Prévisions d'activité cyclonique sur l Atlantique nord, en mer des Caraïbes et dans le golfe du Mexique au 1 er juin. La saison cyclonique a commencé le 8 mai, avec la naissance d'ana, tempête subtropicale, au nord-est de la Floride. Cette apparition est plutôt précoce, la saison étant réputée s'ouvrir au 1 er juin, mais on peut mentionner également Alberto, né le 20 mai 2012 dans les mêmes parages. D'ailleurs, selon les données remontant à 1842, on identifie 23 phénomènes (nommés ou pas) nés dans le seul mois de mai. Le phénomène le plus précoce recensé dans les saisons cycloniques Atlantique semble être une autre ANA, née le 20 avril 2003 (ainsi que 2 systèmes non baptisés, le 18 avril 1973 et le 6 avril 1981). Ce type d événement ne préjuge cependant pas de l'activité de la saison à venir. Il vaut mieux se référer aux modèles de prévisions saisonnières disponibles dans les divers services météorologiques. Cette année, la plupart d'entre eux donnent des estimations similaires. Le nombre prévu de cyclones nommés (tempêtes tropicales ou ouragans) est compris entre 6 et 10 alors que la moyenne, sur la période 1981/2010, est de 12 (dont 6 ouragans). Le nombre de phénomènes pouvant atteindre le stade d ouragan se situe entre 3 et 6, dont 1 majeur. L énergie potentielle cyclonique (ACE), qui prend en compte à la fois intensité et durée de vie des cyclones, est prévue nettement au-dessous de la valeur moyenne. Après 3 années actives de 2010 à 2012, la saison semble devoir s inscrire plutôt dans la continuité des saisons 2013 et 2014. La saison 2013, avec 14 phénomènes nommés et seulement 2 ouragans (dont aucun de catégorie 3 ou plus) avait été la saison la plus calme observée depuis 1994 sur la majeure partie des bassins Atlantique et mer des Caraïbes ; à l exception du Mexique, sévèrement touché par 3 tempêtes tropicales. La saison 2014 fut encore plus calme : 9 phénomènes cycloniques dont 8 nommés : une dépression tropicale, 2 tempêtes tropicales, 6 ouragans (dont 2 ayant atteint le stade d'ouragan majeur). En : Plusieurs éléments pourraient limiter le développement de l'activité cyclonique sur l Atlantique Nord : L événement El Niño en cours semble devoir se renforcer au cours de l été prochain. Ainsi, dans l Océan Pacifique équatorial, la migration vers l est des anomalies chaudes de températures de surface de la mer devrait se poursuivre. En outre, des eaux légèrement plus froides que la normale dans la zone tropicale s'étendant des côtes africaines jusqu aux Antilles, justement dans la zone de développement privilégiée des cyclones Atlantique, constituent un facteur inhibiteur supplémentaire, car plutôt défavorable au développement d'amas nuageux convectifs (qui peuvent ensuite donner naissance à des perturbations cycloniques). http://www.ecmwf.int/products/forecasts http://www.cpc.noaa.gov/products/outlooks/hurricane.shtml http://www.metoffice.gov.uk/weather/tropicalcyclone/seasonal/northatlantic https://donneespubliques.meteofrance.fr/?fond=produit&id_produit=137&id_rubrique=44 http://www.tropicalstormrisk.com http://hurricane.atmos.colostate.edu/forecasts/
Récapitulatif des dernières prévisions de divers services météorologiques pour la saison Paramètres Nombre de cyclones nommés dont Nombre d'ouragans Nombre d'ouragans intenses (à partir de la catégorie 3) ACE (x 10 4 kt 2 )* Moyen ne (1981-2014) NOAA s Climate Prediction Center (USA) ECMWF (Centre européen de prévisions), Angleterre Au 1 er mai 12 6-11 8 (±2.5) EUROSIP (ECMWF+ Météo- France) Au 1 er mai 10,8 (±3.2) TSR Site web Tropical Storm Risks. Angleterre UK Met Office Au 16 mai 10 8 (±2) Prévisions Klotzbach- Gray (Université Colorado) 8 8 6 3-6 4 5 3 3 (±2) 3 0-2 1 1 102 35/75 60 (±30) 37 74 (±34) 40 Insmet Cuba *ACE = Accumulated Cyclone Energy Index Ou: Index d énergie cyclonique cumulée (sur la saison) Un phénomène El Niño qui se confirme et se renforcerait dans les mois à venir Conditions ENSO neutres (a) comparées à des eaux plus chaudes d'un El Nino typique (b), représentées par les anomalies de températures de surface de la mer dans l'océan Pacifique équatorial Fig1 :ci-dessous, anomalies de températures de surface de la mer sur le Pacifique équatorial prévues pour la période juinaoût. On se rapproche du scénario b)avec des anomalies positives sur le centre et l'est du Pacifique équatorial Source IRI : http://iri.columbia.edu 2
Prévisions communiquées mi mai pour la région Niño 3.4 (voir carte légende ci-dessous) Le développement d'un phénomène El Niño contribue à augmenter le cisaillement vertical de vent, la stabilité atmosphérique, et les mouvements d'air sec et subsident dans la zone de développement privilégiée des cyclones en Atlantique. Toutes conditions jouant un rôle inhibiteur dans les développements cycloniques. Fig 2 : Le site de l IRI (International Resarch Institute) et du CPC (Climate Prediction Center) regroupe les résultats d un ensemble de modèles de divers pays et donne un large éventail de prévisions à long terme de l ENSO (El Niño Southern Oscillation.) Le panache de prévisions obtenu reflète à la fois les différences dans la conception des divers modèles, mais aussi l'incertitude existant dans le scénario d évolution de la SST. Toutefois, cette année, la tendance générale est nettement à une amplification du phénomène El Niño pendant l'été boréal, avec une probabilité supérieure à 90 % jusqu'à la période juillet-aoûtseptembre, mais restant élevée (>= 80%) jusqu'en fin (voir aussi Fig3). Ligne continue épaisse jaune : moyenne des modèles dynamiques ; en gris-vert : moyenne des modèles statistiques Fig3 : 3
Persistance d une anomalie légèrement négative des températures de surface de la mer dans la zone de développement privilégiée des cyclones en Atlantique. Une telle anomalie implique sur cette zone, un certain déficit en chaleur et humidité et donc un moindre potentiel de développement des systèmes. L évolution de cette anomalie reste bien sûr un élément important à surveiller. Une des questions est de savoir si la température de la mer augmentera notamment dans la partie est de la zone de développement. Or, des eaux plus fraîches dans cette région sont directement liées à l'intensité des alizés de nord-est, lesquels sont particulièrement soutenus encore en ce début juin. En outre, une des conséquences du El Niño étant le maintien d'alizés forts sur cette zone, il y a relativement peu de chances que les températures y augmentent notablement. Fig4 : anomalies de températures de la mer prévues par l'iri pour la période Juin-août : zone bleue, indiquant des températures légèrement inférieures à la normale. Fig5 : probabilités de fortes anomalies négatives de températures de la mer, issues du modèle français Arpège pour la période Juillet-août-septembre Fig6 : anomalies de températures de la mer prévues par le modèle français Arpège pour la période de juillet à septembre sur la ceinture tropicale. On notera également, et à l'inverse, les fortes anomalies positives sur le centre et l'est du Pacifique (signal Enso) 4
Se dirige-t-on vers un cycle de plus faible activité cyclonique? Depuis 1995, le signal tropical multi-décennal était favorable à une activité cyclonique soutenue sur l Atlantique Nord. Sur la période 1995/2012, la moyenne de cyclones nommées est de 15, dont 8 ouragans (4 majeurs). En étudiant l évolution globale de la pression atmosphérique et de la température des océans au cours du 20ème siècle, les chercheurs ont mis en évidence deux signaux climatiques naturels. Le premier dit multi-décennal se reproduit avec une période supérieure à 40 ans. Le deuxième dit quasi-décennal est de périodicité plus courte : 8 à 14 ans Ainsi, dans l océan Atlantique Nord les anomalies de température de surface de la mer (ou SST) ont changé trois fois de signe au cours du siècle dernier : la période de 1900 à 1928 (signe négatif) correspond à une phase de refroidissement, celle de 1928 à 1965 à une phase de réchauffement, et celle de 1968 à 1995 à une nouvelle phase de refroidissement. Cette oscillation Atlantique multi-décennale, aussi appelée AMO (Atlantic Multidecadal Oscillation) est la composante d un signal climatique global de périodicité supérieure à 40 ans. L activité liée au signal multi-décennal est également modulée par le signal de type quasidécennal comme on peut notamment l observer en 1979 et en 1990, ou en 1999 (8 cyclones nommés seulement, ACE= 40), 2009 (9 cyclones nommés, ACE= 51). Les saisons 2013 et 2014 pouvaient s'apparenter à ces événements passés. Toutefois, compte-tenu des prévisions, et de ces années passées 2013 et 2014 relativement calmes, il est légitime de se demander si la période de forte activité ne touche pas à sa fin. La répartition actuelle des températures de surface de la mer irait plutôt dans ce sens. Et il faut noter que la faible activité de 2013 et 2014 n'était pas explicable par un phénomène El Niño marqué, alors que l'on notait d'ores et déjà, au moins en 2014, des anomalies «froides» de températures de la mer. L énergie cyclonique accumulée (ACE), qui combine la durée, la fréquence et l intensité des cyclones permet de visualiser ces variations d activité sur l Atlantique Nord. 5