Dieu a tant aimé le monde qu il a donné son Fils Unique. Jean 3, 14-21
«Voici mon corps donné pour vous» Luc 22:14-20
«Prenez et mangez, ceci est mon corps» Matthieu 26,26
He Qi et le renouveau spirituel. par Jean-Paul Gavard-Perret Après des décennies d'oppression et en proposant un autre type de pont entre orient et occident, Hé Qi crée une synthèse originale entre sa chrétienté et ses traditions culturelles. Aussi curieux que cela paraisse, c'est à Mao Zedong que He Qi doit d'être devenu un artiste chrétien. Envoyé à la campagne pendant la Révolution culturelle, il a compris qu'en peignant des portraits du président il pouvait échapper aux travaux de force auxquels ses camarades étaient condamnés. Un jour, il tomba, par hasard, sur une reproduction de la Madonne et l'enfant de Raphaël, il en fut très ému et au milieu de ceux qui déclaraient chercher la vérité il commença, en cachette, à faire des copies pour des amis : "Le jour, je peignais Mao mais à la nuit je peignais la Madonne" écrivait-il. Aujourd'hui, il est considéré comme le peintre chrétien chinois contemporain le plus recherché. Diplômé des Beaux-Arts de l'université de Nankin, et il a été le premier à obtenir un doctorat d'art religieux comparé. Il dit qu'il n'est que l'un des membres d'un mouvement d'artistes chinois, encore modeste mais qui va grandissant, et qui approche du but longtemps recherché et jamais atteint par les missionnaires occidentaux : un art à la fois vraiment chrétien et tout à fait chinois. "L'universalité de l'art est enracinée dans les particularismes locaux", explique He Qi. Cela ne veut pas dire donner des visages chinois à des oeuvres européennes, mais d'une part utiliser la tradition chinoise - papiers découpés, peinture paysanne, calligraphie - d'autre part adopter dans leurs oeuvres un contexte se référant explicitement à la vie en Chine. Pour lui, les paysages éthérés traditionnels rappellent l'influence du bouddhisme zen et le rejet de la société en faveur de la nature. Sa technique est nettement influencée par Chagall, Picasso ainsi que par les fresques bouddhistes tibétaines. Ses oeuvres sont colorées et montrent des personnages entourés des éléments de leur vie quotidienne: maisons, habits et mobilier chinois. En outre, He estime que le Christ n'était pas plus Européen que Chinois, si ce n'est par un hasard historique. [ ] Loin d'une imagerie pieuse à l' européenne il cherche à établir un art religieux (chrétien) authentiquement chinois. Tableau de l eucharistie : le poisson, signe de reconnaissance des premiers chrétiens L'origine du symbole dans la Bible ne doit probablement pas être cherchée dans l'ancien Testament ou l'on parle peu du poisson. C'est le Nouveau Testament et surtout les évangiles qui parlent souvent de poisson, de pêche et de pêcheurs (lire Mt 4,18-20 et passages parallèles; 7,10; 13,47; Lc 24,42; Jn 21,3-14).
En grec, la langue des évangiles, le mot poisson s'écrit «ichthus». Chacune des cinq lettres grecques est le début d'un titre christologique que l'on traduit : Jésus, Christ, Fils de Dieu, Sauveur. L'interdépendance entre l'idéogramme - ICHTHUS - et la représentation graphique du poisson s'est imposée rapidement chez les premiers chrétiens. Mais dès le début du IIIe siècle, l'origine du symbole était déjà probablement oubliée. Il devient donc plus pertinent de parler de la signification du symbole en proposant deux hypothèses parmi les plus intéressantes. Le poisson comme symbole eucharistique et baptismal Les interprétations les plus anciennes qui nous sont parvenues viennent des Pères de l'église latine qui ont associé au poisson un sens lié aux rites sacramentels. Selon certains historiens, la conception du poisson-christ serait née du rite baptismal qui se pratiquait souvent par immersion à cette époque. Cette interprétation s'accorde très bien avec un texte célèbre de Tertulien (155-220) : «Nous, petits poissons, à l'image de notre Ichthys, Jésus-Christ, nous naissons dans l'eau.» (De baptismo, c. 1) Parmi les monuments qui nous sont parvenus, le poisson est souvent associé au pain et au vin comme en témoigne l'images ci-dessus. Saint Augustin (354-430) est le premier écrivain ecclésiastique à avoir donné une valeur eucharistique au poisson (voir son Traité sur l'évangile de Jean, vers 416). De plus, une inscription conservée au Musée du Vatican présente le poisson-christ comme l'aliment du banquet eucharistique. Mais c'est une exception car le symbole est habituellement associé au pain et au vin qui sont devenus, à la fin du IIe siècle, les seuls symboles de l'eucharistie. Le poisson comme symbole de protestation En 1898, Robert Mowat proposait une hypothèse fondée sur la numismatique (l'étude des monnaies anciennes). L'épigraphiste remarqua que la formule à laquelle l'idéogramme renvoie se décompose en trois membres de phrase distincts : Jésus Christ - Fils de Dieu - Sauveur. La formule respecte la structure tripartite en usage chez les Romains. La dénomination officielle d'un citoyen romain était composée de ses prénom et nom, de sa filiation paternelle et de son surnom, simple ou complexe. On retrouve ce genre d'agencement
dans la légende de certaines têtes de monnaies émises sous le règne de l'empereur Domitien. Nous savons que Domitien était le fils de Vespasien, un empereur divinisé. L'idéogramme serait donc un cri de protestation chrétien contre la prétention impériale : César, fils de Dieu! Il s'agit d'une hypothèse qui tient compte du contexte culturel dans lequel la chrétienté vivait autour de l'an 95. Quelle que soit l'interprétation qu'on en donne - une juxtaposition de titres christologiques agencés sous l'influence du symbole pisciforme, un symbole sacramentel ou un cri de protestation contre la prétention divine de l'empereur - le symbole du poisson est une véritable confession de foi chrétienne. Il n'est donc pas étonnant que la représentation picturale du symbole soit encore utilisée aujourd'hui. Sylvain Campeau, bibliste, Laval