est déposée dans le fond du récipient. Plus d'informations : www.toilettesacompost.org ; www.eautarcie.com Le compostage : Une fois plein, le bac est vidé sur une aire de compostage où il va murir pendant un an. Ce compostage entraîne un changement de milieu pour les micro-organismes pathogènes qui rapidement vont disparaître (passage d un milieu humide à un milieu sec, changement de température, rayonnement solaire, ph, prédation, manque d éléments nutritifs ). La température du compost peut atteindre 40 à 60 C pendant ce temps d'élaboration. Le bac à compost recevra les vidanges des toilettes et éventuellement des déchets verts de cuisine. Le compostage combine un processus de fermentation aérobie des matières à 04.66.24.75.16 ou 06.85.21.00.11 2
dominance azotée (décomposition bactérienne) et d une digestion des matières plutôt carbonées (décomposition par les champignons et les vers rouges ou vers à fumier). Au cours de la première phase, la population bactérienne augmente considérablement et leur activité dégage une chaleur d autant plus importante que le tas de compost est volumineux. La température peut atteindre 60 C au centre du tas, ce qui est suffisant pour éliminer les germes pathogènes présents dans les matières fécales. Lorsque les matières fermentescibles sont dégradées, la deuxième phase prend le relais : la température diminue, permettant aux vers de s installer dans le compost. Ils ingèrent et digèrent toutes les matières présentes, aboutissant ainsi à une fragmentation de plus en plus fine des matières. (Denis Pépin : Compost et paillage au jardin : recycler et fertiliser, éditions Terre Vivante 2003- http://www.terrevivante.org) 2 bacs à compost juxtaposés, avec couvercle ajouré Réalisation et photo : E. LE DOUARIN Les toilettes à séparation : Le principe des toilettes à séparation consiste à séparer les liquides des solides. Cette séparation peut être effectuée soit à la «source» en installant une cuvette à séparation préfabriquée ou des urinoirs, soit par gravité au niveau du stockage. Le but de cette séparation est de diminuer le volume de matières à stocker et du même coup réduire la fréquence des vidanges. Une personne produit environ 500 L d'urine par an pour seulement 50L de matières fécales. Une fois les urines retirées, la gestion des matières solides est bien plus facile d'autant plus qu'il n'est pas nécessaire d'ajouter de litière carbonée. Les toilettes à séparation à la «source»: Ces toilettes sont très utilisés en Suède, en Chine, au Danemark dans des habitats individuels, comme dans des habitats groupés (immeubles, lotissements...). Ces systèmes obligent les utilisateurs à s'asseoir et à bien se positionner afin que les urines soient récoltées à l'endroit qu'il leur est réservé. Photo : Association Toilettes du Monde. 04.66.24.75.16 ou 06.85.21.00.11 3
L'urine est un composé stérile qui contient une proportion idéale d'azote, de phosphore, et de potasse pour être valorisé en agriculture. Il est donc possible de brancher le tuyau d'évacuation des urines à une cuve de stockage afin de l'utiliser comme engrais. Il faudra alors fortement les diluer (5 à 10 fois) pour éviter de «brûler» les racines (en 1 jour une personne produit assez d'urine pour fertiliser 1m² de culture). (Plus d'informations : «Directives pour une utilisation des urines et des fèces dans la production agricole» www.reseaucrepa.org/page/780) Des urinoirs sans eau peuvent également être installées. Si elles ne sont pas valorisées en agriculture, les urines peuvent rejoindre le système d'assainissement des eaux usées. Les matières fécales tombent dans un réceptacle où elles peuvent être déshydratées partiellement par la ventilation servant à évacuer les odeurs. Certaines toilettes préfabriqués rajoutent une résistance pour accentuer la déshydratation. Le stockage peut être intégré au toilette (modèles compacts) ou installé en sous sol (cuves). Pour plus d'informations et des plans : www.tdm.asso.fr ; www.separett.fr ; www.bioland.com Après, stockage, les fèces seront réhumidifiés, mélangés à des éléments carbonés, et compostés. Les toilettes à séparation gravitaire des urines : Ces toilettes ne demandent pas un comportement spécifique de l'utilisateur : les urines et les matières solides tombent ensembles, les liquides sont récoltées par gravité. Il existe des modèles compacts où les urines sont récoltées dans un petit compartiment en dessous du sceau où sont stockées les matières fécales. Le fabricant allemand Berger Biotechnik propose un modèle simple, avec ajout d'un broyat d'écorce. La société Ecosphère Technologie pour les toilettes publiques et écodoméo pour les toilettes individuelles utilisent la séparation gravitaire des liquides et effectuent un lombricompostage des matières fécales en sous sol. L'entretien y est alors réduit à une fois par an. (www.saniverte.fr) 04.66.24.75.16 ou 06.85.21.00.11 4
Les toilettes sèches à double cuve D'après l'association Toilettes du Monde : Principe de fonctionnement : Ces toilettes à double cuve ont pour but de diminuer la fréquence des vidanges grâce à gros volume de stockage et de vidanger des matières pré-compostées. Elles fonctionnent sur un principe simple : deux cuves de compostage sont utilisées en alternance. Lorsque la cuve en fonctionnement est pleine, on déplace le siège des toilettes au dessus de l autre cuve. La cuve pleine est alors mise hors service : on recouvre le tas de matières d une couche de matériaux carbonés, on arrose éventuellement puis on laisse reposer jusqu à ce que la deuxième cuve soit à son tour remplie. A ce moment, on entreprend la vidange de la première cuve. Par ce système, on ne vidange pas des matériaux frais mais des matériaux dont la décomposition est déjà bien avancée. Si les cuves sont suffisamment grandes pour stocker les matières pendant un an, c est un véritable compost que l on vidangera. Cette méthode présente un net avantage du point de vue de l hygiène puisque l on ne manipule jamais d excréments frais. Une alternative possible est de fonctionner avec un seul emplacement pour le siège des toilettes mais avec plusieurs bidons qu on change quand ils sont pleins. Les systèmes à double cuve peuvent fonctionner en toilettes à compost ou en toilettes à séparation. Une ventilation branchée sur la cuve est indispensable. Photo : Association Toilettes du Monde. Ce système est bien adapté pour des lieux à forte fréquentation estivale (camping, accueil à la ferme, saisons agricoles ). Une variante pour économiser de la place consiste à ne faire qu une seule cuve suffisamment longue. On peut ainsi tirer le tas vers la porte pour libérer la place sous les toilettes et permettre aux excréments de continuer leur compostage avant de les évacuer sans qu ils ne se mélangent avec des matières fraîches. Il est nécessaire de prolonger la maturation du compost vidangé pendant encore au moins une année. Cela permet de l homogénéiser et de prolonger la période d hygiénisation qui doit être d au moins 1,5 an. On obtient ainsi un compost de très bonne qualité et ne présentant plus de risques pour la santé. Pour plus d'informations et des plans : www.tdm.asso.fr 04.66.24.75.16 ou 06.85.21.00.11 5