La cathédrale Saint Cécile d Albi



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La cathédrale Saint Cécile d Albi Généralités et extérieur de l édifice. Quelques dates 1277 : Bernard de Castanet évêque d Albi décide de reconstruire le cathédrale. 1282 : (15 août) La fondation du chœur est célébrée. (Les églises étaient toujours construites d est en ouest). 1480 : Année de consécration de l église bien que le gros de la cathédrale était déjà fini depuis une centaine d années. Le style architectural : le gothique méridional. Ce style naît à Toulouse avec la construction de sa cathédrale en 1215. C est cette même année que Dominique de Guzman fonde l Ordre des Frères Prêcheurs pour lutter contre le catharisme par le prêche (c est l ordre des Dominicains). L architecture qui se développe alors dans tout le midi de la France est une réponse au développement de «l hérésie». Les cathares reprochent, entre autre, à l église catholique son faste. Alors les catholiques construisent des églises simples, dépouillées et austères. Ce sont les «églises de la parole» : Leur plan est basilical : un grand hall, une seule nef, voûtée sur croisées d ogives, sans bas-côtés, sans transept. Tout le monde doit entendre, voir et être vu. Il n y a pas de recoins. Ce sont des églises qui sont vouées à accueillir de grandes foules, elles ont pour vocation de rassembler les fidèles, «on ne doit pas s égarer». Document rédigé et partagé par Chiara Tamburini Ecole élémentaire de Rabastens 1

Ce style, «expérimenté» à Toulouse, est repris, entre autres, à Rabastens (Notre- Dame du Bourg), à l abbatiale Saint Michel à Gaillac et à la cathédrale Saint Alain de Lavaur. La cathédrale d Albi est le dernier grand édifice construit dans ce style s inspirant directement de l église des Dominicains construite à Toulouse à partir de 1230 (actuellement les Jacobins). Après toutes les expériences toulousaines, ce style atteint sa meilleure expression dans la cathédrale d Albi, qui dépasse en dimensions toutes les autres et qui a des formes plus douces et plus harmonieuses. C est le seul édifice avec les contreforts, qui soutiennent la voûte, arrondis sur la face extérieure. Les églises construites dans le style gothique méridional sont entièrement en briques. Cela s explique bien sûr par le fait qu il n y a pas de pierres dans la région. Ce n est, cependant, pas la seule raison, puisque à l époque romane, si les églises n étaient pas entièrement en pierre on arrivait à en acheminer suffisamment pour, au moins, alterner la pierre et la brique (Saint Sernin à Toulouse ou Saint Salvi à Albi). La brique est beaucoup plus «modeste» que la pierre et était beaucoup plus en accord avec le rôle qui était attribué à ces églises qui ne demandaient pas de sculptures, obligatoirement en pierre. Contexte historique de sa construction. La cathédrale que Bernard de Castanet entreprend de construire est à son image : austère et sévère. Il est inquisiteur du langue d Oc et vice inquisiteur du royaume de France. L oligarchie albigeoise, qui reste, en partie, clandestinement cathare, veut avoir de plus en plus d autonomie, et de pouvoir, face à l évêque qui est à la fois le seigneur spirituel et temporel de la ville. C est pour affirmer son pouvoir, face à cette bourgeoisie revendicative, qu il entreprend de construire cette immense cathédrale que ses prédécesseurs avaient imaginée avant lui avec le début de la reconstruction du palais épiscopal (le palais de la Berbie). La cathédrale d Albi doit au contexte de ses origines son aspect militaire. Avec le château épiscopal, elle devait former une citadelle inaccessible aux ennemis temporels et Document rédigé et partagé par Chiara Tamburini Ecole élémentaire de Rabastens 2

spirituels de l évêque et de l Eglise. Si la nudité de son enveloppe externe appartient aux caractéristiques générales du style méridional, elle possède des traits particuliers dont la finalité défensive est évidente : - Elle ne comptait qu un accès pour les fidèles. - Les ouvertures sont placées suffisamment haut pour défier l escalade. (Les fenêtres basses de l abside et du chœur ont été percées à la fin du XVe siècle seulement). - Les murs présentent, à leur base, un empattement épais, destiné à vouer à l échec tout effort de sape au bélier, et un talus incliné, propre à favoriser le ricochet des projectiles lâchés par les défenseurs du haut des murailles, où il était possible d installer des hourds de bois. - Le clocher-donjon, massif rectangulaire cantonné de tours d angle, a peut-être été défini par Bernard de Castanet. Sa structure impressionnante s explique moins par des conflits internes à la ville que par la nécessité de la défense globale de la cité. En effet à la fin du XIVe siècle le clocher de la cathédrale s intégrait dans l enceinte urbaine. Ce fait explique l absence d un porche occidental. La reconstruction de la cathédrale d Albi s inscrit dans un mouvement général de reconstruction des cathédrales dans le royaume. Cependant, contrairement à la plupart des évêques (celui de Toulouse ou de Narbonne), Bernard de Castanet ne fait pas construire sa cathédrale dans le style «français», appelé la gothique du nord, mais bien dans un style qui s éloigne de celui qui montre une certaine allégeance au roi de France. En effet, Bernard de Castanet veut se montrer plus proche du pape que du roi de France, il est ultramontain. La Cathédrale précédente. La cathédrale actuelle a été précédée de plusieurs édifices, dont on ne sait pas grand chose. Le sanctuaire de l époque romane, construit en pierre au moins partiellement, Document rédigé et partagé par Chiara Tamburini Ecole élémentaire de Rabastens 3

s élevait entre la Berbie et la Sainte-Cécile d aujourd hui. Cette «église vieille» a subsisté jusqu au XVIe siècle. De cette église on peut voir quelques restes. Le Clocher. (78 m) La base du clocher a été construite avant que la nef ne soit finie, on le voit clairement au raccord entre les deux partie qui s effectue de manière dissymétrique. La partie supérieure du clocher est construite de 1485 à 1492 sur la base du clocher qui s élève assez haut pour être intégrée dans le système des remparts urbains (elle supportait des hourds). Le niveau de la reprise du XVe siècle correspond aux arcs plein cintre bandés entre les tours d angle. La surélévation comporte trois étages en retrait les uns sur les autres. Des galeries bordées de balustrades de pierre soulignent la base de chacun. La porte de Dominique de Florence et le baldaquin. L évêque (1392 1410) Dominique de Florence fait construire le portail qui de la ville donne accès à la cathédrale. Ce portail précède les escaliers qui rachètent la déclivité du terrain de l ouest vers l est. Le tympan ajouré de la porte, ses créneaux et ses mâchicoulis relèvent plus de l art du décor que de la fortification et montrent qu à l origine il s agissait autant d un arc triomphal que d une défense. Cette entrée monumentale a perdu l essentiel de sa statuaire ancienne. Du côté de la ville, il reste, au sommet de l arc en accolade, un Couronnement de la Vierge qui surmonte un Calvaire enfermé dans un quadrilobe. Le baldaquin signalant l entrée principale de la cathédrale a été construit entre 1515 et 1540. Cet élément d architecture en hors-d œuvre dont l apparat contraste avec le dépouillement et la couleur des murs en briques ponctue un seuil et semble manifester le passage du monde profane à l univers sacré. Document rédigé et partagé par Chiara Tamburini Ecole élémentaire de Rabastens 4

Le décor intérieur Le jugement dernier. Cette peinture murale a été réalisée approximativement entre 1477 et 1513 sous Louis 1 er d Amboise. Le style de cet ensemble est franco flamant. L ensemble de la composition a été amputé de sa partie centrale à la fin du XVIIe siècle (1693) par Mgr. Le Goux de la Bergère pour aménager au rez-de-chaussée du clocher une chapelle dédiée à Saint clair. Le Christ Juge a disparu au centre de la composition ainsi qu un des sept pêchés capitaux présenté au registre inférieur. De part et d autre de ce Christ on voit encore les anges qui annoncent avec leurs trompettes le moment du jugement. Les morts surgissent nus de leur tombeau, ils fléchissent leurs genoux en signe d adoration. La partie supérieure de la peinture représente le ciel peuplé d anges. A droite du Christ il y a les élus qui se trouvent au paradis (les apôtres, un pape, un cardinal, un évêque, des religieux, un empereur, un roi) A la gauche du Christ, un ciel lugubre et verdâtre sépare les réprouvés du ciel peuplé d anges. L épouvante qui saisit les damnés à la découverte de leur malédiction provoque leur gesticulation frénétique alors que les élus avancent paisiblement. Les uns et les autres portent au cou le livre de leurs actions, bonnes et mauvaises, cela signale que chacun sera jugé selon ses œuvres. En dessous, sur la totalité de la longueur de la composition est représenté l enfer. Il se divise en 7 pêchés capitaux. Bien que dans chaque compartiment il règne le chaos, même en enfer rien n est laissé au hasard, selon le pêché auquel on s est exposé, un compartiment spécifique nous est attribué. Le premier à gauche dans le sens normal de la lecture correspond à l orgueil ensuite se succèdent l envie, la colère, l avarice, la Document rédigé et partagé par Chiara Tamburini Ecole élémentaire de Rabastens 5

gourmandise et la luxure. La paresse a disparu au XVIIe siècle. Cette organisation précise veut signifier que Dieu régit tout de manière précise : le paradis et l enfer. Les peintures de la voûte. (1509 1512) La voûte est peinte par des peintres bolonais dans le style de la Renaissance. L utilisation de ce nouveau style est due au contexte historique et à la famille du commanditaire de ces peintures, Louis II d Amboise, impliquée avec François 1 er dans les guerres d Italie. Bien que les styles du jugement dernier et de la voûte soient très différents il y a une continuité entre les deux ensembles : la voûte de la cathédrale n est autre qu une représentation du paradis : c est le ciel des élus. Sur fond bleu, sont représentés les élus : personnages du nouveau et de l ancien testament, docteurs de l Eglise gravitent autour du Christ de la Parousie. L or et l argent sont présents dans tous les éléments de décor et symbolisent la lumière. Si les personnages de l ancien et du nouveau testament se côtoient, ils ne sont pas traités de la même manière, les derniers sont mis en valeur par la couleur et sont représentés nimbés dans des architectures soignées (en trompe-l œil) qui donnent de la profondeur et les premiers sont représentés dans des dégradés de gris. Cette différence est voulue pour signifier qu ils n ont pas connu la «vraie lumière». Aux angles de la voûte Adam et Eve contemplent la Parousie. Auteurs de la faute originelle, ils sont aussi l image de l humanité rachetée et sauvée. Toutefois entre Adam, Eve et la Parousie s interposent les quatre grands docteurs de l Eglise latine : Jérôme, Augustin, Ambroise et Grégoire le Grand cela affirment que l Eglise seule conduit au salut. Le chœur et la statuaire. Document rédigé et partagé par Chiara Tamburini Ecole élémentaire de Rabastens 6

Le jubé et le chœur de la cathédrale d Albi sont une exception dans l architecture religieuse en France. En effet, la plupart des jubés et des chœurs ont été détruits pendant l époque révolutionnaire. Le nom de Jubé s applique à la partie de la clôture qui ferme transversalement la nef, car elle comporte à sa partie supérieure, une tribune où un clerc venait, pendant les offices lire l Epître et l Evangile ; avant de commencer, il sollicitait la bénédiction du célébrant par ces paroles : Jube, Domine, benedicere, «ordonne, Seigneur, de bénir». Les fidèles n avaient pas accès au chœur qui était réservé aux hommes d église. Principalement à l évêque et aux chanoines. Les fidèles pouvaient néanmoins voir le maître autel situé dans le chœur en passant dans le déambulatoire qui contourne le chœur. A l origine le chœur fermé n existait pas dans la cathédrale (c est contraire à l esprit du gothique méridional). Ce n est qu au cours du XVe siècle qu on commence à construire dans les cathédrales des chœurs séparés du reste des fidèles pour que les chanoines puissent célébrer les offices dans un lieu calme plus propice au recueillement. C est Louis d Amboise, évêque du diocèse de 1474 à 1503, qui a fait édifier le chœur entre 1477 et 1484. Les couleurs d Amboise apparaissent à de nombreux endroits dans la cathédrale notamment sous le Jugement Dernier et dans le chœur. Ce sont des bandes rouges et jaunes. La clôture appartient au style flamboyant. Ce style doit son nom à certaines figures qui donnent l allure de flammes aux réseaux des baies. Pour qualifier cette sculpture ornementale on utilise l expression «dentelle de pierre». Les éléments ont été taillés dans du calcaire qui est tendre à l extraction et qui durcit au fil du temps. La tribune du jubé repose sur une voûte en éventail à clés pendantes. Cette voûte montre le très grand savoirfaire des ateliers engagés pour faire le chœur. Le profusion ornementale tend à masquer la structure architecturale. Dans le chœur était chanté l office, prière collective d adoration. Les occupants des stalles formaient ainsi un chœur ; de là le nom dévolu finalement à la clôture protégeant les choristes contre les courants d air et les distractions. Dans le chœur un trouve une symbolique des nombres : - La clôture comporte 33 panneaux, autant que d années dans la vie terrestre du Christ. Document rédigé et partagé par Chiara Tamburini Ecole élémentaire de Rabastens 7

- La voûte de la chaire épiscopale compte sept roses. A sa périphérie, elle repose sur douze culots. Elle est donc composée sur les deux nombres fondamentaux de l arithmétique sacrée médiévale. - Sept personnages sont représentés de part et d autre de la Vierge à l Enfant. - Au dessus des stalles il y a 70 anges (7 x 10) dont Sainte Cécile dirige le chœur. Trois est le chiffre de la trinité et quatre est le nombre du monde visible (l air, la terre, l eau et le feu) et des évangélistes. Sept est le nombre de l union entre la terre et le ciel. Douze forme le produit de trois par quatre. Dans la symbolique chrétienne médiévale, multiplier trois par quatre c est «pénétrer la matière par l esprit». Le douze, le sept, le trente-trois et le trois inspirent les rythmes et les formes du chœur. Cette symbolique on ne la trouve pas seulement dans le chœur, mais également dans l ensemble de l édifice : L abside présente 7 pans et la cathédrale compte 12 travées. Les statues qui ornent le chœur sont peintes comme toutes celles du Moyen Âge. Les personnages se caractérisent par la diversité des physionomies et des attitudes. Dans cette statuaire il y a un grand souci du détail : un grain de beauté, un bijou, une ceinture, le port de tête des personnages est a chaque fois différent, les draperies ont des plis profonds. Les personnages de l Ancien Testament portent pour la plupart des chapeaux fantaisistes. Ces coiffures surprenantes expriment l exotisme. Elles veulent indiquer l origine orientale des prophètes. Les personnages qui se trouvent à l extérieur du chœur sont ceux de l Ancien Testament à l exception de la Vierge Marie dans la scène de l annonciation à l entrée du déambulatoire. Elle symbolise la continuité entre le nouveau et l Ancien Testament, c est par elle que «tout est arrivé». Chaque personnage tient une banderole (un phylactère) où s inscrit un verset de la bible. Les versets de la bible que tiennent les rois, les prophètes et les femmes de l Ancien Testament annoncent la venue du messie, l Incarnation, la Passion et la Rédemption. Contrairement aux personnages de l Ancien Testament, les personnages du Nouveau Testament sont représentés à l intérieur du chœur. Autour de la Vierge Marie dans l axe (qui fait face à Sainte Cécile), il y a les douze apôtres accompagnés de Jean- Document rédigé et partagé par Chiara Tamburini Ecole élémentaire de Rabastens 8

Baptiste et Paul. Chacun d eux porte également un phylactère sur lequel figure un article du Credo. De plus, chacun des personnages de l Ancien Testament placé à l extérieur du sanctuaire énonce un verset prophétique correspondant à l article du Credo dit par l apôtre auquel il s adosse. Au dessus des deux portes qui permettent de rentrer dans le chœur il y a deux empereurs Charlemagne et Constantin. La cathédrale d Albi est dédiée à Sainte Cécile, sainte patronne des musiciens, après avoir acquis une partie de reliques de celle-ci au cours du Ve siècle, probablement. La légende de la sainte la présente comme une romaine de famille noble, martyrisée aux alentours de 220 avec son mari, Valérien, et son beau frère, Tiburce, pour ne pas avoir accepté d abjurer la religion chrétienne. Les vitraux. On ne sait pas si l ensemble de la cathédrale possédait de vitraux historiés. Rares sont ceux qui ont subsisté. Les verrières des fenêtres hautes de l abside sont les plus anciennes, elles datent de 1320 1330 environ, mais elles ont été très remaniées au XIXe siècle : La troisième verrière nord est entièrement moderne. Les autres comportent des fragments authentiques mais ont subi trois restaurations au moins. La visitation de la fenêtre d axe est un médaillon qui n a pas été remanié. Ces vitraux donnent néanmoins une assez bonne idée des verrières d origine qui du côté nord sont faites de grisailles rehaussées de quelques pointes de couleur, alors que les vitraux de l abside sont légendaires (racontant une histoire sacrée avec tous les épisodes) de pleine couleur. Des vitraux modernes ont été établis au XXe siècle dans les fenêtres basses du chœur. Les restaurations et dérestaurations du XIXe siècle. Document rédigé et partagé par Chiara Tamburini Ecole élémentaire de Rabastens 9

L apparence extérieure de Sainte-Cécile a subi de profondes modifications après 1850. Avant cette date, les murs s arrêtaient au niveau du sommet des fenêtres et un toit de tuiles le débordait légèrement vers l extérieur ce qui ne rendait pas nécessaire la mise en place de gargouilles. En 1844, César Daly, élabore un projet de restauration car la toiture menace ruine et que l infiltration d eau abîme la voûte et ses peintures. Il construit un toit surélevé qu il doit masquer en surmontant les murs de sept mètres. A la base de cette nouvelle couronne, pour écouler l eau de pluie, il dispose une rangée de gargouilles. Ce dispositif modifie totalement l équilibre des masses entre le clocher et la nef. Daly, après avoir restauré veut «terminer» la construction de la cathédrale. Il entreprend de surmonter les contreforts par des tourelles circulaires de 6,8 m, portant une flèche de pierre de 6,1 m elle-même surmontée par une croix de fer de 2,5 m. Cela faisait 32 clochetons qui étaient totalement étrangers à l esthétique et à l esprit du gothique méridional. On le perçoit dès que les clochetons de l abside sont terminés. La construction est bloquée dès 1866 et après la mort de Daly (1894) le ministre des cultes fait reprendre le couronnement des murs par un autre architecte, Poidevin. Les clochetons sont supprimés. La balustrade de pierre installée par Daly entre les tourelles est aussi remplacée par un mur plein en briques. Enfin, pendant le XIXe siècle, triomphe un urbanisme caractérisé par des espaces dégagés pour favoriser la circulation. On entreprend d abattre les constructions voisines de Sainte-Cécile renforçant du même coup le caractère massif et imposant de son abside. Document rédigé et partagé par Chiara Tamburini Ecole élémentaire de Rabastens 10