GUILLOT Anne. Thème : Prévention du syndrome post-avortement dans la prise en charge de l interruption volontaire de grossesse par l infirmière.



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Transcription:

GUILLOT Anne Thème : Prévention du syndrome post-avortement dans la prise en charge de l interruption volontaire de grossesse par l infirmière. I.F.S.I. de Roubaix Promotion 2012

Sommaire : Sigle...page 1 Introduction. page 2 Constat.page 3 Cadre conceptuel.page 7 I- L interruption volontaire de grossesse....page 7 1- Généralités.page 7 2- Epidémiologie page 8 a) En France.....page 8 b) Dans la région..page 8 3- Technique...page 8 a) IVG médicamenteuses.page 8 b) IVG chirurgicale...page 9 4- Répercussions...page 10 a) Physiques..page 10 b) Psychologiques.page 12 II- Le syndrome post-avortement...page 13 1- Généralités...page 13 a) Définition..page 13 b) Historique...page 13 2- Facteurs de risques.. page 13 a) Pressions de l entourage....page 13 b) Manque de soutien....page 14 3- Signes cliniques...page 15 a) Changements hormonaux et hyperémotivité.. page 15 b) Sentiments de perte et d amertume...page 15 c) Fragilité psychologique.. page 15

III- L infirmière.. page 18 IV- Les représentations sociales... page 20 Problématique.....page 23 Hypothèse..page 25 Enquête.....page 26 1- Méthodologie....page 26 Argumentation du choix page 26 But page 26 Choix de la population ciblée.page 26 Elaboration du questionnaire.... page 26 Répartition des questions en 4 axes...page 27 Contact avec les terrains....page 28 2- Résultats et analyse des contenus....page 29 3- Retour à l hypothèse....page 37 Conclusion.....page 41 Bibliographie.page I Annexes....page III à XIV ***

Sigle CCNE : Comité Consultatif Nationale d éthique IVG : interruption volontaire de grossesse IMG : interruption médicale de grossesse FIV : fécondation in vitro IDE : infirmière diplômé d Etat IFOP : Institut Français d Opinion Publique CNRS : Centre National de la Recherche scientifique SIIPS : Soins Infirmiers Individualisés à la personne soignée

Introduction : «Si l avortement ne concerne que les droits de la femme, qu en est-il des miens? Aucune féministe radicale ne manifestait pour mes droits ce jour-là. Ma vie allait être supprimée au nom des droits de la femme» Le discours de Gianna Jessen à Melbourne en 2008, bouleverse encore de par le monde, par les propos retranchés de la jeune femme qui ne «devait» pas voir le jour. A sept-mois et demi de grossesse, sa mère avait décidé d avorter par solution saline dans une clinique Californienne, mais Gianna est née vivante pour affirmer que la vie est un don magnifique et que plus particulièrement malgré les handicaps reçus de sa naissance particulière, la sienne est merveilleuse. L avortement est actuellement un sujet qui divise aussi bien au niveau des idéaux politiques que des convictions de chaque français. Enjeu éthique et symbolique du mouvement féministe, laissent-ils la place à un possible syndrome post-avortement? Regroupement pro-vie ou pro-choix et sites frauduleux donnent-ils une chance à ces femmes en souffrance de s exprimer et de se reconstruire? Où est la place du soignant dans cette prise d opinion? Mère Teresa est sans doute une des femmes les plus admirées et respectées dans le monde et elle est aussi celle qui a inspiré mon projet d aide aux enfants démunis. Entre autre, elle a lutté en Inde et partout ailleurs pour mettre en relation des familles qui espéraient accueillir des enfants avec d autres qui ne le pouvaient pas. Ma sensibilité de soignante se dirige vers l accès aux soins des enfants et je m associe à Mère Teresa pour promouvoir la vie, en la protégeant et en la maintenant en santé. «Prenons une résolution ferme : que jamais aucun enfant ne puisse manquer d'attention et d'affection, que jamais il ne soit privé d'amour ou de la vie pour être jeté comme une ordure. Et donnez jusqu'au bout, jusqu'à ce que cela vous fasse mal, avec le sourire. 1» L avortement touche la notion de vie et de mort, alors je me demande pourquoi on a le droit d encourager une IVG mais pas le droit d encourager à relever le défi de poursuivre une grossesse. Ces femmes ont aussi le droit de savoir que ce choix quel qu il soit, restera décisif, et qu il existe un syndrome post-avortement. 1Discours de Mère Teresa, le 3 février 1994 à Washington au «National Prayer Breakfast»

Constat : L avortement est un droit depuis 1975. 42 millions d avortements sont réalisés dans le monde chaque année, 220 000 en France, 12 500 dans le Nord, selon une étude de l INSEE en janvier 2006. Simone Veil souhaitait donner aux femmes en détresse une solution pour empêcher les avortements clandestins. Elle a obtenu la légalisation de ce projet en 1975 2, en ayant pour but premier de protéger la vie de ces femmes qui se mettaient en danger de mort par des pratiques hors de tout cadre sécurisé. Cependant le nombre d IVG aujourd hui reste très élevé et la pratique clandestine existe toujours. La première cause qui pousse une femme à avorter est le manque de moyens financiers. Mes grands-parents paternels sont tous issus d une grossesse non-désirée hors mariage. Leur mère n avait que très peu à offrir, et beaucoup à cacher pour l époque. Ils ont tous deux grandi comme des orphelins et pourtant je ne peux que me poser la question de ce qu aurait décidé leur mère si elle avait grandi à notre époque et avait eu ce choix. Depuis l adolescence, j ai pu observer la divergence d opinion sur l avortement et sur la notion de vie et son origine. En débutant mes recherches, j ai été interpellée par cette souffrance interdite : celle d avoir enduré un avortement. Selon un sondage de l Institut Français d Opinion Publique (IFOP) en février 2010, 83% des femmes pensent qu il existe des répercussions psychologiques. Des femmes de tout âge mais aussi de nombreuses adolescentes luttent pour exprimer leur ressenti. Emissions, blogs, journaux en ligne, psychiatres, gynécologues, médecins : tous témoignent d une souffrance honteusement voilée. En effet, cet acte revendiquant la liberté féminine, est devenu un sujet tabou dont on ne devrait parler que positivement. Notre société s intéresse peu à la détresse de ces femmes qui bénéficient de ce droit. Il en paraîtrait presque déraisonnable puisque ces femmes ont ellesmêmes choisi cette alternative.. Des études se construisent à l étranger : Royaume-Uni, Etats- Unis, Canada pour évaluer avec du recul les avantages et inconvénients de l IVG. En France des démarches ont été entreprises pour avancer dans cette recherche. Mais elles sont amplement découragées et étouffées car elles représentent un enjeu idéologique selon Sabine Faivre, chercheuse diplômée en éthique médicale, titulaire d une maitrise de sociologie et d une licence de psychologie. La base du Centre National de la Recherche scientifique (CNRS) ne compte aucune étude sur les traumatismes psychologiques de nature obstétricale 2Loi n 75-17 du 17 janvier 1975 relative à l'interruption volontaire de la grossesse

alors qu il en existe sur l impact de la grossesse et de l accouchement. La gynécologue Florence Allard nomme ce phénomène : «le traumatisme post-avortement». Cependant tant qu aucune recherche ne n est reconnue, aucune prise de conscience ne peut être faite ni la souffrance définie et identifiable aux yeux des professionnels de santé et de la société. En consultant une enquête de Sabine Faivre parue dans son ouvrage 3, j ai pu approcher la source du malaise de l équipe médicale, paramédicale et sociale d un centre de planification et d un service exécutant l IVG. Elle a pu rapporter les propos de ses entretiens mais aussi de ses observations lors de consultations pré-ivg. J ai pu prendre en compte le vécu de chacun, l insuffisance de moyens humains, matériels et financiers. J aimerais ainsi étudier la prise en charge de ces femmes dans une situation délicate de leur vie où leur décision peut avoir une grande importance et dans quelle mesure sont-elles écoutées. J ai, à mon tour, pu questionner les infirmières du terrain pour connaître leur vécu et leurs observations. Sur une quinzaine de sondages remis en mains propres dans deux centres de planification conséquents de la région Nord et après avis favorable du chef de service et de la cadre du service, j ai pu en récupérer 4 seulement. Le plus étonnant est l accueil que j ai reçu par des équipes de gynécologie qui reçoivent des patientes en demande d IVG. Elles m ont dit n être pas concernées par le sujet et m ont envoyé vers le centre de planification. Cependant, selon le même sondage de l IFOP au moins 28% des femmes recherchent auprès du personnel soignant un soutien pour se protéger des influences extérieures. D autres infirmières avouent ne pas toujours avoir le temps de pratiquer l écoute active mais répondre aux besoins des patientes par une simple dédramatisation de l acte. En hospitalisation, la patiente entre dans le service à 11h30, subit l intervention à 13h pour rentrer chez elle à 17h sachant qu il en est de même pour 4 autres patientes. De plus, le temps passé à écouter la patiente n est pas forcément compté dans le poste de travail. En effet les SIIPS (Soins Infirmiers Individualisés à la Personne Soignée), mesurent la charge de travail sur un poste de travail de manière qualitative et quantitative et élaborent la cotation des actes ; ils ne laissent que peu de place aux imprévus. Pour la plupart, pratiquer des IVG est leur choix et elles disent aimer venir en aide à des femmes en difficulté. Cependant elles ont conscience que certaines de leurs patientes ne se rendent pas compte du geste et reviennent plusieurs fois pour la même raison. Elles admettent que certaines peuvent être sujettes à des répercussions psychologiques et même «dramatiques» selon l une des infirmières sondées. 3FAIVRE S, 2006, La vérité sur l avortement aujourd hui, Pierre TEQUI, Saint Céneré

D autres n en n ont observé aucune et semble découvrir que certaines patientes développent un processus de deuil quelques années après. Elles ne trouvent cela cohérent que dans le cadre d une IMG ou échec à la FIV. Pourtant, depuis le 20 aout 2008 4, le fœtus mort-né peut être inscrit sur le livret de famille. La prise en charge pré-ivg se base sur le déroulement du type d IVG choisi tandis que la post-ivg apporte des informations sur la contraception. Je constate qu une seule solution est évoquée, 84% seraient favorables, selon l IFOP, à un livret d accueil leur expliquant autant les deux types d IVG (médicamenteuse et chirurgicale) que les différentes propositions d aide aux femmes enceintes et jeunes mères. Seulement un tiers des femmes ayant eu une IVG y compris les mineures, reviennent en consultation après. Les axes d amélioration des infirmières sondées sont d augmenter le nombre de centres de planification, les isoler des centres hospitaliers et de changer les mentalités anti-ivg. Certaines proposent de prendre en charge leurs patientes de la première consultation à l hospitalisation pour assurer le réconfort de celles-ci. Je pense qu il serait opportun d accentuer l information quant aux aides et solutions favorables à l accueil d une grossesse ; autant que la sensibilisation à l avortement et à l éducation à la contraception. Avant la loi Veil, les femmes n avaient pas d autre choix que de continuer leur grossesse, peu importe les conditions ou alors de risquer leur vie avec une pratique d avortement clandestin. Mais aujourd hui, pourquoi semble-t-on avoir pris des directions presque inverses? Une des infirmières que j ai sondée affirme que si la décision est claire pour la patiente, les répercutions post-ivg en sont moins retentissantes. Elle observe aussi que le traumatisme peut varier en fonction du niveau d acceptation de l avortement vécu. Les patientes sont prises en charge davantage sur le plan physique que sur leur ressenti et le recueil de leur émotions. Dans une de mes dernières enquêtes, l infirmière aimerait améliorer la prise en charge de ces femmes en disposant de chambres seules et d une possibilité de pouvoir consulter un psychologue pendant le séjour. Dans cette même structure ce sont des conseillères conjugales qui dans 80% des cas exercent cette fonction par défaut. L équipe de soignants semble ne pas être suffisamment familiarisée et consciente des difficultés que peut engendrer le choix d une IVG. Est-elle formée à cette éventualité? Le manque de temps semble être aussi un facteur considérable. Il faudrait 4Décret n 2008-798 du 20 août 2008 modifiant le décret n 74-449 du 15 mai 1974 relatif au livret de famille

sensibiliser les infirmières à cette potentialité de souffrance afin de permettre au besoin d écoute post-ivg d être exprimé ; ce qui est d autant plus difficile puisqu il est minimisé ou encore ignoré de la soignante elle-même. Elle ne dispose pas de moyens suffisants en temps et en formation pour y répondre. Comment l'infirmière peut-elle sensibiliser les patientes devant subir une IVG aux répercutions psychologiques que cet acte engage, afin de prévenir le nombre de syndrome post-avortement si elle-même n en a pas conscience? Est-elle en mesure de lui apporter le soutien nécessaire ainsi que l indication sur les diverses orientations possibles? Comment ce besoin d écoute pourrait-il être au cœur de la prise en charge de l IVG pour ces femmes qui se situent au milieu d un choix déterminant pour leur vie? Comment mettre en place dans notre pratique une information de prévention, de soutien et d empathie lorsque ce soin n est pas prioritaire par rapport à la prise en charge technique? Ce qui m amène à cette question de départ que je formulerai ainsi : Comment faire prendre conscience à l infirmière que la prise en charge psychologique d une patiente devant subir une IVG est prépondérante, dans le but de prévenir le syndrome post avortement? Cadre conceptuel : I- L interruption volontaire de grossesse

«La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. 5» 1- Généralités L avortement et ses problématiques existaient bien avant la loi Veil de 1975, déjà dans le serment d Hippocrate (IVème siècle avant JC), tout nouveau médecin jurait : «je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif." En 1942, l avortement est passible de la peine de mort dans un état indépendant du dogme catholique depuis le 1 er janvier 1906. Une première ouverture se créé en 1955, avec la permission d avortement thérapeutique. Dans les années 70, la France est en pleine révolution des mœurs et la pression monte, les manifestants font entendre leur voix pour obtenir l avortement légal jusqu à dix semaines de grossesse pour «la femme enceinte que son état place dans une situation de détresse 6». Cet acte médical ne sera pris en charge par la sécurité sociale qu en 1982. En 2001 la possibilité de l IVG passe de 10 à 12 semaines, les mineurs n ont plus besoin de l accord parental ni les majeurs d entretien pré-ivg. La restriction de «situation de détresse» est aussi levée. La légalisation de l avortement est arrivée dans un contexte particulier où il s apparente à la lutte de l égalité des sexes, au rejet des traditions religieuses et familiales. L IVG et la contraception sont des symboles revendicateurs d une certaine liberté féminine. Il reste cependant un enjeu éthique considérable qui oppose certaines idéologies. D un côté, la femme dispose des décisions concernant son propre corps et ses propres projets. D un autre, l éthique ne sait se positionner sur la question du début de la vie. Le CCNE (comité consultatif national d éthique) existe pour donner son avis sur les enjeux éthiques dus aux avancées de la science. Elle déclare en 1984 que l embryon humain dans sa potentialité biologique d être humain doit être considéré comme une «personne humaine potentielle». 2- Epidémiologie a) En France 5Titre premier de la loi n 75-17 du 17 janvier 1975 : Interruption volontaire de grossesse 6Article L.162-1 de la loi n 75-17 du 17 janvier 1975 : Interruption volontaire de grossesse

Prés de 40% des femmes françaises auront recours à l IVG. En 2009, la France recense 790 000 naissances 7 et 220 000 IVG soit un peut moins d un quart du nombre de naissance. (831 112 naissances en 2010) b) Dans la région Le Nord-Pas-de-Calais compte 12 500 IVG et 56 467 naissances en 2010. 3- Techniques a) IVG médicamenteuses Elle représente aujourd hui la moitié des IVG et peut se pratiquer jusqu à la cinquième semaine de grossesse. Ce n est qu en 1990 que le RU 486,le contraceptif d urgence, connu sous le nom de Lévonorgestrel, est autorisé en milieu hospitalier. L IVG médicamenteuse utilise deux thérapeutiques le Mifépristone et le Misoprostol. Le Mifépristone a pour action la dilatation et l ouverture du col utérin. Des crampes et contractions sont les principaux effets secondaires. Le Misoprostol doit être pris 36h à 48h plus tard et a pour effet une ouverture du col utérin et l expulsion des «débris» intra-utérins. Les saignements peuvent durer jusqu à 12 jours et être abondants. Elle est pratiquée en milieu hospitalier et centre de planification. Mais elle peut être aussi exercée depuis 2004 en ville uniquement pour les femmes majeures par un médecin ayant signé une convention avec un établissement de santé. En ville, elle devra être mise en place en 5 consultations : - La première consiste en un recueil de données physiques, psychologiques, une proximité géographique avec un hôpital et une vérification d un début de grossesse de moins de cinq semaines. Le médecin doit évaluer si la patiente est capable de gérer cette méthode et ainsi lui expliquer le protocole et les signes de complications à repérer. Il lui remet le document officiel d information sur l IVG. 8 7Rapport de l INSEE publié en Janvier 2011

- La deuxième, au minimum sept jours plus tard réaffirme la demande d IVG et fixe le deuxième rendez-vous médical pour la prise de médicaments. - La troisième est la prise de la mifépristone. Le médecin établit un dossier médical que la patiente présentera en urgence si des complications qu elle a identifié avec le médecin apparaissent. Il prescrit des antidouleurs. - 36 à 48h après à lieu la quatrième consultation ou le médecin administre le misoprostol. - La dernière consultation est programmée quinze jours après la prise de mifépristone dans le but de déceler toutes complications post-ivg. La première consultation se fait en ville. Le médecin s il ne pratique pas l IVG doit renseigner la patiente sur les lieux où cela est possible. La prise en charge en centre de planification apporte, de plus, la possibilité de consulter un conseiller conjugal, un psychologue et une assistante sociale. Les entretiens psycho-sociaux peuvent aussi bien être effectués par une infirmière que par les autres acteurs de l équipe suivant le fonctionnement de la structure. C est le médecin qui réalise l IVG. b) IVG chirurgicale L IVG chirurgicale peut être réalisée depuis 2001 jusqu à douze semaines de grossesse selon la loi française 9. L hospitalisation peut être faite sur la journée avec une surveillance de quelques heures après l intervention. Elle est faite sous anesthésie générale ou locale. L anesthésie générale est dans 75% des interventions, choisie par la patiente pour ne pas «assister» à son IVG. Elle peut être prémédiquée afin de dilater l ouverture du col (mifépristone chez la nullipare et misoprostol chez la multipare). Le médecin peut aussi choisir le laminaire (Algue desséchée augmentant de volume à l humidité) ou dilater le col sous anesthésie. L opération se déroule en une demi-heure. Elle consiste en l aspiration de l embryon par l introduction d une canule pour aider à éliminer le contenu de l utérus. Il peut aussi se pratiquer par curetage. Il s agit donc de découper l embryon afin de pouvoir l aspirer. 8Ministère de la Santé et des Solidarités, novembre 2005, l interruption volontaire de grossesse, Paris 9Loi 2001-588 du 4 juillet 2001 relative à l'interruption volontaire de grossesse et à la contraception

Pour s assurer que l avortement est total, le médecin reconstitue le corps de l embryon. Au réveil, un traitement antalgique est mis en route. Les saignements post IVG peuvent durer une quinzaine de jour. 4- Répercussions a) Physiques Des symptômes peuvent apparaitre après une IVG, la patiente doit être tenue au courant par le médecin et l infirmière. Aucune étude n a été menée en France, et le médecin ne peut repérer que les complications immédiates. Aux U.S.A, au Canada et en Suisse les résultats pour la présence de complications sont peu alarmants et souvent inférieur à 1%. 10 Les risques de l anesthésie générale et locorégionale sont aussi à prendre en compte comme dans toutes interventions qui en nécessitent. Il existe donc un risque d inhalation, de choc anaphylactique, cardiovasculaire, de paralysie transitoire de la vessie ou d un membre dû à la compression d un nerf, d une infection de la zone de pose d un cathéter veineux, de céphalée, et de bronchospasme avec une anesthésie générale ou locorégionale. - saignements : ils sont considérés anormaux si la patiente imbibe plus d une serviette à l heure pendant 3h suivant l avortement. Ils peuvent durer de façon normale jusqu à quatre semaines. - infections : éviter les tampons et les rapports sexuels pendant 7 jours pour minimiser le risque infectieux. Une antiobioprophylaxie peut être prescrite pour limiter le risque lors de l intervention. Des infections d origine gynécologique peuvent être déjà présentes et devront être détectées lors de l examen fait 8 jours avant l IVG. - douleurs abdominales et crampes peuvent durer jusqu à 3 semaines. 11 -immunisation anti-rhésus : Si la mère est rhésus négatif, dès la dixième semaine de grossesse, une prise de sang détermine le rhésus du fœtus. Pendant l IVG, des globules rouges du fœtus peuvent traverser le placenta, s il est rhésus positif, une immunisation de la mère va 10Statistique de l AGOS ( association des cliniques de gynécologies-obstétriques Suisse) étude faite par le Dr Daniel Sieger de 1993-99 11 Note pour les saignements, infections et douleurs : http://www.cliniquedelalternative.com/apres/index.html

se faire contre ses globules rouges et ses anticorps pourront traverser le placenta lors d une prochaine grossesse provoquant une anémie et un ictère sévère pour le fœtus. Ce phénomène existe pour une grossesse sur mille et se traite par une injection d immunoglobine (anticorps anti-rhésus +). 12 -perforations utérines : conséquences de l IVG pouvant se compliquer en une hystérectomie. (2 à 3%) -lacérations du col de l utérus : Pour l IVG d un embryon de moins de 3 mois, elles nécessitent obligatoirement des points de suture des microlésions provoquées. Si elles ne sont pas soignées, elles peuvent provoquer à long terme une stérilité. -inflammation pelvienne et infection par chlamydia : Une femme touchée par la chlamydia aura 4 semaines plus tard dans 23% des cas après une IVG une inflammation pelvienne pouvant favoriser des grossesses extra-utérines. -endométrite post-abortum : inflammation de l endomètre qui touche les adolescentes 2,5 fois plus que les femmes de 20 à 30 ans. Facteurs de risques pour : -le cancer du col de l utérus, des ovaires et du foie : dû aux perturbations hormonales provoquées, le cancer du col de l utérus est 2,3 fois plus élevé chez la femme ayant choisi une IVG et 4.92 fois plus élevé chez la femme qui en a eu recours plus de deux fois. Des observations assimilables apparaissent pour le cancer du foie et des ovaires. - le cancer du sein : l arrêt subit de la grossesse d une nullipare, alors que les hormones prolifèrent de façon massive, (œstrogène et la progestérone augmentent de 200% entre la fécondation et la 12éme semaine), laisse des cellules indifférenciées sensibles aux facteurs cancérigènes. En effet, ces cellules aurait du se différencier pour permettre la lactation Complications lors d une nouvelle grossesse : -nouveau-nés handicapés (l avortement et l état de l utérus peuvent être responsables de complications néonatales (accouchement prématuré, mort in utéro) et d un placenta anormalement constitué) -implantation anormale du placenta 12http://www.toobusiness.com/portail/conseil/enfant/rhesus.htm

-Grossesses extra-utérines pouvant provoquer une stérilité. 13 b) Psychologiques Ce type de répercussions est à évaluer sur le plan individuel, chaque femme appréhendant son I.V.G. à sa manière. On peut cependant observer majoritairement un premier sentiment de soulagement face à la résolution de ce facteur angoissant qui persistait depuis quelques semaines. Dans les semaines qui suivent, des sentiments de refoulement, détresse et déni peuvent survenir. Beaucoup de questions restent en suspens, sans interlocuteur. Certaines femmes en resteront là. La phase de culpabilité puis d acceptation ne surgira qu à un autre moment clé de la vie des femmes (naissance d un autre enfant, date anniversaire de l IVG, etc ). Ces répercussions sont donc assez difficiles à prendre en charge puisqu elles sont emplies de mécanismes de défense et peuvent apparaitre à n importe quel moment sans être parfois identifiables. Les répercussions sont d autant plus considérables si la décision est ambigüe. En effet, plus la décision est tardive, plus la femme sera sujette au doute. De même si ce choix lui est imposé (mineures, partenaire opposé, situations déterminantes, convictions idéologiques de l entourage. 14 ). 13 Pour cette page : ALLARD F, FROPO J.R., 2007, Le traumatisme post-avortement, SALVATOR, Condé-sur- Noireau 14DR Annie Bureau, association nationale des centres d interruption de grossesse et de contraception, http://www.ancic.asso.fr/textes/ressources/techniques_risques.html

II- Le syndrome post-avortement 1-Généralités a) Définition Pour définir ces prochains termes, j ai choisi un dictionnaire de référence : Le Larousse. -Le sens propre du syndrome est : L ensemble de plusieurs symptômes ou signes en rapport avec un état pathologique donné et permettant, par leur groupement, d'orienter le diagnostic. - Il prend pour sens figuré : L ensemble de comportements particuliers à un groupe humain ayant subi une même situation traumatisante. b) Historique Ce terme est employé pour la première fois dans les années 1980 par le docteur Rue, dans le but de nommer ce syndrome post-traumatique où la femme est parfois inconsciemment sous anesthésie psychologique afin d oublier ses souffrances 15. Dés 1985, avec la parution d Hôpital silence, de Nicole Malincoli, les difficultés post-avortement des femmes sont reconnues au travers des propos rapportés de l auteur. Ce syndrome ne se présente que chez les femmes exposées à un ou plusieurs de ces facteurs suivants: 2-Facteurs de risques a-pressions de l entourage Lorsque la décision n est pas pleinement celle de la femme, une certaine ambivalence peut naître chez elle. Son entourage peut devenir le cadre raisonnable ou le cadre contraignant. Elle entendra que ce n est pas le moment, qu elle est trop jeune, trop vieille, qu elle n a pas les moyens, ou bien que son conjoint est en désaccord ou absent. Prendre une décision à l encontre de l approbation de son entourage est aussi difficile mais peut susciter une atteinte à sa propre conscience. 16 15Dr V. Rue, directeur de l'institute of post-abortion Recovery, à Portsmouth

Dans une étude menée aux Etats-Unis et en Russie sur 548 femmes (331 russes et 217 américaines), 64% des femmes interrogées exposaient des pressions de l entourage 17. b-manque de soutien L avortement n est pas un acte anodin, il touche à l intimité de la femme mais aussi à sa possibilité de donner la vie et d être mère. «La femme est ontologiquement destinée à donner la vie et un geste de mort est forcément porteur de conséquences au niveau physique et psychologique (sans parler du spirituel). 18» Il est cependant difficile pour cette femme de verbaliser sa souffrance par peur du cadre contraignant. Son silence l empêche de chercher du réconfort auprès de ses proches ou auprès du personnel soignant qui n est pas encore sensibilisé à cette problématique. La société pousse d ailleurs de manière insidieuse à avorter en avançant qu une grossesse est toujours possible plus tard et que cette intervention est banale, et selon la situation c est plus raisonnable La place du conjoint est aussi source de conflit puisque lui aussi peut être mêlé à ce traumatisme ou en être complètement écarté. Les couples fragiles auront tendance à ne pas surmonter ce syndrome. La femme peut se sentir incomprise et nourrir de l amertume, il lui est donc peu possible de rechercher du soutien auprès de son compagnon. Les proches auront des difficultés à associer son choix d avorter et son mal-être actuel. Le manque de soutien vient de l incompréhension de l entourage mais aussi de l absence de recherche de la femme, renforçant sa souffrance. 19 3-Signes cliniques 16DR Annie Bureau, CIVG Hôpital BRUSSAIS, Aufeminin.com 15/11/10 http://www.ancic.asso.fr/textes/ressources/techniques_risques.html 17«Induced abortion and traumatic stress : a preliminary comparison of American and Russian women» Medical Science monitor, SR5-16, 2004 18 Préface du livre le traumatisme post avortement, Dr Mireille Robinson, psychiatre 19ALLARD F, FROPO J.R., 2007, Le traumatisme post-avortement, SALVATOR, Condé-sur- Noireau pages 88

a) Changements hormonaux et hyperémotivité L arrêt de grossesse provoque une chute hormonale conséquente. De même manière qu un baby blues, des troubles émotifs peuvent apparaître. Les saignements reprennent en post-ivg le quatrième jour avec des crampes abdominales d intensité variable et une fièvre jusqu à 38,5 C durant 24h. La femme peut alors avoir l envie de pleurer et se sentir un peu déprimée. 20 En effet, certaines passent par un processus de deuil et nécessitent d une réconciliation avec elle-même, ce qui est d ailleurs appelé «guérison intérieur» par le docteur De Cathelineau. 21 b) Sentiments de perte et d amertume Selon Dr Morgentaler, la patiente peut ressentir des émotions très fortes allant du soulagement, à la culpabilité au sentiment de profonde tristesse qu il faut extérioriser et non maintenir captif. Elle se sent incapable de retrouver une paix intérieure et vit une certaine anxiété concernant sa décision. Pour le docteur François Volff, un syndrome post-avortement se diagnostique par une expérience avec l avortement perçue comme une destruction volontaire de la vie 22. Il s accompagnerait de cauchemars, flash-back à la date anniversaire de l avortement mais aussi de mécanismes de défenses tel que le déni ou le refoulement. Des signes de dépressions nonprésents avant l avortement peuvent aussi survenir. Je vais ci-après les détailler : c) Fragilité psychologique Une femme montrera davantage de fragilité psychologique après un avortement tel que : La dépression clinique 20Dr Morgentaler, Canada «conseil pour après» http://www.morgentalernb.ca/aftercarefr.html 21DE CATHELINEAU P, 2003, Les lendemains douloureux de l avortement, C.L.D., Tours 22 Dr VOLFF. F, Un syndrome traumatique répandu : le Syndrome post-avortement. NERVURE : JOURNAL DE PSYCHIATRIE : SUPPLEMENT : FMC, 2004/06, vol. XVII, n 5, p. 14-15.

«Suite à une ablation du sein, 60 % de femmes passent par une dépression. Faut-il s'étonner alors que les femmes qui ont subi un avortement passent par une dépression après? 23» L image de soi, la culpabilité, le secret puis le refoulement des émotions peuvent être à l origine d une dépression post-ivg. Selon une étude américaine le risque de faire une dépression augmenterait de 65%. 24 Le suicide Des idées de suicide apparaissent chez ces femmes qui se sentent démunies et atteintes dans leur âme et dans leur chair après leur IVG. Le risque augmenterait de 154% par rapport aux femmes ayant mené à terme leur grossesse d après les résultats d une enquête auprès de 173 000 américaines. 25 Il est d autant plus considérable qu il touche 2 à 4 fois plus les adolescentes. 26 Les conduites addictives Le risque de consommer de l alcool ou de la drogue est accru après une IVG. En excluant celle qui présente des antécédents, il serait multiplié par 5. 27 La dernière étude britannique menée sur 877 000 femmes, dont 163 831 ont avorté, a montré que l abus d alcool augmente de 110% et l usage de cannabis de 220%. 28 23Dr Philip Mango, psychiatre à l Institut pour le développement humain à New-York 24JR Cougle, DC Reardon et PK Coleaman, «Depression Associated with aborption and Childbirth» medical science monitor CR105-112, 2003 25DC Reardon «Deaths associated with pregnancy outcome» Southern medical journal, aout 2002 26M. Gissler «Suicides after pregnancy in Finland : 1987-94» British Medical Journal 1996 27DC Reardon, «Abortion and Subsequent abuse» American Journal of Drug and Alcohol Abuse, 2000 28PK. Coleman, analyse de 22 enquêtes, British Journal of Psychiatrie, 2010

Trouble de la sexualité La peur de revivre cette situation traumatisante peut entrainer de l aversion pour la sexualité ou de la frigidité. La relation avec le conjoint peut être conflictuelle. Ce trouble est présent chez 30 à 50 % des femmes ayant avorté. 29 L infirmière a donc une place primordiale dans ce domaine où elle peut être à l écoute et expliquer comment ne plus se retrouver dans cette situation à l aide d une contraception adaptée et comprise. Développons ci-après de manière plus complète et précise ce qui est de son rôle propre. 29 PK. Coleman «Induced Abortion and intimate relationship quality in the Chicago Health and Social Life Survey» Public Health, 2009