QUEL LOGICIEL MENTAL POUR ACCOMPAGNER LE PROJET AFRIQUE, CONTINENT EMERGENT EN 2025?



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CAFRAD Conférence Panafricaine des Ministres (Rabat, 12-14 décembre 2011) QUEL LOGICIEL MENTAL POUR ACCOMPAGNER LE PROJET AFRIQUE, CONTINENT EMERGENT EN 2025? Communication présentée par : Dr Kitsoro Firmin KINZOUNZA Consultant International en Management, Secrétaire Permanent du Projet de Renforcement des Capacités des Universités (PRCU) Brazzaville, Novembre 2011 1

SOMMAIRE 1. Position du problème 2. Cadre conceptuel 2.1. Le concept de logiciel mental 2.2. Le benchmarking des Pays Emergents d Asie (PEA) 2.3. Le concept de développement économique et social 3. Stratégies d adaptation du logiciel mental collectif au projet «Afrique, continent émergent en 2025» 3.1. Stratégie N 1 : L action sur les mobiles déterminants de l activité économique et politique 3.2. Stratégie N 2 : Application du modèle ADKAR 2

QUEL LOGICIEL MENTAL POUR ACCOMPAGNER LE PROJET AFRIQUE, CONTINENT EMERGENT EN 2025? 1. POSITION DU PROBLEME Selon J. FOURASTIE (1), le progrès socio-économique du monde contemporain peut s expliquer par deux facteurs dont l un est mesurable (c est la productivité ou le rendement du travail) et l autre immatériel (il s agit des valeurs culturelles porteuses de progrès) ; pour lui, force est de constater que certaines valeurs et certaines idées sont nécessaires pour que les changements sociaux et économiques souhaités se produisent. Alex MUCCHIELLI soutient la même thèse lorsqu il conclut que «( ) derrière tout "développement" il y a certes des conditions techniques, économiques et politiques, il y a surtout des attitudes nouvelles et une conception nouvelle du monde.» (2) Ces idées et ces valeurs nouvelles, ces attitudes nouvelles et cette nouvelle conception du monde se cristallisent dans ce que nous désignons par «Logiciel mental», qu il soit collectif ou individuel. (3) En effet, dans une première approche, le logiciel mental désigne un ensemble de mentalités, d attitudes (état d esprit ou disposition mentale) et d habitudes à l origine de comportements déterminés. Le terme "logiciel" traduit l idée de "programmation" des comportements en fonction des mentalités, des attitudes et des habitudes. (1) J. FOURASTIE : «Le grand espoir du XX è siècle», PUF, Paris 1952 «Les Trente glorieuses», FAYARD, Paris 1979 (2) Alex MUCCHIELI : «Les mentalités» PUF, collection "Que sais-je?", Paris 1985, pp 64-65 (3) Voir K.F. KINZOUNZA : «Le logiciel mental, facteur déterminant du progrès des pays d Afrique» Projet de Renforcement des Capacités des Universités (PRCU), Université Marien NGOUABI, Brazzaville, Septembre 2010 (3 è version). 3

Ainsi, «ce sont nos programmations inconscientes, nos façons de penser, nos processus mentaux inscrits dans notre neurologie (et que nous construisons au cours de l existence), qui conditionnent nos comportements.» (4) A l opposé du programme génétique qui est inné, le logiciel mental est acquis : c est le produit d un long conditionnement social opéré essentiellement par la famille, les religions, l école et le milieu socioprofessionnel. La déprogrammation-reprogrammation d un logiciel mental consiste donc à modifier les mentalités, les attitudes et les habitudes de manière à obtenir les comportements souhaités. Dans le cas d espèce, les comportements souhaités désignent ceux compatibles : A court terme, avec le programme de gouvernement «Chemin d avenir» ; A long terme avec le projet «Afrique, continent émergent en 2025». C est pourquoi, dans son projet de société («Le Chemin d avenir») présenté lors de la campagne présidentielle de 2009, le Président de la République Denis SASSOU NGUESSO pose comme préalable au développement économique et social, la promotion des valeurs favorables au développement : «Moderniser le pays, c est promouvoir les valeurs favorables au développement, c est desserrer l étau des contraintes sociétales, structurelles, institutionnelles, sociales, économiques et physiques paralysantes, des contingences qui bloquent l accès au développement.» (5) Parmi ces valeurs des nations prospères, le Président de la République a cité, pêle-mêle : la solidarité, la responsabilité sociale, l esprit d entreprise, l intégrité, la loyauté, la promotion par le mérite, le civisme, le patriotisme et la discipline. (6) (4) Jeffrey M. HIATT ; «ADKAR : a model for change. :(15 techniques pour mieux communiquer)» Edition JOUVENCE, Paris 2009, pp 11-14 (5) Denis SASSOU NGUESSO : «Le Chemin d avenir (De l Espérance à la Prospérité)» Présidence de la République, Brazzaville, 2009, p.9 (6) Ibidem 4

Comment faire pour générer les nouveaux comportements qui seront sous-tendus par ces valeurs prônées par le Chef de l Etat congolais et qui sont porteuses de progrès socio-économique, dans la perspective de «Afrique, continent émergent en 2025»? Tel est l objet de la présente communication. Auparavant, nous allons clarifier les concepts suivants : logiciel mental, pays émergent et développement économique et social. 2. CADRE CONCEPTUEL 2.1. Le concept de logiciel mental 2.1.1. Les mentalités et les mœurs génèrent des dispositions mentales (les attitudes, les états d esprit) et des valeurs culturelles qui se cristallisent dans des comportements orientés inertie, régression ou progrès. Cet ensemble de mentalités, de dispositions mentales et de valeurs culturelles constitue le «logiciel mental» d un individu (ou d une population) déterminé(e). 2.1.2. Le logiciel mental désigne «un programme» mental qui se traduit par un état d esprit, une disposition mentale, des habitudes et des comportements subséquents. Le logiciel (ou "programme") mental est façonné à travers les institutions de base ci-après : - la famille ; - l école ; - les confessions religieuses ; et - le milieu socio-professionnel. En effet, la famille, l école, les confessions religieuses et les milieux socio-professionnels sont à la base du développement (ou du sousdéveloppement) des nations par les valeurs qu elles secrètent et diffusent à travers l Education. L Education est à distinguer de l Instruction. L Education forme le caractère en faisant acquérir des valeurs telles que l intégrité, l éthique, le civisme, le professionnalisme, la crainte de Dieu, etc. Grâce à l instruction, l Homme apprend à lire, écrire, compter et calculer. 2.1.3. Tout logiciel mental est porteur des valeurs d inertie, de régression ou de progrès. Tout comportement est déterminé par des mentalités, des attitudes, des habitudes et l imitation consciente ou inconsciente des modèles 5

sociaux de référence. Ainsi, si les mentalités, les attitudes et les habitudes sont orientées «inertie», alors, les comportements le seront également. Il en découle que, pour changer les comportements, il faudrait : - d une part, modifier les mentalités, les attitudes et les habitudes ; - d autre part, disposer des modèles d hommes et de femmes qui incarnent les nouvelles mentalités, attitudes ainsi que les nouveaux comportements. - 2.2. Le benchmarking des Pays Emergents d Asie (PEA) 2.2.1. Tout être humain comprend les trois composantes suivantes : l âme, l esprit et la chair (ou corps physique). En transposant au cas d un pays, l on peut avancer que celui-ci comprend : - une âme : c est le Leadership ou l ensemble des dirigeants qui «montrent» la voie à suivre à la population ; - un esprit : c est l ensemble des valeurs qui sous-tendent les mentalités, les attitudes et les habitudes. Ces valeurs influencent les comportements dans le sens de l inertie, de la régression ou du progrès ; - une partie matérielle : c est l ensemble des infrastructures physiques telles que les bâtiments, les routes, les ponts, etc. 2.2.2. Les pays émergents d Asie se caractérisent par : - un Leadership transformationnel (ou leadership orienté progrès) ; - des valeurs morales porteuses de progrès ; il s agit ici des valeurs propres à la doctrine de Confucius, en l occurrence, le goût de l effort, l amour du travail et de la patrie, le sens de la famille et de l honneur, etc. - une tension morale collective ; tous ces pays ont mis en place des plans stratégiques de développement assortis des plans d action et de budgets-programmes pluriannuels ; - un mécanisme de Gestion Axée sur les Résultats qui leur a permis de s assurer de la progression vers l atteinte des objectifs stratégiques et opérationnels ; - l interventionnisme économique de l Etat ; ce type de gouvernance économique s est traduit essentiellement par : (7) 6

la sélection des secteurs stratégiques ; la subvention de crédits aux secteurs stratégiques ; le maintien de taux d intérêt bas ; la protection des industries d import-substitution ; le soutien aux banques publiques ; le soutien aux activités d exportation ; la création d une classe moyenne ; la promotion de certaines activités d exportation ; la mise à la disposition des entreprises privées d un mécanisme public d intelligence économique ; les investissements publics dans la recherche ; et le nationalisme économique ; un slogan tel que «consommons sud coréen», a permis à l industrie sud coréenne de créer un marché intérieur et de parcourir toutes les étapes de l apprentissage industriel. 2.3. Le concept de développement économique et social Il existe plusieurs définitions du développement économique et social ; toutefois, celle proposée par le Pr François PERROUX dès 1969, semble la plus appropriée pour décrire la situation souhaitée par tous les pays africains au sud du Sahara. En effet, d après le Pr F. PERROUX, le développement désigne «la combinaison des changements mentaux et sociaux d une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement son produit réel global (PNB)» (8) L on pourrait reformuler cette définition comme suit : Le développement économique et social désigne l ensemble des changements de mentalités, d attitudes, d habitudes, de modèles sociaux de référence, de comportements et de leadership politique qui précèdent et accompagnent la croissance cumulative et durable du produit réel global. (7) Hakim Ben Hammouda : «Le "modèle" asiatique en questions.» CODESRIA, collection pistes 3/2000, Dakar 2000, p10 (8) F. PERROUX : «L économie du XX è siècle» PUF, Paris 1969 7

Dans cette définition du développement proposée par le Pr François PERROUX : - «les changements mentaux» désignent le changement de logiciel mental ; en effet, seul un logiciel mental orienté progrès peut générer l APTITUDE, la capacité à produire le développement véritable et non le faux développement traduit par la «croissance sans développement» (pour reprendre une expression chère au Pr Samir AMIN) ou «le développement du sous-développement» (pour reprendre l expression de l économiste latino-américain A. GUNDER SACHS) ; - «Les changements sociaux» ; ou changement de leadership politique orienté inertie ou régression, doit succéder un Leadership politique transformationnel (ou leadership politique orienté progrès). Ainsi, en Occident, au leadership politique orienté inertie ou régression incarné par les seigneurs féodaux, a succédé, au terme de la révolution bourgeoise (fin XVIII e siècle), le leadership politique transformationnel avec deux franges, la bourgeoisie compradore (importateurs et vendeurs des produits manufacturés importés) et industrielle (les partisans de la politique d import-substitution) ; et - «l aptitude à faire croître cumulativement et durablement son produit réel global (PNB)» désigne, d une part, la propension à l épargne de la population ; d autre part, sa propension à l investissement ou à la production. Seul un logiciel mental porteur des valeurs de progrès peut générer des comportements où le revenu des populations n est pas totalement affecté à la consommation. Finalement, la clef du développement, c est l aptitude au développement, en l occurrence, le logiciel mental. Ainsi, si l Occident a su tirer profit de la traite négrière (XV è - XVI è siècles) et de la machine à vapeur (XVIII è siècle), c est parce que, tout simplement, il disposait, au terme de la chasse aux sorcières (XI è XII è siècles et XV è XVI è siècles), du Mouvement de la Renaissance (XV è - XVII è siècles) et de la Révolution bourgeoise (fin XVIII è siècle), d un leadership politique et économique porteur des valeurs de progrès ; en effet, sans cette qualité de leadership politique et économique, l Occident aurait pu consacrer les gains de la traite négrière à des dépenses improductives («fêtes», achat des voitures de luxe, investissement dans l immobilier, etc.) et non au financement de la Révolution industrielle. A contrario, l inexistence d une masse critique de leaders politiques et économiques porteurs des valeurs de progrès dans les pays d Afrique producteurs de pétrole conduit les classes dirigeantes de ces pays : 8

- soit à se succéder au pouvoir par des coups d Etat ; - soit à affecter les revenus du pétrole à l importation des produits manufacturés et de l expertise plutôt qu à la production sur place et à la commercialisation de la matière grise de leurs universités, Grandes Ecoles et Centres de recherche. Enfin, si l on permutait les populations des USA et du Nigéria, au bout de cinq (5) ans, les USA deviendraient un pays sous-développé et le Nigéria, un pays développé. Pourquoi? Parce que les Américains, porteurs d un logiciel mental orienté progrès, vont ramener le niveau de développement économique du Nigéria à celui de leur pays d origine. N est-ce pas ce qui s est produit en Australie, en Nouvelle Zélande et au Canada? En l espace de 150 ans, ces trois (03) pays ont atteint le niveau de développement des pays industrialisés grâce aux logiciels mentaux des émigrants anglais, artisans appauvris par la Révolution industrielle. L Afrique du Sud confirme ce constat : ce sont les émigrants BOERS qui ont façonné l économie de l Afrique du Sud. 3. STRATEGIES D ADAPTATION DU LOGICIEL MENTAL DES AFRICAINS AU PROJET "Congo, pays émergent en 2025" La situation économique des pays africains subsahariens est caractérisée par une croissance sans développement, produit de la mauvaise gouvernance, d un leadership politique porteur des antivaleurs et d un logiciel mental collectif orienté inertie ou régression. Dans ces conditions, pour «écrire» le logiciel mental adapté au projet "Afrique, continent émergent en 2025", il convient au préalable «de savoir quels sont les causes ou les facteurs du changement de mentalité, quelles sont les conditions favorables ou défavorables à l apparition de nouvelles attitudes et de nouvelles conduites.» (9) Dans cette perspective, il est proposé deux (02) stratégies dont la mise en œuvre pourrait aboutir à la transformation du logiciel mental des populations africaines et du leadership politique dans le sens du progrès, ou encore de l émergence économique ; il s agit : _ (9) Alex MUCCHIELLI, op. cit. p.65 9

- d une part, de réorienter les mobiles déterminants de l activité économique ; - d autre part, de mettre en place un processus systématique de déprogrammation-reprogrammation des logiciels mentaux collectifs fondé sur les principes de l IEC (10) en s appuyant sur le modèle ADKAR. 3.1. Le changement de logiciel mental par l action sur les mobiles déterminants de l activité économique. (11) Tout système économique peut être appréhendé à partir des trois facteurs ciaprès : - la culture (les valeurs) : c est le logiciel mental ; - le cadre institutionnel ; il se décline en facteurs politique, économique, socio-politique, écologique et légal ; - la technique ; dans les systèmes économiques où la principale technique de production est demeurée rudimentaire, l on ne note aucun progrès technique significatif ; par contre, une technique principale évoluée engendre un progrès technique à l origine du développement des systèmes économiques considérés. La technique et le cadre institutionnel sont déterminés par l orientation inertie, régression ou progrès du logiciel mental de la classe dirigeante. En effet, pour un groupe social déterminé, le logiciel mental s appréhende sous la forme d un modèle constitué par un ensemble de règles qui régissent les comportements mutuels entre les hommes. C est la classe dirigeante qui élabore le logiciel mental de la société en affectant des statuts à chaque catégorie sociale. (9) IEC, acronyme pour : Information, Education et Communication (10) Pour plus de détails, voir : Jean Florent MAKAYA-KOKOLO : «La portée de la crise culturelle sur les systèmes économiques africains» Ecole Nationale d Administration et de Magistrature/GRETASSE, Brazzaville, Novembre1998 10

Dans la pratique, tout logiciel mental est soumis à un contrôle social qui prévoit les jugements, les récompenses, les punitions, etc. Toutefois, ces éléments du logiciel mental ne sont pas forcement écrits. Ainsi, l on retrouve dans le logiciel mental dominant, les valeurs qui sont pratiquées et/ou tolérées par la classe dirigeante. Si dans la plupart des pays africains subsahariens, le régionalisme, le détournement des deniers publics, l impunité, la corruption, l abus des biens publics, la médiocrité, etc. tendent à devenir des pratiques courantes, c est parce que le pouvoir est entre les mains de la classe dirigeante d un régime néo-patrimonial qui a intérêt à mettre en place un système de valeurs négatives caractéristiques du logiciel mental dominant, comme l a constaté le Président Denis SASSOU NGUESSO, lors de son discours d investiture, le 14 août 2009 : «Je ne surprends personne en affirmant qu en dépit de nos efforts multiformes, notre pays n est pas encore, hélas, exempt de corruption, de concussion, de fraude, de détournement de deniers publics et d autres actes tout autant répréhensibles que négatifs à l accomplissement du bonheur collectif.» D après la comptabilité nationale, le revenu principal d un agent économique dépend de sa fonction principale. Dans la pratique, le revenu principal de la classe dirigeante de tout régime néo-patrimonial est essentiellement constitué par les deniers publics détournés. Dans ces conditions, accéder à un poste dans l appareil d Etat afin d avoir la main-mise sur l une des sources des finances de l Etat : telle est la motivation première des fonctionnaires, de l intelligentsia et des autres segments de la classe moyenne. Ce groupe d individus «ventriotes» s est constitué en «ethnocratie» pour exercer le pouvoir d état. L ethnocratie désigne «un groupe particulier, social ou ethnique» pour laquelle «le clientélisme est souvent le mode de gestion publique et d obtention des voix électorales.» (12) Ces coalitions d ethnies organisent «la compétition en vue de l acquisition de la richesse, du pouvoir, du statut social.» (13) Tout mobile économique permettant l accès à un niveau principal qui ne dépend pas du mérite (ou des compétences) de l individu engendre un logiciel mental malsain et propice, au mieux, à une croissance sans développement, au prise, au développement du sous-développement. (11) Michel ROUSSIN : «Afrique majeure», Editions France-Empire, Paris 1997, p.141 (12) Ibid., p.154 11

- (i) : Le logiciel mental porteur des anti-valeurs (valeurs orientées inertie ou régression) prévaut dans les pays sous-développés. Il comprend un ensemble d anti-valeurs telles que la suprématie de la communauté régionale, ethnique, clanique, familiale et religieuse sur l individu ; (ii) : l assignation au statut que l on est appelé à occuper dans la société, consacrant ainsi les discriminations de toutes sortes ; - (iii) la médiocrité ; - (iv) l improvisation ; - (v) le recours aux connaissances et pratiques relevant de la tradition et de la routine au détriment des avis techniques des experts ; - (vi) le peu de considération pour l entrepreneur, l inventeur, l enseignant, l ingénieur, etc. ; - (vii) le déficit de nationalisme économique ; - (viii) l irresponsabilité avec son corollaire, la recherche des boucs émissaires ; - (ix) les pratiques paranormales négatives ; - (x) etc. Toutes ces anti-valeurs vont à l encontre de la liberté de l individu, étouffent les énergies créatrices et freinent les initiatives relatives à la valorisation des intérêts privés du plus grand nombre de citoyens. Un tel logiciel mental produit des agents économiques enclins au fatalisme et une classe dirigeante portée vers «l accommodation». En effet, pour cette classe dirigeante formée par une coalition d ethnies au pouvoir, la situation est sans issue ; par conséquent, il est préférable de renoncer au changement et de se contenter de la place occupée dans la chaîne du capital étranger. Cette attitude est à l origine du renforcement de la dépendance économique et de la perpétuation du sous-développement. L on a donc affaire à une classe dirigeante qui accepte son rôle de laquais, de valet, d intermédiaire entre les intérêts étrangers et l intérêt national qu elle brade au gré de son intérêt personnel. (13) Jean Florent MAKAYA-KOKOLO : «La portée culturelle» art. cit. 12

A l opposé, le logiciel mental des pays développés et des pays émergents garantit un revenu principal qui est fonction des (14) compétences. En effet, le logiciel mental dominant des pays développés et émergents est orienté ENTREPRENARIAT. Ce type de logiciel mental se fonde sur (15) : - (i) la valorisation des droits de l Homme en tant qu être sacré doté de raison et qui doit jouir de toutes ses libertés pour prendre des initiatives qui contribuent à son bien-être personnel ; - (ii) le refus des discriminations ayant trait à l appartenance ethnique ou raciale, à la langue, au genre, à la religion, à la famille, etc. ; - (iii) la mobilité sociale ou les possibilités offertes de gravir la hiérarchie sociale grâce à sa compétence, voire par un heureux hasard (en gagnant par exemple à la Loterie nationale) ; - (iv) l attrait des jeux et des arts qui cultive l esprit de risque, y compris celui de perdre sa vie par accident ; - (v) la grande admiration envers les personnalités qui se sont illustrées par la pratique de l excellence, en l occurrence les entrepreneurs qui ont réussi ; - (vi) le recours systématique aux connaissances et pratiques relevant de la science et de la technologie ; et - (vii) le caractère sacré de la propriété privée et l obligation faite à l Etat de protéger à la fois de propriétaire et l objet de la propriété. Ainsi, avec un tel logiciel mental, le climat social est à l optimisme : les gens ont confiance dans leurs institutions et leurs dirigeants et font des prévisions sur 3 à 15 ans. Les valeurs sociales intègrent les contraintes de rationalité économique qui se retrouvent en adéquation avec les compétences (le mérite) et les mobiles déterminants de l activité économique, à savoir, obtenir le revenu le plus élevé possible en exploitant un (ou plusieurs) facteur(s) de production déterminé(s). Par ce biais, il est déclenché un processus de croissance soutenue génératrice de développement économique et social, ou encore d émergence économique. Aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays émergents la production et la transmission des valeurs porteuses de progrès se fait à titre principal par le biais des universités et des Grandes Ecoles. Grâce à ces institutions, il se met en place une économie du savoir avec ses corollaires, le management des savoirs et l intelligence économique. 13

3.2. Stratégie n 2 : Application du modèle ADKAR (Le processus de transformation du logiciel mental porteur des anti-valeurs en logiciel mental porteur des valeurs de progrès 3.2.1. Présentation du modèle ADKAR Le modèle ADKAR a été développé en 2006 par Jeffrey M. HIATT (16). ADKAR est un acronyme anglo-saxon qui se décline comme suit : (i) A pour "AWARENESS" ou " Prise de conscience de la nécessité du changement" ; (ii) D pour " DESIRE" ou " Besoin de changement" ; (iii) K pour " KNOWLEDGE" ou " Informations / Savoir sur l objet du changement ; (iv) A pour " ABILITY" ou " Capacité d utilisation des informations en vue d obtenir les changements souhaités" ; (v) R pour " REINFORCEMENT" ou " Renforcement / Consolidation des changements obtenus". Plus précisément: (i) la prise de conscience de la nécessité du changement se produit chaque fois que l on s exerce à répondre aux questions ci-après : Pourquoi le changement est-il nécessaire? Pourquoi ce changement est-il nécessaire actuellement / maintenant? Qu est-ce qui n est pas bien dans ce que nous faisons actuellement? Qu arrivera-t-il si nous ne changeons pas? (ii) les facteurs qui influencent le besoin de changement sont : la nature du changement ; le contexte organisationnel et environnemental du changement ; la perception individuelle de la situation ; la motivation individuelle (facteurs intrinsèques) ; (iii) le savoir («KNOWLEDGE») comprend : (16) Jeffrey M. HIATT: «ADKAR: a model for change in business, government and our community.» PROSCI Learning Center Publications, Loveland, Colorado (USA 2006). 14

la formation et l éducation sur les savoirs et les comportements nécessaires au changement ; l information détaillée sur les modalités d utilisation des nouveaux processus, systèmes et outils ; la compréhension des nouveaux rôles et responsabilités associés au changement. Pour que ce nouveau savoir soit acquis, il convient d évaluer : le niveau actuel des connaissances du groupe-cible ; la capacité du groupe-cible à acquérir le nouveau savoir ; la disponibilité des ressources devant permettre d acquérir le nouveau savoir ; les modalités d accès à l information requise ; (iv) la capacité ("ABILITY") désigne la démonstration du changement ; ce changement se manifeste sous la forme des comportements souhaités conduisant aux résultats attendus. Lorsque les résultats attendus ne sont pas atteints, les causes peuvent être : les blocages psychologiques ; les capacités physiques défaillantes ; la capacité intellectuelle défaillante ; l insuffisance du temps disponible pour développer les compétences requises ; l insuffisance des ressources disponibles pour appuyer le développement des nouvelles capacités ; ces ressources peuvent revêtir les formes suivantes : les moyens financiers, les outils et techniques, le coaching, l accès aux mentors et experts, etc. ; (v) le renforcement ("REINFORCEMENT") ; il s agit de la cristallisation / consolidation des mentalités, attitudes, habitudes et comportements (vi) souhaités. Dans la pratique, il s agit de s assurer que: d une part, la récompense a une valeur pour la personne qui la reçoit ; d autre part, la personne qui distribue les récompenses est un modèle dans la société. 3.2.2. Application du modèle ADKAR au changement de logiciel mental de la classe dirigeante 15

1. Prise de conscience de la nécessité de devenir une classe dirigeante porteuse des valeurs de progrès 1.1. Pourquoi le changement est-il nécessaire? 1.1. Parce que la pauvreté a atteint un seuil intolérable 1.2. Pourquoi ce changement est-il nécessaire actuellement /maintenant? 1.3. Qu est-ce qui n est pas bon dans ce que nous, classe dirigeante faisons actuellement? 2. Le besoin du changement 2.1. La nature du changement 3. Les savoirs nécessaires à l application et à la mise en œuvre du changement 2.2. Le contexte organisationnel du changement 1.2.1. Parce que les gouvernants veulent que leurs pays respectifs deviennent émergents d ici l an 2025. 1.2.2. Parce que le printemps arabe pourrait faire des émules en Afrique subsaharienne 1.3.1. Nous méprisons les compétences nationales ; 1.3.2. Nous ne faisons pas preuve de nationalisme économique ; 1.3.3. Nous sommes plus «ventriotes» que patriotes ; 1.3.4. Nous ne faisons pas grandchose pour appuyer le secteur productif et nos universités 2.1. Le changement doit porter sur la valorisation du secteur productif et de l Enseignement supérieur. 2.2. Les textes doivent mettre un terme à l impunité. 2.3. Le contexte 2.3. Les pays africains aspirent à devenir émergents en 2025 ; les dirigeants politiques doivent proposer des plans stratégiques pour accompagner ce projet noble. 2.4. La perception individuelle de la situation 3.1. Diffusion des connaissances relatives aux comportements nécessaires au passage à 2.4. La classe dirigeante a beaucoup à gagner dans le cadre du changement ; en effet : les populations suivent les péripéties du printemps arabe ; la communauté internationale ne tolère plus les dictatures ; ils se sentiront utiles à la société en acceptant l émergence économique 3.1. Chaque institution doit mettre en place un dispositif d accès à l information sur le changement. 16

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1- L. BERTREL : «L essentiel de la Programmation Neurolinguistique (15 techniques pour mieux communiquer).» Editions JOUVENCE, Paris 2009 2- Hakim BEN HAMMOUDA : «Le "modèle" asiatique en questions.» CODESRIA, collection pistes 3/2000, Dakar 2000, p10 3- J. FOURASTIE : «Le grand espoir du XX è siècle», PUF, Paris 1952 «Les Trente glorieuses», FAYARD, Paris 1979 4- Jeffrey M. HIATT; «ADKAR: a model for in business, government and our community.» PROSCI Learning Center Publications, Loveland, Colorado, USA 2006. 5- K.F. KINZOUNZA : «Le logiciel mental, facteur déterminant du progrès des pays d Afrique», Projet de Renforcement des Capacités des Universités (PRCU), Université Marien NGOUABI, Brazzaville, Septembre 2010 (3 è version). 6- Jean Florent MAKAYA-KOKOLO : «La portée de la crise culturelle sur les systèmes économiques africains» Ecole Nationale d Administration et de Magistrature/GRETASSE, Brazzaville, Novembre1998 7- Alex MUCCHIELI : «Les mentalités» PUF, Collection "Que sais-je?", Paris 1985 8- F. PERROUX : «L économie du XX è siècle» PUF, Paris 1969 9- Denis SASSOU NGUESSO : «Le Chemin d avenir (De l Espérance à la Prospérité)» Présidence de la République, Brazzaville, 2009 17