Redox et magmatisme Laurent TISSANDIER

Documents pareils
Thème Le domaine continental et sa dynamique

[24] Le chronomètre lutetium-hafnium. [1] Le processus de la fusion nucléaire primordiale (le Big Bang)

Production mondiale d énergie

Application à l astrophysique ACTIVITE

Energie nucléaire. Quelques éléments de physique

CHAPITRE 6 : LE RENFORCEMENT DU MODELE PAR SON EFFICACITE PREDICTIVE

Étude et modélisation des étoiles

L E BILAN DES ACTIVITÉS

Quel avenir pour l énergie énergie nucléaire?

Géodynamique. Unité d introduction et de socle commun aux 5 UE optionnelles choisies au second semestre de l'année de Master 1

I. Introduction: L énergie consommée par les appareils de nos foyers est sous forme d énergie électrique, facilement transportable.

Séquence 1. Le domaine continental et sa dynamique : caractéristiques et évolution de la lithosphère continentale. Sommaire. Chapitre 1.

4 ème PHYSIQUE-CHIMIE TRIMESTRE 1. Sylvie LAMY Agrégée de Mathématiques Diplômée de l École Polytechnique. PROGRAMME 2008 (v2.4)

C3. Produire de l électricité

Chapitre 6 : les groupements d'étoiles et l'espace interstellaire

Projet Pédagogique Conférence interactive HUBERT REEVES Vendredi 13 mars H

Chapitre 02. La lumière des étoiles. Exercices :

Le nouveau système de surveillance continue des émissions atmosphériques

Le Soleil. Structure, données astronomiques, insolation.

MESURE DE LA TEMPERATURE

Compétence 3-1 S EXPRIMER A L ECRIT Fiche professeur

FICHE DE DONNEES DE SECURITE

Potentiel de valorisation d un déchet en filière métallurgique

PAPIER OU SUPPORT NUMÉRIQUE, QUEL EST LE BON CHOIX ÉCOLOGIQUE?

a. La masse de Jeans b. Le support des nuages moléculaires -Séquence Principale (PMS)

Comprendre l Univers grâce aux messages de la lumière

PMI-MASTER Smart. PMI portatif. Le premier spectromètre par émission optique ARC / SPARK réellement portable

Atelier : L énergie nucléaire en Astrophysique

LA ZIRCONE - INFORMATION POUR LE PRATICIEN. La réalité sur ce matériau - questions pratiques et leurs réponses FRANÇAIS

Projet SENTINELLE Appel àprojets «CO 2»Déc. 2007

Les Énergies Capter et Stocker le Carbone «C.C.S»

Monitoring de surface de sites de stockage de CO 2 SENTINELLE. (Pilote CO2 de TOTAL Lacq-Rousse, France) Réf. : ANR-07-PCO2-007

ITER et la fusion. R. A. Pitts. ITER Organization, Plasma Operation Directorate, Cadarache, France

Microstructure des soudures de titane. Paul Danielson, Rick Wilson, et David Alman U. S. Department of Energy, Albany Research Center Albany, Orégon

Rôle des nuages dans l'anomalie de température de l'hiver 2007 en Europe

Séquence 4. Comment expliquer la localisation des séismes et des volcans à la surface du globe?

Correction ex feuille Etoiles-Spectres.

L ÉNERGIE C EST QUOI?

Documents sur la patrie tectonique de Madagascar Clé USB avec logiciel Audacity et base de données sismiques en ligne : Sismos à l Ecole

hydrogène au service des énergies renouvelables

GOOGLE EARTH Quelques méthodes d utilisation et pistes d activités

La fonte des glaces fait-elle monter le niveau de la mer?

Séquence 5. Modéliser la surface de la Terre : frontières et déplacement des plaques lithosphériques

Commission juridique et technique

Notions de base sur l énergie solaire photovoltaïque

Science et technologie : Le truc de Newton

Puissant et écologique à la fois

Défi Transition énergétique : ressources, société, environnement ENRS Projet Exploratoire PALEOSTOCK

Chapitre 11: Réactions nucléaires, radioactivité et fission

UTILISATION DES SÉDIMENTS VALORISÉS : exemple de la plate-forme expérimentale SOLINDUS pour le pré-traitement des produits de dragage

Projet SETHER Appel à projets Adrien Patenôtre, POWEO

INTRODUCTION À LA SPECTROSCOPIE

La Géothermie arrive à Bagneux. En 2016, un nouveau réseau de chaleur écologique et économique près de chez vous

MEMOIRE DE MAITRISE DES SCIENCES DE L ENVIRONNEMENT (Module 3M86SEM)

Que savons-nous de notre planète?

Panorama de l astronomie

BTS BAT 1 Notions élémentaires de chimie 1

Présentation générale des principales sources d énergies fossiles.

THEME 2. LE SPORT CHAP 1. MESURER LA MATIERE: LA MOLE

Eléments de caractérisation des diamants naturels et synthétiques colorés

L École nationale des pompiers du Québec. Dans le cadre de son programme de formation Pompier I

Séquence 9. Étudiez le chapitre 11 de physique des «Notions fondamentales» : Physique : Dispersion de la lumière

SOLUTIONS TECHNOLOGIQUES D AVENIR

Utilisation historique de nanomatériaux en pneus et possibilités de nouveaux développements

Vie et mort des étoiles. Céline Reylé Observatoire de Besançon

Desclefs pour comprendre l océan : les traceurs chimiques et isotopiques. Catherine Jeandel Des clés pour comprendre l océan :

Stockage inter saisonnier de l'énergie solaire par procédé thermochimique

Armand Kagou Dongmo, Pierre Wandji, André Pouclet, Jean-Paul Vicat, Alain Cheilletz, David Guimolaire Nkouathio, Pavel Alexandrov, Félix M.

De la physico-chimie à la radiobiologie: nouveaux acquis (I)

Gaz moléculaire et formation stellaire dans les galaxies proches : maintenant et à l'époque ALMA Jonathan Braine

Etudier le diagramme température-pression, en particulier le point triple de l azote.

Piegeage et stockage du CO 2

Principes généraux de la modélisation de la dispersion atmosphérique

LA A RESPIRATION CELLULAIRE

LA MESURE DE PRESSION PRINCIPE DE BASE

La plate-forme Caractérisation CIM PACA

Semi-conducteurs. 1 Montage expérimental. Expérience n 29

Pourquoi étudier l aérosol atmosphérique?

FORMATION DES PERSONNES-RESSOURCES EN SCIENCE ET TECHNOLOGIE LE CYCLE DU JOUR ET DE LA NUIT (CYCLE DIURNE)

La modélisation, un outil pour reconstituer (et prédire) climat et végétation

MASTER 2 Recherche - Sciences de la Terre, Lyon, option Terre et Planetes (PCTP) Année Semestre d'automne

GENERALITES SUR LA MESURE DE TEMPERATURE

Interprétation de l'affleurement 3: a: argilites compactes, b: niveaux oxydés, a: argilites shistées, riches en charbon (bitumineuses)

Chapitre 11 Bilans thermiques

La gravure. *lagravureparvoiehumide *lagravuresèche

L ENERGIE CORRECTION

Physique Chimie. Utiliser les langages scientifiques à l écrit et à l oral pour interpréter les formules chimiques

Lycée français La Pérouse TS. L énergie nucléaire CH P6. Exos BAC

L Ecole et observatoire des sciences de la Terre

1 ère partie : tous CAP sauf hôtellerie et alimentation CHIMIE ETRE CAPABLE DE. PROGRAMME - Atomes : structure, étude de quelques exemples.

II 2G EEx ia IIC T6. Mode de protection

DROUHIN Bernard. Le chauffe-eau solaire

Un volcanisme de point chaud: l île de Ténérife (Canaries). Thierry de Gouvenain novembre 2013.

L échelle du ph est logarithmique, c està-dire

Détection de fuite hélium Aspect Mesure

a. Fusion et énergie de liaison des noyaux b. La barrière Coulombienne c. Effet tunnel & pic de Gamov

L océan, un Eldorado pour les ressources du futur?

- Support de Cours (Version PDF) - Les céramiques. Société Francophone de Biomatériaux Dentaires J. DEJOU

Introduction. Henri Poincaré

GUIDE DE BONNES PRATIQUES POUR LA COLLECTE DE PILES ET ACCUMULATEURS AU LUXEMBOURG

Transcription:

Redox et magmatisme Laurent TISSANDIER Centre de Recherches Pétrographiques et Géochimiques UMR 7358 CNRS/ UdL

Formation des différents corps du Système Solaire Nuage de gaz et particules Protoétoile et disque d accrétion Formation des planètes Système solaire interne Planètes pierreuses Système solaire externe Planètes gazeuses Fractionnement chimique du système solaire

Composition de la Terre Les corps rocheux indifférenciés ont une composition globale proche de celle du Soleil (aux éléments volatils près) Elément chimique % massique element % massique oxydes O 32.4 Fe 28.2 Fe = 24.2 FeO = 4.8 Photosphère solaire 10 10 10 8 10 6 10 4 10 2 Si 17.2 SiO2 = 33.4 Mg 15.9 MgO = 24.1 Mn 0.3 MnO = 0.08 Cr 0.27 Cr2O3 = 0.28 Na 0.25 Na2O = 0.2 Ca 1.6 CaO = 1.9 Al 1.5 Al2O3 = 2.41 Ni 1.6 Ni = 1.47 NiO = 0.17 Ti 0.07 TiO2 = 0.11 K 0.02 K2O = 0.02 Terre globale (Allègre, 1995) 10 0 10 0 10 2 10 4 10 6 Chondrite CI H 2, He éléments les plus abondants dans le Système Solaire Fractionnés lors de la formation des planètes + fuite dans l espace après accrétion

Différenciation planétaire Energie apportée par: - l accrétion des corps rocheux - la désintégration des éléments radioactifs Fusion d une grande partie de la Terre Océan magmatique Ségrégation gravitaire et chimique des éléments Planète à plusieurs enveloppes

Structure interne de la Terre Terre silicatée (Allègre, 1995) Croûte océanique (basalte) Croûte continentale (granite) % pds élément % pds oxydes % massique oxydes % massique oxydes O 44.8 Fe 5.82 FeO = 7.13 FeO = 11 FeO = 3.52 Fe 2 O 3 = 2.63 Si 21.5 SiO 2 = 49.53 47.1 59.71 ~ 20 GPa (200 kbar) Mg 22.78 MgO = 35.7 12.7 4.36 Na 0.23 Na 2 O = 0.29 2.2 3.55 Ca 2.31 CaO = 2.82 9.9 4.9 Al 2.16 Al 2 O 3 = 3.57 14.2 15.41 K 0.03 K 2 O = 0.03 0.4 2.8 ~ 135 GPa (1.4 Mbar) Ni 0.2 NiO = 0.24 Elément chimique % massique element Fe 79 Si 7 Rôle prépondérant de l oxygène (élément le plus abondant) Fer = seul élément majeur multivalent ~ 360 GPa (3.6 Mbar) Ni 5 O (?) 4 S 2.3 Noyau (Allègre, 1995) Redox donné en fonction des changements d état du fer (tampons)

Les tampons redox Dans les conditions «terrestres», Fe sous forme : 1 bar - Fe 0 noyau métallique - Fe 2+ silicates et oxydes - Fe 3+ silicates et oxydes Fe 3+ Fe 2+ magnétite hématite MH 4 Fe 3 O 4 + O 2 = 6 Fe 2 O 3 fayalite magnétite quartz FMQ 3 Fe 2 SiO 4 +O 2 = 2 Fe 3 O 4 + 3 SiO 2 Fe 0 (Frost, 1991) wustite magnétite WM 3 Fe 1-x O + O 2 ~ Fe 3 O 4 IW métal wustite 2(1-x) Fe + O 2 = 2 Fe 1-x O log(fo 2 ) = A / T + B + C(P-1) / T (P en bars, T en Kelvins) métal quartz fayalite QIF 2 Fe + SiO 2 + O 2 = Fe 2 SiO 4 - Référentiel pour les redox des roches terrestres (même si les assemblages en jeu pas toujours présents) - Contrôle des fo 2 pour la pétrologie expérimentale

Mesurer les redox Pour mesurer ces redox, il faut : - que les échantillons soient disponibles!! Notion de Terre accessible Partie du globe terrestre qui peut être échantillonnée Enveloppes superficielles (échantillons jusqu à ~ 200 km de profondeur) - des modèles pour pouvoir rapporter les résultats à une échelle universelle (ex: tampons du fer) Expérimentation pour définir l influence du redox sur les processus en jeu (et vice-versa) - cristallisation fractionnée - fusion partielle - coefficients de partage - transitions de phases - Modèles numériques pour les parties non accessibles

La Terre accessible La croûte continentale: - hétérogène (roches magmatiques, métamorphiques, sédimentaires, ) - échantillonnage temporel très important 4.4 Ga - altération possible La croûte océanique - homogène (composition basaltique, sédiments superficiels, ) - âge limité (< 200 Ma) - plus dense (2,7 contre 2,3) La croûte a été extraite du manteau (fusion partielle) et peut subir un recyclage (subduction, isostasie, )

La Terre accessible Le volcanisme actuel Seul moyen d accéder au redox actuel du manteau Produit par fusion partielle d une zone du manteau et percolation vers la surface - différents contextes tectoniques différentes sources de magmas Volcanisme d arc (Ceinture de feu du Pacifique) Intraplaque point chaud (Hawaï, Islande) Dorsale médioocéanique (Islande, ) Volcanisme d arc (Cordillère des Andes) Rifting continental (Ethiopie) subduction subduction - différentes émissions selon contexte et composition de la roche (gaz, magmas, )

Sources des magmas Schéma général Eruption pas obligatoire Eruption avec dynamismes dépendant de la composition du magma et de la température (viscosité) Roches plutoniques (gabbro, granite, ) Ascension rapide et dégazage Stockage dans la chambre magmatique (possibilité de cristallisation) Interactions possibles avec l encaissant aux différentes étapes Ascension lente du magma Remontée de roche (partiellement) fondue issue de la fusion partielle du manteau Modification de la signature initiale

Sources des magmas Basaltes des dorsales médio-océaniques (MORB) - Origine peu profonde, manteau supérieur - Interactions jusqu à la chambre magmatique moins importantes - volumes les plus importants - constitue les croûtes océaniques - magmas les plus «primaires»

Sources des magmas Magmatisme d arc - Origine peu profonde, manteau supérieur - Interactions jusqu à la chambre magmatique un peu plus importantes - plus riche en volatils (H 2 O, CO 2, H 2 S, ) - libération d H 2 O, de CO 2, - diminution du solidus du manteau - fusion partielle du manteau sus-jacent Saint Helens (USA)

Sources des magmas Magmatisme de point chaud - Remontée de matériel chaud depuis le manteau inférieur - Interactions importantes lors de la remontée Informations sur la zone la plus profonde du manteau terrestre et les interactions avec le noyau Andrault (2012) W.Spackman (1999) La Réunion

Redox du manteau supérieur Dans manteau supérieur : - péridotites à spinelles (prof. < 60 km) olivine, orthopyroxène, spinelle, oxydes Fe-Ti Solutions solides Fe 2+ / Mg Fe 2+ / Fe 3+ [Ti] Equilibre minéralogique 6 Fe 2 SiO 4 + O 2 = 3 Fe 2 Si 2 O 6 + 2 Fe 3 O 4 (Mattioti and Wood, 1988) olivine Opx spinelle log (fo 2 ) P,T = log fo 2 (FMQ) P,T + 220 / T + 0.35 0.0369*P / T 12*log X Fe ol 2620*(X Mg ol ) 2 / T + 3*log (X Fe M1 * X Fe M2 ) opx + 2*log a Fe2O3 sp fo 2 peut être calculée à partir de la composition des phases et des P et T Importance de déterminer les rapports Fe2+ / Fe3+ précisément ( EPMA, Mossbauer, )

Redox du manteau supérieur Hawaï Sur les liquides magmatiques: - nécessité d avoir des échantillons très «frais» (oxydation très rapide par l eau, l atmosphère, ) «Trempe» nécessaire Pillow lavas Scories, cendres Mesure directe du redox avec le rapport Fe 2+ / Fe 3+ Bordure refroidie très vite verre bord ln (X Fe2O3 / X FeO ) = a ln fo 2 + b / T + c + X i *d i (Carmichael, 1991) Redox de la chambre magmatique et du dernier liquide en équilibre avec les cristaux coeur

Redox du manteau supérieur -3-2 -1 0 1 2 3 riches en silice Grenada Simcoe Japan Lihir British Columbia San Carlos KLB Central Asia Pyrenees Lherz Ronda Beni Bousera Abyssal peridotite Subduction xenoliths Continental xenoliths Peridotite massifs pauvres en silice (Carmichael, 1991) MORB at 1.5 GPa MORB glasses Oceanic -3-2 -1 0 1 2 3 NNO Log fo 2 (ΔFMQ) IW (Frost, 2008) FMQ HM Sur liquides Sur xénolithes à spinelle Cristallisation tend oxyder le liquide résiduel et à resserrer la gamme de fo 2 Sur les échantillons «accessibles»: des magmas - valeurs centrées autour du tampon FMQ - accord global entre les valeurs obtenues pour le manteau et les laves pas de grande modification du redox lors de l éruption

Redox du manteau supérieur: dégazage En profondeur, les gaz sont dissous dans le magma (forte pression), et leur solubilité diminue lorsqu on se rapproche de la surface dégazage des magmas Redox des gaz reflète celui du magma source ( variation d une unité log ) Gas Hawaiian volcanoes Water vapor 79.3 Carbon dioxide 11.6 Sulfur dioxide 6.5 Nitrogen 1.3 Hydrogen 0.6 Other 0.7 Quantités et natures des gaz (et effet sur le redox) dépendent : - de la nature des gaz (redox, [H 2 O, S, CO 2, ]; - de la composition du liquide (degré de polymérisation, viscosité, ) - conditions de dégazage (P, T, )

Redox du manteau supérieur: dégazage Expérimentation et modélisation numériques (Scaillet, Moretti, Burgisser, ) (Burgisser et al., 2011) Evolution du redox d un magma rhyolitique En équilibre avec gaz H-O-S Evolution des compositions de gaz (0.1 wt% de gaz) fh 2 O initial = 1000 bar, fh 2 variable Redox du magma peut changer lors de ce dégazage ( ~ 1 unité log ) Gaz en équilibre avec le magma? (vitesse de remontée très variable)

Redox du manteau supérieur Dans manteau supérieur : - péridotites à grenat (60 km < prof. < 410 km) olivine, orthopyroxène, clinopyroxène, grenat, oxydes Fe 2+ / Mg Fe 2+ / Fe 3+ [Ti] ΔV > 0 2 Fe 3 Fe 2 3+ Si 3 O 12 = 4 Fe 2 SiO 4 + 2 FeSiO 3 + O 2 (Gudmundsson and Wood, 1995) grenat olivine orthopyroxène Quand P augmente Cristallisation du grenat favorisée baisse de la fo 2 intrinsèque D une manière générale, les espèces minérales avec Fe 3+ sont favorisées quand P augmente

Redox du manteau supérieur péridotite abyssale A partir de ~ 8 GPa (~250 km), cristallisation d un alliage Ni-Fe dismutation de FeO 3FeO = Fe + Fe 2 O 3 olivine métal grenat Rôle de tampon et variations plus faibles de fo 2 jusqu à la zone de transition (~0.2wt% métal) - Fe/Mg des silicates du manteau, Fe 2+ / Fe 3+ et [Ti] des oxydes et fo 2 intimement corrélés - fo 2 plutôt imposée par Fe/Mg, Fe 2+ /Fe 3+, que variable imposée par l environnement - fo 2 peut varier pour accommoder les variations imposées par les assemblages minéralogiques

Redox dans la zone de transition et le manteau inférieur Dans zone de transition (410 km 660 km) : - olivine transformée en ses polymorphes (wadsleyite puis ringwoodite) qui peuvent accommoder davantage de Fe 3+ dans leur réseau que l olivine - spinelle présent sous forme de «majorite» ((Fe,Mg) 3 (Fe,Al,Si) 2 (SiO 4 ) 3 ) - dismutation toujours valable fo 2 varie très peu pendant cette transition ( log fo 2 ~ IW - 0.5 ) Dans manteau inférieur (660 km 2900 km) : - Composants principaux : pérovskite (Mg,Fe)(Al,Si)O 3, Ca-pérovskite (CaSiO 3 ), (minéralogie constante) magnésiowüstite (Mg,Fe)O et métal (~1%) - travaux expérimentaux complexes et très récents (très forte pression 136GPa = 1,36 Mbar à la limite D ) utilisation d une cellule à enclume diamant de très petit volume (~ 100 µm) fo 2 régie par des équilibres entre ces phases (comme pour manteau inf) Estimée proche de IW IW-1.5

Redox dans le noyau Difficile de connaître la composition précise du noyau (sismique, densité, expériences, ) - présence d éléments «légers» (Si, O, S,?? ) Impact sur le redox - pourrait ne pas avoir trop varié depuis sa formation - changement pendant l accrétion de la Terre (30 50 Ma) changement global de l état d oxydation de la Terre Elément chimique % massique element Fe 79 Si 7 Ni 5 O (?) 4 S 2.3 Noyau (Allègre, 1995) IW- 4 Condi&ons plus oxydantes Modèle de ségrégation continue du noyau pendant accrétion (Wood et al, 2006) IW- 2 X FeO = 0.8 wt. % X FeO = 8 wt. %

La Terre accessible Les échantillons anciens le zircon: ZrSiO 4 - potentiellement riche en Th, U, Hf, peut également contenir des éléments en traces comme REE, - très résistant à l altération - Datations possibles (U/Pb, ) Jack Hills Zircons, Australia - plus vieux échantillons sur Terre 4.4 Ga - sonde de la fo 2 du magma parent couple Ce 3+ / Ce 4+ et Ce 4+ plus compatible (Trail et al., Nature, 2011) Manteau oxydé très rapidement après différenciation

Evolution globale du manteau - Redox du manteau semble avoir été fixé très tôt dans l histoire de la Terre - Variations limitées au cours des différentes époques - Rôle très limité du bombardement tardif («late veneer») Scaillet et al. 2011

Redox du système solaire Terre Terre particulière par son manteau très oxydé IW Histoire complexe accrétion différenciation perte des volatils (H2, He, ) Météorites différenciées pierreuses Chili, H5 Météorites indifférenciées Météorites différenciées métalliques Atelier Redox 22 mars 2013

Conclusions Terre couvre une large gamme de redox surtout dans sa partie superficielle Redox global du manteau constant depuis ~ 4.4 Ga, proche de FMQ En profondeur redox surtout «subi» et dû aux assemblages minéralogiques Fer joue un rôle prépondérant dans tous ces changements de redox Variabilité locale du redox des magmas et du manteau supérieur, due au recyclage de matériaux de la croûte ou des venues de matériel plus profond Différents processus magmatiques peuvent affecter ce redox Encore beaucoup de travail pour connaître la Terre profonde Pour la géologie «de terrain», le redox n est pas un paramètre qu on peut adapter mais qu on cherche à déterminer Expérimentation Echantillons naturels Modélisations

Sources des magmas Contrôle de la fo2 dans manteau sup: - péridotites à spinelles manteau supérieur assemblage olivine, orthopyroxène, spinelles 6 Fe 2 SiO 4 + O 2 = 3 Fe 2 Si 2 O 6 + 2 Fe 3 O 4 (Mattioti and Wood, 1988) olivine Opx spinelle log (fo 2 ) P,T = log fo 2 (FMQ) P,T + 220 / T + 0.35 0.0369*P / T 12*log X Fe ol 2620*(X Mg ol ) 2 / T + 3*log (X Fe M1 * X Fe M2 ) opx + 2*log a Fe2O3 sp - Péridotites à grenat, plus profondes 2 Fe 3 Fe 2 3+ Si 3 O 12 = 4 Fe 2 SiO 4 + 2 FeSiO 3 + O 2 (Gudmundsson and Wood, 1995) grenat olivine Opx

Elément chimique Terre silicatée (Allègre, 1995) Croûte océanique (basalte) Croûte continentale (granite) % massique element O 44.8 % massique oxydes % massique oxydes Fe 5.82 FeO = 7.13 FeO = 11 % massique oxydes FeO = 3.52 Fe 2 O 3 = 2.63 Si 21.5 SiO 2 = 49.53 47.1 59.71 Mg 22.78 MgO = 35.7 12.7 4.36 Na 0.23 Na 2 O = 0.29 2.2 3.55 Ca 2.31 CaO = 2.82 9.9 4.9 Al 2.16 Al 2 O 3 = 3.57 14.2 15.41 K 0.03 K 2 O = 0.03 0.4 2.8 Ni 0.2 NiO = 0.24 Elément chimique % massique element Fe 79 Si 7 Ni 5 O 4 S 2.3 Cr 0.8 Mn 0.58 P 0.37 Co 0.25 Gas Hawaiian volcanoes Present atmosphere Water vapor 79.3 0-4.0 Carbon dioxide 11.6 0.035 Sulfur dioxide 6.5 0-0.0001 Nitrogen 1.3 78.08 Hydrogen 0.6 0.00005 Oxygen - 20.95 Argon - 0.92 Ozone - 0.000007 Other 0.7 -